La dernière chance est passée. Renaud Lavillenie a échoué trois fois à 5,72 m dimanche aux Championnats de France à Angers. Il n'ira donc pas aux Jeux Olympiques.
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00:00Bonjour, je sais que ce n'est pas facile de parler après un échec.
00:03Tu n'as pas pu essayer de franchir les 5,82 mètres pour te qualifier
00:07puisque tu as manqué ton troisième essai à 5,72 mètres.
00:10Qu'est-ce qui ne s'est pas bien passé ?
00:15Ce qui ne s'est pas bien passé, c'est que les conditions aujourd'hui ont été
00:19un peu particulières, un peu compliquées
00:22parce qu'au-delà de ma performance,
00:25globalement, on n'a pas non plus été extraordinaires
00:29au niveau des perfs.
00:32Pour un mec comme moi qui est en recherche de repères,
00:36en recherche de plein de choses,
00:37je n'ai pas réussi à me libérer tout simplement sur la course.
00:41Ça ne joua pas grand-chose à 5,72 mètres,
00:44mais trop pour arriver à passer.
00:48J'étais dans un contre-la-monde, dans un pari,
00:51quoi qu'il arrive, qui était osé et qui était dur.
00:55J'ai été jusqu'au bout.
00:57J'échoue pas grand-chose, entre guillemets,
00:59mais voilà, c'est le sport de haut niveau, c'est comme ça.
01:02Au moins, aujourd'hui, j'ai donné tout ce que j'avais
01:05et j'ai réussi à me battre.
01:07Malgré tout, le fait de sécuriser le podium,
01:10ce n'est peut-être pas anodin dans une discipline
01:13aussi aléatoire et aussi dense que l'on peut avoir en France.
01:16Comment tu t'es senti juste avant de sauter ?
01:18Qu'est-ce qui s'est passé dans ta tête ?
01:19Est-ce que tu y croyais ou est-ce que tu sentais que ça n'allait pas passer ?
01:24Physiquement, objectivement, je me sentais bien.
01:29Par rapport aux dernières péripéties que j'ai pu avoir sur le mois de juin,
01:34je sentais que j'avais les armes pour,
01:36mais le seul truc, c'est que je n'arrivais pas à me lâcher,
01:41je n'arrivais pas à me libérer, comme beaucoup d'autres d'ailleurs.
01:44Il a fallu que je joue un petit peu avec les conditions.
01:47C'est là où c'est frustrant,
01:50parce que ça aurait été des conditions très bonnes
01:55où j'aurais fait le même résultat.
01:56Là, oui, il y aurait beaucoup de déceptions
01:58parce que je serais passé complètement au travers.
02:01Là, il y a quand même le sentiment d'avoir donné le maximum.
02:06J'y ai cru jusqu'au bout,
02:07mais je pense que vous avez vu les images à la fin.
02:11Mon dernier essai, je suis obligé de partir à la fin du décompte
02:15avec un vent qui est de face.
02:17Sauf qu'on n'est pas des avions,
02:18on a besoin d'un vent dans le dos et pas dans la gueule pour décoller.
02:23Du coup, on n'est pas libéré, on a un petit manque de vitesse.
02:28En fait, c'est des tout petits, pas grand-chose
02:30qui font qu'à la fin, c'est compliqué.
02:35Ça faisait partie du jeu.
02:38C'est la frustration, je dirais,
02:40de ne pas avoir eu les conditions pour s'exprimer pleinement.
02:45Mais voilà, il faut les accepter et aller de l'avant.
02:50C'est Timothée Mémon qui est journaliste sur la chaîne L'Équipe.
02:52Bonjour Renaud, félicitations pour votre carrière en tout état de cause.
02:56Mais vous avez dit plusieurs fois, j'ai pas réussi à me libérer.
02:59On n'est pas beaucoup à être spécialiste de l'athlétisme,
03:02même ceux qui le sont n'ont pas forcément tenu une perche dans les mains dans leur vie.
03:07C'est quoi ne pas être libéré ?
03:08C'est-à-dire que pendant votre course d'élan,
03:09vous pensez à l'enjeu qu'il y a de participer au JO.
03:12C'est quoi le blocage ?
03:16Non, en fait, c'est pas un blocage.
03:19C'est vraiment par rapport aux conditions.
03:22C'est-à-dire que pour la faire courte, pour courir vite,
03:26c'est mieux d'avoir du vent de dos que d'avoir du vent de côté ou de face.
03:31Ça, c'est de la physique pure et dure.
03:33Et le truc, c'est que nous, on a une perche,
03:35ce qui fait que c'est une prise au vent,
03:36qui du coup décuple un petit peu plus l'effet du vent.
