Ce jour-là - La magie de Noël

  • il y a 3 mois
Quatrième des derniers Jeux Olympiques de Pyeongchang, le slalomeur Clément Noël, se présente quatre ans plus tard à Tokyo, après trois courses décevantes en Coupe du Monde. Suite à une première manche décevante, dans laquelle il termine à la 6ème place à 0''38 de Johannes Strolz, parviendra-t-il à remporter une médaille ?

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Transcript
00:00Quand j'arrive sur place aux Jeux à Pékin, au village olympique, je découvre qu'on est
00:10comme des enfants qui ouvrent un cadeau, c'est-à-dire que tu arrives dans un endroit
00:15tout nouveau et tu découvres les grosses infrastructures des Jeux olympiques, des trucs
00:20assez énormes et c'était plutôt bien organisé, c'était assez impressionnant.
00:23Ça manquait un peu de neige évidemment, mais les conditions étaient super bonnes
00:29et donc quand on a fait les premiers entraînements, je me suis senti bien sur la neige.
00:32Avant les Jeux, j'avais eu plusieurs courses qui étaient compliquées, cette mauvaise
00:37passe du mois de janvier, c'est sûr qu'elle fait gamberger, elle le fait douter, mais
00:41en fait on arrive aux Jeux et on doit s'auto-persuader que peu importe tout ce qui s'est passé
00:45avant, c'est une course à part.
00:48De toute façon, je n'ai pas le choix, si je veux rentrer avec une médaille, je n'ai
00:55pas de calcul à faire.
00:56J'avais de très bonnes sensations à l'entraînement, mais la première manche, je n'ai pas passé
01:03aussi bien que prévu.
01:04Tout le haut très bien, jusqu'au deuxième intermédiaire très bien, en bas le tracé
01:09était plus difficile avec quelques petits passages où il fallait être intelligent
01:14et j'ai été trop précautionneux.
01:15J'étais sixième à 38 centièmes, donc 38 centièmes c'est faible, donc ça va,
01:23je m'en sors bien, mais c'est un écart quand même à rattraper.
01:26Je suis un peu frustré, je me dis « attends, c'est les Jeux, tu skis bien toute la semaine
01:30et là tu fais une manche très moyenne, ce n'est pas du boulot ça. »
01:42Entre les deux manches, on a à peu près trois heures, trois heures et demie.
01:46J'ai un copain qui a été très cool parce qu'il m'a tenu compagnie tout le long entre
01:51les deux manches pour qu'on discute, pour pas que j'ai trop de pensées dans ma tête.
01:54C'est Cyprien Sarrazin qui lui avait fait le géant la veille et c'était grave bien
01:58parce qu'on a parlé comme s'il n'y avait pas de course, comme s'il n'y avait pas
02:02de Jio et ça permet d'avoir la tête qui ne se referme pas sur elle-même.
02:06Et après, plus la deuxième manche se rapproche, plus il y a un petit peu de tension.
02:11C'est parti, maintenant il ne faut pas calculer, il ne faut pas réfléchir.
02:14Moi dans la manche, je ne sais pas si c'est très bien ou si c'est juste bien ou si c'est
02:18moyen, mais je sais que j'ai fait du beau ski, du bon ski assez propre et je me demande
02:25si ça suffit en termes d'engagement, si j'ai pris tous les risques nécessaires.
02:28Pour que je kiffe vite, il faut que j'ai de l'envie, il faut que j'ai l'envie d'aller
02:38vite, mais il faut surtout que j'ai le focus de mon esprit sur la technique, sur le fait
02:44d'être calme, sur le fait d'être juste, sur le fait d'être simple et même des fois
02:49de skier un peu à 80% dans l'idée, c'est quelque chose qui est surtout sur le feeling,
02:55la fluidité.
02:56Et si j'ai trop de, ça ne m'arrive pas souvent, mais si j'ai trop de rage pour aller
03:00vraiment vite et bouffer les autres, ce n'est pas ça qui marche, ça peut me faire me précipiter,
