Yoanna Micoud.

  • il y a 3 mois
Transcript
00:00Bienvenue dans cette nouvelle interview du Média en 4-4-2, aujourd'hui je reçois
00:11Johanna Mikou.
00:12Bonjour.
00:13Bonjour.
00:14Alors, vous êtes psychologue clinicienne, spécialiste des psychotraumas, vous avez
00:19travaillé pendant plus d'une dizaine d'années aux côtés de familles maltraitantes et l'équipe
00:24du Média en 4-4-2 vous a découverte pendant la crise du Covid.
00:27Merci et bienvenue.
00:29Avec plaisir, merci de votre invitation.
00:31Alors, dites-nous ce que cette période a révélé de notre emprise psychologique face à des
00:36états dominants et pourquoi une partie de la population a pu échapper à cette joute
00:43que j'appellerais joute psychologique.
00:45Je crois effectivement que le plus grand virus auquel on a été confronté et auquel on
00:50est encore confronté malheureusement aujourd'hui en septembre 2023, c'est celui de la peur.
00:54Pourquoi ? Eh bien parce que je pense que ça nous renvoie à ce que nous sommes initialement,
01:03des mammifères, des mammifères qui sont… nous sommes programmés dans nos cerveaux,
01:08dans nos cerveaux archaïques pour faire face au stress, faire face à la peur et quand
01:12nous baignons dans un climat justement de stress et de peur, eh bien ça active des
01:17systèmes archaïques de protection, de réaction comme la fuite, le combat ou le figement,
01:25quand on n'a pas d'éléments de compréhension.
01:27Donc c'est vrai que quand on redéroule l'historique avec tous ces éléments qui ont contribué à
01:35générer de la peur, de la peur en plus sociale, mondiale, eh bien la plupart d'entre nous ont
01:43été happés par ces mécanismes que je viens de décrire, de réaction à un stress maximal,
01:50ce qui a amené certaines personnes à faire des choses qu'elles n'auraient sans doute jamais faites
01:56en dehors d'une situation de stress. Voilà, se tairer chez elles, mettre des masques à des bébés,
02:03demander à des femmes enceintes d'accoucher, d'accueillir leur bébé avec un masque,
02:07ne pas accompagner nos anciens vers le passage, calfetrer les étudiants en leur faisant peser
02:15cette responsabilité sur les épaules. Bref, sous l'effet de la peur, et ça les études en
02:20psychologie sociale le montrent bien, sous l'effet de la peur, nous pouvons obéir à des injonctions
02:25même si elles n'ont pas de sens. Voilà, donc en préambule, c'est vraiment des éléments
02:33d'information de psychologie générale en fait, et quand on connaît les impacts psychologiques que
02:39le stress a sur le cerveau, sur nos comportements, sur nos émotions, eh bien on comprend mieux
02:44pourquoi notre société entière a basculé dans cette réaction.
02:49Alors pensez-vous que pour justement ces États dominants, ces gouvernements,
02:53notre état psychologique n'est plus un secret pour eux et qu'ils en jouent finalement ?
02:58Bien évidemment, je veux dire, c'est plus un secret pour de nombreuses personnes qui connaissent
03:03les mécanismes de manipulation des foules, qui connaissent les mécanismes d'ingénierie sociale,
03:08c'est connu depuis des années en fait. On a vu ça dans les guerres qui ont déjà eu lieu dans
03:15notre histoire, on connaît ça dans la publicité qui est là au quotidien. Enfin voilà, pour faire
03:23obéir et adopter à la population entière des comportements, il y a des mécanismes en fait,
03:29tout simplement. Donc je crois que quand nos gouvernements se payent des cabinets de conseils
03:36à des millions ou des milliards d'euros, je ne sais pas, et que ces cabinets de conseils conseillent
03:40les mêmes pays, on comprend pourquoi on subit la même chose en fait. Mais bien évidemment,
03:46en fait ils n'ont rien inventé, ce sont des choses qu'on connaît depuis les années 50-60,
03:52avec des expériences de psychologie bien établies.
03:56Toute cette période a été un véritable ascenseur émotionnel pour tout le monde.
04:01Quelles conséquences avez-vous pu observer avec un peu de recul aujourd'hui ?
