Grand témoin : Éléonore Caroit, députée Renaissance sortante des Français établis hors de France, candidate à sa réélection
GRAND DÉBAT / RN : encore bloqué par le plafond de verre ?
« Le récap » par Bruno Donnet
Le Rassemblement national avait déjà réalisé une percée aux élections législatives de 2022, obtenant 89 sièges à l'Assemblée. Le 30 juin 2024, le parti lepéniste semblait plus que jamais aux portes du pouvoir avec les 33,15% réalisés au premier tour de ces législatives anticipées. Mais après les multiples désistements des candidats du Nouveau Front populaire et de la majorité sortante pour faire front républicain, la majorité absolue pourrait finalement leur échapper. C'est ce que laisse notamment présager un sondage réalisé par Toluna Harris Interactive, selon lequel le RN obtiendrait entre 190 et 220 sièges, loin du seuil des 289 députés nécessaires. Dans ce cas, comme il l'a martelé depuis le début de la campagne, Jordan Bardella ne se rendrait pas à Matignon. Le Rassemblement national va-t-il encore se heurter à ce « plafond de verre » qui l'empêche d'accéder au pouvoir depuis sa création ?
Invités :
- Jacques Paugam, journaliste politique au journal « Les Echos »,
- Antoine Marette, journaliste au service politique de France Culture, spécialiste de l'extrême droite,
- Arnaud Stephan, communicant, ancien conseiller de Marine Le Pen.
GRAND ENTRETIEN / Éléonore Caroit : coalition, fantasme ou option crédible ?
Avec un score de 33,49%, la candidate « Renaissance » Éléonore Caroit a obtenu un résultat bien supérieur à la moyenne du parti présidentiel au premier tour des législatives. Le mouvement « Ensemble » en soutien du président de la République étant seulement arrivé en troisième place avec un score de 21,73% et se plaçant donc derrière le « Rassemblement National » et l'alliance de la gauche « Le Nouveau Front Populaire ». L'ancienne députée de la 2e circonscription des Français à l'étranger doit affronter Sergio Coronado au second tour, candidat des écologistes et donc du NFP. Quel regard la candidate porte-t-elle sur la dernière étape des législatives en vue de l'écart étroit avec son adversaire de gauche et d'une éventuelle majorité relative du RN au niveau national ?
Grand témoin : Éléonore Caroit, députée Renaissance sortante des Français établis hors de France, candidate à sa réélection
LES AFFRANCHIS
- Thomas Lestavel, journaliste indépendant,
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique de France Inter,
- « Campagne express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP - Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
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GRAND DÉBAT / RN : encore bloqué par le plafond de verre ?
« Le récap » par Bruno Donnet
Le Rassemblement national avait déjà réalisé une percée aux élections législatives de 2022, obtenant 89 sièges à l'Assemblée. Le 30 juin 2024, le parti lepéniste semblait plus que jamais aux portes du pouvoir avec les 33,15% réalisés au premier tour de ces législatives anticipées. Mais après les multiples désistements des candidats du Nouveau Front populaire et de la majorité sortante pour faire front républicain, la majorité absolue pourrait finalement leur échapper. C'est ce que laisse notamment présager un sondage réalisé par Toluna Harris Interactive, selon lequel le RN obtiendrait entre 190 et 220 sièges, loin du seuil des 289 députés nécessaires. Dans ce cas, comme il l'a martelé depuis le début de la campagne, Jordan Bardella ne se rendrait pas à Matignon. Le Rassemblement national va-t-il encore se heurter à ce « plafond de verre » qui l'empêche d'accéder au pouvoir depuis sa création ?
Invités :
- Jacques Paugam, journaliste politique au journal « Les Echos »,
- Antoine Marette, journaliste au service politique de France Culture, spécialiste de l'extrême droite,
- Arnaud Stephan, communicant, ancien conseiller de Marine Le Pen.
GRAND ENTRETIEN / Éléonore Caroit : coalition, fantasme ou option crédible ?
Avec un score de 33,49%, la candidate « Renaissance » Éléonore Caroit a obtenu un résultat bien supérieur à la moyenne du parti présidentiel au premier tour des législatives. Le mouvement « Ensemble » en soutien du président de la République étant seulement arrivé en troisième place avec un score de 21,73% et se plaçant donc derrière le « Rassemblement National » et l'alliance de la gauche « Le Nouveau Front Populaire ». L'ancienne députée de la 2e circonscription des Français à l'étranger doit affronter Sergio Coronado au second tour, candidat des écologistes et donc du NFP. Quel regard la candidate porte-t-elle sur la dernière étape des législatives en vue de l'écart étroit avec son adversaire de gauche et d'une éventuelle majorité relative du RN au niveau national ?
Grand témoin : Éléonore Caroit, députée Renaissance sortante des Français établis hors de France, candidate à sa réélection
LES AFFRANCHIS
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- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique de France Inter,
- « Campagne express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.
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NewsTranscription
00:00Générique
00:05Bonsoir à tous et bienvenue dans Savourgarde.
00:08On est à J-3 du second tour des législatives.
00:11Deux grands thèmes au sommaire ce soir.
00:13Avec d'abord cette grande coalition qui pourrait voir le jour
00:16si aucune majorité ne se dégage dimanche.
00:19Qui pourrait y participer ? Pour faire quoi ?
00:21Et avec quel Premier ministre ?
00:23On en parlera avec Eleonore Carroix, députée sortante
00:25qui se représente sous les couleurs de Renaissance.
00:28Avant cela, on s'interrogera sur le plafond de verre du RN.
00:32La marge du second tour est-elle encore trop haute ?
00:35Depuis dimanche, les obstacles semblent s'accumuler.
00:38Avec des candidats qui dérapent dans les médias.
00:40Un front républicain qui réduit le nombre de triangulaires.
00:43Et des réserves de voix incertaines au second tour.
00:46On en débat avec nos invités dans un instant.
00:48Les législatives, on en parle bien sûr.
00:50Également avec nos affranchis.
00:52Yael Ghos évoquera les bienfaits de la proportionnelle.
00:55Thomas Lestavelle nous dira s'il faut craindre un shutdown à la française.
00:58Enfin, tout ce qu'il faut retenir de cette journée de campagne,
01:01Campagne Express, ce sera avec Elsa Mondingava.
01:04Voilà pour le sommaire, c'est parti pour ça vous regarde.
01:17C'est un principe qui ne s'est jamais démenti sous la Ve République.
01:20Un parti qui fait plus de 30% des voix au premier tour
01:23obtient toujours la majorité absolue au second tour.
01:26L'ERN va-t-il faire exception ?
01:29Va-t-il se heurter à nouveau à ce qu'on appelle le plafond de verre
01:32qu'il a toujours empêché d'accéder au pouvoir jusqu'à présent ?
01:35Pour en débattre, nous accueillons ce soir Antoine Marret.
01:37Bonsoir.
01:38Vous êtes journaliste politique à France Culture,
01:40spécialiste de l'extrême droite.
