Rémi Tell.

  • il y a 3 mois

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00:00:00Je voudrais introduire le sujet, avant d'aller purement dans la technologie,
00:00:05sur la question de la liberté d'expression, qui est une des libertés fondamentales.
00:00:09Et comme disait Georges Orwell, la véritable liberté, c'est de pouvoir dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre.
00:00:17Je suis bien placé pour le savoir.
00:00:18Et c'est tout de même extraordinaire de constater que les débats se passent ailleurs que certains pourraient penser.
00:00:28Certains pensent que les débats se passent dans les médias ou se passent dans les universités.
00:00:32Je ne dis pas qu'il n'y en a pas, mais il y en a peu.
00:00:35Et en fait, on se rend compte qu'ils se passent ailleurs.
00:00:38Les frères Tibériades à Lavaux avaient déjà, dès le départ, péché en invitant des individus considérés comme complotistes,
00:00:51qui n'est qu'un terme utilisé par le pouvoir pour nous empêcher de penser, de débattre et d'accepter la contradiction.
00:00:58Donc ils avaient commencé avec, je pense, Pascal Sacré, médecin anesthésiste réanimateur voué aux gémonies par le pouvoir,
00:01:05tout simplement pour avoir respecté le serment d'Hippocrate.
00:01:08Martin Stephens, philosophe, qui a fustigé masques, pass sanitaire et confinement.
00:01:15Samuel Fourfary, qui considère les changements climatiques tels que le présente le gouvernement comme une supercherie.
00:01:22Ou encore moi, le journaliste impertinent qui ose venir perturber la connivence journaliste et politique en conférence de presse.
00:01:30Journalistes révérencieux dont le ministre les appelle par leur prénom,
00:01:37démontrant par la même que ces conférences ne sont que du spectacle, comme aurait dit Debord.
00:01:42Donc justement, en première question, Rémi, on pourrait trouver paradoxal que c'est ici, chez les religieux, qu'on peut débattre
00:01:51et que le dogme, en fin de compte, on en parlait avec Cyril avant, la manière dont ils définissent le dogme en religion, le dogme est ailleurs.
00:02:03Merci Alexandre. Peut-être quelques mots d'introduction pour vous dire à la fois mon bonheur,
00:02:09et puis ma gratitude aussi d'être parmi vous aujourd'hui. Lorsqu'on m'a proposé ce projet d'intervention,
00:02:16je l'ai tout de suite accepté, admiratif du travail de la communauté,
00:02:23de ce qui a été fait et de ce qui continue à être fait pendant ces journées modètes aussi.
00:02:29Donc je tiens vraiment à remercier tous ceux qui, de près ou de moins près, ont contribué à organiser cet événement
00:02:38et puis vous tous qui participez, qui en êtes des visages et aussi des motifs, je crois, d'espérance pour l'avenir
00:02:48parce qu'on vit dans un monde qui n'est pas complètement joyeux, n'est-ce pas ?
00:02:54C'est peut-être ce qui nous réunit, mais justement, cette difficulté nous réunit et cette réunion d'âmes
00:03:02avec leur parcours divers, leur prisme parfois différent, et je crois vraiment porteuse d'espoir pour la suite.
00:03:13Et donc je suis très très heureux de me trouver parmi vous et très reconnaissant de votre invitation.
00:03:19Sur le principe d'un échange au sein d'une communauté religieuse, presque de façon clandestine,
00:03:28on pourrait dire, de prime abord, ça surprend.
00:03:33En même temps, je pense aussi à Robert de Sorbonne qui était ce théologien du XIIIe siècle
00:03:41qui, le premier, pour permettre aux étudiants en théologie de pratiquer leur savoir, de l'acquérir surtout,
00:03:51avait décidé de créer cette université, l'université de la Sorbonne, qui allait s'aimer ensuite un petit peu partout en Europe.
00:04:00Et donc la foi avait été une sorte d'aiguillon à la liberté d'expression et à la liberté de penser,
00:04:10système qui s'est maintenu pendant des siècles en Europe, mais qui se perd aujourd'hui.
00:04:19Et je suis aussi vraiment très honoré de ce dialogue avec toi, Alexandre,
00:04:24parce que je sais tout le travail que mène Kéros en Belgique et qui, soyons convaincus,
00:04:30diffuse bien au-delà des frontières belges et qui maintient justement ces espaces de liberté d'expression.
00:04:39Et effectivement, aujourd'hui, dans presque tous les champs de la vie,
00:04:44des politiques de santé aux politiques environnementales ou même au débat public le plus banal, le plus terre-à-terre,
00:04:56les vérités simples sont devenues d'âpres combats.
00:05:01Et on s'est retrouvés, nous tous, j'imagine, plus ou moins dans des situations de défendre
00:05:09ce qui, il y a vingt ans, aurait paru non seulement normal, mais en réalité extrêmement prosaïque, voire tautologique,
00:05:20à être considéré tantôt comme des fous, tantôt comme des militants extrémistes,
00:05:28tantôt comme des individus sur le chemin de l'hôpital psychiatrique,
00:05:34alors que le monde qui nous entoure ressemble, lui, à bien des égards, de plus en plus, à un hôpital psychiatrique à ciel ouvert.
00:05:45Je pense qu'on a connu des ruptures intellectuelles, des ruptures amicales, des ruptures professionnelles aussi, à l'occasion de ces dernières années.
00:05:58Peut-être qu'il faut accepter, pour sa tranquillité personnelle, d'être dans un monde qui,
00:06:04pour des raisons que chacun expliquera en fonction de sa philosophie, de ses croyances,
00:06:09est un monde radicalement inversé, et où ni l'espace médiatique, ni l'espace supposément démocratique
00:06:20ne permettent plus aujourd'hui non seulement d'exprimer une contradiction véritable, mais tout simplement même de penser.
00:06:26Or, la liberté, et singulièrement la liberté de penser, et je crois, au fondement,
00:06:34justement je vais rappeler cette petite histoire avec Robert de Sorbonne,
00:06:38de notre singularité et de l'exceptionalisme occidental, même si je ne suis pas complètement,
00:06:47je n'ai pas complètement ce concept d'Occident, et donc c'est quelque chose sur lequel on est en train de revenir.
00:06:55Il n'empêche, il y a une force intrinsèque à la liberté, il y a une force intrinsèque aussi à la vérité.
00:07:04On dit parfois que le mensonge prend l'ascenseur, mais que la vérité prend l'escalier.
00:07:09Et je vois que sur beaucoup, beaucoup de sujets, on commence aujourd'hui à revenir sur les dogmes
00:07:16qui ont été assénés pendant des années et des années dans l'espace médiatique.
00:07:20Je suis en ce moment en train de lire l'ouvrage absolument passionnant d'ailleurs d'Emmanuel Todd sur la défaite de l'Occident.
00:07:27Il évoque beaucoup la question du conflit Russie-Ukraine, et puis on voit cet Emmanuel Todd
00:07:35qui lui-même était mis au banc du débat public, alors qu'il est infiniment plus brillant et supérieur
00:07:42comme intellectuel à la plupart des intellectuels de plateau télé.
00:07:45Et on voit cet Emmanuel Todd réapparaître dans les grands médias et asséner avec sa force coutumière
00:07:53quelques vérités douloureuses, et puis ses interlocuteurs finalement bouche bée de ce retour du réel qui frappe à nouveau à la porte.
00:08:06Donc il est sûr que le temps rendra justice d'une certaine façon à ceux qui défendirent les faits contre la croyance,
00:08:17mais que de temps perdu dans l'intervalle, et de vie parfois disparue, de vie brisée, de vie envolée.
00:08:32Effectivement on vit dans un monde très sombre. Je vais peut-être terminer pour cette réponse beaucoup trop longue
00:08:39par vous dire que c'est une chance d'une certaine façon. Nous ne sommes pas seuls, l'Occident n'est pas seul,
00:08:46et le moment que nous traversons je crois suscite l'accélération d'une grande partie de la planète,
00:08:54parce que la planète attend de nous, et je m'en suis rendu compte effectivement dans des voyages ou à l'occasion d'études à l'étranger,
00:09:04on se demande souvent ce que pense la France, et aujourd'hui on se rend compte avec stupéfaction que la France ou la Belgique
00:09:12ne pensent pour l'essentiel plus rien, en tout cas plus de façon officielle.
00:09:18Et donc il ne faut pas oublier non plus que par-delà nos frontières immédiates, il y a aussi ces réservoirs de vérité,
00:09:26ces réservoirs de liberté, de liberté intellectuelle, et que nul n'est prophète en son pays.
00:09:32Je crois que notre devoir, Victor Hugo disait « sauverons la liberté, la liberté sauvera le reste »,
00:09:37c'est justement de sauver cette liberté, et c'est un peu ce qu'on est en train de faire aussi ce matin.
00:09:43Il faut dire qu'Emmanuel Todd a une vertu, c'est celle du courage, qu'on ne retrouve plus beaucoup,
00:09:47puisqu'il avait déjà écrit, en 2015 je pense, un livre où il critiquait vivement le spectacle autour de Charlie.
00:09:55Nous-mêmes, en avril, on avait fait un dossier qu'on avait appelé « Nous ne sommes pas tous Charlie »,
00:09:59donc juste après les attentats, il fustige aussi le wokisme, donc il ose penser,
00:10:05et donc c'est vrai qu'il a ce trait qui est le courage d'un homme révolté.
00:10:11Mais tu t'es attaqué à gros, puisque tu as retraduit Théodore Kaczynski,
00:10:17que j'aimerais bien que tu nous expliques pourquoi tu as décidé de réintroduire dans le débat public ce personnage hors norme.
00:10:30J'aimerais bien que tu nous le présentes, et voilà à la jeunesse de cette volonté de retraduire Théodore Kaczynski,
00:10:38qui a écrit « La société industrielle et son avenir », un livre essentiel pour penser le présent.
00:10:47Merci. Théodore Kaczynski est un terroriste, et je vais évacuer tout de suite la question que beaucoup se poseront, et un philosophe.
00:11:02Il est très connu comme terroriste, il a fait l'objet de diverses séries sur Netflix par exemple, beaucoup moins comme philosophe.
00:11:12Et en retraduisant son texte, c'est le philosophe, c'est les idées du philosophe que j'ai voulu mettre en avant,
00:11:18des idées qui avaient été justement très longtemps reléguées au second plan du fait de sa carrière d'activiste assez ratée d'ailleurs, il faut le dire.
00:11:30Alors pourquoi Kaczynski ? Pour resituer quand même un petit peu, Kaczynski fait l'objet de la plus longue et de la plus coûteuse traque.
00:11:4320 ans. 20 ans, c'est ça, de la part des autorités fédérales américaines.