04:06Je crois qu'on a véritablement rendu la population assez hypochondriaque,
04:13très en hyper-vigilance, en tout cas je parle en mon nom, mais je parle aussi au nom de nombreux
04:23collègues, parce que moi je vois aussi des collègues en formation, je fais beaucoup de
04:27supervision professionnelle et on a tous le même constat, c'est-à-dire qu'on est débordé d'appels,
04:31débordé de coups de fil de personnes qui sont dans la détresse, que ce soit pour elles-mêmes
04:37ou pour leurs enfants, on y reviendra sans doute par rapport aux enfants, mais c'est vrai que du
04:41coup la population en général démontre aujourd'hui des troubles anxieux et des troubles dépressifs
04:46majeurs qu'on a rarement vus, en tout cas moi que je n'ai jamais vus dans mes 20 ans d'expérience
04:52professionnelle. Et en fait, bon moi j'ai mon filtre, bien sûr je suis spécialisée dans la
04:59prise en charge du psychotraumatisme, et c'est vrai que tous les ingrédients pour créer du
05:04psychotrauma ont été mis en place en fait depuis ces dernières années. Donc aujourd'hui, moi je
05:09rencontre des personnes qui ont des troubles de stress post-traumatique, c'est-à-dire qui sont
05:15dans l'hyper-vigilance permanente, qui sont dans des conduites d'évitement, ils veulent éviter
05:21d'en reparler, éviter de se reconfronter aux objets de ce qui leur a fait peur il y a quelques années
05:26en arrière. Ça bouleverse en fait le psychisme, ça bouleverse nos comportements, nos émotions. On a
05:33des enfants et des ados qui sont en grande détresse psychologique parce que c'est pas parce que, j'ai
05:40envie de dire les masques par exemple, pour reprendre cet exemple-là, ont été retirés que les impacts
05:45psychiques et psychotraumatiques s'évaporent en fait. Au contraire, souvent les impacts
05:54psychotraumatiques s'installent et se manifestent des mois voire des années après en fait. Donc
06:00maintenant avec les collègues, on est en train d'essayer de réparer les dégâts, on est en train
06:04d'essayer d'aider les cerveaux à faire la mise à jour, à reprendre conscience qu'il y a de la nuance
06:10à avoir, qu'on n'est pas en danger, n'en déplaise aux médias qui veulent nous effrayer et qu'il y a
06:18des choses beaucoup plus nuancées à adopter pour que les gens puissent de nouveau retrouver une vie
06:25plus ordinaire. Alors vous nous dites que vous êtes confronté à des cas d'angoisse, de dépression
06:32que vous n'aviez jamais vu dans votre carrière. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Des cas
06:38d'angoisse et de dépression, j'en ai déjà vu dans ma carrière mais de manière aussi massive et en
06:43lien avec une « histoire » qu'on a tous vécue en fait, un même narratif qui a provoqué autant de
06:51conséquences. Effectivement, j'en avais jamais vu. Il y a un chiffre assez terrifiant que j'aime bien
06:56quand même rappeler, c'est que dans notre histoire, on sait que suite à la guerre du Vietnam, chez les
07:01vétérans américains, il y a eu plus de morts par suicide que de morts à la guerre. Et malheureusement,
07:07c'est aussi un chiffre qu'on révèle aujourd'hui, c'est qu'il y a eu plus de morts chez les enfants
07:11et les adolescents à la suite du Covid que de morts du Covid en lui-même en fait. Donc finalement,
07:17ce déferlement de troubles psychologiques, ça ne sort pas d'une pochette surprise. Ça vient
07:26illustrer une situation absolument désastreuse que la population a vécue et aujourd'hui,
07:35elle porte les stigmates. Donc effectivement, ce n'est pas moi qui le dis, il suffit de regarder
07:41les chiffres officiels, les chiffres aussi des urgences, médicopsies, des urgences des hôpitaux,
07:48des chefs de service qui alertent sur des chiffres comme 80% de troubles anxieux en plus par rapport
07:55à la période pré-Covid, des tentatives de suicide ou des suicides chez des enfants à l'âge de
08:00latence, à l'âge de 7-11 ans qui normalement est une période dans l'enfance, dans la construction de
08:06la personnalité qui est plutôt calme en fait. Hélas, on a eu un déferlement de troubles
08:10psychologiques hors du commun. Voilà, donc finalement aujourd'hui, on a alerté dès le
08:18départ avec certains de mes collègues, dès le départ sur le risque de développer, que la
08:25population générale développe des troubles psychologiques et aujourd'hui, en fait,
08:28malheureusement, j'aurais adoré me tromper, mais les chiffres confirment en fait ces troubles.
08:33Alors au moment où vous avez alerté, quel accueil avez-vous reçu ?
