Dans la majorité des cas, les consignes pour faire barrage au Rassemblement national ont été suivies. En effet, 131 candidats du Nouveau Front populaire se sont retirés ainsi que 83 candidats de la majorité. Mais ces désistements massifs profiteront-ils vraiment au barrage anti-RN ?
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00:00La politique Mathieu Croissant-Rodeau suit évidemment avec le dépôt des candidatures pour le second tour des législatives qui est clos depuis hier, 18h.
00:06220 désistements pour faire barrage au Rassemblement national. Est-ce que ces 220 désistements peuvent faire bouger les lignes ?
00:16Sur le papier, oui, parce que les désistements de la gauche au profit du camp présidentiel et vice-versa ont permis de diviser par trois le nombre de triangulaires,
00:24ce qui permet, sur le papier toujours, d'éviter un éparpillement des voix.
00:27Ça va rendre la partie moins facile pour les candidats RN qui vont devoir récolter plus de 50% des voix en cas de duel pour se faire élire,
00:34alors que dans une triangulaire, dans le meilleur des cas pour eux, si les voix se répartissent en trois tiers, vous pouvez être élu avec 35%.
00:40Et 50% des voix, c'est d'autant plus compliqué à atteindre quand la participation est élevée, ça fait beaucoup de voix à aller chercher, beaucoup de gens à convaincre.
00:47C'est une tactique qui a longtemps fonctionné par le passé pour empêcher à chaque fois les candidats d'extrême droite de se faire élire
00:54parce que les électeurs de chaque camp se reportaient sur le candidat, vous savez, on appelait ça le front républicain, de façon assez automatique.
01:01Mais est-ce que ça fonctionne encore en 2024 ?
01:03Alors, plus comme avant et pour trois raisons.
01:05La première, les électeurs ont quand même l'impression qu'on leur tord le bras et ils sont de moins en moins d'accord avec ça.
01:10La semaine dernière, dans un sondage Elabe, les électeurs ensemble, donc du camp présidentiel et les électeurs Nouveau Front Populaire,
01:16se déclaraient majoritairement opposés à ces désistements.
01:20Et ensuite, quand on leur demandait s'ils comptaient suivre les consignes de vote, 3 sur 4 disaient non, je ne vais pas tenir des consignes.
01:26Ça, c'est la première raison.
01:27Deuxième raison, le Rassemblement National d'aujourd'hui n'a plus la même image que le Front National d'hier.
01:33Il fait moins peur, il fait plus envie.
01:35La stratégie de dédiabolisation entamée par Marine Le Pen, elle a fonctionné.
01:39Le parti n'est plus considéré par beaucoup de Français comme un danger pour la démocratie et certains, on l'a entendu dans beaucoup de reportages, ont envie d'essayer.
01:47Troisième raison, à l'inverse, les deux camps qui se sont désistés l'un pour l'autre n'ont cessé de se diaboliser l'un et l'autre.
01:55Vous avez entendu, la gauche répète depuis deux ans qu'Emmanuel Macron est un président autoritaire qui passe des lois liberticides, qui ne respecte pas la démocratie.
02:05Et de l'autre côté, vous avez le camp présidentiel qui n'a cessé de dépeindre la gauche comme une menace.
02:09Guerre civile, a dit le président de la République la semaine dernière.
02:12Un programme immigrationniste.
02:14En gros, en mettant un signe égal entre RN et LFI, il est difficile pour le camp macroniste de convaincre qu'un candidat Nouveau Front Populaire est moins pire.
02:23Donc ce que vous voulez dire, c'est que ces désistements rendent le second tour incertain.
02:28Oui, très incertain.
02:29Sur le papier, je disais que c'était plus compliqué.
02:31Mais on va voir parce qu'il y a deux logiques qui s'affrontent.
02:34Une logique arithmétique, celle des désistements, et une dynamique politique, celle du premier tour.
02:39Et on va voir qui va l'emporter.
02:40Est-ce qu'un vote pour, c'est-à-dire un vote je veux le RN, est plus fort qu'un vote contre, je ne veux pas le RN ?
02:47C'est toute la question.
02:48Réponse dimanche.
02:49Merci Mathieu.