01:42Jacques Pogam, bonsoir.
01:44Vous êtes journaliste aux Echos
01:46et vous suivez le Rassemblement National pour ce journal.
01:49Arnaud Stéphan, bonsoir.
01:51Vous êtes communicant, engagé, mais libre dans votre paroche,
01:54dit engagé parce que vous avez géré par le passé,
01:57c'était il y a quelque temps, la communication de Marion Maréchal
02:00et vous avez également conseillé Marine Le Pen.
02:03Et pour commencer, le traditionnel récap de Bruno Donnet.
02:16Bonsoir, Bruno.
02:17Bonsoir, Clément.
02:18Après l'euphorie du premier tour,
02:20le Rassemblement National est-il victime d'un coup d'arrêt ?
02:23Oui, la dynamique du parti, Clément, semble s'être enrayée
02:26et c'est l'appel un peu préoccupé lancé ce matin par Marine Le Pen
02:30qui nous a mis la puce à l'oreille.
02:32Il y a quelques millions d'électeurs
02:34du second tour de la présidentielle, par exemple,
02:36qui se sont abstenus et à qui je viens de dire
02:40venez parce que c'est vraiment le moment important.
02:44La patronne du Rassemblement National est inquiète
02:47parce qu'elle a vu ceci.
02:49La toute dernière projection en siège
02:52qui n'accorde plus la majorité absolue à son parti
02:55qui cherche donc tous azimuts des alliances.
02:58Moi, j'ai l'ambition d'élargir ma majorité
03:00et de tendre la main aussi à tous les électeurs de droite et du centre
03:03parce que je veux la majorité la plus large possible.
03:05Le hic, c'est que le réservoir de voix de l'extrême droite
03:08est déjà bien rempli
03:10et que le second tour de ces législatives
03:12est en train de prendre un visage tout à fait singulier.
03:15Moi, je vois ces élections comme un référendum
03:18encore plus depuis le premier tour.
03:22Un référendum avec une question simple.
03:25Est-ce que nous voulons que l'extrême droite
03:28prenne le pouvoir en France ?
03:30Est-ce que nous voulons que la famille Le Pen
03:32s'empare de ce pays ?
03:34Pour ou contre le Rassemblement National ?
03:37La question est simple, simpliste même,
03:39dit Marine Le Pen qui a très bien vu
03:41les grandes mâchoires du piège politique
03:43se refermer sur son parti.
03:45Le seul objectif de tous ces gens-là,
03:47c'est faire barrage au Rassemblement National.
03:49C'est la seule ligne de leur projet.
03:52Mais c'est contradictoire avec cette dissolution.
03:55Dans ces cas-là, il ne fallait pas faire de dissolution.
03:57Pour autant, les fameux désistements
04:00et le front républicain ne suffisent pas, Clément,
04:03à expliquer ce gros coup de mou de l'extrême droite.
04:05Qu'est-ce qui freine encore l'élan
04:07du Rassemblement National, Bruno ?
04:09La principale difficulté, ce sont ses représentants.
04:12Ils sont à la fois trop nombreux,
04:14pas suffisamment préparés et encore bien souvent
04:16capables de se prendre les pieds
04:18dans le sulfureux héritage du parti.
04:21Cette semaine, par exemple, à Caen,
04:23la candidate du RN s'est affichée
04:25sur les réseaux sociaux avec une casquette
04:27nazie vissée sur la tête.
04:29Dans le Jura, le candidat investi
04:31est, c'est pas de bol, inéligible.
04:33Il a été placé sous curatel.
04:35En Mayenne, maintenant, dans la troisième
04:37circonscription, la candidate a été
04:39condamnée pour une prise d'otage.
04:41Dans la première circonscription,
04:43la candidate RN, à laquelle on a demandé
04:45si elle était raciste, s'est justifiée
04:47comme ceci.
04:49J'ai comme hôtel mot un juif
04:51et j'ai comme dentiste un musulman.
04:55Oeil pour oeil, dent pour dent,
04:57cette stupéfiante déclaration
04:59a donc immédiatement été utilisée
05:01par le candidat socialiste.
05:03Derrière cette face cachée,
05:05il y a la réalité d'une extrême droite
05:07qui est violente
05:09et qui est incapable,
05:11absolument incapable
05:13de gouverner le pays lundi matin.
05:15En tout et pour tout,
05:17nos confrères de BFMTV
05:19ont recensé 70 cas,
05:2170 candidats RN
05:23qui posent problème.
05:25Ils illustrent bien sûr la trop grande
05:27légèreté du parti. Toutefois,
05:29Raphaël et Glucksmann s'en étaient mis ce matin.
05:31Ils ne présagent en rien
05:33les résultats de ce dimanche.
05:35Il n'y a rien de fait.
05:37L'Assemblée nationale peut ce dimanche
05:39avoir une majorité absolue
05:41et être aux commandes de notre pays.
05:43Le fameux plafond de verre
05:45dont parlent si souvent
05:47les commentateurs
05:49est une pure création des dits commentateurs
05:51mais les électeurs ont tout à fait
05:53les moyens de le faire voler en éclats.
05:55Merci beaucoup Bruno Deney.
05:57On va peut-être commencer
05:59par un premier tour de table avec vous trois.
06:01Est-ce qu'on peut encore
06:03parler de plafond de verre
06:05de l'Assemblée nationale selon vous ?
06:07Antoine Marrette.
06:09En tout cas, s'il y a un plafond, il est de plus en plus haut.
06:11Il a un peu baissé depuis dimanche dernier.
06:13Dimanche dernier, les sondages disaient,
06:15les projections disaient,
06:17qu'il y aura jusqu'à 300 députés
06:19RN, c'est-à-dire majorité absolue.
06:21Maintenant, les sondages
06:23sont à 220 députés,
06:25c'est-à-dire très loin
06:27de la majorité absolue.
06:29Depuis, il y a eu un certain nombre
06:31de désistements du côté du centre
06:33comme du côté de la gauche et que ça,
06:35c'est très efficace pendant une élection
06:37uninominale majoritaire à deux tours.
06:39Après, la question,
06:41ça va être celle de l'abstention
06:43au second tour et ça,
06:45c'est encore une inconnue.
06:47D'où l'appel lancé par Marine Le Pen ce matin
06:49aux abstentionnistes.
06:51Oui, parce qu'entre le second
06:53tour de la présidentielle
06:55et le premier tour des législatives,
06:57le RN a perdu 2 millions
06:59de voix.
07:01Il se dit qu'il y a une réserve de voix possible.
07:03D'où elles viennent, on ne sait pas,
07:05mais peut-être que dimanche,
07:07il va en profiter.
07:09Sur cette notion de plafond de verre,
07:11beaucoup de journalistes disaient au soir
07:13du premier tour, ça y est, ce plafond de verre,
07:15le RN l'a brisé et là, d'un coup,
07:17on a l'impression qu'il lui revient.
