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Retrouvez le replay du débat de l'Équipe du Soir du 13/06/2024.

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Sport
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00:00 Sébastien vous restez avec nous pour parler évidemment de votre documentaire.
00:04 On va accueillir notre premier invité de la soirée.
00:07 On est très content de l'accueillir.
00:08 C'est Arnaud Péricard, le maire de Saint-Germain-en-Laye.
00:11 Et vous êtes là ce soir en qualité d'avocat spécialisé dans les droits du sport.
00:15 Merci beaucoup d'être présent avec nous.
00:18 Bonsoir.
00:19 Alors avant de rentrer dans l'aspect côté avocat etc.
00:23 Qu'est-ce que vous avez pensé de ce documentaire ?
00:26 Déjà j'ai été un peu comme beaucoup d'entre vous j'imagine assez stupéfait.
00:30 Et surtout par l'exactitude, la véracité.
00:32 Donc il y a des pièces intéressantes.
00:34 J'ai surtout trouvé que c'était important de rappeler la présomption d'innocence à chaque fois.
00:38 Ce n'est pas toujours le cas dans un certain nombre de documentaires.
00:42 Avec je pense un traitement assez objectif, ce n'est pas toujours le cas non plus dans un certain nombre de documentaires sportifs ou d'investigations.
00:48 Dave Apadou tout à l'heure parlait du côté sordide de l'affaire.
00:52 Vous partagez ce mot-là ?
00:54 Oui c'est sordide parce que ce sont des proches.
00:56 Parce qu'on touche à l'affectif, on touche au clan familial, on touche peut-être à ce qu'il y a de plus précieux pour un sportif quel qu'il soit.
01:04 Son entourage très proche des gens qui l'ont accompagné grosse partie ou une partie importante de sa vie avec une relation de confiance quasi fraternelle.
01:14 Il y a même une relation pour le coup fraternelle qui est au cœur de ce dossier.
01:18 C'est pour ça que ça lui donne une dimension peut-être particulière.
01:21 Vous êtes là même si vous êtes maire de Saint-Germain-en-Laye et que l'actualité politique est un petit peu chargée en ce moment en France légèrement.
01:27 Vous êtes là aussi parce que vous êtes avocat en droit du sport.
01:31 Par rapport à cette affaire, on se pose toute cette question comment la justice aurait pu peut-être un peu mieux protéger Paul Pogba.
01:37 Quelles armes ont les joueurs à disposition pour mieux s'entourer, mieux se protéger ?
01:42 Pour que la justice vous protège, il faut d'abord la saisir.
01:45 On le voit bien qu'à partir du moment où la plainte est déposée, non pas la première plainte en Italie mais la deuxième plainte, celle qui est déposée en France,
01:53 les premières interventions policières interviennent quelques semaines.
01:56 Je crois que c'est presque un mois.
01:58 C'est un délai qui est relativement très court.
02:00 C'est souvent le premier réflexe qu'il faut avoir.
02:04 C'est d'aller porter plainte et c'est d'aller voir les services de la police.
02:07 On voit bien en plus pour une personnalité comme celle de Paul Pogba que les moyens sont mis en place.
02:12 Il y a des moyens de protection et d'investigation qui peuvent être mis en place assez rapidement.
02:17 Par rapport à votre carrière, est-ce que vous avez pu constater, vous avez fréquenté le milieu du sport, des problèmes comme ça avec des entourages parfois compliqués,
02:26 parfois insistants, parfois même menaçants ?
02:29 Alors peut-être pas dans cette intensité-là et avec peut-être la scénorisation autour.
02:35 Mais déjà une précision, ça n'est pas réservé qu'au football.
02:39 Je l'ai vu dans beaucoup d'autres sports.
02:42 Et il y a des dimensions sordides.
02:44 Vous voyez des questions de pari truqué dans le tennis.
02:47 Vous voyez des questions de chantage dans beaucoup d'autres sports, y compris des sports mineurs dont on parle un petit peu moins, des sports de combat également.
02:58 Je l'ai vu beaucoup dans le football.
03:00 Je l'ai vu avec des tentatives.
03:02 À un moment, on parlait beaucoup de la TPO, je ne sais pas si vous vous rappelez, la propriété par un tiers.
