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00:00Je ne sais pas si les gens sont au courant de ça, je ne sais pas si je l'ai déjà dit
00:12en fait.
00:13Je devais rentrer à Clafontaine et le football c'était ok, mais pas l'école.
00:20J'étais un peu tête en l'air à l'école et je faisais seulement ce que j'aimais.
00:25J'avais toujours le « peut mieux faire, s'il est un peu plus impliqué, il peut
00:32faire », le truc que les parents n'aiment pas, puisque ça veut dire que tu ne fais
00:35pas d'efforts.
00:36Et donc en fait, j'ai failli ne pas rentrer à Clafontaine, une place qui s'est libérée
00:42et ils m'ont pris.
00:43Mais c'était à cause de l'école, pas du foot.
00:46Mais non, blague à part, c'est comme ça que j'ai commencé à être aussi plus sérieux
00:54au niveau de l'école.
00:55Et c'est pour ça que quand on parle de Clafontaine ou de l'INF, souvent on parle de foot.
00:59Et ça m'a souvent énervé quand on parlait de Clafontaine en mâle, surtout au niveau
01:05de l'école.
01:06Parce que moi, ça m'a, surtout Monsieur Dussault et tout ce qui s'est passé après,
01:14ça m'a remis sur le droit chemin au niveau de l'école.
01:25Clafontaine, c'est l'Institut National du Football.
01:28T'es supposé à apprendre le football, à jouer au foot.
01:32Il y a une différence entre faire du foot et jouer au foot.
01:38Jouer, la compréhension du jeu, le dribble, l'espace.
01:43Jouer un deux contre un, attendre, fixer, la donner au bon moment.
01:50Tout ça, à un moment donné, il y avait trop d'informations, trop d'infos.
01:54Des infos, bien sûr, qui étaient super importantes et qui m'ont donné un avantage sur le reste
02:01de ma carrière.
02:02Monsieur Francisco, Monsieur Damiano, que j'ai eus d'abord, et Monsieur Dussault
02:10ont développé mon cerveau.
02:11Et j'avais une base, j'allais vite, c'était tout.
02:17Mais à un moment donné, développer le cerveau d'un petit tôt, tu te rends compte plus
02:26tard quand t'arrives dans les centres de formation que t'as un avantage.
02:28Après, oui, j'étais un peu moins costaud.
02:32J'étais déjà grand, mais j'étais frêle.
02:35On n'allait pas à la gym, mais on répétait les gammes, comme un grand pianiste.
02:42Tous les matins, il se lève et il répète les gammes.
02:44Tant que tu ne sais pas centrer, tu vas centrer.
02:45Tant que tu ne sais pas faire un 2 contre 1, tu vas faire un 2 contre 1.
02:48Quand le thème de la séance était 2 contre 1, l'échauffement, il est déjà 2 contre
02:521.
02:53Et c'était trois mois de 2 contre 1.
02:56J'étais programmé à comprendre le jeu.
02:58Et donc, jouer au foot, pas faire du foot.
03:02Jouer, vraiment.
03:03C'est pour ça que j'insiste sur le jouer.
03:05Quand tu as un coach comme Monsieur Damiano, j'irai toujours Monsieur Damiano, Monsieur
03:11Rousseau et Monsieur Francisco Filho.
03:14Et aussi, bien sûr, Monsieur Merrel que je n'ai pas eu, mais il était là.
03:19Je peux parler de ceux que j'ai vus.
03:21La façon dont… Les entraînements de Monsieur Damiano.
03:27Les entraînements de Monsieur Damiano, c'était toujours pointilleux, extraordinaire dans
03:35la compréhension et aussi dans la joie.
03:37Super important.
03:38Après, j'ai eu un coach comme Francisco Filho qui nous a challengé.
03:45J'avais des thèmes des fois, et pas que moi, d'autres joueurs avaient des thèmes.
03:48Comme je n'allais que vite, et je n'allais que vite, dribbler, mon dribble, c'était
03:53pousser la balle et c'est tout.
03:54Voilà, ça s'arrêtait là, j'allais plus vite.
03:56Donc, à un moment donné, quand tu vas plus vite, tu n'es pas forcément obligé de
04:00travailler tes courses.
04:01Tu sais très bien que si tu as deux mètres de retard, tu arrives, donc tu travailles
04:07un peu moins tes courses.
