• il y a 6 mois
Présenté par Myriam ENCAOUA
Invités :
- Gallagher Fenwick, journaliste et auteur de Volodymyr Zelensky, l'Ukraine dans le sang (éditions du Rocher),
- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po et ancien grand reporter,
- Bastien Lachaud, député LFI de Seine-Saint-Denis,
- Natalia Pouzyreff, députée Renaissance des Yvelines.

Depuis le début de la guerre d'agression russe envers l'Ukraine, l'Assemblée nationale se tient aux côtés du peuple ukrainien. Le 23 mars 2022, moins d'un mois après l'invasion, le Président Zelensky s'adressait aux députés français en visoconférence. Le 31 janvier 2023, Ruslan Stefanchuk, Président de la RADA ukrainienne, s'exprimait également devant la représentation nationale. Le 28 mars dernier, la Présidente de l'Assemblée nationale, Madame Yaël Braun-Pivet, s'exprimait à son tour devant la RADA d'Ukraine, à l'occasion de son second déplacement à Kiev, pour réitérer le message de soutien et d'amitié de la France. Dans le droit fil de sa mobilisation jusqu'ici, l'Assemblée nationale accueillera le Président de la République d'Ukraine, Monsieur Volodymyr ZELENSKY, pour une allocution dans l'hémicycle ce vendredi 7 juin.

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Transcription
00:00:00 Générique
00:00:01 ...
00:00:09 -Bonjour et bienvenue à tous.
00:00:11 Émission spéciale ce matin sur LCP,
00:00:14 l'Assemblée nationale accueille Volodymyr Zelensky,
00:00:17 le président ukrainien,
00:00:18 qui va s'exprimer dans un peu moins d'une heure
00:00:21 face aux députés dans l'hémicycle.
00:00:23 Discours dans le cadre de sa visite d'Etat en France
00:00:26 pour les 80 ans du débarquement,
00:00:28 qui intervient dans un moment très difficile
00:00:31 pour l'Ukraine. Emmanuel Macron a fait des annonces importantes.
00:00:34 Hier soir, on va y revenir avec moi
00:00:37 pour vous faire vivre au plus près cet événement.
00:00:40 Elzamond Ndengava et Dario Borgogno,
00:00:43 salles des quatre colonnes à l'Assemblée,
00:00:45 et quatre invités sur ce plateau.
00:00:47 Ma compagne, Nathalia Pouziref, bonjour.
00:00:49 Bienvenue, vous êtes députée Renaissance des Yvelines.
00:00:52 Vous présidez au Palais Bourbon le groupe d'amitié France-Ukraine.
00:00:56 Bonjour, Bastien Lachaud. -Bonjour.
00:00:58 -Députée la France insoumise de Seine-Saint-Denis,
00:01:01 vous suivez à l'Assemblée les questions de défense.
00:01:04 Bonjour, Vincent Ugeux. -Bonjour, Myriam.
00:01:06 -Ravie de vous retrouver. Vous enseignez à Sciences Po,
00:01:09 ancien grand reporter. Vous suivez le dossier ukrainien
00:01:12 depuis l'invasion de la Russie par Poutine de l'Ukraine.
00:01:17 Enfin, bonjour, Gallagher Fenwick. -Bonjour.
00:01:19 -Ravie de vous accueillir.
00:01:21 Auteur de "Volodymyr Zelensky, l'Ukraine dans le sang",
00:01:25 aux éditions du Rocher.
00:01:26 C'est une biographie très fouillée, documentée.
00:01:29 Vous êtes également chroniqueur LCI.
00:01:31 France Inter, merci à tous les quatre
00:01:34 de participer à cette émission en direct.
00:01:36 C'est la première fois que Volodymyr Zelensky
00:01:39 va physiquement s'adresser à la représentation nationale
00:01:42 à Paris, les enjeux, le contexte, les attentes.
00:01:45 On va commencer par planter le décor avec Bruno Donnet.
00:01:48 ...
00:01:58 -Bonjour, mon cher Bruno. -Bonjour, Myriam.
00:02:00 -Deux présidents, dans votre récap, ce soir,
00:02:03 deux présidents, ce matin, sur le fil.
00:02:06 -Oui, deux équilibristes, Myriam, en situation assez délicate.
00:02:10 Le premier est ukrainien.
00:02:12 Il n'a parlé que 10 secondes hier à la télévision française,
00:02:16 mais il y a exprimé "on ne peut plus clairement ses attentes".
00:02:19 -J'espère que les Alliés seront à nouveau unis à nos côtés
00:02:23 pour se battre pour la démocratie en Ukraine
00:02:26 et partout en Europe.
00:02:28 ...
00:02:30 -Quant au second, il est français.
00:02:32 Il s'est exprimé beaucoup plus longuement hier soir,
00:02:35 mais il a résumé, lui aussi, la position de la France
00:02:38 extrêmement clairement.
00:02:40 -La paix ne se fera que si l'Ukraine peut résister.
00:02:43 -En résumé, Volodymyr Zelensky est venu chercher du soutien,
00:02:48 de l'argent et des armes.
00:02:50 Emmanuel Macron est d'accord, seulement, il y a un "mais".
00:02:53 -On ne veut pas d'escalade, on n'est pas en guerre avec la Russie.
00:02:57 -La ligne rouge à ne pas franchir, c'est celle de l'escalade
00:03:00 qui entraînerait la France et l'Europe dans la guerre.
00:03:04 Voilà pourquoi, à la demande de l'Ukraine
00:03:06 d'intégrer l'Union européenne, Emmanuel Macron a répondu
00:03:09 "hop, hop, pas si vite".
00:03:11 -Nous allons l'aider à le faire, mais pas pour demain.
00:03:14 -C'est non pour adhérer à l'Union européenne dès maintenant.
00:03:17 En revanche, c'est oui pour plus d'argent
00:03:20 et davantage de soutien militaire.
00:03:22 -Expliquez-nous ces annonces.
00:03:24 -D'après un rapport parlementaire qui date de février dernier,
00:03:27 le soutien militaire apporté par la France
00:03:30 s'élève aujourd'hui à 3,2 milliards d'euros.
00:03:34 Notre pays a déjà livré à l'Ukraine 30 canons César,
00:03:38 au moins 15 canons tractés, plusieurs dizaines.
00:03:41 De véhicules blindés, 100 missiles sol-air de type Mistral,
00:03:45 des missiles air-sol de type Scalp,
00:03:47 deux lances roquettes, deux batteries antiaériennes,
00:03:51 mais aussi plusieurs canaux Zodiac, des gilets pare-balles
00:03:54 et des lunettes de vision nocturne.
00:03:56 Emmanuel Macron l'a annoncé hier soir,
00:03:58 la France est d'accord pour aller nettement plus loin.
00:04:01 -Demain, nous allons lancer une nouvelle coopération
00:04:04 et annoncer la cession de Mirage 2000.
00:04:06 -La France va désormais fournir des avions de combat
00:04:10 à l'Ukraine, mais elle va également s'engager
00:04:13 sur le terrain de la formation des pilotes
00:04:15 et de plusieurs milliers de soldats.
00:04:18 -Ce que nous proposons, c'est de former
00:04:20 4 500 soldats ukrainiens,
00:04:23 et donc de les équiper, de les entraîner,
00:04:26 et puis de leur apporter, justement, les munitions, les armes,
00:04:29 ce qui leur permettra de défendre leur sol.
00:04:32 -Avec ces annonces, Emmanuel Macron va plus loin
00:04:35 que la position américaine,
00:04:37 une position toutefois favorable à un soutien massif
00:04:40 de l'Ukraine que Joe Biden a tenu à rappeler hier
00:04:43 à l'occasion du 80e anniversaire de la libération.
00:04:46 -Défendrons-nous la liberté,
00:04:48 défendrons-nous la démocratie, serons-nous solidaires ?
00:04:52 Ma réponse est oui et ne peut que être oui.
00:04:55 -Reste à savoir jusqu'où Vladimir Poutine
00:04:58 supportera un tel débarquement.
00:05:00 Vous le disiez, Myriam, Macron et Zelensky
00:05:03 sont sur un fil très tendu.
00:05:04 L'équilibre mondial et la paix
00:05:06 n'ont qu'à bien se tenir. -Merci, Bruno Denay.
00:05:09 On va détailler et commenter ces annonces d'Emmanuel Macron
00:05:12 dans un instant, mais d'abord, l'actualité de la matinée
00:05:16 ici, à l'Assemblée, c'est la venue de Volodymyr Zelensky,
00:05:19 Nathalia Poussyreff, c'est la première fois
00:05:21 que vous allez le rencontrer.
00:05:23 Qu'est-ce que ça représente pour vous ?
00:05:26 Cette adresse directe, il y avait eu pas mal de visioconférences,
00:05:29 mais en chair et en os du président ukrainien
00:05:32 dans ce moment, deux ans après le début de la guerre,
00:05:35 quel sens vous donnait à cette venue ?
00:05:37 -Beaucoup d'impatience.
00:05:39 Nous serons véritablement très heureux de l'accueillir
00:05:42 et moi, je considère que...
00:05:44 que c'est un héros, quelque part.
00:05:48 S'il avait fui le 24 février 2022 Kiev,
00:05:54 l'Ukraine serait russe aujourd'hui.
00:05:58 Et c'est grâce à son esprit de résistance,
00:06:01 quand il a dit "je n'ai pas besoin d'un taxi pour partir",
00:06:05 et il s'est révélé être un véritable chef de guerre,
00:06:08 donc oui, il a l'étoffe des héros
00:06:12 dans une situation quand même
00:06:14 où le démarrage du soutien des Occidentaux à l'Ukraine
00:06:18 a été assez long.
00:06:20 Là, il se trouve encore dans une phase très difficile, en 2024,
00:06:24 et voilà, c'est l'étoffe des héros,
00:06:26 comme tous les soldats ukrainiens qui se battent actuellement.
00:06:30 -Il est le bienvenu. -Il est absolument le bienvenu
00:06:33 et je suis impatiente de le voir et de l'entendre.
00:06:36 -Vous êtes la présidente du groupe qui n'est plus d'amitié,
00:06:39 France-Russie, autant pour moi,
00:06:41 mais vous êtes évidemment très attachée à l'Ukraine
00:06:44 que vous soutenez, et j'ai parlé du groupe d'amitié,
00:06:47 mais c'est la Russie.
00:06:48 Bastien Lachaud, il est bienvenu.
00:06:50 Vous allez lui réserver, la France insoumise va lui réserver
00:06:54 une standing ovation ?
00:06:55 -Ecoutez, c'est le président de l'Ukraine,
00:06:58 et aujourd'hui, nous nous tenons aux côtés de l'Ukraine
00:07:01 face à l'inadmissible et inacceptable agression russe.
00:07:04 Là, c'est un chef d'Etat, on visite d'Etat,
00:07:06 donc évidemment qu'il est le bienvenu à l'Assemblée nationale.
00:07:11 Ce qui questionne, c'est le timing
00:07:15 de cette venue et de ce discours.
00:07:19 -Vous avez entendu Yael Brown-Pivet,
00:07:21 Emmanuel Macron, le 6 juin, c'est tout le temps le même jour
00:07:24 anniversaire du débarquement. -Tout à fait,
00:07:27 mais nous ne sommes pas le 6 juin, nous sommes le 7.
00:07:30 Et nous aurions tout à fait pu envisager
00:07:32 que M. Zelensky vienne pour la commémoration du 6
00:07:35 et ne s'exprime pas devant l'Assemblée nationale le 7.
00:07:38 -Il y a une instrumentalisation
00:07:40 que l'Ukraine a dans l'élection, pour vous ?
00:07:42 C'est ce que dit, par exemple, Marine Le Pen,
00:07:45 qui parle même de manipulation de l'opinion.
00:07:47 -C'est ce que dit Olivier Marlex, président du groupe Les Républicains,
00:07:51 en séance mercredi. La question se pose.
00:07:54 Deux heures de discours d'Emmanuel Macron
00:07:56 sur l'ensemble des chaînes à deux jours
00:07:59 d'un scrutin électoral, la présence de M. Zelensky,
00:08:03 les annonces d'Emmanuel Macron,
00:08:05 j'espère qu'on pourra y revenir,
00:08:07 mais qui sont plus de la communication qu'autre chose,
00:08:10 à deux jours d'une élection,
00:08:12 cela pose question sur l'instrumentalisation
00:08:15 que la majorité et Emmanuel Macron
00:08:17 font de ce déplacement et de la guerre en Ukraine,
00:08:20 qui mérite bien mieux que ça.
00:08:21 -C'est un mauvais procès, et un procès même ridicule.
00:08:24 Le 6 juin, toutes les nations alliées se retrouvent.
00:08:28 Les Ukrainiens ont déjà participé,
00:08:30 avaient participé aussi à la défense de notre territoire.
00:08:34 Le président Zelensky est donc en déplacement,
00:08:38 et nous en sommes très heureux, lors du 6 juin.
00:08:41 Avant de repartir, il nous fait l'honneur
00:08:43 de venir à l'Assemblée nationale.
00:08:45 Je trouve qu'il n'est absolument pas...
00:08:48 -C'est pas légitime, cette polémique ?
00:08:50 -C'est un procès d'intention, mais qui ridicule,
00:08:53 même indécent, ridicule,
00:08:55 sachant qu'il est tout à fait normal,
00:08:58 quand on célèbre le 80e anniversaire,
00:09:00 quand on voit les commémorations qui ont eu lieu hier,
00:09:05 l'ampleur, la hauteur du discours de chaque chef d'Etat,
00:09:08 l'implication de tout le monde...
00:09:10 -Et la guerre sur le continent. -La guerre subie de l'Ukraine.
00:09:14 Comment revenir à un niveau aussi bas de la politique ?
00:09:17 -Parce que Joe Biden, par exemple, est aussi en visite d'Etat.
00:09:20 Pourquoi ne s'exprime-t-il pas devant l'Assemblée nationale ?
00:09:24 Pourquoi ne l'avons-nous pas invité à s'exprimer ?
00:09:26 -Il a peut-être été invité et il a peut-être un autre agenda.
00:09:30 -C'est ce que vous dites.
00:09:31 -Volodymyr Zelensky, son pays est en guerre, c'est l'Europe,
00:09:35 et il est coutumier, d'ailleurs, de ces adresses,
00:09:38 dans le cadre de plusieurs hémicycles dans le monde.
00:09:41 On va y revenir, d'ailleurs, avec vous.
00:09:43 Vous en parlez dans votre livre.
00:09:45 Elsa Mondin-Gavart, on prend la température avec vous.
00:09:48 On est maintenant à un peu plus de 30 minutes de ce discours.
00:09:51 Il y a de l'effervescence.
00:09:53 Les députés seront-ils nombreux ?
00:09:55 Dans quel état d'esprit vont-ils l'accueillir ?
00:09:57 -Avant de vous parler des députés, je vous parle des journalistes.
00:10:01 Ils sont très nombreux ici, dans cette salle des quatre colonnes.
00:10:05 La salle à côté, la salle des Pas Perdus,
00:10:07 va être interdite au public d'ici quelques minutes.
00:10:10 Beaucoup de journalistes, évidemment,
00:10:12 pour suivre le discours de Volodymyr Zelensky.
00:10:15 Mais la question, c'est de savoir s'il y aura beaucoup de députés.
00:10:18 Pourquoi ? Souvent, les députés, le vendredi,
00:10:21 sont en circonscription, d'autant plus à quelques jours
00:10:24 du scrutin des Européennes.
00:10:26 Mais vous l'avez dit, Bastien Lachaud en a parlé,
00:10:28 certains groupes, la droite, la France insoumise
00:10:31 et le RN ont dénoncé une forme d'instrumentalisation politique
00:10:35 avec la venue du président ukrainien.
00:10:37 Dans ces conditions, ils n'ont pas forcément mobilisé leurs troupes.
00:10:41 -Comment va se dérouler la matinée ce discours ?
00:10:44 -9h30, ce sera l'arrivée du président Volodymyr Zelensky.
00:10:49 9h45, il devrait traverser la salle des Pas Perdus
00:10:52 avec la présidente de l'Assemblée nationale,
00:10:54 Yael Broun-Pivet.
00:10:55 9h47, discours pour bienvenue de la présidente de l'Assemblée.
00:11:00 Il y aura aussi le Premier ministre, Oban,
00:11:03 ainsi que le ministre des Affaires étrangères,
00:11:05 la ministre des Relations.
00:11:07 9h52, discours de Volodymyr Zelensky,
00:11:09 prévu pour une vingtaine de minutes.
00:11:11 -On va suivre ça en direct sur LCP.
00:11:13 Merci, Elsa Monnain-Gavagel, Gelfenwik.
00:11:16 C'est vrai qu'il est coutumier des hémicycles du monde entier.
00:11:19 On se souvient du Congrès américain,
00:11:21 de la visioconférence aux Nations unies.
00:11:24 Là, c'est la France.
00:11:26 Qu'est-ce qu'il vient chercher dans ses adresses ?
00:11:29 Il s'adresse à vous, les députés,
00:11:31 mais il s'adresse aussi aux Français,
00:11:33 à travers ses allocutions.
00:11:35 -Ca a été dit un peu dans la présentation
00:11:37 de votre journaliste juste avant,
00:11:39 qui parlait notamment de la liste d'armes.
