• il y a 5 mois
Débat sur la désobéissance civile et les moyens d’actions face aux enjeux environnementaux avec :
MAGALI PAYEN, fondatrice du mouvement de mobilisation citoyenne On est Prêt
THOMAS BRAIL, fondateur du Groupe National de Surveillance des Arbres, et figure de la lutte contre le projet d’A69.
Débat modéré par SALOMÉ SAQUÉ, journaliste chez Blast.
Transcription
00:00:00Bon ben bonsoir. Merci d'être aussi nombreuses et nombreux. Au lieu d'aller boire des verres en terrasse, ce que vous auriez pu faire,
00:00:08vous êtes venus entendre parler de mobilisation citoyenne, de désobéissance, de sabotage. Attention, je ne dis pas ce mot trop fort parce qu'il y a
00:00:17deux camions de CRS juste derrière nous. Donc on fait attention. Alors on va discuter du film, évidemment. On va peut-être faire
00:00:25quelques références à cette actualité politique joyeuse. On va pouvoir en discuter avec deux intervenants de qualité. On va pouvoir se poser
00:00:33cette question. Quels sont les moyens d'action aujourd'hui pour les citoyens face à la crise climatique, face à la crise écologique
00:00:41de manière plus générale ? Donc à ma droite, Magali Payen, bonsoir. Alors on va se tutoyer parce qu'on se tutoie dans la vraie vie.
00:00:48Tu es fondatrice du mouvement de mobilisation citoyenne On est prêt. Et à ta droite, Thomas Braille, bonsoir. Tu es fondateur du groupe national
00:00:57de surveillance des arbres. Et tu es, j'allais dire la figure, mais tu m'as dit non, tu es une des figures parce que tu ne veux pas que ça tourne
00:01:03que autour de toi, de la lutte contre le projet de l'autoroute A69. Alors avant d'aller un petit peu plus loin, peut-être que tout le monde ici
00:01:11ne vous connaît pas forcément. Et j'aimerais qu'on revienne aux origines de vos engagements respectifs, parce qu'on l'a vu dans le film,
00:01:18à Sabotage, tous les personnages ont un peu une histoire personnelle, un drame souvent, qui va justifier le fait qu'ils se livrent à des actions
00:01:26aussi radicales. L'une des protagonistes a vu sa mère décéder à cause d'une canicule, et donc elle décide de faire du sabotage.
00:01:32L'autre a eu leucémie causée par l'exposition à des produits chimiques. Elle n'a pas les moyens de se payer un traitement.
00:01:38Quand un couple s'est fait voler ses terres pour y construire un pipeline. Qu'est-ce que c'est votre histoire à vous, Magali ?
00:01:44Je te laisse peut-être commencer. – Alors, il n'y a pas de drame de mon côté, déjà, pour commencer. Mais un héritage, en fait, qui me vient
00:01:52et de mes parents et de mes grands-parents, à savoir que du côté de ma mère, j'avais une grand-mère ukrainienne résistante pendant la Seconde Guerre mondiale,
00:02:01et j'ai été bercée des récits de Seconde Guerre mondiale. Donc je sais ce que ça veut dire, quand l'extrême-droite arrive au pouvoir.
00:02:09Et... Pardon, je balance déjà les références. – On n'en parle pas tout de suite. – On n'en parle pas tout de suite.
00:02:15Et par ailleurs, mon père était très proche, très très proche, dans les années 70 et puis après, d'une femme qui s'appelle Françoise Dobonne,
00:02:26qui a été comme ma troisième grand-mère. Et Françoise Dobonne, en fait, c'est la mère de l'écoféminisme. Donc elle a écrit en 1974
00:02:34« Le féminisme ou la mort ». Et elle n'était pas seulement écoféministe. Elle était aussi dans l'action directe, c'est-à-dire qu'elle a posé quelques bombes,
00:02:42notamment à Fessenheim, première centrale nucléaire en France. Voilà. Donc j'ai été bercée des deux côtés par ce genre d'histoire.
00:02:50– Donc c'est une forme d'activisme qui a été transmise. Thomas, toi, on t'a beaucoup vue dans les médias, notamment à la fin de l'année dernière
00:02:57ou plutôt à l'automne dernier, quand tu as entamé une grève de la faim et de la soif à la fin, qui a duré plus de 40 jours,
00:03:04pour protester contre l'autoroute A69. Donc c'est un engagement très très important. Qu'est-ce qui t'a amené, toi, dans ton récit personnel,
00:03:12dans ton histoire, à utiliser des modes d'action aussi, ce que certains pourraient qualifier de radicaux ?
00:03:21– Merci pour l'invitation. Moi, c'est simple. J'ai un petit garçon à la maison qui se lève tous les matins à mes côtés.
00:03:28Et la lutte que je mène aujourd'hui, elle est pour lui. Donc voilà. Je viens pas d'une famille de parents militants.
00:03:38On a toujours plutôt... Dans ma famille, a été un mode « faut pas faire trop de bruit, faut pas faire de vagues ».
00:03:46J'ai pas cette culture, moi, de la lutte. Elle est venue tout simplement parce que je suis un amoureux de la nature.
00:03:53Moi, je vis au milieu d'une forêt, d'Alterne. Je sais ce que c'est de se battre parce qu'on peut pas défendre quelque chose
00:04:00qu'on ne connaît pas. Moi, je connais bien tout ça, les ruisseaux, les rivières, les arbres.
00:04:05Et aujourd'hui, ça prend tout son sens encore plus parce que quand on est parent, on doit défendre ses enfants, il me semble, quoi. Voilà.
00:04:14– Et alors, la question, peut-être l'éléphant dans la pièce, une fois qu'on a regardé ce film, c'est celle de la violence.
00:04:22Qu'est-ce qui est violent ? Est-ce que saboter ce pipeline, c'est violent ?
00:04:26Et on voit que c'est pas aussi simple qu'on ne pourrait le penser, puisque entre les idéaux que peuvent avoir
00:04:32ces personnes qui veulent saboter un pipeline et la réalité du terrain, ils vont être confrontés à des situations
00:04:37où ils vont faire le choix d'être violents ou non, même contre des humains, même si au début, ils se disent
00:04:41« on peut être violents contre un pipeline, mais on ne sera jamais violents avec des personnes ».
00:04:46Et pourtant, ils sont dans des situations où ils peuvent faire des choix. Et il y a une discussion que je trouve très intéressante,
00:04:51c'est cette discussion où ils se disent « mais en fait, ça va faire augmenter le prix du pétrole, à la fin, ça va avoir des conséquences
00:04:58sur la vie des plus précaires qui vont payer plus cher l'énergie alors qu'ils n'ont déjà pas d'argent »,
00:05:02ce qui est aussi une forme de violence. Et donc, j'ai envie de vous poser cette question à la suite de ce film.
00:05:08Est-ce que, pour vous, ce qu'on a vu est violent ?
00:05:12– Moi, j'ai envie de poser la question publique.
00:05:14– Ha ! Vous n'étiez pas prêts !
00:05:19Est-ce que vous pouvez lever la main à ceux qui comprennent leurs gestes, ceux qui ont de la sympathie pour eux,
00:05:26ceux qui ont envie de les défendre dans leur action ? Donc c'est quand même la majorité des gens ici.
00:05:30Les caméras ne voient pas vos mains. – Si, ça tourne et tout.
00:05:35– Partiellement. Moi, si j'étais leur avocate, je mentionnerais l'état de nécessité qui est qu'en fait,
00:05:44leur action est justifiée parce que le dommage pour lequel ils font des dégâts serait beaucoup plus grand
00:05:52si leur action n'était pas menée. À savoir que là, ce pour quoi ils se battent, c'est la préservation de la vie sur Terre.
00:06:01Et ça me fait penser à ce porte-parole de Just Top Oil qui dit exactement la même chose, en fait,
00:06:07que tous ces scientifiques, en fait, ne voient plus d'autre manière que de faire eux-mêmes de la désobéissance civile
00:06:16parce qu'ils ont l'impression de crier dans le désert depuis plus de 50 ans.
00:06:20– Thomas, est-ce que tu rejoins le point de vue de Magali, toi qui as été beaucoup accusé aussi de faire des choses illégales,
00:06:29d'occuper des terrains, d'occuper des arbres notamment, et donc de commettre aussi une forme à minima de désobéissance civile,
00:06:36si ce n'est accusé, alors pas de violence, mais de violence envers toi-même, notamment avec la grève de la faim ?
00:06:43– En fait, il y a suffisamment de lois en France qui ne sont jamais respectées.
00:06:51Et pour moi, les actions que l'on mène, c'est parce qu'il y a des articles de loi qui ne sont pas respectés.
00:06:56Donc je ne me sens absolument pas dans l'illégalité. Déjà, grimper un arbre, à un moment donné,
00:07:02sinon on mettrait tous les enfants en cabane, je pense. Il n'y a aucune loi qui interdit de grimper les arbres, ça c'est chouette.
00:07:08Mais bon, à force de le dire dans les médias, ils vont nous en pondre une, ça ne va pas tarder.
00:07:13Et après, moi j'ai envie de vous dire, je vais poser peut-être une autre question.
00:07:18On voit dans le film une jeune, donc une jeune qui a une leucémie, elle sait qu'elle va mourir.
00:07:25Si demain, on vous annonce que vous avez un cancer, en fait, qu'est-ce que vous faites ? Voilà, c'est une question ouverte.
00:07:32Et j'ai envie de vous dire, la planète a un cancer, donc qu'est-ce qu'on fait, en fait ? Voilà.
00:07:39Magali, toi tu es productrice à Unpact, c'est ce que j'ai vu dans des articles qui parlaient de toi, tu es activiste, on l'a dit.
00:07:46Et tu as créé, en 2018, On est prêt, mais tu as aussi créé une société de production, Imagine 2050,
00:07:53qui vise à sensibiliser les leaders culturels sur la cause climatique.
00:07:58Donc là, on vient de voir une oeuvre de fiction sur le sabotage, c'est une oeuvre de fiction.
00:08:03Attention, personne ici n'appelle au sabotage, je le précise.
