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00:00Une première question pour tous les deux, on va commencer par vous Thomas Maurice.
00:03En début de l'année, il y avait eu ce mouvement de colère des agriculteurs,
00:06les panneaux retournés, les barrages, les manifestations jusqu'à Paris.
00:09Est-ce que vous êtes toujours en colère aujourd'hui ?
00:11Oui, on est toujours très en colère parce que suite à cette séquence de manifestations agricoles,
00:17on estime qu'on n'a pas du tout été entendu par rapport aux revenus agricoles,
00:22par rapport à pas mal de choses dont on pourra discuter.
00:26Donc oui, la situation reste difficile pour nous dans nos fermes.
00:30Antoine Dutu, toujours en colère, vous êtes président des Jeunes Agriculteurs 21.
00:34Oui, la colère n'est pas forcément redescendue parce qu'il y a des choses qui ont été annoncées,
00:40des choses de fond, il manque aujourd'hui le travail de forme.
00:45Et avec cette dissolution inattendue, tout le travail qui avait été entamé,
00:51commencé avec le projet de loi d'orientation agricole,
00:54on ne sait pas où ça va aller parce qu'on ne sait pas comment on va changer.
00:58Il y avait des choses intéressantes, mais évidemment ce n'était pas suffisant.
01:01Le cœur de cette colère, c'était en fait une demande assez simple en apparence,
01:05pouvoir vivre décemment de votre travail, si je dois résumer, la principale revendication.
01:10Qu'est-ce qui a changé pour vous depuis Thomas Maurice, depuis six mois ?
01:16Pas grand-chose, comme je le disais, la loi, du reste, elle a été votée récemment,
01:22elle est restée en balottage, mais nous, on constate que les problèmes restent les mêmes.
01:28Il y a toujours un problème fondamental du revenu agricole dans nos fermes.
01:33Aujourd'hui, les fermes en agriculture biologique, les petites fermes paysannes,
01:39on est tous un petit peu à galérer.
01:41Je pense que c'est le cas de la majorité des exploitations dans notre pays.
01:45Notre analyse, c'est qu'il y a eu un accaparement de la colère paysanne
01:51par les privilégiés du système aujourd'hui,
01:56pour défendre une agriculture compétitive à l'échelle mondialisée,
02:01détriment des normes environnementales, des normes sociales.
02:04Et on va vraiment dans le mur à très grande vitesse.
02:08Et nous, on souhaiterait vraiment que le modèle agricole puisse être mis totalement à plat
02:13pour aller vers quelque chose de plus durable, de plus viable et vivable pour nous.
02:19On va évidemment continuer d'en parler et d'évoquer vos revendications.
02:22En un mot, et je veux une réponse oui ou non, Antoine Duthuille d'abord,
02:24est-ce que pour vous, ces mouvements de colère pourraient reprendre dans les prochains mois ?
02:28Oui, de toute façon, ça pourrait bien arriver.
02:30Alors aujourd'hui, on va arriver dans une période charnière de notre métier.
02:33On va terminer les foins, on va terminer la récolte, donc ce sera compliqué de mobiliser.
02:39Mais dès la rentrée, si rien n'évolue concrètement,
02:41si avec la nouvelle constitution de l'Assemblée nationale, rien ne bouge,
02:45évidemment qu'il faudra ressortir pour continuer le combat.
02:48Voilà, nous, ce qu'on souhaite avec les jeunes agriculteurs, avec la FDCA,
02:52c'est un renouvellement des générations qui doit être très important
02:55parce qu'il y a beaucoup d'exploitants qui vont partir bientôt en retraite.
02:58La moitié ont plus de 55 ans aujourd'hui.
03:01Donc évidemment, il y aura des jeunes à remettre dans les exploitations.
03:04On veut que tout le monde puisse produire de la façon qu'il le souhaite,
03:08avec la manière qu'il le souhaite, que ce soit du conventionnel, du bio,
03:11des petites structures, des moyennes, des grandes structures, peu importe.
03:14Nous, ce qu'on veut, c'est qu'il y ait de la rentabilité dans ces exploitations-là,
03:17que les gens puissent s'en sortir, qu'ils aient un revenu décent,
03:19qu'ils s'épanouissent dans leur travail.
03:21Et donc pour tout ça, moi, j'ai beaucoup de soucis,
03:28beaucoup d'inquiétudes par rapport au monde de l'élevage.
03:30Il y a une grosse déprise de l'élevage en Côte d'Or, nationalement.
