BAGNERES - 1979 -

  • il y a 3 mois
Reportage - " le finaliste " -
Mai 1979 -
Comm FRA

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Sports
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00:00 sous préfecture des Hautes-Pyrénées, à mi-chemin entre Lourdes et Tarbes, dans la vallée du rugby.
00:06 Voyez cet établissement thermal. On y soigne les rhumatismes et les maladies nerveuses.
00:11 Et bien jusqu'à ce jour, c'était l'orgueil du pays.
00:14 Maintenant, il y a le stade Bagnéré, finaliste du championnat de France, pour la première fois de son existence.
00:21 À Bagnères, voyez-vous, le rugby c'est un fait social.
00:24 Tout le monde se souvient y avoir joué.
00:26 Et les gosses d'aujourd'hui ne vous parlent que de cela, parce qu'ils rêvent tous de porter un jour le maillot noir du stade.
00:33 De devenir, comme Bertrand, Aguirre et Gourdon, les All Black du rugby français.
00:39 À Bagnères, le rugby ça se joue, mais ça se chante aussi.
00:44 À Bagnères, ville célèbre, Black une bande de zèbres,
00:51 Tous fiers, tous résolus, tous très costauds et tous poilus,
00:55 Viennent de monter une équipe, sacrés noms d'une pipe,
00:59 J'avoue qu'on les battra que si Bagnères le voudra,
01:03 La foule enthousiasmée, commence à fredonner,
01:07 Oui mais demain lorsqu'on jouera, qui est-ce qu'on applaudira ?
01:12 C'est le stade, c'est le stade,
01:16 Qu'est-ce qui va t'aller à jeûner, les Niçois, les Narbonnets ?
01:20 C'est le stade, notre stade.
01:25 À peine connu la nouvelle de la qualification du stade pour la finale,
01:30 Bagnères a décrété la mobilisation générale.
01:33 Un prix pour la voiture la plus folklorique, a promis le comité des fêtes,
01:37 Et tous les mordus du rugby se sont mis à barrioler leur véhicule.
01:40 Pas d'école pour les enfants le lendemain de la finale,
01:43 A demandé à l'inspecteur d'académie, Eugène Toujas, le maire communiste de Bagnères.
01:48 Et, faveur exceptionnelle, pour la montée sur Paris,
01:52 Les supporters du stade ont obtenu de la SNCF,
01:55 La réouverture de la gare, fermée aux voyageurs depuis 8 ans.
01:59 Bref, c'est la fête à Bagnères,
02:02 Même si pour certains, les lendemains s'annoncent plutôt difficiles.
02:06 Bagnères étant finale, c'est quelque chose de formidable,
02:09 Mais au point de vue économique, il y a quelques problèmes.
02:11 Moi, personnellement, dans le glissier, j'ai quelques clients récalcitrants,
02:14 Où j'ai des échéanciers, tous les mois, ils me versent une somme d'argent,
02:18 Et ils sont venus me voir affolé en me disant,
02:20 "Jeannot, on est en finale, écoute, il faut nous comprendre,
02:23 Renvoie, renvoie mes échéances au mois prochain."
02:25 Le percepteur, également, a des gros problèmes,
02:28 Le tiers provisionnel, certains ont demandé le report,
02:31 Mais enfin, qu'est-ce qu'on ne fait pas pour le rugby, hein ?
02:34 Ah, pour le rugby et pour le stade, que ne ferait-on pas ?
02:37 Les commerçants bagnérés se sont même mis au goût du jour,
02:40 Avec des fortunes diverses.
02:41 Pour les limonadiers, par exemple, cette aventure est une aubaine,
02:44 Ils ont fait 300% de leur chiffre d'affaires habituel,
02:47 Mais pour d'autres, la finale coûte cher.
02:49 Jusqu'à 50% de manque à gagner dans l'alimentaire,
02:52 Et le prêt-à-porter, surtout, les supporters ont tout dépensé ailleurs.
02:55 Au point même qu'à Bagnères, il a été envisagé un instant
02:58 De déplacer la fête des mères.
03:00 On a bien décoré les vitrines aux couleurs noires et blanches,
03:02 Pour sauver la face, mais en coulisses,
03:04 Il y en a qui font plutôt grisemines.
03:06 Oh, les affaires marchent pas bien,
03:08 Ils marchent comme ils marchent, c'est ceux qui font grisemines,
03:10 Vous savez, il faut les laisser.
03:12 Avoir une équipe qui est arrivée à ce qu'elle est arrivée,
03:15 C'est une satisfaction, et il faut savoir faire des sacrifices.
03:18 Et ceux qui ne savent pas en faire, qu'ils aillent au diable.
03:21 Oui, ils méritent bien quelques sacrifices, en effet, ces joueurs de Bagnères,
03:25 Qui se sont donné tant de mal pour l'honneur de jouer dimanche au Parc des Princes,
03:29 Leur première finale contre Narbonne, l'épouvantail du championnat.
03:32 Ces rugbymen qui s'entraînent en altitude,
03:35 Sous la conduite de Jean-François Bourdon,
03:37 Ont déjà réussi l'exploit de sortir Bézier en huitième de finale.
03:40 Mais cela ne suffit pas à leur bonheur,
03:42 Ils veulent maintenant être champions de France,
03:44 Ne serait-ce que pour leur capitaine Roland Bertrand,
03:47 L'enfant surdoué du rugby français, à qui il ne manque que le titre.
03:50 Oui, effectivement, c'est le titre qui me manque.
03:53 J'ai fait pas mal de tournées, pour ainsi dire, toutes.
03:55 J'ai fait tous les matchs du tournoi des cinq nations,
03:57 J'ai rencontré les plus grands joueurs,
03:59 Maintenant, il me reste le titre champion de France.
04:01 Et je crois que tant qu'à être à Paris cette année,
04:04 On va tout faire pour le ramener à Bagnères.
04:07 Pour tromper l'attente, Roland Bertrand s'est offert cette semaine,
04:11 Une sortie à cheval, sa distraction favorite,
04:14 Sur une monture offerte par le président du stade Bagnères,
04:17 A l'occasion de sa cinquantième sélection en équipe de France.
04:21 [Musique]