• il y a 3 mois
Thierry Lengrand nous emmène découvrir ce ruisseau petit par sa taille mais grand par son histoire.
Transcription
00:00Nous partons aujourd'hui à la découverte d'un cours d'eau très discret.
00:05Pour découvrir le ruisseau de Tupini puisqu'il s'agit de ce ruisseau,
00:09il faut plonger dans l'intimité de la géographie de notre ville
00:14et cela nous permettra de suivre le cours de l'eau en périphérie du château.
00:21Et ça nous permettra aussi d'évoquer l'histoire de notre ville
00:25et l'intimité qui relie nos ancêtres avec ce ruisseau totalement oublié de nos jours.
00:34Le ruisseau de Tupini trouve sa source en contrebas de la rue de Fémy,
00:40à environ 700 mètres après le pont du chemin de fer qui conduit vers Mazinguien-Bazuel.
00:49Le pont de chemin de fer construit au-dessus de la ligne SNCF Paris-Bruxelles
00:54qui était une ligne prestigieuse ouverte en 1855
00:58qui aujourd'hui dessert modestement les gares de Buzini et d'Aulnoy.
01:03Autrefois c'était les trains Paris-Moscou qui passaient par là.
01:06Vous voyez le prestige perdu de notre ville.
01:09On est là donc à 130 mètres environ d'altitude.
01:12Le lit du ruisseau creuse un sillon vers le nord.
01:17En 1855, lors de la construction de la ligne de chemin de fer,
01:22un remblai doit être aménagé pour franchir le ruisseau de Tupini.
01:28Il faut savoir que la topographie du château est extrêmement compliquée
01:31et le ruisseau de Tupini en est une illustration.
01:35D'importantes masses de terre sont nécessaires pour ce travail,
01:41pour ce déblai et les remblais qui vont l'accompagner.
01:46Toutes ces masses de terre sont prélevées dans les déblais proches
01:50qui sont issus de deux tranchées ouvertes à l'est sur la rue de Fémy
01:56et à l'ouest parallèlement à la route de Basuel.
02:00Sous le remblai, un tunnel maçonné assure la stabilité de l'ouvrage.
02:07Il mesure plusieurs dizaines de mètres de long
02:10et ensuite le ruisseau décrit une courbe sur sa gauche.
02:14C'est à cet endroit que la vieille décharge d'ordure venait le polluer jusqu'aux années 1980.
02:21Aujourd'hui, cette décharge d'ordure a heureusement laissé place à un arboretum.
02:25Une autre voie ferrée, celle qui allait du château à Catillon,
02:30vient alors imposer un second remblai au ruisseau.
02:36Le petit train du Camp Brésil croisait le cours d'eau
02:41en l'obligeant à un passage sous un autre tunnel.
02:47Ça va bientôt devenir le tunnel sous la Manche, c'est un ruisseau de Tupini.
02:51Face à lui, le ruisseau de Tupini venait encore buter
02:55contre le talus parallèle à la rue de Landrecy.
02:59Par le même tunnel, il passait sous une autre voie ferrée,
03:03celle qui, cette fois, conduisait le train du château à Valenciennes,
03:07une ligne construite à la fin du XIXe siècle, vers 1885.
03:12C'est ensuite le bosquet qui cache le ruisseau.
03:17Sur sa gauche, il longe le cimetière municipal aménagé vers 1848-1849.
03:23La rue de Landrecy, donc la départementale 643,
03:27offre un tracé au relief accentué venant du centre-ville.
03:33Cette longue descente, proche de la rue des Hurets,
03:37se poursuivait par une montée vers Basuelle.
03:41Dans le bas de la descente, entre montée et descente,
03:45une galerie souterraine canalise aujourd'hui le ruisseau.
03:50Ce dernier franchissait la route par une sorte de gaie,
03:54que l'on appelait le pont Périlleux.
03:57La ville du château est synonyme d'aventure.
04:01A partir de là, le cours d'eau serpentait dans une vallée profonde.
04:05A droite, la rue des Hurets le surplombe,
04:08et à gauche, la rue de Tupini laisse deviner un relief abrupt
04:13qui porte des jardins en gradin.
04:16Par un court tunnel, encore un,
04:18le ruisseau passe sous la rue de la Fontaine à Gros Bouillon,
04:22qui est en forte pentèle aussi.
