• il y a 6 mois
Le 30 juin et le 7 juillet, les Français sont de nouveau appelés aux urnes pour les élections législatives anticipées. Quels sont les différents scénarios qu'il faut envisager après le scrutin ? Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et maître de conférences en droit public à l'université de Rouen et à Sciences Po Paris, revient sur plusieurs hypothèses.

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Transcription
00:00Après l'élection des 30 juin et 7 juillet, il y aura des scénarios possibles
00:05et il va falloir tous les envisager pour connaître la nouvelle Assemblée nationale
00:09et la nouvelle gouvernance de la France.
00:14Le premier scénario qu'on va envisager, c'est celui de la majorité absolue.
00:18La majorité absolue, étant donné qu'on a un hémicycle de 577 députés,
00:22c'est 289 députés pouvant agir seuls.
00:25Premier scénario dans ce scénario,
00:27l'Assemblée nationale est détenue en majorité absolue
00:30par le groupe de la majorité présidentielle.
00:33Si ce groupe de la majorité présidentielle a la majorité absolue,
00:35eh bien il pourra faire passer l'ensemble des lois de son programme.
00:39Deuxième hypothèse, on a une majorité absolue toujours,
00:42mais cette fois-ci elle est détenue par l'un des groupes d'opposition actuels,
00:46c'est-à-dire le groupe Nouveau Front Populaire
00:48ou le groupe Rassemblement National et éventuellement ses alliés.
00:52Cette majorité absolue, elle est de cohabitation,
00:54c'est-à-dire que c'est une majorité qui, politiquement,
00:57n'a pas la même couleur que notre président de la République.
01:00C'est le leader naturel de ce groupe
01:02qui obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale
01:05qui sera Premier ministre.
01:06Ce Premier ministre partagera l'exécutif avec notre président de la République.
01:11En période de cohabitation, un président de la République
01:13ne peut vraiment pas agir pour faire appliquer son programme
01:17parce qu'il n'a plus l'Assemblée nationale.
01:19On va dire que la cohabitation rendue possible par une majorité absolue
01:23d'un groupe qui n'est pas celui du président
01:25ménagera une cohabitation assez dure
01:27mais qui les obligera, les deux têtes de notre exécutif,
01:30président et Premier ministre,
01:32à se mettre d'accord sur des orientations politiques
01:34très divergentes pour le moment.
01:39Deuxième scénario, à l'issue des urnes,
01:42un groupe obtient une majorité de sièges,
01:45c'est-à-dire qu'il gagne plus de députés que les autres,
01:47mais il n'a pas les fameux 289 sièges,
01:50c'est-à-dire qu'il n'a pas de majorité absolue.
01:52C'est ce qu'on appelle le scénario de la majorité relative,
01:54comme nous l'avons déjà depuis 2022.
01:57Pour cela, la majorité relative nécessite beaucoup de cohabitations,
02:01beaucoup d'alliances,
02:02beaucoup de tractations au sein de l'Assemblée nationale.
02:06Le risque est en effet que beaucoup de 49-3 exigent,
02:10c'est-à-dire d'engagement de responsabilité sur des textes,
02:13sur des budgets, sur toutes les lois financières.
02:15Et le risque aussi, c'est que des motions de censure puissent arriver.
02:19Autre hypothèse, une majorité relative,
02:21qui est obtenue par un groupe comme le Nouveau Front populaire
02:25ou le Rassemblement national.
02:27Dans ce cadre-là, même chose,
02:29des tractations, des cohabitations pour les textes
02:31et un gouvernement qui sera sous le feu des motions de censure.
02:35Depuis 2022, les motions de censure n'arrivaient pas à leur terme
02:39par rapport au fait que beaucoup de groupes ne voulaient pas
02:42voter les mêmes motions de censure que le groupe Rassemblement national.
02:45Sauf que si c'est le Rassemblement national qui a la majorité,
02:48les deux oppositions auront peut-être plus de faculté politique
02:51à se coaliser pour faire tomber les gouvernements.
02:53Qui plus est si la majorité relative obtenue est très courte,
02:57c'est-à-dire avec peu de sièges.
02:59Le risque qu'on peut avoir, c'est celui d'un blocage institutionnel
03:02avec des motions de censure qui pleuvent
03:04et des gouvernements qui valsent très souvent,
03:07comme nous l'avions dans notre histoire sous la IVe République.
03:14Alors il y a une troisième hypothèse
03:15qui est toujours dans les hypothèses de majorité relative,
03:18mais qui est particulière,
03:19qui est celle de trois groupes se faisant complètement face.
03:23C'est-à-dire un nombre de sièges quasiment équivalent.
03:26Dans ce cadre-là, le risque est grand d'un blocage à l'Assemblée nationale.
03:30Et il y a un autre élément institutionnel qui est compliqué,
03:33c'est de composer le gouvernement si on a trois blocs qui se font face.
03:38Est-ce qu'un gouvernement d'un des groupes,
03:40certes un peu plus majoritaire que les autres, est légitime ?
03:43Ou est-ce qu'il faut vraiment envisager des gouvernements de coalition ?
03:45Hypothèse, dans cette hypothèse, la coalition nationale,
03:49c'est-à-dire essayer de trouver finalement des membres du gouvernement
03:53qui puissent s'entendre avec toutes les forces.
03:55Nous avons essayé ça aussi sous la IVe République,
03:57ça s'appelait la IIIe force.
03:58C'était une émergence de groupes coalisés
04:00qui n'étaient pas forcément d'accord sur la plupart des orientations politiques,
04:03mais qui avaient proposé un gouvernement, on va dire,
04:05de consolidation des éléments les plus urgents de la vie nationale,
04:10qui certes n'ont pas amené à beaucoup de changements en politique,
04:12mais qui ont pu conserver, je pense, pendant à peu près trois ou quatre ans,
04:16le pouvoir sans trop finalement de blocage institutionnel.

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