• il y a 5 mois
GRAND DÉBAT / Dissolution : après la sidération, place aux recompositions !

« Le récap » par Valérie Brochard

Après le séisme politique provoqué par sa dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron s'est exprimé devant les Français le 12 juin 2024, à l'occasion d'une conférence de presse. Majorité relative dans l'hémicycle, « désordre » provoqué par les députés La France Insoumise, victoire de l'extrême droite aux élections européennes : le chef de l'Etat est notamment revenu sur les raisons qui l'ont poussé à prononcer cette décision. Très critique des alliances « contre nature » formées ces derniers jours à gauche et à droite, il a tendu la main à tous ceux qui refusent les extrêmes, les invitant à rejoindre sa majorité. Emmanuel Macron a également égrené les axes prioritaires sur lesquels il souhaitait avancer après les législatives : autorité républicaine, laïcité, pouvoir d'achat... Avant d'effectuer quelques propositions plus concrètes, telles que l'interdiction du téléphone avant 11 ans ou la généralisation du service national universel d'ici à la rentrée 2026. Cette conférence de presse contribuera-t-elle à rassurer l'électorat d'Emmanuel Macron ?

Invités :
- Michèle Cotta, journaliste et autrice de « Ma cinquième » (Bouquins)
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »
- Thomas Despré, journaliste politique à RTL
- Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'université Panthéon-Assas
« Campagne express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP

L'AFFRANCHI
Thomas Lestavel, journaliste économique indépendant

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00Générique
00:05Bonsoir et bienvenue, nouvelle émission spéciale dans Savour Garde ce soir sur l'onde de choc de la dissolution.
00:12On va commencer par revenir sur Emmanuel Macron qui a lancé sa campagne.
00:17Le chef de l'État s'est exprimé longuement devant la presse.
00:20Il assume totalement sa décision, refuse l'esprit de défaite, appelle aux sursauts et charge les extrêmes.
00:27On prendra le temps de décrypter sa stratégie et ses annonces dans la première partie.
00:32Et puis on va revenir aussi ce soir sur la crise chez les Républicains.
00:36Réunion du bureau politique en plein chaos à droite.
00:39Éric Ciotti a été exclu du parti.
00:42Va-t-il rejoindre l'ERN ?
00:44Grande décryptage.
00:45Quelles conséquences sur les législatives dans cette émission ?
00:48Enfin, gros plan ce soir sur ces électeurs qui ont voté Rassemblement national enraciné en milieu rural.
00:55Le vote RN prospère aussi dans les villes.
00:58Ça s'appelle Parole de français et c'est une nouvelle rubrique reportage à Poissy à découvrir à la fin de cette émission.
01:04Voilà, ça vous regarde 18 jours avant le premier tour.
01:07C'est parti !
01:08Générique
01:20Un pupitre blanc, deux drapeaux français et européens.
01:23C'est dans ce cadre épuré qu'Emmanuel Macron a dévoilé sa stratégie aux législatives à la mi-journée.
01:28La dissolution pleinement assumée.
01:30Il tend la main à tous ceux qui refusent les extrêmes et les alliances contre nature.
01:35Mais peut-il encore convaincre ?
01:37Bonsoir Michel Cotta.
01:39Bonsoir.
01:39Merci d'être notre grand témoin ce soir, une heure en direct avec l'une des plus fines observatrices de la Ve République,
01:45ma cinquième chez Bouquin,
01:47prise des députés du Livre politique il y a quelques mois, en 2024.
01:52Bonsoir Benjamin Morel.
01:53Bonsoir.
01:54Bienvenue, constitutionnaliste, professeur de droit public à l'Université d'Assas.
01:59Bonsoir Richard Verly.
02:00Bonsoir Myriam.
02:00Ravie de vous retrouver, correspondant France-Europe du quotidien Suisse Blic.
02:04Bonsoir Thomas Dépré.
02:06Bonsoir Myriam.
02:06Ravie de vous retrouver aussi dans cette émission.
02:10Journaliste politique à RTL en charge du suivi de l'Elysée.
02:13Et bonsoir Elsa Mondingava.
02:14Bonsoir.
02:15Ma consoeur d'LCP, vous suivez pour la chaîne parlementaire l'exécutif et la majorité présidentielle sortante à l'Assemblée.
02:22Je précise que les trois journalistes que nous avons sur ce plateau étaient présents à la conférence de presse du chef de l'Etat.
02:28Que faut-il en retenir ?
02:30Tout de suite, le récap de Valérie Brochard.
02:42Bonsoir Valérie.
02:43Bonsoir Myriam.
02:44Alors, cette conférence de presse ?
02:45Eh bien, Macron, Emmanuel Macron avait deux objectifs ce matin.
02:50Il est venu rendre des comptes.
02:52Et proposer aussi un plan de bataille pour les législatives.
02:55Alors, le président de la République a donc d'abord commencé par se justifier la dissolution.
03:00Il l'assume.
03:02Une dissolution qui permet seule la clarification des choses.
03:08Parce que nous sommes à un moment où notre pays doit relever nombre de défis
03:12et ne saurait être bloqué par les extrêmes.
03:15Et parce que c'est un acte de confiance dans notre peuple.
03:20Et je peux vous dire, Myriam, que ce qui ressort de cette conférence de presse,
03:23c'est qu'il a la confiance.
03:24Enfin, en tout cas, il la joue malgré les résultats des élections européennes,
03:28malgré les sondages pour les futurs législatifs.
03:31Emmanuel Macron en est convaincu, l'extrême droite ne passera pas.
03:35Vous êtes tout de même des drôles à penser que ce serait forcément l'extrême droite
03:39ou les extrêmes.
03:40Ou alors, vous avez l'esprit de défaite répandu partout.
03:43Si les gens ont peur de cela, le sursaut, c'est pour maintenant.
03:47C'est bien.
03:48Un indécrottable optimiste, rajoutera-t-il, un peu plus tard.
03:52Et vous savez pourquoi ?
03:53Parce que la stratégie du président est simple.
03:55Il cible les deux extrémités de l'échiquier et prévient.
03:59Voter pour le Rassemblement national, c'est le cataclysme assuré.
04:04Si le Rassemblement national venait aux responsabilités,
04:07alors que deviendraient vos retraites ?
04:09Ils ne sauraient pas les financer, donc elles vont baisser.
04:12Si le Rassemblement national venait aux responsabilités,
04:15que deviendraient vos prêts immobiliers ?
04:16Ils vont flamber parce que l'Etat au flamberon.
04:18Si le Rassemblement national venait aux responsabilités,
04:21là vous n'auriez pas de problème à vous poser sur l'ORTF
04:23ou l'audiovisuel public parce qu'ils veulent le massacrer.
04:26Mais Emmanuel Macron le sait,
04:27maintenant s'offre aux électeurs une autre possibilité,
04:30le front populaire qui rassemble les différents partis de gauche,
04:33du Parti socialiste à la France insoumise.
04:36Et là, le président n'a pas de mots assez durs
04:38pour qualifier cette alliance.
04:40Moi j'ai eu une pensée ces 24 dernières heures pour Léon Blum.
04:45Parce que s'il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe
04:47aujourd'hui, c'est Léon Blum,
04:48en pensant qu'on a appelé front populaire
04:53une alliance électorale
04:56qui permettra de donner 300 circonscriptions à LFI.
05:01Et donc à des gens qui ont assumé,
05:04assumé très clairement de ne pas condamner l'antisémitisme.
05:07Alors vous avez compris la technique
05:09et ainsi le Rassemblement national appauvrit la France
05:12et le front populaire est antisémite à cause de LFI.
05:15Mais alors qu'est-ce qu'il reste ?
05:16Eh bien, un bloc central très large.
05:19Je suis convaincu que des sociodémocrates,
05:24des radicaux, des écologistes, des démocrates chrétiens,
05:28des gaullistes et plus largement que beaucoup de nos compatriotes
05:32et de responsables politiques qui ne se reconnaissent pas
05:36dans la fièvre extrémiste,
05:39qui se retrouvent autour de quelques axes clairs
05:43que porte la majorité actuelle.
05:47Peuvent travailler avec ces dirigeants
05:49et bâtir un projet nouveau,
05:52une fédération de projets.
05:54Alors il tend la main et annonce aussi la suspension du processus
05:58avec la nouvelle Calédonie, la révision de la taille des régions.
06:01Il s'est dit ouvert à la discussion concernant la réforme
06:04de l'assurance chômage.
06:06Mais pas de changement de cap ou d'annonce fracassante.
06:08Alors est-ce que tout cela sera suffisant pour convaincre ?
06:11Merci beaucoup. Merci.
06:12C'était parfaitement résumé Valéry Brochard.
06:16Je vais me retourner vers ceux qui y étaient,
06:18parce qu'il y a forcément un ressenti quand on est sur place.
06:21Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?
06:23Est-ce que c'est cette phrase sur le refus de l'esprit de défaite,
06:27Elsa Mondin-Gaffa ?
06:28Oui, il l'a répétée à plusieurs reprises Emmanuel Macron.
06:30Ce sera avec tous les journalistes présents.
06:32On avait tous la même question en tête.
06:33Que se passera-t-il le 7 juillet ?
06:35Si le Rassemblement national a une majorité ?
06:37Est-ce que Jordan Bardella sera à Matignon ?
06:39Et le président de la République l'a dit plusieurs fois,
06:40non à l'esprit de défaite.
06:42Il ne se met pas dans la peau de quelqu'un qui peut perdre.
06:44Il l'a répétée, je pense, trois, quatre fois,
06:46non à cet esprit de défaite.
06:47C'est la méthode Coué ?
06:48C'est quoi ?
06:49Un politique n'imagine jamais la défaite ?
06:51C'est normal ? Il a ça dans le sang ?
06:53Oui, incontestablement.
06:54Il a été, je trouve, pas très bon pendant les deux premiers tiers
06:58de cette conférence de presse,
07:00durant lesquelles il a récité un certain nombre d'orientations
07:03qu'on connaissait déjà.
07:04Et puis est venu le moment du sursaut, à la fin.
07:07Mais un moment très accusateur,
07:08avec ce mot qui revient en permanence dans la bouche d'Emmanuel Macron,
07:12Clarification, ça peut aussi être à son détriment,
07:15il faut bien l'admettre.
07:16En tout cas, c'est ce qu'il demande.
07:17Oui, il appelle ça le précipité en chimie,
07:19selon l'entourage de l'Elysée.
07:21Thomas Després, il y va vraiment pour gagner.
07:24Il dit que ce sont les élites, au fond,
07:26qui ont déjà anticipé sa défaite,
07:28qui ont cet esprit de défaite.
