Tristan Haute, politologue et professeur à l'Université de Lille

  • il y a 2 mois

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00:00Bonjour Tristan Haute. Bonjour. Dernière ligne droite avant le premier tour des législatives, mais avant de rentrer dans le vif du sujet
00:05on va juste prendre quelques secondes pour que vous nous réexpliquiez
00:09cette élection. Entre la dissolution, les alliances à gauche à droite, les dramas au sein des partis, il y a de quoi s'y perdre et
00:14surtout il y a de quoi se dire.
00:15Je comprends rien, je laisse tomber. Donc Tristan Haute, est-ce que vous pouvez nous expliquer le rôle des députés à l'Assemblée Nationale
00:21et pourquoi c'est crucial d'aller voter dimanche ? Les députés sont détenteurs du pouvoir législatif, donc c'est eux qui vont faire passer les lois, qui vont
00:29proposer ou valider les lois proposées par le gouvernement et qui vont surtout
00:34permettre la désignation de ce gouvernement et éventuellement s'il ne leur convient pas
00:40le renverser. Donc il y a un véritable enjeu. D'ailleurs on voit que la mobilisation électorale va être sans doute un peu plus importante qu'aux européennes
00:46parce que l'enjeu c'est un possible changement de majorité à l'Assemblée Nationale
00:50ce qui évidemment mobilise beaucoup plus qu'une élection européenne dont les enjeux paraissaient encore plus lointains finalement que ces élections législatives.
00:58Effectivement, 60% de participation
01:01prévue, plus de 2 millions de procurations enregistrées.
01:03Pour vous, qui est-ce qui se mobilise ? Est-ce que ce sont les électeurs du Rassemblement National
01:07qui voient une possibilité d'enfin accéder au pouvoir ou est-ce que ce sont les autres qui veulent faire barrage ?
01:12Alors les électeurs du Rassemblement National, ils étaient déjà très mobilisés lors des élections européennes donc
01:17finalement ils poursuivent cette dynamique de forte mobilisation.
01:20Par contre on a vu depuis les élections européennes ce que montrent les enquêtes d'opinion qui ont été réalisées.
01:24C'est une très forte mobilisation des électeurs notamment de gauche
01:28autour du Nouveau Front Populaire pour faire barrage. Je dirais que la population qui est peut-être la moins mobilisée, la plus hésitante aujourd'hui,
01:34ce sont les électeurs de la majorité présidentielle
01:38et notamment de Renaissance
01:40qui est vraiment en difficulté pour mobiliser une partie de ces électeurs et de ces électrices.
01:44Avec une telle mobilisation, est-ce qu'on peut imaginer des députés élus dès le premier tour ? Et d'ailleurs est-ce que vous pouvez rapidement nous réexpliquer
01:52la règle de ce scrutin ?
01:53Alors oui tout à fait. Donc c'est un scrutin à deux tours à une seule exception. Si un candidat ou une candidate obtient plus de 50% des
02:00suffrages exprimés
02:01correspondant à 25% des suffrages des inscrits,
02:05eh bien le candidat ou la candidate est élu dès le premier tour. Donc c'est possible avec 60% de participation.
02:12Vous obtenez plus de 50% des voix dans votre circonscription, ça fait 30% des inscrits, donc c'est bon vous êtes élu dès le premier tour.
02:17Donc c'est tout à fait possible alors que ce n'était pas du tout le cas en 2017 et en 2022.
02:22Et pour accéder au second tour,
02:24il ne faut pas forcément être dans les deux premiers. On peut être troisième et réunir
02:2912,5% des suffrages des inscrits, ce qui là encore avec 60% de participation est une marge beaucoup moins haute à atteindre
02:37qu'en 2017 et en 2022 où la participation était très faible.
02:41Voilà, trois candidats au second tour, c'est ce qu'on appelle une triangulaire.
02:45Il y en avait quatre en 2022 dans le Nord-Pas-de-Calais, est-ce qu'il y en aura peut-être plus cette année ?
02:50Sans doute beaucoup plus, on estime au niveau national qu'il y aura peut-être jusqu'à 200 triangulaires sur les 577 circonscriptions.
02:58Donc ça veut dire des triangulaires dans
03:01jusqu'à un tiers voire plus des circonscriptions législatives. Donc évidemment ce sera le cas
03:06sans doute dans le Nord et le Pas-de-Calais.
03:08Il est 7h49, vous regardez France 3 Nord-Pas-de-Calais, vous écoutez France Bleu Nord. Notre invité ce matin, Tristan Haute,
03:13professeur à l'Université de Lille et politologue.
03:16On a vu aux élections européennes
03:17le 9 juin dernier un très gros score du Rassemblement National, 47% dans le Pas-de-Calais,
03:2236% dans le Nord. Est-ce qu'il faut s'attendre à une nouvelle vague bleu marine chez nous ?
03:26Alors il y a une implantation de plus en plus importante du Rassemblement National
03:31dans certains territoires du Nord et du Pas-de-Calais, ce qui finalement
03:36améliore
03:37significativement, on participe à l'augmentation du score du Rassemblement National d'élection en élection.
03:42Donc évidemment ce score élevé du Rassemblement National est attendu, notamment dans certaines circonscriptions,
03:48notamment là où l'ERN est sortant, évidemment, et ça correspond finalement à la fois à des enjeux qui sont peut-être plus importants dans la région,
03:57notamment sur les questions d'immigration du point de vue de certains électeurs,
04:01ce qui explique le succès du Rassemblement National, et puis ça correspond aussi à la sociologie
04:05du Nord et du Pas-de-Calais, qui sont entre guillemets assez favorables au Rassemblement National, puisque ce qu'ils jouent c'est moins le
04:11territoire de résidence que les caractéristiques sociales des personnes qui guident beaucoup, finalement, les votes aujourd'hui.
04:17Tristan, il y a quand même encore 20% des électeurs qui ne savent pas quel bulletin ils vont mettre dans l'ERN dimanche,
04:25à deux trois jours du scrutin,
04:27qu'est-ce qu'on leur conseille pour essayer de faire un choix ?
04:30Ces électeurs, finalement, ils sont dans une
04:33situation difficile, parce que la campagne est très courte, le travail de terrain des candidats a été relativement limité,
04:39le travail des présentations des programmes a été aussi assez limité, puisqu'on s'est contenté de quelques débats qui ont parfois tourné à l'invective,
04:48et finalement, des enjeux aussi qui peuvent être importants pour ces électrices, ces électeurs, qui n'ont pas été abordés. On a parlé beaucoup
04:56d'immigration, comme lors des européennes, on a parlé un peu plus d'économie, donc ça c'est une vraie rupture par rapport aux européennes,
05:02par exemple on a très peu parlé d'environnement,
05:04on a très peu parlé de questions de société,
05:06alors qu'il y a des vrais enjeux et des vrais clivages, on le voit dans l'opinion sur ces questions aujourd'hui,
05:10donc il y a tout un enjeu à s'informer, ce qui n'a rien d'évident, c'est-à-dire que
05:16journalistes et politologues, on se dit, voilà, tout le monde s'informe sur ces élections,
05:19en fait c'est pas évident et tout le monde ne le fait pas, donc c'est pour ça qu'une campagne
05:23ne suscite pas forcément de la mobilisation partout.
05:26Merci beaucoup Tristan Haute, je rappelle que vous êtes politologue et professeur à l'université de Lille, merci d'avoir été notre invité ce matin.

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