04:08Un joueur qui est plus lent est obligé de rentrer dans la réflexion plus vite que le
04:11mec qui est rapide jeune, parce que sinon, il ne passe pas.
04:14Donc, Monsieur Francisco m'a dit un jour « Aujourd'hui, Thierry, je ne veux pas
04:21que tu passes tes joueurs par la vitesse.
04:23» J'ai dit « Mais, ce n'est pas juste, c'est mon atout, pourquoi vous voulez me
04:34le retirer ? »
04:35Et il me disait « On peut dire, je m'en fous, ce n'est pas trop… Je m'en fous,
04:42fais quelque chose d'autre, un dribble, une vraie course d'attaquant, mais pas pousser
04:51la balle et courir.
04:52Ça, tu l'as, tu l'auras toujours.
04:54Si tu dois travailler, il faut travailler maintenant, après c'est trop tard.
04:57D'un seul coup, tu commences à travailler tes courses, à être un peu plus intelligent,
05:02à essayer de lire la trajectoire du jeu.
05:04Un jour, un thème, il arrive, il me dit « Tu ne peux pas remettre la balle derrière,
05:08mais tu joues attaquant.
05:09Tu ne peux pas remettre la balle derrière.
05:12C'est-à-dire, impossible.
05:13» Il m'a dit « Tu ne peux pas redonner la balle derrière, mais je suis de dos.
05:16Et tout le monde me dit « Comment tu fais ? » D'un seul coup, tu te mets de trois
05:21quarts.
05:22Il faut que tu arrives à voir le jeu.
05:23Appel contre appel.
05:24Est-ce que je peux contrôler tout de suite ? Qu'est-ce que je peux faire ? Garder la
05:28balle.
05:29Interdiction de redonner la balle derrière.
05:30Interdiction de dribbler des fois.
05:34Je veux que tu passes ton joueur par un appel.
05:36Parce qu'à un moment donné, il y a quelqu'un qui va être plus rapide que toi, ou aussi
05:40rapide que toi, ou aussi costaud que toi.
05:42Qu'est-ce que tu as développé ? Je reviens encore une fois.
05:44Le joueur qui est lent.
05:45Le joueur qui n'est pas rapide.
05:48Tho développe une vision du jeu, une compréhension du jeu qui est beaucoup plus rapide que celui
05:55qui a un atout.
05:56Puisqu'il utilise son atout.
05:58Surtout si son coach amplifie ça pour pouvoir gagner.
06:03Mais comme à Clafontaine, le plus important c'était de ne pas gagner, et moi à mon époque
06:06encore plus parce qu'on n'avait pas d'équipe.
06:07C'est ma troisième année où je suis parti, où il y a eu les moins de 17 à Clafontaine.
06:14Mais le plus important à Clafontaine, combien de joueurs vont jouer en équipe de France.
06:20Il y avait ce souci à Clafontaine d'apprendre à jouer au foot.
06:25Dans tous les sens du terme.
06:27Quand j'étais arrivé, il y avait des grandes photos de Titi, c'était le joueur qui était
06:32passé par Clafontaine, c'était vraiment la référence.
06:36Quand tu disais Clafontaine, à mon époque c'était Titi.
06:38Il y avait des photos de lui partout.
06:40Mais en même temps je ne suis pas objectif quand je parle de Clafontaine.
06:42Je le sais, je suis honnête, je ne suis pas objectif.
06:45Je ne peux pas parler en mal de Clafontaine, c'est quelque chose qui est dans mes veines.
06:48Maintenant, ce que je vous dis là, je ne le dis pas parce que je suis passé à Clafontaine
06:52aussi.
06:53Ça c'est la vérité.
06:54C'est la base, c'est une fondation, ça a été une fondation pour moi.
06:56Oui, il y a eu mon père et tout le monde connaît les histoires de mon père, je ne
06:59vais pas les répéter.
07:02Mais sans fondation, sans base, la maison s'écroule.
07:06Et l'INF et Clafontaine m'ont donné cette base pour pouvoir être prêt à aller dans
07:11un centre de formation et pouvoir batailler.
07:13Le travail doit être effectué là.
07:15Et même des fois un petit peu plus tôt.
07:18Parce qu'après, après c'est dur, c'est comme apprendre une langue.