07:30La charge très forte contre les deux blocs,
07:33est-ce que vous pensez que ça s'adresse à une partie de l'électorat
07:38qui peut rallier, qui ne se serait pas déplacée dimanche ?
07:42Est-ce que c'est efficace ?
07:43Quand on écoute Emmanuel Macron,
07:44on a surtout l'impression qu'il ne lui reste plus que ça, en réalité.
07:47Qu'il est arrivé devant les journalistes ce matin
07:50parce qu'il avait promis aux Français qu'il reviendrait cette semaine
07:52et qu'il n'avait rien d'autre à dire,
07:54rien d'autre à apporter, à mettre sur la table,
07:56que finalement ce duel à trois entre lui et les extrêmes droite et gauche.
08:01Est-ce que finalement,
08:02ce n'est pas aussi une manière d'essayer de provoquer un choc,
08:05d'aller chercher les abstentionnistes
08:07qui n'ont pas voté dimanche dernier,
08:09parce qu'il y a quasiment 50 % de la population qui n'est pas allée voter ?
08:13Il y a aussi sans doute cela,
08:14et peut-être aussi une forme de ressort qui est cassée chez Emmanuel Macron,
08:18d'originalité qu'il n'arrive plus à trouver,
08:20parce que le discours qu'il a formulé ce matin,
08:22pendant à peu près une trentaine de minutes,
08:24il aurait pu formuler le même il y a deux ans,
08:27il aurait même pu formuler le même il y a sept ans.
08:29Il n'y a pas grand-chose de nouveau qui a changé,
08:31et je ne sais pas s'il a vraiment pris la mesure
08:33de ce qui s'était passé la semaine dernière.
08:35Pas de mea culpa ? Véritable ?
08:37Est-ce qu'il a suffisamment tiré les leçons de cet échec aux Européennes,
08:42selon vous, Benjamin Morel ?
08:44En fait, c'est un discours qui est une stratégie de repli.
08:46Pour comprendre ce discours, il faut comprendre la stratégie initiale.
08:48On prend tout le monde de cours, et la gauche n'a pas le temps de s'unir.
08:51Résultat, ce que tu as un majoritaire à deux tours,
08:53la plupart des seconds tours vont opposer.
08:54La majo d'un côté, le RN de l'autre.
08:56Le RN est à 30 %, donc la gauche va se mobiliser pour la majorité,
08:59parce qu'attention, le fascisme est aux portes.
09:01Le rempart républicain.
09:02Exactement, sauf que la gauche est en train de s'unir visiblement,
09:04et si vous prenez la dernière enquête, une enquête pour vos confrères des Lab,
09:07elle est largement devant la majorité.
09:09On va la regarder tout à l'heure.
09:10La plupart des seconds tours risquent d'opposer la gauche au RN.
09:14Que devient la majorité dans tout ça ?
09:16Il y a deux arguments que met en avant Emmanuel Macron,
09:18et qu'il espère pouvoir fonctionner.
09:21La lutte contre les extrêmes.
09:22La FI d'un côté, le RN de l'autre.
09:24Essayer de solidifier l'électorat centriste non plus contre le RN,
09:27mais contre les extrêmes de manière générale.
09:29Et ensuite, le côté patrimonial.
09:31Il n'a pas fait d'annonce.
09:32Il a parlé retraite, indexation.
09:34Il a parlé pré-immobilier.
09:35Bref, essayer de réactiver une partie de l'électorat
09:39qui a, en effet, une question patrimoniale chevillée au corps,
09:42et qui a peur et de la FI et du RN.
09:44Vous avez déjà expliqué qu'il y a deux tours,
09:46que c'est un mode de scrutin très spécifique.
09:48Il y a deux places au deuxième tour, et il y a trois blocs.
09:50La participation, ça peut être un critère.
09:52Il peut y avoir trois places.
09:53Il peut y avoir trois places ? Est-ce que vous y croyez ?
09:55Oui.
09:56Ça veut dire qu'il peut y avoir le troisième qui se maintient
09:58au risque de faire passer le RN ?
09:59Alors, ça va être l'une des questions.
10:01Si on veut envisager une hypothèse majorité absolue RN,
10:05pour moi, il y a deux scénarios.
10:06D'abord, en effet, la stratégie du président de la République
10:08peut être considérée comme, d'une certaine façon, dangereuse.
10:10Parce qu'en diabolisant la gauche,
10:12l'électorat centriste, aujourd'hui, est assez poreux avec le RN.
10:15Et donc, celui qui peut être l'arbitre,
10:17si jamais on a beaucoup de duels, c'est l'électeur centriste.
10:19Et l'électeur centriste, s'il se penche du côté du RN ou s'abtient,
10:22il peut y avoir une majorité absolue RN.
10:24Attendez, juste pour bien comprendre,
10:25l'électeur centriste préférait le RN à la gauche,
10:29c'est forcément quelque chose encore d'évident.
10:31Quand vous regardez, aujourd'hui,
10:33notamment les élections législatives de 2022,
10:37quand vous regardez les orientations idéologiques
10:39de l'électorat de centre droit,
10:41ce sera plus du RN que de la France insoumise.
10:44Donc, il y a un jeu.
10:45Et, probablement, Mélenchon fait-il plus peur à l'électorat centriste
10:47que Jordan Bardella, aujourd'hui.
10:49Le deuxième élément, c'est qu'on a une surmobilisation.
10:52Si on a une surmobilisation, il y aura beaucoup de triangulaires.
10:54Le RN est quand même devant, pour l'instant.
10:56Donc, les triangulaires devraient quand même profiter,
10:59sauf accord de désistement entre la gauche et la majorité,
11:01plutôt au RN.
11:03Vous allez très vite en besogne.
11:05On va avancer.
11:06C'est très important, parce que je pense que les Français
11:08doivent se réapproprier le mode de scrutin.
11:11Ce n'est pas du tout la même chose qu'une élection européenne.
11:13Votre regard, Michel Cotta ?
11:15Déjà, j'aimerais le connaître sur la dissolution.
11:17Je ne vous ai pas entendu vous exprimer depuis.
11:19Écoutez-moi, je trouve que c'était le seul moyen.
11:22Je trouve que la dissolution était le seul moyen
11:25d'effectivement faire une clarification.
11:27Je pense que pas si tôt, évidemment.
11:29En trois semaines, les gens n'ont sans doute pas le temps.
11:31Sur une vague comme ça, c'est difficile de dissoudre.
11:34Mais sinon, la France était franchement ingouvernable.
11:37Qu'est-ce qu'aurait fait...
11:38Des textes arrivaient quand même à être votés à l'Assemblée.
11:40Oui, bien sûr.
11:41Dans un climat, on imagine le climat.
11:44La presse aurait été la première à titrer
11:46« Est-ce qu'il y a une légitimité pour Macron ? »
11:49Donc, moi, je suis assez d'accord avec la dissolution.
11:52Je ne l'imaginais pas.
11:54Mais je pense qu'effectivement, elle est très hasardeuse
11:57parce qu'elle est très rapide et que généralement,
11:59quand on dissout sur une victoire,
12:01c'est plus facile que quand on dissout sur une défaite.
12:03Oui, bien sûr.
12:04Cet appel au sursaut, est-ce que vous pensez
12:06qu'il a encore une chance d'être entendu ?
12:08C'est sa seule carte.
12:09Qu'est-ce qu'il peut avoir ?
12:10Moi ou le chaos ?
12:12Oui, c'est... Non, moi ou les extrêmes.
12:14Alors, peut-être si vous préférez les extrêmes,
12:16vous allez à l'extrême.
12:17Mais voilà, c'est la seule carte qu'il a en main maintenant.
12:20Et il a quand même...
12:22C'est là-dessus.
12:23Il a la carte du deuxième tour.
12:25Parce que c'est là où on verra
12:27s'il y a encore, du côté du centre,
12:29un réflexe un tout petit peu hostile aux RN
12:33en disant qu'ils ne servent pas à gérer,
12:35qu'ils ne sont pas compétents, etc.
12:37Et s'ils préféreront, alors, effectivement,
12:40se rapprocher des Républicains,
12:43enfin, des élus,
12:45dans l'arc républicain.
12:47Vous partez tous sur les scénarios
12:49parce qu'on est tous obsédés par l'idée
12:51qu'il va se passer le jour d'après.
12:53Parlons encore un peu d'Emmanuel Macron.
12:55Thomas Després, vous le suivez.
12:57Il a dit qu'il ne ferait pas campagne.
12:59Est-ce qu'on peut le croire ?
13:01Non. On l'a vu, d'ailleurs, ce matin.
13:03Il va, à tout moyen, essayer de s'impliquer
13:05dans cette campagne, même si,
13:07quand on échange avec des cadres de sa majorité,
13:09avec des ministres, quand on écoute
13:11les proches de François Bayrou, par exemple.
13:13François Bayrou a conseillé au président
13:15de se mettre le plus en retrait possible
13:17de cette campagne.
13:18Parce que le président, il faut imaginer,
13:20il a des rejets autour de lui.
13:22Les députés qui font campagne en ce moment,
13:24ils l'ont bien compris, on voit des députés,
13:26y compris des ministres proches de lui.
13:28La ministre marseillaise, Sabrina Agresti-Roubach,
13:30qui a commencé sa campagne à Marseille,
13:32elle ne met même pas ni le nom ni la photo
13:34du président de la République sur ses affiches.
13:36Ce matin, interrogé à la radio...
13:38Ca, il a pris la mesure, le président,
13:40du rejet qu'il suscite ?
13:42Je pense qu'il n'a pas pris cette mesure-là.
13:44Parce qu'en plus, dans son entourage,
13:46il est quand même mis dans une forme de bulle.
13:48Et il n'a pas compris.
13:50Pour vous donner un exemple, pour poursuivre,
13:52la présidente de l'Assemblée, Yael Brown-Pivet,
13:54ce matin, elle est interrogée à la radio.
13:56Trois fois, elle refuse de dire si elle mettra
13:58le nom du président de la République.
14:00Imaginez, il y a sept ans,
14:03on disait que, je cite,
14:05n'importe quel chèvre avec la photo d'Emmanuel Macron
14:07à côté pouvait être élu député.
14:09C'est presque l'inverse aujourd'hui.
14:11Il est devenu le problème et plus la solution.
14:14Oui, et ce qu'il a proposé
14:16est le seul argument, outre moi et le chaos,
14:18c'est l'argument économique,
14:20sur lequel il est revenu à plusieurs reprises.
14:22En gros, chers Français,
14:24le Rassemblement national va vider votre porte-monnaie.
14:26C'est ça que ça voulait dire.
14:28Sauf que c'est pas si simple.
