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00:00Même si je retourne en Iran, je ne vais jamais guérir cet handicap parce que l'Iran, moi, est perdu pour toujours.
00:07Et ça, ce film-là, c'est mon exil qui était peut-être le plus grand cadeau de ma vie,
00:16même s'il était un grand handicap au niveau d'âme.
00:27Ça c'est très touchant.
00:29Ça, cette photo-là, c'est Jeanne d'Arc.
00:36Cette personnage-là que je jouais quand j'avais 14 ans, elle adore Jeanne d'Arc.
00:40À ce moment-là, je n'avais aucune relation avec la France, rien.
00:45Je ne savais même pas que je vais finir à Paris, mais le personnage, elle veut venir à Paris, c'est fou.
00:50Je ne sais pas si les personnages le choisissent ou c'est nous qui le choisissons.
00:54C'est la scène où elle se brûle, justement.
00:57Là, elle dit « j'ai peur de rien, et brûlez-moi », comme Jeanne d'Arc, parce qu'elle dit les dialogues de Jeanne d'Arc.
01:05C'est fou, cette photo, après la photo de Roquet, parce que, justement, le personnage de Nour, qui s'appelle La Lumière,
01:12carrément, elle se brûle dans son appartement.
01:14Les gens viennent pour la brûler, comme une sorcière.
01:17Mais c'est les gens du banlieue qui mettent du pétrole dans son appartement et ils veulent la brûler.
01:23Et dans cette scène-là, elle brûle, carrément.
01:27Elle vient, c'est un jeu d'enfance.
01:29C'est émouvant.
01:31Quelque part, notre carrière, c'est...
01:34Des fois, on pense qu'on est en contrôle et on le choisit, mais il y a aussi...
01:38Moi, je crois en destin.
01:39Il y a aussi des choses m'actubent, un peu, dans notre destin.
01:43Voilà, justement.
01:44Mon premier film, Erochia, c'est quoi le lien ?
01:49Je brûle dans les deux films.
01:51Mon premier film, Erochia, c'est peut-être le cinquante-sixième film que j'ai fait,
01:57après 27 ans.
01:59Je brûle de la même manière.
02:01C'est fou.
02:03Oui, t'es vivante.
02:05C'est une grenouille très dangereuse.
02:06Faut pas la toucher.
02:07Ça soigne tout.
02:09Non !
02:10Qu'est-ce que c'est ?
02:11Faut m'aider.
02:12C'est un film, il faut voir.
02:13C'est dur, même, à raconter, pour moi, ce film.
02:16Il y a une histoire de sorciérie, mais c'est pas l'histoire de film du tout.
02:19Ça veut dire qu'elle dit, moi, je suis une femme d'affaires.
02:22Elle est une femme d'affaires qui cherche à trouver sa place,
02:27et survivre, et travailler.
02:29Elle est forte.
02:30Elle n'est pas accusée, même à sorciérie,
02:33elle est accusée à mordre, ce qu'elle n'a pas fait.
02:36C'est un malentendu.
02:37Elle est lapidée injustement.
02:40C'est une course, poursuite permanente,
02:44pour qu'elle puisse vivre,
02:46et faire vivre son fils.
02:49Les gens pensent que je suis possédée,
02:50mais je crois que je suis juste encore là.
02:52C'est une femme, c'est une tigresse,
02:54il n'y a pas de limite en elle.
02:56Si elle doit tuer, elle tue.
02:58Elle protège, elle protège.
03:01Elle est une survivante absolue,
03:04dans un milieu assez patriarcal, je peux dire,
03:07banlieu parisien,
03:09où elle est mal vue juste parce qu'elle gagne bien sa vie.
03:12Elle a un BMW,
03:14elle garde sa tête haute.
03:17Bien sûr que ça crée certaines provocations,
03:20et certains frottements avec la société.
03:23Les gens n'aiment pas,
03:25ils l'accusent à beaucoup de choses qu'elle n'a pas faites.
03:28Et voilà, elle provoque.
03:29Le personnage principal, c'est une femme,
03:32c'est une femme assez remarquante,
03:34assez particulière.