08:38Alors j'ai envie de dire, il y a deux extrêmes. J'ai reçu de manière un peu plus visible des
08:49accueils plutôt négatifs, c'est-à-dire qu'en tant que psychologue, je n'avais pas à faire de la
08:58politique, ça je l'ai beaucoup entendu, parce que parler et avoir un avis sur ce qui était en
09:04train d'être vécu selon beaucoup de personnes, c'était faire de la politique. Alors moi,
09:11j'ai souvent dit que mon travail en tant que psychologue, c'est vraiment de veiller à ce que
09:15les gens puissent être en sécurité et en intégrité physique ou psychique. C'est notre
09:22travail en tant que psychologue. Et que quand on est témoin de maltraitance faite à une personne,
09:28on a ce devoir citoyen aussi d'alerter sur le fait de la normalité de la situation. Et puis,
09:35une deuxième chose, c'est qu'en tant que psychologue et en tant que professionnel de soins,
09:40de manière générale, on doit veiller à ce que les gens puissent garder leur libre arbitre,
09:45leur capacité et leur autonomie de penser et d'agir. Et donc, quand moi, rapidement,
09:51j'ai vu que les personnes avaient peur, faisaient les choses sous la contrainte, sous la soumission,
09:57voilà, bien évidemment, ça a activé mes antennes et mon hyper-vigilance professionnelle,
10:08mais aussi d'être humain en fait. Il n'y a rien de pire pour moi, qui allume mes antennes quand
10:13on m'oblige ou quand on me menace pour que je fasse quelque chose en fait. Donc, il y a eu des
10:19accueils qui n'ont pas été très favorables. Et puis aussi parce que tout le discours qui allait
10:27à l'encontre du discours gouvernemental était axé de complotistes, extrémistes, etc. Je pense que
10:33les gens qui me connaissent bien savent que je suis tout sauf quelqu'un d'extrémiste, mais par
10:39contre, quelqu'un d'engagé, effectivement. Donc, ça a déplu et cette peur de sortir du groupe
10:48social, cette peur d'être catalogué, cette peur de ne plus être aimé en fait, eh bien,
10:53souvent font qu'on va taire ce qu'on a pour autant, pour le coup, à l'intérieur de soi
10:59profondément pour se ranger avec la majorité des gens en fait. L'expérience de Hach en psychologie
11:07le montre très bien. Donc, voilà. Donc, bon, c'était quand même plus fort que moi et avec
11:13d'autres collègues, on s'est réunis. J'ai eu par ailleurs des messages de soutien et de remerciement
11:19de nombreuses personnes qui étaient plutôt en off et des personnes qui disaient « merci de
11:24prendre la parole, je sens bien qu'il y a des choses qui ne me convenaient pas, mais je ne savais
11:27pas comment l'expliquer, je ne savais pas comment en parler, j'ai peur aussi d'en parler parce que ça
11:31crée des conflits avec mes amis, avec mon conjoint, avec ma famille et je jette la pierre à personne.
11:37Je pense que chacun a fait comme il a pu avec ce qu'il est, mais la situation a été éprouvante
11:43pour tout le monde. Et vous, comment avez-vous vécu cette période, justement, personnellement
11:48et professionnellement aussi ? Alors, déjà personnellement, parce qu'avant d'être psychologue,
11:54je suis un être humain avec ma sensibilité, mes émotions, mon histoire. Donc, moi, le premier
12:01mois, je dirais que j'ai été très engluée tout de suite dans la scène traumatique, ce qu'on appelle
12:07la scène traumatique, c'est « nous sommes en guerre, il y a un virus extrêmement mortel qui
12:11arrive et qui va décimer toute notre population ». Oui, on va y rester, voilà. Donc, moi,
12:16j'ai plongé aussi devant les discours de notre président, devant les gestes barrières, etc. Si
12:22on regarde les premières vidéos que j'ai faites, tout au début, vers mars 2020, je faisais des
12:28vidéos pour conseiller les parents des stratégies pour amener leurs enfants à bien mettre leurs
12:34masques. Donc, voilà, tout ça, c'est public. Donc, on peut voir aussi, à travers mes vidéos que je
12:39regardais la dernière fois, pour voir un petit peu l'évolution aussi. Mais donc, je conseillais
12:43de mettre des petits stickers, de faire des petites cenettes aux enfants pour qu'ils puissent
12:47être fiers de porter ce masque et qu'on allait y arriver tous ensemble, etc. J'ai envie de dire
12:51que cette période de stress aiguë que j'ai moi-même vécue a duré à peu près un mois,
12:56un mois et demi. J'ai aussi un mari qui est sapeur-pompier volontaire et qui allait au front
13:03déguisé de sac poubelle. Enfin, bref, j'ai assisté aussi à ce qui était demandé à nos soignants et
13:09de manière très questionnante aujourd'hui. Mais à l'époque, voilà, j'étais assez prise dans ce
13:17qu'a vécu, je pense, la majeure partie du monde. Et au bout de... Je crois que ce qui a vraiment
13:24alerté, ce qui m'a, j'ai envie de dire, déchoqué, c'est quand on a masqué les professionnels de
13:31l'enfance. Et là, je me suis dit, il y a quelque chose de grave qui est en train de se passer
13:35parce que comme je connais très bien, c'est mon corps de métier, les mécanismes au niveau du
13:42développement du cerveau, le développement des émotions chez le jeune enfant, le développement
13:46de l'empathie. Quand on sait que l'enfant se construit avec ce qu'il voit dans son environnement
13:51immédiat, eh bien, le fait de devoir masquer les professionnels, en plus de la petite enfance et de
13:58l'enfance de manière générale, je me suis dit, là, il y a quelque chose de grave qui est en train
14:02de se passer et je ne peux pas croire que sous couvert de faire le bien, on va faire autant de
14:10mal, en fait. Donc, j'ai commencé à me documenter, j'ai commencé à réguler mon stress, donc à faire
14:17ce que je connais bien, que je propose toute la journée aux gens que j'accompagne, aux gens que
14:20je forme pour vraiment réguler mon stress, pour revenir dans mon mental, en fait, pour
14:27rebrancher mon cerveau parce que sous stress, on ne peut plus réfléchir avec la nuance. Et c'est ça
14:31qui m'a permis petit à petit de prendre un peu de recul, de regarder ce qui se passait et surtout
14:36après de pouvoir décortiquer, j'ai envie de dire de manière plus réfléchie, plus nuancée, les
14:44mécanismes qui étaient en train de se mettre en place insidieusement de menaces de la population.