14:30D'abord, parce qu'on va très vite lui rappeler
14:32que, durant ses deux mandats,
14:34il a largement endetté la France.
14:36Alors, cet argent est arrivé dans les poches des Français,
14:38mais le pays est endetté et fragile,
14:40on l'a vu avec la dégradation récente
14:42de Standard & Poor's.
14:44Quand vous regardez au niveau européen,
14:46c'est une question que je voulais poser,
14:48mais j'ai pas eu le micro.
14:50Quand vous regardez les pays européens
14:52qui sont dirigés aujourd'hui
14:54par des alliances d'extrême droite,
14:56économiquement, ils ne vont pas mal.
14:58Il faut avoir l'objectivité de le regarder.
15:00L'Italie de Madame Mélanie,
15:02la situation ne s'est pas aggravée,
15:04même si elle profite beaucoup des fonds européens.
15:06Mais ça ne s'est pas aggravé.
15:08Les Hollandais qui sont députés
15:10de grands pragmatiques,
15:12qui ont été gouvernés par l'extrême droite,
15:14la Pologne a des résultats économiques
15:16très impressionnants.
15:18Cette équation,
15:20selon lequel l'extrême droite
15:22mènerait à la ruine économique,
15:24j'ai peur qu'elle ne soit pas tout à fait juste
15:26au niveau européen, je ne parle pas de la France.
15:28Je voudrais qu'on s'arrête sur cette main tendue,
15:30ce qu'il appelle la fédération de projets.
15:32Elsa Mondingava,
15:34à qui il s'adresse précisément,
15:36on a retenu cet extrait,
15:38et on le commente juste après,
15:40c'est Emmanuel Macron qui tend la main
15:42aux électeurs de gauche, principalement.
15:44Accélérer la transition énergétique,
15:46garantir l'unité du pays
15:48en luttant contre toutes les forces de haine,
15:50rejeter la brutalisation du débat public
15:52et, dès l'Ukraine,
15:54bâtir l'Europe.
15:56Voilà, ce sont les conditions
15:58qu'il pose pour élargir le bloc central
16:00et même ouvrir son projet.
16:02À qui s'adresse-t-il ?
16:04Raphaël Glucksmann, lui,
16:06l'avait donné 5 conditions,
16:08soutien à l'Union européenne, soutien à l'Ukraine,
16:10accélération de la transition écologique,
16:12rejet de la brutalisation des débats.
16:14Donc là, on est 100%
16:16sur le même plan
16:18qu'Emmanuel Macron.
16:20La seule différence, c'est que Raphaël Glucksmann,
16:22il voulait revenir sur la réforme des retraites
16:24et celle de l'assurance-chômage.
16:26Alors, sur la réforme des retraites,
16:28Emmanuel Macron ne reviendra pas dessus.
16:30Sur l'assurance-chômage, il a dit que ce n'était pas intangible.
16:32Donc on voit clairement que la main tendue,
16:34elle est à ces électeurs de Raphaël Glucksmann
16:36dans une alliance sans Mélenchon.
16:38Là, on voit que le Front populaire est avec les Insoumis.
16:40Et clairement, il y a une main tendue
16:42à ces électeurs de gauche.
16:44Il a même cité nommément des députés.
16:46Il l'a dit plusieurs fois.
16:48Jérôme Guedj, le socialiste Jérôme Guedj.
16:50Il a été cité, il a dit
16:52ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette alliance,
16:54ceux qui ne se reconnaissent pas avec les Insoumis,
16:56qu'il a traités de communautarisme, d'antisémitisme,
16:58d'antiparlementarisme.
17:00Donc il y a vraiment cette main tendue aux électeurs socialistes.
17:02C'est un peu de la combination,
17:04mais pour bien comprendre,
17:06il y a des députés aujourd'hui
17:08qui font partie de ce nouveau Front populaire,
17:10qui partent en campagne à gauche.
17:12Est-ce qu'Elsa, il pourrait décider
17:14de décrocher ?
17:16C'est-à-dire peut-être quand ?
17:18Après l'élection ? Avant l'élection ?
17:20Est-ce qu'il y a des contacts ?
17:22On pense à Jérôme Guedj ici à l'Assemblée,
17:24nos téléspectateurs le connaissent,
17:26la vice-présidente aussi de l'Assemblée,
17:28qui est très critique sur Mélenchon, Valérie Rabault.
17:30Est-ce qu'il y a déjà des tentatives
17:32sur ce programme ?
17:34Je pense qu'en tout cas, il y a une liste de députés
17:36socialistes et écologistes
17:38que la majorité considère comme
17:40ayant un rejet pour Jean-Luc Mélenchon.
17:42Alors après, attention, c'est des députés
17:44qui ont été très critiques à l'égard d'Emmanuel Macron.
17:46Donc maintenant, ce qui va être vu,
17:48c'est comment le Parti
17:50Renaissance arrive
17:52justement à négocier avec eux,
17:54à faire qu'il n'ait pas à se renier,
17:56parce que très souvent avant, il fallait prendre l'étiquette
17:58Renaissance, il fallait dire je ne suis plus un républicain,
18:00je ne suis pas un socialiste, je viens derrière vos couleurs.
18:02Là, Emmanuel Macron, il voit bien qu'il ne peut pas imposer
18:04de telles conditions. Donc Emmanuel Macron,
18:06ce qui a été aussi très important, il n'a pas arrêté
18:08de dire on verra avant et après la campagne,
18:10comme si on pouvait négocier
18:12aujourd'hui, mais aussi après le dépôt de liste,
18:14et puis pourquoi pas...
18:16Il enrichit le projet avant et après.
18:18Pourquoi pas même après les élections.
18:20Donc c'est vrai qu'on a l'impression que la porte,
18:22elle est ouverte, il y a plein de combinations possibles.
18:24Benjamin Morel, oui, pardon, Thomas Lepré.
18:26Ce qu'on a l'impression de comprendre surtout dans son entourage,
18:28c'est qu'il y a un premier, un deuxième tour,
18:30et puis un troisième tour derrière, de voir finalement,
18:32une fois qu'on aura la photographie de la nouvelle Assemblée,
18:34qu'est-ce qu'on peut faire avec ce que
18:36l'Assemblée va donner au Président.
18:38Est-ce qu'à ce moment-là, on va pouvoir aller chercher
18:40un député, comme Jérôme Gaëtge,
18:42si on prend son exemple,
18:44est-ce qu'il préférera donner les clés de Matignon
18:46à Jordan Bardella, ou finalement
18:48accepter d'aller voter un certain nombre
18:50de réformes avec Emmanuel Macron,
18:52qui permettrait d'avoir
18:54un Premier ministre modéré ou qui appartient
18:56moins fort que Républicain ?
18:58C'est finalement ce qu'espère son entourage,
19:00que tout se joue dans un troisième tour.
19:02D'habitude, c'était Jean-Luc Mélenchon
19:04qui utilisait cette expression de troisième tour,
19:06de quatrième tour, là, on a l'impression
19:08que ça va être un élément de langage qu'on va avoir
19:10dans les prochains jours, qu'il y aura les votes,
19:12et ensuite, on se mettra d'accord.
19:14On n'est pas du tout dans la culture allemande
19:16d'une proposition de contrat de coalition
19:18où on mettrait des gens autour d'une table
19:20pour définir dix grandes réformes
19:22et se dire, sur ces dix-là,
19:24on gouverne ensemble. Ça ressemble ou pas ?
19:26Notre Constitution de la Vème République,
19:28elle a été pensée et construite pour gérer
19:30des majorités relatives.
19:32Parce qu'avant 1962,
19:34il n'y a pas de majorité absolue en France, jamais.
19:36Pourtant, le scrutin majoritaire à deux tours,
19:38il date du Second Empire, c'est le scrutin majoritaire
19:40sous la Troisième République.
19:42Notre Constitution, à la tête de Debré,
19:44elle a été faite pour gérer ce qui s'est passé de 2022 à aujourd'hui.
19:46On ne sait pas gérer l'absence de majorité.
19:48Et en cas d'absence de majorité,
19:50la seule façon de faire, c'est en effet
19:52de construire des coalitions en Allemagne,
19:54voire même, s'il n'y a aucun gouvernement possible,
19:56d'envisager des gouvernements techniques à l'italienne.
19:58Dans tous les cas, il y a en effet
20:00deux, trois tours pour Emmanuel Macron.
20:02L'électorat de gauche, il est poreux.
20:04On l'a vu en 2022, l'électorat de centre-gauche
20:06est capable de voter Jean-Luc Mélenchon
20:08parce que c'est un électorat qui a une forte identité politique.
20:10Il ne va pas rejoindre la majorité
20:12si la gauche est unie. Ça, c'est fini.
20:14Il a peut-être pensé les premiers jours,
20:16mais l'union de la gauche rend ce scénario
20:18complètement caduque. En revanche,
20:20si demain, il n'y a pas de majorité,
20:22il va falloir en effet s'adresser à ses députés.
20:24Et là, pour le coup,
20:26il peut y avoir un jeu.
20:28S'il n'y a pas de majorité absolue, vous voulez dire, pour le RN ?
20:30Pour le RN ou pour quelqu'un d'autre.
20:32A priori, aujourd'hui, le seul, et c'est le point,
20:34qui pourrait envisager d'avoir
20:36une majorité absolue au vu des premières enquêtes,
20:38c'est le RN. La majorité, de toute façon,
20:40ne sera pas dans une meilleure situation
20:42demain qu'elle ne l'était il y a quelques jours.
20:44Elle aura probablement moins de députés.
20:46Donc, il va falloir aller en chercher ailleurs.
20:48Ce ne seront pas des alliés fiables,
20:50mais ils permettront peut-être, en s'abstenant
20:52ou en votant, de faire tenir des gouvernements.
20:54Oui. Alors, est-ce que ça peut marcher ?
20:56Je vais vous poser la question. Cette fédération
20:58de projets négociés avant
21:00et après l'élection. Écoutez
21:02la réponse des premiers intéressés.
21:04Elsa, vous avez posé la question
21:06à un socialiste, Arthur Delaporte,
21:08et à un républicain, Xavier Bertrand.
21:12La droite républicaine, la droite de résistance,
21:14est une droite indépendante.
21:16On ne voulait quand même pas aller
21:18avec celles et ceux qui nous ont mis dans ces difficultés-là.
21:20On ne voulait pas aller avec celles et ceux
21:22qui ont provoqué, justement, l'explosion des extrêmes,
21:24la montée des extrêmes,
21:26en créant autant de désespoir dans le pays.
21:28La seule voie pour nous, c'est l'indépendance. La seule.
21:30Vous ne prenez pas la main tendue
21:32par le Président. Non, mais je vais vous dire une chose.