00:11:42 Zelensky vient chercher, à mon sens, deux choses.
00:11:45 Il vient chercher des images et des armes.
00:11:47 L'image qu'il vient chercher, c'est celle de le président
00:11:51 qui représente une nation agressée
00:11:53 et qui vient chercher de la cohésion,
00:11:56 de la cohérence, de l'alliance et du soutien.
00:11:59 Pour cela, il va, comme à son habitude,
00:12:02 mobiliser le langage,
00:12:04 un langage souvent qui évoque des images, là encore,
00:12:07 très fortes,
00:12:09 pour toujours rappeler ce dont il est victime
00:12:12 et ce dont son peuple est quelque part
00:12:14 et ce dont nous avons besoin,
00:12:16 parce que c'est ça aussi le sens de son message,
00:12:19 c'est de dire que ce que l'Ukraine subit,
00:12:22 c'est pas juste un territoire qui est agressé,
00:12:24 ce sont des valeurs et que nous avons en partage
00:12:27 avec l'Ukraine et le président ukrainien.
00:12:30 Je pense qu'il y aura cela.
00:12:31 Il va aussi s'inscrire, quand même,
00:12:33 dans le cycle mémoriel dans lequel nous nous trouvons en France,
00:12:37 c'est-à-dire faire la connexion entre le passé et le présent,
00:12:41 à savoir le débarquement,
00:12:43 le sacrifice consenti afin de recouvrir
00:12:45 une intégrité territoriale, une souveraineté
00:12:48 et qui s'applique aujourd'hui encore à l'Ukraine.
00:12:51 -Un mot avec vous, Vincent Hucheux,
00:12:53 sur la situation sur le terrain.
00:12:55 -Oui. -Parce qu'on est deux ans après
00:12:58 et on a l'impression que là, vraiment,
00:13:00 les Ukrainiens sont à la peine
00:13:03 et que peut-être même, on parle de Kharkiv,
00:13:05 cette grande ville dans le Donbass, pourrait tomber,
00:13:09 que des lignes de front pourraient être percées.
00:13:12 -Volodymyr Zelensky en chair et en os,
00:13:14 disiez-vous à l'instant, Myriam,
00:13:16 il se trouve que l'Ukraine, son pays,
00:13:18 est meurtri dans sa chair et que son armée est à l'os.
00:13:22 On vit une phase extrêmement préoccupante
00:13:25 en termes militaires.
00:13:27 Je ne crois pas du tout à une chute imminente,
00:13:30 et même, d'ailleurs, à moyen terme, de la ville de Kharkiv,
00:13:33 tout simplement parce que l'offensive russe,
00:13:36 quelle que brutale qu'elle soit,
00:13:38 sur l'extrême nord-est de l'Ukraine,
00:13:41 n'est pas calibrée pour aller conquérir
00:13:43 et occuper durablement une ville aussi immense
00:13:46 que celle de Kharkiv.
00:13:48 Pour autant, je disais à l'os,
00:13:49 parce que oui, vous avez cette période de soudure
00:13:52 extrêmement acrobatique, puisque l'Ukraine est condamnée
00:13:56 depuis plus d'un an à gérer une double pénurie,
00:13:59 pénurie en hommes, pénurie en armements,
00:14:01 et que le déverrouillage, enfin,
00:14:04 de la fameuse enveloppe de 61 milliards de dollars
00:14:08 des Etats-Unis, évidemment,
00:14:10 ça n'a pas un impact instantané sur le front.
00:14:12 Il faut acheminer.
00:14:13 Alors, acheminer des munitions, c'est relativement facile.
00:14:17 Acheminer des systèmes lourds,
00:14:19 et évidemment, ce que réclament à haute voix
00:14:21 et depuis des mois Zelensky,
00:14:23 c'est-à-dire des systèmes antiaériens
00:14:26 de type ou Patriot ou Mamba,
00:14:28 eh bien, ça, ça prend énormément de temps.
00:14:30 Donc oui, on est là, à un moment charnière.
00:14:33 Mon intuition, et ça n'est que mon intuition,
00:14:36 c'est que si les Ukrainiens parviennent
00:14:40 à serrer les dents et le reste encore quelques semaines,
00:14:43 on verra une inflexion du rapport de force.
00:14:45 Il y a eu des observations très précises
00:14:48 qui ont été faites ces derniers jours
00:14:50 d'un relatif piétinement du grignotage russe
00:14:53 dans la zone considérée.
00:14:55 -"Relatif piétinement du grignotage",
00:14:57 ça fait beaucoup de guillemets et beaucoup de prudence.
00:15:00 J'en viens, justement, au soutien militaire.
00:15:03 Les annonces sont importantes,
00:15:04 parce qu'on a l'impression d'un infléchissement,
00:15:08 peut-être même d'un tournant, vous allez nous le dire.
00:15:10 La France va envoyer des avions de combat,
00:15:13 Mirage 2000-5,
00:15:15 équipés avec des missiles longue portée,
00:15:18 avec des formateurs français
00:15:21 pour former les pilotes,
00:15:23 a priori plutôt en dehors de l'Ukraine,
00:15:26 d'après ce qu'on a compris.
00:15:28 Est-ce que vous accueillez ce pas de plus,
00:15:31 de franchi, avec bienveillance,
00:15:34 de façon positive ?
00:15:36 -Non, pas parce que nous sommes
00:15:39 contre l'envoi d'armement en Ukraine,
00:15:42 mais parce que ce n'est pas opérant
00:15:44 pour les Ukrainiens. -Ah bon ?
00:15:46 -Non. -Comment ça ?
00:15:48 -Déjà, pour former un pilote,
00:15:50 au bout de six mois, il sait piloter l'avion.
00:15:53 Si on veut qu'il soit opérationnel au combat,
00:15:55 c'est trois à quatre ans.
00:15:57 Deuxième chose,
00:15:59 le ministre des Armées lui-même, devant notre commission,
00:16:03 je lui fais confiance, ou il nous a menti,
00:16:05 il nous a dit que les Ukrainiens ne voulaient pas de nos avions
00:16:09 et que, deux, envoyer des Mirages
00:16:11 de 1 500... -Toutes les réactions
00:16:13 qui viennent d'Ukraine sont très positives
00:16:15 et remerciantes vis-à-vis de la France.
00:16:18 -Je vous dis ce que le ministre Lecornu nous a dit
00:16:20 en commission de la Défense nationale et de l'Assemblée,
00:16:24 en février. Il nous a dit
00:16:25 que le MCO, le maintien en condition opérationnelle
00:16:28 des avions, notamment des Mirages, est tellement complexe
00:16:31 que cela serait quasiment pénalisant
00:16:34 pour l'armée ukrainienne. -C'est une ligne franchie
00:16:36 avec la décision du président. -Et d'ailleurs, les Suédois,
00:16:40 qui avaient proposé d'envoyer leur avion Gripen
00:16:42 aux Ukrainiens, ont dit "non, on ne le fait pas,
00:16:45 "car ça va complexifier votre chaîne d'improvisionnement
00:16:48 "et il vaut mieux favoriser l'envoi des F-16."
00:16:51 -Vous dites que ça prend trop de temps,
00:16:53 donc ce sera inefficace. Pour bien comprendre
00:16:56 la ligne de la France insoumise, vous ne voulez pas,
00:16:59 c'est une ligne rouge, demi-si-longue,
00:17:01 de façon à ce que l'Ukraine puisse se défendre
00:17:04 en frappant la Russie, ou vous dites
00:17:06 que ce n'est pas une mauvaise idée,
00:17:08 mais que ça ne marchera pas, car c'est trop long.
00:17:10 C'est deux choses différentes. -Il y a deux choses.
00:17:13 Nous sommes contre le fait que des armes françaises
00:17:16 frappent le sol russe. -C'est le principe de base.
00:17:19 -C'est le principe de base. En plus, envoyer des Mirages 2000
00:17:22 ne sera pas efficace. -C'est clair.
00:17:24 Nathalia Pouzyreff, que répondez-vous ?
00:17:27 -Il faudrait prendre un peu de temps,
00:17:29 mais les lignes qui s'en franchissent,
00:17:31 c'est surtout le fait que plusieurs pays,
00:17:33 dont la France, les Etats-Unis et d'autres,
00:17:36 se sont... accordent à l'Ukraine
00:17:39 le fait de pouvoir utiliser leurs armes
00:17:42 sur le territoire russe, dans une zone limitée,
00:17:45 pas loin de la frontière des Kharkiv,
00:17:47 et sur des cibles uniquement militaires.
00:17:49 C'est le véritable tournant.
00:17:51 La priorité pour l'Ukraine, c'est de recevoir des obus,
00:17:54 des missiles, et la France, on a commandé,
00:17:57 je crois qu'on a 20 milliards en commandes,
00:17:59 dont certaines iront en Ukraine et d'autres
00:18:02 pour reconstruire nos stocks. -20 milliards ?
00:18:04 -C'est ça, la commande. -20 milliards ?
00:18:07 -Non, seulement pour l'Ukraine.
00:18:09 Donc, nous avons, à partir de ça,
00:18:12 la priorité sur laquelle s'accordent tous les pays,
00:18:15 le fait de former plus
00:18:18 et d'apporter plus de soutien, en général, à l'Ukraine
00:18:22 pour qu'elle résiste pendant 2024.
00:18:24 Je pense qu'effectivement, il se prépare
00:18:26 pour 2025. -Ca s'appelle l'offensive.
00:18:28 -Est-ce que ça s'appelle une forme d'escalade ?
00:18:31 -Que l'Ukraine reparte à l'offensive en 2025.
00:18:34 Donc, il faut monter en puissance,
00:18:36 et ces avions, dans ce cadre-là,
00:18:38 ajoutés au F-16,
00:18:39 la priorité, c'est de recevoir les avions américains,
00:18:42 vont arriver cet été,
00:18:43 et c'est de mettre l'Ukraine
00:18:45 dans les meilleures conditions possibles
00:18:47 pour reprendre la main, je pense, sur les opérations.
00:18:50 On verra comment ça se passe,
00:18:52 mais on voit bien qu'il y a quelque chose qui se prépare,
00:18:55 c'est parce qu'effectivement... -La France ne sera pas seule
00:18:58 dans cette nouvelle stratégie. -On voit bien
00:19:01 qu'il y a cette tendance-là,
00:19:02 qu'il y a ce soutien qui va s'intensifier,
00:19:05 qui leur a tant manqué dans les six premiers mois de 2024,
00:19:08 et que là, l'idée, après, c'est de placer l'Ukraine
00:19:11 dans les meilleures conditions possibles
00:19:13 pour le jour, le moment venu... -Très clair.
00:19:16 -Négocier. -Gaëlla Gerfeld,
00:19:17 quelle lecture vous faites de ce pas franchi ?
00:19:20 Est-ce qu'un tabou est levé, est tombé,
00:19:23 et jusqu'à présent, c'est vrai que la question
00:19:26 des avions de chasse a été posée,
00:19:28 il y a la question des formateurs français,
00:19:30 est-ce que la France va former des pilotes
00:19:33 avec ses propres avions pour bombarder la Russie ?
00:19:35 Est-ce qu'on en est là ?
00:19:37 -Alors, déjà, il faut comprendre
00:19:39 ce à quoi le Mirage 2000-5 peut servir.
00:19:43 Il opère généralement dans des cadres défensifs,
00:19:45 des cadres d'interception avec des vecteurs...
00:19:48 -Défensifs. -RR,
00:19:49 donc interception de drones, par exemple,
00:19:52 par les outils au-dessus de la mer Rouge.
00:19:55 Ensuite, effectivement,
00:19:56 il y a beaucoup de Rubicons qui sont franchis,
00:19:59 mais pourquoi ? Est-ce que c'est parce que nous avons décidé,
00:20:02 tout d'un coup, par regain d'agressivité
00:20:04 à l'égard du voisin russe de les franchir,
00:20:07 ou est-ce que c'est du fait de ce que la Russie,
00:20:11 encore une fois, fait subir à l'Ukraine ?
00:20:14 Je pense, c'est ma lecture et elle n'engage que moi,
00:20:17 qu'on avance vers davantage de clarté morale
00:20:20 sur cette histoire et qu'on est en train de répondre
00:20:22 à une question que Zelensky a posée à de nombreuses reprises,
00:20:26 à savoir ce que nous voulons.
00:20:28 Il y a eu cette tendance, récemment,
00:20:30 et même dans la bouche du président français,
00:20:32 à formuler une idée positive au travers de double négative.
00:20:36 "La Russie ne doit pas gagner."
00:20:37 Pourquoi le président de la République était-il incapable
00:20:41 de dire "La Russie doit perdre" ?
00:20:43 Et donc, plus on avance dans le temps
00:20:46 et plus on prend des décisions qui sont en cohérence
00:20:49 avec ce que nous voulons pour l'Ukraine et pour nous-mêmes
00:20:52 et ce que nous recherchons, c'est-à-dire l'effet final.
00:20:56 Et cela demande, effectivement,
00:20:57 de mettre des moyens à disposition.
00:21:00 Ces avions de chasse, il a raison, les Ukrainiens n'en voulaient pas.
00:21:03 Pourquoi ? Parce que,
00:21:05 en donnant de manière échantillonnaire
00:21:08 des matériels, on force l'Ukraine à se retrouver
00:21:11 avec un patchwork, un ensemble de systèmes
00:21:14 qui les force à devoir bricoler.
00:21:17 Oui, mais face à l'absence de clarté morale
00:21:21 chez certains de nos partenaires et alliés,
00:21:23 il faut ouvrir la porte.
00:21:25 Les F-16 sont toujours attendus, ils n'arrivent pas,
00:21:28 c'est une manière d'ouvrir la porte.
00:21:30 Je ne vois pas les Français forcer les Ukrainiens
00:21:32 à accueillir, à accepter un avion.
00:21:34 -Pour bien comprendre
00:21:36 quelle porte on ouvre, pour ceux qui, comme moi,
00:21:39 ne suivent pas le conflit au jour le jour
00:21:42 et les questions de stratégie militaire,
00:21:45 la France n'est pas en guerre contre la Russie,
00:21:47 la France fournit des avions,
00:21:50 forme les pilotes,
00:21:52 alors plutôt en dehors de l'Ukraine,
00:21:55 pour le moment, même si on sait,
00:21:57 c'est un secret, qu'il y a des formateurs français
00:22:00 sur le terrain en Ukraine. -Mais l'Etat dit le contraire.
00:22:03 Dans l'hémicycle.
00:22:05 -Alors, c'était pas officiel,
00:22:07 mais quelles lignes on franchit sans tomber dans l'escalade,
00:22:11 comme le dit Emmanuel Macron ?
00:22:13 -D'abord, on ne franchit pas le Rubicon
00:22:15 pour y pécher à la ligne.
00:22:17 À un moment donné, la France a décidé
00:22:19 de se porter au secours d'une nation souveraine agressée
00:22:22 qui affirme voire défendre les valeurs
00:22:25 inscrites au fronton de la République.
00:22:27 Bon, on va pas commencer à mégoter.
00:22:30 L'intensité de cette escalade,
00:22:32 car si les mots ont un sens, oui, il y a une escalade,
00:22:35 elle est dictée par la perpétuation
00:22:38 de l'obsession impériale réaffirmée, main de foi,
00:22:41 par Poutine et son orchestre.
00:22:43 Je suis désolé, j'aurais adoré qu'on puisse solder ce conflit
00:22:46 dans les cénacles diplomatiques.
00:22:48 Avec le système Kremlin, c'est juste impossible.
00:22:51 Principe de réalité.
00:22:52 La paix à tout prix, c'est la guerre pour toujours.
00:22:55 On a enfin compris ça. Il a fallu un peu de temps.
00:22:58 -Gros temps. -Oui, bien sûr.
00:23:00 Il y a des retards pris qui ne se rattrapent pas.
00:23:03 Petit éclairage quand même factuel sur opérant, pas opérant.
00:23:06 D'abord, le mirage 2000-trait d'union 5,
00:23:10 c'est pas le dernier cri.
00:23:12 Il a été mis en service en 1999, il y a un quart de siècle,
00:23:16 et effectivement, c'est la version modernisée
00:23:18 d'un autre mirage, le mirage C.
00:23:20 On y a ajouté des équipements sophistiqués,
00:23:23 notamment un radar qui permet de repérer,
00:23:26 de détecter les intrusions hostiles,
00:23:28 il y a des systèmes anti-leurre.
00:23:30 Mais ce serait, d'une seule manière, innette,
00:23:33 et c'est pourquoi il y avait des réticences à Kiev,
00:23:36 comme Galaguer le rappelait, si on en envoyait trois.
00:23:39 -On n'a pas le chiffre encore. -Non, mais à ma connaissance,
00:23:42 si mes infos sont exactes,
00:23:44 on serait plutôt de l'ordre de l'escadron,
00:23:46 une vingtaine, et là, c'est cohérent.
00:23:49 Par ailleurs, sur la formation, non.
00:23:51 Quatre ou cinq ans, si vous partez de zéro.
00:23:53 Là, il s'agit d'adapter le savoir-faire
00:23:56 de pilotes ukrainiens à guéris,
00:23:58 qui jusqu'alors sont familiers des Soukhoï et des MiG
00:24:01 et qui ont besoin de modifier.