00:08:07Quel est pour toi le rôle de ces films, qui sont de la fiction, dans les changements de nos imaginaires ?
00:08:13Quel est le rôle des produits culturels, tout simplement ?
00:08:16Alors pour moi, les leaders culturels, ils sont indispensables. Enfin, je dirais, il est indispensable de les responsabiliser.
00:08:24En fait, avec Imagine 2050, ce qu'on fait, c'est qu'on va énormément aller cibler ces leaders culturels que sont les artistes,
00:08:32mais aussi les journalistes, les publicitaires, les éditeurs de livres, de livres d'histoire, de BD,
00:08:38les éditeurs de jeux vidéo, de radio, etc.
00:08:42Et notre enjeu, ça va être qu'ils comprennent ce qui est en train de se passer pour pouvoir eux-mêmes relayer l'alerte
00:08:50et nous enthousiasmer sur un nouvel imaginaire.
00:08:56En fait, ce dont on a besoin, c'est de comprendre quelles sont les lois du vivant,
00:09:01en fait, quelles sont les lois de la nature, on parle des neuf limites planétaires, quelles sont-elles,
00:09:06à quoi ça ressemble un monde dans lequel on respecte ces lois du vivant,
00:09:10à quoi ça ressemble un monde dans lequel on respecte aussi la dignité humaine, le plancher social nécessaire pour vivre dignement.
00:09:16Et donc, l'enjeu, ça va être de faire travailler notre imaginaire à l'intérieur de ce nouveau cadre.
00:09:22Et pendant des siècles, on a construit des lois, on a construit des mythes, on a construit des morales.
00:09:30Tout ça, c'est des interventions humaines, tandis que les lois de la nature, on ne pourra jamais les changer, elles sont immuables.
00:09:36Donc en fait, l'invitation qu'on fait avec Imagine 2050, c'est de modifier les mythes de nos sociétés
00:09:44pour les adapter aux lois du vivant.
00:09:47— Et dans le film, il est beaucoup question de médias. Ça, moi, les médias, ça m'intéresse.
00:09:52On voit que les protagonistes ont ça en tête, cette question de l'opinion publique. Et on le voit à la toute fin, en fait,
00:09:57qu'il y avait vraiment ça dans le plan depuis le début, c'est-à-dire de gagner cette bataille de l'opinion publique.
00:10:02Là encore, toi, Thomas, t'as été vraiment au cœur de cette question médiatique. Ton action a été couverte médiatiquement.
00:10:10Elle a pris beaucoup d'ampleur. C'est arrivé vraiment jusqu'au président de la République.
00:10:14Il y a eu évidemment des médias pour documenter les causes de ton engagement, pour documenter ce qui se passait réellement
00:10:20du côté de l'A69. Et il y a aussi eu beaucoup de critiques. Il y a eu aussi... Je pense à une interview vraiment impressionnante
00:10:30où on remet en cause même tes choix familiaux, où une intervieweuse te dit « Mais tu as un fils. Vous avez un fils, monsieur.
00:10:36Comment pouvez-vous vous mettre en danger à ce point-là ? » Donc on voit qu'en tant que militant ou en tant que personne
00:10:42qui veut faire de la désobéissance civile ou tout simplement faire entendre la lutte contre le réchauffement climatique,
00:10:47on s'expose non seulement à devoir gagner cette bataille médiatique, à convaincre, mais en plus, on s'expose personnellement.
00:10:53C'est notre personne qui est remise en question. Et on doit même justifier ses propres choix de vie, ses choix personnels.
00:11:00Comment est-ce que t'as vécu ça ? Et comment est-ce que t'as intellectualisé ça, anticipé ça pour gagner cette bataille des récits
00:11:08à laquelle finalement Magali faisait référence juste avant ?
00:11:12— Alors déjà, la bataille de l'opinion publique, on l'a gagnée, j'ai envie de vous dire, dans le bon sens. Je pense qu'aujourd'hui,
00:11:17tout le monde a compris le rôle essentiel des arbres. Mon enfant de 4 ans aussi l'a compris parfaitement.
00:11:25Moi, tout ce qui est les critiques, les machins, ne perdez pas votre temps à ça. Enfin là, je pense que je parle à des convertis.
00:11:33C'est pas vous qui allez me critiquer. Mais pour les personnes qui regarderont cette vidéo, ne perdez absolument pas votre temps avec ça,
00:11:39parce que je ne lis absolument pas toutes les critiques. C'est une perte de temps. Le temps, je le consacre à mon fils, je le consacre à mon potager
00:11:46pour bien le nourrir, mais pas à regarder tout ce qui se déverse sur les réseaux sociaux. Donc voilà. Moi, je suis de passage.
00:11:57Je pense qu'on a oublié qu'on allait mourir, en fait. Je crois que l'être humain, il croit qu'il va être éternel. C'est un peu le problème aujourd'hui.
00:12:03C'est pour ça qu'en fait, on reste sclérosé dans la peur. Et la peur, elle empêche de faire des choses. Moi, j'aimerais bien aujourd'hui
00:12:10voir un petit peu plus de gens courageux, des parents qui s'impliquent un peu plus dans la défense de l'environnement pour que leurs gamins,
00:12:16ils puissent évoluer sur une planète viable. Et dans le mot « courage », l'étymologie, c'est le cœur. Je pense qu'on réfléchit trop avec notre tête.
00:12:27Si vous laissez parler votre cœur, vous êtes capables de défoncer des montagnes, quoi. Voilà.
00:12:31— Mais alors excuse-moi d'insister, mais sur cette question de la stratégie médiatique, quand on entame une grève de la faim, on se fait violence à soi-même.
00:12:38On se met soi-même dans une situation de forte vulnérabilité. Est-ce que c'est vraiment l'objectif de gagner l'opinion publique de cette manière ?
00:12:47Est-ce que toi, tu réfléchis à ça, à « comment je fais pour convaincre, pour susciter l'empathie » ? Parce que je crois que ça a joué beaucoup...
00:12:54Enfin un rôle très important. Je ne sais pas si vous vous rappelez de ces interviews où on te voit amégrie, affaiblie, restée droite dans tes bottes.
00:13:02Et c'est vrai qu'on a envie instinctivement, humainement de soutenir quelqu'un qui est dédié comme ça à sa cause et qui est non-violent.
00:13:09Est-ce que c'est quelque chose que tu as théorisé ? Ou est-ce que c'est quelque chose... Pas comme les militants, justement, qui sabotent un pipeline.
00:13:15Ou c'est quelque chose qui t'est juste venu comme ça ?
00:13:19— En fait, la grève de la faim, elle est partie du principe que j'étais à Vendine. On n'a pas pu regrimper les arbres.
00:13:24Donc Vendine, c'est un alignement de platanes que j'avais déjà grimpé. J'étais resté 10 jours.
00:13:29Ça avait permis de rester à peu près 2 mois sans qu'il y ait des abattages, puisqu'il y avait des périodes d'identification.
00:13:35Et on savait qu'il fallait les regrimper en septembre. Sauf qu'en septembre, on nous a collé une armée d'hélicoptères, de CRS.
00:13:46En fait, c'était impossible pour nous d'y aller. Même en mode commando, on n'y est pas arrivé. Et tout ça pour dire quoi ?
00:13:54Voilà. Quand je pars trop loin, je me rappelle plus. — Et du coup, ça t'est venu de faire la grève de la faim ?
00:13:58— Et du coup, voilà. C'est ça. Donc en fait, la tête abatteuse est arrivée le 1er septembre à minuit. Et donc il y avait des rangées de CRS devant nous.
00:14:05Et là, une fois de plus, comme je vous dis, c'est le cœur qui a parlé. J'ai dit si la tête abatteuse touche un seul arbre, j'entre en grève de la faim.
00:14:12Et en fait, là, vous réfléchissez pas trop. Donc il se trouve qu'on y est allé. Et ça a donné ça.
00:14:20Ensuite, vous savez, on nous traite d'éco-terroristes, de plein de trucs dans l'esprit. Bon, ils peuvent dire ce qu'ils veulent. C'est pas la question.
00:14:29L'idée, c'est que c'était aussi pour montrer que cette violence-là, en fait, elle va nous arriver dans pas longtemps, parce que quand vous faites une grève de la faim,
00:14:38la faim, c'est les terres agricoles, puisque c'est ce qui nous nourrit. Et la grève de la soif, c'était pour dire que si on continue comme ça
00:14:46à déforester, à couper des arbres et à faire des projets écocides comme ça, eh bien les arbres, ils sont créateurs de nuages et créateurs de pluie.
00:14:54Donc c'était une façon d'alerter l'opinion du public là-dessus. Et c'était aussi une façon de montrer que la violence, on peut pas nous traiter d'éco-terroristes,
00:15:01parce que la violence, elle la fait qu'à nous-mêmes. Voilà, c'était juste ça, quoi.
00:15:05— Et alors je vois qu'il y a un petit peu des têtes d'enterrement dans cette salle. Il y a une ambiance pas dingo depuis notamment 2 semaines à peu près.
00:15:13Et je pense qu'on a bien besoin de t'entendre parler, Magali, de la joie, parce que toi, tu l'as théorisé, tu en parles, tu expliques...
00:15:22En tout cas, je t'ai vu expliquer dans des interviews que pour réussir à mener ces luttes dont on parle, qui peuvent être, on l'a vu, très variées,
00:15:28qui peuvent aller de changer nos imaginaires avec des produits culturels, qui peuvent passer par du militantisme, par des grèves, par même du sabotage comme dans le film,
00:15:37eh bien toi, tu dis qu'il faut garder de la joie, qu'il faut qu'on rende ces luttes joyeuses pour pouvoir les mener jusqu'au bout, pour pouvoir les mener sur le long terme.
00:15:46Alors là, je pense que vraiment la situation nous oblige et qu'on a besoin de tes conseils. Comment est-ce qu'on fait, plus sérieusement, pour garder de la joie
00:15:54quand on subit de la violence comme la subissent d'ailleurs les militants dans le film ? Comment est-ce qu'on fait pour garder de la joie
00:16:00quand on est dans une situation aussi oppressante que celle d'aujourd'hui ?
