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00:00Au moment où on m'a déposé cet enfant, en fait, sur la poitrine
00:04et qu'on a approché sa bouche de mon sein,
00:07je me suis dit, oh là là, mais quelle énorme responsabilité !
00:10C'est-à-dire que ce petit bout, en fait, j'en suis responsable seule.
00:15Je fais partie de ces femmes qui ont accouché seule.
00:18C'est un premier enfant, en tout cas, ça l'était pour moi,
00:21et vous vous posez toutes les questions des nouveaux parents.
00:23Vous êtes seule pour répondre à ces questions, pour faire face au rendez-vous.
00:26Quand vous accompagnez votre enfant à 4h du matin à Necker,
00:30parce qu'il y a une forte fièvre,
00:34ou que votre enfant est tombé dans la cour et qu'il a mal au bras,
00:39et qu'on vous a dit que ce n'était pas grave,
00:40mais que du coup, vous préférez aller à Necker à 4h du matin,
00:43vous êtes seule, en fait, vous ne pouvez pas regarder quelqu'un et dire,
00:45qu'est-ce que tu en penses ?
00:46Vous êtes seule, donc en fait, pour lever le doute,
00:49vous partez à l'hôpital.
00:51Il y a ces matins où juste c'est trop, en fait, où tout est trop,
00:56où vous commencez la journée en pleurs,
00:58et comme toutes les mamans, peu importe, je pense, d'une manière générale,
01:02famille traditionnelle ou pas,
01:03on n'a pas envie que nos enfants nous voient pleurer.
01:08Je ne sais pas si ce sont des joies de maman solo,
01:13mais en tout cas, ce sont des joies de maman.
01:15Quand votre enfant, vous le sortez de son bain,
01:19vous le mettez dans le lit, il vous regarde,
01:23il vous prend dans les bras et il y a cette interaction qui naît.
01:27Vous êtes le parent, c'est juste incroyable.
01:31Votre enfant, elle a fait que des mères se rendent compte
01:35que vous êtes une maman solo et vous disent que plus grande,
01:39il faudrait vous ressembler, qu'elle a bien conscience,
01:41et elle vous le dit très jeune, de tout ce que vous faites pour l'élever.
01:44Il y a 20 ans, être un parent solo,
01:46c'était quand même difficile, en fait, pour les gens de comprendre.
01:50Il y a eu du jugement, je trouve, en fait, de certaines personnes,
01:53de l'incompréhension, et puis sur toutes ces questions
01:56complètement lunaires.
01:57Parfois, je me disais, est-ce que c'est moi ?
01:58Est-ce que ce sont mes hormones ?
01:59Est-ce que je dois mal le prendre ?
02:01Donc, je me posais beaucoup de questions.
02:02Les gens se sont permis de rentrer, en fait, dans ma vie privée,
02:06pas pour m'accompagner pour certains,
02:08mais pour notifier la différence.
02:10Je me souviens aussi avoir eu des conversations assez délicates
02:14avec des gens qui ont touché, dès la naissance,
02:16le bracelet de ma fille de l'hôpital en disant
02:18« tiens, elle porte votre nom de famille ».
02:20Tout un tas de remarques comme ça qui font mal.
02:24Partout où vous allez, à l'APMI, quand vous cherchez le nounou,
02:27les gens toujours se regardent « mais où est le papa ? »
02:30Et en plus, ma fille avait la particularité d'être métiste.
02:33Donc, en fait, ça suscitait encore plus de questions.
02:35Pendant de longues années, j'ai quand même baissé presque la tête.
02:39J'étais forte pour ma fille, mais par rapport à toutes ces réflexions,
02:42je n'avais pas le panache pour pouvoir répondre
02:44parce qu'en fait, je trouvais que c'était rentrer dans l'intimité des gens.
02:47En fait, qu'ils rentraient dans mon intimité avec un jugement.
02:50Ce n'est qu'en voyant ma fille grandir que j'ai pris de la ressource
02:53et que petit à petit, je me suis permise de répondre.
02:56Bien que je trouvais parfois les questions dérangeantes,
03:00mais je me suis dit « en même temps, s'ils osent te poser ce type de questions,
03:03tu dois pouvoir répondre ».
03:04Je ne pense pas avoir été carriériste,
03:06mais il y a des opportunités qui se présentaient
03:09et en fait, je les saisissais.
03:11J'ai toujours eu cette envie de me dire « je dois avancer quand même
03:14parce que je voulais que ma fille ne manque de rien ».
03:16Je voulais qu'elle ait les mêmes activités,
03:18ou toutes les activités qu'elle souhaitait faire.
03:21Véritablement important, tout basique, qu'elle soit bien habillée.
03:24On n'allait pas en vacances à toutes les vacances scolaires,
03:26mais qu'on puisse partir en vacances toutes les deux chaque année.
03:29C'est vrai que j'ai pu compter toujours sur des amis,
03:32mais dans le 15e, il y a quand même pas mal de mamans solos.
03:35Donc en fait, on s'est rendu énormément de service.
03:37Je pense que sans ce cercle-là,
03:40je n'aurais pas pu évoluer professionnellement
03:43et je pense que je ne serais jamais engagée en politique.
03:46Nous ici, dans le 15e, je suis une invisible parmi les invisibles,
03:49mais quand vous habitez dans un village avec 120 personnes,
03:52quand vous vous séparez, et en plus que c'est difficile,
03:54finalement, vous avez un peu le regard de la société.
03:58Pas forcément bienveillant.
04:00Mon combat, effectivement, sans trop de prétention,
04:05c'est de pouvoir, le temps de mon mandat,
04:07faire faire quelques pas sur ce sujet-là.