00:11:48Il est étudiant en mathématiques, doctorant en mathématiques, il reçoit en 1967 le prix de la meilleure thèse des États-Unis en mathématiques,
00:11:59c'est vous dire la carrière à laquelle il était promis dans le monde officiel d'une certaine façon.
00:12:05Et puis il décide de tout abandonner pour aller vivre dans le Montana, dans une cabane, sans eau ni électricité.
00:12:13Ceux qui situent un peu le Montana aux États-Unis savent qu'il y fait très très froid.
00:12:18Et pendant 20 ans, il va adresser des colis piégés à des personnalités universitaires qui l'accusent de défendre la société industrielle.
00:12:33En 1995, il exerce un chantage contre la presse considérant que ses idées méritent d'être largement diffusées.
00:12:45Il envoie ce texte au New York Times et au Washington Post promettant de cesser son activité criminelle si le manifeste est publié.
00:12:57Ça nécessite un peu de réflexion du côté des rédactions et sans doute de l'appareil d'État américain.
00:13:04On lui donne satisfaction, on tire 180 000 exemplaires de son texte qui est donc diffusé à travers l'Amérique.
00:13:18Et c'est son frère qui va reconnaître et les obsessions et le style de Théodore, le dénoncer à la police.
00:13:28Il sera arrêté. Et il se trouve que moi j'ai découvert ce texte qui est absolument prophétique et je pense qu'on aura l'occasion de revenir dessus après.
00:13:36Parce qu'il donne le principe un peu actif et explicatif du monde moderne.
00:13:42J'ai découvert ce texte en avril 2023, c'est-à-dire très très tardivement.
00:13:47Après d'ailleurs avoir écrit la chute de Promethée qui s'intéressait déjà à la question technicienne.
00:13:54J'ai été absolument bluffé parce que j'ai compris que la logique qu'il avait exhumée permettait de rendre compte de la quasi-totalité des phénomènes contemporains.
00:14:06Y compris des phénomènes qui semblent a priori éloignés de la logique des sociétés industrielles.
00:14:14Et je me suis dit il va falloir proposer une nouvelle traduction.
00:14:18Il y en avait déjà qui avait été réalisée au début des années 2000.
00:14:23Mais c'était resté assez confidentiel.
00:14:27Il n'y a rien de minorant dans ma bouche de le dire.
00:14:31Je me suis dit il faut remettre ce texte-là dans le débat public.
00:14:35Mais c'était un projet un petit peu comme ça si vous voulez.
00:14:38J'avais d'autres projets en tête.
00:14:41Et un jour sur un autre ouvrage, je fais une séance de dédicaces avec mon éditeur.
00:14:48Et puis avant on va déjeuner à Paris.
00:14:51Et autour d'une bière je lui dis il y a ce type là Kassinsky.
00:14:56C'est un peu sulfureux.
00:14:58Il n'est pas vraiment réputé au sein du monde mainstream comme on dit.
00:15:06Mais le texte est génial et c'est vraiment dommage de ne pas le remettre au goût du jour.
00:15:12Et ce serait peut-être pas mal qu'on fasse une réédition du texte.
00:15:16C'est un éditeur courageux mais il n'est quand même pas suicidaire.
00:15:20Et donc il réfléchit une minute.
00:15:24Il est quand même très courageux.
00:15:27Et peut-être un peu suicidaire.
00:15:30Et il me dit pourquoi pas.
00:15:33Il avait lu le texte il y a des années.
00:15:35Il me dit pourquoi pas, faisons ça.
00:15:37Mais je vais quand même bien y réfléchir et je te redis ça.
00:15:40Il repart chez lui le soir à Nancy.
00:15:43Et il m'envoie un message à 20h38.
00:15:46Je me rappelle, il y a des choses qui restent.
00:15:48Il m'envoie un message à 20h38 en me disant
00:15:50Banco, on réédite la société industrielle et son avenir.
00:15:54J'ai vérifié, les droits d'auteur sont disponibles.
00:15:57Il était militant donc il avait laissé son livre libre de droits.
00:16:00Là tu dis merde, pas de vacances.
00:16:02Alors je me dis, non.
00:16:04Justement je me dis, bon.
00:16:07Je choisirai le moment de travailler dessus.
00:16:11Et deux minutes après, 20h40, il me revend un message.
00:16:14Théodore Kassinsky vient de mourir.
00:16:17Et donc on venait d'apprendre à la minute où il me donnait son accord.
00:16:21Le décès de Kassinsky.
00:16:22Il semblerait qu'il se soit suicidé dans sa cellule.
00:16:24Il s'est effectivement suicidé.
00:16:25Il était atteint d'un cancer généralisé.
00:16:27Il s'est ouvert les veines en phase terminale.
00:16:32Dans une prison de Caroline du Nord.
00:16:35Et donc ce qui était une idée et un projet un peu lointain.
00:16:39L'été arrivait en plus.
00:16:41Donc autant vous dire que je n'ai pas prévu de le gâcher.
00:16:45A relire et retraduire et présenter un texte.
00:16:49L'été venant, ce qui apparaissait comme une opportunité s'est transformé en devoir.
00:16:55Et en sacerdoce, je dois dire.
00:16:57Puisque cette retraduction est le fruit de quasiment 400 heures de travail.
00:17:02Théodore Kassinsky était un grand philosophe mais un piètre écrivain.
00:17:07Et donc il a fallu rendre digeste son texte.
00:17:09Évidemment sans en traduire.
00:17:11Enfin traduire le texte, sans le trahir plutôt.
00:17:15Sans en trahir l'essence.
00:17:18Et donc on l'a proposé à la réédition.
00:17:21Il est sorti en octobre.
00:17:23Et je suis assez étonné de l'écho qu'il rencontre.
00:17:29En dépit de la quasi totale absence de couverture magnétique.
00:17:33Pour des raisons que vous imaginez.
00:17:35Quasi totale absence.
00:17:37Hormis quelques courageux.
00:17:39Et ça signifie bien qu'en fait les gens ont l'intuition.
00:17:43Qu'il y a quelque chose de fondamental dans cet ouvrage là.
00:17:49Voilà un peu la genèse de la réédition de la société industrielle à son avis.
00:17:56Alors je rappelle qu'Assange est depuis plus de dix ans en prison.
00:18:02Pour moi nous ne sommes pas dans une société démocratique.
00:18:06Et ce seul fait l'exprime bien.
00:18:08C'est à dire qu'Assange n'a rien fait à part dire la vérité.
00:18:11Donc j'aimerais bien qu'on puisse penser à ce concept de vérité.
00:18:15Qui selon moi ne se construit que par le débat.
00:18:18Il n'y a pas de vérité avec un grand V nécessairement.
00:18:22Et de la penser par rapport à ce paradoxe de Théodore Kaczynski.
00:18:27Qui, pour pouvoir s'exprimer, a dû commettre des attaquants.
00:18:32Alors son surnom lui a été donné par les rouvrières.
00:18:35Il est un unabomber.
00:18:36Notamment parce qu'il s'attaquait aux universités.
00:18:39UN et à l'aéronautique.
00:18:41Je ne vais pas rester sur cet aspect.
00:18:45Mais je voudrais quand même citer ce qu'il disait.
00:18:48Et que tu réagisses à ça.
00:18:50Il disait de manière glaçante dans son manifeste de 1995.
00:18:55Les médias d'information sont généralement entre les mains d'importants consortiums
00:18:59qui sont partie intégrante du système.
00:19:02Si nous n'avions jamais commis d'actes de violence.
00:19:05Et que nous ayons soumis le présent texte atteint à un éditeur.
00:19:08Celui-ci l'aurait probablement refusé.
00:19:11Il a tout à fait raison.
00:19:13Le fait de présenter notre message avec quelque chose
00:19:16de produire une impression durable sur le public.
00:19:19Nous avons dû tuer des gens.
00:19:22Oui c'est d'ailleurs la seule référence dans le texte
00:19:25qui fait à son action criminelle.
00:19:28Il avait tenté au départ dans les années 70.
00:19:33Puisqu'il publie l'écrit.
00:19:36Il a publié un premier texte en 1971.
00:19:40Qui s'appelle Technologie et Liberté.
00:19:42Il avait tenté de réunir autour de ce qu'il avait appelé le Freedom Club.
00:19:46Avec l'école d'ailleurs il a signé la plupart de ses attaques terroristes.
00:19:50De réunir autour de lui des sympathisants.
00:19:54En fait de la cause technocritique.
00:19:57Ce qui a échoué sans doute pour différentes raisons.
00:20:01Dont toutes ne sont pas imputables.
00:20:04A la volonté du système de ne pas médiatiser ses idées.
00:20:08Mais il a compris qu'il ne serait pas diffusé.
00:20:12Parce qu'il touchait au cœur du problème.
00:20:15Il a été influencé par quelqu'un comme Jacques Ellul.
00:20:19Je vous raconte une anecdote.
00:20:22Cela faisait des années que je n'avais pas été à Sciences Po.
00:20:27Jacques Ellul était un philosophe protestant.
00:20:31Français.
00:20:35Spécialiste de la question technique.
00:20:38Qui explique d'ailleurs que la modernité a consacré un transfert du sacré vers la technique.
00:20:47Un philosophe essentiel pour comprendre le monde dans lequel nous vivons.
00:20:53L'autre jour je me promenais à Paris.
00:20:57Je passe devant la librairie de Sciences Po.
00:21:01Ce que je n'avais pas fréquenté depuis 10 ans.
00:21:05Je cherchais un ouvrage de Jacques Ellul.
00:21:08Je me dis qu'on va regarder s'il est là.
00:21:11J'entre.
00:21:13Il y avait tous les ouvrages.
00:21:16Woke.
00:21:18Desconstruction.
00:21:20Tout ce qu'on peut imaginer.
00:21:22Je vais voir la libraire.
00:21:24Je lui demande si elle a du Jacques Ellul.
00:21:28La référence.
00:21:30Incapable de mener la recherche puisqu'elle ne savait même pas orthographier son nom.
00:21:37Je lui donne l'orthographe du nom de Jacques Ellul.
00:21:41Évidemment dans la librairie de Sciences Po.
00:21:45Qui est censée être l'institut national français des sciences politiques.
00:21:50Il n'y avait aucun ouvrage de Jacques Ellul.
00:21:56Si vous cherchez du Enthoven ou des conneries comme ça.
00:22:00On était absolument bourrés.
00:22:03Je sors de la librairie.
00:22:06Il y avait une petite affichette.
00:22:09Cette librairie a été construite grâce au soutien financier d'un milliardaire.
00:22:16Que je peux nommer Marc Ladrette de Lacharrière.
00:22:20Qui est un homme très discret.
00:22:23Qui a fait un peu les médias.
00:22:26Puisque son fils a été pris dans une affaire de pédocriminalité.