03:07 C'était le cas pour le plus connu, c'était Mangala.
03:10 Exactement.
03:11 Ça avait fait beaucoup de bruit.
03:12 On a eu beaucoup de cas où des gens ont voulu s'arroger énormément de droits.
03:19 Et on le voit dans énormément de cas où vous avez des entourages, des parents, des cousins, des neveux qui essayent de récupérer un petit peu d'argent lors de transferts ou lors d'opérations financières que peut réaliser un sportif de haut niveau.
03:37 Olivier, vous aviez une question ?
03:38 Non, je n'ai pas une question.
03:39 Je voulais juste rebondir sur le fait que tout ce qu'on voit dans ce documentaire qui est sordide, vous avez raison de le rappeler, c'est malheureusement très fréquent dans le football professionnel.
03:48 Ma modeste expérience oeuvre me l'a fait vivre au quotidien puisqu'un de nos joueurs était venu nous voir à l'ensemble du staff à un mercato pour nous expliquer qu'il était content de son temps de jeu, content de ses performances, content de son salaire, mais que sa famille le ponctionnait de plus de 90% de ce qu'il touchait.
04:03 Donc, il nous avait demandé de l'exfiltrer, c'est le mot qu'il avait employé à l'époque.
04:08 Et on lui avait trouvé un club.
04:11 Tout ça pour dire que c'est malheureusement sordide mais très fréquent.
04:16 Je donne un exemple, il y en a d'autres parce qu'il y a plusieurs façons d'être toxique dans l'entourage.
04:19 Il y a des mauvais agents qui sont mauvais conseillers, il y a des parents qui sont toxiques, des frères, des soeurs.
04:24 Mais tout ça pour dire que dans le football professionnel, des fois dans l'entourage, il y a beaucoup de masques et peu de visages.
04:29 Dev, vous avez choisi un extrait.
04:32 On va le découvrir tout de suite et on en parle juste après.
04:35 Parmi les six suspects, il y a Boubacar.
04:42 Boubacar, tout le monde l'appelle Boums.
04:46 Il fut l'un des plus intimes de Paul Pogba.
04:49 Il a 35 ans, il est marié et a deux jeunes enfants.
04:53 Il était déjà connu des services de police pour des affaires de vol et de recel.
04:59 En 2012 et 2013, il vit chez Paul à Turin.
05:03 Homme à tout faire, nourri, logé, mais pas rémunéré pour les différents services qu'il lui rend.
05:10 Paul lui aurait proposé 2600 euros par mois pour cet emploi.
05:14 Au cours de l'enquête, Boubacar s'est plaint d'avoir été payé de la main à la main et de manière totalement discontinue.
05:22 Face au juge d'instruction, il déclara "Toute ma vie, je l'ai consacré à la famille Pogba".
05:29 Les deux hommes s'étaient brouillés quelques semaines avant les faits.
05:33 Boubacar a été placé en détention provisoire durant trois mois et demi en 2022.
05:38 Il est présumé innocent.
05:41 Ils sont six à avoir été mis en examen dans la tentative d'extorsion dont a été victime Paul Pogba.
05:47 Nous allons vous dévoiler en détail le récit des mois qui ont précédé et suivi la séquestration subie par le footballeur lors de la nuit du 19 au 20 mars 2022.
06:00 Ils sont édifiants.
06:05 C'est vrai qu'en voyant cet extrait, le mot "sordide", il s'applique parfaitement. Pour quelle raison vous avez choisi de retenir ce passage, Dave ?
06:11 Parce qu'en fait, ce passage qui est très tôt dans le documentaire...
06:15 Ah, c'est au début, ouais.
06:16 Exactement, c'est au début.
06:17 En fait, tu as tout.
06:19 Tu as tous les tenants et quasiment aboutissants de cette histoire, c'est-à-dire la proximité des gens qui vont être concernés par cette affaire,
06:28 avec toute la présomption évidemment, mais en tout cas qui sont mêlés de près ou de loin à cette affaire.
06:35 Et puis tu as les sommes qu'avait déjà versées plusieurs fois Paul Pogba à pas mal de membres de cet entourage.