04:25Cette rue évacuait plutôt autrefois les eaux des fortes pluies,
04:34en particulier au moment des orages d'été qui sont assez intenses.
04:39Son nom, la Fontaine à Gros Bouillon,
04:44évoquait des flots furieux et menaçants.
04:48Par le même tunnel, la rue Chansy est franchie.
04:53C'est alors que le ruisseau retrouve enfin la lumière du jour.
04:58Il coule parallèlement au lavoir du Pavillon,
05:02un bassin de grande dimension
05:05qui recueille les eaux de plusieurs sources souterraines
05:09venues de ce quartier.
05:11Une centaine de mètres plus loin,
05:13voilà le pont étroit établi à l'extrémité de la rue de Bayon.
05:18Enfin, le cours d'eau peut s'élargir un peu
05:22en serpentant dans les pâtures,
05:24où il va rejoindre la Selle,
05:26c'est donc le confluent du ruisseau et de notre rivière.
05:30La Selle, venue de l'Aisne,
05:32est partie se diriger vers Montez, Solème et Denain,
05:36où elle va se jeter dans les eaux de l'Esco.
05:40Donc, après 2500 mètres de parcours un peu complexes,
05:45notre ruisseau de Tupini marie ses eaux avec celles de notre rivière.
05:50Nous avons ensuite suivi le cours du ruisseau.
05:53Il est aujourd'hui discrètement caché dans les replis de notre ville.
05:58Il nous reste maintenant à évoquer son rôle,
06:01le rôle qu'il a joué dans l'histoire de notre cité
06:05et l'intimité que nos ancêtres entretenaient autrefois avec lui.
06:10Jusqu'au début du XIXe siècle,
06:13plusieurs sources alimentaient la vallée du ruisseau de Tupini.
06:17Elles provenaient du plateau agricole proche de la ferme du Kenley,
06:22entre la rue de Fémy et la route de Guise.
06:26Les sources, autrefois, étaient proches d'une altitude d'environ 145 mètres,
06:30donc beaucoup plus haut qu'aujourd'hui.
06:33Vers 1850, notre ville devient un centre industriel,
06:37en particulier avec le développement des usines Seydoux.
06:41Le besoin d'eau pour alimenter les usines
06:45amène une baisse du niveau de la nappe phréatique.
06:49C'est ainsi que les sources lointaines du ruisseau de Tupini
06:53vont bientôt se taradir.
06:56A l'occasion de l'aménagement du cimetière municipal,
06:59vers 1848-1849,
07:02une voûte aux tracés incertains
07:05permettait de canaliser le ruisseau.
07:08Ceci n'empêche pas, au fil des décennies,
07:11quels quotidiens ou fémurs oubliés dans les sépultures
07:14de venir se noyer dans les flots.
07:17A la fin du XIXe siècle, la construction de l'hermitage à Saint-Louis,
07:21plus tard occupé par la colonie de vacances des Ukrainiens,
07:25va donc bénéficier d'un puit.
07:29Il faut dire que les sources sont nombreuses dans le secteur.
07:32A cette même époque, le pont Périlleux,
07:35la route de l'Androssie, va disparaître.
07:38Un tunnel capte les eaux du ruisseau,
07:41qui devient alors invisible
07:44avant de plonger dans les fossés de la rue d'Éhuré.
07:48Ce tunnel, dont la maçonnerie est de bonne qualité,
07:52mesure environ 1,50 m de haut,
07:56quelques dizaines de mètres de longueur,
07:59et il se trouve en contrebas des fossés
08:02de la rue d'Éhuré.
08:06C'est un véritable décor digne d'un film d'horreur,
08:10parce qu'au fil des décennies,
08:13cette voûte se trouve entourée de matériaux divers,
08:17gravats, briques, chiffons,
08:20résultat d'un dépôt de déchets venu s'installer là
08:23à la suite de la tornade du Pomeroy en juin 1967.
08:27On ne savait pas quoi faire des gravats,
08:30où c'était assez discret.
08:32Tout cela n'empêche pas la biodiversité locale
08:35de s'y épanouir.
08:37En particulier, les chauves-souris seraient nombreuses,
08:40tout comme les infortunés cadavres d'animaux
08:43piégés par les crues, parfois après les orages.
08:46De part et d'autre du Ravin,
08:49et donc du Cournot,
08:52les jardins riverains dévalent.