14:49Et là, je me suis dit, ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible que s'il y avait quelque chose
14:53qui était aussi grave, on doive autant menacer les gens, on doive autant les stigmatiser. Il y
15:00avait quelque chose qui ne collait pas. Donc, je suis petit à petit sortie un petit peu de l'hypnose
15:07qui a duré à peu près deux mois pour prendre la parole et dire ce que je connaissais et donner
15:15après des conseils, mais qui étaient un petit peu différents que les premiers que j'ai prodigués
15:19dans mes premières vidéos. Alors, on va parler des enfants et tout d'abord des bébés. Les bébés
15:24qui sont nés en 2020 et qui la première personne qu'ils voient à la naissance, c'est un visage
15:32masqué. Ça, vous en avez beaucoup parlé dans vos vidéos. Alors aujourd'hui, ces enfants ont trois
15:37ans. Qu'est-ce qu'on peut observer chez eux ? Alors, ce qu'on peut observer, alors je vais
15:43déjà dire d'où je parle. Donc moi, je suis psychologue en cabinet, mais je supervise aussi
15:47beaucoup d'équipes de petite enfance, de crèche en fait. Alors la supervision, ça veut dire que je
15:52vais travailler avec les équipes de crèche une fois par mois environ, une fois tous les deux mois,
15:57et les équipes me restituent les comportements difficiles qu'ils peuvent avoir avec les enfants
16:01ou avec les familles et on essaye de faire en sorte que ça se passe le mieux possible pour
16:05tout le monde et j'apporte mon éclairage au niveau psychologique et au niveau du développement de
16:09l'enfant. Donc je parle avec cette connaissance du terrain parce que j'ai continué à superviser
16:16les équipes depuis des années. Et je me souviens vraiment d'une séance de supervision avec une
16:21équipe, ça devait être en 2020, vers juin 2020. Et donc en reprenant le travail en présentiel,
16:29on se retrouve après ce premier confinement et je demande tout de suite à l'équipe comment vont
16:33les bébés ? Comment vont les tout-petits en fait ? Parce que vous êtes masqués, etc. C'est pas
16:38normal pour eux en fait. Il y a quelque chose qui n'est pas adapté. Et donc je me souviens
16:44vraiment de cette remarque de ces collègues professionnels de la petite enfance qui m'ont dit
16:50« c'est incroyable, les bébés sont d'un calme, on n'a jamais vu ça ». Et avec cette, j'ai envie de
16:59dire cette naïveté mais qui est tout à fait normale quand on ne connaît pas précisément les mécanismes
17:04au niveau de la construction du système nerveux, c'est qu'elles voyaient de bonne augure ce calme
17:09en fait. C'est comme si les bébés s'étaient mis sur pause. Et c'est ce qui m'a amenée à travailler
17:13avec elles et à leur apprendre des choses sur la construction. Et le fait qu'un bébé soit aussi
17:20calme et ne bouge pas, ce n'est pas bon signe du tout. Les gens qui travaillent en protection de
17:25l'enfance le savent très bien. Les bébés qui se déconnectent, qui ne pleurent pas, qui ne rient
17:30pas, qui sont calmes, qui dorment beaucoup. Bien sûr, je ne veux pas effrayer tous les parents
17:35qui ont des bébés calmes. Il y a des tempéraments de bébés qui sont plus calmes que d'autres. Mais
17:39là, les bébés qui ne réagissaient plus, pour moi, ce n'était pas bon signe du tout en fait.