00:22:30Il a été sauvé médiatiquement par une certaine Mimi Marchand.
00:22:35Que vous connaissez peut-être.
00:22:38Je me suis dit que tout est dit sur le monde actuel.
00:22:42Kaczynski l'avait sans doute pressenti.
00:22:46Il pressentait que par les voix traditionnelles.
00:22:50Il serait compliqué de faire connaître ses idées.
00:22:54Parce que la plupart des responsables politiques.
00:22:58C'est vrai en Belgique, en France.
00:23:01Dans le reste du monde occidental.
00:23:04Tentent de ménager les causes de la société industrielle.
00:23:08Sans jamais s'en prendre aux conséquences.
00:23:12En gros, ce que nous dit Kaczynski.
00:23:15Pour résumer la thèse en quelques points.
00:23:18Il nous dit que la seule réalité humaine.
00:23:22Depuis la révolution industrielle.
00:23:25Est la réalité technologique.
00:23:28La technologie précède la politique.
00:23:31Les forces politiques n'ont aucun impact sur la vie des hommes.
00:23:35Ce qui impacte la vie des hommes.
00:23:38C'est l'état technologique de notre société.
00:23:41La technologie est incompatible avec la liberté humaine.
00:23:45La société des machines est elle-même une machine.
00:23:49Dans cette machine, l'homme fait figure de rouage.
00:23:53Pour qu'un rouage serve dans la machine.
00:23:56Il doit être parfaitement ajusté.
00:23:59S'il y a du jeu, tout s'enraye.
00:24:02La liberté humaine fait office de variable.
00:24:05D'ajustement à la société industrielle.
00:24:08Qui va tenter de contrôler l'homme.
00:24:11Par la manipulation biologique.
00:24:14La psychotropie.
00:24:17La France est l'un des plus grands consommateurs de psychotropes.
00:24:21Mon ami a publié une étude.
00:24:24Près de la moitié d'entre nous.
00:24:27Sommes sous l'influence quotidienne.
00:24:30De psychotropes.
00:24:33La consommation de cocaïne a doublé en France.
00:24:36Je le cite.
00:24:39Sur ce sujet.
00:24:43On observe une explosion.
00:24:46De la consommation de drogues.
00:24:49Depuis le Covid.
00:24:52Il y a deux façons de comprendre ce phénomène.
00:24:55Soit on le prend d'un point de vue strictement.
00:24:58Sécuritaire.
00:25:01De lutte contre la criminalité.
00:25:04C'est nécessaire.
00:25:07C'est pas le sujet.
00:25:10Soit on se demande la fonction de la drogue.
00:25:13Dans la société moderne.
00:25:16Ce que répond Kaczynski.
00:25:19Il utilise les psychotropes.
00:25:22La drogue permet à l'homme.
00:25:25De supporter les conditions intenables.
00:25:28Que crée la société industrielle.
00:25:31Et de répondre aux exigences.
00:25:34Sur la question de la cocaïne.
00:25:37Les saisies ont été multipliées par deux.
00:25:40Depuis le Covid.
00:25:43Et comme le travail des douanes.
00:25:46N'a pas été multiplié par deux.
00:25:49Sans être un grand statisticien.
00:25:52Et donc la demande qui a été multipliée par deux.
00:25:55C'est un moyen.
00:25:58De rester dans le coup.
00:26:01Face à un monde qui exige de nous.
00:26:04Plus de réactivité.
00:26:07D'être dans ce mouvement permanent.
00:26:10A l'inverse.
00:26:13On peut penser à d'autres drogues.
00:26:16Elles ralentissent.
00:26:19Elles permettent de baisser la pression.
00:26:22Dans une époque de révolution sociale.
00:26:25Quand on consomme des tranquillisants.
00:26:28On n'est pas occupé à faire la révolution.
00:26:32Et voici un autre exemple.
00:26:35La manipulation biologique.
00:26:38La manipulation psychologique.
00:26:41À travers la propagande de masse.
00:26:44Avec la première guerre mondiale.
00:26:47Dans cette manipulation psychologique.
00:26:50Ils parlent du système éducatif.
00:26:53Une petite parenthèse.
00:26:56On vient de trouver.
00:26:59Et justement, je disais que la France n'est pas le seul pays concerné
00:27:06à avoir un système d'économie, d'économie d'économie, d'économie d'économie,
00:27:11d'économie d'économie, d'économie d'économie, d'économie d'économie,
00:27:15d'économie d'économie, d'économie d'économie, d'économie d'économie,
00:27:19d'économie d'économie, d'économie d'économie, d'économie d'économie,
00:27:23d'économie d'économie, d'économie d'économie.
00:27:26C'est le seul pays concerné.
00:27:30À part le sujet, à mon avis, si on fouillait le cabinet ministériel
00:27:34ou qu'on menait des analyses capillaires sur le ministre,
00:27:38peut-être même sur le président, on serait surpris par les résultats.
00:27:42C'est une petite parenthèse personnelle.
00:27:46La manipulation psychologique et enfin la manipulation génétique.
00:27:50Tout simplement par des thérapies
00:27:54qui permettront de plus en plus
00:27:58de plus en plus
00:28:02de plus en plus
00:28:06de plus en plus
00:28:10d'adapter l'homme aux besoins de la société industrielle
00:28:14et avec des arguments très puissants au fond.
00:28:18Évidemment, on ne présentera pas la manipulation génétique
00:28:22comme un moyen simplement de vous faire dormir moins la nuit
00:28:26ou on vous dira que c'est pour votre santé,
00:28:30que c'est pour votre sécurité aussi.
00:28:34Ces portes d'entrée là, ou pour la planète,
00:28:38sont extrêmement utilisées aujourd'hui et elles sont extrêmement puissantes.
00:28:42C'est l'exemple que je prends toujours quand j'interviens sur ces sujets.
00:28:46M.Musk propose, et on y est,
00:28:50grâce à ses neuroprothèses Neuralink,
00:28:54d'augmenter la capacité cognitive des enfants
00:28:58et que vous mettez vos enfants dans une classe où certains élèves sont augmentés
00:29:02et d'autres ne le sont pas, il va quand même y avoir
00:29:06une tentation extrêmement forte qui va fragiliser
00:29:10toutes les barrières morales, éthiques, religieuses qu'on peut avoir
00:29:14parce que la réalité c'est que si les autres enfants sont augmentés et que le vôtre ne l'est pas,
00:29:18non seulement il sera dernier de sa classe
00:29:22et il ne fera pas les études qu'il aura rêvé de faire,
00:29:26il ne fera pas le métier qu'il aurait voulu faire, mais en plus il est promis
00:29:30à la marginalité, à l'isolement social, etc.
00:29:34La technologie, c'est ceci de particulier, qu'elle crée des précédents
00:29:38et des précédents qui sont en bonne part irréversibles.
00:29:42Il nous dit que la société industrielle adapte le comportement humain
00:29:46par la manipulation biologique, la manipulation psychologique
00:29:50et la manipulation génétique, y compris dans son intérêt propre
00:29:54puisque la société industrielle crée des conditions invivables pour l'homme
00:29:58par exemple le changement permanent
00:30:02qui est fondamentalement décorrélé
00:30:06de la temporalité humaine la plus spontanée
00:30:10par exemple cette absence
00:30:14il utilise un concept central dans son texte
00:30:18qui est le processus de puissance, c'est-à-dire l'impossibilité
00:30:22depuis la révolution industrielle qu'a l'homme de déterminer
00:30:26les conditions immédiates de son existence
00:30:30pour deux raisons. Kaczynski nous dit
00:30:34la chose suivante, désolé c'est un peu brouillon, il nous dit
00:30:38la société industrielle confisque la liberté de l'homme
00:30:42qu'est-ce que la liberté pour Théodore Kaczynski ?
