• il y a 6 mois

Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Philippe Val livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Philippe Val - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/philippe-val-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 - Mais d'abord, comme chaque lundi, Philippe Valle est avec nous. Bonjour Philippe !
00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:04 - Alors vous nous parlez ce matin,
00:06 vraiment pas des législatives à venir, mais des embarras de Paris.
00:09 - Oui, et j'ai relu avec plaisir les embarras de Paris,
00:13 précisément que Boileau décrivait au 17e siècle,
00:16 et j'ai retenu ces vers célèbres
00:18 "Mais si seul dans mon lit je peste avec raison,
00:22 c'est encore vingt fois pire en quittant la maison."
00:25 Et s'en suit une description du cafard Nahum qui règne dans les rues de Paris,
00:29 et je suis désolé pour Boileau, mais c'est très petit bras.
00:34 Ce qu'il décrit des encombrements et de la saleté
00:37 relève du petit amateurisme en comparaison de ce que le Parisien d'aujourd'hui vit.
00:43 - Vous aimez bien les citations Philippe, hein ?
00:45 - Oui, il y a deux genres de chroniqueurs,
00:47 ceux qui se réfèrent au passé et qui citent, et les autres.
00:50 J'avoue adorer citer, parce que c'est comme quelques secondes de béatitude
00:56 dans une langue merveilleuse, rythmée, délicieusement correcte,
01:00 claire, compréhensible.
01:02 Le matin, c'est pour le cerveau l'effet de la brosse à dents sur la bouche.
01:06 Ça donne une bonne haleine à nos pensées.
01:08 - Une autre citation, du coup, peut-être ?
01:11 - Avec plaisir.
01:13 Celle-ci est plus récente, mais pleine de charme et de fraîcheur.
01:19 L'auteur n'en est autre qu'Anne Hidalgo, notre maire de Paris.
01:23 Je cite "Ralbol du bashing des jeux quoi, arrêtez, ralbol, ralbol, ralbol".
01:31 Alors, vous remarquerez l'insistance de l'auteur,
01:36 qui, au cas où nous n'aurions pas compris sa métaphore pleine d'originalité,
01:41 la répète trois fois, au risque de faire déborder le bol.
01:45 "Ralbol donc de ses peines à jouir".
01:49 Alors, "peines à jouir", c'est une autre trouvaille métaphorique
01:52 classe l'auteur dans la famille des esthètes et des stylistes.
01:55 Plus du côté de Malarmé que de Victor Hugo, si vous le dites.
01:59 Je reprends.
02:00 "Ralbol des peines à jouir qui ne veulent pas qu'on célèbre quelque chose ensemble".
02:05 Alors là, soudain, ce regret poignant, aucun doute possible.
02:10 C'est une paraphrase transparente des vers de Malarmé.
02:14 "Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui, va-t-il nous déchirer d'un coup de son aile ivre ?"
02:20 Et la réponse pathétique d'Anne Hidalgo est non,
02:23 puisqu'elle reprend par un "ra la casquette, oui, ra la casquette"
02:29 qui nous informe que le bol étant désormais effectivement plein,
02:32 nous échangeons ce récipient pour une casquette
02:36 dont on sent qu'elle-même est prête à déborder.
02:38 Et le poème se termine brutalement par cette conclusion trépignante
02:44 qui n'est pas sans rappeler cette fois l'innocence de l'enfant
02:47 qui sur son pot défie la constipation.
02:50 De toute façon, on est là et on le fait !
02:54 A l'image des admirables moralistes du 17ème siècle,
02:58 Anne Hidalgo désigne subtilement les vrais coupables, dont je suis.
03:03 - Ah oui, vous en êtes ! Mais qu'est-ce que vous voulez dire ?
03:06 - Eh bien que je suis de toute évidence un de ces peines à jouir
03:10 qui remplissent les bols et les casquettes de la maire de Paris.
03:13 Je vais vous faire un aveu honteux.
03:15 Non seulement je n'en ai rien à foutre des Jeux Olympiques,
03:18 mais je suis à bout de nerfs des caprices des idéologues sadiques de la mairie
03:23 chargés de régler la circulation parisienne.
03:25 La question se pose, comment une demi-douzaine de petits marquis
03:30 peut-elle pourrir l'existence de toute la population d'Île-de-France ?
03:34 Impôts fonciers augmentés de 100%, 7500 travaux en cours
03:38 dont une bonne partie consiste à refaire en plus large
03:42 des pistes cyclables réalisées deux ans avant.
03:45 Comment notre ville peut-être à ce point aussi sale et aussi enlady ?
03:49 Comment prend-on les décisions délirantes
03:52 qui empêchent les voitures d'urgence, malgré leur sirène désespérée,
03:56 d'acheminer les malades à l'hôpital, avant qu'ils ne claquent à l'arrière
04:00 en remerciant la maire de Paris d'avoir élargi les trottoirs ?
04:04 Et nous qui nous sommes convertis au vélo,
04:07 sachez que les entreprises employées par la mairie,
04:10 si elles savent creuser des trous, ne savent pas les reboucher.
04:14 Partout où hier il y avait un trou, aujourd'hui il y a une bosse.
04:17 Les rues de Paris, par ailleurs pleines de trous,
04:20 sont également un incessant et douloureux tape-cul,
04:23 ce qui explique peut-être que les Parisiens soient devenus des peines à jouir.
04:27 - Votre conclusion, Philippe ?
04:29 - Eh bien que la maire de Paris évite de nous piquer cette expression.
04:32 En avoir ras-le-bol, c'est tout ce qui nous reste.
04:35 Philippe Val. Merci beaucoup Philippe.

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