Aligné face au Pérou, Hugo LLoris a atteint la barre des 100 sélections. Il rejoint un club très fermé composé de seulement 7 joueurs. Nous sommes partis à la rencontre de ses éducateurs, anciens entraîneurs, coéquipiers et membres de staff de l'Équipe de France qui nous expliquent pourquoi le gardien tricolore a su durer.
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00:00Hugo, il ne triche jamais.
00:26Hugo se transforme et devient un animal.
00:30C'est quelqu'un déjà de très exigeant envers lui-même.
00:33C'est quelqu'un dans la vestiaire qui a beaucoup de caractère.
00:37Il avait déjà tout du gardien moderne alors qu'il avait 14-15 ans.
00:41C'était un gamin, c'est vrai qu'il avait déjà, comment dire, la grinta.
00:45Quelqu'un qui est légitime.
00:47On va se résumer en deux mots qui sont très simples, c'est un tibia.
00:56Je vois arriver son grand-père avec Hugo à côté.
01:01Et son grand-père l'a laissé venir tout seul.
01:04C'est pas son grand-père qui l'a accompagné sur le terrain.
01:07Il est resté en haut, au-dessus, parce qu'il y avait des escaliers,
01:10ils pouvaient voir le terrain juste en dessous.
01:12Et Hugo est venu directement m'accompagner sur le terrain.
01:16Il est resté en haut, au-dessus parce qu'il y avait des escaliers,
01:19ils pouvaient voir le terrain juste en dessous.
01:21Et Hugo est venu directement m'accompagner sur le terrain.
01:24Hugo est venu directement me voir, les gants à la main,
01:28habillé déjà tout en gardien de but.
01:31Il me dit, c'est vous M. Bonneton ?
01:34J'ai dit oui, je suis Hugo Lloris, je veux jouer chez vous,
01:37mais je veux jouer gardien de but.
01:39Moi j'ai de suite vu qu'en 14-15, quand ils ont commencé à jouer à 11,
01:43on avait un joueur, un gardien de but moderne.
01:46Donc déjà on voyait quelqu'un d'intelligent dans le jeu.
01:51Gros travailleur, gros bosseur,
01:54toujours en train de se remettre en question déjà à l'époque.
01:57Et il était toujours dans l'amélioration et dans le perfectionnement.
02:01Et on joue.
02:03Alors on attaque, tac tac, 1 à 0 on prend, aïe aïe aïe.
02:07Et puis petit à petit Hugo, en deuxième mi-temps,
02:11il nous a fait, j'ai jamais vu ça d'un gosse.
02:14Arrêt à droite, avec le pied, il part, avec le pied il sort.
02:19Il fait un match extraordinaire.
02:21Et on égalise en plus, 1 à 1 on fait.
02:24Et Eugène il vient me voir à la fin du match,
02:27il me dit Régis, ce petit ne le garde pas, laisse le venir allongé ses nices.
02:32Et la première saison je l'avais, j'avais trois gardiens,
02:34donc un de chaque année d'âge.
02:36Donc un 19 ans on va dire, un 18 et un 17, disons qu'il était 17.
02:39Et je leur ai dit, vous allez faire la moitié de la saison,
02:43partager les matchs.
02:45Et à la mi-saison, il y en a un qui sera titulaire.
02:48Evidemment ça a été Hugo, qui a pris la place pour la saison d'après.
02:52De tous les gamins que j'ai eu, il y en avait qui n'étaient pas mal.
02:55Mais avec des bagages comme ça, il était vraiment, il planait.
03:03Et l'année d'après donc, il est 2003-2004,
03:06on fait une saison exceptionnelle avec lui dans les buts.
03:09Donc il est première année U19 on va dire.
03:12Donc il est U18 et il fait une année exceptionnelle
03:15puisqu'on est champion de France, on finit champion de France en 19 ans.
03:19Lui en encaissant que 11 buts dans la saison.
03:22Et en faisant aucune défaite.
03:25Écoutez, au début de saison, c'est un garçon qui est doué.
03:27Donc j'arrive, il y a Grigorini qui est un bon gardien.
03:30Donc je commence avec Damien, Grigorini.
03:35Et puis à Hugo, je lui dis, tu as les coupes pour t'aguerrir un petit peu.
03:40Il avait 19 ans.
03:41Et puis, on a la chance de faire un bon parcours en coupe.