03:37Elle n'est pas le personnage qu'on a d'habitude de voir.
03:40Elle est très grise, je peux dire.
03:42Elle n'est pas du tout noire et blanche,
03:44elle n'est pas bien.
03:46Ses comportements, c'est inqualifiable.
03:49Mais on l'aime.
03:51Et elle est une pirate.
03:59Quand j'ai tourné le film,
04:01le film n'était même pas sorti,
04:02ils m'ont accusé de carrément l'espionnage pour le CIA,
04:05parce qu'ils pensaient que c'est le CIA
04:07qui a demandé à Ridley de me prendre
04:10l'attention de Leonardo DiCaprio sur mon personnage à moi,
04:13c'est l'attention aux États-Unis sur l'Iran.
04:15Moi, je ne disais pas du tout ça à l'histoire du film.
04:18Et même l'histoire du film,
04:20il y a une grande critique pour la stratégie américaine
04:23dans le Moyen-Orient.
04:24Ils disent que les Américains ont perdu cette guerre
04:27parce qu'ils ne peuvent pas contrôler le Moyen-Orient.
04:29J'étais fière, je suis rentrée en Iran.
04:31Et bien sûr, j'avais sept mois d'interrogatoire
04:34même avant de quitter le territoire.
04:36En fait, il y a une malentendue qui pense
04:38qu'ils disent que, justement,
04:40j'ai été banni pour quitter l'Iran
04:43après que j'ai enlevé mon voile.
04:45Mais non, c'était, en fait, l'histoire.
04:47C'était parce que j'ai fait un film américain.
04:49Ça, c'était le vrai problème.
04:51Et quand j'ai quitté l'Iran,
04:52j'ai quitté l'Iran pour le bon,
04:53et je savais que je ne vais pas pouvoir retourner
04:56parce qu'ils attendaient de me condamner à quelque chose
04:59après que le film sorte.
05:01Et ça, ce film-là, ça m'a...
05:04Oui, c'est mon exil
05:06qui était peut-être le plus grand cadeau de ma vie,
05:10même s'il était un grand handicap au niveau d'âme.
05:13C'est comme... Je dis comme l'exil,
05:16c'est comme on perd un bras,
05:17mais on devient les champions à Paralympique.
05:20Je ne dis pas que je suis une championne,
05:22mais quand même, je suis rentrée dans l'Olympique de Paralympique.
05:26Et on essaye, on devient autre chose.
05:29Notre handicap devient notre pouvoir.
05:32Même si je retourne en Iran,
05:33je ne vais jamais guérir cet handicap
05:36parce que l'Iran, moi, est perdu pour toujours.
05:38C'était le pont de cinéma iranien à cinéma international,
05:43et quel bel film pour commencer.
05:47Et oui, même si ça divisait ma vie en deux,
05:50c'était bien.
05:52C'était bien.
06:04Oui, Pierre de Passion,
06:05c'est vraiment un des plus beaux films de ma carrière.
06:09J'ai adoré travailler avec Hattie Raimi.
06:12J'ai beaucoup travaillé pour ce film.
06:14C'est un film bouleversant pour les femmes
06:18et la situation de la femme.
06:20En fait, c'est ça.
06:21C'est qu'à la fin, le message du film pour moi,
06:23c'est un peu...
06:24Les hommes pensent qu'ils peuvent contrôler les femmes,
06:26mais à la fin, c'est n'importe quoi.
06:29C'est elle qui a le secret.
06:31C'est elle qui compte,
06:32qu'elle a tout contrôlé, qu'elle a tout fait.
06:35Et l'homme, il n'a rien compris.
06:37C'est ça, l'histoire, pour moi.
06:39C'est que vous pensez que c'est vous les gagnants,
06:43mais à la fin, non, pas du tout.
06:46Les talibans et les extrêmes et tout ça.
06:53C'est un des meilleurs films que je sais
06:55que ça va rester dans l'histoire pour toujours.
06:57Je suis très fière de ce film.
06:59C'est un poésie.