21:34Nous, ce qu'on fait, aujourd'hui,
21:36c'est de proposer nos idées et d'être fermes
21:38sur nos valeurs. Il y a toutes les différences
21:40et je pense que ça fera la différence.
21:42Le Président de la République, il n'est pas
21:44en capacité de dire
21:46« Venez derrière moi sur mes conditions ».
21:48Aujourd'hui, la dynamique,
21:50elle est au rassemblement de la gauche
21:52au front populaire que nous sommes en train de construire.
21:54Donc, je ne vois pas d'alternative
21:56et je ne vois pas comment certains
21:58seraient assez suicidaires pour le rejoindre
22:00parce que s'accoler avec
22:02la Macronie, c'est finalement subir
22:04aussi le saut du rejet
22:06d'Emmanuel Macron qui a été exprimé dimanche dernier.
22:08Voilà, la porte, elle est fermée.
22:10Des deux côtés de cet arc républicain,
22:12on va dire les modérés de droite
22:14comme les modérés de gauche,
22:16saignent.
22:18Moi, j'ai plus d'interrogations
22:20sur l'union de la gauche, franchement.
22:22C'est-à-dire, je vois bien qu'il y a
22:24une union de la gauche. Ils l'ont fait très vite
22:26alors qu'on se disait hier soir, dimanche soir,
22:28ils n'y arriveront jamais, ils n'y arriveront pas.
22:30Je vois bien que le front populaire est né
22:32mais je suis persuadée que du côté
22:34des électeurs de Glucksmann,
22:36on se dit, quelque part,
22:38on a été eu parce que c'est nous,
22:40c'est gros, c'est vrai que c'est Glucksmann
22:42qui a fait la campagne, c'est lui qui arrive
22:44dans une très bonne position,
22:46presque, enfin, jouxtant,
22:48presque.
22:50Elle est réagie à autour de 14%.
22:52C'est quand même important.
22:54Je ne sais pas du tout si le rassemblement
22:56de la gauche est aussi solide
22:58que vous le pensez.
23:00C'est-à-dire,
23:02est-ce que des gens peuvent être décrochables ?
23:04Je ne comprends même pas.
23:06Il y a Gevges, bien sûr,
23:08par exemple.
23:10Est-ce que quelqu'un comme Cazeneuve
23:12va faire quelque chose ?
23:14On voit quand même
23:16que cette expérience
23:18Glucksmann
23:20a quand même apporté du nouveau
23:22dans les insoumis.
23:24Je ne suis pas sûre que la détestation
23:26de Mélenchon
23:28soit oubliée
23:30et oubliée de cette partie-là.
23:32Où Mélenchon fait comme Macron,
23:34on demande la démacronisation
23:36du scrutin.
23:38On peut demander la démélenchonisation
23:40du scrutin, mais c'est vrai
23:42que ça pose un problème, sûrement,
23:44aux modérés de gauche et même aux socialistes.
23:46Quand on regarde les investitures
23:48du Front populaire,
23:50on les connaît depuis ce soir,
23:52la répartition des circonscriptions
23:54au sein des forces de gauche.
23:56On va voir le panneau.
23:58Je crois que c'est 230 circonscriptions
24:00pour la France insoumise,
24:02279 pour le Parti socialiste,
24:0492 pour les écologistes
24:06et 50 pour les communistes.
24:08C'est le dindon de la farce,
24:10Raphaël Glucksmann.
24:12Pas tant que ça.
24:14Vous trouvez que c'est suffisant ?
24:16Il est largement au-dessus
24:18de Manon Aubry aux européennes.
24:20Il y a deux choses à considérer.
24:22D'abord, la gauche, en 2022,
24:24fait moins de voix qu'en 2017.
24:26Elle a beaucoup plus de députés.
24:28Pourquoi ? Parce que l'Union.
24:30Les députés de gauche qui ont un sens aigu de la survie
24:32savent que s'il n'y a pas d'Union, ils sont morts.
24:34Ce faisant, le Front populaire
24:36est pour eux une nécessité vitale
24:38de n'obtenir le programme.
24:40L'important, c'est la répartition
24:42des circos.
24:44Cette répartition des circos est fondée
24:46en partie sur ce qui s'est passé en 2022.
24:48Le score qu'on connaît
24:50catastrophique d'Anne Hidalgo.
24:52On négocie à l'époque, en 2022,
24:54sur la base des résultats de la présidentielle.
24:56La FI est largement prédominante.
24:58Sur les circos restantes,
25:00il n'y a plus de députés.
25:02La FI est socialiste.
25:04Les circos sont gagnables par la suite.
25:06Les chiffres sont
25:08beaucoup plus rééquilibrés en faveur du PS
25:10que ce qui était le cas
25:12en 2022. Il y a un rééquilibrage.
25:14Quant à Raphaël Glucksmann,
25:16je rappelle qu'il n'est pas socialiste.
25:18Il est place publique. Ce faisant,
25:20il n'a pas d'influence dans le parti.
25:22Il n'a pas d'influence dans cette négociation.
25:24C'est essentiellement les députés.
25:26Sur les deux gauches y réconciliables,
25:28c'est peut-être vrai du point de vue des personnalités politiques.
25:30Ce n'est pas du tout vrai du point de vue des électeurs.
25:32L'électorat, à gauche, est très fluide.
25:34Comme il est très fluide,
25:36dès le moment où il pense qu'il y a une victoire possible de la gauche,
25:38il passe de Jean-Luc Mélenchon à Raphaël Glucksmann.
25:40On voit que là-dessus,
25:42il n'y a pas de tabou de son côté pour aller d'un côté ou de l'autre.
25:44Vous êtes exactement en face, d'une certaine façon,
25:46avec Marine Tondelier qui se félicitait
25:48que pendant que les autres se déchirent,
25:50la gauche s'unit.
25:52La seule force
25:54d'opposition, d'alternance,
25:56je dirais, possible aujourd'hui,
25:58c'est le Front populaire qui est en train de se construire ici à l'étage.
26:00Pendant que la Macronie agonise,
26:02pendant que la droite
26:04explose, nous sommes en train
26:06de construire une équipe solide
26:08avec un projet solide,
26:10des valeurs solides aussi, c'est important dans le contexte,
26:12des repères aussi historiques
26:14et nous sommes surtout en train de travailler
26:16à faire vivre l'espoir.
26:18Richard Verlis, comment vous regardez
26:20cette réunification de la gauche ?
26:22La nouvelle version de l'ANUP avait duré
26:24un an et demi, deux ans ?
26:26Elle est plus durable ?
26:28C'est cette surprise d'un accord qui a été très vite négocié,
26:30très vite obtenu.
26:32Michel Cotta le disait, ça prouve qu'il y a une dynamique,
26:34ça prouve qu'il y a une vraie volonté
26:36précisément basée sur les réalités électorales
26:38que Benjamin vient de donner.
26:40Et l'élément dynamique, qui est un élément,
26:42je dirais, positif,
26:44ça, c'est une autre difficulté. Emmanuel Macron,
26:46il est plutôt bon quand il accuse,
26:48mais accuser, c'est pas positif.
26:50Il est dans une contradiction.
26:52Parfois, il dit, je suis un irréductible optimiste,
26:54mais il ne fait qu'accuser.
26:56Il ne fait qu'être lui-même dans le négatif,
26:58quelque part. Donc, moi, je trouve
27:00que cet élan à gauche, alors après ce qu'il va
27:02subsister au-delà des élections,
27:04c'est une autre affaire. La réalité,
27:06c'est que si le nombre de députés de gauche fait la différence
27:08et que ces députés de gauche ne veulent pas
27:10aller chez Macron dans leur ensemble,
27:12il a un vrai problème, le président de la République.
27:14En coulisses, qu'est-ce qu'ils disent, les socialistes,
27:16et se sentent, entre guillemets,
27:18bien servis par ces investitures ?
27:20Est-ce que cette union les enthousiasme ?
27:22Je pense que pour chaque fois qu'il y a des investitures,
27:24tout le monde en veut plus, mais comme disait
27:26Benjamin Morel, il y a quand même eu un rééquilibrage.
27:28Effectivement, on n'a pas calqué les résultats
27:30des européennes pour découper encore
27:32ces circonscriptions, mais en fait,
27:34le danger de l'extrême droite,
27:36c'est aussi un moteur d'union
27:38de la gauche. Il se retrouve quand même
27:40dans ce danger-là,
27:42et même s'il y a eu énormément
27:44de divisions, des mots même très durs
27:46entre les uns et les autres, on voit même que
27:48des personnalités politiques, socialistes
27:50qui avaient été très opposées
27:52à la nupe saison 1, la disent
27:54oui, mais là, l'union, le front
27:56populaire, il est absolument indispensable.
27:58Donc, évidemment, après,
28:00on verra comment ça se passe une fois les élections
28:02passées, c'est sûr que les
28:04divisions d'avant
28:06perdureront, évidemment,
28:08par la suite, mais en tout cas, c'est vrai
28:10qu'il n'y a pas vraiment de députés
28:12qui nous disent, allez, moi, je vais plutôt aller
28:14chez Macron, parce que vraiment, je ne supporte
28:16plus les insoumis. Vous disiez,
28:18effectivement, peut-être qu'ils souhaitent tous que Jean-Luc Mélenchon
28:20soit le plus discret possible. On va quand même
28:22surveiller, parce qu'il est invité d'un 20h ce soir.
28:24Je pense que... Moi, j'ai eu des députés socialistes
28:26qui étaient quand même très inquiets de sa prise de parole.
28:28Si tout le monde se respecte,
28:30si on reste sur un ton qui est
28:32quand même assez correct entre les uns et les autres,
28:34ce front populaire peut tenir,
28:36en tout cas, pour l'instant, ils ont l'air très motivés
28:38à l'idée de le faire tenir. On est d'accord qu'ils
28:40s'allisent avant de savoir sur quoi ? C'est comme ça ?
28:42Ça vous sent pas un peu étrange ?
28:44Ils s'allisent sur les circonscriptions,
28:46c'est évident.
28:48C'est le moteur, aussi.
28:50C'est le moteur.
28:52On peut s'en étonner, malgré tout.
28:54Cette dissolution, quand même, sur certains aspects,
28:56elle ressemble à celle de 1997, même si celle de 1997
28:58était plus rationnelle. Chirac pense
29:00qu'il n'y aura pas d'union de la gauche, que la gauche est dans les choux
29:02et il a besoin de purger les baladuriens de sa majorité.
29:04Il dissout et les sondages
29:06lui donnent raison. C'est la différence avec Emmanuel Macron.
29:08En revanche, ensuite, la gauche s'unit
29:10et, tout d'un coup, renverse la vapeur.