06:42 Et tu t'aperçois que ce n'est pas un billet de 50 en passant.
06:44 Non.
06:45 C'est des très grosses sommes qui sont déjà versées par le joueur à son entourage sous différentes formes, pour différents services, parfois même pour rien,
06:55 pour ouvrir un business, un commerce, peu importe, mais en tout cas des aides qui sont conséquentes.
07:01 Et en fait, tu t'aperçois de quoi ?
07:02 Ça te dit qu'il met la main au pot, et largement, et lourdement, et en fait, c'est jamais suffisant.
07:09 C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu commences, tu entres dans un truc...
07:13 Un engrenage.
07:14 Dans un engrenage où certaines personnes considèrent que c'est un dû, et que même au fur et à mesure, c'est même pas assez.
07:22 Et en fait, c'est l'engrenage, l'escalade, et qui va monter dans des proportions que va nous montrer le documentaire.
07:29 Et moi, juste sur ce plan-là, sur cette séquence qui dure quelques minutes d'entrée, tu as le cadre de tout ça, et tu as quasiment la problématique.
07:36 Sébastien qui est en direct avec nous d'Allemagne, qui a réalisé ce documentaire avec Jules Biorossa, voulait réagir aux propos de Dave ?
07:42 Oui, c'est intéressant ce que dit Dave, et je crois qu'il a raison sur de nombreux points.
07:49 La seule petite nuance que je souhaite apporter, c'est que c'est complexe.
07:53 Les relations humaines sont complexes, et Paul Pogba est une victime évidente dans cette affaire, cela va de soi.
08:00 Mais dans les relations qu'il avait installées avec certains amis d'enfance, tout n'était pas toujours très clair.
08:07 C'est-à-dire que ces gens-là, pour le coup, ils ont vraiment travaillé pour lui.
08:10 A un moment, cet homme-là, Boubacar, il était le chauffeur de sa maman, il devait être payé une somme précise qui était de 2600 euros net par mois,
08:19 et il se trouve que l'argent est venu, il n'est pas venu, il n'a pas voulu lui donner de contrat de travail.
08:25 Donc ce n'est pas évident. Au cours de toutes ces années, pour certains d'entre eux, il y a eu du ressentiment réciproque.
08:35 Et Paul Pogba, bien entendu, avait une certaine vision, il pensait faire beaucoup pour ses amis, et je crois qu'il a fait beaucoup.
08:40 Mais aussi, ses amis d'enfance ont considéré qu'il faisait beaucoup pour lui, et qu'ils laissaient un petit peu de côté leur vie personnelle.
08:47 Tout ça pour dire que c'est très complexe, les relations humaines, évidemment, et que c'est juste cette toute petite nuance que je voulais apporter.
08:54 Merci beaucoup Sébastien. Arnaud, par rapport à ce que viennent d'évoquer Dev et Seb, dans votre expérience personnelle,
09:00 à quel point ça peut être difficile pour un sportif de haut niveau, sans parler de la famille, de couper avec son "ancrage de base",
09:07 l'endroit où on a grandi, l'endroit où on s'est construit ?
09:10 On peut penser que parfois l'éloignement géographique peut y répondre. On voit bien que dans l'emportage, ce n'est pas le cas,
09:17 parce qu'ils le suivent un peu partout. Juste revenir sur la question du contrat de travail, parce que ça c'est un cas qui se pose quasiment à chaque fois.
09:24 Vous allez faire travailler votre copain, il va vous rendre des services, c'est votre intendant, il va faire de la conciergerie pour vous,
09:31 et le premier réflexe c'est de ne pas rémunérer les gens. Et c'est une erreur de base, il faut rémunérer les gens pour le travail qu'ils font,
09:37 ça génère du ressenti. Alors le ressenti ne doit pas générer non plus une frustration au point de séquestrer les gens, et au point de les violenter.
09:45 Mais je trouve qu'on a ce cas de figure-là, où un certain nombre de sportifs de haut niveau, et ce n'est pas une question de revenu,
09:51 parce que calculer honnêtement les charges sociales et patronales sur une rémunération de 1600 ou 2000 euros, je ne suis pas sûr que ça fasse vraiment la différence.
09:58 Mais il faut rémunérer les gens pour le travail qu'ils font.