00:24:02 Je termine simplement en approuvant
00:24:05 votre propos introductif.
00:24:06 Il est vrai, et je l'ai entendu aussi,
00:24:09 quand il s'est exprimé auprès de quelques journalistes,
00:24:12 que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu,
00:24:14 nous a dit qu'il est plus important
00:24:17 de fournir aux Ukrainiens des munitions adaptées,
00:24:20 des munitions sophistiquées,
00:24:21 adaptées à ces appareils dont ils sont familiers,
00:24:24 plutôt que sur les maintiens en condition opérationnelle.
00:24:28 J'ai entendu parler de sa bouche,
00:24:30 c'était par rapport au rafale,
00:24:32 plutôt que au mirage.
00:24:33 -La question est de savoir si ça peut renverser
00:24:36 la donne et le rapport de force.
00:24:38 Macron ne veut pas qu'on l'écoute
00:24:40 et qu'on prenne toutes ses déclarations
00:24:42 au pied de la lettre.
00:24:44 Voici la mise en garde de Vladimir Poutine.
00:24:46 -Si quelqu'un pense qu'il est possible
00:24:49 de fournir des armes de longue portée
00:24:51 à une zone de guerre pour frapper notre territoire
00:24:54 et nous créer des problèmes,
00:24:56 alors pourquoi n'avons-nous pas le droit
00:24:58 de fournir nos armes à des régions du monde
00:25:01 d'où il y aura des frappes sur les installations sensibles
00:25:05 des pays qui agissent ainsi contre la Russie ?
00:25:08 C'est le système des pays.
00:25:09 -Voilà, conférence de presse hier à Saint-Pétersbourg.
00:25:12 C'est toujours la même rhétorique,
00:25:15 mais ça fait peur.
00:25:16 Ca fait peur à ceux qui l'écoutent.
00:25:18 -C'est fait pour faire peur,
00:25:20 mais je vous dis, depuis le début de cette guerre en Ukraine,
00:25:24 le président Poutine avance, c'est puant.
00:25:29 En plus, je dirais qu'il nous menace aussi, nous, directement.
00:25:32 Il y a quand même, en matière de désinformation,
00:25:36 ça, c'est encore, on peut dire,
00:25:38 de la propagande type soviétique à laquelle on pouvait être habitués,
00:25:42 mais en termes, maintenant, je dirais, d'ingérence,
00:25:45 même sidétiques, vous voyez, l'histoire des cercueils
00:25:48 près de la tour Eiffel, l'histoire des mains rouges,
00:25:51 là, on passe à de l'action.
00:25:52 La personne qui s'est faite à moitié explosée à l'aéroport,
00:25:56 on passe à un autre cran.
00:25:57 L'escalade, elle vient du côté russe,
00:26:00 et ça se passe pas seulement en France,
00:26:02 c'est dans tous les pays.
00:26:04 En Estonie, il y a des voitures, des vitres
00:26:07 d'un bâtiment gouvernemental qui ont été cassés.
00:26:10 Il y a eu des...
00:26:12 -C'est lui qui nous mène la guerre,
00:26:14 bien au-delà des frontières de l'Ukraine.
00:26:17 Il ne faut pas tenir compte
00:26:19 de ces avertissements.
00:26:21 -Donc, le ton monte, de part et d'autre.
00:26:26 -Mais ça reste l'émeu.
00:26:27 -Il y a quand même, je veux dire,
00:26:30 une agression de la Russie contre les pays européens,
00:26:33 avec des risques qui pèsent aussi véritablement
00:26:36 à nos frontières, avec parfois des envois,
00:26:39 par exemple, de migrants.
00:26:42 C'est vraiment ça, les attaques hybrides.
00:26:44 De l'autre côté de la frontière,
00:26:46 des pressions sur la Moldavie, sur la Géorgie.
00:26:49 -La Russie nous menace.
00:26:50 -Ca n'est pas le moment de faiblir
00:26:52 face aux mises en garde et aux avertissements.
00:26:55 -Ce n'est pas une question de faiblir.
00:26:58 De toute manière, il n'y aura pas de solution militaire...
00:27:02 -Opposer, c'est baisser la garde. -Non, pas du tout.
00:27:04 La réalité, c'est qu'il n'y aura pas de solution militaire.
00:27:08 Aucune guerre au XXe siècle ne s'est achevée
00:27:11 en dehors d'une discussion diplomatique,
00:27:13 excepté la Deuxième Guerre mondiale.
00:27:15 -La Deuxième Guerre mondiale, on est en plein...
00:27:18 -Enfin, enfin, enfin !
00:27:20 -Au moment du débarquement,
00:27:21 ce que vous voudriez, c'est qu'on laisse tomber l'Ukraine ?
00:27:25 -Vous vivez dans un monde qui n'existe pas.
00:27:27 Le monde qui existe, c'est un monde
00:27:29 où, aujourd'hui, il y a des puissances nucléaires.
00:27:32 -On a vu l'Ukraine. -Il y a des puissances.
00:27:34 -Le président français a dit qu'il faut avoir les moyens
00:27:38 de négocier. -Bien sûr.
00:27:39 -Vous prenez le don Basse, les Russes,
00:27:41 et tout le monde est d'accord.
00:27:43 C'est aussi un rapport de force,
00:27:45 une négociation. -Evidemment.
00:27:47 Mais nous ne marcherons jamais avec des tanks jusqu'à Moscou.
00:27:50 Moscou est une puissance nucléaire.
00:27:52 C'est pour ça que la Russie ne perdra jamais la guerre.
00:27:56 La Russie ne doit pas la gagner,
00:27:58 parce que la Russie ne doit pas... -On ne cherche pas
00:28:00 la capitulation de la Russie. -Je ne vous ai pas interrompu.
00:28:04 -Allez-y, bassez à la chambre de Moscou.
00:28:06 -C'est ça, gagner la guerre. -On ne cherche pas
00:28:09 la capitulation. -La Russie ne doit pas gagner.
00:28:11 Elle ne doit pas gagner et l'Ukraine ne doit pas perdre.
00:28:14 -Qu'est-ce que vous proposez ? -Il faut négocier.
00:28:17 -Tout de suite, maintenant ? -Tout le temps.
00:28:20 Tout le temps.
00:28:21 C'est le rôle des démocraties, de faire ça.
00:28:23 Les démocraties n'ont pas à jouer le rôle
00:28:26 des pays autoritaires. -Vous négociez et vous armez,
00:28:29 mais avec des limites. C'est ça, la position de la France.
00:28:32 -Ce qui empêche l'escalade et garantit les capacités
00:28:35 de négociation.
00:28:36 La Chine s'était proposée pour ouvrir des voies de négociation
00:28:40 avec l'Allemagne. -Si vous voulez faire
00:28:42 alliance avec la Chine sur ces points de négociation...
00:28:45 -L'Allemagne était d'accord. -Les démocraties
00:28:48 doivent se défendre. Elles sont de plus en plus attaquées
00:28:51 par des pouvoirs autoritaires. Vous n'avez pas compris ça.
00:28:55 Notre avenir... -Les démocraties doivent
00:28:57 se défendre, mais en respectant leurs principes
00:28:59 et en ne tournant pas en régime autoritaire.
00:29:02 -Ce qui était évident, c'est que la majorité présidentielle
00:29:05 Renaissance et LFI ne sont pas d'accord sur cette question
00:29:08 de la stratégie militaire. Les annonces présidentielles,
00:29:12 elles divisent à l'Assemblée nationale.
00:29:14 Certainement, tout le monde va applaudir
00:29:17 Volodymyr Zelensky, mais clairement,
00:29:19 si tout le monde est d'accord pour aider l'Ukraine,
00:29:22 on voit bien sur ce plateau, dans l'hémicycle,
00:29:25 qu'il y a des limites pour certains groupes parlementaires.
00:29:28 -Vous l'avez dit, tout le monde est d'accord
00:29:30 pour soutenir l'Ukraine, pour condamner l'invasion russe,
00:29:34 mais la question, c'est jusqu'où soutenir l'Ukraine ?
00:29:37 Le RN, la France insoumise et les communistes
00:29:39 s'inquiètent souvent, dénoncent un risque d'escalade,
00:29:42 un mot qu'on a entendu sur votre plateau,
00:29:45 entretenu par le président de la République.
00:29:47 On entend aussi le risque que la France devienne
00:29:50 dans le conflit, et souvent, ces groupes font l'indistinction.
00:29:54 Armes défensives, pourquoi pas, mais pas d'armes offensives.
00:29:58 Et sur la question soulevée hier par le président de la République,
00:30:01 qui a levé le tabou d'instructeurs français
00:30:03 qui pourraient se rendre sur le sol ukrainien,
00:30:06 le RN n'y est absolument pas favorable.
00:30:08 Donc on a bien une division, non pas sur le soutien,
00:30:11 mais plutôt sur le soutien jusqu'où.
00:30:13 Ca s'est vu récemment dans un vote sur l'accord
00:30:16 de sécurité franco-ukrainien.
00:30:18 Le RN s'était abstenu, les insoumis et les communistes
00:30:21 avaient voté contre. -Merci beaucoup.
00:30:23 Elisabeth Mondingueva, si un instructeur français
00:30:26 en Ukraine était ciblé, était tué,
00:30:29 est-ce que ce scénario-là, il existe,
00:30:31 Gallagher-Fenwick, et qu'est-ce qui se passe après ?
00:30:34 -Moi, j'ai pas de boule de cristal,
00:30:36 mais effectivement qu'il existe, il a été mentionné
00:30:39 par le président de la République,
00:30:41 donc dans cette opposition entre un civil français
00:30:44 qui pourrait être en Ukraine ou même un volontaire français,
00:30:47 le symbole serait très fort.
00:30:49 La question que vous posez, c'est est-ce que la nation française
00:30:53 serait prête à encaisser ce genre de nouvelles ?
00:30:55 Il se trouve que nous avons des soldats,
00:30:58 nous, français, qui se battent dans plein de coins du monde,
00:31:01 jusque récemment au Sahel,
00:31:03 mais aussi dans le cadre de l'opération Shamal au Levant,
00:31:06 en Irak et en Syrie, nous avons eu des morts,
00:31:08 et malheureusement, à mon goût, ça n'a pas fait la une,
00:31:11 on en a à peine parlé, il y a parfois des cérémonies
00:31:14 aux Invalides, et il me semble que les Français
00:31:17 n'ont pas été en place, mais sans que cela provoque
00:31:20 une remise en question de ces missions.
00:31:22 Ce serait une autre mission décidée par le président,
00:31:26 cela fait partie de ses prérogatives,
00:31:28 et je pense que... Comment on dit ?
00:31:30 -Des armées. -Alors...
00:31:31 -Nos armées sont aguerries, effectivement,
00:31:34 et ils ont une conscience de leur mission
00:31:36 et du fait qu'ils peuvent mourir, vous savez, tous les chefs...
00:31:40 -Ca, c'est les militaires. -Les opinions sont plus fragiles.
00:31:43 -Vous nous annoncez qu'on envoie des militaires en Ukraine ?
00:31:47 -De toute façon, je pense que la nation ferait bloc,
00:31:50 mais ça n'entraînerait pas de répercussions
00:31:52 des escalades. -Donc on accepterait
00:31:54 la mort de Français... -L'idée...
00:31:56 -Sans rien faire. C'est ça, ce que vous nous dites ?
00:31:59 -On ferait quelque chose. -Les militaires...
00:32:02 -On n'en est pas là. -Les militaires...
00:32:04 -On va essayer de continuer à décrypter.
00:32:07 -Ils sont morts pour la patrie,
00:32:08 et je pense qu'effectivement,
00:32:10 il y aurait une charge symbolique énorme,
00:32:13 mais... -Les Français ont encaissé,
00:32:15 c'est ce qui s'est passé pour le Seine et pour le Levant.
00:32:18 -Il y a plusieurs choses.
00:32:20 On parle de civils ou de militaires ?
00:32:22 -Je parle pas de civils. -De militaires.
00:32:24 -Ce sont des instructeurs civils qui seraient envoyés.
00:32:27 -Ce sont des militaires. -Ce sont des militaires.
00:32:30 -Personne n'a parlé de civils.
00:32:32 -Vous avez parlé de civils. -Non, j'ai parlé d'instructeurs,
00:32:36 et pour moi, c'était des militaires.
00:32:38 -Si on parle de militaires, là, on a un autre sujet.
00:32:41 On a l'article 35 de la Constitution.
00:32:43 -Comment ça ?
00:32:44 -Si on engage une opération militaire à l'étranger,
00:32:47 le gouvernement est censé prévenir le Parlement sous 48 heures,
00:32:50 et il y a un vote d'épargne.
00:32:52 -Ce n'est pas engager une opération militaire.
00:32:55 -Non. -Ce ne sont pas
00:32:56 les opérations extérieures. -Si on engage une opération...
00:33:00 -C'est pas une opération extérieure. -Qu'est-ce que c'est ?
00:33:03 -Envoyer des instructeurs militaires.
00:33:05 -Ce n'est pas les envoyer sur le front.
00:33:07 -Ce n'est pas le front, l'Ukraine ? Ils ne risquent pas de mourir ?
00:33:11 -Pour l'instant, personne, officiellement,
00:33:14 ne craint pour la formation. -Il ne faut pas entretenir
00:33:17 la confusion. -Le président est clair.
00:33:19 -Mélanger l'ERL. -On évoquait un scénario possible.
00:33:22 -Ce scénario possible, j'alerte,
00:33:24 sur le fait que le président puisse décider seul
00:33:26 d'envoyer des militaires alors que la Constitution
00:33:29 décide qu'il ne peut pas le faire.
00:33:31 -On va vous proposer une image en direct du tapis rouge,
00:33:35 vous allez le voir, déroulé devant l'hôtel de la CES.
00:33:38 Est-ce qu'on a cette image ?
00:33:39 Là, voilà, les choses se préparent.
00:33:42 Normalement, Volodymyr Zelensky devrait arriver,
00:33:44 donc accueilli par la présidente de l'Assemblée nationale.
00:33:47 Yael Brown-Pivet, qui, vous le savez,
00:33:50 soutient la cause ukrainienne depuis plusieurs mois.
00:33:54 Elle s'était rendue à Kiev et avait déjà rencontré
00:33:57 à la fois le président ukrainien et son homologue de la Rada,
00:34:00 le Parlement ukrainien, évidemment,
00:34:03 dès que le président ukrainien foule le pied de ce tapis rouge.
00:34:07 Vous verrez tout cela en direct.
00:34:09 La question fondamentale, c'est à quoi ça sert ?
00:34:12 Est-ce que ça peut être efficace ?
00:34:13 Même si ça prend du temps, que ces avions arrivent,
00:34:17 qu'ils puissent être pilotés par des Ukrainiens,
00:34:20 ça peut changer le rapport de force ?
00:34:22 -C'est sans doute tard,
00:34:25 mais ça n'est sans doute pas trop tard.
00:34:27 On sait, hélas, que nous sommes engagés
00:34:30 dans une guerre longue.
00:34:31 Tout le monde l'admet.
00:34:33 Vladimir Poutine le proclame.
00:34:35 Bon, et, encore une fois,
00:34:37 puisque c'est lui qui dicte le tempo de cette guerre inepte,
00:34:42 eh bien, il faut bien adapter notre réplique.
00:34:45 Sur le péril relatif à des Français,
00:34:49 ça n'est pas nouveau.
00:34:51 Si on vous disait qu'à l'instant T,
00:34:53 au moment où nous parlons,
00:34:55 il n'y a aucun Français sur le territoire ukrainien,
00:34:58 vous en seriez, sans doute comme moi, assez inquiète.
00:35:02 Pourquoi ? Parce que chaque fois que la France
00:35:04 soutient militairement un de ses alliés,
00:35:07 il y a un accompagnement technique
00:35:09 qui fait partie du béabat
00:35:11 de la coopération sécuritaire mondiale
00:35:13 depuis qu'elle existe.
00:35:15 Il y a, sans doute, des Français aujourd'hui.
00:35:17 Ils ne sont pas en train de danser le tango
00:35:20 sur les lignes de front.
00:35:21 L'Ukraine est un pays immense.
00:35:23 S'agissant de la formation des instructeurs,
00:35:26 ça peut se faire, non pas les instructeurs,
00:35:29 ce sera à Nancy, pour ce qui est des aviateurs,
00:35:32 pour ce qui est de la brigade... -Information, Vincent Rugeux.
00:35:35 -4 500 hommes, vraisemblablement,
00:35:38 donc ça peut se faire entre la frontière polonaise
00:35:41 et puis Kiev, à l'extrême limite.
00:35:43 Autour de Lviv, je vous rappelle, par exemple,
00:35:46 que des baltes avaient des formateurs
00:35:48 et des instructeurs militaires jusqu'en février 2022
00:35:51 sur le territoire ukrainien.
00:35:53 Je reviens sur les menaces de Vladimir Poutine.
00:35:56 Un universitaire balte s'est amusé,
00:35:59 grâce à lui d'en soit rendu,
00:36:02 à recenser systématiquement toutes les menaces
00:36:04 qui ont été émises par Vladimir Poutine
00:36:07 et qui ont été récoltées.
00:36:08 Le compteur en est à 90.
00:36:10 Qu'est-ce qui est advenu jusqu'à maintenant ?