00:30:46c'est la possibilité de se donner des objectifs
00:30:50de consentir à un effort raisonnable pour atteindre ses objectifs
00:30:54et d'atteindre ses objectifs. Le chasseur-cueilleur selon Kaczynski est libre
00:30:58puisqu'il a besoin de trouver de la nourriture pour sa famille
00:31:02il part donc en chasse le matin
00:31:06il cueille, il chasse, il ramène le gibier
00:31:10les fruits, les légumes à sa famille
00:31:14il est donc libre, il est donc autonome
00:31:18d'une certaine façon comme on le dirait aujourd'hui. Pourquoi la société industrielle
00:31:22détruit cette autonomie
00:31:26pour deux raisons dit Kaczynski, d'une part parce que dans la société industrielle
00:31:30les besoins vitaux de l'homme sont satisfaits sans effort
00:31:34c'est à dire qu'aujourd'hui vous pouvez ne pas travailler
00:31:38par exemple, et c'est pas du tout une critique
00:31:42il n'y a pas du jugement de valeur dans ma bouche
00:31:46mais continuer grâce à des allocations
00:31:50grâce bientôt au salaire universel dont vous avez bien compris qu'il est voulu justement
00:31:54par les tenants de la société industrielle, réunir
00:31:58des ressources qui vous permettront de survivre en tout cas biologiquement
00:32:02je n'ai pas dit de vivre, j'ai dit vraiment de survivre biologiquement
00:32:06ce qui n'était pas forcément possible en dehors de l'aide par exemple de l'église
00:32:10il y a 300 ou 400 ans
00:32:14mais pour tout le reste dans votre vie
00:32:18en fait vous ne décisez de rien puisque ce qui affecte
00:32:22votre quotidien c'est la logique
00:32:26de la société industrielle qui est elle même déterminée par des gens que vous ne connaissez pas
00:32:30et sur lesquels vous n'avez aucune influence
00:32:34et effectivement Alexandre tu le disais, la démocratie aujourd'hui est une fiction
00:32:38elle est une fiction pour des raisons de cours moyen terme
00:32:42mais fondamentalement parce que comme l'expliquait Kassinsky
00:32:46la technique, la technologie
00:32:50a pris le pouvoir sur la politique et c'est vrai que dans nos milieux
00:32:54on critique beaucoup l'action des gouvernements etc
00:32:58moi j'ai eu la chance d'un milieu extrêmement populaire
00:33:02j'ai eu la chance à un moment de fréquenter des gens qui sont aujourd'hui plutôt
00:33:06dans des positions de pouvoir puis
00:33:10de réagir par rapport à ça et d'être dans l'opposition
00:33:14je pense au risque de surprendre voire de choquer certains d'entre vous
00:33:18je pense que la plupart de nos dirigeants ne sont pas animés de quelconque
00:33:22projet maléfique à notre endroit
00:33:26la plupart sont convaincus de bien faire ou s'efforcent de bien faire
00:33:30mais ils agissent dans un cadre
00:33:34qui les contrôle et que eux ne contrôlent pas
00:33:38qui est un cadre
00:33:42qui possède son propre effet d'entraînement
00:33:46et avec une adaptation constante de leur part
00:33:50ils ne dirigent plus rien
00:33:54si vous prenez les débuts
00:33:58du processus dit de vaccination
00:34:02il y a une interview d'Emmanuel Macron
00:34:06chez un journaliste indépendant qui s'appelle Rémy Buzin
00:34:10au tout début de l'année 2021
00:34:14Emmanuel Macron dit
00:34:18nous ne savons rien de ces produits
00:34:22c'est une technologie nouvelle
00:34:26qui ne saurait être confondue avec les vaccins traditionnels
00:34:30éprouvés qu'on rend obligatoires après 50 années de mise sur le marché
00:34:34et il est évidemment hors de question dans ce contexte
00:34:38d'imposer quoi que ce soit à quiconque
00:34:426 mois après il avait son discours délirant
00:34:46au tout début du conflit en Ukraine
00:34:50Emmanuel Macron a été très critiqué
00:34:54parce qu'il avait entretenu le dialogue
00:34:58avec Vladimir Poutine
00:35:02il s'était même rendu à Moscou
00:35:06il a tenté de faire quelque chose
00:35:10et puis finalement aujourd'hui
00:35:14on se dépoule et nous on César
00:35:18vous voyez bien qu'au delà de la volonté des hommes
00:35:22de leur personnalité et même de l'idéologie qu'ils portent
00:35:26il y a aujourd'hui une logique qui se confond entièrement
00:35:30avec le monde occidental et partiellement avec le reste du monde
00:35:34et qui oriente l'ensemble des choix politiques
00:35:38et ça c'est ce que décrit Kassinsky
00:35:42et pour lui cette logique préside à toutes les autres
00:35:46mais en France sur la question de la guerre civile
00:35:50de se demander si un jour il y aurait un conflit
00:35:54de nature ethnique, inter-ethnique
00:35:58en France
00:36:02certains sur l'échiquier politique le pensent
00:36:06mais Kassinsky lui répond qu'à nouveau là c'est traiter
00:36:10la conséquence et pas le problème
00:36:14Kassinsky répondrait à ça aujourd'hui, il nous dirait
00:36:18la société industrielle a besoin de s'attacher à la loyauté exclusive des individus
00:36:22pour ce faire elle brise les communautés spontanées
00:36:26notamment les nations
00:36:30créant les conditions d'un grand mélange, d'un grand tout multiculturel
00:36:34lui-même provoquant des frictions
00:36:38ce que certains appellent le choc des civilisations
00:36:42elle va à nouveau revenir à ce qu'elle sait faire de mieux
00:36:46utiliser la liberté humaine comme variable d'ajustement
00:36:50et plutôt que de rétablir des frontières aux états-nations
00:36:54elle va déplacer la frontière à l'intérieur, des portiques de sécurité à l'entrée des lycées
00:36:58des caméras de surveillance dans le métro, etc
00:37:02je pense aujourd'hui que la plupart
00:37:06des phénomènes contemporains sont contenus
00:37:10dans l'affaire du progrès de la société industrielle
00:37:14je termine juste comme ça, je règle entre guillemets
00:37:18cette histoire de Kassinsky
00:37:22Kassinsky nous dit, la technologie entretient un rapport univoque
00:37:26avec l'espèce humaine, c'est-à-dire que le monde avance toujours vers plus de technologisation
00:37:30il est impossible, on pourra peut-être revenir dessus, de faire le tri
00:37:34entre les bons aspects de la technologie et les mauvais aspects de la technologie
00:37:38les bons aspects de la technologie fonctionnent en partie grâce aux mauvais aspects de la technologie
00:37:42soit on accepte tout, soit on refuse tout
00:37:46l'avenir de l'homme dans tout ça, nous dit Kassinsky
00:37:50il y a deux possibilités, soit les conditions de vie auront été rendues suffisamment insupportables
00:37:58et la société industrielle n'aura pas encore eu le temps de manipuler suffisamment l'homme
00:38:02pour qu'il s'y adapte, et donc il y aura une révolution de nature
00:38:06il va s'effondrer le système industriel qui est lui-même aux prises avec un certain nombre de contractions
00:38:12soit ce sera la domestication totale
00:38:16Kassinsky n'exclut pas que l'homme, dans le cadre de cette domestication totale, soit un homme heureux
00:38:22il peut être adapté par le biais de la manipulation génétique
00:38:26à des choses qui aujourd'hui nous sembleraient invivables
00:38:30mais il nous dit qu'il ne sera pas libre
00:38:34le combat qu'on a mené, c'est un combat pour la liberté de l'homme
00:38:38justement, de nouveau paradoxalement, le sujet se croit plus libre que jamais
00:38:42puisqu'il peut décider par exemple de changer de sexe quand il veut
00:38:48et maintenant on peut aller dans une administration belge
00:38:52et changer de genre quand on veut, plusieurs fois
00:38:56je suis aussi psy, j'ai discuté avec une thérapeute hier
00:39:02dans une rencontre de psychologues qui, quand j'ai évoqué le sujet LGBTQ+, c'est la nécessité de mettre des limites
00:39:08ce qui est le propre de la société, donc les limites que ne respecte pas la société industrielle
00:39:14et qui est aussi le propre du travail thérapeutique, de mettre des limites au sujet pensant
00:39:18elle a été outrée, je lui ai conseillé quelques lectures
00:39:22notamment que je vous conseille, Dany Robert Dufour
00:39:26Le Phénomène Trans, qui pour moi est le meilleur livre sur le sujet
00:39:30ou des documentaires comme Enfant Trans, parlons-en
00:39:34ou What's a Woman, qui est un documentaire excellent aussi
00:39:38où un individu va demander à des gens de divers milieux
00:39:42qu'est-ce qu'une femme, c'est assez étonnant quand à New York il est dans une rue
00:39:46et que trois jeunes filles de 16 ans n'arrivent pas à lui répondre
00:39:50posez-vous la question, et donc cette personne à qui je parlais, cette thérapeute
00:39:54est partie en disant je n'ai pas de temps à perdre avec vous
00:39:58je voudrais justement qu'on parle de cette question
00:40:02transhumaniste, parce que pour moi l'idéologie LGBTQ+, c'est aussi une idéologie transhumaniste
00:40:06que tu puisses la mettre en lien avec l'intelligence artificielle
00:40:10après dans la suite de ta réponse
00:40:14et puis la question des limites, et puis le fait que Kaczynski avait déjà prédit
00:40:18cette attaque sur ce qui était normalement
00:40:22le dernier bastion contre la société industrielle, c'est-à-dire nos corps
00:40:26alors effectivement il peut y avoir
00:40:30il y a un paradoxe apparent, parce qu'on décrit
00:40:34une société liberticide etc, et en même temps on peut se dire
00:40:38on n'a jamais été aussi libres
00:40:42en France on peut même maintenant changer de nom de famille, de patronne
00:40:46on peut changer de sexe
00:40:50ou même quand on n'en change pas suite à une opération
00:40:54on n'a jamais de sexe, parce qu'il faut changer de sexe il faut changer de chromosome
00:40:58mais en tout cas on peut faire croire qu'on change de sexe
00:41:02mais on peut toujours penser qu'on en change
00:41:06mais on peut même se décréter aujourd'hui
00:41:10homme ou femme, il y a des phénomènes qui sont assez
00:41:14drôles
00:41:18avant quand une personne
00:41:22changeait d'identité sexuelle
00:41:26il y avait quand même un effort de recherche
00:41:30et aujourd'hui on se retrouve dans des situations avec des mecs qui vont se mettre une perruque blonde
00:41:34et qui disent c'est bon ça y est, le truc est fait, j'ai changé
00:41:38donc là on est vraiment dans l'ordre de l'incantation, ce qui pose une question
00:41:42et je pense qu'elle est centrale aussi dans l'époque contemporaine
00:41:46du rapport au monde réel, en tout cas il y a une sorte de paradoxe apparent
00:41:50on pourrait se dire que nous n'avons jamais d'une certaine façon été aussi libres
00:41:54de s'auto déterminer
00:41:58Kaczynski répond à la chose suivante, il dit
00:42:02surtout les sujets importants en réalité de la réalité humaine
00:42:06nous n'avons aucune liberté, et puis surtout ce qui est accessoire
00:42:10la société industrielle peut nous sembler
00:42:14extrêmement permissive, c'est à dire qu'au fond
00:42:18que vous soyez un homme ou une femme
00:42:22et encore ce que je veux dire n'est pas vrai
00:42:26j'allais dire que vous soyez un homme ou une femme, vous restez par exemple un consommateur ou un travailleur
00:42:30et en fait ce n'est pas vrai puisqu'aujourd'hui on sait que les femmes
00:42:34il n'y a aucun jugement de valeur là-dedans
00:42:38mais il y a une transformation de marketing
00:42:42qui est plus importante chez les femmes que chez les hommes
00:42:46la société industrielle a féminisé les comportements tout simplement parce que ça étend son marché
00:42:50mais vous voyez que tous ces aspects là
00:42:54de la soi-disant liberté sexuelle
00:42:58ce sont des aspects centraux peut-être pour l'intime
00:43:02mais insignifiants pour nos vies au sens politique
00:43:06et à l'époque on parlait du pain et des jeux
00:43:10aujourd'hui on pourrait remplacer ça
00:43:14par les mots qui me viennent en tête
00:43:18mais vous avez compris l'idée
00:43:22c'est à dire qu'au fond on vous réduit en esclavage
00:43:26mais pour détendre un petit peu l'atmosphère
00:43:30il va y avoir cette omniprésence par exemple de la question sexuelle
00:43:34ou de la question identitaire
00:43:38et puisqu'on vous prive de votre identité profonde
00:43:42avec sa capacité à réfléchir sur lui-même
00:43:46à réfléchir sur sa vie
00:43:50à influer sur le cours des événements
00:43:54mais aussi au sens politique
00:43:58on va vous offrir des libertés de consolation
00:44:02qui sont en réalité des alienations
00:44:06je ne veux pas rentrer trop dans ce débat
00:44:10quand on a un rapport déréglé au réel
00:44:14au point de décréter juste comme ça