10:01 - Vous dites que c'est très fréquent ?
10:02 - Ah oui, beaucoup, au début en tout cas. Le sportif de haut niveau doit comprendre qu'il est sa propre entreprise.
10:07 Ça c'est vraiment peut-être le premier réflexe, la première habitude à avoir. Vous embauchez quelqu'un, vous le rémunérez,
10:13 comme vous le feriez si vous aviez un restaurant, un commerce ou une entreprise, c'est la moindre des choses.
10:18 - Pour le coup, ça, le clan Keyen Mbappé l'a parfaitement compris, parce qu'on voit qu'il y a une énorme structure autour de l'Attaque.
10:23 J'allais dire du PSG, du Real Madrid.
10:25 - C'est un nouveau message.
10:26 - Il y a une question, je crois, Adrien, de la part des internautes.
10:29 - Oui, l'un des internautes, l'un des abonnés au site L'Equipe, qui pose cette question sur L'Equipe connaît,
10:34 qui se demande comment est-ce possible que tel joueur ne soit pas aussi bien suivi, ne soit pas aussi bien accompagné, et s'il y avait un suivi psy.
10:44 - Un suivi psy, peut-être que Sébastien peut-être veut y répondre, vu qu'il a réalisé le documentaire, Seb, par rapport à ça, sur l'aspect psychologique.
10:50 Est-ce que c'est une question qui s'est posée dans l'entourage de Paul Pogba, ou est-ce que le joueur a nourri cette réflexion ?
10:55 - Je ne sais pas s'il a un suivi psy depuis, notamment, le début de cette affaire.
11:03 Je le lui souhaite, parce que les gens qui sont confrontés à cette situation, on a vu avec Florent Balmont hier,
11:08 se rendre compte que, même si c'est très différent selon les gens, mais ils se rendent compte qu'en général, une semaine après, deux mois après,
11:16 parfois deux ans après, on ressort avec un certain traumatisme qui est parfois enfoui, et donc je le lui souhaite, bien évidemment.
11:23 Mais pour le coup, cela n'a pas filtré.
11:25 - Par rapport à ce qu'on évoquait, Arnaud, vous parliez des contrats de travail, de l'entourage, vous êtes avocat,
11:31 si demain devant vous, vous avez un jeune sportif très talentueux, par exemple comme Paul Pogba,
11:36 quels conseils vous lui donneriez pour qu'il se structure correctement ?
11:39 - Alors déjà, en toute humilité, parce que j'ai eu l'occasion de rencontrer ces situations beaucoup de fois,
11:43 j'ai donné beaucoup de conseils, vous les écoutez, parfois vous ne les suivez pas.
11:48 Non, j'ai eu des situations très compliquées avec des jeunes joueurs très prometteurs, très talentueux.
11:54 - Vous pouvez citer un exemple ou pas du tout ?
11:56 - Un joueur que j'ai beaucoup aimé qui est Keith Reeves, qui a joué au PSG,
12:01 qui vient de resigner un contrat en D2 belge, mais qui a eu un parcours de souffrance absolument terrible,
12:08 indépendamment de ça. Alors on apprend aussi de ses erreurs, Keith, parce qu'il était sergent-germanois à un moment,
12:14 mais c'est une situation difficile.
12:16 Barcelone, Paris, plein d'autres clubs, et avec des conseils que l'on donne parfois,
12:21 et des jeunes qui peuvent être happés par des entourages,
12:25 et puis on leur souhaite en tout cas un moment de rebondir et d'avoir le sursaut notamment sportif,
12:30 mais c'est très frustrant pour les conseils que nous sommes,
12:33 mais pareil pour un conseiller patrimonial ou un agent qui peut-être parfois voit son client
12:39 ne pas entendre ou écouter les conseils qu'on peut lui donner,
12:42 mais ce sont des situations qui se répètent de manière fréquente,
12:47 et il faut vraiment là pour le coup avoir beaucoup de persuasion, ce qui n'est pas toujours le cas.
12:53 - Vous avez une question, ce n'est pas pour la gestion du patrimoine ?
12:56 - Non, non, j'ai une question pour Johan, pour le coup.