07:24Quand tu apprends une langue tôt, tu as appris la langue, tu ne te rappelles même pas quand
07:28est-ce que tu...
07:29Tu ne sais pas.
07:30Maintenant, si je te dis qu'il faut que tu apprennes une langue, c'est dur, ton cerveau
07:33est formaté d'une façon, il faut réapprendre quelque chose, il faut déformater, recommencer
07:38et tout ce qui s'ensuit.
07:39C'est difficile.
07:40Et souvent, les gens oublient ce passage-là.
07:45La pré-formation.
07:48Prenez votre temps, apprenez vos gammes, répétez.
07:52Et au centre de formation, tu n'as pas vraiment le temps, tu es déjà dans la compétition.
07:56Il faut te faire ta place en moins de 17, tu commences déjà à penser si tu peux jouer
08:01en N2 à l'époque.
08:02Tu commences à voir si tu peux jouer en N2, tu rentres dans la compétition.
08:07Là, on n'est plus dans le refais ton centre, refais ton centre.
08:11Tu ne peux pas faire ça en professionnel, tu ne peux pas faire ça au centre de formation.
08:14Bouge, t'as raté ton centre, t'as raté ton centre.
08:16J'en rappellerai toujours.
08:17Et ça m'a marqué, je crois que c'était William Gallas.
08:21Je crois que William Gallas, il arrive devant le gardien et il fait une super action.
08:24Il est rentré avec la fontaine, élayer gauche William Gallas quand même.
08:28Pour sortir arrière-droite stopper.
08:30Enfin bref, il arrive devant le gardien, il ne fait pas la passe.
08:33Or, il fait la passe, je ne sais plus ce qu'il devait marquer.
08:37Je m'en rappelle, Monsieur Francesco lui a dit, va courir.
08:44Va courir la prochaine fois, t'auras la présence d'esprit de faire la passe parce que l'équipe
08:48doit marquer, pas toi.
08:51Et il a laissé courir tout l'entraînement.
08:54Je dis, si on ne fait pas de passe, c'est ça ?
08:55Non, attendez, tu commences à penser à la passe, je sais que c'est à l'extrême,
09:00je sais que là, ça peut choquer, mais quand tu cours tout l'entraînement, surtout toute
09:08la plaine et à chaque fois, tu ralentis pour voir si on va te dire, non, tu ralentis, tu
09:16vas vite.
09:17Moi, c'est pareil, je ne faisais de passe à personne.
09:21Je faisais de passe quand t'es jeune, tu prends ton ballon, tu t'es pris pour un super-héros,
09:25j'allais vite, tu pousses la balle.
09:27Et un jour, Monsieur Francesco m'a dit, mais toi, là, tu t'es pris pour qui ?
09:31Je dis, ok, tu crois que tu vas passer tout le monde ?
09:35Ok.
09:36Il m'a mis contre tout le monde, toute la génération, il fallait que je les passe.
09:40Mais tu ne peux pas, donc il me faisait comprendre qu'il faut donner son ballon.
09:45Comme une fois, il m'a dit, toi, t'aimes trop dribbler et tu ne dribbles pas dans les
09:48beaux moments.
09:49Il m'a mis dans un carré de même pas aller 5 sur 5 et il m'a dit, allez, dribble.
09:58J'ai dribblé, je pensais que ça allait durer 5 secondes.
10:02Non, il m'a fait dribbler.
10:04Il m'a dit, dis-moi quand tu seras fatigué.
10:06Tu as compris qu'il faut donner la balle ?
10:08Tu reviens, tu commences à comprendre, oui, tu commences à faire confiance aux autres,
10:14tu te donnes, tu donnes la balle, tu te fatigues pour rien des fois quand tu dribbles.
10:18Bref, c'était des messages qui étaient assez clairs, les messages de l'époque.
10:21Je répète parce que les messages de l'époque, mais pour moi, c'était extraordinaire.
10:26Jusqu'au jour d'aujourd'hui, je parle toujours à M. Damiano, je parle toujours
10:28à M. Joachim Francisco Filho, toujours.
10:31Ça te responsabilise, ça te fait comprendre qu'il faut s'épanouir et avoir d'autres
10:36choses.
10:37Parce que quand tu es petit, c'est facile, c'est beaucoup plus facile, tu es plus costaud
10:39que ta puberté, tu es plus grand.