00:36:12 A peu près rien, sauf l'intensification
00:36:15 sur des cibles civiles en Ukraine.
00:36:17 En plus, si vous décryptez son propos,
00:36:19 il est quand même assez incroyable.
00:36:21 Il dit pas qu'il y aurait des ripostes russes
00:36:24 contre l'ennemi occidental,
00:36:26 il dit qu'il y aura une extraterritorialisation
00:36:29 de la riposte.
00:36:30 Qu'est-ce qu'il veut dire quand il dit "deux territoires" ?
00:36:33 C'est-à-dire qu'il va équiper les Jeunes sahéliennes
00:36:37 avec deux missiles à longue portée
00:36:39 pour frapper la France ?
00:36:40 Il y a quelque chose là aussi qui est un traquenard,
00:36:43 dans lequel beaucoup de nos contemporains tombent,
00:36:46 c'est de prendre pour argent comptant
00:36:49 des menaces de quelqu'un qui a la rationalité des tyrans
00:36:52 et qui sait très bien ce à quoi il s'expose.
00:36:54 -Il faudrait choisir,
00:36:56 parce qu'on n'arrête pas de nous dire...
00:36:58 Il faut croire ce que dit Vladimir Poutine,
00:37:01 parce qu'il a toujours fait ce qu'il a dit.
00:37:03 C'était votre argument ?
00:37:05 Parce que quand on vous disait qu'il n'allait pas attaquer l'Europe,
00:37:09 l'Union européenne, et que l'attaquer l'Ukraine
00:37:11 n'impliquait pas qu'il l'attaquerait,
00:37:14 vous avez dit qu'il l'attaquerait, donc il le fera.
00:37:17 Il dit qu'il va faire ça, mais vous dites "pas forcément".
00:37:20 Mettez-vous d'accord avec vous-mêmes.
00:37:22 Le fait d'avoir des Français en Ukraine,
00:37:25 officieusement ou officiellement, ça n'a rien à voir.
00:37:28 Officieusement, s'ils meurent, on n'est pas obligés de réagir.
00:37:31 Si on a des soldats officiellement sur le terrain
00:37:35 et qu'on ne réagit pas, premier élément.
00:37:37 Deuxième élément, je reviens sur les annonces du président.
00:37:40 Il nous dit "20 Mirage V".
00:37:42 Vous savez combien on a de Mirage V dans l'armée de l'air ?
00:37:45 -Non. -On en a 20.
00:37:46 C'est-à-dire qu'on déplume... -40.
00:37:48 -40, mais le problème... -On en donne la moitié, c'est trop.
00:37:52 -C'est la même...
00:37:53 -Si on en donne la moitié, ça veut dire...
00:37:55 -C'est parce qu'ils sont disponibles.
00:37:58 -Le groupe de Luxeuil... -On a...
00:38:00 -Le groupe de Luxeuil est disparu.
00:38:02 -C'est ce qu'on utilise pour faire la police du ciel
00:38:04 sur le front est de l'OTAN, dans les Pays-Baltes et en Pologne.
00:38:08 Cette mission-là, qui est utile pour nos alliés,
00:38:10 nous ne pourrons plus la faire si nous donnons ces Mirage V.
00:38:14 Premier élément. Deuxième élément.
00:38:16 -Les Pays-Baltes en seront contents.
00:38:18 -Une brigade ukrainienne. -C'est la deuxième grosse annonce.
00:38:21 On va juste la redétailler. 4 500 hommes,
00:38:24 une brigade de soldats ukrainiens,
00:38:26 équipés, formés, entraînés par la France.
00:38:28 -Et autant de Britanniques. -Vous savez ce que ça représente ?
00:38:32 Aujourd'hui, nous ne sommes même pas...
00:38:34 Nous sommes à peine en capacité de former nos militaires
00:38:37 et de leur faire faire les heures d'entraînement
00:38:40 dont ils ont besoin. -Il y a beaucoup d'arguments.
00:38:43 -Gallagher-Fenwick... -Vous voulez l'Ukraine ?
00:38:45 -Je dis que ces annonces font de la communication
00:38:48 à trois jours d'une élection européenne
00:38:50 et que ce n'est pas aujourd'hui... -Deux jours.
00:38:53 -Et que nous ne sommes pas en capacité de le faire aujourd'hui.
00:38:56 La France n'est pas en capacité de faire ce qu'elle veut.
00:38:59 Ce débat va avoir lieu aussi dans notre pays,
00:39:03 à différentes échelles. -Pas au Parlement.
00:39:05 Jamais. -Nous ne sommes pas saisis.
00:39:07 -Vous avez voté contre Bastien Lachaud,
00:39:10 l'accord d'aide à l'Ukraine. -Un accord qui avait déjà été signé.
00:39:13 -C'est bien qu'on vous consulte. -Il a déjà été signé
00:39:16 par le président avant même qu'on le vote.
00:39:19 -Gallagher-Fenwick, ce débat, il existe chez nos politiques,
00:39:23 chez nos représentants, mais il va forcément exister
00:39:27 aussi parmi la population.
00:39:29 Il va falloir faire peur de pédagogie
00:39:32 pour que cette parole de la France puisse être comprise.
00:39:35 Elle n'est pas isolée, cette parole, aujourd'hui ?
00:39:38 -Sur le sujet des formateurs, des instructeurs,
00:39:41 à l'échelle européenne, non,
00:39:42 puisque les Lituaniens et les Estoniens
00:39:45 ont d'ores et déjà fait savoir, notamment par le ministre
00:39:48 lituanien des Affaires étrangères, Gabrielus Landsbergis,
00:39:51 et la première ministre estonienne, madame Kaya Kalas,
00:39:54 qu'ils étaient favorables à un dispositif
00:39:57 qui, justement, géographiquement, se déroulerait
00:40:00 dans la partie occidentale du pays,
00:40:02 comme le disait Vincent, plutôt du côté de Lviv.
00:40:05 D'ailleurs, je rappelle qu'après février 2022,
00:40:07 il y a une base otanienne qui a été ciblée par les Russes.
00:40:11 Il y a très vraisemblablement eu des morts
00:40:14 parmi les instructeurs otaniens sur la base.
00:40:17 Ca n'a pas provoqué, à mon sens,
00:40:19 de tremblement de terre.
00:40:21 Ensuite, je pense que c'est une très bonne chose
00:40:24 que ce débat ait lieu, et il a besoin d'avoir lieu
00:40:27 dans un endroit de ce type de débat.
00:40:29 Je pense que peut-être vous, moi, d'autres, l'ont déjà.
00:40:32 On est interpellés par des gens qui sont préoccupés
00:40:35 par cette situation et qui veulent mieux la comprendre.
00:40:38 -Allez, je vous interromps.
00:40:40 On va vivre ensemble, en direct, sur LCP,
00:40:42 l'arrivée de Volodymyr Zelensky à l'Assemblée nationale.
00:40:46 Vous découvrez donc la voiture
00:40:48 dans laquelle se trouve le président ukrainien,
00:40:51 accueilli par Yael Broun-Pivet,
00:40:53 la présidente de l'Assemblée,
00:40:55 accueil chaleureux, poignée de main,
00:40:58 vous le voyez sur ces images,
00:41:00 la même tenue qu'hier en Normandie,
00:41:03 sur la plage d'Omaha, à Colville-sur-Mer.
00:41:07 Vous découvrez les vice-présidentes de l'Assemblée,
00:41:10 Valérie Rabault, ainsi que l'épouse de Volodymyr Zelensky.
00:41:14 Ce sont des images fortes,
00:41:16 ce sont des images importantes, Gelleger-Fenwick.
00:41:20 C'est la nation tout entière, à travers ses représentants,
00:41:24 qui vient soutenir le président ukrainien.
00:41:27 -Absolument. Il va se rendre
00:41:29 dans ce qui est le coeur de notre démocratie.
00:41:31 Il s'adresse donc à la population
00:41:33 au travers de sa députation.
00:41:35 Je me réjouis que messieurs Lachaud et madame la députée Pouzyref
00:41:40 fassent l'honneur de leur présence.
00:41:42 C'est important, parce que quand Zelensky fout ce tapis rouge,
00:41:46 c'est un morceau, qu'on le veuille ou non,
00:41:48 de notre histoire, avec un grand H contemporain
00:41:51 qui vient se présenter physiquement devant nous.
00:41:54 Il s'était déjà exprimé devant la députation par visioconférence.
00:41:58 Là, il vient, et ça a été dit en chérinos.
00:42:01 Donc c'est un moment, encore une fois,
00:42:04 à la fois protocolaire, mais historique, très important.
00:42:07 Le futur nous regarde, il étudiera, il regardera,
00:42:11 dans quelques décennies, sans doute, ces images,
00:42:13 parce que nous sommes à un point d'inflexion
00:42:16 dans l'histoire de notre continent.
00:42:18 Dieu sait si Volodymyr Zelensky
00:42:20 joue un rôle crucial dans ce moment,
00:42:22 et à nous d'être à la hauteur de ce moment
00:42:25 de l'histoire avec un grand H. -Vincent Hugeux ?
00:42:28 -La représentation nationale est intensément occupée
00:42:31 par un débat sur la fin de vie en ce moment.
00:42:33 Je crois qu'il est de notre devoir de faire en sorte
00:42:36 que l'on ait mieux à proposer à l'Ukraine
00:42:39 que le choix entre les soins palliatifs
00:42:41 et le suicide assisté. -Vincent Hugeux.
00:42:44 Voilà pour ces propos acides, comme d'habitude.
00:42:48 Je vais laisser les députés regagner l'hémicycle,
00:42:51 puisqu'évidemment, aucun de vous deux ne veut rater
00:42:54 l'allocution de Volodymyr Zelensky
00:42:57 dans à peu près 5 minutes,
00:43:00 un peu plus, peut-être, aux alentours de 9h50,
00:43:03 9h55.
00:43:04 Que va-t-il se passer à présent ?
00:43:06 La présidente de l'Assemblée
00:43:08 va à la fois faire signer le livre d'or
00:43:12 au président ukrainien,
00:43:14 un entretien en tête-à-tête à huis clos
00:43:18 qui va se tenir dans le bureau
00:43:20 de la présidente de l'Assemblée,
00:43:23 à l'hôtel de la Cève, vous voyez,
00:43:25 là, on en est à la séance photo.
00:43:28 C'est intéressant, parce que Valérie Rabault
00:43:31 et Yael Broun-Pivet se sont rendues toutes les deux à Kiev,
00:43:35 à deux reprises, pour la présidente de l'Assemblée.
00:43:39 Elsa Mondingava m'entend ?
00:43:41 Elsa, est-ce que vous êtes avec moi ?
00:43:44 Peut-être, vous pouvez nous dire, Elsa,
00:43:46 vous qui avez accompagné la présidente de l'Assemblée,
00:43:49 quel est le lien, l'engagement
00:43:52 de Yael Broun-Pivet
00:43:54 aux côtés de Kiev ?
00:43:56 -Elle a toujours, la présidente de l'Assemblée,
00:43:59 voulu marquer un soutien, appuyer à l'Ukraine.
00:44:02 Elle s'y était rendue fin septembre 2022
00:44:04 et puis elle y est retournée, vous l'avez dit,
00:44:07 à la fin du mois de mars 2024,
00:44:09 avec Valérie Rabault, en charge des questions internationales
00:44:13 à l'Assemblée et une autre délégation de députés.
00:44:16 La dernière fois où elle s'est rendue en Ukraine,
00:44:19 elle avait rencontré le président Volodymyr Zelensky
00:44:22 et il y a quelques semaines, elle avait prononcé un discours
00:44:25 devant la Rada, le Parlement ukrainien.
00:44:27 Volodymyr Zelensky s'était déjà exprimé ici,
00:44:30 en mars 2022, mais en visioconférence.
00:44:33 C'était quelques semaines après le début de l'invasion russe
00:44:36 en Ukraine. Il retourne aussi aujourd'hui
00:44:39 à l'Assemblée, évidemment, si la présidente de l'Assemblée
00:44:42 a souhaité l'inviter. C'est aussi pour marquer
00:44:45 le début de l'invasion russe.
00:44:47 -Il signe le livre d'or et il va traverser
00:44:49 la salle des Pas Perdus. C'est très rare
00:44:52 que des chefs d'Etat ou de gouvernement
00:44:54 prononcent des discours dans l'hémicycle.
00:44:57 On aura une image importante de cette traversée des Pas Perdus.
00:45:00 Le discours de Volodymyr Zelensky
00:45:02 à la tribune de l'Assemblée pour une vingtaine de minutes.
00:45:06 -Visite des lieux, en quelque sorte,
00:45:08 par l'hôtesse du jour, la présidente de l'Assemblée nationale,
00:45:11 Yael Brod-Pivet, on est salon du départ,
00:45:14 avec ce bureau, ce livre d'or qui vient d'être signé.
00:45:17 On est tout près de la salle des fêtes,
00:45:19 la grande salle sous les ors de la République
00:45:23 que va traverser Volodymyr Zelensky.
00:45:25 On est à l'hôtel de l'Assez.
00:45:27 C'est la résidence de la présidence
00:45:30 de l'Assemblée nationale,
00:45:32 avec, vous le voyez sur la table,
00:45:34 un bouquet jaune et bleu,
00:45:37 évidemment, aux couleurs du drapeau ukrainien.
00:45:40 Les deux drapeaux, d'ailleurs, sont sortis,
00:45:43 sont pavoisés, le drapeau français et le drapeau ukrainien,
00:45:46 une séance photo.
00:45:47 A chaque fois, on est frappés par cette allure.
00:45:51 C'est un homme au combat.
00:45:54 Il a les traits assez tirés,
00:45:56 il est concentré,
00:45:58 jamais une cravate portée.
00:46:00 On est face à un président en guerre.
00:46:04 -Petite remarque chromatique, avant toute chose.
00:46:07 Vous avez vu le jaune et le bleu,
00:46:09 qui sont aussi les couleurs de l'Union européenne,
00:46:12 et on a vu la présidence de l'Assemblée nationale
00:46:15 s'arrêter pour commenter un tableau contemporain,
00:46:18 qui est une réplique postmoderne
00:46:20 de "La liberté guidant le peuple" de Jeanne de Lacroix,
00:46:23 où ce sont les couleurs ukrainiennes
00:46:25 qui remplacent le fameux drapeau sur le barrage.
00:46:28 Je parle sous le contrôle de son biographe.
00:46:31 L'impression que me donne Volodymyr Zelensky depuis le début,
00:46:34 ça renvoie au concept, qu'adorent les Britanniques,
00:46:37 de "accidental hero", de héros accidentels,
00:46:40 mais qu'il a décelé à lui-même et au sien
00:46:42 par une adversité absolument imprévisible.
00:46:45 Et il a pris la mesure de l'enjeu au fil des semaines.
00:46:50 C'est vrai que quand on regarde le Zelensky d'aujourd'hui,
00:46:53 dans la tenue que vous venez de détailler,
00:46:56 et qu'on se souvient des archives,
00:46:58 où il faisait l'amuseur avec un parterre
00:47:01 de pro-Kremlin frénétiques,
00:47:04 dont le désolant Vladimir Soloviev,
00:47:08 le clown tragique de la télévision nationale,
00:47:10 vous dites que ce personnage a fait du chemin
00:47:13 et qu'il est, d'une certaine manière,
00:47:16 l'incarnation du sens tragique de l'histoire
00:47:18 que nous avions eu tendance à perdre
00:47:21 parce que nous vivions dans l'illusion vaguement iréniste
00:47:24 que ce passé-là était révolu à jamais.
00:47:27 -Oui, alors que vous le voyez,
00:47:29 la traversée de la salle des fêtes se prépare,
00:47:33 puisque la caméra qui va suivre Volodymyr Zelensky
00:47:37 va justement l'accompagner sur un long trajet,
00:47:41 vous qui avez fouillé dans cette vie,
00:47:46 ces mille vies de Volodymyr Zelensky,
00:47:49 est-ce que vous êtes surpris par le chef de guerre,
00:47:52 qu'il est devenu immédiatement après l'Eurasie ?
00:47:55 -Bien sûr qu'il est surpris,
00:47:57 parce qu'il a d'abord été le premier à l'être,
00:48:00 je pense qu'il s'est révélé à lui-même,
00:48:02 et je pense que c'est une sorte de métamorphose
00:48:05 qui est très bien décrite par Vincent Eugeu à l'instant,
00:48:08 au travers de laquelle Chaplin est devenu Churchill,
00:48:11 et il n'a rien perdu de cela.
00:48:13 Il est à la fois aujourd'hui facétieux et sérieux.
00:48:17 Il est capable de se mettre à genoux
00:48:19 et de prendre dans ses bras très chaleureusement un vétéran
00:48:23 sur une chaise roulante sur la plage d'Omaha Beach,
00:48:26 en Normandie, qui lui dit "Vous sauvez le peuple",
00:48:31 et de lui dire "Non, c'est vous, le héros".
00:48:34 Il a un côté à la fois très humain et touchant,
00:48:37 mais en même temps très dur.
00:48:39 Il est devenu très dur, Zelensky,
00:48:41 dans ses rapports humains avec les gens avec lesquels il travaille,
00:48:45 mais aussi avec ses alliés.
