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Le Rassemblement national est crédité de 36% des intentions de vote à deux jours du premier tour des élections législatives, selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche publié ce vendredi 28 juin. Le Nouveau Front populaire est à la deuxième place et distance le camp présidentiel, qui pourrait perdre plus de 140 sièges à l'Assemblée nationale.

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00:00Et avec nous pour en parler, Nella Latrousse, la chef du service politique de BFMTV, Mathieu Croissanteau bien sûr, et Bernard Salanès, le président de l'institut de sondage ELAB,
00:12qui nous livre ce matin son dernier sondage avant le premier tour, l'opinion en direct. On va d'abord regarder les intentions de vote de ce premier tour et le rapport de force
00:20entre les différentes formations politiques des trois blocs. C'est le Rassemblement national qui arrive en tête avec 36 % devant le nouveau Front populaire.
00:2827 et demi, rose d'un demi-point. Et ensemble, la majorité sortant de 20 %.
00:33L'enjeu pour le Rassemblement national, Bernard Salanès, n'est plus de savoir s'il va être en tête dimanche, mais de savoir s'il aura la majorité absolue.
00:39Combien de sièges dans votre scénario le plus optimiste pour le Rassemblement national, Bernard ?
00:45Il faut prendre les projections en sièges avant le premier tour toujours avec prudence, c'est à le rappeler.
00:50Mais c'est vrai que sur la base des 36 % dont on vient de parler, ce qui est une dynamique très forte quand vous êtes au scrutin majoritaire,
00:5536 %, si on additionne en plus les petites voix de divers extrêmes droits, ça pourrait faire jusqu'à 38 % au second tour.
01:01Ça vous donne un élan qui peut vous permettre, pour répondre à votre question Adeline, de tangenter, voire de dépasser la majorité absolue.
01:07Notre projection en sièges donne une fourchette, comme on dit, entre 260 et 295 sièges. Donc on le voit, le haut de la fourchette est légèrement supérieur à la barre des 289.
01:16Pourquoi ? Parce que le RN bénéficie encore une fois de ce socle électoral très fort. Deuxièmement, parce qu'il a une dynamique par l'alliance avec Éric Ciotti.
01:24Troisièmement, il s'est homogénéisé sur tout le territoire. Il est présent sur tout le territoire. Il y a peu d'endroits où il fait des scores vraiment très faibles.
01:31Et tout ça lui permet de profiter d'une dynamique, à la fois d'être dans des triangulaires, où il serait souvent en tête, et dans des duels.
01:38Comme on le voit, le front républicain fonctionne moins. Et donc ça lui permettrait aussi de gagner des duels, comme il l'a fait en 2022.
01:45Néla Latroux, on dit que la politique, ce n'est pas de l'arithmétique, mais de la dynamique. Les sondages n'ont cessé, depuis le début, de conforter le RN.
01:51Rien n'a stoppé son élan au cours de cette campagne éclair.
01:56Non, le vote du RN, selon les diverses études, et on le voit encore dans le sondage que fournit Bernard ce matin, a une certitude de vote qui est extrêmement forte
02:06et est passée progressivement d'un vote de colère à un vote de conviction.
02:09Donc effectivement, ni les polémiques sur les changements de programme, ni les polémiques sur la double nationalité dont on parlait il y a quelques instants,
02:16rien ne vient d'entacher cette dynamique du RN et de Jordan Bardella, qui d'une courte tête est aujourd'hui celui dont les Français rêvent le plus à Matignon
02:26ou espèrent le plus dans le poste de Premier ministre au 8 juillet prochain.
02:30Ça veut dire, Mathieu, que les opposants au RN ont fait une mauvaise campagne ? Ils l'ont raté ?
02:34Non, parce que c'est un mouvement de fond, la progression du RN. Elle est inscrite dans le paysage politique depuis déjà longtemps.
02:41Il n'y a qu'à voir les scores qu'ils font à la présidentielle, élection après élection, et les scores qu'ils avaient faits la dernière fois aux législatives.
02:48On rappelle qu'ils avaient 89 députés. Là, ils multiplieraient leurs scores par 3.
02:52Après, il y a ce mouvement de fond, qui est un mouvement français, il y a un mouvement européen.
02:57On sait que le populisme d'extrême droite est aussi en poupe dans tous les pays européens.
03:02Mais dans la classe politique française, c'est sûr qu'on n'a pas su apporter les réponses.
03:06On a commencé par le camp présidentiel. On a un président qui s'était fait élire en disant qu'il ferait tout pour faire baisser les extrêmes.
03:11Mais qui a mené, depuis sa réélection en 2022, des mesures où il faisait parfois des clins d'œil à l'extrême droite,
03:17que ce soit dans le vocabulaire, que ce soit dans les textes de loi. On se souvient du projet de loi immigration.
03:20Quant à la gauche, elle a une opposition frontale qui convainc les siens, mais évidemment pas ses adversaires.
03:26En tout cas, c'est au RN qu'Emmanuel Macron a réservé ses toutes dernières piques cette nuit depuis Bruxelles.
03:32Mais quelle arrogance. C'est-à-dire que tout le débat aujourd'hui fait comme s'ils étaient déjà dans la place.