10:43De faire comprendre que plus tard, ça ne sera pas comme ça, pas seulement le dire,
10:48le faire.
10:49Pareil, une fois avec, je me rappellerai toujours, il y avait un défenseur derrière et moi
10:55devant, le typique, tu ne mets que des ballons nazes, l'autre, toi tu ne cours pas, replace-toi.
11:00Vous les défenseurs, vous les attaquants, vous les défenseurs, vous êtes feignants
11:04et vous, vous ne voulez pas jouer.
11:05M.
11:06Francisco il a dit stop, Thierry va derrière, Jordan va devant.
11:10Et j'ai compris que c'était dur derrière et Jordan a compris que c'était dur devant.
11:15On a commencé à se comprendre et à accepter la difficulté de l'autre.
11:23Mais s'il ne me fait pas jouer derrière, on se reste dans l'embrou, dans les vestiaires.
11:29On a commencé, quand je suis rentré, je dis, ce n'est pas facile quand le mec il
11:32part en profondeur, je ne sais pas s'il va jouer l'hors-jeu, pas l'hors-jeu, waouh.
11:37Et lui pareil, quand tu fais un sprint, il faut revenir, il faut re-sprinter, il faut
11:40revenir, il faut re-sprinter.
11:41J'ai dit, tu comprends ? Et oui, parce que le sprint, je dis bien souvent, là je vais
11:47loin, je vais aller loin.
11:48Quand un marathonien termine sa course, là je parle de l'élite, on parle de l'élite,
11:55donc les Kenyans en général ils gagnent, les Ethiopiens, à la fin ils peuvent parler.
11:58Enfin ils terminent, ils s'arrêtent un peu mais ils peuvent parler.
12:02Un coureur de 100 mètres, il ne peut pas parler à la fin de 100 mètres.
12:06Ce que demande le sprint et la répétition de sprint au corps humain, c'est terrible.
12:14C'est pour ça souvent qu'on voit l'attaquant sprinter, revenir et re-sprinter, à un moment
12:19donné, je ne dis pas que c'est facile le reste, attention, mais il a fait comprendre
12:25à ce moment-là à Jordan que sprinter à répétition, ce n'est pas facile.
12:30Jordan a commencé à comprendre mon rôle et moi j'ai compris le sien.
12:35J'ai dit ok, moi j'ai toujours râlé quand même, mais j'ai quand même râlé.
12:41Quand tu sors de l'entraînement, le premier truc que tu fais, tu arrives au self, tu vois
12:45où il est le self à Clafontaine, tu arrives, tu prends du pain et en passant, tu tapes
12:50un bout de pain, tu mets du beurre, du fromage dedans, peu importe ce que tu fais, tu mets
12:54du pain, tu pains.
12:55Et puis quand tu arrives, tu te sers, tu as déjà un peu moins faim.
12:57Monsieur Damiano, tous les soirs, il venait nous regarder manger.
13:01Quand tu te levais, il me dit Thierry, mais tu n'as pas fini de manger.
13:03J'ai dit si, il reste du pain, je vais le ramener.
13:07Tu ne le ramènes pas, tu termines.
13:09Ça t'apprendra la prochaine fois à prendre ce que tu as besoin, mais tu ne ramènes pas
13:14ça là-bas et surtout, tu ne le jettes pas à la poubelle.
13:17Termine, comme chez moi.
13:23J'ai dit oh, et puis quand tu arrives, ok, prends un bout de pain, prends deux bouts
13:28de pain, si tu en veux, tu vas te resservir.
13:30En plus, quand tu arrives, tu as 13 ans, tout est là.
13:32Encore une fois, tu es là, tu te sers, self-service, tu te sers de dessert.
13:38Non, non, un dessert.
13:39Oui, mais un dessert, il y a du monde qui arrive derrière.
13:41Tu n'es pas tout seul ici.
13:45C'est des trucs tout simples.
13:47Toujours, Clairefontaine et l'INF a été associée à seulement le foot.
13:51Le foot, le foot, le foot.
13:53Non, on te donne aussi des vraies valeurs.
13:55Je n'ai que des bons souvenirs.
13:56Personnellement, après les gens vont me dire oui, mais bon, en même temps, non, je n'ai
13:58que des bons souvenirs.
