ÉDITO - Consignes de vote: "Ce n'est plus comme ça la politique, c'est même parfois contre-productif"

  • il y a 2 mois
Face à la possible victoire du Rassemblement national lors des élections législatives, des grandes figures de gauche donnent d'ores-et-déjà leurs recommandations de vote pour le deuxième tour en cas de triangulaire.

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00:00Ce débat qui agite déjà les opposants au RN, le débat du Front républicain.
00:05Oui, traditionnel débat, si j'ose dire, depuis près de 30-40 ans,
00:10depuis que le Rassemblement National, autrefois Front National, monte à chaque élection.
00:15Alors, faut-il et si oui, comment faire barrage à l'extrême droite au second tour ?
00:20On va commencer par la gauche, parce qu'il y a eu beaucoup de critiques,
00:22beaucoup de sarcasmes sur les bisbilles au sein du nouveau Front populaire,
00:25mais il faut le souligner, la gauche y a répondu clairement
00:29et de façon quasi-unanime, même si on a parfois des expressions différentes.
00:33Hier, la patronne des VR Marine Tondeli a envoyé un courrier aux forces politiques
00:37du camp présidentiel pour proposer des désistements mutuels.
00:42Voilà, je suis très déterminé, au nom des écologistes, à m'assurer
00:44que le barrage républicain sera bien en place dès le soir du premier tour,
00:47en appelant à des désistements en cas de triangulaire.
00:49Vous savez, si jamais les candidats écologistes arrivaient en troisième position
00:52derrière le Rassemblement National ou un candidat ensemble,
00:55ils se mettraient derrière le candidat ensemble.
00:57« Ça se fera sans contrepartie », a dit Olivier Faure hier pour le Parti socialiste.
01:00On a vu tout à l'heure François Hollande qui parlait de la nécessité de ce désistement républicain.
01:05Jean-Luc Mélenchon, lui, a d'ores et déjà invité ses électeurs
01:08à ne pas faire la bêtise de voter pour le Rassemblement National au second tour.
01:14Alors, la gauche n'avait pas le choix, en fait,
01:16parce que comment vous voulez expliquer aux électeurs que vous avez su taire vos divergences
01:19en 48 heures en raison de la menace gravissime que représenterait le RN au pouvoir
01:24et, dans la foulée, ne pas appeler à un désistement républicain ?
01:27C'était intenable.
01:28Mais la gauche revient de loin parce qu'il faut se souvenir que,
01:30lors de la présidence présidentielle, par exemple,
01:32une partie de la gauche disait qu'elle en avait marre de faire barrage.
01:36Elle qualifiait les électeurs de gauche de castors.
01:39Elle disait ce jour-là « j'aurais piscine ».
01:41Donc voilà, on voit bien que ces débats ont été éteints.
01:43Et puis, il faut le dire aussi, c'est une décision qui est rendue d'autant plus facile
01:46que la gauche arrive en seconde position dans les sondages
01:50et donc aurait plus bénéfice à ces désistements que l'inverse.
01:55La gauche y a répondu clairement et de façon quasi unanime, disiez-vous.
01:58Ce n'est pas aussi clair dans le camp présidentiel.
02:00C'est le moins confusé.
02:01Il y a eu une réunion il y a deux jours autour du président
02:05et la conclusion, c'est qu'il est urgent d'attendre.
02:08Il n'y a pas eu encore de premier tour par définition,
02:09donc il n'y a pas de doctrine, a dit Gabriel Attal, le Premier ministre, hier.
02:13Alors, d'un point de vue tactique, c'est compréhensible, j'ai envie de dire,
02:16puisqu'on est à trois jours du premier tour.
02:18Si le camp présidentiel commence à dire qu'on va se désister
02:20alors qu'il est donné en troisième position pour les candidats républicains,
02:24ça risquerait d'entraîner une forme de démobilisation de son électorat
02:27qui vautrait utile dès le premier tour.
02:29D'un point de vue politique, c'est logique si on suit ce que dit le président de la République
02:34qui, il y a deux jours, disait quand même que le Nouveau Front Populaire,
02:37comme le Rassemblement National, faisait courir à la France le risque
02:42de basculer dans une forme de guerre civile.
02:45Quand on dit que les deux autres sont infréquentables,
02:47c'est difficile de se rallier derrière.
02:48Mais d'un point de vue éthique, c'est carrément problématique.
02:52Surtout quand on s'est fait élire en 2017 à la présidentielle
02:54en promettant de tout faire pour que les Français n'aient plus aucune raison
02:58de voter pour les extrêmes.
02:59Quand on s'est fait réélire en 2022 en draguant les électeurs
03:02de Jean-Luc Mélenchon ouvertement entre les deux tours,
03:05quand on leur a dit au soir de la réélection « ce vote m'oblige »,
03:09franchement, c'est abusé.
03:12Ça fait d'ailleurs tousser dans l'aile gauche du camp présidentiel.
03:15Il y a eu des voix qui se sont fait entendre pour réclamer
03:17une position claire de désistement.
03:20Et du coup, l'option qui tient la rampe aujourd'hui dans le camp présidentiel
03:22serait une forme de ni à la carte, en gros, ni Rassemblement National
03:27et ni LFI au sein du Nouveau Front Populaire,
03:30et peut-être ni certains députés LFI qui ont tenu des positions
03:35qui sont jugées incompatibles par le camp présidentiel.
03:38On pense notamment à ce qu'ont dit certains députés sur ce qui se passe à Gaza.
03:42D'une certaine façon, ça n'aura pas grand effet
03:44parce que ces députés-là, qui sont un peu sur la liste noire du camp présidentiel,
03:50sont dans des circonscriptions plutôt faciles pour eux
03:52où ils sont quasiment assurés de leur réélection.
03:55Au milieu de tout ça, le dernier mot reviendra aux électeurs.
03:58Ils ont donc quelque chose à faire, les consignes de vote, aujourd'hui ?
04:00De moins en moins, en fait.
04:02On n'est plus, vu le temps du Parti communiste,
04:05où le secrétaire national du Parti communiste donnait une consigne de vote
04:07et tous les militants, tous les électeurs votaient comme un seul homme.
04:10Ce n'est plus comme ça, la politique, aujourd'hui.
04:12C'est même parfois contre-productif de donner des consignes de vote
04:15parce que ça pousse les gens à se mobiliser en disant
04:18« de toute façon, tout ce qui vient d'en haut ne comprend pas ce qui se passe en bas
04:21et je vais voter comme je veux. »
04:23Et puis surtout, je vous montre ce sondage
04:26qui a été réalisé par l'Institut Odoxa pour Public Sénat
04:29et qui est assez instructif.
04:31Quand on demande aux Français, au-delà des autres raisons de vote,
04:33au moment des prochaines législatives,
04:35« voterez-vous pour soutenir ou pour faire barrage ? »
04:37et on donne les trois blocs,
04:39on s'aperçoit que 47% des Français veulent faire barrage
04:43au nouveau Front populaire,
04:4544% au gouvernement actuel
04:48et 41% seulement au Rassemblement national.
04:50« Barrage n'est pas là-haut. »
04:52C'est vous dire l'ampleur du changement
04:54qu'a vécu l'échiquier politique depuis sept ans.

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