08:55Au cours des années 1960,
08:58la chapelle maladroitement édifiée au fil de la pente
09:02n'hésitait pas à s'écrouler,
09:05défiant bien sûr de leur fondation
09:08les lois de l'équilibre.
09:11On parlait alors de maisons qui avaient fondu,
09:14c'est un terme local.
09:17Plus insolite, une chapelle fort modeste
09:20fut un jour édifiée à mi-pente,
09:23bien au-dessus du ruisseau moyen des eaux.
09:26La chapelle était construite à peu près
09:29à 2 mètres au-dessus du niveau moyen des eaux,
09:32qui est un niveau extrêmement moyen,
09:35pour ne pas dire pratiquement inexistant.
09:38Cette chapelle abritait une statue
09:41plus ou moins miraculeuse,
09:44vénérée pour la guérison des enfants chétifs
09:47qui étaient malheureusement autrefois nombreux
09:50dans cette ville ouvrière.
09:53La coutume voulait qu'un tissu ou un vêtement
09:56fût accroché devant la chapelle
09:59en signe de piété et de confiance.
10:02On ne sait pas très bien si ça fonctionnait
10:05pour la guérison des enfants chétifs.
10:08Hélas, par manque d'entretien,
10:11ce petit oratoire est devenu presque invisible.
10:14Il s'est carrément écroulé dans le fossé
10:17au-dessus de la rivière.
10:20La fécondité féminine pouvait s'y trouver stimulée.
10:23Vous regardez sur la carte,
10:26je n'ose pas prononcer le mot aujourd'hui.
10:29De nos jours, la piété et la magie
10:32font peut-être encore bon ménage.
10:35Aujourd'hui, l'accès à la chapelle
10:38est bien mal aisé puisqu'il se fait
10:41par un étroit escalier pentu
10:44creusé dans la terre,
10:47une entreprise bien périlleuse.
10:50Nous approchons ensuite
10:53de la cavée de Forêt.
10:56C'était le nom de l'actuelle rue
10:59des fusillés civils.
11:02Cette rue et le quartier qu'elle décède
11:05ont été jadis aménagés au nord de la ville
11:08hors des remparts qui, jusqu'en 1835,
11:11formaient une barrière qui bloquait
11:14la rue qui passe devant le théâtre municipal
11:17ne fut ouverte qu'en 1870.
11:20À l'époque où notre ville était entourée
11:23de remparts, jusqu'en 1870,
11:26il fallait contourner ces remparts
11:29pour accéder au quartier
11:32de la cavée de Forêt.
11:35Habitués à vivre à l'écart de la cité,
11:38les habitants de ce quartier avaient fini
11:41avec une sorte d'indépendance
11:44qui se traduisit vers 1900 par la création
11:47d'un petit village,
11:50une sorte de village indépendant
11:53avec son mœur et ses festivités locales.
11:56Ce folklore se prolongea jusqu'au milieu
11:59du XXe siècle sous le regard placide
12:02de Saint-Donat, une statue installée
12:05dans une niche au creux d'un mur discret
12:08en montant la rue des fulliers civils.
12:11Profitant de la présence de nombreuses sources
12:14captées par le lavoir du pavillon
12:17qui a été restauré d'ailleurs en 2013,
12:20quelques habitants imaginatifs
12:23avaient autrefois tenté d'établir
12:26un réseau d'eau potable
12:29avec beaucoup de guillemets desservant leurs maisons.
12:32C'est en 1880, en effet, que grâce
12:35à la donation de la famille Cédoux,
12:38la ville fut approvisionnée en eau salubre.
12:41On se rappelle que le manque d'hygiène
12:44et les eaux souillées des puits
12:47furent à l'origine de nombreuses épidémies
12:50de choléra au cours du XIXe siècle.
12:53Dans une ville surpeuplée
12:56aux logements insalubres,
12:59les puits creusés sous les caves
13:03Avant la mise sous tunnel vers 1900
13:06du ruisseau pour la traversée de la rue
13:09de la fontaine à Gros Bouillon,
13:12ces eaux divaguaient au lieu dit le fontenoy,
13:15c'est-à-dire en contrebas de l'actuelle rue
13:18de la fontaine à Gros Bouillon.
