• il y a 4 mois
Stefano Montefiori, correspondant pour le quotidien italien Corriere della Sera, explique ce jeudi sur BFMTV le système politique en place en Italie, gouvernée par une coalition allant du centre droit à l'extrême droite.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Alors que la France se demande par qui et comment elle va être gouvernée la semaine prochaine,
00:02c'est assez intéressant de regarder ce qui se passe évidemment chez nos voisins.
00:05Et par exemple, en Italie, vous savez que sans majorité absolue,
00:08la France pourrait essayer de monter un gouvernement de coalition,
00:11c'est-à-dire faire travailler ensemble des gens qui n'ont pas tout à fait les mêmes idées, évidemment, surtout.
00:16Voir des idées très opposées parfois.
00:19Bonjour Stefano Montefiori, buongiorno, vous êtes journaliste au Corriere della Sera.
00:24Vous, les Italiens, ça fait une bonne trentaine d'années
00:27que vous êtes habitué à ce système de gouvernement de coalition.
00:31Alors avec Giorgia Meloni, c'est une coalition qui va du centre droit pro-européen à l'extrême droite.
00:37Comment ça fonctionne ? Est-ce que vous diriez que ça marche ?
00:41Bonjour, oui, des fois ça marche, des fois pas trop.
00:45Ça dépend des types de coalitions.
00:48En général, ce n'est pas quelque chose de très bizarre.
00:52Ça arrive aussi en Allemagne, typiquement depuis des années.
00:56Chaque coalition est différente.
00:58Ça dépend du poids des partis à l'intérieur de la même coalition.
01:03Ça dépend des programmes, ça dépend de la situation économique.
01:07Mais ça veut dire qu'il faut faire des concessions en permanence
01:09et que donc les décisions prennent plus de temps, c'est ça ?
01:13Oui, et disons que c'est lié aussi à la culture politique de chaque pays.
01:18Bien sûr.
01:19Disons qu'en Italie, on a un peu l'habitude à ça et donc c'est peut-être plus facile.
01:24C'est quelque chose qui fait partie de notre tradition depuis les années 1960
01:29avec les premières coalitions de centre-gauche.
01:32Alors justement, ce qui est intéressant aussi pour l'Italie,
01:33c'est que vous avez aussi expérimenté ce qu'on appelle le gouvernement technique.
01:37Et ça, dès 1993, puis en 1995, en 2011 et en 2021 avec Mario Draghi.
01:43Et à chaque fois, ce qu'on remarque, Stéphano,
01:45c'est que les présidents du Conseil sont des banquiers
01:48ou des personnalités qui ont un profil financier.
01:52Et ça, ça donne un signe fort évidemment sur le rôle de ces gouvernements techniques.
01:59Oui, ça donne un signe fort aussi sur les marchés internationaux.
02:03L'Italie, ces dernières années, a eu pas mal de problèmes.
02:08On parlait de l'Italie comme les maillons faibles de l'Europe.
02:11Donc, il y avait aussi un besoin de rassurer les marchés
02:16et mettre à la tête du gouvernement quelqu'un avec une personnalité
02:20qui inspirait la confiance technique financière.
02:24Franchement, ça me paraît un débouché très bizarre pour la France en ce moment
02:32parce que je constate, au contraire, qu'il y a énormément besoin de politique,
02:38énormément retour au clivage classique gauche-droite.
02:43Je ne vois pas comment les Français pourraient accepter
02:46un gouvernement technique apolitique, en plus financier,
02:50donc avec toute la rhétorique sur les élites qui sont loin du peuple
02:57et qui arrivent à capter la démocratie.
03:02Mais pourtant, vous les Italiens, vous avez réussi à faire taire ces notions partisanes.
03:08Oui, pendant un moment, même s'il y a encore...
03:11Il faut dire que le gouvernement technique a quand même été le miroir
03:17des rapports de force à l'intérieur du Parlement.
03:20Donc, il y avait quand même des ministres qui n'étaient pas issus des partis,
03:24mais on savait qu'ils appartenaient à une certaine sensibilité,
03:28d'autres ministres à d'autres sensibilités.
03:30Donc, c'était aussi une façon pour alléger le poids des partis,
03:37mais quand même les sensibilités étaient respectées.

Recommandations