29:12Il va bien savoir, quand même,
29:14une position sur l'Ukraine, notamment,
29:16sur le soutien.
29:18Il s'accorde sur le programme de la gauche plurielle
29:20sur un coin de table. Il n'a même pas vraiment
29:22pour objectif d'être appliqué, ce programme,
29:24parce que ça se fait très rapidement. Là, c'est un peu la même chose.
29:26Le programme est secondaire. L'important, c'est
29:28peut-être pas de gagner, mais au moins de sauver
29:30les meubles à ces législatives et ça peut le faire
29:32augmenter le nombre de circonscriptions.
29:34Le programme, on verra ensuite.
29:36S'il tentait qu'il devait être majoritaire
29:38à l'Assemblée nationale demain, en effet,
29:40ce qui aura été négocié sera l'objet
29:42probablement d'une renégociation
29:44et de grandes prises de tête,
29:46mais ils n'en sont pas là.
29:48Ce qui est très intéressant dans cette période politique,
29:50c'est peut-être le seul point positif
29:52dans l'action, dans le discours
29:54d'Emmanuel Macron de dimanche soir, c'est de dire
29:56qu'il souhaitait une clarification politique.
29:58Là, effectivement, on a une vraie clarification politique
30:00depuis dimanche. On a un pôle de droite
30:02dont on va se parler, qui est en train
30:04de reconstituer et puis la gauche
30:06qui, finalement, réussit à s'unir.
30:08On disait
30:10« la poutre travaille encore », c'était une expression
30:12qu'utilisait l'entourage d'Edouard Philippe pour parler
30:14de la décomposition de la droite. Maintenant,
30:16on a des solutions très claires, à droite,
30:18à gauche et au centre, et finalement,
30:20il n'existe pas grand-chose d'autre en dehors de ces trois...
30:22On parle de la droite dans un tout petit instant,
30:24effectivement.
30:26Et on verra les premières projections,
30:28les sondages montrent clairement
30:30sa force politique en troisième position.
30:32Pour clore le chapitre, Emmanuel Macron,
30:34vous qui suivez cette campagne,
30:36vous avez des infos coulisses,
30:38qui va la porter ? Est-ce que le Premier ministre
30:40sera en première ligne ? Les ministres ?
30:42Oui, le Premier ministre sera en première ligne.
30:44Il l'a dit d'ailleurs ce matin, c'est lui qui va mener
30:46en tant que chef de file. Il n'a pas été jusqu'à dire
30:48Emmanuel Macron que Gabriel Attal serait
30:50son Premier ministre en cas de victoire de son camp.
30:52Mais c'est ce qu'on comprend, en tout cas,
30:54quand on discute avec son entourage.
30:56Le Premier ministre qui va être candidat, qui va aller soutenir
30:58des candidats, et puis Emmanuel Macron
31:00qui va devoir aussi gérer avec l'international
31:02parce que dès demain, il est attendu
31:04en Italie pour le sommet du G7.
31:06Ensuite, il va aller en Suisse pour un sommet
31:08de soutien à l'Ukraine qui a lieu,
31:10Richard, je crois, samedi.
31:12Il y a lieu le 15 et le 16, dans la foulée du G7.
31:14Donc il y a beaucoup de rendez-vous internationaux
31:16qui vont jalouer cette campagne.
31:18Ça tombe bien, finalement, ça va peut-être le maintenir
31:20à distance.
31:22Allez, on ouvre à présent la page
31:24consacrée aux Républicains.
31:26Quelle folle journée, les Républicains
31:28qui ont renoué avec le psychodrame,
31:30comme ils savent faire.
31:32C'est en campagne express, Stéphanie Despierres,
31:34qu'on accueille tout de suite.
31:40Avec un jingle qui tarde à partir,
31:42mais il est bien là, et on est en direct.
31:44Bonsoir, Stéphanie.
31:46Que s'est-il passé aujourd'hui
31:48pour les Républicains ?
31:50Ça commence un peu avant midi.
31:52Les portes du siège, les Républicains,
31:54dans le 7e arrondissement de Paris,
31:56face à l'Assemblée nationale, se referment
31:58sous les yeux incrédules des salariés des partis
32:00qui sont en face. Le président, Éric Ciotti,
32:02a en fait décidé de fermer le bâtiment,
32:04de les mettre tous en télétravail.
32:06Alors, officiellement, c'est à cause
32:08de menaces. Les salariés
32:10ne reviennent pas écouter.
32:12C'est dans la droite ligne de ce qui se passe
32:14depuis 48 heures. On a l'impression de vivre
32:16dans une mauvaise série canale.
32:18Aujourd'hui, Éric Ciotti est seul.
32:20Les élus ne le soutiennent pas.
32:22Les permanents du siège ne le soutiennent pas.
32:24La majorité de nos militants non plus.
32:26Depuis l'annonce hier
32:28d'une alliance LR-RN par Éric Ciotti,
32:30l'ambiance est surréaliste
32:32chez les Républicains. Elle rappelle les pires heures
32:34de la guerre Copé-Fillon en 2012.
32:36Mais cette fois, c'est seul contre tous.
32:38La pression est maximale sur Éric Ciotti.
32:40Tous les ténors de la droite
32:42réclament sa démission. Et en début
32:44d'après-midi, ils tiennent un bureau politique,
32:46vous allez le voir, pas au siège du parti,
32:48car aucune salle n'est assez grande
32:50pour accueillir tous les élus, mais à
32:52quelques rues de d'ici. On voit
32:54Laurent Wauquiez, Gérard Larcher,
32:56François-Xavier Bellamy, Annie Gennevard, Valérie Pécresse.
32:58Bref, ils sont tous là.
33:00Et deux heures plus tard, le verdict est radical.
33:02Menant des négociations
33:04secrètes, sans
33:06concertation avec notre famille politique
33:08et ses militants, Éric
33:10Ciotti est en rupture totale
33:12avec les statuts et la ligne
33:14portée par les Républicains.
33:16Il est exclu ce jour des Républicains.
33:18Face à l'impuissance dans laquelle
33:20le en même temps a mené ce pays,
33:22face au saut dans l'inconnu que représente
33:24le Rassemblement national,
33:26il y aura besoin, demain, à l'Assemblée nationale
33:28de la stabilité que peut
33:30apporter cette droite républicaine indépendante.
33:32Alors immédiatement,
33:34Éric Ciotti conteste cette expulsion.
33:36Il dit qu'elle est illégale,
33:38il dit, il dit, il dit, je suis
33:40président et je le reste. Et pendant
33:42cette fameuse réunion, il a envoyé un mail
33:44en forme de pétition à des dizaines d'adhérents
33:46pour leur demander de soutenir le
33:48Rassemblement des droites qu'il prône.
33:50Il y aurait eu 10 000 signatures en quelques
33:52heures, selon son entourage, et ce soir,
33:54sur CNews, il défend son alliance
33:56sur le fond.
33:58J'ai voulu, oui,
34:00donner un coup de pied dans la fourmilière,
34:02casser les tabous du politiquement
34:04correct tel qu'on les a vus
34:06avec une extraordinaire caricature
34:08cet après-midi,
34:10avec ce cénacle
34:12allé de
34:14chapeau à plume tellement
34:16déconnecté de la réalité
34:18du pays. La gauche s'unit
34:20et pourquoi la droite ne pourrait-elle
34:22pas le faire ?
34:24Alors, on a ouvert cette chronique avec une porte qui se
34:26ferme, on va donc fermer cette chronique avec
34:28une porte qui s'ouvre, vous l'aurez compris,
34:30celle du siège des Républicains.
34:32Annie Genevard, quelques minutes après le
34:34bureau politique, nouvellement
34:36codirigeante du parti,
34:38elle avait un doute de clé dans sa poche, donc
34:40elle a rouvert la porte du siège.
34:42Elle a l'air dure à ouvrir.
34:44Il faut pousser chez les Républicains.
34:46Il n'avait pas complètement barricadé le siège des Républicains, mais c'était un peu dur.
34:48Elle a eu l'aide d'Aurélien Pradié, le député
34:50du Lot et de Daniel Fasquel, le
34:52trésorier du parti.
34:53Merci beaucoup, merci.
34:55Excellente chronique, Stéphanie Despierres.
34:57Alors, la droite, qu'est-ce qui peut se
34:59passer ? Éric Ciotti
35:01conteste très clairement cette exclusion
35:03qui ne serait pas légale
35:05selon les statuts. Est-ce qu'il
35:07peut rester ? Est-ce qu'il doit
35:09partir, rallier le RN ? Comment vous voyez
35:11la suite ?
35:12Effectivement, apparemment, il y a une bataille
35:14juridique, puisque peut-être
35:16le bureau national n'avait pas le droit
35:18de l'exclure, et en même temps,
35:20lui, avait-il le droit de mener un
35:22accord sans en avertir personne ?
35:24Donc, évidemment, il y aura une clarification
35:26aussi, la clarification politique,
35:28elle a été là, il y aura une clarification sur le parti,
35:30sur les statuts, mais c'est vrai qu'à droite,
35:32autant on aurait peut-être, une fiction
35:34aurait pu écrire un rapprochement de la droite
35:36avec le RN, mais ce qui s'est passé
35:38aujourd'hui, avec un président
35:40claque-mûré, des députés
35:42qui menacent de saisir le GIGN
35:44pour le... Enfin, c'était quand même
35:46soit grotesque,
35:48soit, enfin, inimaginable
35:50en fait, comme image. Donc, effectivement,
35:52les Républicains, ceux qui ne sont
35:54pas d'accord avec Éric Ciottier, disaient
35:56mais quelle image, quelle image on est
35:58en train de montrer ? C'est vrai qu'après ça,
36:00retourner faire campagne avec ce qui s'est passé
36:02dans son parti, ça va quand même être
36:04très compliqué pour eux.
36:06Oui, d'autant que je rappelle qu'il y a un enseignement
36:08des élections européennes, c'est la formidable
36:10victoire de la CDU en Allemagne.
36:12C'est-à-dire un parti conservateur qui s'est clairement
36:14distancé de l'extrême droite, qui n'a jamais
36:16transigé, et qui maintenant a réussi
36:18à revenir à 30% des suffrages.
36:20Le rêve pour la droite française.
36:22Cette stratégie de l'indépendance, pour reprendre le terme
36:24de Xavier Bertrand, dans un pays comme
36:26l'Allemagne, système complètement différent,
36:28elle a payé la CDU et de retour.
36:30Il n'y a pas eu d'Emmanuel Macron qui a
36:32dynamité la CDU et le SPD
36:34en Allemagne. Benjamin Morel, n'empêche
36:36qu'il y a des statuts, et puis la démocratie,
36:38elle passe aussi par les partis.
