• il y a 4 mois
Suite au décès de la sa mère, Doowy a traversé une période de deuil difficile, dont il a su se relever. Il nous raconte cette épreuve
Transcription
00:00Il y a une très grosse pression quand vous vivez avec quelqu'un qui est malade.
00:03On a toujours une espèce d'épée de Damoclès au-dessus de la tête
00:05et on sait jamais vraiment quand ça va tomber.
00:06D'un certain côté on se dit « Ah, voilà, c'est fait ! »
00:09et d'un autre côté, maintenant, c'est tout le travail du deuil qui commence.
00:11Je m'appelle Doui, j'ai 39 ans, je suis chanteur et producteur
00:15et je viens aujourd'hui parler du deuil.
00:17La relation avec ma mère, c'était assez fusionnel.
00:20J'étais plus, on va dire, un fils à maman qu'un fils à papa.
00:23C'était vraiment sur elle que je me basais, genre si j'avais un chagrin d'amour,
00:26si j'avais quelque chose, des choix de vie importants à faire,
00:30c'est une maman qui s'est beaucoup beaucoup occupée de mes frères et moi.
00:33Elle s'est retrouvée seule à nous éduquer pendant une longue période, on va dire.
00:36Et c'est quelqu'un qui a toujours été très protectrice, très dévouée.
00:41J'avais 25 ans, j'étais en tournée, donc j'étais dans un autre pays.
00:45Malheureusement, j'étais en Italie.
00:47Ça faisait un an que ma maman était malade, elle avait un cancer du poumon.
00:50Et puis j'ai eu mon frère qui m'a appelé et qui m'a dit
00:53« Bon bah Thibaut, assieds-toi, j'ai une nouvelle à t'annoncer. »
00:55Je savais évidemment que ça allait être ça.
00:56C'était très compliqué parce que j'étais dans un contexte
00:59où il y avait plein de gens autour de moi qui faisaient la fête.
01:01Et j'étais complètement hors contexte et donc ça a été très difficile.
01:05Il y a plusieurs, je pense, émotions qui se mélangent à ce moment-là.
01:08C'est un peu le coup de couteau qui...
01:09Je vais pas dire qu'on enfonce, mais qu'on enlève en fait.
01:11Il y a à la fois cette espèce de relâchement
01:13dans le sens où il y a une très grosse pression
01:15quand vous vivez avec quelqu'un qui est malade.
01:17Et il y a ce truc de c'est tellement dur à porter
01:20parce qu'en fait on a toujours une espèce d'épée de Damoclès au-dessus de la tête
01:22et on sait jamais vraiment quand ça va tomber.
01:24D'un certain côté on se dit « Ah, voilà, c'est fait. »
01:26Et d'un autre côté, maintenant c'est tout le travail du deuil qui commence
01:29et toute la tristesse qui arrive aussi avec.
01:31Forcément, quand ça arrive, c'est une charge mentale
01:33à laquelle on n'est pas vraiment préparé.
01:35Non seulement vous devez assumer tout ce qui est émotionnel
01:39et puis tout ce qui est réaliste, c'est-à-dire les obsèques,
01:42tous les problèmes d'assurance, de crédit...
01:46C'est con, mais par exemple, simplement annuler un abonnement de téléphone
01:49ou ce genre de choses, tout ça c'est une charge
01:51à laquelle on n'est absolument pas préparé.
01:53Heureusement qu'on était trois.
01:54Mes frères m'ont beaucoup aidé dans cette démarche aussi.
01:56Tout seul, ça doit être, je pense, encore beaucoup plus difficile.
01:58Enfin, moi maintenant, je le dis à mes amis, je dis
02:01si ça arrive, préparer tous les trucs un peu « chiants » avant,
02:05c'est-à-dire tout ce qui peut être administrativement préparé,
02:08je conseille vraiment, malheureusement, de le faire un petit peu à l'avance.
02:11Au niveau émotionnel, c'est vrai que j'ai eu pas mal d'amis
02:14sur qui je pouvais compter.
02:15Ce qui m'a le plus aidé, c'est ma copine.
