Législatives: à qui profiterait une hausse de la participation?

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Une forte participation aux législatives, estimée à 64 % selon l'Ifop, pourrait faire grimper le nombre de triangulaires et avantager le Rassemblement national de Jordan Bardella. Les explications de Mathieu Gallard, directeur d'études chez Ipsos.  Lire l'article ici  https://www.lopinion.fr/politique/legislatives-a-qui-profiterait-une-hausse-de-la-participation  Vous aimez l'Opinion ? Activez les notifications de la chaîne pour ne pas rater nos dernières vidéos  http://www.youtube.com/subscription_center?add_user=Lopinionfr

Transcript

00:00J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire, par le vote.

00:12En 2022, on était à 47,5% de participation.

00:16En 2017, c'était à peine plus.

00:21Donc ça, c'est quasiment certain.

00:22Et c'est vrai que ce nombre de procurations va dans ce sens-là.

00:25Pourquoi est-ce qu'on aurait une hausse du taux de participation ?

00:28Déjà, il faut se rappeler que depuis 2002, les législatives,

00:31elles arrivent systématiquement juste après une élection présidentielle.

00:34On savait que les électeurs de l'opposition au nouveau président

00:38avaient tendance à se démobiliser,

00:39ce qui faisait que le président obtenait systématiquement une majorité,

00:43même si elle a été relative en 2022.

00:44Et donc, au fur et à mesure, les électeurs se disaient

00:47que c'était juste des élections de confirmation de la présidentielle,

00:50que l'enjeu était très faible.

00:52Donc voilà, ce n'était pas un scrutin extrêmement mobilisateur.

00:54Là, au contraire, on revient à des législatives

00:57qui se situent plutôt dans la lignée de celles de 1997,

01:01de 1993 ou de 1986,

01:03qui intervenaient au milieu d'un mandat présidentiel

01:06et pour lesquelles il y avait un vrai enjeu de pouvoir

01:08qui, finalement, va gouverner le pays à l'issue de ces élections législatives.

01:11Donc ça, évidemment, ça motive beaucoup plus quand il y a une vraie incertitude.

01:15Et puis, s'y ajoute en plus le fait qu'il y a la perspective

01:18de l'arrivée au pouvoir du Rassemblement national,

01:20ce qui, à la fois, évidemment, mobilise les électeurs du RN.

01:23C'est la première fois qu'ils ont cette perspective vraiment à portée de main.

01:26Et puis, ils mobilisent aussi tous les Français

01:28qui sont vraiment hostiles à cette arrivée au pouvoir.

01:31Donc on est probablement sur une élection

01:33qui va être marquée par un fort rebond de la participation.

01:36La question, c'est de savoir dans quelle ampleur.

01:38Est-ce qu'on sera à 55%, à 70% ?

01:40Pour le coup, à ce stade, c'est encore difficile à dire.

01:43On va attendre que la campagne se mette vraiment en place.

01:48Le paradoxe, c'est que d'un côté, elle pourrait être défavorable

01:51au Rassemblement national au premier tour,

01:53mais elle pourrait lui être favorable au deuxième tour.

01:55Si on regarde ce qui s'est passé aux Européennes,

01:56on voit que les électeurs de Marine Le Pen,

01:58c'était les plus mobilisés.

01:59Il y a 60% des électeurs de Le Pen à la présidentielle

02:02qui sont allés voter aux Européennes,

02:0454% des électeurs de Macron,

02:0553% des électeurs de Mélenchon,

02:07si je prends les trois principaux candidats

02:09des présidentielles de 2022.

02:11Ce qui veut dire que mécaniquement,

02:12si la participation augmente,

02:13Marine Le Pen, elle a quand même un peu moins de réserve de voix

02:16parmi les abstentionnistes de ces élections européennes.

02:19Donc, ça pourrait lui être défavorable.

02:21Je ne pense pas que ça soit très défavorable

02:23au Rassemblement national.

02:24C'est vrai que c'est un élément qui pourrait lui coûter

02:25un point, un point et demi potentiellement,

02:27même si, comme je le disais tout à l'heure,

02:29de toute manière, l'enjeu est très fort.

02:31Il est très fort pour les électeurs du RN,

02:33pour les électeurs de gauche, pour les électeurs macronistes.

02:35Donc, il n'y aura sans doute pas de participation

02:38très différentielle entre ces camps.

02:40Il n'y aura pas un camp qui va être très pénalisé

02:42par une abstention plus forte de ces électeurs.

02:44Mais ça peut quand même jouer à la marge en défaveur du RN.

02:52Pour arriver au second tour d'une élection législative,

02:55il faut soit évidemment être dans les deux premiers

02:57dans sa circonscription,

02:58soit arriver en troisième position

03:00et avoir plus de 12,5 % des électeurs inscrits.

03:03Ce qui veut dire, pour le dire très simple,

03:05que plus la participation est haute,

03:07plus vous avez de chances d'avoir des triangulaires

03:09au second tour.

03:10Et ça, a priori,

03:11c'est plutôt favorable au Rassemblement national.

03:13Parce que comme on l'a vu aux européennes,

03:14on a un bloc d'extrême droite.

03:16Si on ajoute le RN,

03:17reconquête éventuellement des petits partis

03:19souverainistes ou d'extrême droite

03:21qui est nettement en tête face à une gauche

03:23qui est autour de 32 %

03:24et une majorité présidentielle

03:26qui ne mérite plus vraiment ce terme de majorité

03:28quand elle est à 14,6 % aux élections européennes.

03:31Donc même si évidemment tout ça va évoluer,

03:33les européennes, ça ne sont pas des législatives,

03:35mais ça fait que si ces trois blocs s'affrontent

03:37lors d'un deuxième tour d'élection,

03:39ça facilite la tâche au RN

03:41qui est quand même structurellement

03:43dans de très nombreuses circonscriptions en tête.

03:46Et après, évidemment,

03:47ça dépendra néanmoins d'éventuels désistements.

03:50Voilà, les candidats de gauche

03:51arrivés en troisième position

03:52ou les candidats de macronistes

03:54arrivés en troisième position

03:55décideront de se désister,

03:57de faire barrage républicain.

03:58On a plein de leurs électeurs

03:59à voter pour le candidat le mieux placé.

04:01Ça peut avoir un impact,

04:02mais de ce qu'on entend actuellement

04:04au sein de la gauche,

04:05c'est pas très clair,

04:06mais au sein de la macronie,

04:07ça semble à peu près acquis

04:08qu'au soir du premier tour,

04:09ils ne vont pas parler d'une seule voix.

04:11On a entendu plusieurs ministres

04:12pour des derniers jours

04:13dire que dans ce cas-là,

04:14ils voteraient blanc.

04:15Oui, ils s'abstiendraient,

04:16donc ça sera sans doute plus compliqué

04:18qu'un appel global et général

04:20à mettre en place

04:21un front républicain

04:22contre le Rassemblement national.

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