03:46Et puis dans les 5 derniers matchs, comme il y avait la finale qui était un peu plus loin,
03:49j'ai décidé de lui maintenir ma confiance
03:51pour qu'il arrive en finale justement avec le maximum d'atouts pour être performant.
03:57Donc voilà un petit peu les choix.
04:00Mais c'est surtout par sa qualité qui fait qu'à un moment donné,
04:04un entraîneur fait jouer un joueur.
04:06Il n'avait pas peur de sortir très loin de ses 6 mètres.
04:10Donc dans le jeu aérien, très intéressant.
04:12Très bonne lecture de trajectoire.
04:14Le jeudi après-midi, je faisais des challenges avec les attaquants.
04:16On faisait du spécifique attaquant.
04:17Et je disais, voilà, vous avez 5 minutes pour marquer, mais sans adversaire.
04:215 minutes, à un moment, c'est Hugo qui a gagné.
04:25Il gagnait pratiquement tout le temps.
04:27Parce que dans les 5 minutes, il n'arrivait pas à marquer tellement il était motivé.
04:30Donc après, on n'est pas surpris par la carrière.
04:34Donc là, c'est la carrière qu'il est en train de faire.
04:40C'était un gardien, comment dire, en devenir,
04:44qui venait de Nice, où il avait accéléré.
04:48Et qui se fixait d'autres horizons et à un autre niveau encore
04:52pour continuer à progresser.
04:54Il repousse.
04:56Il cherche toujours à repousser ses limites.
04:58À aller chercher toujours l'arrêt qu'il n'a pas pu faire.
05:02Et c'est ce qu'il a fait.
05:04C'est ce qu'il a fait.
05:06C'est ce qu'il a fait.
05:08C'est ce qu'il n'a pas pu faire la semaine précédente.
05:11Quand il arrive à Lyon, à cette époque-là,
05:13il se remet d'une main cassée.
05:16Justement cassée contre nous, contre l'Olympique lyonnais.
05:20Kim Kerstrom qui le percute dans un match Nice-Lyon.
05:25Les premiers entraînements qu'on effectue ensemble,
05:28je le découvre.
05:30Et Hugo ne peut pas faire tous les exercices
05:34parce qu'il ne le fait qu'à une main.
05:36Voilà.
05:38Même à une main, il était déjà très bon.
05:41C'était mon poulet.
05:43Tous mes gardiens, c'était mes poulets.
05:45Il y a une question d'affinité,
05:47de relation vraiment très affective
05:50avec mes gardiens.
05:52Et Hugo s'est épanoui dans cette relation-là.
05:56Hugo a une adaptation très rapide.
05:58Il a été très très bon tout de suite.
06:00Et donc forcément,
06:02quand vous êtes derrière un tel garçon doué
06:07et en plus de ça gentil dans la vie,
06:09vous comprenez très vite que vous allez aux assos
06:13sur le banc de touche et que les matchs,
06:15vous allez regarder à essayer de l'aider
06:17en préparation des matchs.
06:19Il a vu faire ses performances à Lyon.
06:21Très vite, il allait devenir
06:23un des meilleurs gardiens au monde.
06:29Ce n'est jamais le fruit du hasard.
06:31Je crois que cette longévité,
06:33ce temps qui passe
06:35et ces performances répétées au plus haut niveau
06:39sont liées tout simplement
06:42à cet amour du poste qu'il peut avoir,
06:44cet amour de sa profession.
06:47Il sait ce qu'il veut.
06:49Il a toujours su ce qu'il voulait.
06:51Il connaissait son potentiel,
06:53il savait où il voulait aller.
06:55Je dirais qu'il avait des qualités
06:57d'explosivité extraordinaires.
07:00C'était un gardien qui était très vite,
07:02qui sortait beaucoup,
07:04qui n'avait pas un gabarit hors normes
07:06mais qui compensait
07:08par énormément de vitalité,
07:10de détente,
07:12de vitesse dans son jeu,
07:14dans les sorties.
07:16Il a perdu sa maman malheureusement très jeune.
07:18Ça lui a forgé une maturité
07:20et une envie de rage
07:22qu'il a transformée en travail
07:24et qui l'a amenée là où il est.
07:26Après, il a une vitesse d'exécution.
07:28Il va très très vite.
07:30Il est grand mais il va très très vite.
07:32Au sol, il va très vite.
07:34Il n'a pas peur.