00:48:46 C'est intéressant, il a appris les codes de la géopolitique
00:48:50 et il passe parfois par un rapport de force,
00:48:52 ça peut paraître contre-intuitif,
00:48:54 car il est en situation d'indigence matérielle,
00:48:57 il a des besoins, mais il a une posture morale
00:49:00 depuis laquelle il parle,
00:49:01 et il peut regarder des chefs dont il a besoin de l'aide,
00:49:04 les yeux dans les yeux et parfois de haut,
00:49:07 et de leur dire "Si tu ne me donnes pas ce dont j'ai besoin
00:49:10 "à ce que tu m'as promis, je le dénoncerai,
00:49:13 "ça risque de nuire à ta réputation".
00:49:15 Mais aujourd'hui, il a aussi, si vous voulez,
00:49:18 la conscience de l'immense poids qu'il porte sur ses épaules
00:49:21 et qui, avant tout, la survie, l'existence d'une nation,
00:49:25 d'un peuple, de sa culture, de son histoire,
00:49:28 parce que le projet poutinien en Ukraine,
00:49:31 il ne faut jamais l'oublier, c'est d'effacer tout cela,
00:49:34 de nier tout cela pour le remplacer,
00:49:36 et ça passe par le remplacement physique
00:49:38 de la personne qui représente l'Etat ukrainien,
00:49:41 c'est Zelensky, qui a un caractère état sidère
00:49:44 dans le projet militaire et néo-impérial
00:49:48 de Vladimir Poutine en Ukraine,
00:49:51 mais c'est aussi un projet génocidaire,
00:49:54 et on le voit, comment il se manifeste,
00:49:56 la destruction physique des êtres humains,
00:49:59 de la culture, mais des manuels scolaires,
00:50:01 des livres d'histoire, de la langue
00:50:03 et de tous les attributs d'une culture
00:50:05 dont Vladimir Poutine estime, il le dit et il l'écrit,
00:50:08 et c'est sur le site même du Kremlin,
00:50:11 qu'elle est artificielle, qu'elle n'existe pas.
00:50:13 C'est tout cela qui pèse, encore une fois,
00:50:16 sur les épaules de cet homme, ce président
00:50:18 que nous accueillons. -Le visage
00:50:20 de la résistance ukrainienne face à la tentative d'effacement
00:50:24 d'une culture et d'un Etat.
00:50:26 Vincent Eugeu, c'est vrai qu'on se pose la question
00:50:30 du moral des troupes.
00:50:33 On est deux ans après le début de la guerre.
00:50:36 L'un des gros défis de Vladimir Zelensky,
00:50:39 c'est la mobilisation. Il doit trouver des hommes.
00:50:42 Quasiment la nation toute entière va être mobilisée.
00:50:46 C'est aussi un des tournants de la guerre.
00:50:48 Il a besoin d'armes, mais il a aussi besoin de soldats.
00:50:51 -C'est l'un des facteurs objectifs du raidissement
00:50:54 que dépeignait Gallagher.
00:50:56 Souvenez-vous des tensions entre lui et le très vénéré
00:50:59 Zaloujny, chef d'Etat-major des armées à l'époque,
00:51:02 aujourd'hui ambassadeur de l'Ukraine à Londres.
00:51:05 Souvenez-vous aussi du débat à la RADA,
00:51:08 puisqu'on est ici à l'Assemblée nationale,
00:51:10 extrêmement vif, sur la nouvelle loi de mobilisation
00:51:14 qui avait pour objet d'abaisser
00:51:16 l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.
00:51:21 Tout ça a créé aussi des tensions internes.
00:51:24 L'un des paradoxes de cette affaire,
00:51:26 c'est que, en ce temps-là,
00:51:28 les adversités politiques perdurent.
00:51:30 Et les débats, notamment au Parlement ukrainien,
00:51:33 peuvent être extrêmement vifs.
00:51:36 La gestion de la pénurie des hommes,
00:51:38 indépendamment de celle du matériel,
00:51:41 est une obsession permanente.
00:51:43 Il faut avoir à l'idée que vous avez des combattants,
00:51:46 qui n'ont pas 22 ans, qui en ont souvent 40,
00:51:48 qui sont sur le front, d'une manière ou d'une autre,
00:51:51 continuellement, depuis plus de deux ans.
00:51:54 Les permissions sont rarissimes,
00:51:57 les rotations sont éthiques, sans h.
00:52:00 Elles sont d'une grande faiblesse,
00:52:02 elles sont trop aléatoires pour qu'il y ait...
00:52:05 Et donc, évidemment, tout ça,
00:52:06 vous y ajoutez le matraquage, la rupture du lien familial,
00:52:10 les blessures, dont on ne se relève pas toujours,
00:52:13 ni physiquement ni psychologiquement.
00:52:15 L'armée, c'est pour ça que je parlais d'une armée à l'os,
00:52:18 l'armée ukrainienne a atteint un stade d'épuisement
00:52:21 extrêmement préoccupant,
00:52:23 qui conduit, évidemment, son chef,
00:52:25 non pas son chef militaire, mais son chef politique,
00:52:28 le président de la République ukrainienne,
00:52:31 à des décisions rugueuses.
00:52:32 -Je vous redonne la parole.
00:52:34 Dans un instant, on attend toujours l'arrivée,
00:52:37 donc la traversée de Volodymyr Zelensky
00:52:40 aux côtés de Yael Broun-Pivet,
00:52:42 dans la salle des fêtes,
00:52:43 puis salle des pas perdus.
00:52:45 On vous montrera tout cela en direct.
00:52:47 Elisabeth Dengava, vous avez quelques informations.
00:52:50 Certainement sera présent le Premier ministre,
00:52:53 le ministre des Affaires étrangères,
00:52:55 mais au-delà d'anciens premiers ministres, sur les bancs.
00:52:58 -Il y a un peu de retard dans le protocole,
00:53:01 mais on a des yeux en tribunes presse
00:53:03 qui peuvent regarder ce qui se passe dans l'hémicycle.
00:53:06 Ca se remplit bien, il y a environ 200 députés,
00:53:08 donc les groupes ont réussi à mobiliser.
00:53:11 Ce qu'on sait, c'est qu'il y aura Gabriel Attal,
00:53:13 Stéphane Séjournet, ministre des Affaires étrangères,
00:53:16 Marie Lebec, ministre des Relations,
00:53:19 d'anciens ministres Alain Juppé, Manuel Valls,
00:53:21 l'ancien président de l'Assemblée, Jean-Louis Debré,
00:53:24 sont également présents.
00:53:26 Il y a quelques instants, Valérie Rabault,
00:53:28 vice-présidente de l'Assemblée nationale,
00:53:31 est entrée dans l'hémicycle avec la première dame ukrainienne,
00:53:34 sous les applaudissements des députés.
00:53:37 On craignait un manque de présence.
00:53:39 On nous confirme que les bancs sont assez nourris.
00:53:41 D'ici quelques instants, la présidente de l'Assemblée nationale,
00:53:45 vous l'avez dit, va traverser la salle des pas perdus
00:53:48 avec la première dame ukrainienne.
00:53:50 Elle prononcera un discours 5 minutes au perchoir
00:53:53 avant de laisser la parole à Volodymyr Zelensky
00:53:56 pour une vingtaine de minutes.
00:53:57 Mais ce sera devant de nombreux députés,
00:54:00 environ 200 selon nos calculs.
00:54:02 -On reste avec vous en direct.
00:54:03 Merci. Elzharia n'aurait été pire
00:54:05 qu'un hémicycle complètement clairesemé.
00:54:08 Les députés ont compris qu'ils avaient rendez-vous
00:54:11 avec l'histoire ce matin.
00:54:12 -Je l'espère et je m'en réjouis,
00:54:14 parce que ça aurait été triste d'accueillir l'histoire
00:54:18 comme ça, je pense que ça aurait donné une image déplorable,
00:54:21 même si on comprend le moment délicat
00:54:23 d'un point de vue démocratique dans lequel nous nous trouvons.
00:54:27 Il faut parfois, effectivement, savoir accueillir l'histoire
00:54:30 avec une certaine clarté morale.
00:54:34 Et je pense que, et c'est peut-être ça
00:54:36 qui me gêne quelque part,
00:54:38 quand on est gêné par cette présence,
00:54:41 celle de cette histoire,
00:54:43 c'est peut-être parce qu'on n'est pas au clair
00:54:45 sur cette histoire.
00:54:47 Quand on a la crainte d'une instrumentalisation
00:54:49 d'un personnage qui, si j'ai bien compris,
00:54:52 est là pour incarner la démocratie
00:54:54 que nous avons en partage avec l'Ukraine
00:54:56 et qu'elle est agressée,
00:54:58 il faut essayer de comprendre pourquoi c'est vu comme ça.
00:55:01 Après, effectivement, il peut y avoir
00:55:04 une image d'union autour de personnages
00:55:07 qui font partie d'une campagne,
00:55:09 qui, donc, font campagne contre d'autres parties.
00:55:13 Mais c'est important.
00:55:14 -Il y a aussi un autre phénomène qu'il ne faut pas négliger.
00:55:18 Tout député qu'il soit,
00:55:19 il y a un phénomène de curiosité par rapport à Zelensky.
00:55:22 Précisément parce qu'il y a cette conscience aiguë
00:55:25 du fait qu'il marque l'histoire
00:55:27 et que, dans des années, des décennies,
00:55:30 on parlera de lui et celles et ceux qui pourront dire
00:55:33 "je l'ai vu, je l'ai rencontré et j'y étais",
00:55:36 ce moment d'inflexion dans notre histoire commune,
00:55:39 il y a cela qui participe.
00:55:42 Et puis, et dernier point,
00:55:44 puisque tout à l'heure, vous me parliez de Volodymyr Zelensky,
00:55:48 il est, malgré lui, devenu l'un des hommes,
00:55:51 peut-être l'homme le plus puissant au monde aujourd'hui.
00:55:55 Vous avez un clown porté au pouvoir
00:55:57 par un pays qui montre qu'il a un certain sens de l'humour,
00:56:00 puisque l'Ukraine est agressée, non pas depuis 2022,
00:56:03 mais depuis 2014, et qui, en 2019, se dit que ce serait une bonne idée
00:56:07 de porter ce zigoto aux manettes du pays,
00:56:10 alors qu'il n'a aucune expérience politique,
00:56:12 il ne fait pas campagne, il va gérer le pays,
00:56:15 sachant qu'il fait campagne sur deux piliers,
00:56:18 la lutte contre la corruption et le fait d'amener la paix.
00:56:21 -Le plus puissant au monde, vous êtes d'accord avec l'analyse,
00:56:24 le courage est là, la volonté de persuasion,
00:56:27 de convaincre, la puissance aussi ?
00:56:29 -La puissance réside dans le fait
00:56:31 qu'il contraint ses partenaires et ses ennemis
00:56:34 à se positionner par rapport au cap qu'il a choisi
00:56:37 et qu'il maintient. C'est en cela qu'il est puissant.
00:56:40 Il met au pied du mur le président américain Joe Biden,
00:56:45 comme le chancelier allemand,
00:56:47 et, au passage, le maître du Kremlin.
00:56:50 J'observe, et c'est un propos d'analyste,
00:56:53 pas du tout polémique, que les tendances politiques
00:56:56 qui, en France, par exemple, incriminent
00:56:58 le président de la République sur le thème de l'instrumentalisation
00:57:02 aux prêts électoraux, sont précisément les tendances,
00:57:05 les partis, qui n'ont pas réussi, à ce stade,
00:57:08 à s'affranchir de leur incurable prurite
00:57:11 au mieux neutraliste, au pire russophile
00:57:13 ou russolâtre. Là, il y a une logique implacable.
00:57:16 On voit bien, dans l'embarras de certains propos
00:57:19 de Rassemblement national à LFI,
00:57:21 qu'il y a cette incapacité
00:57:24 à réviser son logiciel géopolitique.
00:57:26 -On est à un moment particulier.
00:57:28 On a parlé de cette polémique
00:57:30 sur l'éventuelle instrumentalisation
00:57:32 à deux jours de l'élection.
00:57:34 N'empêche que le sort de l'Ukraine va se jouer aussi,
00:57:37 le 9 juin. Est-ce que, du résultat des urnes,
00:57:41 la force du soutien à Kiev
00:57:45 sera déterminante ?
00:57:47 -Absolument, à 100 %,
00:57:49 et pour élargir cela, c'est le sort de notre continent
00:57:52 qui se joue. Il se joue déjà militairement en Ukraine,
00:57:55 il va se jouer politiquement dans les urnes.
00:57:58 Je pense que Zelensky l'a compris.
00:58:00 Il y aura d'autres étapes dans ce séjour français.
00:58:03 Il va aller, notamment, à Versailles,
00:58:05 dans une unité de production KNDS,
00:58:07 un fleuron de la coproduction militaire
00:58:09 franco-allemande, qui participe notamment
00:58:12 à la coproduction du fameux canon César.
00:58:15 Il y a le souhait pour l'Ukraine de s'autonomiser
00:58:18 dans sa capacité de production militaire
00:58:21 afin de ne plus être dépendant
00:58:23 des aléas démocratiques d'un continent
00:58:26 qui compte, effectivement, des pouvoirs
00:58:29 qui sont soit pro-russes
00:58:32 ou très peu pro-ukrainiens,
00:58:34 arrivent au pouvoir démocratiquement,
00:58:37 pour éviter que cela ne porte trop préjudice à l'Ukraine.
00:58:40 Donc oui, l'enjeu ukrainien, il est immense, ce dimanche,
00:58:45 quand celles et ceux qui déposeront un bulletin dans l'urne
00:58:48 vont le faire. Ils auront peut-être ce dossier
00:58:51 à l'esprit quand ils le feront.
00:58:53 -Il est presque 10h.
00:58:55 Bienvenue à ceux qui nous rejoindraient sur LCP.
00:58:58 On s'apprête à vivre un moment d'histoire.
00:59:01 La locution du président ukrainien
00:59:03 dans l'hémicycle de la représentation nationale
00:59:06 au Palais-Bourbon. Il y aura 5 minutes
00:59:09 de prise de parole de Yael Broun-Pivet
00:59:11 avant cela, vous l'avez compris.
00:59:13 Le protocole, le agenda, le calendrier,
00:59:17 un peu de retard, mais on est là,
00:59:19 en direct sur LCP.
00:59:21 On parlait, Vincent Hugeot,
00:59:23 de l'enjeu européen.
00:59:26 Il y a un enjeu américain aussi.
00:59:28 Vous avez dit que Volodymyr Zelensky
00:59:31 avait fait plier Joe Biden.
00:59:33 Pourtant, on a vu le temps...
00:59:35 Je vous interromps, parce que ça y est,
00:59:38 ça commence.
00:59:39 On va suivre ça tous ensemble en direct.
00:59:43 Donc, vous voyez,
00:59:46 derrière les officiers du protocole,
00:59:50 la présidente de l'Assemblée,
00:59:53 le président ukrainien...
00:59:54 Brouhaha
00:59:57 ...
00:59:59 Et la garde républicaine.
01:00:01 Brouhaha
01:00:03 ...
01:00:07 Nous sommes salle des fêtes
01:00:09 de l'Assemblée nationale.
01:00:11 Brouhaha
01:00:13 ...
01:00:25 La gravité des visages.
01:00:27 Brouhaha
01:00:29 Celui du président ukrainien, bien sûr.
01:00:32 Traversée, donc, avec un petit problème technique
01:00:35 qu'on va essayer de réparer, ça y est.
01:00:37 Tout de suite, de la salle des fêtes,
01:00:40 pour parvenir...
01:00:42 On est à deux pas de l'hémicycle, précisément,
01:00:45 alors que les tambours de la garde républicaine
01:00:47 retentissent.
01:00:49 Dans la salle des pas perdus,
01:00:52 qui jouxte l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
01:00:55 je vous laisse découvrir et vivre pleinement ces images.
01:00:58 Brouhaha
01:01:01 ...
01:01:18 Et voilà, salle des séances.
01:01:23 L'hémicycle n'est pas plein, comme vous le voyez.
01:01:25 C'est la présidente de l'Assemblée qui devrait s'exprimer en premier.
01:01:35 ...
01:01:55 Voilà, vous le voyez, le Premier ministre,
01:01:58 le ministre des Affaires étrangères,
01:02:00 l'ancien Premier ministre Alain Juppé,
01:02:02 et cette ovation...
01:02:05 ...pour le président ukrainien.
01:02:07 Le drapeau épavoisé est la présidente de l'Assemblée,
01:02:12 donc, qui va prendre la parole,
01:02:14 qui présente, en quelque sorte, les lieux.
01:02:17 On le sait, hein.
01:02:19 Il est imposant, cet hémicycle,
01:02:21 même s'il est un peu moins grand qu'à la télévision.
01:02:24 En général, c'est l'impression qui est faite,
01:02:27 la parole, donc, au père choix,
01:02:29 à la présidente de l'Assemblée
01:02:31 pour quelques mots d'accueil républicain.
01:02:33 ...
01:02:44 -La séance est ouverte.
01:02:50 Monsieur le président,
01:02:52 monsieur le Premier ministre,
01:02:56 monsieur le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères,
01:02:59 madame la ministre des Relations avec le Parlement,
01:03:03 messieurs les Premiers ministres,
01:03:06 monsieur le président de l'Assemblée nationale,
01:03:10 mesdames et messieurs les députés.