02:17Elle a posé les bonnes questions, elle faisait tout pour me redonner le sourire,
02:20elle a été là pour m'aider dans tout ce qui était un peu plus administratif, etc.
02:23Mais surtout, elle a été là comme un soutien moral.
02:26Mes amis aussi, puisqu'on est partis ensemble en vacances après.
02:29C'est bête, ça paraît con, mais en fait, ça m'a beaucoup aidé de dire
02:32« bon voilà, la vie, elle continue »
02:33et puis d'avoir un papa aussi qui était là pour un petit peu veiller au grain.
02:38J'ai recours à une professionnelle, à une psychologue,
02:40qui m'a aussi beaucoup aidé à traverser ça parce que j'étais dans une impasse
02:44où je me suis aussi un peu réfugié un moment dans le travail.
02:47Je faisais énormément de musique, j'étais très concentré là-dessus aussi
02:49pour essayer d'un peu fuir, ce qui est forcément très mauvais à faire.
02:52Dans le sens où il faut prendre le temps pour soi d'accepter
02:55et essayer de ne pas trop se charger mentalement de ça.
02:57Parce qu'en fait, ça te prend de la place mentale que de réussir à accepter,
03:01que de réussir à vivre son deuil sereinement.
03:03Et si on le remplit trop avec du travail, en essayant de combler ce manque,
03:07de combler cette tristesse par des choses comme ça,
03:09ça ne va pas en fait s'il faut prendre le temps de vivre cette tristesse et de l'accepter.
03:12Je trouvais ça super bien, l'accompagnement avec la dame que j'ai vue,
03:16qui me poussait justement à...
03:18Voilà, s'il y avait une chanson, par exemple une chanson triste, etc.,
03:21elle me disait, c'est très bien, écoute-la, vis l'émotion, pleure,
03:24parce que c'est comme, il faut imaginer ça comme un vase qui est rempli de tristesse
03:28et qu'il faut que ça coule, il faut que ça parte, et ça fait énormément de bien.
03:32Je pense qu'aujourd'hui, maintenant, ça fait 6 ans,
03:34mais je tiens à dire que même après 6 ans,
03:37bien que les moments de tristesse ne soient plus aussi fréquents et intenses qu'avant,
03:40ça reste une blessure qui ne se referme jamais à 100%, 100%.
03:44Il y a une phrase que j'entends souvent aussi de mes amis qui ont déjà vécu ça,
03:46c'est, on les revoit dans nos rêves, c'est hyper vrai.
03:48Ça arrivait beaucoup dans les 2 premières années,
03:51maintenant, un petit peu moins, mais c'est vrai que ça m'arrive encore.
03:53Ça me remet un peu dans cette douleur-là, mais d'un autre côté,
03:56j'ai une amie qui m'a dit ça, qui a aussi perdu sa maman
03:58et qui m'avait dit cette phrase que je trouve très belle.
04:00En fait, c'est cool, je l'ai revue, en fait.
04:01Là, j'ai repassé un moment avec elle,
04:03et moi, c'était important pour moi, en tout cas, de voir ça comme ça aussi,
04:06parce que ça m'a permis d'écrire une chanson dont je suis très fier.
04:09Elle m'a permis d'aborder la mort dans une certaine douceur
04:13et une certaine positivité, en fait.
04:15Si j'avais un conseil à donner à quelqu'un qui traverse ça en ce moment,
04:17c'est prendre le temps, vraiment, d'accepter ses émotions,
04:20prendre le temps de les vivre pleinement,
04:22prendre le temps pour soi, prendre le temps avec les autres
04:25et se dire que la vie, elle continue, qu'elle est belle
04:28et qu'elle vaut vraiment la peine d'être vécue.
04:30Moi, j'aime bien me dire que ma maman, c'est tout ce qu'elle me souhaite,
04:33que c'est pour ça, d'ailleurs, qu'elle m'a mis au monde.
04:35Tout ce qu'on peut faire pour lui rendre hommage,
04:37c'est de vivre le mieux et le plus longtemps possible,
04:40mais le mieux possible et de vivre sa vie à fond.

Recommandations