13:21On remarque encore du côté droit
13:24les quelques maisons construites
13:27sous le niveau de la chaussée
13:30des versoirs d'orage
13:33protégés par une main courante.
13:36La maison a été construite
13:39en contrebas du caniveau.
13:42Si on entreprend de grimper
13:45par la rue des fusillés civils,
13:48l'ancienne cavée de Forêt,
13:51on rencontre un monument installé en 1920
13:54pour rappeler l'exécution à cet endroit
13:57en novembre 1914
14:00pour détention de pigeons.
14:03La détention de pigeons au cours de la guerre 14-18
14:06était synonyme d'activité d'espionnage
14:09considérée par l'occupant allemand
14:12comme activité d'espionnage.
14:15Jadis, à ce même endroit,
14:18un chemin de pèlerinage
14:21permettait aux voyageurs
14:24de pénétrer dans le Faubourg Saint-Martin,
14:27l'actuel quartier du chemin de montée.
14:30C'était une sorte de contournement
14:33de l'époque.
14:36A cet instant, permettez-moi
14:39d'avoir une pensée pour Émile Bontemps
14:42qui était passionné d'histoire cathésienne
14:45et très attaché à la vie de son quartier.
14:48Il est décédé il y a quelques années
14:51et ses souvenirs perdurent,
14:54en particulier au fond de la médiathèque.
14:57Il aimait faire découvrir
15:00la vie de son modeste Faubourg
15:03et n'hésitait pas
15:06à emmener les touristes
15:09sur les rives du ruisseau de Tupini.
15:12Un chemin disparu permettait autrefois
15:15de joindre le lavoir du pavillon
15:18à la rue de Bayon.
15:21Malheureusement, il a été fermé
15:24il y a quelques années.
15:27Il s'appelait le chemin de la maladerie.
15:30Il rappelait la présence d'un hôpital
15:33aux portes de la ville.
15:36Un court tronçon rectiligne
15:39amène le ruisseau jusqu'à la rue de Bayon.
15:42Ayant reçu les sources
15:45il avait un débit assez important.
15:48Il était beaucoup plus important
15:51que le pont étroit
15:54qui franchit la rue de Bayon.
15:57Ce pont n'existait pas.
16:00Il y avait une simple passerelle
16:03qui franchissait le ruisseau.
16:06Comme le ruisseau était très étroit
16:09et profond, il pouvait être bloqué
16:12dans le cours du ruisseau.
16:15Il se transformait en fosse
16:18alimentée en eau
16:21pour protéger la muraille nord des remparts.
16:24La ville avait un destin militaire
16:27important au cours des guerres
16:30et des batailles.
16:33Elle a plus ou moins bénéficié
16:36de la présence de ces remparts
16:40Quant au lavoir, il a servi
16:43pendant quelques années de vivier
16:46pour l'élevage des truites
16:49de la société de pêche locale.
16:52Mais la communauté européenne
16:55avait édité il y a quelques années
16:58un règlement qui interdisait
17:01l'élevage des alevins dans les lavoirs.
17:04Cette présence des poissons
17:07a sans doute été remplacée
17:10par quelques rats et souris
17:13qui se promènent le long des berges du lavoir.
17:16Un peu plus loin, à l'extrémité
17:19de la rue de Bayon,
17:22une maison qui a été récemment restaurée
17:25fut construite sous l'ancien régime.
17:28Elle abritait le garde des viviers
17:31puisque les prairies tout autour
17:34alimentaient en eau les viviers
17:37et accessoirement en poissons.
17:40Les viviers qui servaient au repas
17:43de l'archevêque et des moines.
17:46Autrefois, il y avait beaucoup de jours
17:49où on n'avait pas le droit de manger de la viande
17:52donc on mangeait du poisson.
17:55Les viviers installés à l'extrémité
17:58de la rue de Bayon alimentaient
18:01les éclésiastiques de notre ville.
18:04Cela amenait quelques jaloux.
18:07Le père abbé et l'archevêque avaient décidé
18:10qu'il valait mieux installer un garde des viviers
18:13qui évitait aux braconniers
18:16de venir se servir la nuit
18:19en truite et autres perches ou tanches
18:22sans doute très goûteuses
18:25qui ne pouvaient pas servir de repas
18:28aux éclésiastiques.
18:30Le ruisseau peut gagner un peu de liberté.
18:33On en parlait tout à l'heure.