00:44:18récemment je faisais une conférence
00:44:22à Strasbourg et je parlais avec une professeure d'université
00:44:26et elle me disait j'ai des problèmes parce que
00:44:30j'ai des élèves qui sont genders fluides
00:44:34c'est à dire qu'en fonction des jours ils sont filles ou garçons
00:44:38et donc elle me parlait de l'exemple d'un de ses étudiants
00:44:42qui s'appelait Mathis initialement
00:44:46et les jours où il se sentait fille c'était Mathilde
00:44:50et elle me disait en fait c'est devenu intenable dans les classes
00:44:54parce qu'on se voit lundi c'est Mathis
00:44:58on se revoit le jeudi je dis Mathis
00:45:02et ça crée un scandale parce que ce jour là en fait c'est Mathilde
00:45:06et donc là quoi qu'on pense des questions
00:45:10de la sexualité etc vous voyez bien qu'en fait ce qui est présenté comme une liberté
00:45:14n'est pas une liberté c'est une aliénation
00:45:18ça va plus loin puisque aux Etats-Unis dans certains états
00:45:22et dans l'enseignement il est interdit les amis m'ont dit
00:45:26récemment j'ai été aux Etats-Unis d'utiliser masculin féminin
00:45:30ou homme et femme sinon sous peine d'être viré pour le prof et puis il y a aussi le xénogen
00:45:34ça c'est beaucoup plus loin donc je me prends pour un renard
00:45:38et on me met une gamelle en place
00:45:42et ce n'est pas une blague donc what is a woman si vous allez voir on l'a mis sur le site de Kéros
00:45:46il y a un sujet qui est interrogé qui au fait c'est des pathologies mentales
00:45:50il faut les reconnaître qui est interrogé et qui se prend pour un loup ou un renard
00:45:54ça va encore plus loin un loup
00:45:58oui et puis avec ce que ça suppose après le contreparti par exemple
00:46:02vis-à-vis de la collectivité
00:46:06alors peut-être que quand on s'identifie à un chat
00:46:10si la seule revendication c'est d'avoir les croquettes tous les jours
00:46:14à la limite ça va
00:46:18mais il y a par exemple des personnes qui s'identifient
00:46:22à des personnes en situation de handicap
00:46:26et qui réclament
00:46:30l'allocation adulte handicapé
00:46:34non mais c'est vrai, qui réclament l'allocation adulte handicapé
00:46:38ou qui s'identifient, c'est le cas aux Etats-Unis
00:46:42des personnes qui s'identifient aux natifs américains, aux indiens d'Amérique
00:46:46qui aujourd'hui disposent de certains droits
00:46:50particuliers du fait de l'histoire américaine
00:46:54et de ce que le gouvernement a fini par concéder
00:46:58aux indiens d'Amérique
00:47:02et qui réclament de pouvoir bénéficier de ces droits
00:47:06c'est l'exemple idéal, typique, mais qui n'est pas
00:47:10c'est pas un fait divers, c'est devenu un fait de société tant que ça arrive
00:47:14du violeur, c'est toujours aux Etats-Unis ou en Angleterre
00:47:18du violeur de femmes qui se présente au tribunal comme ayant fait une transition de genre
00:47:22et qui est enfermé dans une prison pour femmes
00:47:26et je vous assure, allez voir sur internet, c'est pas du folklore
00:47:30c'est devenu un phénomène commun
00:47:34et dans les établissements pénitentiaires américains
00:47:38on commence à réfléchir à la question du traitement
00:47:42de ce type de prisonniers, parce qu'évidemment ça pose un problème de sécurité
00:47:46dans le sport
00:47:50avec les athlètes hommes aux résultats
00:47:54médiocres qui décident du jour au lendemain de concourir
00:47:58dans la catégorie femmes et qui deviennent champions du monde
00:48:02ça crée en plus d'autres problèmes
00:48:06ça pose justement la question de la liberté
00:48:10exactement
00:48:14et de sa définition, justement la liberté
00:48:18très clairement ça ne rentre pas dans le cadre de la définition
00:48:22de Kaczynski, mais moi tout ça m'apparaît plutôt
00:48:26comme une forme d'aliénation et comme étant tout le contraire
00:48:30de la liberté, et donc le caractère un peu libertaire
00:48:34de la société
00:48:38moderne, moderne ficissante
00:48:42n'est pas en contradiction avec l'idée que nous vivons
00:48:46dans un monde liberticide, bien au contraire
00:48:50il y a une explosion, on voit bien aussi des pathologies mentales
00:48:54et du trouble commun, puisque les repères se sont tous effondrés
00:48:58ils ont été dissous par la logique de la société industrielle
00:49:02qu'il s'agisse de repères religieux
00:49:06beaucoup, Emmanuel Todd dans son ouvrage, rend compte
00:49:10de l'effondrement du protestantisme comme symptôme premier de l'effondrement de la société américaine
00:49:14je me permets modestement
00:49:18de répondre à Emmanuel Todd en disant
00:49:22qu'est-ce qui effondre le protestantisme, qu'est-ce qui provoque la révolution française
00:49:26c'est bien le début d'industrialisation
00:49:30avec les revendications des bourgeois, des marchands
00:49:34le besoin de décloisonner les territoires
00:49:38de moderniser un certain nombre d'infrastructures
00:49:42c'est tout ça qui précipite aussi la révolution française et l'effondrement
00:49:46du protestantisme aux Etats-Unis, donc je pense qu'avant même la question religieuse
00:49:50il y a la question technique, avec à nouveau
00:49:54pour reprendre le mot de Jacques Ellul, ce transfert du sacré
00:49:58vers la technique.
00:50:02C'est important de dire un mot, le religieux
00:50:06le religieux n'a pas disparu du tout dans les sociétés modernes
00:50:10qui font croire qu'ils l'ont chassé pour être dans une société tout à fait libre
00:50:14c'est faux, le sacré a juste été transféré sur la technique.
00:50:18Alors là je vais répondre comme si j'étais Emmanuel Todd
00:50:22mais sans avoir d'avis moi-même tranché sur le sujet
00:50:26C'est très bien, on va bientôt l'interviewer.
00:50:30Emmanuel Todd définit trois stades
00:50:34dans la croyance religieuse
00:50:38la croyance immémorielle d'une certaine façon
00:50:42et la croyance zombie, c'est-à-dire des restes
00:50:46de croyances, par exemple on n'assiste plus à la messe le dimanche
00:50:50en revanche les enfants continuent à être baptisés
00:50:54on continue à se marier à l'église, etc.
00:50:58Cette religion zombie a tendance à provoquer des dogmes de substitution
00:51:02par exemple le communisme ou le nationalisme
00:51:06et le XXe siècle, plein de ces deux grandes idéologies
00:51:10de la religion zombie, déjà zombifée en réalité
00:51:14par la société industrielle
00:51:18et enfin il distingue un stade de la religion zéro
00:51:22qui pour lui est la manifestation du nihilisme contemporain
00:51:26il insiste beaucoup sur ce concept de nihilisme
00:51:30et par exemple pour prouver le passage du niveau zombie
00:51:34au niveau zéro, il utilise
00:51:38l'augmentation des crémations
00:51:42on en parlait juste avant de commencer l'échange
00:51:46je vous cite des chiffres approximatifs
00:51:50à la fin du XIXe siècle il y a 0,03% de crémations
00:51:54en France, dans les années 1920
00:51:58il y a 2 ou 3%, dans les années 1980
00:52:02il y a 12 ou 13% et en 2021 on était à 79%
00:52:06et donc on peut penser ce qu'on veut, la crémation
00:52:10en dehors de toute considération religieuse ou autre
00:52:14mais c'est un fait anthropologique, pas simplement dans un effet de mode
00:52:18le rite funéraire
00:52:22certains anthropologues expliquent que c'est les rites funéraires
00:52:26qui marquent le début de la singularisation humaine
00:52:30qui ont été interdits pendant la période Covid
00:52:34ça c'est un autre sujet
00:52:38mais je pense qu'il y a beaucoup de choses qui se sont passées dans la période Covid
00:52:42qui ont créé des traumatismes qui vont produire des effets comportementaux
00:52:46dans 10, 20, 30 ans, notamment sur les enfants
00:52:50et donc là on a un marqueur anthropologique fort
00:52:54où en l'espace de moins d'un siècle
00:52:58le rite funéraire principal du monde occidental
00:53:02a radicalement changé
00:53:06et donc ça signe aussi le bouleversement et peut-être la fin
00:53:10de la société à laquelle on était attaché
00:53:14Justement par rapport au transhumanisme
00:53:18à l'intelligence artificielle, on voit maintenant que chaque GPT
00:53:22fait les devoirs à l'école à la place des enfants
00:53:26va remplacer les journalistes, dire pas nous
00:53:30Il y a des bonnes nouvelles quand même
00:53:34Quel lien tu fais avec ce qu'on avait parlé avant, tu estimes que
00:53:38on les invalide souvent mais que
00:53:42l'une se pose en réaction à l'autre
00:53:46Alors effectivement, moi je suis
00:53:50ni spécialiste de l'un ni spécialiste de l'autre
00:53:54mais comme citoyen j'ai essayé de m'intéresser un petit peu à ces questions
00:53:58et je me suis rendu compte, parce qu'on m'interrogeait souvent sur
00:54:02Elon Musk, on me demandait souvent des interviews sur
00:54:06Elon Musk etc, et moi j'ai toujours été très sceptique
00:54:10sur Elon Musk parce qu'il y a tout l'aspect
00:54:14qui nous va plutôt de libération de la parole, d'anti-bronchisme
00:54:18d'anti-covidisme etc
00:54:22mais c'est quand même celui qui est sur le point aujourd'hui de dénaturer
00:54:26l'espèce humaine par ses neuroprothèses
00:54:30les prothèses cérébrales neuralmiques
00:54:34et il a été un lanceur d'alerte assez précoce
00:54:38sur la question de l'intelligence artificielle en expliquant qu'elle
00:54:42allait provoquer l'effondrement de l'humanité
00:54:46et qu'il était nécessaire d'imposer une réglementation
00:54:50mondiale, globale, sur le sujet etc
00:54:54et j'avais du mal en fait à comprendre
00:54:58l'articulation entre sa position transhumaniste
00:55:02et sa position anti-intelligence artificielle
00:55:06et puis j'ai lu l'ouvrage de quelqu'un
00:55:10qui s'enregistrait là
00:55:14on pourra faire des coupures
00:55:18de quelqu'un que je semble obsédé parce qu'il m'écrit tous les jours pour me demander de l'appeler
00:55:22qui était l'un de nos concitoyens
00:55:26Laurent Alexandre
00:55:30sur la guerre des intelligences à l'heure de chaque GPT
00:55:34vous voyez typiquement Laurent Alexandre
00:55:38on a beaucoup discuté
00:55:42parce qu'il veut vraiment nous convaincre
00:55:46et donc on a vraiment pas mal échangé
00:55:50on a eu des débats contre lui
00:55:54franchement je ne l'ai pas épargné
00:55:58mais typiquement Laurent Alexandre aussi détestable
00:56:02je pense que c'est quelqu'un de sincère
00:56:06qui est persuadé d'agir pour le bien de l'humanité
00:56:10il est déjà richissime, il est plus à 2 millions près
00:56:14je crois qu'on a vraiment affaire à quelqu'un de sincère
00:56:18comme on dit en Belgique, on a l'impression qu'il n'a pas toutes les frites dans le même paquet
00:56:22exactement
00:56:26et cette semaine encore, il m'a dit appelle-moi, appelle-moi, il faut qu'on discute
00:56:30je trouve souvent un truc, je lui dis ouais t'inquiète pas
00:56:34je t'appelle mais là c'est pas possible
00:56:38typiquement quelqu'un de sincère, mais en tout cas j'ai lu son ouvrage
00:56:42la guerre des intelligences à l'heure de chaque GPT
00:56:46il y avait un certain nombre de termes du débat, et je me suis rendu compte dans cet ouvrage là
00:56:50qu'il était encore plus inquiet par rapport à l'intelligence artificielle
00:56:54que les gens comme moi
00:56:58citant notamment Sam Altman, qui est le patron d'OpenAI
00:57:02qui a créé chaque GPT
00:57:06qui s'est répandu dans le monde entier pour expliquer qu'il était en train de détruire l'humanité
00:57:10il l'a fait, en suppliant les dirigeants
00:57:14de faire quelque chose contre ses propres productions
00:57:18et à nouveau vous voyez que la logique industrielle dépasse la simple logique humaine
00:57:22c'est-à-dire que Sam Altman, le PDG d'OpenAI, dit ceci texto
00:57:26c'est rappelé dans le livre de Laurent Alexandre
00:57:30l'intelligence artificielle va provoquer la mort de l'humanité
00:57:34mais d'ici là, elle aura favorisé des choses formidables
00:57:38et il a organisé une tournée mondiale
00:57:42pour alerter sur les dangers de chaque GPT
00:57:46dont il est quand même l'auteur
00:57:50et sur lequel il continue à travailler, notamment sur une version quasiment d'intelligence artificielle intégrale
00:57:54chaque GPT 5
00:57:58et donc à nouveau, vous voyez, les acteurs sont dépassés
00:58:02par la logique dans laquelle ils sont pris
00:58:06parce que Altman répondra, si ce n'est pas moi qui le fait, quelqu'un d'autre le fera
00:58:10et il le fera de façon moins éthique, etc.