00:16:04Ce qui apporte le plus de joie, ce qui m'en apporte, moi, depuis le 9 juin, en fait, c'est l'action collective. D'être dans l'action, ça fait vraiment sortir de l'assidération,
00:16:18du désespoir, du découragement, et de vivre l'action avec plein d'autres personnes. Moi, depuis le 9 juin, je suis dans toutes les boucles inter-orgas nationales.
00:16:29Il y a des centaines d'organisations qui se bougent vraiment pour éviter que l'extrême droite arrive au pouvoir. C'est beau. C'est très très beau, ce qui se passe.
00:16:38Et ça procure énormément d'espoir et de foi en l'humanité, de vivre ça. Et moi, il y a un livre qui a changé la vie de beaucoup d'amis qui s'appelle
00:16:47« Joie militante » et qui parle justement de cette nécessité de prendre soin des uns des autres, d'agir sur le terrain, de s'adapter vraiment à ce qu'il y a à côté de chez soi,
00:16:59de ne pas être trop dans l'abstrait. Et c'est exactement ce que tu fais, Thomas.
00:17:04— Bon, bah, puisqu'on a commencé, on va parler de l'extrême droite. Je pense que c'est quand même le sujet. En tout cas, moi, c'est ce qui m'est venu.
00:17:09En regardant le film, en écrivant les questions, je l'ai fait juste après qu'il y ait eu cette dissolution de l'Assemblée. Et je me disais
00:17:15« Mais est-ce qu'on n'est pas en train d'avoir un débat qui n'a aucun sens actuellement ? Est-ce que là, la priorité absolue, ce n'est pas de lutter contre l'extrême droite,
00:17:23contre son caractère antidémocratique, notamment ? Et est-ce qu'on n'est pas un peu obligés de faire passer l'écologie à la trappe ? »
00:17:31Thomas, qu'est-ce que tu en penses ? Est-ce que là, aujourd'hui, on n'est pas par nécessité obligés de lutter contre l'extrême droite ?
00:17:37Je rappellerai qu'il y a un député RN, Sébastien Chenu, qui a déclaré en fin de semaine dernière que les militants d'extrême gauche
00:17:44seront mis hors d'état de nuire en manifestation. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Je crois que je ne veux pas le savoir.
00:17:51Mais comment est-ce que toi, tu te sens face à ça ? Et est-ce que c'est devenu la priorité dans ta vie, par exemple, de combattre l'extrême droite ?
00:17:58Alors, moi, j'ai toujours porté un discours apolitique depuis le début parce que j'estime que c'est pareil. Militants, écologistes, activistes,
00:18:09moi, je ne me suis jamais défini comme ça. Moi, je suis citoyen du monde. J'ai une entreprise qui travaille. Je travaille dans les arbres.
00:18:16Et j'ai créé une association de défense des arbres. Et puis voilà, je suis papa d'un petit garçon. Donc moi, je veux bien le numéro de ce monsieur.
00:18:23Ça a l'air intéressant, peut-être, de discuter avec lui pour essayer d'échanger. Moi, je ne suis pas du genre silex contre silex. Je ne sais pas faire.
00:18:31J'ai toujours essayé d'ouvrir le dialogue, le débat. Parfois, au forceps, j'arrive à obtenir des rendez-vous. Il faut s'accrocher devant le ministère
00:18:39pour parler à Clément Bonne. Mais peu importe, je m'en fous. Et voilà, moi, je ne sais pas ce qui va se passer. En tout cas, ce n'est pas l'avenir que je rêve pour mon fils.
00:18:48Moi, j'ai mon grand-père. Il m'a fait des récits. Quand j'étais petit, il vivait dans l'Aude, des maquisards qui étaient dans la grotte,
00:18:54qui se sont tous faits fusiller par les Allemands. Voilà, ce n'est pas l'avenir que je veux pour mon gamin. Et puis, je ne suis pas d'extrême-gauche non plus.
00:19:02Donc après, peut-être que je ne serai pas panalpané à salade le jour où ils les récupéreront tous. On verra. En tout cas, ce monsieur-là,
00:19:09j'essaierai de le contacter pour essayer de discuter avec lui. On verra.
00:19:14— Magali, est-ce que tu veux réagir à ça, toi, qui prônes ce changement des imaginaires et qui œuvre à ce changement des imaginaires,
00:19:21qui dit qu'il faut qu'on mène cette bataille de la communication sur les réseaux sociaux, la fiction, le reportage, l'information, les campagnes publicitaires,
00:19:29toi, tu dis même les récits d'entreprises. Il faut y aller partout pour sensibiliser au réchauffement climatique. Là, quand on voit la situation politique actuelle,
00:19:37on se dit que ça n'a pas bien marché, cette bataille des imaginaires. Est-ce que ça suffit aujourd'hui ?
00:19:42— En fait, l'extrême-droite l'a très bien compris, que c'était important de mener cette bataille des imaginaires. Et en fait, il y a un penseur politique,
00:19:52activiste italien qui est Antonio Gramsci, avec qui il y a très longtemps, qui expliquait qu'en fait, la bataille des imaginaires, en fait,
00:20:00elle est précurseur de la victoire dans les urnes. Et lui, il a été repris par ce qu'on appelle la nouvelle droite, les nouveaux Gramsci,
00:20:11Stalin de Benoît, tout ça. Donc beaucoup de penseurs d'extrême-droite qui, depuis les années 70, ont fait des bouquins qui ont adapté Gramsci
00:20:18pour que l'extrême-droite se l'approprie. Il est très lu par les conseillers de Donald Trump, Marine Le Pen, etc. Et donc en fait, ça fait des décennies
00:20:27que l'extrême-droite a compris que cette bataille des imaginaires était importante à mener. Et ils y arrivent très bien. Enfin là, il y a un rapport
00:20:36qui est sorti le 22 mai sur le réseau Atlas, qui est un réseau de milliardaires nord-américains qui, depuis 1981, injectent des millions
00:20:49dans cette bataille des idées pour l'extrême-droitisation des esprits. Et une de leurs techniques, c'est d'acheter en masse des médias.
00:20:56Donc ils ont exactement la même stratégie de Bolloré. Ils sont très contents, voilà, de cette convergence. Et moi, ce que j'essaie de faire en ce moment,
00:21:05c'est de pousser en fait ce réseau Atlas dans les médias pour qu'on comprenne que la situation actuelle est en partie due à ces ultra-riches
00:21:16qui ont tout intérêt en fait à détourner l'attention du peuple vers les principaux responsables et à trouver des boucs émissaires.
00:21:26L'immigration, voilà. Et moi, je considère que si on perd la démocratie, on perd tout le reste. Donc si on perd la démocratie, on perd le combat écologiste aussi.
00:21:38— Et alors réfléchissez bien à des questions, parce qu'après, je vais vous donner la parole dans la salle. Je le dis avant pour que vous puissiez réfléchir,
00:21:45pour que quand je vous dis la parole est à vous, vous ayez des questions en tête. J'aimerais rester sur cette question de la mobilisation citoyenne.
00:21:51Alors voilà, il faut continuer à mener cette bataille des imaginaires. Et aujourd'hui, pour avoir personnellement travaillé sur la question de la jeunesse,
00:21:59on a la sensation qu'il y a une partie des jeunes qui est prise entre la volonté de fermer les yeux parce que la situation est trop dure,
00:22:06parce qu'on veut même plus en entendre parler, parce que ça paraît perdu d'avance, parce qu'on a un très grand sentiment d'impuissance,
00:22:12qui a été aussi beaucoup documenté et traité par la militante écologiste Camille Etienne, et de l'autre, on a des jeunes comme ceux qu'on voit dans le film
00:22:20qui se disent « Non mais là, on n'a plus le temps. On ne va pas passer par des moyens démocratiques. On ne va pas respecter les lois.
00:22:27On va aller dans le plus radical du radical. On va même basculer dans de la désobéissance civile, voire du sabotage.
00:22:34Qu'est-ce que vous vous donneriez comme conseil à ces jeunes ou ces moins jeunes, ou en tout cas ces personnes qui, aujourd'hui,
00:22:40se sentent concernées par la situation et qui ne savent pas quelle attitude avoir ? Par où est-ce qu'on commence quand on veut s'engager
00:22:46pour avoir la sensation d'être utile en tant que citoyen ou citoyenne ? »
00:22:49— En fait, là, tout de suite, si les moins de 25 ans allaient voter en masse, on gagnerait contre l'extrême-droite.
00:22:56Donc déjà, à très court terme, moi, ce que je souhaiterais, c'est que les moins de 25 ans, plus largement les moins de 35 ans,
00:23:02après tout le monde, évidemment, aillent voter. — D'accord. — Le calcul, les sondages du 21 juin montrent qu'à 50%, les moins de 25 ans s'abstiennent,
00:23:15alors que s'ils allaient voter, ils seraient 56% à voter à gauche, 19% à l'extrême-droite, et après, à le centre.
00:23:24— Oui. On rappelle que cette idée que les jeunes seraient tous d'extrême-droite est une falsification, qu'effectivement, il y a une montée
00:23:31de l'extrême-droite chez les jeunes comme chez le reste de la population, mais que les jeunes ne sont pas particulièrement d'extrême-droite
00:23:37et qu'ils sont encore aujourd'hui globalement marqués à gauche, du moins sur les idées dans les différents sondages,
00:23:41et ce, même avant les élections. Voilà. Donc à très court terme, ne serait-ce que pour pouvoir... S'ils ont envie de faire de la désobéissance civile plus tard,
00:23:49il faut pour ça être en démocratie. C'est-à-dire que sous un régime d'extrême-droite, les écolos, ils sont soit en prison, soit dans plein d'autres pays, assassinés.
00:23:59Je veux dire, ceux qui se font le plus assassinés au monde, ce sont les écolos et les journalistes. — Super. Je suis ravie d'être venue.
00:24:08— Désolée. — Thomas, toi, c'est une question qu'on doit aussi beaucoup te poser. Et c'est une question qu'on me pose aussi. On se sent impuissant.