17:44Donc, on a travaillé avec les équipes pour, malgré le fait qu'elles soient masquées,
17:50comment elles pouvaient nourrir les bébés de manière très très forte, encore plus forte que
17:56d'habitude avec plein de choses qu'on a mis en place. Et aujourd'hui, donc trois ans et demi
18:02après, le constat est que ces bébés d'il y a trois ans sont des enfants qui vont rentrer à
18:08l'école sur cette rentrée. Et le constat, c'est moi qui me touche beaucoup et du coup l'équipe
18:14en question, ou les équipes en tout cas, ont ce même constat, c'est que c'est des enfants
18:18aujourd'hui qui ont trois ans environ, qui sont extrêmement agités, qui ne tiennent pas en place,
18:25qui n'écoutent pas les adultes. Et elles me disent, parce que c'est en plus des équipes qui ont de
18:31la bouteille et qui me disent, mais c'est fou, comme des enfants de cet âge-là, on doit hurler
18:36pour qu'ils nous écoutent, on doit leur faire peur pour qu'ils s'arrêtent et qu'ils nous écoutent.
18:39Et en fait, je leur dis, mais c'est tout à fait logique et cohérent avec tout le reste. C'est
18:44que les enfants pendant trois ans, enfin pas en continu, mais ils ont eu des moments de leur
18:48développement où ils ont été privés de plus de 50% du visage humain qui leur permet habituellement
18:54de décrypter, de comprendre le non-verbal, les intonations. Et bien aujourd'hui, ces enfants-là,
19:00qui rentrent à l'école, sont des enfants agités, sont des enfants qui n'entendent pas qui parlent.
19:06Donc du coup, ils sont dans leur jeu ou dans leur excitation, ils n'arrivent pas à se poser,
19:10ils n'arrivent pas à être dans leur corps, dans leurs pieds, dans leur stature en fait. Et les
19:17équipes sont inquiètes pour le démarrage à l'école. Et moi, je suis soucieuse pour les
19:24enseignants qui accueillent ces enfants, qui ne sont pas des enfants turbulents, qui ne sont pas
19:28des enfants qui ont besoin de cadres, surtout pas. Ce sont des enfants, par contre, qui ont
19:32terriblement besoin d'être rassurés, d'être sécurisés, d'être nourris de ce dont on leur
19:37a privé pendant longtemps et qui sont des nourritures essentielles pour la construction du cerveau.
19:42Alors là, c'est ce qui se passait en crèche, mais au sein de la famille, il y a eu beaucoup
19:49de parents qui se sont éloignés de leurs enfants aussi. Et ça, on n'en a pas forcément beaucoup
19:54entendu parler. Et vous me dites si je me trompe ou pas. Et certains parents allaient jusqu'à ne
20:00plus faire de câlins à leurs enfants, ne plus avoir de contact physique en fait avec leurs
20:06enfants du plus jeune âge. Qu'est-ce qu'on peut en dire ? On peut en dire que c'est pareil,
20:13quand on sait qu'un être humain, c'est un être de lien avant tout. Il a besoin d'être nourri au
20:20niveau du lien, au niveau du contact. Ce n'est pas par hasard que dans l'histoire, on sait que
20:26René Spils a développé le concept d'hospitalisme. C'était à l'époque quand il y avait les guerres
20:30et dans les orphelinats en Roumanie notamment, les enfants, les bébés qui n'étaient pas touchés,
20:35qui n'étaient pas pris dans les bras, qui n'étaient pas regardés, ce sont des bébés
20:39qui se laissaient mourir. Alors bon, voilà, je fais des liens, des parallèles avec ces mécanismes-là,
20:46mais en tant qu'être humain, on est des êtres de lien et on a absolument fondamentalement besoin
20:51d'être en contact, d'être touché, d'être embrassé, d'être tenu, d'être réconforté. Et
20:57effectivement, il y a eu des familles, des parents, et encore une fois, je ne jette la pierre à
21:00personne, si ce n'est à ceux qui ont maintenu les gens dans la peur. Là, il y a une énorme
21:05responsabilité, mais les parents ont fait comme ils ont pu aussi avec leur propre histoire,
21:10parce qu'on vient aussi avec des bagages au niveau de nos histoires individuelles,
21:16mais des parents qui ont eu tellement peur qu'ils ont fait ce qu'on leur a dit de faire.