00:58:14pourquoi je reviens sur l'ouvrage de Laurent Alexandre ?
00:58:18Laurent Alexandre est particulièrement inquiet, comme Sam Altman d'ailleurs
00:58:22de l'impact de l'intelligence artificielle
00:58:26prenez quelqu'un qui n'est pas non plus l'un de nos amis
00:58:30il voit Noah Harari qui explique même que l'intelligence artificielle est tellement dangereuse
00:58:34qu'elle est capable de créer un nouveau dogme religieux
00:58:38qu'elle aura trouvé vraiment tout ce qui fonctionne dans le cerveau humain
00:58:42inventé une croyance et réunie autour de cette croyance
00:58:46une part non négligeable de la population humaine
00:58:50et pourtant, ces gens là sont des transhumanistes
00:58:54et en fait, ils sont transhumanistes justement parce qu'ils ont peur de l'intelligence artificielle
00:58:58et qu'ils considèrent, en tout cas c'est leur justification
00:59:02et je pense à nouveau que Laurent Alexandre est un homme sincère
00:59:06même s'il est un peu dérangé
00:59:10ces gens considèrent que comme l'intelligence artificielle va nous écraser
00:59:14le seul moyen pour l'être humain de rester dans le coup
00:59:18c'est d'être lui-même couplé à l'intelligence artificielle
00:59:22et au fond, tout en se revendiquant d'une forme d'optimisme pro-progrès
00:59:30en réalité ce sont des fatalistes
00:59:34et pour eux, la partie est déjà perdue d'avance
00:59:36et donc le seul moyen de continuer à vivre à peu près normalement
00:59:40pendant 30 ou 40 ans, le temps qu'on soit complètement et définitivement dépassé
00:59:46c'est d'hybrider l'homme avec la machine
00:59:50et donc il y a une dialectique d'opposition en réalité
00:59:54chez beaucoup d'oligarques entre l'intelligence artificielle et le transhumanisme
01:00:00ce qui ne veut pas dire qu'on doit choisir entre l'un et l'autre
01:00:02à mon avis, il faut les jeter tous les deux à la poubelle
01:00:06peut-être qu'on abordera la question de savoir comment
01:00:10mais il y a ce distinguo-là et il me semble que c'est important de le souligner
01:00:14parce qu'on a un combat à mener et que pour mener ce combat
01:00:18il faut comprendre la logique en réalité de l'adversaire
01:00:24Oui, justement il y a aussi dans cette faculté de l'homme
01:00:28à toujours vouloir dépasser les limites, à être un transhumain, à s'augmenter
01:00:34justement le fait qu'il l'est, il est réduit à n'être qu'un être mortel
01:00:38qui n'a pas toutes les facultés qui fait qu'en fin de compte
01:00:42il veut se prendre pour un dieu, d'où la question justement
01:00:46je n'oublie pas ce que tu veux dire, tu ne m'oublieras pas
01:00:50D'où la question du réel
01:00:54par exemple, Danny Robert Dufour disait qu'il y a une inversion
01:01:00entre l'être et le parler
01:01:04en fait, l'être humain n'est jamais dans le réel
01:01:08c'est pour ça que les antispécistes se trompent, parce qu'entre le réel et nous il y a les mots
01:01:12nous pensons par les mots, nous vivons par les mots
01:01:16je suis, donc je dis, en je dis, donc je suis
01:01:20je dis que je suis une femme, alors je le suis
01:01:24ils ne peuvent pas se réduire à ce qui nous détermine
01:01:28c'est-à-dire quelque chose au-delà de nous-mêmes
01:01:32J'avais pas traité une partie de ta question précédente
01:01:36sur l'hubris
01:01:40sur l'homme-dieu, l'homodéus
01:01:44Je pense qu'il y a
01:01:48et à nouveau la technique le crée
01:01:52elle n'en est pas la conséquence, elle le crée
01:01:56la technique modifie la doctrine du salut
01:02:00c'est-à-dire que la doctrine du salut dans le monde chrétien
01:02:04c'est le salut
01:02:08je vais pas me lancer dans les explications théologiques
01:02:12mais c'est le salut
01:02:16c'est le salut de l'homme par Dieu, à travers Dieu
01:02:20et à travers la foi
01:02:24la technique renverse la perspective
01:02:28puisqu'elle promet le salut, non pas au ciel, mais ici-bas
01:02:32à l'homme, non pas grâce à Dieu, mais par ses propres moyens
01:02:36et quels sont ces moyens ? Le moyen technique
01:02:40il y a très longtemps, qui s'appelait Pellage
01:02:44qui justement avait voulu
01:02:48renverser la doctrine du salut
01:02:52en expliquant que le salut pouvait se faire par l'homme
01:02:56lui-même, ici-bas, c'est exactement ce que propose
01:03:00le transhumanisme
01:03:04et en ça il y a quelque chose de très séduisant
01:03:08l'homme perd sa valeur sacrée, vous voyez, toute la mécanique
01:03:12il y a la technique, ça bouscule la religion
01:03:16les croyances associées à la religion, le caractère sacré
01:03:20de la vie humaine, et à ce moment-là, dès lors
01:03:24que le caractère sacré de la vie humaine n'est plus reconnu
01:03:28comment continuer à trouver de la valeur à ses propres yeux
01:03:32si ce n'est en donnant autre chose que ce que l'on est
01:03:36c'est effectivement de la transidentité ou de la transhumanité
01:03:40et effectivement, c'est ce que tu disais, et je partage complètement, pour moi la question
01:03:44de la transidentité et de la transhumanité sont en réalité
01:03:48les mêmes questions, c'est-à-dire que l'homme, pour conserver
01:03:52de la valeur à ses yeux et aux yeux du groupe, doit devenir
01:03:56autre chose que ce qu'il est. Or, effectivement
01:04:00j'avais écrit ce modeste travail de la chute de Prométhée
01:04:04on connaît tous la sanction réservée
01:04:08par la vie, Dieu, la providence, comme on voulait
01:04:12Alubris et Alubris Prométhée
01:04:16c'est-à-dire cette idée d'une émancipation totale
01:04:20par rapport au Dieu, au moyen de la technique
01:04:24c'est Prométhée enchaînée au Caucase, son foie dévorée par un aigle
01:04:28et je crois que c'est exactement le moment que nous vivons
01:04:32parce que c'est un moment
01:04:36d'une émancipation illusoire
01:04:40je peux décréter d'être ceci, d'être cela
01:04:44mais d'une émancipation en réalité malheureuse. Et alors pour cette question-là
01:04:48Premier projet très très dans l'ordre
01:04:58Il y a un très grand tort de la société
01:05:02moderne, donc de la société industrielle, c'est qu'elle
01:05:06part de l'individu en pensant que la somme des individus forme des groupes
01:05:10Or c'est exactement le contraire, c'est-à-dire que c'est le groupe qui fabrique l'individu
01:05:14Pourquoi ? Parce que l'homme devient homme par la médiation
01:05:18de l'autre. Vous voyez, un bébé girafe
01:05:22quand il naît, il naît fini. Au bout de quelques heures
01:05:26le girafon quelques jours, mais au bout de quelques jours le girafon
01:05:30marche de lui-même. Au bout de quelques mois le girafon
01:05:34devient autonome dans la capacité à se nourrir
01:05:38L'être humain n'est pas fini
01:05:42On parle d'Anne et Robert Dufour, c'est-à-dire qu'elle n'est pas finie
01:05:46Nous ne sommes pas finis, nous devons passer par l'autre. Et il y a eu d'ailleurs
01:05:50cette obsession un peu au 18ème siècle, vous savez le mythe
01:05:54du bon sauvage de Rousseau
01:05:58et on cherchait le bon sauvage
01:06:02pour voir ce que c'était qu'un homme qui avait été livré à lui-même
01:06:06et qui n'était pas passé par l'autre pour se développer. Qu'est-ce que ça donnait
01:06:10empiriquement. Et on a trouvé la personne d'un jeune garçon
01:06:14qui s'appelait Victor, qu'on a nommé Victor
01:06:18Victor de l'Aveyron, qui était un jeune qui a été trouvé dans les bois
01:06:22il y a une dizaine d'années je crois, et qui s'était élevé plus ou moins tout seul
01:06:26auprès du loup. Et qui a servi
01:06:30en fait de cas d'étude et de démenti complet à Rousseau parce que l'homme
01:06:34quand il se retrouve tout seul sans la médiation extérieure
01:06:38pour l'homme, il n'y a pas la moindre liberté
01:06:42pas la moindre conscience humaine
01:06:46et effectivement sans l'acquisition du langage
01:06:50et de cette médiation par l'autre, on ne peut pas se réaliser soi-même
01:06:54y compris d'ailleurs si c'est pour devenir autre chose
01:06:58c'est pour ça que l'éducation
01:07:02est à ce point essentielle, puisqu'au fond on incorpore
01:07:06des savoirs que l'on peut contester par la suite
01:07:10mais sans les avoir incorporés, il est même impossible
01:07:14de les contester. Donc l'éducation passe toujours
01:07:18par l'autre et donc par le langage. Et dans le cadre
01:07:22d'une crise du langage, je pense que c'était le sens de ta question
01:07:26on revient en fait vers une forme de
01:07:30nouvelle barbarie ou de nouvel état d'enfance de l'humanité
01:07:34d'ailleurs quand on parle du progrès actuel
01:07:38on voit bien que le champ d'acception de cette notion est extrêmement restreint
01:07:42c'est à dire qu'il s'agit d'un progrès technique mais à bien des égards
01:07:46nous retournons vers une forme d'archaïsme
01:07:50sur beaucoup de sujets que je n'aborderai pas là
01:07:54pensez par exemple à un certain nombre d'évolutions
01:07:58sur la marchandisation du corps qui nous renvoie au temps