00:24:16On ne sait pas quoi faire. Où est-ce qu'on commence ? Et surtout, est-ce qu'on attend d'avoir une expertise sur le sujet qu'on entend défendre
00:24:24pour commencer à s'engager ? Quelle est la limite ou le début de degré de savoir qu'il faut avoir pour se dire « Ça y est, là, j'y vais ».
00:24:32— Non, il n'y a pas de degré de savoir. Comme j'ai dit tout à l'heure, c'est le cœur qui parle. Si vous trouvez que quelque chose est injuste, il faut se battre.
00:24:39Moi, j'ai toujours... Depuis tout petit, dans la cour d'école, j'ai toujours défendu l'opprimé. Il y en a toujours un qui se fait taper dessus, quoi.
00:24:45Donc je pense qu'aujourd'hui, c'est ça. Si vous voyez quelque chose qui n'est pas logique... Enfin moi, ça a commencé comme ça il y a 5 ans.
00:24:51J'étais jardinier pour la ville de Mazamé, où j'ai bossé pendant 10 ans. J'ai quitté la ville, j'ai monté ma boîte. Et puis les anciens collègues m'appellent en me disant
00:24:59« Le maire, il veut abattre l'alignement de 9 platanes, à l'âge de 120 ans ». Je dis « Mais il est con, ou quoi ? ». Ouais, je l'ai dit comme ça, en plus.
00:25:06Et puis j'ai dit « Tu vas aller parler au maire, qui a à peu près le même âge que moi. On avait des amis en commun. Et je me suis dit
00:25:12« Il va comprendre ce qui se passe. Il est pas bête ». Eh ben... Je vous laisse la réponse, quoi. Donc voilà. Et c'est comme ça que ça a commencé.
00:25:22Et je me suis dit « Non, ces arbres, ils seront pas abattus. Je suis désolé. Il y a un article de loi qui est le L350-3 qui interdit les abattages des arbres d'alignement.
00:25:29J'ai fini le lendemain. Ils en ont coupé 2. Les forces de l'ordre... Bon, nous, les articles de loi, on comprend pas trop. Hop, à dégager. Et puis j'ai vu 2 arbres tomber, quoi.
00:25:39Donc là, j'ai dit « Non, c'est pas possible ». Et à 4h du match, j'étais dedans. J'en ai sauvé 7 sur 9. Et après, je me suis dit « Ah bon ? Mais c'est ça, en fait, la vraie vie.
00:25:46On respecte pas la loi ». Parce que j'étais un peu naïf à l'époque. Et je vivais dans le monde des bisounours. Mais là, après, je me suis aperçu qu'il fallait vraiment créer une association pour la défense des arbres parce que ça le faisait pas du tout.
00:25:56Donc non, non, allez-y. Allez-y plein pot. Faites-vous plaisir. Rejoignez les mouvements. A plusieurs, bien entendu, on est plus forts. Nous, on a la chance d'être dans les arbres.
00:26:04Donc c'est sûr que le premier rapport qu'on a avec les forces de l'ordre, ben voilà, on se fait pas taper dessus. Quand vous êtes à 15 ou 20 m de hauteur là-haut...
00:26:12Et en fait, c'est vous le juge quand vous êtes dans un arbre parce qu'il y a cet effet, ce phénomène de hauteur. Quand vous allez devant un juge, moi, pour l'avoir fait un petit peu, eh bien en fait, ils sont toujours en hauteur.
00:26:22Et c'est eux qui donnent la loi. Mais nous aussi, quand on est dans les arbres, c'est nous qui disons qu'il y a des articles de loi. Il faudra les respecter. Donc voilà, on a cette...
00:26:30Et du coup, le rapport, moi, que j'ai instauré aujourd'hui avec les forces de l'ordre, même si j'ai déjà pris 2 coups de matraque bien placés, ça m'empêche pas de dire qu'il y a toujours des probigales partout.
00:26:41Il y en a même chez les écolos, il y en a partout. Et que dans les... Voilà, la dernière garde à vue que j'ai faite, il y a un gendarme qui m'a demandé est-ce que je peux faire un selfie avec vous ? C'est pour mon fils.
00:26:49Donc là, je me dis que le combat, il commence un peu à être gagné. C'est sympa. Voilà. Mais tout ça parce qu'aussi, quand je suis face aux forces de l'ordre, je sais que ça va être difficile d'entendre ça pour certaines personnes qui ont déjà pris des coups de matraque et qui aiment pas du tout et qui crient à cap du matin au soir.
00:27:09Je respecte tout le monde, chacun sa philosophie. Moi, la mienne, c'est de dire que c'est pas en disant toi, t'es un con, que ça va s'arranger. Donc ça marche pas, en fait. Je pense que c'est en essayant de faire comprendre que vraiment, c'est les arbres et le reste.
00:27:22Après, on essaye de... Voilà. Je suis désolé. J'ai une philosophie, peut-être un petit peu. C'est la sagesse, peut-être l'âge qui me donne cette philosophie-là. Mais je pense que si j'avais 20 ans, j'aurais envie de tout faire péter, quoi. Voilà.
00:27:32— Ah. — J'aimerais terminer sur une question de santé mentale, parce que... Oui, non, mais moi, parce que je crois que c'est important et que surtout, quand on fait face à des enjeux aussi graves qui nous atteignent aussi profondément,
00:27:46on voit qu'à chaque événement politique qui est difficile, il y a une augmentation des dépressions et des troubles anxieux. Je me dis qu'en tant que militante, c'est un impensé du militantisme, beaucoup.
00:27:56Et on demande peu aux gens qui luttent comment ils vont, et s'ils vont bien, comment ils font pour aller bien, ou s'ils vont pas bien, comment ils font pour aller mieux. Magali, peut-être, tu peux nous répondre sur cette question.
00:28:05— Bah c'est fondamental comme enjeu de lier l'écologie intérieure à l'écologie extérieure pour plein de raisons différentes, ne serait-ce que pour continuer dans la durée et pour éprouver de la joie et du plaisir au quotidien.
00:28:20Et en fait, c'est comme ça qu'on tient mieux. C'est quand on trouve l'action qui nous apporte de la joie, en fait, ça nous régénère, ça nous fatigue pas. Et c'est vraiment important aussi de distinguer les passions harmonieuses et les passions obsessives.
00:28:31Donc nous, on essaie vraiment d'être dans cette passion harmonieuse, c'est-à-dire arriver à couper. Bon, alors là, depuis le 9 juin, c'est difficile pour nous. Et on a mis un programme « Tu flippes ? »
00:28:43« Prendre soin de soi pour prendre soin du monde », qu'on a élaboré avec des psychologues, des scientifiques, des médecins, tout ça, qui invitent à mener plein d'actions différentes, notamment sortir de l'isolement et parler avec des personnes qui comprennent ce qu'on vit, ce qu'on ressent, ce qu'on comprend du monde.
00:29:01Passer du temps dans la nature, moi, c'est mon truc, c'est pour ça que j'ai déménagé dans la Drôme. Ça, c'est un truc de fou, vraiment, il y a plein d'études scientifiques qui le montrent. Après, revenir au corps et au temps présent, parce qu'on a souvent tendance à flipper pour des peurs qui sont dans le futur mais qui ne sont pas là présentement.
00:29:25Alors c'est bien de savoir pourquoi on agit, ce qu'on cherche à éviter, mais c'est aussi important de revenir à ce qui va bien dans le présent.
00:29:33– Tu parlais d'obsessif, de militantisme obsessif. Dans le film, ils sont comment ? Ils ne sont pas en mode harmonieux dans le film ?
00:29:44– Moi, ce que je trouve dommage, c'est que dans le film, ils ont plein de potentiel et il y a un côté sacrificiel dans ce qu'ils font.
00:29:54– C'est ça, et c'est dommage de finir en prison alors que tu pourrais continuer à agir sur le terrain.
00:29:59Thomas, toi, comment est-ce que tu vis cette question du sacrifice personnel, puisque tu as encore une fois beaucoup donné de ta personne, et de la santé mentale ?
00:30:08– Mentalement, je vais bien, j'espère que ça se ressent quand même quand je parle.
00:30:16Non, en tout cas, je ne suis pas une machine. J'ai des hauts, j'ai des bas, je suis un être humain.
00:30:26Quand ça ne va pas, la grève de la soif, j'ai mis quelques mois à rester chez moi, à me remettre, à me retaper.
00:30:32Il y a des matins où vous vous levez et vous vous dites « mais tout ce que je fais, ça ne sert à rien ».
00:30:36Puis après, quand votre petit garçon rentre de l'école avec un grand sourire, vous vous dites « si, ça sert en fait ».
00:30:41Voilà, tout ça, c'est assez compliqué. Moi, j'aimerais juste peut-être vous délivrer un message important, je pense.
00:30:51N'ayez pas peur de vous battre, parce que la seule peur que vous devez avoir, c'est celle du mur qu'on va se prendre demain si on ne fait rien aujourd'hui.
00:30:58Et j'espère en tout cas que tous les déplacements que je fais à droite à gauche, l'idée c'est que j'aimerais qu'en sortant d'ici, vous fassiez quelque chose.
00:31:07Sinon, ça ne sert à rien qu'on prenne le micro et qu'on sillonne la France, qu'on continue à s'accrocher dans les arbres et qu'on continue à être peut-être dans des gaz lacrymogènes.
00:31:15Moi, j'ai clairement annoncé de ça il y a à peu près trois mois. J'ai fait une vidéo en disant à l'État, je m'adresse à l'État,
00:31:23que vous pouvez me mettre en prison, vous pouvez me faire toutes les gardes à vue que vous voulez, toutes les peines financières que vous voulez, même si je perds ma maison.
00:31:30L'idée, c'est de continuer à le faire parce que j'ai un petit garçon derrière. Voilà, c'est le message que je veux vous faire passer.
00:31:37— Merci beaucoup. Merci d'avoir été avec nous et de continuer à être avec nous, puisque c'est à vous la parole, même s'il fait 45 degrés dans cette salle.