18:36Son passage sous Guinteau
18:39va l'amener au bord de la rivière
18:42et quelques méandres par la suite
18:45le voici arriver dans les eaux de la Salle
18:48mais comme tout n'est peuplé que de malheurs
18:51jusqu'à une époque récente
18:54une conduite d'eau malencontreusement installée
18:57dans le cours du ruisseau
19:00venait encore perturber
19:03le cours paisible de l'eau.
19:06Vers 1859, la construction
19:09de l'abattoir municipal
19:12maintenant ces bâtiments abritent
19:15le centre aéré de vacances plurielles
19:18donc la construction de l'abattoir municipal
19:21amena les bouchers locaux
19:24et leurs ouvriers, les tueurs de bestiaux
19:27à évacuer les déchets biologiques
19:30des vaches, cochons
19:33et autres chevaux
19:36et tous ces déchets biologiques
19:39étaient évacués vers la rivière
19:42ce qui nous permet de rappeler
19:45que jusqu'à une époque récente
19:48la rivière servait des goûts naturels
19:51c'est un souci de la protection de la nature
19:54qui est un souci assez récent.
19:57Revenons vers la ville
20:00en empruntant toujours
20:03le ruisseau de Tupini
20:06qui va nous ramener dans la rue ou ruelle de Tupini
20:09cette ruelle au tracé pittoresque
20:12puisqu'elle est construite en forme de L
20:15se compose de deux tronçons
20:18l'un de l'autre qui sont en fait
20:21deux rues différentes
20:24et vous allez voir que l'histoire de l'unification
20:27du tracé de cette rue a été assez complexe
20:30alors à partir de la rue de Landrocy
20:33une longue descente se termine
20:36par un virage à angle droit
20:39prolongé par une ruelle
20:42où s'alignent deux petites maisons ouvrières
20:45deux noms différents
20:48jusqu'en 1908
20:51on trouvait là deux rues
20:54venant de la rue de Landrocy
20:57c'était la ruelle du bois
21:00qui se prolongeait jusqu'au guet
21:03il fallait franchir le ruisseau par un guet
21:06ensuite on rejoignait la rue de Tupini
21:09qui se dirigeait vers le faubourg
21:13cette voirie malcommode
21:16était un souci pour nos élus
21:19ces derniers prirent contact
21:22avec le propriétaire du terrain
21:25très envié
21:28qui séparait plutôt la rue du bois
21:31et la rue de Tupini
21:34et cette parcelle de terrain
21:37était occupée par le cours divagant
21:40un accord fut conclu
21:43avec le propriétaire de ce terrain
21:46qui s'éda un petit morceau
21:49de sa propriété à la commune
21:52les négociations furent difficiles
21:55mais après accord
21:58on pu raccorder sans problème
22:01les deux tronçons de la rue
22:04il fallait aussi contraindre le ruisseau
22:07ce fut fait après de vigoureux
22:10travaux de terrassement
22:13en 1927 M. De Greymont
22:16directeur de l'importante chaudronnerie
22:19qui porte son nom
22:22décide de construire des petites maisons
22:25pour abriter ses ouvriers
22:28il fait construire une quinzaine
22:31de petites maisons
22:34des maisons assez innovantes
22:37puisqu'elles sont édifiées
22:40sur une portion du jardin de M. De Greymont
22:43qui les a cédées de façon très libérale
22:46et comme cet industriel était très en avance
22:49sur son temps, il fait construire
22:52des maisons préfabriquées
22:55les cadres de fenêtres, de portes
22:58de ces petites maisons ouvrières
23:01transportées par charrette
23:04en 1927, sur le terrain
23:07ce qui permet une construction assez rapide
23:10de ces maisons
23:13chaque maison est précédée d'un jardin
23:16ce qui permet dans ce quartier étroit
23:19d'élargir la vue à l'avant de la maison
23:22c'était assez judicieux
23:25plutôt que de construire les maisons à front de rue
23:29un espace qui permet d'aménager
23:32un jardin
23:35ouvert vers le soleil et le vent
23:38une petite cour à l'arrière
23:41qui dessert l'habitation
23:44qui dessert la cuisine
23:47et qui s'adosse à la muraille
23:50de la maison de M. De Greymont
23:53le jardin du patron
23:57la muraille est assez haute
24:00donc on a une vue dégagée sur l'avant
24:03mais pas de vue sur l'arrière
24:06le plan de ces petites maisons