07:19Il l'a brisé et en même temps,
07:21les appareils politiques ont mis en place
07:23un barrage, le mur du barrage,
07:25si vous préférez, et le RN va avoir du mal
07:27dans des territoires où
07:29beaucoup de candidats En Marche, Insoumis
07:31ou Front Populaire se sont retirés
07:33à performer comme il l'a fait
07:35au premier tour.
07:37C'est un parti qui n'a pas de réserve de voix électorale
07:39en dehors, on l'a dit, des abstentionnistes.
07:41Sauf qu'une élection présidentielle,
07:43ce n'est pas exactement la même chose qu'une élection législative.
07:45C'est plusieurs micro-élections,
07:4777 en dehors de ceux qui ont été réélus
07:49au premier tour, dont Marine Le Pen,
07:51qui vont se jouer avec des rapports
07:53de forces locaux, des consignes
07:55de vote, des traditions locales,
07:57des partis plus ou moins implantés dans chaque territoire.
07:59Donc c'est très difficile de prévoir.
08:01Par contre, ce qui est sûr, c'est que le retrait
08:03d'un certain nombre de candidatures va clarifier
08:05le choix, ou en tout cas les options.
08:07La question, moi, je pense,
08:09qui se pose pour l'électorat et les partis,
08:11c'est est-ce que les consignes de vote, ça marche encore ?
08:13C'est de moins en moins certain.
08:15Est-ce que les gens écoutent au fond,
08:17est-ce qu'ils n'écoutent pas plutôt l'intérêt du portefeuille ?
08:19Et votre ressenti, quand vous allez sur le terrain,
08:21quand vous rencontrez les électeurs ?
08:23Au RN,
08:25c'est un parti,
08:27on va probablement me contredire, mais c'est un parti un peu
08:29caporalisé, donc l'optimisme est de rigueur.
08:31Tout le monde vous explique que non, non,
08:33vous allez voir ce que vous allez voir,
08:35la majorité absolue est atteignable. D'ailleurs, c'est Jordan Bardella
08:37qui donne le « là » sur ces questions-là,
08:39tout en ayant une Marine Le Pen
08:41qui explique aussi que si aménagement, il y a affaire
08:43plus tard sur la majorité relative, on pourrait éventuellement
08:45trouver 19 députés
08:47à peu près raccords avec le programme
08:49pour mettre en place des mesures d'urgence.
08:51J'en reviens aux électeurs dans les territoires.
08:53Si vous êtes un électeur et les filles qui avaient en horreur
08:55le RN ou en tout cas Marine Le Pen
08:57ou Jordan Bardella, vous pouvez regarder
08:59les programmes. Le programme, c'est
09:01la TVA réduite
09:03sur les produits énergétiques.
09:05C'est la TVA réduite sur un panier
09:07de 100 produits de première nécessité.
09:09Donc vous pouvez vous y retrouver aussi
09:11en tant qu'électeur à un certain moment.
09:13Ça pose cette question. Et surtout,
09:15pour moi, c'est un point très important, c'est que
09:17chaque figure tutélaire des camps,
09:19je pense à Emmanuel Macron, je pense à Jordan Bardella,
09:21Jean-Luc Mélenchon, surtout,
09:23sont des repoussoirs pour chacun des électorats.
09:25Donc si vous êtes vous-même dans une circonscription
09:27où on vous a dit de ne pas voter pour
09:29le candidat d'un parti
09:31qui a à sa tête une personnalité
09:33qui vous repousse, c'est compliqué
09:35de faire des transferts de voix et des reports de voix.
09:37Arnaud Stéphan, c'est le principal obstacle
09:39à franchir aujourd'hui pour le RN
09:41dans cet entre-deux-tours, ce front républicain.
09:43On est passé de plus de 300 triangulaires
09:45à moins de 90. Je ne suis pas sûr
09:47qu'on soit encore dans le
09:49fond vert pour la simple et bonne raison que
09:51le RN aujourd'hui fait des scores qu'il n'avait
09:53jamais fait auparavant. Il a doublé ses voix par rapport
09:55aux législatives de 2022.
09:57En revanche, il est confronté
09:59à quelque chose de réel qui est la Confédération
10:01de la Louse, c'est-à-dire tous ces partis
10:03qui se sont mis les uns avec les autres
10:05pour essayer de détricoter
10:07le système électoral
10:09qui avait fait la réussite de la Ve République.
10:11Le système majoritaire
10:13à deux tours permettait
10:15jusqu'à aujourd'hui de garantir une majorité
10:17et une stabilité aux institutions.
10:19Ce qu'on sait, c'est que lundi,
10:21il n'y aura ni de majorité, ni de stabilité.
10:23Pour la bonne et simple raison, c'est que
10:25vous aurez vraisemblablement trois,
10:27quatre blocs, on ne sait pas encore,
10:29les LR qui vont rester indépendants, peut-être un groupe
10:31dissident du NFP
10:33avec seulement les socialistes et les écologistes,
10:35le LFI tout seul dans son coin
10:37et un très gros groupe
10:39du RN. Mais tout ça, ça ne fait pas
10:41une majorité, ça ne donne même pas une stabilité
10:43à un gouvernement. Donc tout ce qu'on sait, c'est qu'aujourd'hui
10:45on a vécu, même si c'est une
10:47demi-victoire pour les uns, ça reste une
10:49demi-défaite aussi. Ce sont
10:51les élections au chocolat, parce qu'on refera
10:53des élections dans un an, ça c'est garantie
10:55sur facture, et là on ne connaît pas le résultat
10:57parce que dans un an, l'absence de
10:59stabilité, la bordélisation
11:01généralisée au sein de l'Assemblée nationale
11:03avec un gouvernement qui est incapable d'agir en profondeur
11:05et de donner, de guider
11:07et de donner une voix, ça donnera
11:09une vague d'un côté ou de l'autre.
11:11Soit ça sera la LFP
11:13et une nouvelle LFP
11:15LFIZ au maximum qui remportera la donne
11:17ou alors enfin le Rassemblement national
11:19arrivera à s'imposer avec peut-être de
11:21nouveaux alliés venus
11:23de la droite dite républicaine.
11:25Alors on va voir comment les
11:27électeurs du Rassemblement national vivent un peu
11:29la mise en place de ce front républicain. Vous parliez de
11:31demi-victoire ou de victoire en chocolat.
11:33Quel regard portent-ils là-dessus ?
11:35Hélène Banduelle et Pierre Beretta sont allés
11:37leur poser la question à Crève-Cœur-le-Grand
11:39dans l'Oise.
11:43...
11:47Dans l'Oise,
11:49il semblerait que le vent tourne.
11:51Dans les sept
11:53circonscriptions, le Rassemblement
11:55national caracole en tête
11:57à l'issue du premier tour.
11:59A 100% pour le Front national.
12:01Voilà.
12:03C'est toujours inquiétant.
12:05On verra bien ce que ça va donner,
12:07est-ce que les barrages vont fonctionner ou pas.
12:09Je croise les doigts.
12:11Crève-Cœur-le-Grand,
12:133000 habitants, plus de 53%
12:15ont voté pour le parti de Jordan Bardella.