13:59Et même quand c'était dur, c'est des bons souvenirs parce que j'ai appris, tu apprends
14:03encore plus dans le dur.
14:04C'est comme, encore un exemple, au milieu de la première année, je signe à Monaco.
14:09Et au début de l'année, on te dit calmez-vous, il y aura des clubs qui vont venir maintenant,
14:15vous êtes à Clairfontaine.
14:16On faisait ce qu'on appelle les démonstrations.
14:20Ça veut dire que quand il y a des coachs qui viennent passer leur diplôme, c'était
14:23toujours nous, on devait démontrer les exercices, tout ça.
14:26En général, quand tu démontres les exercices, les mecs, ils te voient jouer, donc on savait.
14:31Enfin bref, il y a Monaco qui me demande de venir voir le centre de formation en janvier,
14:36donc de ma première année, janvier.
14:37J'y vais, je signe tout ce qu'il ne faut pas faire.
14:42Tout ce qu'il ne faut pas faire.
14:46Ce n'était pas interdiction de signer, mais en fait, ils avaient peur que si un joueur
14:50signe, ça y est, il va se la couler douce, il est à Clairfontaine, il est supposé apprendre.
14:55Mais moi, je l'avais pris d'une autre façon et j'avais compris le message de
14:59M. Dussault.
15:00Il avait peur que je me la coule douce.
15:06Oui, il y a des moments durs.
15:07Bien sûr qu'il y a des moments durs.
15:08Tu es jeune, tu as de 13 à 15 ans, de 13 à 16 après.
15:11Oui, tu es loin de ta famille, c'est la vérité aussi.
15:16Mais quand tu peux créer cette cohésion, ce groupe, cette identité, je ne dis pas
15:21que c'est facile.
15:22Attention.
15:24J'ai vu des gars des fois aussi, tu es là, allô maman, c'est dur.
15:28Oui, c'est dur.
15:29C'est dur.
15:30C'est la vérité.
15:31Mais rien n'est facile.
15:32C'est ça que j'essaie d'expliquer aussi aux gens.
15:34Ah oui, oui.
15:35Il y en a un qui passe des fois par génération.
15:37Un.
15:38Des fois deux, des fois trois.
15:41Il y a beaucoup plus d'échecs que de réussites.
15:44Alors c'est bien beau, on en parle et c'est bien aussi, mais il faut penser aux échecs.
15:51Et quand tu es là-bas, tu essayes de penser à ne pas faire partie des gars qui ne vont
15:55pas réussir.
15:56On est d'accord.
15:57Mais après, quand les mecs doivent retourner chez eux et ils n'étaient pas loin de toucher
16:01le Graal.
16:02En plus, quand tu es à la Fontaine, tu vois l'équipe de France venir.
16:05Tu vois le château.
16:06Ce n'est pas loin.
16:07On allait toujours dans le local de Manu, juste pour regarder les maillots.
16:13On parlait à Clarisse, sa femme, on allait juste regarder les maillots.
16:20« Oh, Manu, on peut voir les maillots, ils nous laissaient, je ne sais pas si ça a déjà
16:23été, ils nous laissaient derrière le comptoir.
16:24Et on regardait.
16:25Eh, ne rentrez pas ! »
16:26On pouvait rêver avec nos yeux, on regardait les maillots, les trucs, on voyait les survêtements
16:32de l'équipe de France.
16:33Donc, tu es là, mais tu n'es pas là.
16:39Ou tu es allé voir les entraînements de l'équipe de France au Platini.
16:45Donc, à un moment donné, si tu ne restes pas tranquille, et si tu ne travailles pas,
16:50et si tu ne fais pas ce qu'il y a à faire, tu peux vite te perdre.
16:52Et pourtant, il n'y a rien d'extraordinaire.
16:54On n'est pas en train de te dire que tu arrives à Monaco, il y a le casino, il y a de l'argent,
16:57ou tout ce qui s'ensuit.
16:58Mais le rêve sportif fait que des fois, tu peux te… Ce n'est pas évident quand même.
17:05Mais, M. Dussault, M. Mérel, qui avait la génération en dessous, moi, quand je suis
17:10monté en deuxième année avec M. Francisco, essayait toujours de nous faire redescendre.
17:22Tu es dans un rêve, comment ? Ce n'est pas facile d'avoir cet équilibre entre le
17:29travail, le rêve, et d'un seul coup, tu es dans ton quartier à galérer, et tu arrives,
17:35on t'a donné une paire de copains qu'il fallait garder à la nuit.