03:39Et quand on est dans la course et que le vent va venir de côté,
03:43forcément, il va pousser la perche, il va te pousser toi.
03:45Donc avant déjà d'aller vite, il faut penser à aller dans l'axe,
03:49il faut penser...
03:50Et en fait, c'est ça, le côté d'être pas libéré,
03:51c'est que t'es obligé de dépenser une énergie supplémentaire
03:55sur des choses, sur des paramètres que tu pourrais ne pas avoir à faire.
04:00Et t'es toujours un petit peu dans l'attente jusqu'au décollage
04:03d'être sûr d'être au bon endroit, d'avoir le minimum de vitesse
04:06pour pouvoir déclencher, pour pouvoir faire partir le saut.
04:08Et donc voilà, c'est ce qui pêche un petit peu,
04:12c'est ce qui a pêché pour beaucoup.
04:14Parce qu'on a quand même tous été un petit peu dans ces mêmes conditions-là.
04:18Et donc d'autant plus que moi, avec un manque de repères,
04:22j'avais besoin de jouer sur ce côté un petit peu,
04:25d'être libéré dans la course, d'être plus relâché, si vous voulez.
04:29Sauf que quand t'es à chaque appui, tu te dis,
04:34est-ce que le vent, il va me laisser tranquille ou pas ?
04:37En fait, c'est compliqué.
04:39Donc tu joues avec les éléments et ces éléments-là, du coup,
04:43ils peuvent te jouer des tours aussi.
04:44C'est François-Xavier de Châteaufort qui a commenté ces épreuves cet après-midi.
04:49Je te le passe, il est avec nous en plateau.
04:50Bonjour Renaud.
04:52La saison a été compliquée, on le sait, pour toutes les différentes raisons
04:55qu'on a évoquées avec Maryse Evangepé qui était à mes côtés cet après-midi.
05:00Après cette saison très compliquée, il y en a beaucoup qui dirait
05:04j'en ai assez, je ne veux pas revivre ça parce que c'est trop, c'est trop.
05:07Toi, on le sait, tu es un passionné, un amoureux de la perche.
05:10Tu vas continuer, mais comment tu envisages la suite ?
05:14Même si c'est un peu trop tôt maintenant, bien évidemment.
05:16Comment tu vois l'année prochaine ou la suite, tout simplement ?
05:19Finalement, parce qu'il y a encore un après les Championnats de France à Angers.
05:24On veut y croire.
05:26Ah oui, de toute façon, le truc, c'est que pour moi,
05:29les France n'étaient pas le truc où tout va bien, je continue,
05:33tout va mal, j'arrête.
05:34Ça n'a jamais été le cas.
05:38Je dirais le futur proche, il est déjà d'aller faire le meeting de Paris au Charletti.
05:46Voilà, c'est dans une semaine, ça va être de continuer.
05:49Mine de rien, il y a deux choses.
05:52C'est que, un, je n'ai pas fait cette opération pour rien il y a neuf mois.
05:58J'avais deux objectifs.
05:59Le premier, c'était de pouvoir refaire ce que j'aime au quotidien,
06:02sans se dire je veux être le meilleur, etc.
06:06Je veux juste refaire du saut à la perche, sans douleur.
06:08Ça déjà, c'est coché, c'est validé.
06:10Je refais du saut à la perche, je reprends du plaisir.
06:13Et ça, c'est important.
06:14Et dans l'idée de pouvoir se projeter dans pas mal d'années,
06:18où se dire j'ai ce rêve de pouvoir sauter avec mes enfants dans un certain moment,
06:24que ce soit dans mon jardin, que ce soit au stade, peu importe.
06:27Mais voilà, il y a ça qui me motive, qui fait que je ne vais pas arrêter la perche.
06:32Et le deuxième, c'est qu'avec un temps à partir qui a été très dense,
06:36j'ai quand même réussi à retrouver un niveau,
06:38et à me battre avec des mecs dans l'absolu.
06:44J'ai le même niveau tout de suite que les deux troisièmes français.
06:48Il ne m'a manqué pas grand-chose,
06:50et peut-être suffisamment pour que ça ne passe pas ce déclic-là.
06:54Donc pour moi, je continue déjà à me projeter sur la fin de saison.
06:58Je vais avoir des meetings au mois d'août qui peuvent être assez sympas.
07:02Je me dis que je n'ai juste pas fait ça pour rien.
07:05Et puis après, commencer à penser à 2025 tout simplement.
07:09La page 2024 en termes de championnat est tournée.
07:12Maintenant, 2025, il peut y avoir des trucs assez sympas.