13:01 Tu as commencé à jouer au début des années 90 à peu près,
13:06 et tu as fini au milieu des années 2000, vers la fin des années 2000.
13:10 Est-ce que, peut-être à travers toi, mais peut-être j'imagine plus à travers des coéquipiers,
13:15 est-ce que tu as vu cette évolution des entourages autour des joueurs,
13:19 entre tes débuts, quand tu as commencé jeune à Cannes,
13:22 et puis à la fin, tout au long de ton parcours,
13:25 est-ce que tu as vu une évolution autour des joueurs, du climat ?
13:29 - C'est-à-dire ? - Je ne sais pas, tu as vu ?
13:32 - Non, moi je n'ai pas vécu ce genre de... même à un degré moindre, personnellement déjà,
13:37 et puis autour de moi, je n'ai pas... - Dans le vestiaire, tout ça,
13:40 tu n'as pas été témoin de joueurs qui, bon voilà, tu savais qu'ils étaient entourés de manière un peu toxique ?
13:45 - Non, je n'ai pas eu ce genre de retour encore. - D'accord, donc tu n'as pas vu cette évolution.
13:49 - Je ne sais pas, je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
13:53 - Je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
13:56 - Je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
13:59 - Je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
14:02 - Je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
14:05 - Je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
14:08 - Je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
14:11 - Je n'ai pas vu cette évolution. - Je n'ai pas vu cette évolution.
14:14 - Vous, vous avez choisi un autre extrait que Dave, je vous propose de le découvrir tout de suite.
14:20 Le mardi 22 mars au matin, Paul Pogba contacte son sponsor personnel, Adidas,
14:27 pour qu'Adama et Machicourt puissent effectuer des achats au magasin de la marque aux 3 bandes, située sur les Champs-Elysées.
14:35 Dans son contrat, Paul a droit chaque année à plusieurs milliers d'euros de dotation.
14:42 Il demande un crédit illimité pour ses amis.
14:47 Adidas décide de leur accorder 4000 euros chacun, soit 8000 euros au total.
14:54 Le 23 mars, Adama et Machicourt, accompagnés de la femme d'Adama et de deux jeunes enfants,
15:00 se rendent vers 11 heures du matin au magasin de l'avenue des Champs-Elysées.
15:05 Ils en repartiront 8 heures plus tard, à 19 heures.
15:16 Devant les services de police, le directeur de l'établissement dira "ils ont littéralement dévalisé le magasin".
15:24 - Hallucinant Régis, pour quelle raison cet extrait ? Pas par jalousie sur le nombre d'articles consommés ?
15:31 - Non, je trouve qu'il y a tout là-dedans, ça résume tout l'environnement, la dépendance d'un clan et de proches aux joueurs,
15:40 la permissivité du sponsor qui donne crédit ouvert, qui est prêt à tout pour son joueur, pour sa star,
15:48 les gens qui passent 8 heures là-dedans, qui achètent pour 57 000 euros de fringues Adidas.
15:54 Mais à la limite, raqueter pour s'acheter une maison ou un truc, avoir un projet, pour investir dans un resto, je peux comprendre la démarche.
16:04 - Même si la démarche est sordide et mal saine ?
16:07 - Vous m'avez compris.
16:08 - Parfois il faut prendre des précautions.
16:10 - Je ne sais pas, ça me paraît tellement en décalage, je trouve ça fou, c'est de la folie pure, ça m'a complètement déconnecté,
16:22 je trouve qu'on est complètement en dehors de la réalité, passer 8 heures chez Adidas.
16:26 - Il y a un côté hors-sol.
16:28 - C'est lunaire, je ne comprends pas l'environnement, le rêve de leur vie, l'argent pour eux, est-ce qu'ils revendent,
16:40 est-ce qu'ils ne revendent pas, est-ce que c'est pour le quartier, est-ce que c'est pour les gens, les amis, les frères, je ne sais pas.
16:45 - De la conception du projet jusqu'à la réalisation du projet.
16:47 - Je ne m'interroge, je ne comprends pas, je suis tombé de l'armoire en voyant ça.