07:01Les images, le travail de Thierry,
07:04notre chef-homme, Sabah,
07:06comme tout le monde était.
07:08Et pour moi, justement, jouer ce film,
07:11c'était comme une thérapie.
07:14Je peux pas dire thérapie,
07:15mais c'était bouleversant pour moi-même
07:17de jouer ce film,
07:18parce que je suis pas un métaux d'acteur.
07:20Je joue pas,
07:21j'amène pas les personnages dans mon chambre d'hôtel.
07:23Je les laisse sur le plateau.
07:25Mais celui-là, elle a bien resté en moi.
07:27Sa tristesse a resté en moi.
07:29Je les aime beaucoup, cette femme.
07:31Elle a même pas un nom.
07:32On sait pas comment elle s'appelle.
07:34C'est écrit La Femme.
07:36Il faudra de l'avitamin C naturel pour les lutins.
07:41On est d'accord que c'est la première fois
07:42que tu dis cette phrase ?
07:43Pio Marma et Alain Chabat,
07:44première comédie que j'ai faite.
07:46J'ai adoré travailler avec Alain.
07:48Extraordinaire, Pio, de travailler avec eux
07:51et d'être dans l'univers d'Alain
07:53et avec les reines, les vraies reines de neige.
07:56C'était incroyable.
07:58Incroyable de travailler dans ce film.
08:00Paterson, Jim Jarmusch.
08:02Un des rêves de réaliser,
08:04parce que j'étais fan de Jim Jarmusch,
08:06de jouer dans son univers.
08:08Vous voyez tous les tiroirs,
08:10ils sont remplis de choses.
08:11C'était un set qui était vrai.
08:13Et le chef décor, il disait,
08:15c'est important.
08:16C'est important que les tiroirs soient remplis.
08:18Et si tu les ouvres,
08:20il faut que tu te sens chez moi,
08:21chez toi, justement.
08:23Extraction, Tyler Rake.
08:25J'adore faire les films d'action.
08:27Deux mois d'enterrement,
08:28sept mois d'enterrement tous les jours.
08:30Ne pas dormir, ça rend l'âme un peu fou.
08:34J'étais obligée de m'entraîner.
08:36Sinon, on n'arrivait pas à courir.
08:38On est obligé d'être fort au niveau du corps.
08:42Il y a beaucoup de scènes physiques.
08:44Il fallait s'entraîner.
08:47Il fallait être fort au niveau du corps.
08:50Et je crois plus qu'on rentre dans le corps
08:54de cinéma.
08:55Plus on rentre dans l'espace charnel, viscéral.
08:59Ce qui, je pense, sur Okéa,
09:01qui est un film charnel.
09:03C'est pour ça, là, j'ai du mal à parler de film
09:05parce que je dis,
09:06je ne peux pas verbaliser ce qu'on a fait.
09:09Parce que j'étais, en fait,
09:11nous, on était dans mon corps,
09:12comme aussi ce personnage-là.
09:14On était vraiment dans le corps.
09:17Toujours, j'ai toujours senti responsable,
09:20tant qu'artiste.
09:21Même les politiciens ne changent pas le monde
09:23avec leurs paroles.
09:24Ils parlent, mais ils parlent.
09:26Mais je crois que les artistes,
09:27ils peuvent changer le monde
09:28avec leur travail, justement.
09:30L'inspirer, donner de l'espoir.
09:32Moi, je crois que l'art peut changer,
09:34peut faire des changements,
09:36même très grands,
09:37parce que j'ai vu ça dans mon pays natal.
09:40Aussi, c'est dans mon éducation.
09:42C'était mon père qui disait toujours
09:44que t'es un serviteur du peuple
09:47et tu serres avec ton art,
09:49comme un soldat de cinéma.
09:51Tu dois dédier ta vie,
09:53presque comme un esclave
09:54qui ne demande rien en retour,
09:56mais tu donnes tout ce que t'as
09:58et tu vas servir le monde
10:00sans avoir aucune expectation.
10:02Mais c'est ça, ta mission dans la vie.
10:14Sous-titrage Société Radio-Canada