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Pour la première fois, une alternance radicale est vraisemblable depuis 40 ans. Sauf que le pays est en bien plus mauvaise forme qu'à l'époque : finances publiques, travail, démographie...
Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 01 juillet 2024.

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Transcription
00:007h38, bonjour François Lenglet.
00:05Bonjouri, bonjour à tous.
00:07C'est la première fois depuis 1981 que se profite d'une perspective d'alternance politique radicale,
00:12mais le pays n'est pas du tout dans le même état qu'à l'époque.
00:14Mais pas du tout. Pas du tout. La grande différence, bien sûr, c'est l'état des finances publiques.
00:18En 1980, figurez-vous que le budget est à peu près à l'équilibre et la dette à 20% du PIB seulement.
00:26On est aujourd'hui pas loin de 5-6% du déficit avec une dette supérieure à 110.
00:32Donc c'est très différent. Tout ça pour dire que le coût d'une expérience radicale n'est pas du tout le même aujourd'hui
00:38à partir d'une situation qui, sur ce plan-là, est beaucoup plus dégradée.
00:42Alors, sur l'économie elle-même, quelles sont les différences ?
00:45Mais là aussi, on sortait d'une longue période de croissance, quoiqu'on en dise.
00:48On avait l'impression que c'était la crise.
00:50Mais on sortait des 30 glorieuses. 4, 5, 6% de croissance.
00:54L'industrie représentait 37% du PIB, contre un peu plus de 10% aujourd'hui.
00:59Et puis surtout, on investissait massivement pour l'avenir.
01:03C'était le TGV, les centrales nucléaires, le plan téléphone.
01:06On équipe la France de centraux téléphoniques.
01:08Alors qu'aujourd'hui, la dépense publique, elle est utilisée bien davantage pour la redistribution.
01:14Et du coup, ça nous met aussi dans une situation de vulnérabilité.
01:17Alors, sur le plan du travail, ça donnait quoi ?
01:19Différence considérable.
01:21C'est-à-dire que le nombre d'heures de travail par GUS, par français, était beaucoup plus élevé.
01:27D'abord, parce qu'on travaillait 40 heures par semaine, on avait moins de congés.
01:32C'était d'ailleurs plus difficile.
01:33Et puis, et puis, et puis, c'était la retraite à 65 ans.
01:37C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on part à la retraite bien plus tôt qu'à l'époque,
01:39alors que l'espérance de vie est plus longue.
01:42Donc, si vous voulez, le potentiel de croissance était plus élevé.
01:46J'ajoute que sur le plan démographique,
01:48on avait des classes d'âge qui faisaient que la population active augmentait de façon continue,
01:53de centaines de milliers de personnes par an.
01:56Aujourd'hui, on est quasiment à l'équilibre, c'est encore positif.
01:59Mais limite, ça veut dire que la part des ressources nationales qu'on doit mobiliser
02:03pour la retraite et pour la santé, elle est aujourd'hui beaucoup plus importante.
02:06Alors, question.
02:07À l'arrivée des socialistes, en 1981, la France avait dévalué.
02:11On ne pourrait plus le faire aujourd'hui ?
02:12Ah ben non.
02:13À l'époque, il y avait le franc.
02:14Et vous savez, c'était un peu l'ardoise magique.
02:17C'est-à-dire que ça a été utilisé par tous les gouvernements,
02:20pas seulement par la gauche.
02:21De Gaulle l'a fait en 58, en 68 également.
02:25On augmentait les salaires, et puis on dévaluait quelques mois plus tard.
02:30Je te reprends d'une main ce que je t'ai donné de l'autre.
02:32Pas tout à fait d'ailleurs, parce que ça faisait de l'inflation, mais les salaires étaient indexés.
02:35Donc, les salariés étaient relativement protégés.
02:38Celui qui a trinqué à l'époque, c'est l'épargnant.
02:40Lui, vous voyez, son pécule dévalorisé.
02:43Rien de tel aujourd'hui, évidemment.
02:45L'union économique et monétaire, l'euro, nous interdit de le faire.
02:48Alors, ce sera la dernière question.
02:49Qu'est-ce qui se passerait en cas de plongée de la compétitivité ?
02:52Justement, par moyen de corriger avec l'artifice monétaire.
02:54Du coup, ça se traduit par, mécaniquement, un déficit de croissance et d'emploi
02:59qui, lui-même, peut donner lieu à dérapage budgétaire et donc à crise de financement.
03:03Et c'est là où on trouve un nouveau sujet, si vous voulez.
03:07C'est que tout ça peut provoquer une crise européenne
03:10à cause de la Banque Centrale Européenne, qui est une coopérative
03:14dans laquelle nous n'avons qu'une part des voies.
03:16Pour résumer, la situation économique et budgétaire est beaucoup moins favorable qu'en 80
03:21et les limites que nous nous sommes nous-mêmes mises
03:24sont beaucoup plus contraignantes qu'alors.
03:27Merci beaucoup, François Langlère.
03:28Tel, il est 7h.

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