16:51 - Arnaud, juste par rapport à ça, c'est vrai qu'il y a beaucoup de personnes qui gravitent autour,
16:56 alors là on prend ça dans le cadre du football, mais dès qu'il y a de l'argent, qu'il y a de l'exposition,
17:01 ça peut aller dans le cinéma, dans la télévision, dans beaucoup de choses.
17:04 - La musique.
17:05 - Est-ce qu'il y a un mode, la musique effectivement, c'est vrai, est-ce qu'il y a un mode opératoire de ces personnes-là
17:10 pour s'approcher autour de ces gens qui sont célèbres, qui sont riches, et là dans le cas précis, de sportifs de haut niveau ?
17:17 - Il y a déjà l'ancienneté de la relation, qui parfois vous donne une forme de légitimité, entre guillemets,
17:23 à vous approcher ou à vous connecter avec des gens connus.
17:27 Il y a celui qui rend toujours service, qui est toujours là.
17:31 Il y a celui qui "arrange les coups", entre guillemets, quelles que soient les situations où il se trouve une utilité.
17:38 Et vous trouvez comme ça avoir un aéropage de personnes, de personnalités autour de vous,
17:43 qui soi-disant vous rendent service et sont là pour vous simplifier la vie.
17:46 - Pia, on ne vous a pas encore entendu sur le sujet, à titre personnel, qu'est-ce que vous avez pensé de ce documentaire
17:51 et qu'est-ce qui vous a effaré, qu'est-ce qui vous a glacé le sang ?
17:54 - Alors déjà, moi j'ai fait le lien en voyant ce documentaire avec beaucoup de tragédies qu'on a pu lire dans la littérature,
18:03 qu'on a pu voir au théâtre, parce qu'en fait il y a des ficelles là-dedans, des ressorts, qui sont des ressorts humains depuis toujours.
18:10 Donc par exemple, on prend le roi Lear de Shakespeare, c'est un roi qui essaye de diviser sa fortune entre ses trois filles,
18:15 et en fait tout le monde devient complètement barge à l'idée de pouvoir posséder ce pouvoir, et en fait il est seul face au pouvoir, face à l'argent.
18:23 Tu ne peux pas en fait, à un moment, quand tu deviens célèbre ou riche, ou les deux, tu ne peux plus avoir des relations normales avec les gens,
18:30 parce que soit la personne que tu as en face de toi est intéressée par ton argent ou par ton pouvoir, et donc ne va pas être naturelle avec toi,
18:36 soit elle souhaite être naturelle avec toi, mais elle est tout le temps en train de se dire "mais il va croire que je veux quelque chose".
18:42 Donc en fait, tu ne peux plus avoir de relations normales avec les gens, et quand je vois par exemple l'accumulation hallucinante de trucs chez Adidas,
18:49 avec quand même au total une facture de 57 000 balles, en fait on est sur une cupidité qui est totalement insatiable.
18:56 Ils ne peuvent pas être rassasiés, parce que ce qu'ils cherchent à combler, ce n'est pas juste de la cupidité, c'est leur jalousie en fait.
19:03 Et c'est pour ça que c'est ingérable. On a tous, autour de cette table, on a tous déjà été jaloux.
19:08 C'est un des sentiments les plus noirs et les plus difficiles à maîtriser. Et en fait là, on est sur un truc où il y a quand même dans l'histoire,
19:14 il y a trois fratrilles, il n'y a pas une seule fratrille, il y a trois fratrilles, parce qu'il y a Boobz et Adama qui sont frères,
19:18 il y a Machikour et Roujdan qui sont frères, et il y a évidemment les trois frères Pogba, dont un qui n'a rien à voir avec l'histoire.
19:23 Mais en tout cas, toutes ces choses-là, moi, me font plutôt ressentir que c'est plutôt tragique, plus que sordide.
19:28 On va accueillir un autre invité, c'est Walid Tana Zefti, qui a été le premier conseiller de Paul Pogba.
19:34 Walid, vous étiez recruteur au Havre, vous avez géré le début de la carrière de Paul Pogba.
19:39 Merci d'être avec nous. Pour le grand public, peut-être, qui ne vous connaît pas, bonsoir.
19:44 Est-ce que vous pouvez nous dire les liens que vous avez avec Paul Pogba, comment vous l'avez rencontré, qu'est-ce que vous représentez pour lui ?