12:17Des électeurs
12:19RN qui assument leur vote
12:21et se sentent parfois
12:23pointés du doigt.
12:25C'est ça, c'est qu'ils nous méprisent.
12:27On stigmatise
12:29toujours les gens qui votent Front national
12:31en se disant
12:33c'est les pauvres, c'est les gens
12:35qui ne sont pas très cultivés,
12:37qui sont là,
12:39les racistes, je vois pas de quoi ils ont peur.
12:41Parce que je pense que si plus de 35%
12:43des Français ont envie de leur laisser leur chance,
12:45à un moment donné, il va falloir leur laisser.
12:47Oui, après tout,
12:49ils existent ces gens-là,
12:51donc ils ont le droit de se faire entendre aussi.
12:53Maintenant, ce qu'ils
12:55veulent mettre en oeuvre, c'est pas forcément
12:57terrible, quoi.
12:59Après, ça va peut-être remettre en question
13:01les autres aussi,
13:03qui s'étaient un peu endormis sur leur laurier, quoi.
13:05Les multiples désistements
13:07au profit du Front républicain
13:09ont de quoi agacer
13:11les électeurs RN.
13:13Mais avec des scores jamais vus,
13:15ils croient en la majorité absolue.
13:17Ils sont en train de se casser le plafond de verre.
13:19On va les essayer pendant deux ans et on verra dans deux ans
13:21qu'est-ce qui se passera.
13:23Si c'est eux, maintenant, avec tous les magouilles
13:25qu'ils sont en train de faire, c'est peut-être pas sûr
13:27que ce sera eux.
13:29Qu'est-ce que vous appelez les magouilles ?
13:31Les magouilles, c'est quand on voit
13:33que des gens de Macron
13:35partent avec la France insoumise,
13:37des gens qui se sont crachés dessus
13:39la veille,
13:41s'embrassent le lendemain.
13:43C'est n'importe quoi.
13:45Ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
13:47Je pense que les Français ont pris leur décision.
13:49Je pense que
13:51le RN, il va arriver, j'espère.
13:53J'espère fortement.
13:55Avec une majorité absolue ?
13:57Vous y croyez ?
13:59A fond.
14:01Au premier tour, les résultats du RN
14:03ont suscité une vague d'espoir.
14:05Dimanche, si les barrages fonctionnent,
14:07pour les électeurs d'extrême droite,
14:09ce sera la désillusion.
14:11Antoine Marrette,
14:13quand vous entendez ces électeurs du RN
14:15parler de mépris, de stigmatisation,
14:17de magouilles, est-ce que ce Front républicain
14:19respecte vraiment les règles du jeu démocratique ?
14:21La plus grande probabilité,
14:23d'après ce que disent les sondages dimanche soir,
14:25c'est qu'on aura
14:27une majorité relative
14:29pour le RN.
14:31Impossibilité pour Jordan Bardella
14:33de devenir Premier ministre.
14:35Mettons-nous à la place d'un électeur
14:37du RN,
14:39il y aura évidemment une colère.
14:41Il y aura l'idée qu'une coalition de partis,
14:43du système, pour reprendre une expression
14:45à l'extrême droite,
14:47a empêché cette victoire par,
14:49j'entendais le mot magouille,
14:51mais c'est un mot qu'on va entendre dimanche soir
14:53si cette configuration se précise.
14:55Moi, ce qui m'a frappé
14:57dans les témoignages qu'on a entendus,
14:59c'est qu'il n'y avait pas d'espoir.
15:01Jusqu'à présent, on disait
15:03le RN, c'est un vote de protestation.
15:05Là, on n'est plus là-dedans, on est dans un vote d'espoir.
15:07Les gens, ce n'est plus
15:09simplement de la colère qu'ils expriment,
15:11ils ont envie que le RN arrive au pouvoir
15:13et mette en place
15:15des mesures très concrètes,
15:17comme la TVA, par exemple.
15:19Jacques Pogham, sur ces paroles des lecteurs
15:21du Rassemblement national.
15:23C'est frappant qu'il y ait une frustration qui se met en place
15:25et c'est alimenté en plus par le discours de Marine Le Pen
15:27qui prépare un peu le terrain
15:29à un demi-échec ou à une semi-victoire,
15:31je ne sais pas comment vous l'interprétez.
15:33Mais il y a l'idée que le système aura tout fait
15:35pour s'arranger sur le dos des électeurs
15:37et en plus, en s'alliant avec autrefois
15:39le pire ennemi, un des pires ennemis
15:41ou l'autre extrême de l'Assemblée nationale,
15:43que serait LFI. Il y a quand même l'idée
15:45au RN, qu'on essaie de transmettre un peu
15:47dans les médias, que de dire qu'il pourrait y avoir
15:49une possible coalition un peu baroque
15:51faite de briquet de broc
15:53avec des députés qui seraient
15:55soit alliés à LFI, soit eux-mêmes à LFI.
15:57Donc oui, ça pourrait interroger l'électeur.
15:59Mais ce qui est aussi intéressant,
16:01je trouve, c'est que
16:03quelque part, ça sert,
16:05et on en parlait à l'instant, ça sert le discours
16:07pour une deuxième dissolution.
16:09Ça prépare vraiment le terrain pour une vague
16:11encore plus énorme, encore plus importante
16:13que celle des européennes et encore plus
16:15massive que celle des législatives.
16:17C'est-à-dire que si pendant un an, on a des gouvernements d'experts,
16:19des fausses coalitions, des gouvernements qui tombent les uns après les autres
16:21et que Jordan Bardella et Marine Le Pen
16:23regardent, entre guillemets, les bras croisés
16:25le désastre à l'Assemblée nationale,
16:27puisque ça va irriter, hystériser
16:29les Français, ce spectacle, puisqu'on aura
16:31des extrêmes très puissants,
16:33ils peuvent continuer à se présenter
16:35comme le parti de l'ordre et de la raison
16:37et arriver un petit peu
16:39comme des seigneurs dans un an
16:41avec une majorité, cette fois-ci, pléthorique.
16:43Arnaud Stéphan,
16:45vous partagez ce point de vue,
16:47ce front républicain peut préparer
16:49la victoire de demain du RN dans un an ?
16:51Toute démarche politique
16:53a besoin d'un débouché.
16:55Ce qui se passe aujourd'hui
16:57empêche l'expression d'un débouché politique.
16:59Mais que ce soit pour LFI
17:01ou que ce soit pour le RN.
17:03Les électeurs qui sont
17:05extrêmement mobilisés, qui ont réussi à créer
17:07des partis extrêmement forts,
17:09qui arrivent à présenter beaucoup de candidats,
17:11qui, d'élection en élection, sont
17:13côte-côte. On se rappellera
17:15que Jean-Luc Mélenchon,
17:17il est à 800 000 voix à peine
17:19de Marine Le Pen, ou même moins que ça
17:21le soir du premier tour de l'élection
17:23présidentielle.