24:09est fonctionnel
24:12c'était tracé par un architecte
24:15ça évoque les courons du bassin minier
24:18ou des régions industrielles du nord de la France
24:21c'est très fonctionnel, ce sont des petites maisons
24:24qui révèlent un souci de proposer un minimum de confort
24:27à chaque famille qui s'y trouve logée
24:30il oblige également le père de famille à entretenir son jardin
24:33puisque ce dernier est ouvert à la vue des passants
24:36sur le plan technique
24:39il est intéressant de remarquer
24:42qu'on est en 1927
24:45et l'hôtissement bénéficie d'un embryon de tout à l'égout
24:48l'installation du tout à l'égout
24:51c'est relativement récent
24:54surtout dans les campagnes
24:57mais dès 1930, les petites maisons de M. de Grément
25:00bénéficiaient d'un embryon de tout à l'égout
25:03le principe c'est qu'un système de drainage
25:06un drain souterrain passe sous chaque maison
25:09et descend en escalier d'une maison à une autre
25:12à la fin du circuit
25:15le tout à l'égout
25:18va se jeter dans le ruisseau
25:21qui sert là aussi d'égout
25:24on ose imaginer ce qui se passe
25:27quand ce drain naturel qui descend en escalier
25:30se bouche parce que l'un des occupants
25:33a laissé s'accumuler des déchets
25:36donc on imagine la remontée vers l'amont
25:39du flot du tout à l'égout
25:42il vaut mieux l'imaginer que le constater
25:45en tout cas c'était une preuve
25:48d'un certain souci d'hygiène
25:51pour les familles ouvrières
25:54ce ruisseau dans la ville
25:57c'est une porte ouverte à la nature
26:00proche et discrète
26:03qui se révèle à condition de savoir observer
26:06le paysage autour de soi
26:09c'est d'autant plus difficile que le ruisseau
26:12est à l'ombre des arbres et des arbustes
26:15dispersés sur les rives de ce ruisseau
26:18des plantes exubérantes apprécient les talus
26:21les talus escarpés
26:24on peut remarquer que les jardins
26:27sont très discrets
26:30et parfois aussi très difficiles d'accès
26:33souvent même jusqu'à une époque récente
26:36où il y a eu une sorte de remembrement urbain
26:39c'est difficile de déterminer à qui appartenait
26:42tel ou tel parcel des rives du ruisseau
26:45on remarque ainsi que certaines plantes
26:48cultivées dans les jardins
26:51se sont échappées des jardins pour s'implanter
26:54bien au-delà sur les berges du ruisseau
26:57et se sont ainsi, comme on dit, ensauvagées
27:00il y a aussi, et aussi insidieuse
27:03des plantes exotiques
27:07invasives, comme on dit
27:10que certains jardiniers imprudents
27:13ont installé
27:16à leurs frais
27:19dans leurs jardins il y a quelques années
27:22et ces plantes invasives se sont émancipées
27:25au point de coloniser certains tronçons du cours d'eau
27:28nous en citerons deux, très discrets pour l'instant
27:31mais qui ne demandent qu'à coloniser
27:34le vaste espace de notre ville
27:37de notre région et sans doute de notre vaste monde
27:40donc échappées des jardins cathésiens
27:43sans doute
27:46facilement répandues
27:49si une manœuvre imprudente
27:52vient à les disséminer un jour ou l'autre
27:55ce qui ne manquera pas de se produire
27:58la première de ces plantes est la balsamine de l'Himalaya
28:01en Asie elle pousse sur les hauts plateaux montagneux
28:04elle est fort robuste
28:07cette jolie fleur semble bien séduisante
28:10mais elle se montre bien vite envahissante
28:13montrant une exubérance bien irrationnelle
28:16qui désespèrera plus d'un jardinier soucieux de l'extirper
28:19autant dire que c'est une mission impossible
28:22il existe encore un péril plus terrifiant
28:25une plante plus redoutable encore
28:28et menaçante dont on peut craindre
28:31qu'elle n'ait décidé de conquérir la planète entière
28:34il s'agit de la renouée du Japon
28:37là encore le jardinier imprudent
28:40l'achetait pour quelques euros
28:43il y a quelques années dans les jardineries
28:46c'est vrai qu'elle a une jolie tête
28:49mais c'est une plante très décorative
28:52peu sensible aux maladies et à la croissance rapide