03:37Au fond, il ne faudrait pas aller voter. Après m'avoir reproché pendant 15 jours d'avoir demandé souverainement aux Français d'aller voter,
03:42maintenant, il ne faudrait plus aller voter. Tous les postes sont déjà répartis. Ils sont déjà là, dans la place.
03:47La question, maintenant, est celle des modalités. Mais les Français n'ont pas choisi.
03:51Qui sont-ils pour expliquer ce que devrait être la Constitution ? Qui sont-ils ? De quelle culture politique parle-t-on ? Enfin !
04:00Il y a une autre donnée qui est essentielle, c'est la participation. Avec 63-65% de participation, il y a encore beaucoup d'indécis, Bernard.
04:08Oui, beaucoup d'indécis, moins quand même que les autres élections. On sent quand même que cette cristallisation a eu lieu cette semaine.
04:14D'abord, parce qu'il faut rappeler que les Français ont déjà voté aux Européennes, donc rares sont ceux, ce n'est pas impossible,
04:18mais rares sont ceux qui changeront leur vote. Ils vont être consolidés dans leur vote.
04:21Et puis, effectivement, cet effet de la hausse de la participation est assez spectaculaire.
04:25Il pourrait nous réserver d'autres surprises dimanche soir, même si on observe que dans les points de participation,
04:30on parle de 14 points de plus qu'en 2022, on parle de 13 points de plus qu'aux élections européennes,
04:37c'est-à-dire à peu près 6 millions d'électeurs supplémentaires, voire un peu plus.
04:40On voit bien que cette participation en hausse ne bénéficie pas à l'un ou l'autre camp.
04:45Il y a des réserves dans tous les camps, au RN, au Nouveau Front Populaire et également chez Renaissance.
04:50En revanche, générationnellement, on voit bien que chez les jeunes, la participation augmente et qu'il y a encore, de ce côté-là, des réserves.
04:56Cela pourrait, au dernier moment, profiter un peu plus à la gauche.
04:58En tout cas, il y a une mobilisation qui n'a plus été vue depuis 2002.
05:03Si on est vraiment à 65 % de participation dimanche soir.
05:06Oui, on part sur un record de participation.
05:09Et de ce point de vue-là, les chiffres des Français qui sont prêts à se rendre aux urnes,
05:15on arrive à le mesurer de manière beaucoup plus fiable que sur les autres chiffres, et notamment aux européennes.
05:20Et là, il ne s'est pas trompé.
05:22Les Français semblent avoir compris l'historicité de cette élection, la présidentialisation presque aussi de cette élection,
05:29puisqu'on est passé d'élire un président de la République à élire un Premier ministre,
05:32qui a été le mot d'ordre d'un Gabriel Attal, qui a été le mot d'ordre d'un Jordan Bardella.
05:36Ils ont compris le message.
05:37On dit souvent que les élections sont historiques.
05:39Là, le terme n'est pas galvaudé.
05:41Et sans doute que le chiffre de participation que l'on verra dimanche et dimanche prochain aussi répondra à cette question.
05:46Est-ce que les Français se rendent vraiment pour voter sur le vrai enjeu de ces élections ?
05:51Et la réponse sera sans doute oui.
05:52Bernard, rapidement, les consignes de vote.
05:54Là, il y a un verdict sans appel dans votre enquête.
05:56Trois quarts des Français disent qu'ils ne suivront pas les consignes de vote.
05:59Les États-majors peuvent bien faire ce qu'ils veulent, décider ce qu'ils veulent.
06:02C'est vrai que le citoyen considère qu'il est éclairé, majeur, et qu'il peut se faire un avis tout seul.
06:07Il y a une nuance qui est importante.
06:09C'est que sur un plan politique, à gauche, on est beaucoup plus partagé.
06:12Près d'un électeur de gauche sur deux dit qu'il pourrait suivre ses consignes de vote.
06:16Ça comptera évidemment dans la question du fameux front républicain
06:19quand la gauche devra, en troisième position, se dire si elle se maintient ou pas.
06:22Mathieu, si on devait résumer ça, les Français, ce qu'ils disent dans cette enquête,
06:26c'est qu'on n'est ni des moutons ni des castors.
06:28Oui, les castors, vous vous souvenez, c'était cette accusation lancée par la gauche
06:31à ceux qui voulaient faire une partie de la gauche, à ceux qui voulaient faire barrage à l'extrême droite.
06:35On en a marre d'être des castors et de faire barrage.
06:37Mais là, à gauche, il faut reconnaître que la gauche, d'une façon assez unanime,
06:41a pris position pour des désistements ou pour faire le front républicain.
06:44Quant aux moutons, c'est vrai que l'enseignement du sondage,
06:47c'est vraiment que la politique, ça ne fonctionne plus comme ça.
06:49Le doigt sur la couture du pantalon, avec un patron de parti qui dit
06:52« Vous faites ce que je dis », c'est fini, ça.
06:54Merci en tout cas, Bernard Sennenez, pour ce dernier sondage élabe avant le premier tour.
06:58On vous souhaite un bon week-end et une bonne soirée électorale
07:00qui sera à suivre avec vous, notamment à Pauline Nobalien.
07:02Dimanche, avec notre première estimation dès 20h.
07:04Voilà. Et ce sera évidemment sur BFM TV avec Apolline et Maxime Switek.

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