01:03:12 Le 24 février 2022, il y a plus de deux ans déjà,
01:03:19 par une violation flagrante
01:03:20 de tous les principes du droit international,
01:03:24 la Russie lançait une guerre d'invasion
01:03:26 contre votre pays.
01:03:29 Depuis, avec un courage exemplaire,
01:03:33 l'Ukraine tient.
01:03:35 Le peuple ukrainien résiste,
01:03:39 drapé dans l'azur et l'or de votre bannière,
01:03:42 qui sont aussi les couleurs de l'Europe unie.
01:03:45 Et l'Union européenne est à vos côtés,
01:03:49 frappant l'agresseur de multiples sanctions,
01:03:52 soutenant l'agressé sur tous les plans
01:03:55 politiques, humanitaires et militaires.
01:03:59 C'est un impératif.
01:04:01 Car la guerre a fait le retour sur le continent
01:04:05 et avec elle, une autre bataille fait rage,
01:04:07 dont vous êtes devenu le symbole.
01:04:10 Une bataille pour défendre les valeurs
01:04:14 qui fondent notre démocratie
01:04:16 et que Moscou bafoue.
01:04:18 Dans cette bataille,
01:04:21 la France et son Assemblée nationale
01:04:24 sont à vos côtés.
01:04:26 Applaudissements
01:04:28 ...
01:04:46 Dans les épreuves, l'amitié entre nos deux pays
01:04:49 n'a fait que se renforcer.
01:04:51 Nos parlements en particulier,
01:04:53 foyers de cette vie démocratique
01:04:55 que nous avons en partage,
01:04:56 ne font que se rapprocher.
01:04:59 Dès le 23 mars 2022, moins d'un mois
01:05:01 après l'invasion russe,
01:05:02 vous vous adressiez aux parlementaires français
01:05:05 par écran interposé.
01:05:06 Le 31 janvier 2023, nous recevions ici même
01:05:11 mon homologue, Roslan Stéphane-Schuch.
01:05:14 Et le 28 mars dernier, à son tour,
01:05:17 il nous recevait et me permettait de m'exprimer
01:05:21 au nom de la représentation nationale
01:05:23 devant la radar d'Ukraine,
01:05:25 pour réitérer le message
01:05:26 de soutien et d'amitié de la France.
01:05:29 À deux reprises avec ma première vice-présidente
01:05:32 et les présidents des commissions
01:05:33 des Affaires étrangères et de la défense,
01:05:35 nous sommes venus sur place.
01:05:37 Nous avons visité les villes martyrs,
01:05:40 rencontré vos co-citoyens,
01:05:42 à Tcherniv, à Odessa,
01:05:44 ce que nous avons vu
01:05:46 a renforcé notre détermination à agir.
01:05:51 Notre soutien n'est pas qu'un symbole.
01:05:53 Et je veux évoquer ici la lettre commune
01:05:55 au speaker de la Chambre des représentants
01:05:58 que j'ai signée avec 22 autres présidents d'Assemblée,
01:06:01 dont le président Larcher, président du Sénat,
01:06:04 sur l'aide américaine à l'Ukraine.
01:06:06 Quelques semaines plus tard,
01:06:08 les Etats-Unis étaient au rendez-vous.
01:06:12 Dans cet hémicycle, les députés français
01:06:13 ont approuvé les sanctions prises contre la Russie,
01:06:16 condamné les transferts forcés massifs d'enfants ukrainiens
01:06:20 et voté un texte inscrivant le groupe Wagner
01:06:23 sur la liste des organisations terroristes.
01:06:26 Parce que, je l'ai dit,
01:06:28 sur le respect du droit international
01:06:29 et l'intégrité de l'Ukraine,
01:06:31 la France et ses députés ne transigeront pas.
01:06:35 Parce que la force et résilience du peuple ukrainien
01:06:38 font l'admiration des Français.
01:06:41 Parce que l'avenir de nos valeurs démocratiques
01:06:44 se joue sur votre sol.
01:06:46 Jamais, nous ne cesserons de soutenir votre pays.
01:06:49 (Applaudissements)
01:06:51 (...)
01:07:00 Alors, M. le Président,
01:07:02 à l'invitation du président de la République,
01:07:04 vous voici à Paris.
01:07:06 Au nom de l'Assemblée nationale,
01:07:08 je suis fière, nous sommes fiers,
01:07:11 nous sommes honorés de vous accueillir ici.
01:07:14 M. le Président, vous avez la parole.
01:07:16 (Applaudissements)
01:07:21 (...)
01:07:29 -E. Macron : M. le Président.
01:07:31 -Merci.
01:07:32 (...)
01:07:42 (...)
01:07:52 (...)
01:08:02 (...)
01:08:13 (...)
01:08:22 (...)
01:08:30 (...)
01:08:36 -E. Macron (par le translat)
01:08:42 -Chère madame la présidente de l'Assemblée nationale,
01:08:46 chers présents, mesdames et messieurs les députés,
01:08:49 je vous remercie beaucoup
01:08:54 pour votre invitation à l'Assemblée nationale française
01:08:58 et pour l'opportunité de m'adresser à vous
01:09:01 au nom de tout notre pays.
01:09:05 J'apprécie grandement le respect pour l'Ukraine
01:09:09 et envers les Ukrainiens, tous les Ukrainiens,
01:09:12 que vous nous témoignez.
01:09:14 Merci pour cela. Merci, la France.
01:09:17 (...)
01:09:20 Chère France, ces jours-ci,
01:09:22 nous commémorons le courage des combattants
01:09:28 au soutien mutuel des peuples
01:09:29 qui ont gagné la bataille de Normandie
01:09:31 et qui l'ont remportée.
01:09:33 Et c'est justement cette victoire-là
01:09:35 qu'on ressent encore sur les plages d'Omaha Beach,
01:09:38 où nous étions hier avec le président Emmanuel Macron
01:09:42 et avec d'autres dirigeants.
01:09:46 C'est bien cette bataille remportée
01:09:48 que nous commémorons ici
01:09:50 et nous sommes fiers d'être les héritiers
01:09:52 de ceux qui ont participé.
01:09:54 Les combattants étaient très différents,
01:09:58 originaires de pays différents,
01:10:00 mais tous aussi désireux de faire triompher la liberté.
01:10:04 Ce sont bien ces batailles remportées ici, en Normandie,
01:10:08 et dans notre pays, à l'est de l'Europe,
01:10:11 dans les mers du Nord de notre continent
01:10:13 et dans le ciel britannique,
01:10:15 dans le sud de l'Europe
01:10:16 et dans les pays occupés par les nazis.
01:10:21 C'est justement ces batailles qui ont été remportées,
01:10:25 qui ont rendu l'Europe à l'humanité.
01:10:28 Sans ces victoires,
01:10:31 rien n'existerait, personne n'existerait.
01:10:34 Nous, ni l'Ukraine, ni la France,
01:10:37 toutes les nations libres n'existeraient.
01:10:42 Il n'y aurait pas de liberté individuelle en Europe
01:10:46 et l'Europe n'existerait ni en tant que concept,
01:10:49 ni en tant qu'une réalité concrète.
01:10:52 Et nous souvenons tous ce que signifie le nazisme.
01:10:56 Sans la victoire sur le nazisme,
01:10:58 tout notre continent entier serait resté
01:11:01 une tâche noire dans l'histoire,
01:11:05 une source de mort pour toutes les autres nations du monde.
01:11:11 C'est grâce à ces victoires,
01:11:13 celles des nations libres, il y a 80 ans,
01:11:16 qui naît notre Europe,
01:11:18 le continent qui est capable d'être une source d'espoir.
01:11:22 (Applaudissements)
01:11:25 (...)
01:11:29 Notre Europe,
01:11:32 c'est le résultat du courage des hommes et des femmes
01:11:38 de cette époque,
01:11:40 de tous ceux qui, malgré leur peur,
01:11:44 n'ont pas succombé au mal.
01:11:47 Ils ont résisté, ils se sont battus.
01:11:50 Et cette unité a marché à cette époque-là
01:11:52 et elle fonctionne toujours.
01:11:54 Elle donne de la force à notre Europe.
01:11:57 C'était le choix des gens de l'époque
01:12:00 de se battre pour la victoire,
01:12:02 pour empêcher le mal de s'emparer de nos foyers.
01:12:07 Il n'y avait à cette époque-là aucune autre motivation
01:12:11 à part celle de protéger leurs foyers
01:12:14 et le droit des hommes d'être hommes,
01:12:18 des hommes au sens propre du terme,
01:12:20 dotés de liberté, de dignité, de droit,
01:12:23 de leur naissance de manière égale,
01:12:25 afin que personne ne puisse se proclamer maître des autres
01:12:29 et pour que chacun puisse choisir son propre destin.
01:12:36 C'est notre Europe.
01:12:38 C'est ce qui a été assuré par la victoire il y a 80 ans.
01:12:45 Merci pour cela.
01:12:47 (Applaudissements)
01:12:49 (...)
01:12:58 Et c'est ce qui ne peut pas être acquis pour l'éternité.
01:13:07 Chers Européens,
01:13:09 la veille sur la côte normande,
01:13:12 où nous nous sommes souvenus tous de la Seconde Guerre mondiale,
01:13:17 où nous avons remercié les vainqueurs,
01:13:19 il y avait deux sentiments qui étaient présents,
01:13:22 un sentiment de joie d'avoir remporté la victoire
01:13:25 et un sentiment de devoir,
01:13:29 de devoir obtenir la liberté.
01:13:35 Nous vivons à une époque où l'Europe n'est plus un continent de paix,
01:13:39 malheureusement,
01:13:41 et à une époque où le nazisme revient, malheureusement.
01:13:46 De nouveau, en Europe, les villes sont entièrement détruites
01:13:51 et des villages sont incendiés.
01:13:53 De nouveau, en Europe apparaissent des camps de filtration,
01:13:56 des déportations et la haine,
01:13:58 ce qui est devenu un nouveau culte russe.
01:14:01 Alors qu'à nouveau,
01:14:03 il y en a qui cherchent à diviser l'Europe,
01:14:06 à partager et disent que de tels ou tels peuples
01:14:10 ne méritent pas une existence.
01:14:14 Tout cela vise aujourd'hui l'Ukraine,
01:14:17 mais cela peut viser d'autres pays demain.
01:14:21 Nous voyons déjà
01:14:25 comment cette agression peut se développer.
01:14:28 Les pays baltes, la Pologne, les Balkans,
01:14:31 et plus, ce régime russe ne connaît pas de limites.
01:14:35 L'Europe ne lui suffit plus.
01:14:38 Il a déjà détruit la Syrie,
01:14:41 perturbe le Sahel,
01:14:43 il investit dans la terreur et menace la vie
01:14:46 là où il peut atteindre,
01:14:49 où il ne rencontre aucune résistance.
01:14:52 Il utilise tout
01:14:55 pour affaiblir les pays
01:14:58 en utilisant les ressources énergétiques
01:15:01 et les denrées alimentaires.
01:15:04 Et il a ressorti tout l'arsenal des siècles passés,
01:15:08 du blocus maritime à l'enlèvement massif des enfants de notre peuple
01:15:12 dans les territoires occupés,
01:15:16 pour rééduquer et les rendre complètement différents
01:15:20 dans la haine de leur patrie.
01:15:24 Il fait du chantage au monde entier
01:15:28 pour que le monde ait peur de lui.
01:15:30 Il trouvera aussi le chemin et la voie
01:15:34 pour vous déstabiliser, pour déstabiliser l'Europe.
01:15:39 Le demain pourrait être ainsi.
01:15:42 Demain, si l'Ukraine ne gagne pas.
01:15:45 Cette bataille,
01:15:48 qui se poursuit actuellement contre l'invasion russe,
01:15:52 continue sur les terres de nos régions de Kharkiv, de Donetsk,
01:15:57 à la frontière avec la Russie et aux abords de Kherson,
01:16:01 dans la clandestinité à Berdiensk,
01:16:05 Mélitopol, en Crimée,
01:16:06 dans le ciel de l'Ukraine et dans notre mer Noire.
01:16:10 Cette bataille pour l'Ukraine
01:16:13 a désormais pour l'Europe la même signification existentielle
01:16:18 que les batailles gagnées par des générations précédentes
01:16:21 d'Européens.
01:16:24 Cette bataille est à la croisée des chemins.
01:16:28 C'est le moment où nous pouvons tous ensemble écrire l'histoire,
01:16:33 comment, à laquelle nous aspirons,
01:16:35 ou bien nous pouvons en devenir victime de l'histoire,
01:16:38 comme le veut notre ennemi.
01:16:40 Je souligne...
01:16:43 Je souligne notre ennemi commun.
01:16:46 Nous devons nous rappeler qu'à l'extérieur,
01:16:50 il y a un ennemi qui ne laisse ni des nations,
01:16:53 ni d'êtres humains où il vient.
01:16:57 Il ne laisse pas le droit de choisir comment on peut vivre.
01:17:03 Regardez ce qu'est le contrôle russe.
01:17:07 C'est des ruines incendiées et déserts de nos villes.
01:17:10 Et ça, c'est des faits.
01:17:12 Regardez ce que Poutine fait de son propre pays
01:17:15 et de son propre peuple.
01:17:17 C'est un territoire où la vie n'a plus de valeur.
01:17:22 C'est tout le contraire de tout ce à quoi nous aspirons
01:17:27 et de nos valeurs.
01:17:29 C'est le contraire de la liberté,
01:17:31 le contraire de l'égalité
01:17:34 et le contraire de la fraternité.
01:17:36 Donc c'est le contraire de l'Europe.
01:17:38 C'est l'entière Europe. Voilà ce que c'est Poutine.
01:17:41 (Applaudissements)
01:17:43 (...)
01:17:54 -Cher France,
01:17:58 cher France,
01:18:00 Poutine peut-il gagner cette bataille ?
01:18:02 Non.
01:18:03 Parce que nous n'avons pas le droit de perdre.
01:18:08 Cette guerre peut-elle s'éteindre
01:18:12 en se limitant aux lignes qui existent actuellement ?
01:18:15 Non, car il n'y a aucune ligne pour le mal.
01:18:19 Tout comme il y a 80 ans, tout comme maintenant.
01:18:23 Et si quelqu'un seul essaie de dessiner
01:18:27 des lignes de partage provisoire,
01:18:28 ça ne donnera qu'une pause avant une nouvelle guerre.
01:18:33 De même qu'à l'époque, lorsque le mal déployait
01:18:37 son agression contre ses voisins dans les années 30,
01:18:40 Hitler a franchi ligne après ligne.
01:18:44 Poutine fait de même.
01:18:47 Et lorsque hier,
01:18:52 la Russie a exprimé des menaces directes à la France,
01:18:58 c'est devenu un argument de plus en faveur de notre courage
01:19:05 et du fait qu'aucun mal à travers le monde
01:19:08 ne doit avoir l'audace de s'opposer à la France
01:19:12 et à déclarer les Français comme des cibles militaires.
01:19:17 (Applaudissements)
01:19:27 Pouvons-nous gagner cette bataille ?
01:19:31 Certainement, oui.
01:19:33 Nous pouvons.
01:19:34 L'Ukraine et donc l'Europe.
01:19:37 L'Europe et donc la France.
01:19:40 (...)
01:19:44 J'en suis persuadé,
01:19:49 tout comme la France croyait en la liberté
01:19:52 avant même le D-Day,
01:19:55 mais ce jour de débarquement,
01:19:58 tout comme le jour de la victoire européenne,
01:20:00 était inévitable.
01:20:02 Pour la 1re fois, j'ai eu l'honneur de m'adresser à vous,
01:20:05 et je vous en remercie,
01:20:07 (...)
01:20:11 de m'adresser à vous à un moment aussi...
01:20:15 (Rires)
01:20:17 difficile où nous n'étions pas encore arrivés.
01:20:21 J'ai eu l'honneur de m'adresser à vous
01:20:25 à un moment qui était très difficile.
01:20:28 C'était un moment de danger mortel pour nous.
01:20:32 Et c'est absolument vrai.
01:20:35 C'était les 1ers mois du début
01:20:39 de l'invasion russe.
01:20:42 L'occupant, à l'époque, n'a pas encore été chassé
01:20:45 de notre capitale, de Kiev,
01:20:48 et les combats s'est déroulés non loin de Kiev.
01:20:53 A l'époque, n'ont pas eu lieu les 1res opérations
01:20:56 qui ont permis de faire revenir les territoires occupés
01:20:59 par la Russie, de récupérer nos maisons
01:21:02 et récupérer nos gens et nos enfants.
01:21:05 A l'époque, nous ne prévoyons pas encore
01:21:08 de libérer l'île aux serpents dans la mer Noire
01:21:11 et de gagner la bataille pour la mer,
01:21:15 de libérer la région de Kharkiv, la ville de Kherson.
01:21:20 A l'époque, le monde ne connaissait pas encore Boucha
01:21:23 et ne savait pas encore ce que signifiait l'occupation russe.
01:21:27 Et personne ne croyait à quel point
01:21:30 les Ukrainiens pouvaient être efficaces.