21:20Et je me souviens avoir lu à l'époque sur un média d'enfance, un média soi-disant spécialiste
21:33du développement de l'enfant, qui mettait une question d'un parent qui disait « on parle
21:39beaucoup qu'il faut mettre le masque et qu'il ne faut pas embrasser les enfants, mais mon cœur de
21:43maman pleure à l'intérieur ». Enfin, c'était des mots touchants. Cette maman disait « mon cœur
21:48de maman pleure parce que j'ai l'impression qu'on me prive de quelque chose dont j'ai besoin,
21:52dont mon enfant a besoin. Pouvez-vous me confirmer que c'est vraiment important de garder cette
21:56distance ? » Et la médecin pédiatre qui a répondu a confirmé que c'était quelque chose d'extrêmement
22:03important, c'était comme ça qu'on allait s'en sortir, et qu'il n'y avait pas de conséquences
22:08physiologiques et psychologiques de cette distance, parce que les enfants s'habituent bien. Bref,
22:13quand on lit ça et qu'on est professionnel de la santé et qui plus est de l'enfance,
22:17pour moi c'est de la mauvaise foi intellectuelle, je ne sais pas comment l'appeler autrement. Donc,
22:24en fait, les parents ont suivi des conseils, et je ne peux pas leur jeter la pierre encore une fois,
22:29de maintenir pour certains des distances avec leurs enfants, de ne plus les embrasser,
22:37moi j'ai même une situation personnelle dans ma famille où un enfant, comme il avait contracté le
22:44Covid, était en isolement dans sa chambre et puis on lui laissait le plateau repas pendant une semaine,
22:48dix jours, devant la chambre en fait. C'était à l'époque du confinement, il faisait l'école. Donc,
22:53en fait, c'est privé de nourriture émotionnelle, de nourriture sensorielle et humaine qui est
23:00délétère. Alors, qui est délétère si elle dure dans le temps en fait, mais on ne peut pas se dire
23:08que c'est rien, on ne peut pas se dire que ça n'a pas de conséquences en fait. Voilà.
23:12Je l'ai dit au début, vous avez travaillé aux côtés de familles maltraitantes pendant plusieurs
23:17années et vous faites le lien entre les mécanismes et les agissements de ces familles et nos
23:22gouvernements. Alors, en quoi les actions des uns et des autres sont similaires ? Expliquez-nous.
23:28Alors, j'ai travaillé effectivement en protection de l'enfance pendant une douzaine d'années. Donc,
23:34je connais bien les mécanismes de maltraitance et bien évidemment, on sait que les familles qui
23:40maltraitent leurs enfants sont souvent des familles qui ont elles-mêmes été maltraitées dans leur
23:43enfance. Donc, en fait, l'histoire se répète malheureusement. Et en fait, ce qui, comme on le
23:50disait tout à l'heure, ce qui moi beaucoup m'a mis la puce à l'oreille, c'était ce que je disais un
23:53peu, c'est la question de l'isolement. Quand on veut manipuler quelqu'un, quand on veut le
24:00maltraiter, et bien déjà, on va le couper de ses liens qu'il a avec les personnes extérieures.
24:07Donc, l'isolement des gens est un élément quand même extrêmement grave. Le fait de mettre de la
24:16confusion dans l'esprit des gens, c'est un mécanisme de manipulation. On va rendre confus
24:22la personne. C'est-à-dire qu'on va avoir des injonctions paradoxales. On va lui dire un jour
24:29blanc, le lendemain noir. Oui, mais c'est les études qui l'ont dit. Ah, puis il faut peut-être
24:33faire gris. Et on sait que la première année du Covid, il y a eu, je crois, les Maman Louvre,
24:38l'association des Maman Louvre a dénombré à peu près une quarantaine de protocoles scolaires,
24:43sanitaires à l'école différents pendant un an. Donc, en fait, la règle change tout le temps.
24:49Ça, c'est des mécanismes de manipulation. Donc, on change les règles, on rend le cerveau confus.
24:55Comme on a isolé la personne, elle ne peut pas se référer et en parler à des amis. Et puis,
25:00de toute façon, on lui dit que si elle en parle, elle va être prise pour une folle. Donc,
25:03autant qu'elle n'en parle pas, on va menacer les familles maltraitantes, les gens qui maltraitent,
25:10manipulent. On menace. Attention, si tu fais ça, il va t'arriver ça. Ou si tu embrasses ton
25:16grand-père, peut-être qu'il va mourir. On a vu des spots de pub où l'enfant, il embrassait sa
25:23grand-mère pour son anniversaire et il y a un switch et on voit la grand-mère en réanimation.
25:27Donc, on menace, en fait, on fait peur. On rend confus les gens, on les isole. On les montre les
25:34uns contre les autres aussi. C'est ce qui se passe dans la manipulation. Il y a les pours,
25:39il y a les contre. Il y a les gentils, il y a les méchants. C'est quelque chose de très manichéen.