28:55bref la plante idéale pour les jardiniers
28:58tellement idéale que sa croissance est si rapide
29:01qu'elle en vient bientôt à tout envahir
29:04toutes les parcelles du voisinage
29:07et la renouer concurrent
29:10elle élimine toute concurrence
29:13et stérilise le sol sur lequel elle pousse
29:16vous allez me dire qu'il faut l'arracher
29:19la brûler afin que les tronçons
29:22soient vigoureux, soient neutralisés
29:25et bien c'est justement ce qu'il ne faut pas faire
29:28si vous l'arrachez, si vous la coupez en rondelles
29:31et bien ça ne fera que favoriser la repousse
29:34de cette herbe de Satan
29:37et si vous abandonnez sur place les broussailles
29:40en disant j'en ai marre je retourne à la maison
29:43si vous abandonnez les broussailles sur place
29:46alors là c'est pire, après avoir péniblement
29:49renouer un excellent support pour son expansion future
29:52je vous le disais, une plante du diable
29:55prudence donc amis jardiniers, vous êtes prévenus
29:58éloignons-nous un peu du château
30:01parce qu'après tout c'est le ruisseau de Tupini
30:04Tupini est un modeste village de 400 habitants
30:07situé au nord de Guise
30:10à peu près une vingtaine de kilomètres du château
30:13au bord du canal de la Sambre Aloise
30:16alors pour quelle raison ce modeste village
30:19a-t-il donné son nom à notre ruisseau ?
30:22la question reste posée
30:25la réponse est attendue dans les studios de Béfravision
30:28contre une très modeste récompense
30:31et un Pikachu en carton je rajoute
30:34mais venu de la rue de Fémy
30:37donc ce ruisseau attire notre regard
30:40vers le sud du château
30:43vers un horizon où se distinguent
30:46déjà les lointaines forêts de la tirache
30:49alors partons vers Tupini en suivant les chemins bocagés
30:52qui nous perdront dans la vaste forêt d'Andigny
30:55que nous appelons le bois de Mainvray
30:58plusieurs écluses et un pont tournant
31:01ponctuent le parcours du canal
31:04que nous franchirons pour arriver à 3 km de là
31:07dans le modeste village
31:11le village de L'Equiel à Saint-Germain
31:14célèbre dans notre région et dans notre musée
31:17pour avoir abrité pendant quelques années
31:20le peintre Henri Matisse
31:23et les rues de ce village d'ailleurs
31:26se prêtent à une topographie extrêmement compliquée
31:29en tout cas c'est dans ce village que vers 1900
31:32il était beaucoup plus peuplé autrefois qu'aujourd'hui
31:35le peintre Henri Matisse se réfugia
31:38avec son épouse et ses enfants
31:41pour permettre à sa famille d'échapper
31:44à un scandale financier auquel était mêlée
31:47la famille de Mme Matisse
31:50donc privée d'argent à cette époque
31:53on est en 1902-1903
31:56Henri Matisse avait dû quitter la région parisienne
31:59pour se reposer dans la campagne de tirache
32:02où ses parents possédaient une maison de campagne
32:05c'est là que l'artiste
32:08était alors dans une profonde dépression
32:11et c'est là qu'il a peint les tableaux
32:14représentant les bords du canal
32:17des tableaux très sombres
32:20que l'on peut admirer au musée Matisse du Cateau
32:23et puis heureusement pour Matisse
32:26après cet épisode un peu difficile
32:29vers 1905-1906
32:32Henri Matisse va rencontrer la gloire
32:35et la fortune grâce à la générosité
32:38de ses mécènes russes
32:41et puis après il va partir vers Tahiti, New York
32:44luxe, calme, volupté et lingots d'or
32:47en consultant plutôt les plans de la ville
32:50on trouve les traces du ruisseau de Tupini
32:53c'est ainsi que le plan de Deventer
32:56un très vieux plan qui date de 1540
33:00nous montre le tracé du cours d'eau
33:03au XVIe siècle notre ruisseau
33:06était visible dans notre cité
33:09à côté du confluent du ruisseau
33:12avec la salle
33:15on aperçoit sur ce plan de Deventer
33:18qui est disponible à la médiatheque
33:21on aperçoit une rue
33:24qui occupait l'emplacement de l'ancien abattoir
33:27donc nulle trace de pont pour franchir la rivière
33:30fallait-il la franchir ?