01:21:34 Mais même alors, nous savions,
01:21:38 et nous le savions avec certitude,
01:21:39 que nous surmonterions toutes les difficultés
01:21:43 et que la seule chose qu'il nous faut,
01:21:46 c'est que les Ukrainiens ne restent pas seuls à seuls,
01:21:49 que nous ayons un soutien efficace, constant, suffisant,
01:21:54 suffisamment de longue portée et un soutien de leader.
01:21:58 Et c'est là que nous pourrons garantir
01:22:01 l'accomplissement de notre travail,
01:22:03 la garantie du fait que l'Europe ne reviendrait pas
01:22:06 à l'époque où, sans le débarquement des Alliés
01:22:09 sur le continent, sans l'implication du monde entier,
01:22:12 il était impossible de terminer la guerre en Europe
01:22:16 de manière à ce que ça réponde aux intérêts de l'Europe
01:22:20 et aux intérêts du monde entier
01:22:21 et, par conséquent, de chaque personne sur cette planète.
01:22:25 (Applaudissements)
01:22:28 (...)
01:22:37 -France, je vous remercie.
01:22:40 (Applaudissements)
01:22:45 (...)
01:23:00 Je vous remercie d'être à nos côtés pour défendre la vie.
01:23:07 (...)
01:23:18 (...)
01:23:23 Merci.
01:23:24 (...)
01:23:52 Merci.
01:23:54 (...)
01:24:04 Je voudrais vous remercier tous.
01:24:09 Remercier la France de ne pas avoir hésité
01:24:14 et d'avoir choisi le côté de l'humanité dans cette guerre,
01:24:19 le côté de la culture, du droit international.
01:24:23 Dès les 1ers jours, dès les 1res heures de cette agression
01:24:28 par laquelle la Russie a tenté d'effacer
01:24:32 les 80 ans de l'Europe,
01:24:34 je sais que je peux compter sur vous,
01:24:37 que je peux compter sur la France, sur vos coeurs,
01:24:40 sur votre dévouement au principe.
01:24:43 Je vous remercie.
01:24:44 (Applaudissements)
01:24:47 -Diakoyemovano.
01:24:49 -Nous vous remercions.
01:24:50 (...)
01:24:54 -Diakoyemovano.
01:24:55 (...)
01:25:19 Merci.
01:25:20 (...)
01:25:23 Le sentiment que l'Ukraine résiste au mal
01:25:27 a uni de nombreuses personnes en France.
01:25:31 Des familles françaises ont aidé les familles ukrainiennes
01:25:35 qui fuyaient la guerre.
01:25:37 Les coeurs des Français nous souhaitaient du courage.
01:25:41 Et je vous en remercie.
01:25:43 Je remercie les Français,
01:25:45 je remercie les familles françaises.
01:25:47 Merci beaucoup.
01:25:49 (...)
01:25:50 Nous pouvons compter sur votre soutien,
01:25:54 sur vos armes,
01:25:56 votre formation, nos soldats,
01:25:58 les forces économiques et diplomatiques de la France,
01:26:01 les systèmes de défense antiaérienne,
01:26:03 vos blindés, vos missiles,
01:26:05 votre expérience et vos conseils nous aident déjà
01:26:08 à sauver les vies
01:26:09 et à retenir les troupes russes.
01:26:14 Merci à vous.
01:26:17 Je suis certain qu'un jour viendra où l'Ukraine
01:26:20 pourra voir dans son ciel
01:26:24 les avions tels que nous avons vus hier
01:26:27 dans le ciel de la Normandie.
01:26:29 (Applaudissements)
01:26:35 (...)
01:26:38 Votre aviation de combat, vos chasseurs brillants
01:26:42 qui, sous la direction des pilotes ukrainiens,
01:26:45 prouveront que l'Europe est plus forte,
01:26:47 que l'Europe est plus forte que le mal qui a osé la menacer.
01:26:51 Aujourd'hui, tout comme il y a 80 ans,
01:26:54 nous pouvons le prouver.
01:26:56 La puissance de notre unité, la puissance de notre alliance,
01:27:00 la puissance de nos idéaux communs.
01:27:03 Emmanuel, M. le Président,
01:27:08 je voudrais te remercier aussi
01:27:12 de n'avoir pas laissé l'Europe sans leader
01:27:15 et l'Ukraine sans la France au moment qui était décisif.
01:27:20 (Applaudissements)
01:27:25 (...)
01:27:42 Nous faisons tout pour que cette coopération
01:27:48 soit mentionnée, ne soit pas oubliée
01:27:51 dans 80 ans comme une bataille gagnée.
01:27:54 C'est très important et je vous en remercie.
01:27:57 Je voudrais maintenant souligner particulièrement
01:28:01 chacune et chacun d'entre vous,
01:28:03 chers députés de l'Assemblée nationale.
01:28:06 Il n'y a pas longtemps, vous avez soutenu
01:28:09 notre accord de sécurité entre la France et l'Ukraine.
01:28:14 Votre suite, cela a été soutenu par le Sénat français.
01:28:18 C'est un document spécial.
01:28:20 Ce sont les racines de coopération entre nos 2 Etats
01:28:24 et je vous remercie pour cela.
01:28:26 Je vous remercie pour ce soutien historique,
01:28:30 votre clairvoyance.
01:28:32 Je vous remercie de soutenir notre cheminement
01:28:35 vers l'Union européenne
01:28:38 et pour la compréhension du fait que la frontière orientale
01:28:42 de l'OTAN ne peut pas être interrompue
01:28:44 par une zone grise laissée en dehors de l'Alliance.
01:28:49 C'est en Ukraine que se trouve la clé
01:28:51 de la sécurité de toute l'Europe.
01:28:54 Car sans le contrôle sur l'Ukraine,
01:28:56 la Russie devra devenir un Etat national normal
01:29:02 et non un empire colonial
01:29:05 qui est constamment à la recherche
01:29:09 de nouveaux territoires,
01:29:11 aussi bien en Europe qu'en Asie, qu'en Afrique.
01:29:15 (Applaudissements)
01:29:17 (...)
01:29:24 Chers amis,
01:29:27 de fait, d'ici une semaine,
01:29:34 aura lieu notre D-Day,
01:29:36 jour de la diplomatie.
01:29:39 Le sommet inaugural pour la paix
01:29:43 qui pourrait devenir un format
01:29:45 qui rapprocherait la fin juste de cette guerre.
01:29:48 Nous n'avons jamais compté sur la force des armes.
01:29:51 Nous avons toujours veillé à la diplomatie.
01:29:54 Poutine a rejeté la solution diplomatique
01:29:56 en commençant une guerre à grande échelle
01:29:58 et en choisissant le génocide des Ukrainiens
01:30:01 plutôt qu'un dialogue avec l'Ukraine.
01:30:04 C'était son choix.
01:30:05 Et il faut l'unité du monde pour gagner.
01:30:11 C'est beaucoup de travail.
01:30:13 C'est réellement de grands efforts
01:30:16 qui sont demandés à tous les pays sur tous les continents
01:30:19 et non seulement à l'Europe.
01:30:20 C'est la raison pour laquelle nous nous réunissons.
01:30:23 Il y a plus de 100 pays et organisations internationales
01:30:26 qui ont soutenu le sommet pour la paix.
01:30:30 Malheureusement, pour l'instant,
01:30:34 pas tous les pays dont dépend la paix dans le monde,
01:30:37 mais la France est avec nous et je vous en remercie.
01:30:40 Merci.
01:30:41 (Applaudissements)
01:30:47 (...)
01:30:49 Je vous suis reconnaissant pour ce que vous faites déjà,
01:30:53 et c'est déjà beaucoup, mais pour la paix juste,
01:30:55 il faut plus.
01:30:57 Et ce n'est pas un reproche.
01:30:59 C'est juste comment vaincre le mal.
01:31:02 Faire plus aujourd'hui que hier
01:31:04 pour demain être plus près de la paix que jamais.
01:31:08 Nous dévouons et nous réussissons tout cela.
01:31:14 Merci pour votre alliance.
01:31:15 (Applaudissements)
01:31:19 Je vous remercie de votre attention.
01:31:20 Je vous remercie de votre soutien.
01:31:22 Gloire à l'Ukraine.
01:31:24 (...)
01:31:38 Merci.
01:31:39 (Propos en anglais)
01:31:43 (...)
01:31:49 (...)
01:32:11 (...)
01:32:28 -J'ai ce nom de la représentation nationale,
01:32:31 monsieur le président Zelensky.
01:32:33 Nous vous remercions, je vous remercie,
01:32:35 et vous pourrez toujours compter sur la France à vos côtés.
01:32:40 Et nous comptons sur vous comme vous pouvez compter sur nous.
01:32:43 Merci à tous. La séance est suspendue.
01:32:46 (Applaudissements)
01:32:48 ...
01:32:52 -Et voilà, donc, pour ces un peu plus de 20 minutes
01:32:55 de discours de Volodymyr Zelensky.
01:32:58 Vous le voyez, long standing ovation
01:33:01 dans un hémicycle plutôt clairsemé.
01:33:05 C'est vrai que cette image, elle est surprenante,
01:33:08 Vincent Eugeu, l'ensemble des députés n'étaient pas là.
01:33:11 -Yel Brounpivé a fait part, dans son propos liminaire,
01:33:14 de sa fierté de recevoir le président ukrainien.
01:33:17 Moi, je dois dire qu'en tant que citoyen,
01:33:20 j'éprouve plutôt à l'instant T un sentiment de honte.
01:33:22 Les députés à bon droit se plaignent d'être tenus à l'écart
01:33:26 des grandes décisions portant sur les enjeux internationaux.
01:33:30 Et vous avez vu ces trous béants dans l'hémicycle ?
01:33:35 C'est quand même... Alors, on va invoquer
01:33:37 la tradition qui veut que le vendredi,
01:33:40 on soit en circo, on soit sur ses terres,
01:33:42 que nous sommes à l'avant-veille d'une échéance électorale.
01:33:45 Mais franchement, si on n'est pas capables,
01:33:48 à ce moment-là, de faire en sorte d'être présents,
01:33:52 alors que l'on sait que les enjeux sont à ce point cruciaux,
01:33:56 il y a quelque chose de désolant.
01:33:58 Je pense que la représentation nationale
01:34:00 ne sait pas répondre. -On a vu un hémicycle rempli,
01:34:04 je dirais, plutôt au centre,
01:34:06 Renaissance, Horizons, quelques Républicains.
01:34:09 La gauche, une partie des bancs LFI étaient vides.
01:34:14 Et à droite aussi, à l'extrême droite aussi,
01:34:17 c'est quelque chose qui restera, selon vous ?
01:34:19 -Oui, je ne pouvais pas m'empêcher de me projeter
01:34:22 dans un futur hypothétique dans lequel des enfants,
01:34:26 des adultes, demanderaient, non pas au présent,
01:34:29 mais aux absents, "Vous étiez ou tu étais où
01:34:31 "le 7 juin 2024 ?"
01:34:33 Quand l'histoire est venue s'adresser à la France
01:34:38 dans l'hémicycle pour lui dire merci,
01:34:40 c'est le mot qui est revenu le plus dans la bouche
01:34:43 de Volodymyr Zelensky, "Merci à la France
01:34:45 "de s'être tenu aux côtés de l'humanité
01:34:47 "dans ce moment de crise."
01:34:49 Je crois que quelles que soient les excuses des absents
01:34:52 pour justifier leur non-présence ce jour-là,
01:34:55 je pense qu'elles vieilliront mal, ces excuses.
01:34:58 J'entends qu'il y a un scrutin à venir,
01:35:01 mais comme l'a très bien dit, Vincent,
01:35:03 il y a des bus, des voitures, des avions,
01:35:05 des trains en France qui auraient sans doute
01:35:08 permis une présence. -On va regarder
01:35:10 les premières réactions des présents.
01:35:12 Arnaud Le Gall au micro de Dario Borgogno,
01:35:15 député insoumis.
01:35:16 -Nous n'avons toujours pas eu ce débat,
01:35:18 puisque le débat du 12 mars dernier était un débat
01:35:21 non contraignant à vote purement symbolique
01:35:24 sur un accord de défense qui avait déjà été signé,
01:35:27 et alors même que, entre-temps,
01:35:29 le président de la République avait évoqué,
01:35:31 vous vous en souvenez, l'envoi de troupes au sol
01:35:33 possible en Ukraine. Depuis, il continue,
01:35:36 on a des annonces régulières, etc.,
01:35:38 sans qu'il n'y ait jamais de débat, de vote.
01:35:40 La France est engagée,
01:35:42 est un des pays les plus engagés
01:35:45 dans la possibilité d'être
01:35:48 en confrontation directe
01:35:51 avec une puissance nucléaire, la Russie.
01:35:54 Tout ça mérite un vrai débat.
01:35:55 Nous ne l'avons pas eu aujourd'hui,
01:35:58 puisque la parole était au président Zelensky,
01:36:00 et c'est son droit. Nous, nous questionnons
01:36:03 les méthodes de la Macronie, d'organiser cela
01:36:05 deux jours avant un vote.
01:36:07 -Vous avez applaudi
01:36:08 le président Zelensky ? -Oui, on a applaudi
01:36:11 un chef d'Etat étranger invité à s'exprimer
01:36:13 devant l'Assemblée nationale.
01:36:15 Encore une fois, le sujet, aujourd'hui,
01:36:17 c'est pas monsieur Zelensky.
01:36:19 Il remplit son rôle de chef d'Etat ukrainien.
01:36:22 Nous n'avons pas applaudi au moment
01:36:24 où il a clairement exprimé ses préférences politiques
01:36:27 sur la France.
01:36:28 C'est-à-dire qu'il a dit clairement,
01:36:30 il a fait comprendre qu'il était très content
01:36:33 de la victoire de M. Macron en 2022.
01:36:35 C'est son droit. Nous...
01:36:36 -Voilà. La politique a immédiatement
01:36:39 repris ses droits, comme vous l'avez entendu
01:36:41 sur les bancs de la France insoumise.
01:36:44 Finalement, cette polémique, elle a d'en dur.
01:36:46 Deux jours avant le scrutin, on fait de la politique,
01:36:49 parce que chaque mot est susceptible
01:36:52 de faire l'objet d'arrières-pensées
01:36:54 électorales. -Elle a peut-être repris
01:36:56 ses droits, elle a surtout repris ses travers.
01:36:59 Et je trouve là aussi absolument désolant
01:37:02 qu'on explique que l'on a eu l'applaudissement sélectif
01:37:06 en fonction du propos d'un chef d'Etat invité.
01:37:11 Vous savez, Georges Perrec ne parlait pas, lui,
01:37:13 de l'histoire avec un grand H, mais avec une grande H.
01:37:17 Le problème, c'est que la H, aujourd'hui,
01:37:20 c'est évidemment Poutine qui la manie,
01:37:22 et je ne comprends pas
01:37:25 que la plupart des députés absents,
01:37:29 certains ont peut-être des excuses valables,
01:37:31 n'aient pas mesuré l'importance du moment.
01:37:34 Je souligne sur le propos de Volodymyr Zelensky
01:37:37 que dans sa première séquence,
01:37:39 quand il s'est adressé à de multiples parlements
01:37:42 dans le monde, il y avait un équilibre
01:37:45 entre le merci et le grief qui était différent.
01:37:48 Derrière chaque marque de gratitude,
01:37:50 il y avait un reproche implicite.
01:37:52 Et là, il y a juste sa conclusion,
01:37:55 où il dit qu'il faut faire plus,
01:37:57 mais je dirais que le ratio
01:37:58 entre les merci et les reproches était différent,
01:38:02 et c'est d'autant plus paradoxal
01:38:04 que, comme on l'a souligné tout à l'heure,
01:38:06 la situation opérationnelle sur le front
01:38:09 est loin d'être rassurante pour lui et pour les siens.
01:38:12 -C'est vrai que c'était un discours de gratitude.
01:38:15 A chaque phrase, il a remercié la France, la chère France,
01:38:18 il a dit à quel point notre pays avait choisi,
01:38:22 sans hésitation, dès le début,
01:38:24 le camp de l'Ukraine.
01:38:26 Cette gratitude, elle est pleinement méritée ?
01:38:30 -Oui, elle est pleinement méritée,
01:38:33 parce que la France, et votre journaliste,
01:38:36 au tout début de cette émission,
01:38:39 a fait la liste de ce qui a été donné militairement.
01:38:42 La France fait énormément,
01:38:44 d'un point de vue économique et humanitaire,
01:38:47 il ne faut pas l'oublier,
01:38:48 parce que la reconstruction de l'Ukraine a déjà commencé
01:38:52 et la France joue sa part.
01:38:53 Il y a la qualité des matériels.
01:38:55 Après, je pense qu'il ne faut pas se leurrer,
01:38:58 il y a un chemin parcouru par le président de la République.
01:39:01 On se rappelle de ses mots, à mon sens malheureux,
01:39:04 sur le fait qu'il ne faille pas humilier la Russie
01:39:07 ou encore qu'il faille prendre en considération
01:39:10 les considérations ou les préoccupations sécuritaires
01:39:13 de la Russie.
01:39:14 On avance vers davantage de clarté, c'est une bonne chose.
01:39:18 Il y a effectivement une gratitude,
01:39:20 pardon, à l'endroit de la France,
01:39:23 mais il y a la conscience aiguë, quand même,
01:39:25 de ce chemin qui a été parcouru
01:39:27 et du chemin qui reste à parcourir.