19:50 Alors, les liens, j'en ai plus. J'étais recruteur pendant un certain temps, de 2003 à 2009, jusqu'en 2009.
20:02 En 2006, j'ai l'opportunité de voir un match et il n'y a pas le Pogba sur le terrain.
20:10 Donc, en tant que recruteur, je fais le travail pour qu'il signe au Havre, avec Franck Salle notamment, et Grégory Agessilas, qui était aussi recruteur à l'époque au Havre.
20:21 Et quand il est arrivé, je ne vais pas parler d'amitié parce qu'on n'a pas le même âge.
20:27 Je ne peux pas dire qu'il était jeune et que j'étais un peu plus âgé que lui. Il y a eu une relation qui s'est liée, une relation de confiance.
20:35 Et voilà, à la fin, quand il part à Manchester, il me demande de le suivre et de le conseiller.
20:42 J'ai arrêté de travailler au Havre, je suis devenu son conseiller pendant un certain nombre d'années, jusqu'au moment où il y a eu un problème entre lui, Minoru Ayola et moi, et ça s'est arrêté là.
20:55 Mais pendant toutes ces années, oui, vous m'entendez ?
20:59 Oui, oui. C'était en quelle année que ça s'est arrêté pour Paul Pogba et vous ?
21:02 En 2015. Loin de tous ces problèmes.
21:06 Par rapport à ça, puisque vous évoquez les problèmes, à cette époque, et on l'a bien compris à travers le récit que vous nous faites, vous avez bien connu Paul Pogba, vous étiez intime avec lui.
21:16 Est-ce qu'à cette époque-là, vous pouviez vous douter et déjà présager que l'entourage allait être compliqué à gérer pour lui ?
21:22 Dans le football, dès qu'il y a un entourage, ils ont tous un entourage.
21:28 Les gens, les joueurs qui sont issus de quartiers ont un entourage qui vient de nos quartiers, et à un moment ou à un autre, peut-être que ça peut partir en cacahuète comme c'est parti actuellement.
21:39 Maintenant, se douter de ça, non. On ne peut pas se douter de tout ce mélodrame-là.
21:46 Maintenant, est-ce qu'on l'a assez protégé ? Est-ce que lui s'est assez protégé ? Est-ce que sa mère l'a assez protégé ? Je ne pense pas, tout simplement.
21:53 Je ne sais pas, il y a une dame qui est intervenue juste avant en disant que tout le monde voulait s'approprier la carrière de Paul. Oui, ça, on le ressentait.
22:05 Est-ce que justement, Walid, vous êtes surpris par la tournure de la carrière de Paul Pogba, la tournure qu'elle a prise ? Est-ce que vous l'estimez davantage fautif ou victime ?
22:19 Victime, sur un certain point, oui, mais après, fautif aussi quand même, parce qu'à un moment, tu dois comprendre que tu dois te délaisser de certaines personnes,
22:29 surtout quand tu arrives à ce niveau-là, tu dois te protéger. Et je pense qu'il ne s'est pas assez protégé, tout simplement.
22:35 Maintenant, ça reste un super gars. Moi, j'ai passé des années extraordinaires avec eux, avec toute cette famille-là. C'est un super professionnel.
22:47 Mais je pense que dans la vie, il n'a pas su se protéger, il n'a pas su grandir peut-être. Il a été trop généreux.
22:54 Il a permis à tout le monde de croire que la vie de Paul Pogba était la vie de Booba, c'était la vie de tout le monde.
23:02 Tout le monde s'est approprié sa vie, sans centimètres de limites peut-être.
23:06 Arnaud, parce que les propos de Walid sont très intéressants, effectivement, une réaction par rapport à ça ?
23:11 Peut-être une nuance. Le procès en correctionnel va intervenir, puisque le renvoi a été décidé cette semaine.
23:18 Il est clairement victime, sur la base du documentaire. Dire qu'on est soi-même fautif, alors qu'on a été séquestré,
23:26 on a fait l'objet de mesures de chantage et de violence, je pense que c'est peut-être un petit peu fort.
23:30 Qu'il ait été lui-même, peut-être, victime de sa propre naïveté.
23:34 C'est ce que Walid disait, pour le courant.