07:36Ce qu'il a de plus, je pense qu'il est bon.
07:38Simplement qu'il est bon,
07:40qu'il est performant,
07:42qu'il enchaîne les performances,
07:44qu'il est sérieux dans son métier.
07:46C'est un vrai professionnel comme on l'entend.
07:48C'est un exemple.
07:50Je le prends souvent en exemple
07:52pas parce que je l'ai eu personnellement
07:54mais parce qu'il l'a montré depuis
07:56des années que c'était un grand professionnel,
07:58que c'était un perfectionniste
08:00qui ne laisse jamais rien au hasard.
08:02Je me dis
08:04c'est bien que ce soit un gamin comme ça
08:06qui réussit.
08:08C'est le sérieux.
08:10C'est le professionnalisme.
08:12Il a tout compris.
08:14Il savait très bien que si on veut faire
08:16une carrière qui dure
08:18avec pratiquement pas de blessures
08:20et ça demande une hygiène de vie
08:22Hugo est quelqu'un qui ne subit pas sur le terrain.
08:24C'est quelqu'un qui va au devant
08:26du risque,
08:28qui aime bien poser des problèmes à l'adversaire.
08:32Il a un rayon d'action très large.
08:34Il ne se contente pas d'être
08:36que sur sa ligne de but.
08:38C'est un bosseur l'entraînement.
08:40Il veut être en permanence
08:42dans la qualité.
08:44Il s'impose une grosse rigueur,
08:46il s'impose une grosse discipline,
08:48il s'impose une grosse exigence.
08:50Hugo se distingue par ce professionnalisme
08:52et cette exigence
08:54absolue au quotidien
08:56et cette remise en question au quotidien.
09:04C'est un chiffre symbolique.
09:06J'ai connu ça il y a très longtemps.
09:08Ça prouve
09:10sa longévité
09:12mais au très haut niveau.
09:14Quand on passe la barre des 100,
09:16c'est un signe de qualité.
09:19C'est un signe aussi
09:21de détermination et de constance
09:23parce que ça implique
09:25de se remettre en question en permanence.
09:27Hugo était destiné à être
09:29le futur gardien de l'équipe de France.
09:31Après, il faut pouvoir durer
09:33à ce niveau-là.
09:35Entre-temps, il a réussi
09:37à avoir le capitana de l'équipe de France
09:39ce qui n'est pas rien
09:41et je trouve que dans ce rôle-là,
09:43il est d'ailleurs très bon.
09:45Un joueur très haut niveau,
09:47dans la longévité, il y a la performance.
09:49Il faut les deux.
09:51Lui a les deux.
09:53Il fait partie avec
09:55les autres anciens
09:57de cet état d'esprit
09:59et du savoir qu'ils ont.
10:01Il y a des joueurs qui sont capables
10:03de faire des exploits sur une saison
10:05de réaliser des grands matchs
10:07mais pour le faire pendant de nombreuses années
10:09pour atteindre la barre des 100 de sélection
10:11ça demande autre chose.
10:13C'est surtout très mérité.
10:15L'exceptionnel, c'est assez remarquable
10:17et l'exceptionnel, il ne faut pas le banaliser.
10:19Ce que réalise Hugo
10:21en passant ce cap
10:23des 100 sélections
10:25je dirais que
10:27c'est aussi le signe
10:29d'une force.
10:31Qu'il réussisse, je pensais qu'il réussirait
10:33mais aller si loin
10:35je reconnais
10:37que je voulais
10:39mais je n'aurais jamais pensé
10:41qu'il y arriverait.
10:43Les 100 sélections
10:45c'est énorme
10:47parce qu'il y a une régularité
10:49à un haut niveau
10:51une performance à chaque match
10:53qui est sans cesse remise en question
10:55et je dirais
10:57que ces 100 sélections
10:59ont été jusque là de très haut niveau.
11:01Ça me rappelle encore des années
11:03en arrière à Lyon
11:05où je lui avais dit
11:07qu'il battrait le record
11:09difficile à battre de Fabien Barthez
11:12et je lui avais dit
11:14tu battras un jour le record de Fabien.
11:16Tu battras un jour le record de Fabien.
11:18Aujourd'hui il va rentrer
11:20au panthéon des footballeurs français
11:22en passant ce cap
11:24des 100 sélections
11:26je crois que c'est
11:28tout simplement exceptionnel.