01:08:02des esclaves romains. Si on s'interroge sur la notion
01:08:06de progrès en tant que tel et au sens large, le monde dans lequel nous vivons
01:08:10n'est pas un monde de progrès, c'est un monde d'une régression
01:08:14sur certains aspects, on est retourné mille ans
01:08:18en arrière. Donc nous sommes
01:08:22confrontés à une crise du langage
01:08:26qui a été tout simplement favorisé par la société industrielle
01:08:30au travail de Régis Debray
01:08:34Régis Debray dit que l'humanité
01:08:38passe par trois stades, elle passe par la logosphère
01:08:42c'est à dire la transmission du savoir mais plus largement la culture au sens large
01:08:46par l'oralité
01:08:50c'est la réunion autour du foyer
01:08:54d'où l'expression du foyer familial
01:08:58par les anciens, par le prêtre
01:09:02puis il y a la gravosphère, c'est le temps
01:09:06à partir du XVe siècle de l'écrit et d'une généralisation
01:09:10de la transmission culturelle par l'écrit
01:09:14et enfin la vidéosphère, le langage
01:09:18qu'il soit oral ou écrit perd son pouvoir
01:09:22au profit de l'image. Vous voyez bien qu'on est là
01:09:26évidemment tout ça est soutenu par le progrès
01:09:30pour le coup purement technologique
01:09:34je me rappelle avoir suivi les cours il y a quelques années
01:09:38de Gilles Keppel, le spécialiste de l'islam
01:09:42qui datait
01:09:46la résurgence du terrorisme islamiste mondial
01:09:50de 2005, pourquoi ? Parce que en 2005 nous étions
01:09:54obsédés par ça, il nous dit
01:09:58que 2005 c'est la création de Youtube
01:10:02et qu'en fait ça a été un catalyseur culturel
01:10:06politique, pour le pire
01:10:10pour le meilleur, et d'ailleurs je pense que nous tous
01:10:14on passe beaucoup de temps sur Youtube
01:10:18donc on est dans le cadre d'une crise de langage
01:10:22on a des mots écrits ou des mots dits, c'est que justement il n'y a pas cette intermédiaire
01:10:26c'est à dire que quand vous lisez un livre ou que vous écoutez quelqu'un parler
01:10:30vous pouvez vous dire ça je suis d'accord, ça je ne suis pas d'accord, etc.
01:10:34avoir une sorte de réflexion interne tout en agissant, or l'image
01:10:38condamne à la passivité pure et à la réception sans filtre
01:10:42et tout à l'heure je parlais des traumatismes créés par les sociétés
01:10:46contemporaines, il a été démontré par des études
01:10:50psychologues, que de voir un événement traumatisant
01:10:54c'est presque comme de le vivre, par exemple
01:10:58les personnes qui ont regardé les attentats du 11 septembre en direct à la télévision
01:11:02ont les mêmes symptômes que celles qui étaient en bas des tours
01:11:06donc ça démontre la force de l'image, justement parce qu'il n'y a pas de médiation
01:11:10mais donc il n'y a pas de prise de recul, et donc il y a une emprise totale
01:11:14de l'image sur l'esprit, et il n'est pas
01:11:18hasardeux que la propagande qui à nouveau apparaît
01:11:22au XXe siècle, donc est un phénomène relativement moderne
01:11:26se soit à ce point industrialisée
01:11:30avec l'évolution des technologies
01:11:34et notamment avec l'évolution des technologies de la communication
01:11:38je me rappelle toujours cette phrase de Bainville qui dans son Histoire de France nous dit
01:11:42l'homme du XIe siècle aurait été extrêmement amusé d'observer l'homme du XXe
01:11:46qui se croyant libre allait être envoyé par millions
01:11:50faire la guerre pendant 5 ans. Aujourd'hui on ne questionne même plus parce que ça nous semble
01:11:54normal et même on se dit le pacifiste c'est un traître à la patrie etc
01:11:58enfin tout ça a été bien mené
01:12:02mais le concept même d'envoyer des millions d'hommes faire la guerre
01:12:06quelle que soit la cause d'ailleurs de cette guerre
01:12:10aurait été inconcevable pour l'homme d'il y a 3 ou 4 siècles
01:12:14il y a 3 ou 4 siècles celui qui faisait la guerre
01:12:18c'est celui qui a délibérément choisi de faire la guerre en s'engageant pour le royaume
01:12:22la mobilisation générale s'apparaissait
01:12:26mais parce que la liberté humaine signifiait encore quelque chose
01:12:30d'où l'importance de comprendre aussi
01:12:34que les séries Netflix qui sont emprisées ne sont pas un moyen
01:12:38d'anticiper le monde dystopique mais de s'y préparer
01:12:42il appartient Netflix, il appartient même comme Disney et le reste
01:12:46on va doucement terminer
01:12:50on va terminer sur une note positive
01:12:54on va pas tous aller se jeter dans l'étang
01:12:58il y a un étang juste à côté mais il est gelé
01:13:02en partie seulement
01:13:06est-ce qu'il y a véritablement eu une émancipation
01:13:10dès l'émancipation des femmes
01:13:14tu parlais dans d'autres interviews de l'émancipation des afro-américains
01:13:18en fin de compte si on lit David Grabor
01:13:22je vous le conseille vivement, bullshit job
01:13:26quand on sait que 70 à 80% des emplois n'ont pas de sens
01:13:30on se rend compte que la femme a quitté le foyer pour être alignée
01:13:34dans le foyer mais elle rejoint le monde de l'aliénation suprême
01:13:38et celui du travail
01:13:42les afro-américains ont rejoint les postes de pouvoir
01:13:46on fait la même chose que les autres
01:13:50est-ce qu'il y a eu une émancipation et alors comment
01:13:54s'émanciper de la technique
01:13:58avec le pouvoir de ceux qui sont en face
01:14:02moi j'ai des hauts et des bas parfois
01:14:06quand tu dis nos adversaires ont déjà perdu
01:14:10donc tu as énormément d'espoir
01:14:14il faut sinon c'est les temps
01:14:18sur l'émancipation
01:14:26il y a un adoucissement incontestable
01:14:30des conditions de vie grâce à la société industrielle
01:14:34et ça d'ailleurs je n'ai pas dit de la vie dans sa dimension plus large
01:14:38des conditions de vie, l'espérance de vie a considérablement augmenté
01:14:42les famines ont reculé
01:14:46la maladie a reculé
01:14:50mais il y a une contrepartie à ça, et d'ailleurs Kassinsky est très honnête
01:14:54c'est la première phrase de Louras, il dit la société industrielle a rallongé
01:14:58l'espérance de vie mais elle a soumis l'homme à des conditions
01:15:02indignes, au prix de sa liberté
01:15:06c'est la fameuse fable de la fontaine du chien et du loup
01:15:10où à la fin le loup finit par s'enfuir
01:15:14le loup s'enfuit devant le chien gras
01:15:18parce que le chien lui dit c'est juste un collier à avoir autour du cou
01:15:22et chaque jour tu obtiendras ta pittance
01:15:26mais ça n'intéresse pas le loup
01:15:30c'est très bien mais relativement confortable
01:15:34mais qui rend d'autant plus invisibles les chaînes
01:15:38qui nous maintiennent
01:15:42attachés à ce monde là
01:15:46effectivement la question de l'émancipation
01:15:50est très ambivalente, je ne reprends pas forcément
01:15:54ce point là à mon compte, je vous le transmet juste
01:15:58j'écoutais là récemment une interview
01:16:02pas très puissante, qui est donc le penseur français
01:16:06dit d'extrême droite, qui est décédé il y a un mois
01:16:10et il parlait de la question de l'émancipation des femmes
01:16:14et il démontrait que
01:16:18évidemment la femme du 19ème siècle
01:16:22n'était pas libre de ses mouvements
01:16:26pour la gestion de son argent comme elle l'est aujourd'hui
01:16:30du reste le statut de la femme
01:16:34d'ultra dépendance par rapport à son mari
01:16:38est une forme de parenthèse
01:16:42parce qu'on a toujours tendance à confondre la femme du 19ème siècle
01:16:46qui se trouvait dans une situation d'extrême dépendance
01:16:50avec le temps jadis
01:16:54les femmes travaillaient au champ
01:16:58c'est le travail moderne
01:17:02qui au début de la modernité est une parenthèse
01:17:06avec la question de la femme au foyer
01:17:10il s'intéresse par exemple à la libération sexuelle
01:17:14qu'on présente comme libération
01:17:18pour nous tous mais aussi pour la femme
01:17:22il souligne ce paradoxe
01:17:26je ne me prononce pas dessus, je ne dis pas que c'est mal
01:17:30mais il dit que la contraception a donné l'illusion d'une liberté féminine accrue
01:17:34or la contraception
01:17:38en ne posant plus comme contrepartie du rapport sexuel
01:17:42la potentialité de l'enfantement
01:17:46et donc de la responsabilité que cela engendre chez l'homme
01:17:50et donc la femme est beaucoup plus aliénée
01:17:54du fait de la contraception
01:17:58le mien n'est pas complètement tranché
01:18:02mais la femme qui a recours à la contraception
01:18:06est en fait une femme aliénée, désacralisée
01:18:10par rapport au temps précédent
01:18:14sur la question des minorités ethniques
01:18:18et que le rôle du progressiste
01:18:22qui est l'agent politique de la société industrielle
01:18:26c'est de ramener les franges marginalisées par la société industrielle
01:18:30les minorités ethniques, les minorités sexuelles, etc.