00:31:46Et c'est une expérience préventive du réchauffement climatique. Vous allez pouvoir poser vos questions. Et alors, comment on va faire ?
00:31:52Est-ce qu'il y a un micro dans la salle ? Je ne crois pas. Alors il va falloir parler très fort, se tenir bien droit comme ça et porter la voix au loin.
00:31:59— Très bien. Merci. Merci pour ces questions et ces échanges. C'était hyper enrichissant. Voici la troisième fois que je vois le film aussi. Il me remercie toujours autant.
00:32:10J'aimerais répondre un peu sur le sujet de cette discussion, où là, si j'ai bien compris, c'était les moyens d'action, en fait, citoyens.
00:32:18Et moi, je trouve qu'il y a un léger impensé dans cette question, c'est que pour moi, pour questionner les moyens d'action, il faut aussi questionner l'objectif.
00:32:26Et du coup, les moyens d'action qu'on va utiliser vont toujours dépendre de quel objectif est-ce qu'on poursuit. Aujourd'hui, j'ai l'impression que l'objectif tendanciel auprès de la gauche et des écologistes,
00:32:37c'est l'anticapitalisme. Et c'est une chose d'assez floue. Et même dans le film, il ne s'est pas vraiment défini. Au moins, l'objectif, c'est le pipeline.
00:32:44On ne voit pas quel système est ciblé précisément. Aujourd'hui, pour moi, c'est le système capitalisme. Il est surtout fondé sur une infrastructure,
00:32:51c'est-à-dire pareil, des pipelines, tout un réseau pétrolier, des câbles sous-marins, des navires transocéaniques, etc. Et du coup, la question que je me pose en tant qu'écologiste,
00:33:03c'est à quel point est-ce qu'on veut détruire ou du moins stopper cette infrastructure pour solutionner la crise écologique ?
00:33:11Merci beaucoup pour cette question.
00:33:21J'ai l'impression qu'on pense qu'il y a des bonnes parties de l'industrie et des mauvaises parties de l'industrie, des bonnes technologies et des mauvaises technologies.
00:33:28Par exemple, quand j'en parle avec mes amis, on me dit souvent que dans le monde de demain, on pourrait garder Internet pour continuer à communiquer à travers les continents,
00:33:36échanger des informations, garder Wikipédia, etc. Mais même pour garder Internet, on doit garder déjà des terminaux, des ordinateurs, des smartphones, des boxes Wi-Fi, des satellites,
00:33:49des câbles transocéaniques pour faire passer Internet, mais aussi de l'extraction minière à l'autre bout de la planète pour récupérer des minerais rares.
00:33:58Est-ce qu'on veut garder ce système ? J'ai l'impression qu'on répond rarement à cette question-là.
00:34:04Mon parti pris, c'est que c'est l'ensemble de l'industrie qu'il faut supprimer, qu'il faut arrêter.
00:34:09Parce que pour moi, on ne peut pas séparer les bons des mauvaises parties de l'industrie.
00:34:12Tout est interconnecté, le problème est mondial.
00:34:16Je fais partie d'un mouvement qui s'appelle Antithèque Résistance, qui a pour objectif de stopper l'ensemble de l'infrastructure industrielle à l'échelle mondiale.
00:34:26C'est un objectif très ambitieux, mais aujourd'hui, il n'y a pas d'autre objectif.
00:34:30L'organisation de l'innocence a cet objectif-là.
00:34:33Ma question, c'est que je voulais savoir, pour vous, en tant qu'écologiste et activiste, quel est l'objectif que vous poursuivez ?
00:34:39Je répète, pour ceux qui n'auraient peut-être pas entendu au fond, quel est l'objectif que vous poursuivez en tant qu'activiste ?
00:34:44Est-ce que vous voulez mettre fin à la société thermo-industrielle ?
00:34:50Ou est-ce que vous vous situez dans une position peut-être plus médiane, où vous voudriez garder une partie des infrastructures qui nous permettent de bénéficier d'un certain confort ?
00:34:59Est-ce que vous pensez que c'est possible, Magali ?
00:35:01Je suis d'accord qu'il faut réinventer complètement un système, en partant de ce qui existe réellement comme ressource,
00:35:12sachant qu'on a déjà beaucoup appauvri la planète, on a déjà beaucoup extrait, on a déjà beaucoup rasé, il reste 4% de sauvages, toute la masse du vivant.
00:35:22Partir des ressources existantes et de tout ce qui existe déjà, c'est-à-dire avec tout ce qui existe déjà aujourd'hui,
00:35:32on pourrait arrêter la production de textiles, la production d'habits.
00:35:36Je pense qu'avec tout le cuivre qui est extrait, on peut arrêter les constructions et durer pendant des décennies.
00:35:43Donc, en fait, c'est revenir à un usage raisonnable avec l'existant.
00:35:50Thomas, toi, comment est-ce que tu te positionnes face à ça ?
00:35:53Oui, moi, j'aurais le même raisonnement.
00:35:56Je pense qu'on a usé des choses, on a utilisé des biens qu'on a extrait de la planète, on vit dans des...
00:36:06Enfin, là aussi, entre guillemets, moi, je fais peut-être partie des privilégiés, je ne sais pas,
00:36:11mais j'ai une belle maison que j'ai construite moi-même, dans un grand terrain, voilà.
00:36:17Mais est-ce qu'aujourd'hui, on ne peut pas se dire que plutôt que d'avoir 40 ampoules qui crament à la maison,
00:36:23on ne peut pas en dévisser au moins la moitié, déjà, pour commencer ?
00:36:27Et après, se dire que ce qu'on a déjà...
00:36:31Enfin, moi, vous voyez, j'ai une coque, vous voyez ?
00:36:34Mon téléphone, il peut durer 8 ans, quoi.
00:36:37Ben ouais, mais ça, ça tombe de 17 mètres de hauteur.
00:36:39Donc, des détails comme ça, mais on peut amener les choses bien plus loin, quoi.
00:36:44Et on ne le fait pas parce qu'on est toujours attiré par...
00:36:48Moi, je n'ai plus de télé, ça fait 25 ans.
00:36:50Je ne suis plus dans le matérialisme, je m'en fous pas mal, quoi.
00:36:55Revenir à des choses simples, se nourrir, déjà.
00:36:58Savoir ce que c'est que de se nourrir, mettre les mains dans la terre, déjà,
00:37:00pour arrêter d'aller continuer à acheter des merdes chez Leclerc, chez Auchan, et tout, quoi.
00:37:05Donc, voilà, moi, j'ai 400 mètres carrés de potager, je suis autonome.
00:37:08Je vous le dis, après, vous allez me dire, oui, mais vous êtes privilégié, vous avez du terrain.
00:37:11Dans la Constitution française, vous pouvez vous nourrir vous-même.
00:37:14Vous allez à la mairie demain et vous dites,
00:37:16c'est inscrit dans la Constitution française comme quoi
00:37:19on a le droit de vous donner un lopin de terre pour vous nourrir.
00:37:22Ça, il n'y a pas grand monde qui le sait.
00:37:23Mais demain, vous allez à la mairie, vous dites, voilà,
00:37:25j'ai un lopin de terre communal pour aller me nourrir.
00:37:27Et si on s'y mettait un petit peu tous et si on faisait bouger les choses,
00:37:31voilà, on arrêterait de bouffer des légumes de merde qui viennent de l'autre bout de la planète.
00:37:35C'est des détails. Après, je ne vais pas refaire l'histoire.
00:37:37Sinon, on y passerait des heures.
00:37:39Mais voilà, c'est des tout petits trucs.
00:37:41Mais déjà, commençons à être sobres et puis, ce qu'on a, on le garde, quoi.
00:37:44Voilà, les pantalons, ils sont un peu troués au cul.
00:37:46On s'assoit, on reste assis toute la soirée.
00:37:48Voilà.
00:37:50Et tu l'as acheté où, ta coque ?
00:37:52Merde, elle ne marche plus.
00:37:54C'est mon fils.
00:37:56Effectivement, cette coque, on a tous envie de l'acheter.
00:37:59Après cette démonstration grandiloquente.
00:38:03C'est ça, on va tous se retrouver.
00:38:06Franchement, c'est complètement contre-productif, cette soirée.
00:38:08Madame, une question au fond.
00:38:11Oui, du coup, je vais revenir un peu sur le film.
00:38:13J'espère que tout le monde m'entend.
00:38:15Donc, en fait, ce que je vois dans le film, c'est qu'on a un moment précis.
00:38:20Donc, c'est le moment vraiment du sabotage.
00:38:22Il y a beaucoup d'action, c'est très dynamique.
00:38:24Donc, ça semble très intéressant.
00:38:26Mais vous, je suppose que votre vie, ce n'est pas ce film.
00:38:29Donc, vous n'avez pas eu d'action comme ça tous les jours.
00:38:31Donc, quelles sont plutôt vos actions glorieuses ou moins glorieuses
00:38:34que vous faites tous les jours et qui sont importantes dans votre activisme ?
00:38:37S'il vous plaît.
00:38:38Merci pour cette question.
00:38:40Non.
00:38:41C'est quels sont les modes d'action, je répète.
00:38:43Quels sont vos modes d'action au quotidien ?
00:38:45À quoi ressemble votre vie quotidienne d'activiste ?
00:38:49C'est ça, la question ?
00:38:50C'est ça, la question.
00:38:53Aha !
00:38:55Vous avez deux heures.
00:38:56Si vous voulez, moi, je vous parle de la vie de journaliste.
00:38:58Il y a plein de trucs à dire.
00:39:00Thomas, peut-être.
00:39:02Alors, déjà, je suis désolé, je le redis, je ne me définis pas comme activiste.
00:39:05Moi, je suis comme vous.
00:39:07Je fais un travail, je fais ce que je peux, à ma manière.
00:39:13Ça ressemble à quoi ?
00:39:14En fait, c'est drôle et moins drôle.
00:39:17Mon couple a explosé en 2019 quand j'ai passé 28 jours
00:39:20devant le ministère de la Transition écologique
00:39:22pour parler à une ministre qui, à l'époque, était Elisabeth Borne,
00:39:25qui était ministre de la Transition écologique.