03:35Pour ça, il faut absolument que la loi EGalim soit appliquée à fond
03:38pour que les éleveurs puissent vivre décemment de leur métier.
03:41On va continuer d'en parler de la loi EGalim,
03:43cette loi qui était dans un projet de loi étudié,
03:44mis en suspens, évidemment, avec la dissolution de l'Assemblée nationale.
03:48On continue d'en parler avec vous.
03:49Oui, est-ce que vous vous sentez compris, aidé, écouté par les politiques,
03:54et notamment ces candidats qui se présentent aux élections législatives ?
03:57On vous attend ici, au 03.80.40.15.
04:00Et on en discute avec vous aussi, là, dans un instant.
04:04Ici, matin. Reviens dans un instant.
04:09Bonjour à toutes, bonjour à tous,
04:11pour ce nouvel épisode de Rendez-vous chez vous.
04:13Aujourd'hui, nous sommes en Côte d'Or.
04:15Quand les journalistes de France 3 viennent à votre rencontre,
04:17c'est pour parler de vous.
04:19Alors rendez-vous chez vous, du lundi au vendredi,
04:22dans Ici 19h20, sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté,
04:25et à tout moment sur la plateforme France.tv.
04:34Jusqu'à 9h, toute la Côte d'Or se réveille.
04:39Une fois n'est pas coutume, France Bleu Bourgogne donne la parole aux agriculteurs,
04:42ce matin, plus largement au monde paysan et au monde rural.
04:45On vous attend au 03.80.40.15.
04:48Et avec les législatives, premier tour dimanche,
04:50évidemment, on se pose la question de savoir si les agriculteurs sont bien entendus,
04:54bien écoutés par les politiques.
04:56On est toujours avec Antoine Dutu, président des Jeunes Agriculteurs de Côte d'Or,
04:59et Thomas Maurice, président de la Confédération Paysanne en Côte d'Or.
05:02Thomas Maurice, comment vivez-vous cette période d'incertitude après la dissolution ?
05:06Parce que, suivant la couleur politique du nouveau gouvernement,
05:09évidemment, ça peut changer du tout au tout dans les prochains mois.
05:13On est très inquiets, on ne va pas se mentir.
05:17Essentiellement déjà, par rapport au fait que l'extrême droite soit au port du pouvoir,
05:22et pour nous, c'est une vraie source d'inquiétude.
05:26Pourquoi ? Vous faites partie des manifestations contre l'extrême droite,
05:29la Confédération Paysanne.
05:30Oui, on a manifesté contre l'extrême droite récemment.
05:34On pense que c'est un parti dangereux et raciste,
05:36avec des candidats qui peuvent être à tour à tour climato-sceptiques,
05:39xénophobes, et j'en passe.
05:41C'est un parti qui va opposer les gens en difficulté,
05:44et on est très loin des valeurs que porte notre syndicat agricole.
05:49Et d'un point de vue agricole, on pense qu'ils ne vont rien apporter du tout,
05:53en réponse aux colères et à la difficulté du monde agricole.
05:59Ils ont eu des réponses très opportunistes et très populistes,
06:03suite à la séquence des manifestations.
06:08Fondamentalement, quand on fait le bilan de leurs actions à l'Assemblée nationale
06:13ou au Parlement européen, on se rend bien compte que c'est un parti
06:17qui est foncièrement ultralibéral.
06:19Et l'ultralibéralisme, c'est ce qui tue nos fermes à petit feu.
06:24On ne pense pas que ce soit la faute des étrangers ou des musulmans,
06:27si l'agriculture est en difficulté aujourd'hui.
06:30Ceux qui se gavent sur le dos des paysans, ce sont les groupes agroalimentaires,
06:34comme Bigard, Lactalis, ou même Avril, le président de M. Rousseau,
06:39le président de la FNSEA.
06:41Donc, pour nous, c'est une très mauvaise réponse à la colère agricole,
06:46et c'est une très mauvaise réponse à la situation sociale, morale, dans notre pays.
06:53– Pourtant, le Rassemblement national fait des scores assez forts
06:56aux européennes dans des zones rurales, en Côte d'Or notamment.
06:59On entend ce matin dans nos reportages des témoignages
07:01dans la quatrième circonscription de Côte d'Or,
07:03dans le Châtillonnet, l'Ossois, le Mont Bardouin,
07:0547% des voix à Châtillon-sur-Seine par exemple.
07:08Antoine Dutu, vous êtes président des Jeunes agriculteurs 21.