25:43Et donc, tous ces mécanismes-là, c'est des mécanismes en lien avec la manipulation,
25:52en fait. Et ensuite, quand on génère ça chez quelqu'un, de manière naturelle, on a des
26:00mécanismes au niveau de notre cerveau qui vont se mettre en place tout seul. Ce n'est pas conscient,
26:04on ne le veut pas. Ça se met automatiquement en place et c'est ce qu'on appelle la dissociation
26:09traumatique. Et en fait, quand je suis dissociée, quand j'ai vécu tout ce que je viens de décrire,
26:14eh bien, la dissociation, ça veut dire que mon cerveau, c'est comme s'il bugue et je deviens un
26:19peu comme un robot. Je fais les choses mécaniquement. Je n'arrive plus à réfléchir. Je n'arrive plus à
26:24nuancer. Je n'arrive plus à adapter mes comportements en fonction des situations. J'obéis,
26:29en fait. La soumission acquise, c'est exactement ça. C'est-à-dire que je ne suis tellement plus
26:35moi-même véritablement que je vais effectivement obéir et être docile. Donc en fait, c'est vrai
26:47que ces mécanismes que je connaissais, par ailleurs dans un contexte particulier, quand j'ai
26:52vu que c'était les mêmes mécanismes qui étaient utilisés par nos gouvernants, je me suis dit « mais
26:56qu'est-ce qu'il faut ? ». Comme je disais tout à l'heure, on n'a pas besoin de menacer, isoler,
27:01monter les gens contre les autres pour faire adopter un geste qui serait censé nous protéger.
27:08Si ça avait été le cas, tout le monde l'aurait fait sans sourcier.
27:10Pensez-vous justement que nous sommes entrés dans une phase de guerre psychologique ?
27:15Oui. Oui. Complètement. Je crois qu'aujourd'hui, enfin après on est rentrés, mais ça n'a pas
27:24d'être du Covid. Je pense que depuis quand même beaucoup d'années, plus les gens sont libres de
27:30penser, sont libres d'agir et de vivre tel que eux le souhaitent, moins c'est utile ou moins ça va
27:42favoriser certaines personnes. Plus les gens se nourrissent comme ils l'entendent, plus ils vont
27:48cultiver leurs légumes, plus ils vont prendre soin de leur habitat, moins ils vont consommer aux
27:52grandes surfaces. Plus ils vont se maintenir en santé, moins ils vont consommer en médicaments.
27:57Plus ils vont instruire les enfants en instruction en famille ou en voyageant,
28:02etc., moins il y aura, je dirais, une sorte de contrôle du savoir, etc., etc. Donc, on apprend
28:12quand même depuis longtemps aux enfants, et nous-mêmes quand on a été enfant, à ne pas se
28:18mettre en colère par exemple. Et pour moi, j'ai souvent parlé de la colère parce que la colère
28:23est très malmenée dans notre société. On nous apprend dès le plus jeune âge à ne pas nous
28:27mettre en colère, à ne pas répondre, à écouter, à obéir, etc. Alors qu'en fait, la colère, c'est
28:36vraiment l'émotion, quand je dis la colère saine, c'est l'émotion par excellence qui nous permet de
28:40nous affirmer et d'habiter notre souveraineté, c'est-à-dire je suis maître de ma vie. Alors,
28:47bien sûr, attention, je mets des bémols. Je dois respecter des codes sociaux pour bien vivre en
28:51société. Je ne dois pas faire n'importe quoi. Évidemment, c'est du bon sens. Mais par contre,
28:56je décide ce que je mets dans mon corps, que ce soit une injection, que ce soit un médicament,
29:01ou que ce soit de la nourriture ou des boissons, etc., etc. Et je pense qu'être libre et autonome
29:13dans nos manières de penser et de vivre, eh bien, aujourd'hui, ça dessert de plus en plus
29:17certaines personnes, certaines entités. Et quand on revient à des choses très basiques de profit,
29:24de conflit d'intérêt, tout simplement, c'est évident, en fait. C'est évident.
29:30Alors, on va se projeter dans l'avenir. Bon, en cas de nouvelle pandémie, ce qui risque d'arriver,
29:38quelles actions pourrions-nous mettre en place afin de s'entraider et d'aider les plus sensibles
29:44d'entre nous psychologiquement ? Alors, bon, en cas de nouvelle pandémie,
29:50dans tous les cas, ça va arriver, vu que c'est déjà très officiel. Ce n'est pas qu'on peut
29:53se le dire. Je veux dire, il y a des choses qui sont prêtes, etc. Mais ça, c'est valable pour
30:00une pandémie ou pour n'importe quelle épreuve de vie qu'on pourrait être amené à vivre, en fait.