00:39:28Maintenant, je suis en garde alternée.
00:39:29Donc, une semaine sur deux, quand j'ai mon fils, je travaille.
00:39:33Puisque je vais le récupérer à l'école.
00:39:35C'est mon gros délire de le voir sortir avec son petit cartable.
00:39:38Et ensuite, quand je ne l'ai pas, je pars sur des actions.
00:39:41Donc là, je vous dis ce que j'ai fait cette semaine.
00:39:44Vous êtes prêts ?
00:39:45Bon, samedi, j'étais à Metz.
00:39:47J'ai parlé à l'Institut européen d'écologie.
00:39:52Donc, j'avais une conférence.
00:39:53Et puis, dans la foulée, il y a un gars qui est venu me voir,
00:39:55qui travaille au parc naturel régional.
00:39:56Il m'a dit qu'ils ont rasé une forêt, là, juste à côté.
00:39:59Donc, le lendemain, dimanche, je vais aller faire une vidéo
00:40:01dans la parcelle qui a été rasée en pleine période d'édification.
00:40:05Lundi, France Info, voilà, un podcast l'après-midi.
00:40:09Là, demain, je pars au Mans.
00:40:12Demain, je pars au Mans parce qu'il y a Stéphane Lefault,
00:40:15l'ancien ministre de l'agriculture ou de la forêt, je ne sais plus,
00:40:18qui va raser 200 arbres d'alignement dans sa commune.
00:40:22Voilà, donc on va aller empêcher ça.
00:40:24On va aller faire du bruit.
00:40:26Et normalement, je dois aller pour l'appel pour les forêts vivantes,
00:40:29jeudi et vendredi, dans le Limousin,
00:40:31un rassemblement de collectifs qui luttent
00:40:33contre les coupes rases partout en France.
00:40:36Voilà.
00:40:38– Et toi, Magali, comment se traduit ton engagement au quotidien ?
00:40:41– Je ne sais pas trop, là, j'ai vraiment le nez dans le guidon.
00:40:45– Raconte-nous ce que tu fais contre l'extrême droite, peut-être,
00:40:47parce que c'est aussi ça, c'est aussi une forme de lutte pour l'écologie.
00:40:51– Le 9 juin soir, on s'est retrouvés à 22h dans un call
00:40:57avec des dizaines d'orgasmes, demander qu'est-ce qu'on fait,
00:41:00comment on se coordonne, quelle stratégie on met en place.
00:41:05Sur le terrain, victoire populaire, à fond,
00:41:09que ce soit dans les circonscriptions, en phoning.
00:41:12Ils passent des calls toute la journée,
00:41:14ils ont commencé avec un appel du 18 juin,
00:41:16petite référence à De Gaulle, à la Résistance, tout ça,
00:41:18ça a cartonné, ils ont fait 20 000 calls dans la journée,
00:41:20donc on essaie de leur envoyer un maximum de monde
00:41:22via toutes les personnalités avec lesquelles on travaille.
00:41:25On va mobiliser au maximum les personnalités pour recruter sur le terrain.
00:41:30Il y a énormément de sujets,
00:41:35déjà le premier truc c'était réunir la gauche,
00:41:38donc comment on réunit la gauche,
00:41:40comment on met la pression sur les partis politiques
00:41:42pour les faire se réunir.
00:41:44On croit que c'est bon le lundi soir,
00:41:46ah ben non, le jeudi c'est peut-être pas bon,
00:41:48donc comment on fait pression,
00:41:50est-ce qu'on fait monter une pression de la population,
00:41:53est-ce que c'est complètement contre-productif
00:41:55parce que ça va faire switcher des négociateurs
00:41:57qui vont quitter les négociations.
00:41:59Même question le samedi matin
00:42:01quand il y a la purge et les filles.
00:42:08Gros sujet là, moi, avec le réseau Atlas
00:42:11dont je trouve qu'il n'est pas suffisamment couvert par les médias,
00:42:15alors qu'ils sont complètement responsables
00:42:17de ce qui se passe dans le débat des idées,
00:42:19donc ça c'est un truc que...
00:42:21– Peut-être qu'il faut rappeler un peu ce que c'est que le réseau Atlas,
00:42:23tu l'as mentionné tout à l'heure.
00:42:25– Je l'ai dit tout à l'heure quand même,
00:42:27mais en France depuis 1980,
00:42:29ils financent des instituts de formation politique
00:42:32qui forment des candidats de droite et d'extrême droite,
00:42:35qui forment des porte-parole comme Agnès Verdier-Molinier
00:42:39qui se présente comme une experte dans les médias,
00:42:41qui est invitée partout alors qu'elle n'est pas du tout experte en politique.
00:42:44Ils vont diffuser énormément de fausses idées
00:42:47en utilisant des techniques manipulatoires
00:42:49qui ne sont pas du tout démocratiques,
00:42:51comme les techniques d'AstroTurfing,
00:42:53c'est-à-dire qu'ils vont faire croire qu'il y a une base
00:42:55qui soutient quelqu'un ou un mouvement,
00:42:57alors qu'en fait cette base est complètement fabriquée,
00:42:59elle est complètement factice.
00:43:01Ils vont payer des thèses universitaires
00:43:03qui ne sont complètement pas scientifiques,
00:43:06et donc ça c'est une de leurs manières préférées de procéder,
00:43:10c'est-à-dire de faire de la science de diversion
00:43:13et de financer des espèces de fausses thèses scientifiques
00:43:16qui vont pousser partout dans les médias,
00:43:18médias qu'ils ont achetés en grande partie,
00:43:21donc en fait ils décident de ce qui se passe dans ces médias-là.
00:43:24Ce qu'on comprend c'est qu'ils sont très organisés,
00:43:27c'est pour ça que je voulais que tu l'expliques,
00:43:29c'est que c'est très organisé, c'est très pensé,
00:43:31c'est très coordonné, ce qui n'est pas forcément le cas,
00:43:33bon là c'est en train de l'être,
00:43:35mais de la lutte à gauche pour plus de justice sociale
00:43:38et pour l'écologie en fait.
00:43:40Oui, c'est-à-dire qu'ils sont plus de 500 organisations
00:43:45dans plus de 100 pays,
00:43:47et ils ont des moyens colossaux
00:43:49puisqu'ils sont adossés au lobby du pétrole,
00:43:51au lobby du tabac, au lobby pharmaceutique,
00:43:53et en fait derrière ce sont beaucoup de personnes
00:43:55qui ont fait fortune dans le pétrole
00:43:57et dont l'ennemi numéro un est l'écologie,
00:44:00puisque si la transition écologique réussit,
00:44:04nous n'extrayons plus de pétrole.
00:44:07Je sais que tout le monde est en train de couler
00:44:09parce qu'il fait très très chaud,
00:44:11mais est-ce qu'il y a encore une personne
00:44:13qui voudrait poser une question ?
00:44:15Monsieur là-bas.
00:44:17Je pense que là il faut...
00:44:19Ouais, exercice de théâtre.
00:44:21Bah du coup, moi je voulais un peu rebondir
00:44:24sur ce qu'a dit la personne avant là.
00:44:26Je trouvais que c'était très intéressant comme question,
00:44:28parce que pour moi en fait,
00:44:30je veux dire là le film,
00:44:32ce qu'il a montré c'est qu'en fait
00:44:34il fallait s'en prendre à justement
00:44:36des infrastructures en fait.
00:44:38On a beaucoup parlé ici d'idéologie,
00:44:40de faire changer les idées.
00:44:42Pour moi je pense que c'est pas forcément
00:44:44le plus efficace.
00:44:46Je pense qu'en fait, ce qu'il a appelé
00:44:48le système des infrastructures,
00:44:50des technologies, des industries,
00:44:53en fait il a des points névralgiques.
00:44:55En fait vraiment,
00:44:57il faut vraiment qu'on se prenne je pense
00:44:59comme un colosse au pied d'argile
00:45:01qui a des points faibles,
00:45:03et où effectivement là quelques jeunes,
00:45:05je sais pas combien ils étaient,
00:45:07mais qui s'en prennent à des endroits
00:45:09vraiment très importants,
00:45:11parce que là c'était juste sur le terrain
00:45:13et du coup ils ont souçu cette,
00:45:15on va dire c'était un peu une action symbolique
00:45:17qui ensuite pouvait avoir des répercussions
00:45:19avec d'autres personnes
00:45:21qui allaient faire les mêmes actions.
00:45:23Mais si ces mêmes actions
00:45:25pouvaient être faites à des endroits
00:45:27beaucoup plus intéressants en quelque sorte
00:45:29sur vraiment les points névralgiques.
00:45:31À quoi est-ce que vous pensez par exemple ?
00:45:33Et bien par exemple il y a des canaux,
00:45:35par exemple typiquement,
00:45:37il y a des endroits où les bateaux passent,
00:45:39les bateaux qui affrètent énormément de pétrole,
00:45:41de marchandises et tout ça,
00:45:43qui passent par des endroits très étroits,
00:45:45et qui peuvent être bloqués,
00:45:47par exemple, de manière légale et non violente.
00:45:49Et de même, par exemple...
00:45:51Ils peuvent être bloqués de manière légale
00:45:53et non violente.
00:45:55Bah oui.
00:45:57Il y a eu des manifestations,
00:45:59il y a eu des blocages de tirules l'an dernier,
00:46:01c'était légal d'une certaine façon,
00:46:03on se mettait juste devant, voilà quoi.
00:46:05Bien étudié le scope, pardon.
00:46:07Et c'est pas violent.
00:46:09C'est pas violent, on s'en prend à personne en fait.
00:46:11Je dis ça parce que parfois
00:46:13il y a vraiment cette distinction à opérer
00:46:15entre ce qui est légal et ce qui est violent.
00:46:17Et il y a beaucoup de médias
00:46:19qui font la confusion entre ce qui est illégal
00:46:21et ce qui est violent.
00:46:23Et souvent, dès qu'on contourne la légalité,
00:46:25même d'ailleurs quand on la contourne pas,
00:46:27on va nous dire non non mais c'est illégal
00:46:29donc c'est forcément mauvais.