36:40Les militants, ce n'est pas à eux de trancher
36:42s'il doit partir ou pas ?
36:44Il va y avoir une bataille juridique. Le problème, c'est que le temps juridique
36:46n'est pas le temps politique en la matière.
36:48Il va falloir saisir, parce que là, on arrive,
36:50les statuts étant ce qu'ils sont, on va probablement arriver
36:52devant un juge pour voir au regard
36:54du droit des associations qui a raison et qui a tort.
36:56En effet, le bureau politique
36:58ne peut pas en lui-même
37:00déjà être réuni comme il l'a été
37:02et ensuite, bien,
37:04destituer le président. En même temps,
37:06le président a remis en cause un certain nombre
37:08d'éléments relatifs aux statuts,
37:10notamment sur le cordon sanitaire qui devrait
37:12être maintenu avec le RN.
37:14Qui a raison, qui a tort,
37:16ce sera au juge de le dire.
37:18Si jamais vous voulez destituer et réélire un président,
37:20théoriquement, il faut consulter la base militante.
37:22Cette base militante,
37:24c'est un mystère, mais elle n'est pas forcément
37:26anti-Fioti sur ce sujet-là.
37:28On a une radicalisation de la base.
37:30Si le vote avait lieu, c'est Fioti qui l'emporterait ?
37:32Ce n'est pas impossible. Souvenez-vous qu'Éric Fioti, en 2021,
37:34disait qu'entre Zemmour et Emmanuel Macron,
37:36c'était avant qu'il soit porté à la tête de LR.
37:38Il a été porté par cette base militante.
37:40Donc, il ne faut pas penser là-dessus
37:42qu'il y a Éric Fioti contre le reste du monde.
37:44C'est plus compliqué. En revanche, ce qui est vrai,
37:46c'est que la vraie force de LR aujourd'hui,
37:48ce qui en fait un grand parti,
37:50ce n'est pas tant son nombre de députés,
37:52d'ailleurs, il n'existe plus comme député,
37:54mais ses élus locaux.
37:56Et les élus locaux sont élus avec un jeu
37:58de participation différentielle où il y a beaucoup d'abstention,
38:00essentiellement par un électorat centriste.
38:02Ces élus locaux, une alliance avec le RN,
38:04signifierait pour eux un hara-kiri.
38:06Donc, par définition, la structure même du parti
38:08ne peut pas choisir
38:10de suivre Éric Fioti sur cette voie-là.
38:12C'est parti de cadre
38:14versus parti des bases militantes.
38:16C'est bien pour ça qu'ils sont voués à la division
38:18jusqu'à l'extrême moment, puisqu'on voit bien
38:20que certains sont élus, peuvent être élus
38:22avec le report des voix
38:24Front National, si jamais
38:26ils sont devant, et d'autres
38:28sont élus avec la gauche démocratique.
38:30Donc, c'est vrai que
38:32dans le fief
38:34de M. Fioti,
38:36on comprend qu'il ait fait ce choix.
38:38Je trouve qu'il l'a fait d'une manière
38:40hallucinante,
38:42parce que
38:44que les Républicains présentent ce spectacle
38:46aujourd'hui, c'est grotesque.
38:48C'est surtout pas à la hauteur
38:50de l'enjeu,
38:52et on retiendra ça.
38:54Quand j'entends
38:56Xavier Bertrand dire
38:58qu'on va être indépendants, oui,
39:00on est indépendants, mais ils n'ont pas du tout
39:02la majorité, y compris
39:04pas aux Européennes.
39:06Les conséquences possibles sur la recomposition ?
39:08Pour rebondir sur ce que dit M. Le Cotat,
39:10quand on regarde le résultat à Nice,
39:12ce qui est quand même la priorité principale
39:14d'Éric Fioti, être réélu à Nice
39:16et potentiellement devenir maire de Nice
39:18à la place de Christian Astrozy. Quand on regarde
39:20les résultats des Européennes, Jordan Bardella
39:22à Nice, il fait 32%.
39:24Là où la liste des LR,
39:26François-Xavier Bellamy, fait 8%.
39:28Effectivement, quand il regarde son couloir,
39:30Eric Fioti, s'il ne veut pas être balayé
39:32lors des élections dans trois semaines,
39:34il était obligé de faire cette alliance.
39:36Sinon, il aurait selon toute vraisemblance
39:38été battu. Après, est-ce que
39:40l'enjeu personnel
39:42doit amener à vendre son parti
39:44et à dissoudre son parti
39:46dans un autre ?
39:48C'est là la question, et c'est ce que lui reprochent
39:50les cadres des Républicains.
39:52Il y a la question des militants qui manifestement
39:54seraient plutôt avec Fioti.
39:56Il peut...
39:58En gros, les militants sont divisés.
40:00Cette enquête,
40:02qu'est-ce qu'on lui donne comme crédit ?
40:04Les militants sont souvent plus radicaux
40:06que les sympathisants. Encore une fois,
40:08il a été élu
40:10à la tête des Républicains en ayant ces positions-là.
40:12Il faut voir qu'il y a quand même une porosité.
40:14Prenez par exemple la position
40:16du chef, du président
40:18des Jeunes LR, Guillaume Carayon, qui a soutenu Eric Fioti.
40:20Il est probablement plus à l'image
40:22aujourd'hui de la base militante,
40:24qu'une grande partie
40:26des élus locaux sont plus loin...
40:28Il faut rappeler qu'Eric Fioti et Guillaume Carayon
40:30ont été élus par une base militante.
40:32Surtout si on retient quand même
40:34les priorités. Je veux bien que ce soit
40:36un vote sanction.
40:38On voit bien que c'est un vote sanction, le vote électoral.
40:40Mais quand même,
40:42la sécurité, il y a eu beaucoup d'importance.
40:44Alors ça, je n'ai pas trouvé l'écho
40:46de cette préoccupation-là dans ce qu'a dit
40:48le président ce matin.
40:50La sécurité, niveau de vie,
40:52pouvoir d'achat à la rigueur,
40:54la sécurité, tout le monde en a parlé
40:56pendant ce vote.
40:58Il a parlé d'autorité, de fermeté,
41:00de lutte contre les trafics de drogue.
41:02Il a cité la sécurité.
41:04C'est vrai qu'il y a quand même,
41:06à mon avis,
41:08je suis niçoise, donc je connais particulièrement
41:10la circonscription, mais en tout cas,
41:12dans cette circonscription-là,
41:14il y a plus de 50% de sympathisants
41:16qui, effectivement, demandent plus de sécurité.
41:18Et ça, le président n'a pas du tout
41:20joué... Il n'a pas du tout fait
41:22la moindre ouverture de ce côté-là
41:24pour essayer de se rallier, donc,
41:26la gauche social-démocrate. Je ne suis pas sûre
41:28que ce soit un... Là, pour le coup,
41:30c'est un vrai pari.
41:32On va regarder les premières projections
41:34qu'on a. Alors, il faut être prudent.
41:36C'est des estimations en nombre de sièges.
41:38Il faut être extrêmement prudent
41:40avec ces premiers
41:42sondages, et là,
41:44pour BFM TV,
41:46ce serait de loin, le RN,
41:48en force, mais pas majoritaire
41:50absolue, puisque
41:52c'est la barre des 289 qui ne serait pas
41:54franchie, entre 220
41:56et 270 sièges pour le
41:58RN, entre 150
42:00et 190 pour
42:02l'Alliance de gauche, entre 90
42:04et 130 pour Renaissance,
42:06entre 30 et 40
42:08pour les Républicains.
42:10Quand on voit ça,
42:12on se dit que les jeux sont
42:14quasiment faits, non ? En tout cas,
42:16selon les dynamiques
42:18depuis dimanche,
42:20il y a quand même, quand on regarde les étiages
42:22sur la fourchette basse,
42:24une avance large
42:26du parti de Marine Le Pen.
42:28Une avance très large. Il faut le rappeler,
42:30les élections législatives, c'est vraiment
42:32577 élections. Il faudra voir
42:34qui part sur la ligne de départ, les candidats
42:36jusqu'à dimanche, pour déposer leur liste.
42:38Il y a quand même, effectivement,
42:40en fonction des villes, en fonction
42:42de la ruralité, à chaque circonscription,
42:44qui est quand même très particulière. C'est pour ça qu'il faut faire attention
42:46aux projections. Mais effectivement,
42:48et on voit quand même aussi une résistance
42:50du Front populaire, qui est quand même
42:52assez haut, qui gagnerait
42:54des sièges par rapport à la NUP
42:56en 2022, puisqu'ils ont 150.
42:58Là, on parle de
43:00150 à 190. Après,
43:02on va scruter. LR, 30 à 40.
43:04Mais est-ce que potentiellement, certains
43:06pourraient se rallier un petit peu du côté
43:08de la majorité, notamment pour ne pas avoir
43:10de candidats de la majorité ? On le sait,
43:12beaucoup ont gagné leur poste face à un candidat
43:14du RN. Là, pour le coup, s'ils n'ont pas
43:16candidat de la majorité sur la ligne de départ,
43:18ça peut les aider. Mais surtout,
43:20moi, ce qui me marque, c'est, je me dis,
43:22le président de la République a justifié
43:24cette dissolution parce qu'il y avait un blocage
43:26à l'Assemblée. Voilà.
43:28Et bien là...
43:30Voilà. Ce profil
43:32n'est pas débloqué complètement.
43:34Le politologue Jérôme Fourquet a écrit un article
43:36dans Marianne s'intitulant
43:38L'Assemblée sera paralysée.
43:40Est-ce que c'est ce que vous craignez ?
43:42S'il n'y a pas de majorité, on va faire des scénarios
43:44et il faut être prudent, mais s'il n'y a pas de majorité,
43:46nous allons vers une Assemblée
43:48totalement ingouvernable. De majorité
43:50absolue, au terme du
43:52deuxième tour des législatives.
43:54L'absence de majorité absolue, c'est pas si grave.
43:56Encore une fois, majorité relative, on connaît ça
43:58sous la Ve République, on a connu ça sous Rocard,
44:00on a connu ça ces deux dernières années. Mais les deux autres blocs
44:02votent contre tout ?
44:04Si jamais vous avez une majorité relative
44:06et que certains groupes acceptent de s'abstenir,
44:08les deux dernières années LR,
44:10sous Rocard, les communistes et parfois les centristes,
44:12ça tient.
44:14Donc vous pensez que LR ou une partie d'LR,
44:16il faudra voir les étiages,
44:18pourraient continuer à jouer les arbitres sur la ligne Ciotti ?
44:20Là, c'est pas suffisant.
44:22Là, c'est plus suffisant.