17:25Il avait créé la NUPES
17:27justement pour être un outil
17:29pour lui donner une dynamique
17:31électorale. Qu'est-ce qui se passe ?
17:33C'est qu'au lendemain de cette élection,
17:35lui aussi,
17:37ce qu'il avait créé comme appareil
17:39pour véhicule de dynamique politique
17:41va se briser dès le lendemain
17:43parce que les autres vont s'arranger contre lui.
17:45Et puis, de l'autre côté, vous avez cet énorme
17:47groupe qui sera là, même 200 députés,
17:49c'est considérable 200 députés,
17:51qui lui aussi n'aura pas, pour les Français,
17:53la possibilité de gouverner,
17:55donc de donner un débouché électoral.
17:57Et quand ça se passe comme ça, vous arrivez
17:59exactement à ce que peut-être certains attendent,
18:01l'expression d'une
18:03radicalité. Vous aurez peut-être
18:05des formes de gilet jaune,
18:07peut-être vu autrement,
18:09mais il faudra qu'il y ait cette
18:11colère puisse s'exprimer.
18:13Quand vous regardez les gens,
18:15c'est toujours en vérité le même discours
18:17que vous entendez depuis des années.
18:19Il y a une dizaine d'années, un livre était sorti
18:21qui s'appelait La France des oubliés,
18:23qui racontait que quand on habite
18:25dans la France périphérique et rurale,
18:27il n'y a pas de train, il n'y a pas de bus,
18:29vous êtes à trois heures
18:31du premier musée, vous n'avez pas
18:33forcément de bibliothèque,
18:35vous n'avez pas forcément de musée,
18:37que vous vous sentez tellement déclassé
18:39que vous ne faites même pas d'études supérieures.
18:41On n'est plus simplement là-dedans,
18:44Si vous regardez la carte de France,
18:46je suis désolé de vous contredire,
18:48je n'aime pas ça.
18:50Ce qui m'a frappé visuellement,
18:52c'était à Bocaire,
18:54lors des dernières universités d'été du RN,
18:56on commence à avoir
18:58une population parmi les militants
19:00un peu BCBG,
19:02type LR,
19:04certains militants qui étaient à LR,
19:06qui ont basculé avec l'arrivée de Jordan Bardella
19:08à la tête du Rassemblement national
19:10et tête de liste,
19:13qui se disent,
19:15le seul débouché
19:17à droite,
19:19désormais c'est le RN.
19:21Ce pas, désormais, est franchi
19:23par un certain nombre
19:25de personnalités politiques,
19:27de militants,
19:29qui ne l'auraient jamais fait avant.
19:31Et on n'est plus simplement dans une France
19:33de déclassés, comme vous l'avez dit.
19:37Juste pour apporter un petit plus,
19:39je veux plus soin à ce que vous venez de dire,
19:41mais pour bien expliquer,
19:43c'est qu'en vérité, c'est vrai que, finalement,
19:45Éric Zemmour, à son corps défendant,
19:47a servi de sas de décompression
19:49à une partie d'un électorat CSP+,
19:51plutôt catholique,
19:53on le voit sur les résultats des élections
19:55de ce week-end.
19:57Pour la première fois, les catholiques
19:59ont franchi le pas, véritablement,
20:01et ont voté pour le RN.
20:03C'était une des catégories qui se protégeait
20:05beaucoup du RN.
20:07Aujourd'hui, ces catholiques
20:09sont du côté RN,
20:11en tout cas, une grande partie.
20:13Vous avez aussi les CSP+, c'est nouveau.
20:15Vous avez des patrons de PNE, etc.
20:17C'est plus 35%.
20:19Ça, c'est aussi l'échec d'Éric Zemmour,
20:21qui est aujourd'hui à 0,5%.
20:23Ces gens ont vu, ils ont compris
20:25que le véhicule d'Éric Zemmour pour exprimer
20:27leur position politique n'était pas le bon.
20:29Jordan Bardella leur convient bien.
20:31Le grand succès de Marine Le Pen,
20:33c'est d'avoir réussi à trouver Jordan Bardella
20:35pour convaincre ses parties de la population,
20:37particulièrement,
20:39et qu'ils auront apporté
20:41un vote puissant au RN.
20:43Ça m'amène à la question suivante,
20:45celle des réserves de voix du RN,
20:47qui ont été un des autres obstacles
20:49historiques du RN
20:51sur les seconds tours d'élection.
20:53Est-ce que la donne a changé sur ce point précis ?
20:55Jacques Pogam.
20:57C'est très difficile à dire, c'est ce que j'expliquais tout à l'heure.
20:59On ne sait pas si les électeurs vont suivre
21:01les consignes, vont se positionner
21:03par rapport au retrait des uns des autres
21:05ou si ce sera un mouvement de colère.
21:07En plus, on ne compte pas le vote blanc.
21:09Il y a des circonscriptions où le vote blanc
21:11peut arriver en tête, loin devant le député
21:13ou le candidat du RN.
21:15Ce sont des gens qui ne sont pas élus
21:17avec énormément d'électeurs.
21:19Mais tout ce travail fait sur des catégories
21:21socioprofessionnelles qui, historiquement,
21:23ne votaient pas RN, est-ce qu'il peut payer
21:25sur ce second tour ?
21:27Il va payer, parce qu'il y a une partie des gens
21:29qui n'ont pas envie que ce soit le désordre.
21:31Généralement, c'est des gens qui appartiennent
21:33plus favorisés que la population,
21:35qui n'ont pas envie que ce soit le bordel
21:37à l'Assemblée nationale.
21:39Il y aura cette envie de clarifier les choses.
21:41C'est un soupçon que j'ai,
21:43mais je pense que l'élan
21:45des européennes est déjà tellement puissant
21:47que les gens qui voulaient voter RN
21:49de toute façon, et qui voulaient le faire
21:51peut-être en se pinçant le nez, l'ont quand même fait
21:53au premier tour. Le niveau de réserve de voix
21:55aux délecteurs, le seul espoir qu'ils peuvent avoir,
21:57c'est qu'il y ait de l'abstention de l'autre côté,
21:59que les candidats entre eux s'annulent
22:01et que l'abstention de l'autre côté,
22:03qui est notamment liée aux leaders nationaux,
22:05et qu'en fait, dans cet océan d'abstention
22:07ou de participation moindre au deuxième tour,
22:09on pourrait avoir éventuellement
22:11un candidat RN qui surnagerait
22:13parce qu'il était déjà arrivé en tête au premier.
22:15C'est l'abstention, l'espoir du RN
22:17aujourd'hui pour obtenir la majorité absolue ?
22:19Oui, c'est ça.
22:21Après, il y a la réserve de voix dont je parlais
22:23de la présidentielle, mais voter pour Marine Le Pen
22:25au second tour de la présidentielle,
22:27ce n'est pas la même chose que de voter
22:29pour un candidat dont on a vu le profil,
22:31ça, ça va être un problème.
22:33On va en parler de ça.
22:35Bruno Donnet nous a offert
22:37un florilège des différents profils
22:39et des différents dérapages
22:41à connotation raciste de certains candidats.