33:33un autre plan très détaillé de la ville
33:36est établi en 1782, c'est ce qu'on appelle le terrier
33:39c'était l'ancêtre de notre cadastre actuel
33:42le terrier de l'évêque
33:45c'était un document fiscal qui permettait à l'évêque
33:48d'aller voir chaque cathésien en disant
33:51cher ami tu dois payer tant de taxes foncières
33:54rien de changé dans l'actualité fiscale
33:57donc ce cadastre recense les parcelles
34:00très précisément les parcelles
34:03possédées par les cathésiens avant 1789
34:06et donc l'assiette et des impôts locaux
34:09étaient établis à partir de ce plan
34:12sur ce plan le confluent de la selle et du ruisseau
34:15de Tupini est évoqué par un nom pittoresque
34:18le pont d'Étain, c'était sans doute le nom d'un cabaret
34:21il y avait beaucoup de cabarets autrefois au Cato
34:24donc un cabaret campagnard installé au bord du chemin de montée
34:27alors un autre plan antérieur
34:30nous montre le ruisseau
34:33il s'agit du plan de Beaulieu dressé en 1667
34:36pour détailler les aménagements militaires
34:39dont bénéficiaient notre ville à cette époque
34:42à cette époque non
34:45c'était l'époque des remparts de Vauban
34:49une double ceinture de rempart
34:52bénéficiait
34:55ou plutôt permettait
34:58la défense de notre ville
35:01donc cette ceinture de rempart
35:04était bien sûr entourée d'eau
35:07on y voit trois portes encadrées par des tours
35:10et un bastion fortifié qui protégeait la ville
35:13en direction du sud
35:16le château en Cambrésie
35:19indique la présence du ruisseau de Tupini
35:22accompagné d'un relief assez impressionnant
35:25assez marqué sur sa rive gauche
35:28la rencontre avec la Seine a lieu dans une vaste plaine
35:31qui se décorde d'une abondante végétation
35:34enfin le cadastre municipal
35:37établi en 1828
35:40un cadastre très précis
35:43que vous pouvez consulter à la médiathèque municipale
35:46montre
35:49les différentes habitations
35:52qui se dispersent le long du ruisseau de Tupini
35:55et c'est en particulier
35:58en 1825 et 1835
36:01que deux projets d'aménagement de moulins à eau
36:04sont présentés à nos édiles cathésiens
36:07vous savez que le début du XIXe siècle
36:10est une époque propice à l'installation
36:13des moulins à eau dans notre région
36:16ces deux projets n'ont visiblement pas eu de suite
36:19aucun moulin ne viendra jamais bloquer
36:22le cours des eaux du ruisseau de Tupini
36:25au terme de ce parcours
36:28au long du ruisseau de Tupini
36:31après avoir découvert le périple discret de l'eau
36:34dans les replis de la ville
36:38cette eau, dont on rappelle
36:41qu'elle fut la richesse de la ville
36:44puisque si aucun moulin n'a jamais tourné
36:47dans le lit des ruisseaux
36:50ces flots, autrefois plus tumultueux que de nos jours
36:53ont pourtant baigné de nombreux jardins
36:56et ont aussi permis à une riche végétation
36:59de s'y épanouir
37:02en abritant une faune précieuse et cachée
37:05en particulier les chauves-souris
37:08on sait aussi que quelques poissons
37:11se promènent dans le ruisseau
37:14en tout cas en 2021
37:17une vigoureuse requalification écologique
37:20a permis au ruisseau de retrouver
37:23un peu de santé
37:26hydrologique
37:29il ne nous reste plutôt qu'à souhaiter
37:32à ce ruisseau de pouvoir couler encore
37:35pendant quelques siècles
37:38paisible, mélancolique et accueillant à la vie sauvage
37:41c'est donc une vie sauvage
37:44que nous saurons apprécier
37:47en l'admirant
37:50même si quelquefois et souvent
37:53des brumes un peu voilées nous la cachent
37:56mais nous laissent deviner la richesse
37:59de l'histoire de notre ruisseau de Tupini
38:02en tout cas, nous vous encourageons à aller le découvrir
38:05au cours d'une promenade prochaine

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