44:24Le côté assidu-ratuel de cette dissolution,
44:26c'était suffisant, ça ne l'est plus.
44:28Le scénario du pire
44:30en termes de gouvernabilité, ce serait une majorité
44:32absolue du RN et de l'AFI.
44:34Ils ne gouverneront pas ensemble.
44:36Ceux qui sont opposés passeraient.
44:38Et à ce moment-là, qu'est-ce que vous faites ?
44:40La seule solution, je l'évoquais tout à l'heure,
44:42ça peut être un gouvernement technique à l'italienne.
44:44Vous nommez un Mario Monti
44:46qui fait l'unanimité du RN
44:48à l'AFI pour ne pas faire grand-chose,
44:50pour expédier les affaires courantes
44:52pendant un an, d'ici une nouvelle
44:54dissolution, voire pendant deux ans
44:56avant une prochaine présidentielle
44:58et vous croisez les doigts pour que le pays ne s'enflamme pas.
45:00Donc ça risque d'être beaucoup plus difficile
45:02en termes de gouvernance si jamais,
45:04en effet, ce scénario s'avère et actuellement
45:06c'est quand même peut-être le plus probable.
45:08C'est le plus probable, un pays bloqué,
45:10une réforme à l'arrêt.
45:12Le blocage sera finalement la moins pire des options
45:14pour Emmanuel Macron parce que si le pays est bloqué,
45:16ça veut dire en réalité que ni
45:18l'extrême droite ne parvient à envoyer Jordan Bardella
45:20ni le bloc de gauche ne parvient
45:22à envoyer quelqu'un d'autre.
45:24Le blocage, c'est la seule solution
45:26que peut réussir à arracher Emmanuel Macron
45:28parce qu'il sait très bien qu'il ne reprendra pas de majorité,
45:30qu'il n'aura pas plus de députés qu'aujourd'hui,
45:32ça n'arrivera pas, il n'y a aucune projection
45:34qui le dit et je pense que lui-même n'y croit pas.
45:36Donc en réalité, cette solution-là
45:38sera la moins pire
45:40des situations sachant que de toute manière
45:42l'Assemblée qui reviendra sera peut-être
45:44clarifiée dans un certain aspect
45:46mais encore plus difficile et encore plus bloquée
45:48qu'elle ne l'était ces dernières années.
45:50Il y a une multitude de questions institutionnelles qui se posent.
45:52Je trouve que la confiance de Benjamin dans la possibilité
45:54d'un gouvernement technique est un peu, à mon avis,
45:56optimiste parce que n'oublions pas
45:58que l'exemple que vous prenez, Benjamin,
46:00celui de l'Italie, ça s'est fait sous la pression
46:02de la crise de la dette. Mario Monti
46:04n'aurait jamais été président du Conseil en Italie
46:06si l'Italie n'avait pas été
46:08littéralement asphyxiée
46:10durant les années de la crise de la dette.
46:12Ce n'est pas un peu notre situation quand même ?
46:14On n'en est pas là.
46:16Et de toute manière, par ailleurs,
46:18je ne crois pas qu'Emmanuel Macron
46:20a envie d'un Premier ministre technique
46:22dont l'aura pourrait dépasser la sienne.
46:24Il n'aura pas de choix.
46:26Premier ministre technique en France,
46:28dans le système français.
46:30Il nomme Gabriel Attal,
46:32il est renversé en une semaine.
46:34Il nomme Jordan Bardella, il est renversé en une semaine.
46:36Il nomme Mathilde Panot, elle est renversée en une semaine.
46:38Et s'il était obligé de partir ?
46:40Soit vous n'avez pas de gouvernement du tout.
46:42Soit vous n'avez pas de gouvernement du tout.
46:44Mais ça, personne ne peut le forcer à le faire.
46:46Historiquement, il y a deux façons
46:48de faire partir un chef de l'Etat.
46:50Soit vous rejetez tous les budgets.
46:52C'est soit le chaos économique,
46:54soit le départ du chef de l'Etat,
46:56soit vous rejetez tous les gouvernements.
46:58Auquel cas, c'est soit le chaos politique,
47:00soit la démission du chef de l'Etat.
47:02Sauf que le RN ne va pas jouer le jeu du pire,
47:04parce qu'ils n'ont pas intérêt
47:06dans leur stratégie de notabilisation
47:08de faire tomber Emmanuel Macron.
47:10De même, d'ailleurs, que la gauche.
47:12Sauf si Emmanuel Macron, par volonté
47:14de trancher l'affaire,
47:16décide de s'en aller,
47:18je ne vois personne qui pourrait le forcer
47:20demain à démissionner.
47:22On parle toujours d'Emmanuel Macron.
47:24Il n'est pas candidat la prochaine fois.
47:26C'est-à-dire que deux ans,
47:28deux ans sous une assemblée,
47:30effectivement,
47:32sous un pouvoir modéré
47:34et juridique,
47:36en quelque sorte,
47:38pour eux, ça arrange beaucoup de monde.
47:40Ca arrange en tout cas les Républicains indiens,
47:42qui ont le temps de se faire une personnalité.
47:44Parce que quand je vois
47:46Wauquiez participer
47:48à l'élan contre
47:50Sioty, je me dis qu'il n'y a pas tellement longtemps,
47:52si Sioty disait, mon candidat, c'est Wauquiez.
47:54Donc ça va être...
47:56Comment vous la voyez, cette cohabitation ?
47:58Vous avez chroniqué largement
48:00plusieurs périodes de cohabitation.
48:02On peut avoir une paralysie.
48:04Chirac, ça s'est posé.
48:06Chirac est passé
48:08par ordonnance alors que
48:10Mitterrand refusait ses premiers
48:12projets. Il est passé
48:14par ordonnance. Il s'est posé la question.
48:16Je crois que tout le monde autour de lui s'est posé la question.
48:18Est-ce qu'on a intérêt à renverser tout de suite
48:20Mitterrand ?
48:22Chirac a reculé devant
48:24cette perspective.
48:26Ce n'est pas impossible que quelqu'un
48:28arrivant recule en disant
48:30celui-là, on sait qui s'en va, on a le temps de se préparer.
48:32C'est la meilleure des solutions.
48:34Je voudrais qu'on termine.
48:36C'est vrai qu'il y avait une question intéressante
48:38puisque dans la conférence de presse, on a bien compris
48:40qu'Emmanuel Macron ne voulait pas se projeter
48:42dans une majorité du Rassemblement national,
48:44mais quand on parlait du Premier ministre, il a bien dit
48:46en fonction des forces politiques
48:48de cette Chambre,
48:50des équilibres,
48:52le président de la République
48:54aura à choisir un Premier ministre,
48:56ce n'est jamais les formations politiques qui le dictent.
48:58C'est vrai que cette phrase est un peu
49:00énigmatique, il dit à la fois qu'on ne peut pas
49:02lui imposer...
49:04C'est les députés qui le refusent.
49:06En tout cas, c'est vrai que par équilibre politique,
49:08qu'entend-il ?
49:10Peut-être ce fameux troisième tour en disant
49:12allez, au moins, est-ce qu'on ne peut pas se mettre d'accord
49:14pour dire je vous nomme un Premier ministre,
49:16celui-ci, vous me promettez
49:18que vous ne déposez pas
49:20une motion de censure pour le faire tomber.
49:22C'est vrai qu'au 7 juillet, on n'aura vraiment pas
49:24toutes les réponses.
49:26On va parler à présent du Rassemblement national
49:28et d'une nouvelle rubrique
49:30qu'on va poursuivre chaque jour jusqu'au
49:327 juillet, Parole de français,
49:34un reportage chaque soir sur le terrain,
49:36gros plan ce soir sur les électeurs du RN
49:38qui ont voté Jordan Barnella dimanche soir,
49:40certains pour la première fois.
49:42Marco Pommier et Yvan Hanavion
49:44se sont rendus à Poissy.
49:46Reportage.
50:14Les OQTF qui ne sont pas
50:16appliqués, Macron avait dit
50:18100%, on en est loin
50:20des 100%.
50:22Lui, il est européen,
50:24il a un petit peu
50:26oublié la France, c'est dommage.
50:28Qu'est-ce qui vous pousse du coup
50:30à vouloir aller vers le Rassemblement national ?
50:32Pour changer un peu, pour voir ce qu'ils vont donner,
50:34peut-être qu'ils seront meilleurs
50:36ou pareils que les autres,
50:38mais ils ne peuvent pas être pires.
50:40Moi, je vous dis, moi, ma génération, même les jeunes,
50:42on a peur. Les gamins de 14,
50:4415 ans qui se font trucider dans la rue
50:46gratuitement, non. Moi, j'étais jeune,
50:48j'allais au bal, j'allais me promener,
50:50je me promenais en mini-jupe, j'ai jamais été agressée,
50:52les garçons étaient sympas, c'était pas la vie
50:54d'aujourd'hui. Le Rassemblement national
50:56peut vous apporter cette sécurité. J'espère
50:58qu'ils vont faire le ménage dans ce qui se passe.
51:00Moi, j'ai 85 ans, alors vous savez,
51:02j'ai connu la droite, la gauche, les entre-deux.
51:04Autre moteur de ce vote RN,
51:06le pouvoir d'achat. C'est vrai qu'on nous a
51:08fait des promesses jusqu'à maintenant qui n'ont
51:10toujours été tenues. Moi, entre autres,
51:12je prends mon cas personnel où je suis
51:14à la retraite. Quand on voit
51:16l'augmentation de la vie et qu'on voit les retraites
51:18actuellement,
51:20moi, j'y arrive pas.
51:22J'ai 300 euros pour finir
51:24le mois. Une fois que j'ai tout payé,
51:26voilà. Vous avez été déçue
51:28par Emmanuel Macron ? Ah oui.
51:30Oui, oui. Déçue par
51:32Emmanuel Macron, Jordan
51:34Bardella, je ne sais pas s'il fera mieux.
51:36Jordan Bardella, Marine Le Pen,
51:38des visages de l'extrême-droite
51:40dédiabolisés, ils ne font
51:42plus peur. Il n'y a pas de danger pour moi.
51:44On verra bien, mais pour moi,
51:46il n'y a pas de danger pour le monde.
51:48Marine Le Pen, c'est super.
51:50Dimanche dernier, à Poissy, le RN a obtenu
51:52plus de 2200 voix.
51:54C'est 700 de plus qu'aux Européennes
51:56de 2019.
51:58Richard Verly, vous qui êtes souvent
52:00sur le terrain, vous en avez rencontré beaucoup
52:02des électeurs du RN.