22:43Est-ce que
22:45ce n'est pas là aussi
22:47l'autre élément essentiel
22:49du plafond de verre du RN,
22:51cette incapacité à se normaliser
22:53malgré tous les efforts menés par Marine Le Pen
22:55ces dernières années ?
22:57Non, ce n'est pas trop l'histoire de la normalisation,
22:59c'est plutôt l'histoire de la structuration.
23:01Le problème du RN,
23:03c'est qu'il a été bâti
23:05contre son propre organigramme.
23:07Voilà, c'est particulier,
23:09la direction du parti s'est toujours méfiée de son appareil.
23:11Et donc, vous avez eu régulièrement
23:13des purges,
23:15on a régulièrement coupé des têtes.
23:17Il y a eu des tentatives de putsch.
23:19Il y a eu des putsch,
23:21il y a eu des départs assez importants,
23:23il y a eu évidemment le départ de Bruno Maigret
23:25en 1998, puis vous avez eu le départ
23:27de Florian Philippot, qui a été un peu
23:29moins douloureux, mais qui a quand même créé une ambiance
23:31particulière, parce que lui, en revanche, il avait coupé énormément
23:33de têtes. Donc, ce qui s'est passé,
23:35vraisemblablement,
23:37c'est à peu près les infos que j'ai,
23:39c'est qu'en effet, il s'était préparé à des élections
23:41législatives, mais que
23:43ça bouge énormément. Sur 577
23:45candidats, il a fallu faire de la place
23:47à certains, notamment les allerciotistes,
23:49à d'autres personnalités.
23:51Et puis, quand vous avez autant de circonscriptions
23:53à fournir, vous avez des gens
23:55qui meurent, vous avez des gens qui n'y vont plus,
23:57il y a des gens, pour des raisons professionnelles
23:59ou personnelles, qui ne peuvent pas y aller.
24:01Et qu'il y a, en effet, un certain nombre
24:03de circonscriptions qui ont peut-être
24:05été garnies
24:07un peu à l'arrache,
24:09parce que ces élections n'ont que
24:11trois semaines pour s'organiser, et vous n'avez pas le temps
24:13de faire les castings, de faire les recherches nécessaires.
24:15577 personnes ont passé
24:17au TAMI, même s'il n'y en a qu'une centaine,
24:19puisque c'est les
24:21néo-candidats qui arrivent.
24:23C'est peut-être problématique, mais c'est la question de la structuration
24:25des partis. Il est trop faible.
24:27Je me rappelle qu'il y a un an,
24:29vous avez probablement eu la même expérience,
24:31mais on parlait beaucoup avec les dirigeants
24:33ou les représentants du RN qui nous parlaient d'un plan Matignon.
24:35C'était le plan secret qui devait...
24:37Patatras.
24:39Le plan, c'était
24:41de flécher
24:43certains députés vers des ministères,
24:45les préparer, et qui se prépare ?
24:47C'était en cas d'élection législative anticipée,
24:49après une dissolution, c'est d'avoir un candidat dans chaque territoire,
24:51prêt, avec, je vous passe les détails
24:53sur le médiatraining, mais on n'en était pas loin.
24:55L'idée, c'était quand même d'avoir des gens
24:57qu'on pouvait présenter très rapidement,
24:59qui étaient efficaces très rapidement.
25:01Le plan Matignon, qui était censé avoir des réunions hebdomadaires,
25:03on n'en a jamais vu vraiment la couleur,
25:05est forcé de reconnaître qu'il y a eu au moins des trous
25:07dans le plan.
25:09Antoine Barrette, ça vous surprend qu'il y ait encore autant
25:11de dérapages racistes chez les candidats du RN,
25:13par exemple ? Le plan Matignon
25:15dont vous parlez, il était plutôt prévu
25:17pour octobre.
25:19Juillet, ce n'était pas prévu.
25:21Donc, ils ont été un peu pris de court.
25:23Et puis, au RN, il y a la direction
25:25parisienne, les députés qu'on connaît,
25:27il y en a une dizaine
25:29qui ont le droit de s'exprimer dans les médias,
25:31des porte-paroles. Les autres,
25:33ils se font plutôt discrets dans les médias,
25:35parce qu'ils ne sont pas forcément très...
25:37on va dire à l'aise.
25:39Discrets aussi parce qu'ils n'ont pas forcément
25:41l'autorisation du parti de s'exprimer.
25:43Tout à fait. Mais il y a
25:45quelque chose d'important, à mon avis, c'est la différence
25:47entre le RN de Paris
25:49et le RN des régions, et notamment
25:51certains responsables départementaux
25:53qui, visiblement, sont restés un peu
25:55dans la vieille école du FN.
25:57Vous les appelez, certains départements
25:59où le RN ne fait pas forcément des très bons scores,
26:01vous les appelez,
26:03vous êtes un peu surpris parfois par l'accueil
26:05que vous avez, qui est très chaleureux
26:07à Paris pour les journalistes. Il y a vraiment
26:09la volonté de bien se comporter avec les journalistes.
26:11Dans certains départements, c'est plus compliqué.
26:13Qu'est-ce qui s'est passé
26:15il y a trois semaines ? On a dit
26:17à ces responsables départementaux
26:19« Trouve-nous 4-5 candidats ».
26:21Et puis ces gens-là, ils sont allés chercher
26:23dans ce qu'ils avaient.
26:25Et effectivement, certains débordements,
26:27parce que je ne peux pas imaginer
26:29qu'on ne garde pas le profil Facebook
26:31public d'une personne
26:33qu'on va...
26:35qu'on va mettre
26:37comme candidat
26:39pour les législatives. C'est impossible.
26:41Évidemment, les responsables départementaux
26:43savaient à qui ils avaient affaire,
26:45et ils donnent cette attribution
26:47à ces personnes-là en toute connaissance de cause.
26:49C'est juste une parenthèse.
26:51Ils ont aussi un problème de riches, parce qu'ils sont
26:53Jordan Bardella, qui est quand même excellent
26:55et qui écrase tout autour de lui médiatiquement.
26:57Même Marine Le Pen, des fois, c'est compliqué
26:59d'exister à côté d'une machine
27:01médiatique pareille, parce qu'il est quand même
27:03très bon sur les réseaux sociaux, il fédère énormément
27:05de jeunes, il est très fort dans les médias.
27:07Même quand il perd un débat
27:09avec Gabriel Attal,
27:11même dans l'opinion, plus tard, ses électeurs trouvent
27:13qu'Attal a été plus arrogant et que
27:15finalement, Bardella a été plus humble et donc plus à leurs
27:17images et donc leur correspond mieux.
27:19Vous voyez, c'est compliqué d'exister face
27:21à ce duo qui est très
27:23bien rodé, qui est très complémentaire et qui gagne
27:25les élections. Quand vous devez rentrer
27:27dans le grand bain, c'est moins évident.