23:36 Dans ce cas-là, je l'entends. Mais il est clairement victime.
23:39 Je n'ai pas parlé qu'il était fautif par rapport à la séquestration, au braquage, ou par rapport à tout ça.
23:48 Non, par rapport à sa naïveté, il a laissé faire certaines choses.
23:52 Comme ça, ce n'est pas arrivé du jour au lendemain, quand même.
23:55 Ils ne sont pas arrivés du jour au lendemain à vouloir le braquer. Je pense.
24:00 Walid, on a une réaction de Sébastien Tarago, qui est en Allemagne, mais qui a réalisé ce documentaire.
24:05 Sébastien, allez-y.
24:07 Bonjour Sébastien.
24:10 Oui, bonjour Walid. Ravi de te réentendre. La dernière fois, c'était il y a longtemps.
24:15 Tu avais disparu.
24:17 Je tiens le mauvais rôle, ce n'est pas grave. Je suis payé pour ça.
24:22 Mais il faut rappeler quelque chose par rapport à toi.
24:25 Tu as été le conseiller le plus proche de Paul Pogba jusqu'en 2015, quand d'ailleurs sa carrière allait très bien.
24:30 Mais tu as été ensuite accusé publiquement d'avoir profité de sa naïveté quand tu avais acheté ses droits d'image.
24:39 Je pense que c'est normal de le rappeler.
24:41 Et que toi, en plus, tu puisses rappeler aussi ton point de vue, parce que tu ne l'as jamais fait depuis 2015.
24:46 Et je pense que tu as mal vécu aussi ces années-là.
24:49 Mal vivre est un bien grand mot.
24:52 Maintenant, je n'ai pas joué de sa naïveté.
24:55 Je n'ai pas pris d'article à Dida. J'ai acheté les droits d'image.
25:01 Comme toute société achète des droits d'image à une autre société.
25:05 Aujourd'hui, un joueur de foot est une société.
25:07 Comme Lenny Yoro, qui s'est fait racheter ses droits d'image par Jorge Mendes.
25:11 On n'en a pas fait tout un plat.
25:13 Je pense que ça a été précurseur.
25:17 Je pense avoir été précurseur avec mon associé dans ce domaine-là.
25:22 Maintenant, est-ce qu'il a fait un choix à cette époque-là de vouloir arrêter avec moi ?
25:29 Et de qu'on trouve un accord pour qu'il rachète son image, tout simplement ?
25:34 Est-ce que ça a été un bon choix ? Je ne sais pas.
25:37 Moi, je sais que quand il était à mes côtés, c'est quatre années à la juve,
25:41 où il se blesse très peu, où il joue 90% des matchs,
25:45 où il gagne quatre titres de champion, deux ou trois Coupes d'Italie,
25:51 une finale de Ligue des Champions.
25:53 Il devient titulaire en équipe de France dès sa première sélection.
25:57 Avec l'équipe qui était autour de lui à ce moment-là, on essayait pas de le protéger,
26:03 mais de le conseiller au mieux et de faire au mieux pour qu'il réussisse la carrière qu'il méritait.
26:09 Maintenant, après, je pense que ça a été trop vite pour tout le monde.
26:12 Tout le monde a été dépassé.
26:14 Merci beaucoup, en tout cas, Walid Tanzanefti, d'avoir été avec nous pour ce témoignage important.
26:20 Je vous souhaite une excellente soirée.
26:23 Merci beaucoup. Je remercie aussi également le maire de Saint-Germain, Arnaud Péricard.
26:27 Merci beaucoup d'avoir été avec nous, d'avoir apporté cet éclairage très précieux.
26:30 Restez bien avec nous pour la suite de l'Équipe du soir.
26:34 On remercie aussi Sébastien Tharaud, parce qu'avant, il faut qu'il aille se coucher,
26:37 parce que demain, il a une grosse journée.
26:38 Merci beaucoup, Seb, et encore bravo pour ce merveilleux travail sur le documentaire de Paul Pogba,
26:43 Liaison toxique, disponible sur l'équipe.fr en replay ou sur l'équipe Explore.
26:48 À tout de suite pour la suite de l'Équipe du soir.
26:50 [Musique]

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