01:39:30 C'est pour ça, et Vincent l'a souligné,
01:39:32 que même si c'est passé comme ça très rapidement,
01:39:35 le président Zelensky a bien dit qu'il faut faire plus.
01:39:38 Effectivement, il faut faire plus.
01:39:40 Juste une toute petite note.
01:39:42 Je ne suis pas si choqué que ça
01:39:44 par le fait que la politique reprenne ses droits,
01:39:47 parce que c'est le propre de la démocratie.
01:39:49 Nous sommes dans le coeur, non loin de l'hémicycle,
01:39:53 et le fait que les uns et les autres "se chamaillent",
01:39:55 c'est une bonne chose.
01:39:57 On ne peut pas vouloir à la fois la défense de la démocratie
01:40:00 et sa censure quand on n'est pas d'accord
01:40:03 avec ce que des oppositions peuvent exprimer.
01:40:05 Le danger, à mon sens,
01:40:07 réside dans l'instrumentalisation de cette démocratie
01:40:10 afin de soutenir des projets
01:40:12 qui, eux, ne le sont pas, démocratiques.
01:40:15 C'est cette ligne de crête-là qui, me semble-t-il,
01:40:17 est parfois empruntée par certains des présents
01:40:20 qui s'exprimaient là.
01:40:22 Ce que pensent certains des absents
01:40:23 et qu'ils manifestent par leur absence.
01:40:26 -Il y avait quand même du monde dans l'hémicycle,
01:40:29 notamment quelques présidents de groupe.
01:40:31 Il faut souligner Marine Le Pen pour le Rassemblement national,
01:40:35 le président du Parti communiste, Fabien Roussel,
01:40:37 d'ancien Premier ministre Manuel Valls, Alain Juppé,
01:40:40 et le Premier ministre, Gabriel Attal,
01:40:43 au premier rang pour l'écouter,
01:40:45 Volodymyr Zelensky, qui fait même applaudir la France,
01:40:48 Vincent Eugeu.
01:40:49 C'est un discours de gratitude, merci,
01:40:51 mais finalement, c'est presque plus lui qu'on applaudit,
01:40:55 mais lui qui fait applaudir la représentation nationale,
01:40:59 il sait y faire aussi.
01:41:00 -Il ne faut pas oublier, quand même,
01:41:02 quelle est sa trajectoire professionnelle.
01:41:05 C'était un homme qui, initialement,
01:41:07 était, au sens noble du terme, un amuseur,
01:41:10 qui avait ce sens du paradoxe, du contrepied,
01:41:13 de l'ironie, de la dérision, etc.
01:41:15 J'observe d'ailleurs qu'il a beaucoup appris aussi
01:41:19 dans l'art du verbe politique,
01:41:21 parce que lorsqu'il dit, en fin de discours,
01:41:23 vous vous en souvenez sans doute,
01:41:25 "Remerci, une fois de plus, la France",
01:41:28 pour n'avoir pas hésité dès le premier jour,
01:41:30 ceux qui, entre nous, ont eu des contacts
01:41:33 avec son entourage à l'époque des premières semaines
01:41:36 de l'agression russe, ne relayaient pas un écho.
01:41:40 Il y avait une vraie déception, voire un dépit,
01:41:43 notamment au regard des épisodes que Gallagher rappelait à l'instant,
01:41:47 cette volonté qui a quand même perduré pendant des mois
01:41:50 d'être une puissance d'équilibre,
01:41:52 d'offrir l'occasion à la diplomatie de prévaloir.
01:41:55 Il a fallu un certain ajustement de la part de l'Elysée.
01:41:58 -On continue à recueillir les premières réactions.
01:42:01 Mondain Gava, le président du groupe Renaissance.
01:42:04 Sylvain Maillard.
01:42:05 -C'est pas anodin de recevoir le président ukrainien.
01:42:08 Votre sentiment, qu'avez-vous ressenti ?
01:42:11 -Oui, un moment extrêmement fort
01:42:13 de communion avec le peuple ukrainien.
01:42:16 On a senti un président de la République d'Ukraine
01:42:20 qui veut faire passer des messages,
01:42:22 un message de solidarité,
01:42:24 un message aussi d'envie de continuer, continuer, continuer.
01:42:28 Il nous l'a dit dans des mots très forts.
01:42:30 Il faut continuer l'effort, l'intensifier.
01:42:32 Ce n'est pas un reproche, mais c'est une promesse
01:42:35 que nous allons gagner, que nous allons pouvoir
01:42:38 restaurer une République.
01:42:39 Et aussi un message aussi fort, je veux le noter,
01:42:42 sur le fait qu'il n'accepte pas
01:42:45 les positions actuelles des frontières.
01:42:48 Il veut restaurer l'intégralité du territoire.
01:42:51 C'est aussi un message fort qu'il a envoyé à l'ensemble du monde
01:42:54 à l'adresse des députés de la République.
01:42:57 -Vous faites partie de la majorité.
01:42:58 Quand vous l'entendez dire, "Il faut plus",
01:43:01 vous dites que c'est ce qu'Emmanuel Macron a dit hier,
01:43:04 puisqu'on va livrer des mirages,
01:43:06 on va aussi peut-être faire des instructeurs français là-bas.
01:43:09 -Il faut plus de matériel et on continue.
01:43:12 Il nous faut des avions supplémentaires.
01:43:14 Le président de la République les a promis,
01:43:17 les mirages d'ici la fin de l'année.
01:43:19 Et l'instruction, évidemment, piloter un mirage,
01:43:21 ça ne s'improvise pas.
01:43:22 Et ce service offert par les Français
01:43:25 sera en application immédiatement.
01:43:27 Oui, il faut plus de matériel, il faut plus de matériel d'obus,
01:43:30 il faut de quoi alimenter, en France, mais comme ailleurs,
01:43:34 la résistance ukrainienne, tout simplement, sur le long terme.
01:43:38 -Dernière question un peu plus politique,
01:43:40 voire certains diraient politicienne.
01:43:42 La Commission a regretté une forme d'instrumentalisation
01:43:45 avec la venue du président ukrainien à quelques jours
01:43:48 du Scritter européen.
01:43:49 -Je trouve ça grotesque.
01:43:51 Le président d'Ukraine a pu déjà venir dans notre hémicycle
01:43:55 à travers les caméras, juste au moment de l'agression,
01:43:58 mais c'est encore plus fort quand il vient devant nous.
01:44:01 Il est à l'invitation du débarquement,
01:44:03 au moment du débarquement des 80 ans,
01:44:06 débarquement du 6 juin.
01:44:07 Il vient, il nous fait l'honneur de venir
01:44:09 face à la représentation nationale,
01:44:12 réjouissons-nous,
01:44:13 réjouissons-nous de cette preuve aussi d'amitié profonde
01:44:16 entre l'Ukraine et la France, c'est un beau moment.
01:44:19 -Merci, Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance.
01:44:22 -Merci à vous, Elsa Mondingava.
01:44:24 On revient vers vous dès que vous avez
01:44:26 des réactions supplémentaires.
01:44:28 Galayev, Fenwick, c'est vrai qu'on n'a pas eu
01:44:31 un discours sur les annonces,
01:44:33 les fameux mirages, les avions de combat.
01:44:36 On aurait pu imaginer que le président ukrainien
01:44:39 allait les mentionner, mais non, finalement.
01:44:42 -Je pense que, si vous voulez, il a très bien compris,
01:44:44 il est bien conseillé, à la fois sur le langage,
01:44:47 les personnages qu'il a face à lui et le lieu
01:44:49 depuis lequel il s'exprime, il est au coeur de notre démocratie,
01:44:53 ce qui appelle, à mon sens, quelque chose de plus grandiloquent,
01:44:56 au sens propre et noble du terme, et il est davantage, ce matin,
01:45:00 dans le symbole que dans le terre-à-terre et le concret,
01:45:03 qui sera sans doute réservé à une autre prise de parole,
01:45:06 en l'occurrence, au côté de son homologue français,
01:45:09 le président Macron, puisqu'une conférence de presse
01:45:12 en mode bilatéral, commune, est prévue un peu plus tard.
01:45:15 -Ce soir. -Après, voilà,
01:45:17 une visite à Versailles, sur le site
01:45:19 de coproduction militaire KNDS,
01:45:22 avec le ministre français des Armées,
01:45:24 monsieur Lecornu.
01:45:26 -Fabien Roussel, le président du Parti communiste,
01:45:29 est à vos côtés, Elsa.
01:45:31 -Oui, vous avez entendu le président ukrainien,
01:45:34 il faut plus, mais vous, les communistes,
01:45:36 vous leur dites qu'on ne peut pas fournir
01:45:39 ce que vous nous demandez, c'est ça ?
01:45:41 -Empêcher Poutine de gagner la guerre,
01:45:44 lui faire respecter le droit international,
01:45:47 c'est ce qui doit tous nous mobiliser.
01:45:49 Mais je suis extrêmement inquiet par les propos
01:45:52 que vient de tenir le président ukrainien,
01:45:55 qui, lui, fait la comparaison avec le débarquement
01:45:58 du 6 juin 44, appel à un nouveau D-Day,
01:46:00 un nouveau débarquement, et en faisant ce parallèle,
01:46:04 en comparant Poutine à Hitler,
01:46:06 en comparant l'invasion de l'Ukraine avec la Choua,
01:46:10 il fait, je pense, une comparaison malheureuse,
01:46:13 et il appelle à ce que l'Europe entre
01:46:16 dans une 3e guerre mondiale.
01:46:18 Nous avons tous dit, au lendemain de la 2e,
01:46:20 plus jamais ça, 60 millions de morts,
01:46:22 plus jamais de 3e guerre mondiale.
01:46:24 Tout doit être refait pour trouver des solutions politiques
01:46:28 et diplomatiques au conflit.
01:46:29 Or, je vois qu'aujourd'hui, ces solutions politiques
01:46:32 et diplomatiques s'éloignent, et c'est l'engrenage militaire
01:46:36 et diplomatique. Vous le dit, M. Zelensky,
01:46:38 la diplomatie, c'est Poutine qui n'en veut pas,
01:46:41 c'est lui qui veut la guerre.
01:46:43 -Mais je ne comprends pas cette réponse,
01:46:46 parce qu'en revanche, il se tient une conférence
01:46:49 pour la paix, là, en Suisse, d'ici quelques jours.
01:46:52 Il aurait fallu inviter la Russie à venir à cette conférence
01:46:57 pour pouvoir discuter de son plan
01:47:00 comme celui de l'Ukraine,
01:47:02 et essayer de trouver ensemble
01:47:05 les voies d'une résolution du conflit.
01:47:07 Il aurait pu être proposé que ces deux parties,
01:47:10 étant en présence en Suisse,
01:47:12 nous aurions pu, pendant ce temps-là,
01:47:14 avoir un cessez-le-feu. Il faut tout faire
01:47:16 pour obtenir une désescalade militaire,
01:47:20 faire en sorte qu'il y ait un cessez-le-feu
01:47:22 le plus rapidement possible. -Mais les mots
01:47:25 du président Emmanuel Macron hier, c'était pas de capitulation.
01:47:28 -Les mots du président de la République hier
01:47:31 inscrivent cette guerre dans le temps long.
01:47:33 Il parle de plusieurs mois, d'envoyer des mirages,
01:47:36 des soldats français sur le sol ukrainien,
01:47:38 de frapper le sol russe avec des missiles français.
01:47:42 Tout cela peut nous conduire
01:47:43 à ce que demain, la France entre en guerre contre la Russie.
01:47:47 Est-ce que c'est ce que veulent les Français ?
01:47:49 Les Français ne doivent pas être, pour le moins,
01:47:52 consultés à ce changement de stratégie ?
01:47:55 C'est pour ça que je demande à ce que le Parlement
01:47:58 soit saisi de cette réorientation
01:48:00 de la politique de défense de la France
01:48:02 pour que nous ayons les éléments d'appréciation
01:48:05 et que nous puissions nous exprimer sur ce sujet.
01:48:07 -Dernier mot, même si sur le discours,
01:48:10 vous aviez des nuances très fortes,
01:48:12 sur la présence du président ukrainien
01:48:14 dans l'hémicycle aujourd'hui.
01:48:16 -Que l'on accueille dans l'hémicycle
01:48:19 un pays, un président,
01:48:21 que nous soutenons dans ce conflit
01:48:23 face à la Russie,
01:48:27 qui a violé les règles internationales,
01:48:29 ça ne me choque pas et c'est normal.
01:48:32 C'est bien que nous le fassions.
01:48:33 Mais je suis très inquiet par les paroles que j'ai entendues.
01:48:37 Je suis très inquiet par ces paroles
01:48:39 parce que ce parallèle qui est fait avec force,
01:48:44 avec le débarquement,
01:48:45 conduit à faire un parallèle à une Troisième Guerre mondiale
01:48:50 que le président Zelensky appelle.
01:48:53 Et nous n'en voulons pas.
01:48:55 Nous n'en voulons pas.
01:48:57 -Merci, Fabien Roussel, président du Parti communiste.
01:49:00 Merci à vous, Elsa Mondingava.
01:49:02 Et si un vote avait lieu dans cet hémicycle-là,
01:49:05 Vincent Aigeu sur la base de l'inflexion stratégique,
01:49:08 les annonces présidentielles,
01:49:10 pas sûr qu'il soit majoritaire ?
01:49:12 -Non, pas sûr.
01:49:13 Il se heurterait à une coalition
01:49:16 des neutralistes et des russophiles,
01:49:19 sans pour autant, d'ailleurs,
01:49:21 que ceux-ci puissent parvenir à une majorité écrasante.
01:49:25 Je suis très frappé.
01:49:26 Je viens d'entendre parler d'un plan russe.
01:49:29 On découvre en direct que la Russie aurait un autre plan
01:49:32 que l'asservissement nature coloniale
01:49:35 de son voisin de l'Ouest.
01:49:36 Soyons clairs, tout ce qu'on entend là,
01:49:39 ça renvoie à la même illusion lyrique
01:49:41 qui était celle d'Emmanuel Macron au début.
01:49:44 Cette idée, ce fantasme qui voudrait que l'Ukraine
01:49:47 puisse l'emporter sans que la Russie perde.
01:49:49 Je suis navré.
01:49:50 Je le déplore. C'est un jeu à somme nulle.
01:49:53 Il ne peut pas y avoir de victoire,
01:49:55 de restauration de la souveraineté ukrainienne
01:49:58 sans qu'il y ait une défaite russe,
01:50:00 au sens d'une défaite par rapport à l'objectif
01:50:03 très clairement affiché,
01:50:04 l'objectif géostratégique du Kremlin.
01:50:06 Le jour où nos députés auront pris conscience
01:50:09 de cette réalité, eh bien, on aura fait un pas en avant.
01:50:13 -D'accord avec cette analyse ?
01:50:14 -Oui, en fait, si vous voulez,
01:50:16 dans les mots de monsieur le député Fabien Roussel,
01:50:19 j'entends le choix, la manière dont il le présente,
01:50:23 c'est que la paix vaut mieux que la liberté.
01:50:26 Mais vu l'héritage idéologique
01:50:28 dont il est le récipiendaire
01:50:31 et le transmetteur aujourd'hui,
01:50:33 la question est qu'est-ce que vous faites de la paix
01:50:36 si vous n'avez pas de liberté ?
01:50:37 L'absence de liberté n'était pas la garantie
01:50:40 d'une paix très fragile, puisque, précisément,
01:50:43 on a vu, quand on appelle aux négociations,
01:50:45 ce qu'ont donné les négociations précédentes
01:50:48 dans le cadre de l'Ukraine.
01:50:50 On peut faire une longue liste de tout ce qui a été négocié
01:50:53 et qui a été détiné par la Russie,
01:50:55 mais plus récemment, Vladimir Poutine a été invité
01:50:58 en 2014 pour les 70 ans du débarquement.
01:51:01 C'est ce qu'a donné derrière Minsk 1 et Minsk 2,
01:51:04 qui sont des accords,
01:51:06 et Minsk 1 et Minsk 2 donnent le 23 février 2022.
01:51:10 -L'invasion russe. -Absolument.
01:51:12 -Donc il faut qu'on soit clairvoyant
01:51:15 sur les dessins de Poutine.
01:51:17 On va s'arrêter là.
01:51:19 Je vous remercie infiniment d'avoir pris le temps
01:51:22 de vous faire partager vos décryptages.
01:51:24 Le débat va reprendre dans l'hémicycle
01:51:26 sur la fin de vie. C'est bien ça ?
01:51:28 Régis, vous me le confirmez ?
01:51:30 Bien. Alors, merci à vous de nous avoir suivis.
01:51:34 Merci à toutes nos équipes en direct,
01:51:36 depuis la salle des Quatre Colonnes,
01:51:39 Elsa Mondingava, Dario Borgogno,
01:51:41 merci aux équipes d'LCP, la régie,
01:51:43 la production et la rédaction, bien sûr.
01:51:45 Vous restez avec nous pour ce que le débat parlementaire
01:51:49 sur la fin de vie et l'accompagnement
01:51:51 nous intéresse, puisqu'il reprend dans l'hémicycle.
01:51:54 Bonne journée à tous sur LCP.
01:51:56 (Générique)
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