03:06faire des choses qui sont mauvaises.
03:07Ce n'est pas le moment d'inventer quelque chose à la deuxième manche des Jeux Olympiques.
03:14Quand je passe la ligne et que je vois 86 centièmes d'avance, sachant que j'étais
03:22à 38 centièmes de la gagne, en règle générale, ça veut dire que c'était vraiment bien et
03:27ça veut dire qu'il y a une chance de remonter, le podium était quasiment assuré.
03:31Je suis très stressé sur l'attente des cinq derniers mecs à passer.
03:40J'envoie un premier qui arrive plutôt assez loin derrière, je me dis que c'est bon signe,
03:50ça veut dire que la manche était vraiment bonne, parce que je n'avais pas une grosse
03:52référence non plus, je ne savais pas trop.
03:55Ensuite, ça repasse derrière, mais à chaque fois, il reprenait du temps au premier intermédiaire,
03:58donc c'était encore plus stressant.
03:59Et après vient la fin où Johannes Rolls s'élance.
04:02Mais bien sûr, quand le dernier s'élance et que tu sais que tu as fait vraiment le
04:11job, tu n'as pas envie qu'il te passe devant, tu as envie de gagner.
04:14Le stress, je le vois partir, ce qui est plutôt bien.
04:17Il perd du temps régulièrement et quand il passe le dernier intermédiaire avec 31 centièmes
04:21de retard, Sébastien Fossolvag, le Norvégien qui fait troisième, tape dans le dos en me
04:28disant bravo, c'est gagné, on ne sait jamais des fois qu'il fasse un bas exceptionnel.
04:33Et non, il n'a pas fait un bas exceptionnel, il a fait un bon bas, mais sans plus.
04:42Après, une fois qu'il passe la ligne, je suis dans mon truc.
04:58Il y a beaucoup d'émotions qui viennent tout de suite et je ne sais pas à qui je
05:03pense ni à quoi je pense.
05:04Je ne sais pas, je suis juste heureux, soulagé, beaucoup de fierté, plein de trucs qui se
05:08mélangent d'un coup.
05:09Et en fait, je ne vois pas ce qui se passe autour de moi, je suis assez dans ma tête.
05:15Et d'ailleurs, Johannes Rolls, sur le coup, je ne sais pas combien il est parce qu'il
05:19arrive deux en bas.
05:20Mais moi, à partir du moment où j'ai vu le rouge, ça se trouve, il aurait pu faire
05:24cinq ou sixièmes.
05:25J'en savais rien.
05:26Du coup, on voit à la vidéo, je vais le voir, je tape dans la main, il me dit « bravo
05:30» et j'hésite à lui dire « toi aussi » parce que je ne sais pas combien il est.
05:34J'étais un peu dans un autre monde, mais ça revient vite sur terre après.
05:39Je rentre dans l'histoire du style français de par ce titre et c'est une fierté d'être
05:56associé à des noms comme Jean-Claude Killy, Jean-Pierre Vidal et tous les autres champions
06:00olympiques français parce que ça faisait quand même un petit moment qu'il n'y avait
06:03pas eu de titre.
06:04Et je trouve que c'est aussi une belle récompense pour notre équipe, même si c'est avant
06:07tout une récompense pour moi, mais pour notre équipe qui finalement a peu gagné
06:12de médailles d'or ces dernières années, mais on a une équipe qui est hyper forte
06:17et du coup, c'était une anomalie de ne pas avoir vu de médailles d'or sur les trois
06:22dernières Olympiades.
06:23Donc voilà, c'est quelque chose qui est réparé, je pense que ça a fait du bien
06:26aussi à toute l'équipe.
06:27Ce jour-là, il n'a pas changé ma vie véritablement.
06:31Alors oui, maintenant je suis champion olympique, c'est quelque chose que je garderai pour
06:35toujours.
06:36Je le vois comme un gros accomplissement sportif et donc c'est ça qui me rend fier, c'est
06:40pour moi avant tout et pour mes proches qui sont fiers de moi.

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