07:11Comment vous l'expliquez, le vote Rassemblement national,
07:13qui est assez fort dans les zones rurales et notamment chez les agriculteurs ?
07:16– Je pense que tout simplement, c'est un vote de tension.
07:19Les zones rurales, c'est assez compliqué aujourd'hui.
07:23Je parlais de déprise de salaire dans l'élevage,
07:25il y a aussi de la déprise en zone rurale,
07:27surtout dans la quatrième, zone très rurale.
07:30– De la déprise, c'est-à-dire ?
07:32– Un bassin de population qui s'en va,
07:34et puis un renouvellement qui ne se fait pas.
07:36Des villages assez tristes aujourd'hui,
07:38quand on fait la route Dijon-Châtillon, il faudrait que tout ça revienne.
07:41Donc je pense que les gens en ont marre,
07:43donc c'est un vote sans le sion.
07:45Mais bon, c'est valable en zone rurale comme en ville,
07:48on le voit au niveau national.
07:50– Avec tous les autres sujets qu'on aborde,
07:52les transports, les déserts médicaux, les services publics,
07:54vous pouvez nous appeler d'ailleurs 0380 42 15 15
07:57pour nous parler de votre situation.
08:00Les jeunes agriculteurs 21,
08:02vous avez reçu les candidats aux législatives,
08:04à Kétini, cette semaine.
08:06Ils ont pu discuter avec vous du côté de la Confédération paysanne.
08:09Est-ce que vous avez eu des liens également avec les candidats aux législatives
08:12pour faire remonter vos idées, vos positions ?
08:15– On n'a pas eu de lien,
08:17c'est-à-dire qu'on n'a pas été proactif là-dessus,
08:20mais on a pu répondre à des sollicitations
08:22qui viennent essentiellement du Nouveau Front populaire.
08:25Donc on a pu échanger à quelques reprises
08:28avec certains candidats qui nous l'ont demandé.
08:30On aurait fait également avec le parti du centre.
08:35Voilà, ça n'a pas été le cas,
08:37donc on a pu échanger sur nos souhaits.
08:43– Du côté justement du Nouveau Front populaire,
08:45le programme évoque comme priorité
08:47la garantie d'un prix plancher et rémunérateur pour les agriculteurs
08:50et la taxe des super-profits des agro-industriels
08:52et de la grande distribution.
08:54Antoine Dutu, vous êtes président des Jeunes agriculteurs.
08:56Qu'est-ce que vous pensez de ces deux mesures du Front populaire ?
08:59– Le revenu descend, oui, évidemment.
09:01C'est un combat qu'on partage.
09:03Après la taxation, c'est bien vouloir détaxer les gros.
09:06Mais aujourd'hui, qu'est-ce qui fait tourner le pays ?
09:08Tout à l'heure, j'entendais une candidate du Rassemblement national sur la 4ème
09:13qui parlait de la viande d'agneau en disant
09:15qu'il faut arrêter d'importer de la viande d'agneau.
09:17– De l'agneau néo-zélandais, on mange beaucoup d'agneau néo-zélandais aujourd'hui en France.
09:20– Aujourd'hui en France, on ne produit que 40% de la consommation,
09:22donc à un moment donné, il faut bien qu'on en importe.
09:25Alors c'est sûr, les normes néo-zélandaises
09:27par rapport aux normes françaises, c'est une aberration.
09:29On ne parle pas de l'empreinte écologique
09:31quand il faut traverser la moitié de la planète
09:34pour que ça se retrouve dans nos assiettes.
09:38Voilà, Bigard, Lactalis, aujourd'hui, je pense qu'ils font vivre des fermes.
09:44– Antoine Dutu, président des Jeunes agriculteurs 21,
09:46vous êtes céréalier et éleveur de moutons à Frangeville
09:49et vous débattez ce matin avec Thomas Maurice,
09:51le président de la Confédération paysanne en Côte d'Or
09:53installé à Aubaine, éleveur de chèvres et producteur de plantes aromatiques.
09:56– Evidemment, nos invités sont très concernés par cette question
10:00mais vous aussi vous l'êtes au quotidien
10:02parce que vous vivez dans nos campagnes.
10:04– On vous attend maintenant au 03 80 42 15 15
10:06et juste après ce tromaille, vous avez la parole, vous aussi, pour vous exprimer.
10:09Est-ce que vous pensez que les politiques,
10:11et notamment les candidats aux élections législatives,
10:13vous écoutent assez, sont assez au fait des questions du monde rural ?