27:29A propos de Jordan Bardella, quand il parle de quelques
27:31brebis galeuses, quand Marine Le Pen parle de
27:33moutons noirs, comment
27:35le communicant que vous êtes juge cette gestion
27:37de crise de la part du Rassemblement national ?
27:39C'est de la gestion de crise. La gestion de crise,
27:41c'est jamais favorable, en vérité.
27:43D'abord, il faut gérer
27:45le risque avant de se retrouver dans la gestion
27:47de crise. C'est ce que j'essaye d'expliquer à mes clients.
27:49C'était le plan Matignon.
27:51Oui, mais pas tatra, parce que le plan Matignon
27:53était prévu pour octobre et pas pour juillet.
27:55C'est comme le plan
27:57bleu pendant la Deuxième Guerre mondiale. Vous inquiétez pas, tout est prêt
27:59et puis finalement, rien n'était prêt.
28:01Donc là, en l'occurrence,
28:03c'est pas tant que rien
28:05n'était prêt, c'est quand même un tour de force
28:07d'arriver avec un tel score
28:09et un tel nombre de députés à l'Assemblée nationale
28:11en si peu de temps, avec une campagne
28:13qui est très difficile, dont on sait, en plus,
28:15que le Rassemblement national n'a pas
28:17forcément, encore une fois, la même structuration
28:19que les autres partis. Ça va changer,
28:21c'est en cours, mais c'est pas le cas.
28:23La grande promesse de Jordan Bardella,
28:25de structurer le parti, d'en faire une machine
28:27de guerre, c'est pas encore
28:29arrivé. Peut-être que ça arrivera bientôt.
28:31Mais ça pousse, et je vais vous faire une idée là-dessus,
28:33en cas de victoire,
28:35tout ira bien pour le Rassemblement national,
28:37en cas de demi-victoire,
28:39donc de demi-défaite, il y a quand même
28:41une question qui va se poser, c'est
28:43de comment et pourquoi ?
28:45Comment on a raté le coche et pourquoi ?
28:47Voilà.
28:49Chercher un responsable, vous voulez dire ?
28:51Quand on fait une demi-victoire
28:53et qu'on n'a pas la majorité absolue, il faut savoir
28:55de dire pourquoi. C'est pas forcément uniquement
28:57des raisons exogènes, c'est aussi des raisons
28:59totalement endogènes.
29:01Il faut se remettre en question en politique, sinon ça sert à rien.
29:03Alors, pour continuer un peu sur
29:05ces profils de candidats, on est avec
29:07un parti qui n'a jamais gouverné, qui doit donc
29:09rassurer les Français sur sa capacité
29:11à gouverner. Ça peut jouer
29:13ce qui se passe là, dans cet entre-deux-tours,
29:15ces profils un peu...
29:17C'est difficile à dire.
29:19Ça peut jouer,
29:21peut-être, de la part des lecteurs LR
29:23qui auront un choix à faire au second tour
29:25en l'absence de candidats LR.
29:27Après,
29:29ça peut aussi séduire une partie de la population.
29:31Cet amateurisme,
29:33ça veut dire, finalement, ces gens-là,
29:35ils sont comme nous, et puis ce parti,
29:37il permet à des gens comme ça de s'exprimer.
29:39C'est un petit peu à l'image
29:41de ce que veut être le RN,
29:43proche du peuple.
29:45Après, il y a vraiment
29:47des cas qui posent problème.
29:49Pour avoir une majorité absolue
29:51avec ce casting-là, ça va être quand même
29:53très compliqué. Mais est-ce que c'est vraiment une mauvaise nouvelle
29:55pour le RN ?
29:57Sinon, le RN est la majorité absolue dimanche soir.
29:59Il lui reste 2-3 ans
30:01avant la présidentielle,
30:03avec une dette très importante,
30:05une absence
30:07d'expérience.
30:09Il y a toutes les raisons
30:11que ça ne se passe pas très bien.
30:13D'ailleurs, c'est peut-être
30:15une stratégie d'Emmanuel Macron,
30:17donner les clés de Matignon au RN
30:19plutôt que leur donner les clés
30:21de l'Elysée en 2027.
30:23Mais peut-être.
30:25Vous comprenez bien,
30:27et ce qui est une des clés
30:29de ce qui se passe aujourd'hui,
30:31c'est que même en cas
30:33de majorité relative,
30:35il n'est pas question pour Jordan Bardella
30:37d'aller marbrer
30:39la possible victoire
30:41de Marine Le Pen en 2027.
30:43L'enfer de Matignon,
30:45ça ne va pas être que l'enfer pour lui,
30:47ça va être l'enfer pour tout son parti
30:49et pour l'image de Marine Le Pen.
30:51Si ça se passe mal, la première victime sera Marine Le Pen.
30:53C'est la raison pour laquelle il refuse d'y aller
30:55s'il n'a pas une majorité absolue.
30:57Ce qui est assez paradoxal dans la situation
30:59qu'on vit actuellement, c'est que les 88 députés
31:01qui ont été élus en 2022, RN,
31:03avaient énormément aidé à notabiliser le parti,
31:05à diffuser une image de sérieux,
31:07de respectabilité.
31:09C'était un peu en contraste avec la gauche
31:11de l'hémicycle, mais il y avait quand même cette idée
31:13que c'était la stratégie de la cravate.
31:15On l'a beaucoup décrit.
31:17Ça a quand même eu un effet sur l'opinion publique,
31:19l'idée que quand vous les faites rentrer
31:21dans l'hôtel, ça marche,
31:23ou qu'ils se comportent bien.
31:25C'est là où j'en reviens à ce qu'on disait sur Emmanuel Macron.
31:27C'est encore pire pour ses troupes
31:29si c'est cette stratégie-là qu'il a adoptée.
31:31Faire rentrer le loup encore plus dans la bergerie
31:33pour lever l'hypothèque RN
31:35en sacrifiant une partie de son camp
31:37sur l'hôtel de l'élection présidentielle
31:39de 2027,
31:41c'est d'un cynisme difficile à entendre
31:43pour des marcheurs et des militants.
31:45Juste d'un mot, est-ce que le RN aujourd'hui
31:47a un vivier suffisant pour constituer
31:49un gouvernement compétent, à vos yeux ?
31:51Alors, je...
31:53Je vais vous laisser répondre après.
31:55Peut-être Antoine Marrêtre.
31:57C'est un mystère. Il y a le fameux groupe Les Horaces.
31:59Constituée d'anciens
32:01ou de fonctionnaires, ou d'actuels ?
32:03Oui, plus qu'eux, maintenant.
32:05Certains anciens des Horaces disent,
32:07Jean Messia, par exemple,
32:09disent que ce n'est pas aussi
32:11important que ce que le RN dit,
32:13cette espèce de société secrète
32:15qui agirait dans l'ombre
32:17pour préparer le RN au pouvoir.
32:19Bon, ça, c'est une espèce
32:21de légende créée par le RN.
32:23Non, la surprise,
32:25ce sera après dimanche soir.