00:46:31Et donc cette question,
00:46:33comment est-ce qu'on peut obstruer le système économique
00:46:35sans rentrer dans l'illégalité
00:46:37en faisant quelque chose de très matériel ?
00:46:39Ben ça, je vous convie à
00:46:41des formations qu'on donne avec le groupe
00:46:43Antitech Résistance.
00:46:45Justement, je pourrais vous intégrer
00:46:47à l'orgasme si vous voulez.
00:46:49Ça s'appelle Antitech Résistance.
00:46:51Antitech Résistance.
00:46:53Et donc nous,
00:46:55on élabore vraiment une stratégie basée sur
00:46:57le côté matériel en fait de ce système
00:46:59en se disant que
00:47:01c'est pas en fait en changeant les idées
00:47:03des gens, parce qu'on le voit
00:47:05avec le vote et tout ça,
00:47:07actuellement ça marche pas, à qui c'est qu'au pouvoir ce Macron ?
00:47:09Donc en fait, c'est pas comme ça
00:47:11qu'on va vraiment,
00:47:13pour moi c'est pas comme ça qu'on va changer les choses,
00:47:15c'est vraiment en s'attaquant aux endroits
00:47:17aux endroits
00:47:19aux endroits auxquels les gens
00:47:21sont matériels en fait.
00:47:23On les force à cesser,
00:47:25c'est finalement, oui, l'objet du chien.
00:47:27Au lieu de convaincre le groupe de ne pas tuer
00:47:29la personne qui est en face de lui, on lui arrache son
00:47:31ça, je sais pas, pour moi c'est évident.
00:47:33Mayali, comment tu réagis à ça ?
00:47:35Toi qui appelles justement à changer les choses par le vote,
00:47:37là il y a vraiment une vision du monde,
00:47:39enfin du militantisme, qui est différente
00:47:41sur l'urgence
00:47:43qui exige cette
00:47:45radicalité-là et cette
00:47:47obstruction des moyens de production
00:47:49de ces énergies polluantes.
00:47:51Alors moi j'ai parlé du vote et des imaginaires,
00:47:53mais je pense qu'il faut tout faire.
00:47:55Voilà.
00:47:59Et je pense que c'est
00:48:01effectivement très efficace,
00:48:03et c'est ce que dit Andreas Malm, c'est que
00:48:05le capitalisme en fait a besoin,
00:48:07enfin, on
00:48:09peut s'opposer au capitalisme en augmentant
00:48:11les risques, et
00:48:13Stop E-Cop l'a vachement bien fait,
00:48:15tu vois, d'augmenter les risques de plein de manières
00:48:17différentes, en ciblant
00:48:19les banques qui finançaient le projet, puis
00:48:21les assurances qui finançaient le projet, puis
00:48:23les AG de Total.
00:48:25Et ce que tu mentionnes,
00:48:27c'est aussi très efficace.
00:48:29Quelque part, c'est ce que fait
00:48:31Thomas quand il empêche un
00:48:33projet d'autoroute de se construire,
00:48:35c'est qu'il ralentit le projet, il augmente les risques
00:48:37financiers du projet, et
00:48:39souvent
00:48:41ça peut fonctionner.
00:48:45Antithèque
00:48:47résistance, là-bas.
00:48:49Est-ce qu'il y a une dernière
00:48:51question ? Est-ce que tu veux réagir, Thomas, avant
00:48:53à cette question du sabotage, dont on a quand même
00:48:55déjà évoqué, mais sur
00:48:57le fait d'avoir
00:48:59besoin du sabotage, peut-être en plus
00:49:01des actions que toi tu
00:49:03effectues, que Magali peut effectuer ?
00:49:05En tout cas, nous c'est sûr
00:49:07que sur le projet A69,
00:49:09on est en relation directe
00:49:11sur le terrain avec XR,
00:49:13les soulèvements de la terre, et on est plusieurs
00:49:15au regard. Je
00:49:17pense que, clairement,
00:49:19l'un ne va pas sans l'autre.
00:49:21Après, c'est pas l'ADN de mon association,
00:49:23mais
00:49:25le blocage, en tout cas,
00:49:27des chantiers,
00:49:29ça permet,
00:49:31justement, de pouvoir avoir l'action juridique
00:49:33qui peut arriver à son terme,
00:49:35parce que le projet A69,
00:49:37les recours sur le fond ne sont pas purgés, alors que
00:49:39si on écoute notre cher ministre
00:49:41de l'Intérieur à l'Assemblée nationale,
00:49:43il dit clairement que tous les recours ont été
00:49:45purgés. Mais bon, voilà,
00:49:47après, des fake news,
00:49:49il y en a tous les jours. Donc, voilà,
00:49:51le rôle des personnes sur le terrain, c'est de
00:49:53retarder les travaux pour que la justice puisse
00:49:55faire son travail, en espérant,
00:49:57bien entendu, que... Ce qui est compliqué,
00:49:59c'est que les juges sont pas mal inféodés
00:50:01au laboratoire Pierre-Fabre, dans le sud de la France,
00:50:03et qu'on prend souvent, quand même,
00:50:05des revers au niveau de
00:50:07recours qu'on dépose
00:50:09et qui sont, parfois,
00:50:11clairement... Enfin, pour nous, qui sont clairement
00:50:13actés comme étant...
00:50:15Enfin, qu'on devrait les gagner,
00:50:17quoi, et on ne les gagne pas.
00:50:19Donc, voilà,
00:50:21c'est compliqué, tout ça. On va pas refaire le monde ce soir,
00:50:23mais... Pourquoi pas.
00:50:25C'est un petit peu l'objectif, quand même,
00:50:27de ce débat. Est-ce qu'il y a une dernière
00:50:29question, tout au fond, là-bas ? Ah,
00:50:31il y en a deux de ce côté-là. C'est vrai, je ne vous ai pas
00:50:33regardé à chaque fois. Oui ? On entend.
00:50:35Moi, j'avais une question, mais c'est en fait...
00:50:37J'ai l'impression qu'on parle beaucoup entre personnes convaincues.
00:50:39Et souvent, on a tendance
00:50:41à rester dans le cercle un peu militant.
00:50:43Alors, les personnes convaincues, c'est comme ça.
00:50:45Et moi, quand je sors un tout petit
00:50:47peu de ma bulle, de ma surface sociale,
00:50:49je me rends compte que la plupart des gens,
00:50:51beaucoup de gens, ne le savent pas non plus.
00:50:53Et moi, je suis convaincue qu'il faut qu'un maximum
00:50:55de gens soient convaincus que ça change.
00:50:57Peut-être que je me trompe. Mais comment est-ce
00:50:59qu'on va faire, de dire ça ?
00:51:01Parce qu'il n'empêche que...
00:51:03Il y a quand même 30% des votes
00:51:05au Facebook de mon rating.
00:51:07Donc, il y a quand même des problèmes de ce côté-là.
00:51:09Merci pour cette question. Je la reformule
00:51:11rapidement pour ceux du fond, là-bas.
00:51:13Comment est-ce qu'on convainc
00:51:15de...
00:51:17de prendre conscience
00:51:19des enjeux qui se jouent ? Comment est-ce qu'on fait
00:51:21pour ne pas rester dans cet entre-soi militant ?
00:51:23Peut-être qu'il y a quelqu'un d'extrême-droite dans la salle qui veut venir
00:51:25et nous dire si on l'a convaincu.
00:51:27Thomas, dis-nous,
00:51:29parce que je t'ai vu réagir. Comment est-ce qu'on convainc
00:51:31blague à part ?
00:51:33Je veux bien réagir à ça parce que
00:51:35en ces temps de troublés,
00:51:37j'ai envie de vous dire,
00:51:39ça permet de reparler un petit peu...
00:51:41Reprenons l'exemple des guerres.
00:51:4339, 45 ou 14, 18.
00:51:45C'est toujours une poignée
00:51:47de résistants. En fait,
00:51:49j'ai lu un livre il n'y a pas longtemps.
00:51:51En gros, c'était
00:51:53entre 2 et 3 millions, si mes souvenirs sont bons,
00:51:55de personnes qui étaient
00:51:57clairement investies
00:51:59du fait que cette guerre, elle était
00:52:01pourrie et
00:52:03qui auraient aimé s'engager.
00:52:05Et parmi ces 3 millions,
00:52:07c'est 200 000 personnes qui ont
00:52:09libéré, en fait, qui ont permis par
00:52:11des actions
00:52:13des résistants. En fait,
00:52:15c'est 200 000 résistants qui ont permis que la France
00:52:17soit libérée. Donc moi, j'ai envie de vous dire,
00:52:19c'est toujours une poignée
00:52:21de résistants, en fait, et que ce soit dans les luttes pour
00:52:23le vivant, qui
00:52:25oeuvrent pour qu'une grande majorité en profite.
00:52:27Moi, je ne suis
00:52:29pas persuadé que de toute façon
00:52:31il faudra changer tout le monde. Ça, c'est pas possible.
00:52:33Il y a des personnes qui sont très bien dans leur confort
00:52:35et qui
00:52:37se foutent pas mal de ce qui va
00:52:39arriver. Voilà. Moi, j'ai l'exemple
00:52:41de personnes proches qui m'ont dit
00:52:43« Bon, écoute, Thomas, nos enfants, ils se débrouilleront,
00:52:45quoi. Super. »
00:52:47Voilà. Donc moi, aujourd'hui, je me dis
00:52:49non, il faut arrêter ça et il faut pas se
00:52:51désœuvrer parce que tout le monde ne suit pas.
00:52:53Faisons déjà, nous, quelque chose
00:52:55déjà. Et ensuite, voilà.
00:52:57Et autre chose d'important,
00:52:59la puissance que
00:53:01vous nous donnez sur les réseaux sociaux.
00:53:03Moi, avant de faire la grève de la faim, j'avais 3 000 personnes
00:53:05sur Instagram. Je ne me
00:53:07servais absolument pas de ces trucs-là parce que je n'arrivais pas à m'en
00:53:09servir et je suis toujours pas à m'en servir. Je fais du mieux que je peux
00:53:11mais bon, je suis une bille et ça me gonfle.