30:05Je crois que ce qui est vraiment important, c'est d'apprendre à réguler notre stress,
30:11d'apprendre à revenir à l'intérieur de nous, d'apprendre à ne pas céder à la panique,
30:17à ne pas céder au stress. Alors, ça, ça peut être facile à dire comme ça, devant un écran,
30:21facile à entendre, mais de dire, oui, c'est bien beau, mais comment on fait concrètement,
30:25en fait ? Parce qu'il y a aussi des gens qui ont, dans leur enfance, baigné aussi dans des
30:31situations d'isolement, dans des situations de stress, des situations de menaces. Donc,
30:35en gros, ils ont connu tout le temps ça, en fait. Alors, moi, j'ai toujours tendance à dire que tout
30:40ce qu'on a comme épreuve de vie, on peut le voir comme une répétition de choses difficiles,
30:45mais on peut aussi se dire, c'est peut-être une opportunité pour moi, enfin, d'apprendre des
30:51choses que je n'ai jamais apprises. C'est peut-être une opportunité, enfin, pour moi de traiter et de
30:56m'occuper de mes traumatismes du passé que je n'avais pas encore jusque-là traité, etc. Et peut-être,
31:03c'est peut-être enfin le temps pour moi d'apprendre à prendre soin de moi, à apprendre à respirer,
31:09à apprendre à réguler mon stress, à apprendre des méthodes de gestion émotionnelle, etc.
31:14Les gens pourront retrouver, s'ils le souhaitent, sur mon site Internet, mais j'ai pour une chaîne
31:22YouTube fait des interviews comme avec vous, avec des interviews sur le psychotrauma. Et donc,
31:30j'ai développé cet été, ce n'est pas très vieux, un programme de travail en ligne à faire chez soi,
31:35en autonomie, sur traverser les épreuves de vie et savoir comment se stabiliser émotionnellement.
31:42Donc, voilà, c'est un programme que j'ai voulu très pragmatique pour justement donner à la
31:48plupart des personnes une sorte de boîte à outils pour mieux faire face à d'éventuels
31:55stress ultérieurs. Mais je crois vraiment que tout ce qui va permettre aux gens de calmer
32:01leur stress, leur permettra de garder le cerveau branché et de ne pas basculer dans ces états,
32:08comme je disais tout à l'heure, de dissociation où on est très robotique, mécanique et on n'arrive
32:12plus à faire de la nuance. Pour terminer, Johanna Mikou, avez-vous une astuce à utiliser au quotidien
32:20pour être serein ? Quelque chose de rapide qu'on peut mettre en place chaque matin ou chaque soir,
32:26je ne sais pas. Est-ce que vous avez une petite astuce ?
32:28Déjà, je crois que... Moi, ce que j'aime conseiller, c'est exactement de faire l'inverse
32:35de ce qu'on a souvent toujours appris, c'est-à-dire de passer peut-être cinq minutes, je ne dis pas de
32:40passer une heure, mais cinq minutes, déjà apprendre cinq minutes pour soi avant de démarrer notre
32:44journée. Je dis que c'est souvent le contraire qu'on nous a appris parce que souvent, on nous a
32:48appris que d'abord, on fait dans notre journée tout ce qu'il faut faire, s'occuper des enfants,
32:54lancer la machine, aller au travail, faire les courses, etc. Et après, à la fin de la journée,
32:59si jamais il nous reste du temps, ce qui n'est pas toujours le cas, on peut aller faire notre
33:02sport ou on peut aller faire notre musique ou notre méditation ou je ne sais pas quoi.
33:06Moi, je pense que c'est l'inverse qu'il faut faire. C'est de s'autoriser, alors ça peut être de se
33:11lever cinq minutes plus tôt ou dix minutes plus tôt ou de prendre ces dix minutes-là,
33:15mais peut-être dix minutes, un quart d'heure après, à voir en fonction, mais de commencer
33:19nos journées par un petit moment pour soi. Ça peut être juste d'écouter de la musique. Ça peut
33:24être juste d'aller faire le tour du pâté de maison et de prendre un peu d'air. Ça peut être
33:28de méditer. Ça peut être de faire un petit exercice de respiration. Ça peut être juste de prendre le
33:34temps en pleine conscience de boire son thé, juste un moment pour soi, pour envoyer aussi l'info que
33:40je suis la personne la plus importante de ma vie. Et c'est parce que je prends ces cinq minutes ou
33:44dix minutes pour moi au début de ma journée que c'est comme si je mets mon carburant et
33:49ensuite je serai beaucoup plus efficace pour aider les autres, pour m'occuper de mes enfants,
33:54etc. Donc voilà, mon petit conseil, ce serait de mettre cette petite routine et c'est comme
33:59un engagement pour soi-même, envers soi-même, pour prendre soin de soi avant de prendre soin des
34:05autres. C'est un peu ce qu'on fait dans les avions. On nous dit quand les masques à oxygène
34:10tomberont, d'abord vous le mettez sur vous et après vous pouvez aller aider les autres. C'est
34:16exactement ce qu'on devrait faire au quotidien et apprendre à nos enfants à faire ça, cette
34:21petite routine du matin, pour être dans leur corps et être prêt à vivre la journée, tout simplement.
34:29Eh bien, ce sera le message de cette nouvelle rentrée, alors 2023, prendre soin de soi. C'est
34:36le plus important. Merci beaucoup, Johanna Mikou. Merci d'avoir été notre invitée.
34:41Merci à vous.
34:46Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org