52:04Il s'est complètement
52:06banalisé. C'est devenu
52:08vraiment un vote d'adhésion. On est en face
52:10d'un parti populiste un peu comme
52:12un autre en Europe aujourd'hui. Je ne crois pas que ce soit
52:14un vote d'adhésion. Ce qu'on vient de voir à l'instant, c'est
52:16quand même pas tout à fait de l'adhésion. Il y a
52:18beaucoup de colère ou sinon de
52:20sentiments de frustration, d'insatisfaction.
52:22Mais l'insatisfaction,
52:24c'est quand même quelque chose de
52:26dominant. Et puis, il y a une dynamique
52:28que là, j'ai vu très clairement lors de mes
52:30derniers reportages. Les interlocuteurs de
52:32Marco étaient plutôt âgés, mais si vous allez voir
52:34les jeunes, il y a incontestablement un effet Bardella.
52:36Il y a une génération Bardella
52:38qui fonctionne, qui attire,
52:40qui, je dirais, qui plaît.
52:42Et si vous agrégez les deux, c'est-à-dire
52:44les insatisfactions généralisées dans beaucoup
52:46de domaines et ce phénomène Bardella,
52:48c'est vrai que ça conduit à la normalisation.
52:50Après toute la question, après la conférence
52:52de presse d'aujourd'hui, c'est est-ce que
52:54le focus que le président a décidé de faire
52:56sur, je dirais, le portefeuille
52:58des Français va marcher ? Parce que le portefeuille,
53:00c'est pas la même chose que le pouvoir d'achat.
53:02Le portefeuille, ça s'adresse aux épargneurs.
53:04Ça s'adresse aux gens qui ont des économies
53:06et qui voudraient les préserver.
53:08Et aux retraités. Eh bien, on va voir si ça marche.
53:10Le problème, c'est que pour beaucoup de gens,
53:12l'épargne a fondu ces derniers temps
53:14et donc, que reste-t-il à défendre pour la
53:16catégorie d'électeurs susceptibles de voter pour le Rassemblement ?
53:18Thomas Desprez. Ce qui est intéressant, quand on regarde
53:20les mots qu'emploie Emmanuel Macron,
53:22il n'est plus, vis-à-vis du Rassemblement national,
53:24sur des arguments moraux. C'est-à-dire
53:26qu'il n'attaque plus les électeurs du RN
53:28en disant un parti
53:30d'héritier de Pétain ou autre. Il ne le fait pas.
53:32Ce qu'il fait davantage sur la gauche, en citant
53:34notamment Léon Blum et l'Héritage,
53:36là, il ne le fait pas sur le Rassemblement national,
53:38comme si finalement, ça y est,
53:40il ne fallait plus attaquer l'histoire du RN,
53:42mais il fallait vraiment aller chercher les électeurs
53:44pour aller les décrocher. Ce qu'il ne fait pas sur la gauche,
53:46ce qui est assez intéressant de voir,
53:48c'est qu'en fait, il est finalement plus dur sur
53:50l'alliance politique à gauche
53:52que sur ce qu'il fait sur le Rassemblement national.
53:54Et j'ajoute juste à ça, pour
53:56ceux qui nous regardent, qu'aujourd'hui,
53:58c'est une autre, on va dire,
54:00onde de choc de la déstabilisation.
54:02Marion Maréchal a décidé, au fond,
54:04de revenir dans sa famille politique
54:06d'origine, puisqu'elle refuse, au fond,
54:08la stratégie d'Éric Zemmour et Sarah Knafo
54:10de déposer des candidats dans toutes
54:12les circonscriptions, et au contraire,
54:14elle fait une offre de service, ce soir,
54:16pour rejoindre ce qu'elle appelle la coalition
54:18des droites. Un dernier mot avant d'accueillir
54:20notre chroniqueur Thomas Lestavelle.
54:22C'est un point extrêmement important, et il faut revenir là-dessus,
54:24sur les résultats des européennes. Le vrai fait de ces élections
54:26européennes pour le RN, c'est pas tant le niveau 30,
54:2831, 32, OK, très bien, c'est la diversification
54:30de l'électorat. Avant, il y avait
54:32deux électorats à droite. Électorat,
54:34catégorie populaire, non diplômée,
54:36RN. CSP+,
54:38retraités, LR. Ça explique également
54:40la décision de Ciotti. Aujourd'hui, c'est plus le cas.
54:42Le RN performe chez les retraités,
54:44chez les CSP+, etc.
54:46Donc, à partir de là, si Emmanuel Macron veut
54:48tenter de décrocher ce nouvel électorat
54:50RN qui, aujourd'hui, compte,
54:52il faut, en effet, lui parler patrimoine. Et ça,
54:54la stratégie du RN de
54:56trianguler, et dans les classes populaires,
54:58où il faut parler sociale, retraite à 60 ans,
55:00et dans ces catégories patrimoniales,
55:02est assez incohérente et difficile
55:04à mener. Et là, en effet, il y a un point de faiblesse
55:06sur lequel il tente d'appuyer le chef de l'Etat.
55:08C'est passionnant. Je veux jouer à la fois là-dessus et à la fois
55:10sur... Ils sont incompétents. En gros,
55:12ils seront incompétents pour gérer votre fortune.
55:14Donc, ça va de pair avec
55:16ce que vous dites, évidemment. Il y a
55:18une stratégie, quand même, là-dedans,
55:20pour décrocher le RN.
55:22Il faut mettre en miroir toute la stratégie du RN,
55:24montrer qu'ils sont capables.
55:26Vous êtes d'excellents experts, mais vous allez voir,
55:28on garde quelques minutes pour vous faire réagir
55:30à l'excellente chronique de Thomas Lestavelle,
55:32un affranchi ce soir, un parti pris.
55:44Bonsoir, Thomas. Bonsoir.
55:46Thomas Lestavelle, vous allez nous parler
55:48de ce dont on ne parle plus du tout,
55:50les JO. Les JO,
55:52dans six semaines, exactement,
55:54et évidemment, les élections viennent
55:56perturber les préparatifs.
55:58Effectivement, Myriam. Alors, je ne vais pas
56:00dramatiser sur l'organisation proprement
56:02dite. A priori, pas de panique.
56:04Le ministre des Sports, certes, va
56:06probablement changer d'ici le 26 juillet,
56:08mais la préparation, elle a commencé il y a
56:10sept ans et on est entré dans ce qu'on appelle
56:12la mise en œuvre opérationnelle. Les grosses
56:14décisions, elles ont été prises et maintenant, on déroule
56:16le plan. D'ailleurs, le président du CIO,
56:18de même que Tony Estanguet, qui est
56:20le président du comité d'organisation des
56:22Jeux de Paris, ont tous les deux
56:24tenu des propos rassurants sur l'impact
56:26des élections, quelle que soit la couleur politique.
56:28Mais il y a quand même 2-3 points d'alerte,
56:30apparemment. Mais quand même 2-3 points d'alerte.
56:32Alors, je commence par le plus simple. Du point de vue budgétaire,
56:34déjà, il y a encore quelques ajustements.
56:36Alors, ces derniers jours, on a eu des débats
56:38sur, par exemple, le cachet de Céline Dion,
56:40ou de manière un peu moins anecdotique, la rallonge
56:42d'une trentaine de millions d'euros pour les
56:44Jeux paralympiques. Entre nous, ça, c'est
56:46une paille par rapport au budget total des Jeux.
56:48Et on voit mal, pardon,
56:50pourquoi un nouveau gouvernement irait
56:52rogner là-dedans, quelle que soit sa couleur politique.
56:54La vraie préoccupation, c'est plutôt au niveau de la sécurité.
56:56Alors, il y avait ce
56:58choix de la cérémonie inaugurale
57:00en milieu ouvert, sur la scène,
57:02qui avait déjà été contesté par les syndicats de policiers
57:04et par la plupart des oppositions,
57:06dont l'ERN, et avec
57:08comme contre-solution
57:10de faire ça dans un lieu fermé,
57:12comme le Stade de France. Mais là, il est trop tard
57:14pour changer le format, donc a priori, ça ne changera pas.
57:16Et le problème, c'est qu'on va y ajouter
57:18des contraintes et des sources
57:20de fatigue supplémentaires pour les policiers,
57:22puisqu'il va falloir sécuriser les bureaux de vote.
57:24Et puis, il va falloir gérer les
57:26nombreuses manifestations prévisibles
57:28avant le scrutin, pendant, peut-être aussi
57:30après. Et puis, dans le scénario
57:32du pire, gérer, entre guillemets,
57:34un embrasement des quartiers, comme on a
57:36connu l'an dernier. Et là, je cite
57:38le délégué national du syndicat Alliance Police Nationale,
57:40Eric Henry.
57:42Et puis, dernier élément,
57:44Gérald Darmanin, qui va probablement passer la main
57:46à son successeur, qui va devoir prendre le relais
57:48en un temps record, et ça, ça crée forcément
57:50aussi de l'instabilité.
57:52On a aussi une image en tête,
57:54si c'est Jordane Bardella à Matignon,
57:56Emmanuel Macron va devoir assister aux cérémonies
57:58d'ouverture à ses côtés.
58:00C'est ça. Et si on regarde, par exemple,
58:02à Sochi, il y avait une quarantaine de chefs d'Etat,
58:04peut-être que là, il y en aura encore davantage.
58:06C'est vrai qu'en termes d'image et de soft power
58:08français, Emmanuel Macron,
58:10Jordane Bardella, sur la scène avec les chefs d'Etat,
58:12c'est une image,
58:14enfin, c'est un aveu d'échec,
58:16entre guillemets, pour un président qui avait fait
58:18de la cause européenne un marqueur de sa politique.
58:20Et de quoi,
58:22justement, amuser la Russie et la Chine,
58:24entre autres. Et au passage,
58:26mais ça, ça se verra pas à la télé,
58:28c'est vrai que ce couple de l'exécutif risque
58:30de déclencher à chacune de ces interventions
58:32les sifflets et les huées du peuple français.
58:34Bien ! La bande de choc,
58:36elle se propage partout. On n'a pas fini
58:38de voir les tectoniques
58:40des plaques jusqu'au JO.
58:42Le grand vertige, on pourrait appeler ça.
58:44Merci, merci beaucoup pour vos éclairages.
58:46J'espère que, derrière le poste,
58:48vous êtes aussi mieux éclairés.
58:50Ce soir, on va continuer comme ça jusqu'au
58:52deuxième tour, de faire des émissions
58:54spéciales pour essayer de déplier
58:56toutes les conséquences de ce coup de tonnerre
58:58de la dissolution présidentielle. Merci à vous,
59:00Michel Cotta, de nous avoir accompagnés.
59:02Très belle soirée documentaire, Jean-Pierre Gracien.
59:04A demain.
59:06...

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