17:38Bien sûr, on te responsabilise.
17:40Regarder ta paire de copains, ta gourde, ton ballon gonflé, quand ton ballon n'était
17:43pas gonflé, M. Francisco le dégageait, va le gonfler, revient avec ton ballon.
17:46Chaussures, sont bien cirées, ok, tu peux t'entraîner.
17:50Ballon gonflé, ok, tu n'as pas mis d'eau, va mettre ton eau.
17:53Tout ça.
17:55Donc, on essayait quand même de te donner des valeurs.
17:59Mais à l'arrivée, d'un seul coup, tu te retrouves avec une paire de copains, tu te
18:01retrouves avec une paire de bacon-borer à l'époque, tu te retrouves avec un ballon,
18:05à toi, ton ballon à toi, pas le ballon pour la cité, ton ballon à toi.
18:09Tu vois l'équipe de France, il y a des mecs qui commencent à aller en équipe de France.
18:15Oh, toi, tu dois, oh là là, il y a Monaco qui me veut, il y a Nantes, il y a Auxerre
18:18qui me veut.
18:19Ce n'est pas évident quand même à gérer.
18:21Merci, mais le vrai merci.
18:24M.
18:25Francisco me disait, dribble.
18:26Mais bien sûr, pas n'importe comment, mais dribble, prends des risques.
18:32Dribble.
18:33Avant, j'entendais toujours, arrête de dribbler, donne ton ballon, arrête de décrocher.
18:40Réveille-toi de la surface.
18:43Arrêtez, c'est trop court.
18:45Quand tu vois Xavi et Nessia jouer, ils se faisaient des passes à un mètre.
18:49Pour pouvoir jouer long, il faut jouer court d'abord, attirer, pour pouvoir toucher la
18:55pointe du triangle et les deux d'en bas, celui qui a fait la passe, l'autre va rejoindre
19:02la pointe du triangle pour pouvoir avancer.
19:03C'est pour ça que tu joues en triangle, pour défendre, ça te permet de bien défendre
19:07parce que la pointe va presser, les deux couvrent.
19:09Et pour avancer, le triangle il est parfait aussi parce que ça joue, ça joue, ça joue,
19:15on touche la pointe, lui il va monter pour venir en soutien de la pointe, la force du
19:20triangle.
19:21Mais quand j'étais petit, avant et même après, j'ai entendu, arrêtez de jouer,
19:26vous êtes trop près l'un de l'autre et arrêtez de dribbler.
19:29Tu dis à un dribbler d'arrêter de dribbler.
19:32A Calafontaine on te dit dribble, au bon moment, quand, où, mais tu dribbles, si c'est
19:42ta force, dribble.
19:43Après ça dépend ce que tu veux faire aussi, en même temps aussi, on n'avait pas d'équipe,
19:48on jouait des matchs amicaux mais c'est le principe quand même, même à l'entraînement
19:51c'était toujours, refais, c'est pas grave, on le refera jusqu'à temps que tu réussisses,
19:56on a le temps.
19:58Mais en même temps, comment tu prépares quelqu'un à rentrer dans une arène ou une
20:07cage de lion, et j'abuse, mais quand tu prépares, les marines ils se préparent pour aller à
20:10la guerre, ils font pas des entraînements pour aller à la plage, ils vont à l'extrême,
20:17dans le rouge, comme ça tout ce qui est en dessous du rouge, ça devient du normal.
20:25Et bien, Clafontaine, au niveau de la technique et du cerveau, en les donnant le rouge.
20:31Il y en a un qui passe sur 90, des fois dans le centre de formation, parce qu'il y a la
20:37génération d'avant, il y a la génération d'après, tu regroupes 20, 20, 20, les anciens
20:41qui sont déjà là, qui jouent en national, tu rajoutes 20, t'es dans les 80, 60, entre
20:4660 et 80, les 70.
20:47Qui va passer ?
20:50Pas celui qui n'a pas répété, pas celui qui n'a pas été exigeant, et heureusement
20:59que je suis passé par là.
21:00Non mais ça c'est clair, je ne peux pas parler, si on parle de foot, je vais parler
21:04de l'INF, c'est sûr, sûr et certain.