00:53:13Mais là, j'ai
00:53:1562 000 personnes qui me suivent
00:53:17et c'est aussi peut-être pour ça qu'aujourd'hui, on fait du bruit.
00:53:19C'est aussi peut-être pour ça que
00:53:21on devient
00:53:23un peu intouchable. C'est compliqué.
00:53:25Voilà. Et je vous le dis
00:53:27clairement, suivez les personnes qui font
00:53:29des choses. Donnez-leur de la puissance médiatique au niveau
00:53:31des réseaux sociaux parce que je pense qu'aujourd'hui,
00:53:33c'est comme ça que ça fonctionne.
00:53:35En tout cas, d'un mot, moi, je pense.
00:53:39Alors, je suis d'accord avec toi
00:53:41et à la fois.
00:53:45Moi-même,
00:53:47étant activiste
00:53:49beaucoup sur les réseaux sociaux,
00:53:51je pense qu'on a un énorme besoin de revenir
00:53:53à la vie quotidienne et
00:53:55sur le terrain. Et je pense que
00:53:57la situation dans laquelle on est,
00:53:59c'est peut-être aussi parce qu'on est trop
00:54:01sur les réseaux sociaux
00:54:03et qu'on parle plus assez aux
00:54:05gens autour de nous.
00:54:07Et là, on le voit,
00:54:09les clivages dans la
00:54:11société française sur
00:54:13énormément de points de rupture.
00:54:15Je pense que
00:54:19on gagnerait
00:54:21à
00:54:23parler à des gens
00:54:25qui pensent pas comme nous, avec des
00:54:27gens qui sont vraiment
00:54:29dans
00:54:31d'autres
00:54:33modes de vie, qui votent différemment
00:54:35de nous, etc.,
00:54:37pour recréer du lien.
00:54:39Et moi,
00:54:41je considère que mon ennemi, c'est
00:54:43les idées d'extrême droite,
00:54:45que c'est les représentants des partis,
00:54:47mais que c'est pas l'électorat
00:54:49d'extrême droite. Et moi, j'ai
00:54:51vraiment envie de
00:54:53renouer du lien et d'aller parler avec ces personnes-là.
00:54:55Donc, en fait, il faut aussi vraiment
00:54:57réussir, dans la vraie vie,
00:54:59à sortir de nos bulles de
00:55:01convaincus.
00:55:03Donc, on peut faire un peu les deux. On peut être sur les réseaux.
00:55:05Et effectivement,
00:55:07aller convaincre des gens dans la vraie vie. Il y avait une question
00:55:09là-bas, oui.
00:55:11Moi, je suis pas trop d'accord avec ce qui a été dit tout à l'heure,
00:55:13de comment on peut tout faire. Je pense
00:55:15qu'en fait, il y a un arbitrage à faire dans ce qu'on
00:55:17décide de faire, parce que justement, nos ressources,
00:55:19en tant que résistants, aujourd'hui, sont assez maigres.
00:55:21Comme l'a dit Thomas, moi, je pense qu'on
00:55:23pourra pas non plus convaincre tout le monde.
00:55:25Pas juste parce que les gens sont de mauvaise volonté,
00:55:27mais parce que les gens, aujourd'hui, ont été rendus matériellement
00:55:29dépendants du capitalisme pour vivre,
00:55:31pour se nourrir, manger, se loger,
00:55:33etc. Et du coup, en fait, il y a un
00:55:35enjeu à penser des actions de résistance,
00:55:37y compris, en fait,
00:55:39sans attendre d'avoir la majorité des personnes.
00:55:41Et aussi, sans penser
00:55:43toujours à cette espèce de truc de
00:55:45on peut tout faire à la fois, parce qu'il y a
00:55:47un contexte, aujourd'hui, de dégradation écologique
00:55:49accélérée, qui empire chaque année, qui fait
00:55:51qu'il faut réagir vite, et surtout
00:55:53efficacement, c'est-à-dire pas disperser son énergie.
00:55:55En 1939, on disait pas aux gens
00:55:57il faut voter pour les moins pires des collabos.
00:55:59On leur disait pas il faut trier vos déchets.
00:56:01On leur disait réfléchissez à comment vous pourriez essayer
00:56:03de pratiquement entraver
00:56:05le système de gouvernement qui vous oppresse,
00:56:07le système économique,
00:56:09et l'oppression des populations, quoi.
00:56:11Enfin, je sais pas, ça paraît logique.
00:56:13Et, en fait, aujourd'hui, l'écosystème climatique
00:56:15qu'on connaît, il est terrible aussi,
00:56:17et il doit nécessiter aussi des réflexions profondes
00:56:19sur la résistance, et sur la nécessité de justement
00:56:21pas se disperser. Pas se disperser
00:56:23dans des mauvaises actions, des mauvaises tactiques qui sont pas efficaces,
00:56:25et pas se disperser non plus dans des mauvaises solutions.
00:56:27Je pense que si aujourd'hui la gauche
00:56:29et l'écologie déçoient, c'est notamment parce qu'il y a
00:56:31eu un grand manque de clarté sur
00:56:33qu'est-ce que c'est la transition écologique.
00:56:35Quand on vend des panneaux solaires, des éoliennes,
00:56:37les gens se rendent compte qu'on se fout de leur gueule.
00:56:39On voit bien que ça dépend du pétrole,
00:56:41on voit bien que ça détruit les écosystèmes.
00:56:43Ce qu'il nous faut, c'est une décroissance radicale,
00:56:45redonner de l'autonomie en population,
00:56:47et s'organiser matériellement et efficacement pour passer
00:56:49de lutte défensive à de lutte offensive
00:56:51où on cible l'infrastructure du système pour la mettre à l'arrêt.
00:56:53Voilà.
00:56:55Je pense que là tout le monde a entendu.
00:57:01Est-ce que vous voulez réagir
00:57:03à ces paroles ?
00:57:09C'est vrai qu'il y a un talent oratoire.
00:57:11Je pense que ce discours-là,
00:57:13je pense que c'est pas la première fois que tu le tiens,
00:57:15parce qu'on sent qu'il vient du cœur.
00:57:17Une fois de plus, quand on dit arrêtons de penser,
00:57:19là c'est un discours qui vient du cœur.
00:57:21Donc on est capable de faire plein de choses.
00:57:23Il vous a déjà tenu en haleine
00:57:25pendant deux minutes.
00:57:29Je pense qu'aujourd'hui, c'est le cœur qu'il faut refaire travailler
00:57:31quand ça ne va pas, quand c'est pas correct,
00:57:33quand vous trouvez que ça ne fonctionne pas.
00:57:35Il ne faut plus se poser la question,
00:57:37il faut dire stop, là il y a un truc qui ne va pas.
00:57:41Je suis d'accord avec toi en vrai.
00:57:43Et quand je dis qu'il faut tout faire,
00:57:45je ne parle pas de tout le monde
00:57:47doit tout faire, c'est impossible.
00:57:49Il faut partir effectivement du constat,
00:57:51du diagnostic et de la meilleure stratégie à mener.
00:57:53Et à partir de là,
00:57:55que chacun voit
00:57:57comment il peut agir au maximum de ses capacités
00:57:59et tout le monde ne va pas être au même endroit.
00:58:01Et on ne peut pas demander à tout le monde
00:58:03d'être un résistant,
00:58:05on ne peut pas demander à tout le monde
00:58:07de faire ce que fait Thomas.
00:58:09Donc en fait,
00:58:11dans cette projection
00:58:13d'un nouveau monde et la stratégie pour y arriver,
00:58:15chacun doit trouver sa juste place
00:58:17là où il va être le meilleur,
00:58:19là où ça va lui donner de la joie
00:58:23et là où il va pouvoir être au max.
00:58:25Merci beaucoup.
00:58:27Une dernière intervention parce que
00:58:29malheureusement l'heure est écoulée
00:58:31et que nous allons devoir terminer cette session
00:58:33pour boire abondamment.
00:58:35Une dernière intervention.
00:58:37Bonsoir.
00:58:39Je voulais vous demander quelles étaient vos solutions
00:58:41d'économie écologique ?
00:58:43Les solutions d'économie écologique ?
00:58:45Ah !
00:58:47C'est une discerte de philo
00:58:49et d'économie à la fin
00:58:51de cette conférence.
00:58:53Petit plot twist.
00:58:55C'est super compliqué.
00:58:57C'est Arthur Keller qui mentionne
00:58:59que l'enjeu c'est d'arrêter de produire
00:59:01des déchets. Globalement je suis d'accord.
00:59:03Après il y a plein de manières de l'incarner,
00:59:05l'économie circulaire,
00:59:07régénérative,
00:59:09en s'inspirant la plupart du temps
00:59:11du biomimétisme, donc de ce que fait la nature
00:59:13mais c'est commencer par
00:59:15arrêter de produire des déchets.
00:59:17Très très belle improvisation.
00:59:19Thomas, est-ce que tu...
00:59:21Je suis désolé, j'ai pas écouté la question.
00:59:23C'est les exemples
00:59:25d'économie écologique.
00:59:27Les exemples d'économie écologique.
00:59:29C'est comment tu conçois l'économie écologique.
00:59:31L'économie écologique.
00:59:33Alors là...
00:59:35On n'est pas obligé de répondre à toutes les questions.
00:59:37Là je suis désolé.
00:59:39Je sèche.
00:59:41Je trouve ça super de parfois dire qu'on sait pas.
00:59:43Oui non parce qu'en fait moi je me dis pas
00:59:45avoir la réponse à tout.
00:59:47Et puis non, là il faudrait
00:59:49que je le réfléchisse et on revienne demain.
00:59:51Vous êtes là demain ?
00:59:53Bon en tout cas merci beaucoup à Cinema4Change
00:59:55pour l'organisation de ce débat.
00:59:57Merci beaucoup d'avoir été aussi calme.
00:59:59Incroyable.
01:00:01Merci à tous les deux.
01:00:05Et merci à la Rotonde
01:00:07d'accueillir ce débat.
01:00:09Bonne soirée.

Recommandations