01:18:34dans sa logique, et il utilise toujours cet exemple
01:18:38de transformer l'homme noir en chef d'entreprise
01:18:42tout en prétendant servir les intérêts des minorités
01:18:46on se sert des minorités pour servir les intérêts de la société industrielle
01:18:50et donc, évidemment
01:18:54on est tous attachés à notre bien-être économique
01:18:58mais on peut constater une intégration économique
01:19:02de certains groupes et se dire qu'il s'agit d'une forme d'émancipation
01:19:06on peut se dire aussi qu'ils rejoignent
01:19:10la masse du troupeau
01:19:14on peut voir les choses de deux façons différentes
01:19:18quand même, sur des motifs d'espoir
01:19:22le premier, c'est que vous êtes là, et qu'on est là
01:19:26ce qui démontre bien qu'en hausse de la volonté de faire taire les voix dissidentes
01:19:30d'empêcher les gens de penser
01:19:34il y a des résistances qui se créent
01:19:38et peut-être singulièrement pendant les périodes du Covid
01:19:42qui nous ont émerveillés par leur compréhension
01:19:46par leur capacité à tenir dans l'adversité
01:19:50et qui sont surtout rentrés en contact, qui sont rentrés en lien
01:19:54et ces liens n'ont pas donné de produit politique au sens électoral du terme
01:19:58mais il y a quand même déjà
01:20:02des premiers jaloux qui ont été posés
01:20:06et regardez la question qui nous concerne en Belgique comme en France
01:20:10les élections européennes, on n'aborde pas du tout les élections européennes de 2024
01:20:14dans le même état d'esprit qu'on aborde celle de 2019
01:20:18je vais faire une confession, il faudrait que j'aille me repentir tout à l'heure bien convenablement
01:20:22mais moi en 2019, j'ai travaillé pour le candidat
01:20:26LR
01:20:30François-Xavier Bellamy, aujourd'hui c'est quelque chose
01:20:34c'est pas possible d'avoir fait une erreur comme ça, d'avoir été aussi aveugle
01:20:38alors qu'il était possible de changer les choses dans le cadre par exemple de l'Union Européenne
01:20:42donc il y a une conscience quand même qui progresse
01:20:46du reste, et ça Kaczynski l'évoque aussi dans son texte
01:20:50la société inférieure ne manque pas de défis à relever
01:20:54au premier rang desquels celui du contrôle du comportement humain
01:20:58et il n'est pas dit que les conditions dans lesquelles elle place l'homme
01:21:02ne le poussent pas, avant qu'elle ne soit capable justement de le modifier
01:21:06à une révolte de nature à faire s'effondrer le système
01:21:10il y a beaucoup d'autres sujets
01:21:14qui peuvent paraître un peu indirects, mais qui peuvent
01:21:18fragiliser aussi ce monde là, on parlait tout à l'heure du chat GPT
01:21:22on promettait le chat GPT 5 pour octobre 2023
01:21:26il n'est toujours pas sorti, pourquoi ?
01:21:30parce qu'il y a eu un problème de financement, dans les années 90
01:21:34un philosophe britannique
01:21:38donne une interview à la BBC dans laquelle il dit
01:21:42je vous la fais simple et vulgaire, l'intelligence artificielle
01:21:46c'est de la merde, pendant 10 ans il n'y a plus eu de financement
01:21:50pour l'intelligence artificielle, c'est à dire que l'intelligence artificielle a perdu 10 ans
01:21:54faute de financement du fait de cette interview
01:21:58il y a aussi une autre réalité qui est en train de créer la société technologique
01:22:02et ça c'est un rapport, et on ne peut pas les accuser
01:22:06d'être de notre côté, de la banque
01:22:10d'affaires Goldman Sachs de mars 2023 qui le rappelle
01:22:14pour la première fois dans l'histoire de la société industrielle
01:22:18les emplois menacés par les innovations technologiques
01:22:22sont les emplois des CSP plus
01:22:26des catégories favorisées, celles qui maintiennent électoralement
01:22:30à flot ce bloc bourgeois qui est donc la traduction politique
01:22:34de la logique industrielle, pour la première fois
01:22:38jusqu'ici c'était les ouvriers, c'était les personnes sans diplôme
01:22:42et parmi les jeunes cadres
01:22:46dynamiques subsistait cette illusion
01:22:50d'être servi par le système, et bien les 300 millions d'emplois
01:22:54qui sont menacés aujourd'hui par l'intelligence artificielle sont des emplois
01:22:58effectivement, et c'est très bien, de journalistes
01:23:02d'informaticiens, de mathématiciens
01:23:06de codeurs informatiques, d'ailleurs aussi
01:23:10contre-intuitifs que cela puisse paraître, ça va donner lieu
01:23:14à des conflictualités inédites
01:23:18parce que là ce sera, quand il y a eu les gilets jaunes
01:23:22en gros on nous l'a fait, c'est ce qu'on a dit
01:23:26en gros c'est les perdants de la mondialisation
01:23:30pauvres bêtes, donc on donne un peu de foin
01:23:34et puis tout le monde rentre à les tables
01:23:38là ça va être plus compliqué de faire passer les révoltés pour des imbéciles
01:23:42ce qui n'était évidemment pas pendant les gilets jaunes
01:23:46je reprends là le discours qui a été tenu pour discréditer le mouvement
01:23:50et qui a d'ailleurs plutôt fonctionné
01:23:54et puis j'en terminerai par là
01:23:56nous-mêmes, de ne pas jouer le jeu de la société industrielle
01:24:00et l'une des limites qui a été identifiée au mouvement des gilets jaunes
01:24:04au-delà du fait qu'ils s'étaient tabassés et que du coup c'était
01:24:08devenu difficile pour eux de sortir, de manifester
01:24:12chacun était venu avec ses revendications individuelles
01:24:16et vous savez Margaret Thatcher qui est quand même le symbole de cette société néolibérale
01:24:20elle disait, there is no such thing as society, la société n'existe pas
01:24:24la société industrielle a détruit la société
01:24:28transformant les nations en peuplades
01:24:32d'individus atomisés, etc
01:24:36et là il y a ce mouvement des agriculteurs qui commence à parcourir l'Europe
01:24:40l'Allemagne, la France, la Belgique peut-être
01:24:44je ne sais pas où ça en est parce que j'ai passé la nuit sur la route
01:24:48que les agriculteurs seront capables d'aller au-delà de leurs revendications personnelles
01:24:52et que si le gouvernement français par exemple, la commission européenne
01:24:56ou le gouvernement allemand donnait satisfaction sur tel ou tel point
01:25:00ils ne rentreraient pas chez eux
01:25:04et c'est la fin de la partie, parce que là ça veut dire que c'est la fin de l'action collective
01:25:08et donc c'est la fin de tout espoir de changement politique
01:25:12à défaut d'autres solutions
01:25:16que je n'aborderai pas, mais moi je conserve quand même
01:25:20une forme d'espoir, je pense qu'il y a aussi une réorganisation du monde
01:25:24dont nous allons servir de contre-exemple
01:25:28c'est-à-dire que le monde aujourd'hui n'attend plus que l'Occident
01:25:32et le monde voit bien ce que l'illusion de l'émancipation par les techniques
01:25:36notamment le progressisme etc a généré chez nous
01:25:40le monde ne veut plus nous ressembler, c'est fini ça
01:25:44en Amérique du Sud on ne veut plus nous ressembler, en Asie on n'a plus envie de nous ressembler
01:25:48et il y a cette espèce de précédent extraordinaire
01:25:52qu'a créé l'Occident dans sa chute
01:25:56j'en suis vraiment convaincu, infiniment plus impressionnant que la chute de l'Empire romain
01:26:00ou la chute de l'URSS
01:26:04et donc dans la tête des dirigeants du monde entier on se dira toujours
01:26:08d'accord on veut du progrès technologique, d'accord il faut du progressisme
01:26:12mais rappelez-vous ce qui est arrivé aux Occidentaux
01:26:16et donc peut-être qu'on va servir d'une certaine façon de victime
01:26:20un peu expiatoire au faute commune
01:26:24et il faut aussi accepter peut-être cette position
01:26:28de dire il faut aménager notre jardin
01:26:32il n'y a peut-être pas grand chose à faire pour l'Occident aujourd'hui
01:26:36mais entre rembobiner le soleil à 100 zénithes
01:26:40et retrouver les splendeurs d'antan, ce qui me parait complètement exclu
01:26:44pour des raisons qu'on a largement discutées ici
01:26:48et devenir un hôpital psychiatrique à ciel ouvert
01:26:52il y a peut-être un juste milieu à trouver et je suis convaincu
01:26:56qu'à défaut de redevenir l'une des premières puissances mondiales
01:27:00l'espace européen peut redevenir un espace respectable
01:27:04où on a envie de faire grandir des enfants
01:27:08et ça c'est un de tous les travaux. Je vous remercie.
01:27:20Jusqu'à terminer, je pense que l'espoir aussi dans la capacité de pouvoir discuter
01:27:24j'étais mercredi à Place de Luxembourg pour rencontrer les agriculteurs
01:27:28et j'ai croisé Marion Maréchal-Le Pen
01:27:32qui ne veut plus qu'on l'appelle Le Pen je pense d'ailleurs
01:27:36et il y a une illustratrice qui devait illustrer le prochain Kéros
01:27:40qui de ni une ni deux nous a envoyé un message en disant
01:27:44je n'illustrerai pas le prochain Kéros vu conférer l'entretien d'Alexandre
01:27:48avec Marion Maréchal-Le Pen, l'interview
01:27:52ce n'était pas une interview, c'était une interpellation
01:27:56sur quoi mon collègue secrétaire de rédaction lui a répondu
01:28:00que c'était d'abord pas très élégant en bouclage de faire ça
01:28:04je lui ai dit est-ce que tu as regardé l'interview, l'interpellation ?
01:28:08il n'est pas du tout complaisant avec Marion Maréchal
01:28:12puisque j'ai dit à Marion Maréchal-Le Pen
01:28:16la PAC n'est que le fruit d'un système capitaliste
01:28:20est-ce que tout d'un coup l'extrême droite deviendrait anticapitaliste ?
01:28:24sur quoi elle m'a répondu je ne comprends pas votre question
01:28:28je ne me considère pas comme étant d'extrême droite
01:28:32intelligent est revenu sur ses propos, il a dit non
01:28:36je n'ai pas regardé l'interpellation, j'ai juste vu
01:28:40qu'il lui avait adressé la parole
01:28:44tout ça pour dire qu'il faut pouvoir dépasser ses a priori
01:28:48personne n'est sorti de la salle, c'est exceptionnel
01:28:52je suis sûr que tout le monde n'est pas d'accord avec tout ce qu'on a dit
01:28:56heureusement, mais quand on est soumis à des contradictions
01:29:00c'est ce qui se passe dans notre tête, qui fait qu'on devient plus intelligent
01:29:04merci de nous avoir écoutés et merci pour ce passionnant débat