10:19On vous attend ici au 03 80 42 15 15.
10:22– Dites-moi d'où il vient, enfin je saurai où je vais
10:25Maman dit que lorsqu'on cherche bien, on finit toujours par trouver
10:29Elle dit qu'il n'est jamais très loin, qu'il part très souvent travailler
10:33Maman dit travailler c'est bien, bien mieux qu'être mal accompagné
10:37Pas vrai ? Où est ton papa ? Dis-moi où est ton papa ?
10:42Sans même devoir lui parler, il sait ce qui ne va pas
10:46Ah sacré papa, dis-moi où es-tu caché ?
10:50Ça doit faire au moins mille fois que j'ai compté mes doigts
10:54Où es-tu papa ? Où es-tu ?
11:25Quoi ? Qu'on y croit ou pas, il y aura bien un jour où on n'y croira plus
11:32Un jour ou l'autre on sera tous papa et d'un jour à l'autre on aura disparu
11:36Serons-nous détestables ? Serons-nous admirables ?
11:40Des géniteurs ou des génies ? Dites-nous qui donne naissance aux irresponsables ?
11:45Dites-nous qui ? Tiens, tout le monde sait comment on fait des bébés
11:48Mais personne sait comment on fait des papas
11:51Mon dieu, je sais tout, on aurait hérité, c'est ça
11:53Faut le sucer de son pouce ou quoi ? Dites-nous où c'est caché
11:56Ça doit faire au moins mille fois qu'on a bouffé nos doigts
12:01Où es-tu papa ? Où es-tu ?
12:21Où es-tu papa ? Où es-tu ?
12:34Où est ton papa ? Dis-moi où est ton papa
12:38Sans même devoir lui parler, il sait ce qui ne va pas
12:42Un sacré papa, dis-moi où es-tu caché
12:46Ça doit faire au moins mille fois que j'ai compté mes doigts
12:50Où est ton papa ? Dis-moi où est ton papa
12:54Sans même devoir lui parler, il sait ce qui ne va pas
12:58Un sacré papa, dis-moi où es-tu caché
13:02Ça doit faire au moins mille fois que j'ai compté mes doigts
13:06Où es-tu papa ? Où es-tu ?
13:37Président des jeunes agriculteurs de Côte d'Or et Thomas Maurice
13:40Président de la Confédération Paysanne en Côte d'Or
13:42Je vous pose la même question à tous les deux
13:44Vous avez 20 secondes pour me répondre
13:46C'est le moment de faire valoir vos idées dans cette campagne
13:48S'il devait y avoir une priorité pour l'agriculture, laquelle ce serait ?
13:52Thomas Maurice
13:54Alors moi je voudrais insister sur les prix planchers
13:56qui sont une idée portée par la Confédération Paysanne
13:59associée à du protectionnisme sur les produits importés face à la concurrence mondialisée
14:03Le prix plancher ça comprend le coût de production, la cotisation sociale et le revenu
14:08et ça permettra aux producteurs de pouvoir changer le rapport de force
14:13dans les négociations par rapport à l'agroalimentaire
14:16Donc on ne paye pas moins qu'un prix fixé pour un produit ?
14:19Voilà, et donc de permettre de vivre vraiment dignement de notre production
14:24tout en accompagnant l'agriculture sur une transition agroécologique durable et ambitieuse
14:31Le prix plancher pour Thomas Maurice, Antoine Dutu, Jeunes agriculteurs 21
14:36S'il devait y avoir une seule priorité, une seule mesure ?
14:39Moi ce serait une application totale de la loi EGalim
14:43La loi EGalim, pour simplifier
14:45Moi je ne parle pas de prix plancher, je parle de prix de revenu par rapport au coût de production
14:50qui peut varier en fonction des territoires
14:54Donc voilà, une application et une mise en règle pour toutes les personnes qui gravitent autour de cette loi EGalim
15:02Et si tout le monde respectait ces normes, je pense que ça ramènerait de la plus-value dans nos élevages
15:08On a entendu vos idées, Antoine Dutu, président des Jeunes agriculteurs 21
15:12Je rappelle que vous êtes éleveur de moutons et céréaliers en bio, pas loin de Saint-Denis-l'Abbaye
15:18Thomas Maurice, merci d'avoir été avec nous, président de la Confédération Paysanne de Côte d'Or
15:22Vous êtes aubaine, éleveur de chèvres et producteur de plantes aromatiques et médicinales