32:27Si le RN a la majorité absolue,
32:29on verra, et puis peut-être que des personnes
32:31hauts fonctionnaires sortiront
32:33du bois, effectivement, et diront, moi,
32:35je veux bien offrir mes services au Rassemblement national.
32:39Votre point de vue sur cette question
32:41des compétences et du vivier au sein du RN ?
32:43Moi, je sais,
32:45pour l'avoir moi-même expérimenté,
32:47parce que j'ai été obligé d'aller vivre pendant 10 ans en Angleterre,
32:49c'est qu'il y avait un interdit professionnel
32:51pendant très longtemps. Moi, je travaillais dans la production télé
32:53et l'audiovisuel.
32:55J'ai été, pour une filiale de canal,
32:57je me suis fait remercier, j'ai pris la porte
32:59parce que j'avais été vu sur des images
33:01avec des gens du Front national.
33:03Donc, je sais ce que c'est, il y avait un interdit professionnel.
33:05Et donc, pendant très longtemps,
33:07énormément de hauts fonctionnaires, de patrons d'entreprises,
33:09de cadres supérieurs, etc.,
33:11ne se montraient pas avec le RN,
33:13ne faisaient pas actes
33:15de militantisme ou de candidature,
33:17mais ces gens-là existent, ils sont réels.
33:19Et pendant l'élection présidentielle,
33:21les oraces ont beaucoup changé depuis le départ
33:23de Jean Messia,
33:25qui avait été remercié il y a un moment déjà.
33:27Il y a beaucoup de gens qui sont arrivés.
33:29Moi, j'ai vu pendant l'élection présidentielle,
33:31je ne les connais pas tous, les oraces.
33:33Il y en a combien ?
33:35Justement, je ne sais pas, j'en sais rien,
33:37mais j'ai vu des notes et j'ai rencontré
33:39certaines de ces personnes, des énarques
33:41du Trésor, des polytechniciens,
33:43relativement jeunes,
33:45avec une bonne expérience, des banquiers d'affaires
33:47à moins de la quarantaine, etc., j'en ai rencontré
33:49quelques-uns. Vous parlez de tout l'entourage
33:51de Pierre-Édouard Steyrin, dont on parle
33:53beaucoup en ce moment ? Pas que, justement.
33:55Je sais qu'on en parle beaucoup, mais pas que.
33:57J'en ai vu d'autres.
33:59Je sais ce que j'ai vu pendant les élections.
34:01Et encore, je n'avais accès qu'à une toute
34:03petite partie des ressources
34:05du Rassemblement national et surtout
34:07autour de Marine Le Pen. Ce n'est pas autour de Jordan
34:09Bardella. C'est ça, la différence.
34:11Ces groupes-là, ces gens-là,
34:13c'est autour de Marine Le Pen. La force de
34:15Marine Le Pen, et pourquoi elle tient encore le parti
34:17et elle tient encore le sort
34:19de cette famille politique,
34:21c'est que ça se fait encore autour d'elle.
34:23J'approuve. Il y a des passerelles,
34:25c'est intéressant, il y a des passerelles dans la fonction
34:27publique, ça, c'est certain. Il y a des hauts fonctionnaires
34:29qui communiquent. Je ne veux pas
34:31citer de noms, mais je pense à Renaud Labaye,
34:33qui est le secrétaire général du groupe Rassemblement
34:35national à l'Assemblée. C'est un rôle stratégique.
34:37Voilà, qui est lui-même un entregeant
34:39avec la fonction publique qui lui permet
34:41de parler à des gens qui sont déjà
34:43haut placés dans la fonction publique.
34:45Mais il y a aussi cette idée, et c'est un petit débat
34:47qui va émerger au RN, s'il n'a pas
34:49encore lieu déjà, c'est qu'en fait,
34:51à un moment, je pense qu'il va y avoir
34:53un sujet sur est-ce que le politique,
34:55si on est dans l'éventualité d'une majorité absolue,
34:57est-ce que le politique doit reprendre la main sur l'administration
34:59ou est-ce qu'il faut séduire l'administration
35:01et l'administration doit-elle venir au RN ?
35:03On a quand même eu quelques indices dans cette campagne.
35:05Typiquement, l'idée de scinder Bercy
35:07ou plutôt de le diviser en blocs
35:09qui seraient moins rassemblés qu'actuellement,
35:11ça permet de reprendre la main politiquement,
35:13ça permet d'avoir des ministres plus forts dans des domaines plus restreints.
35:15Donc est-ce que, et je pense que c'est un débat
35:17qui va évoluer au RN dans l'éventualité où il faudrait gouverner
35:19et même plus tard, peut-être en 2027, ça se posera aussi.
35:21C'est à un moment, est-ce que c'est le politique
35:23qui gouverne et donc qui impose l'administration
35:25ou est-ce qu'il faut s'entendre avec l'administration pour pouvoir appliquer son propre programme ?
35:27C'est un vrai sujet démocratique ?
35:29Et en allant un tout petit peu plus loin...
35:31En quelques mots, très vite alors.
35:33Ça sera aussi la question d'avoir un gouvernement qui sera composé
35:35en grande majorité de gens qui ne sont pas des politiques
35:37et qui viennent de l'extérieur.
35:39Tout à fait.
35:41La réponse, on l'aura sans doute à partir de dimanche soir,
35:43plafond de verre ou pas pour le Rassemblement National.
35:45Les Français rendront donc leur verdict dimanche.
35:47C'est la fin de ce débat.
35:49Merci à tous les trois d'être venus sur le plateau de LCP.
35:51On va évoquer à présent un autre scénario possible pour l'après-législative,
35:53celui d'une grande coalition
35:55qui irait d'une partie de la droite jusqu'au communiste.
35:57On en parle avec l'invité du jour
35:59qui est Eleonore Carroix, ancienne députée Renaissance
36:01qui est candidate à sa réélection.
36:03Son invitation est signée.
36:05Marion Becker.
36:09Si on vous invite,
36:11Eleonore Carroix,
36:13c'est pour savoir si vous faites partie
36:15de ceux qui défendent l'idée d'une coalition
36:17pour gouverner demain.
36:19Car depuis que le Rassemblement National
36:21recule dans les sondages
36:23et que Matignon s'éloigne pour Jordan Bardella,
36:25dans la majorité,
36:27émerge la solution
36:29d'un gouvernement d'union nationale
36:31englobant communistes, écologistes,
36:33Ensemble
36:35et Les Républicains.
36:37Dès lundi, Gabriel Attal appelait
36:39à une assemblée plurielle
36:41en invitant les groupes politiques de droite,
36:43de gauche et du centre
36:45à travailler ensemble projet par projet.
36:47Mission immédiatement acceptée
36:49par le président LR
36:51de la région Haute-France.
36:53C'est ce que j'appelle un gouvernement provisoire.
36:55Un gouvernement provisoire qui rassemblera
36:57à l'assemblée les hommes et les femmes
36:59de bonne volonté, qui sont capables de s'ouvrir
37:01mais sur un projet concret.
37:03A gauche, l'appel ne laisse pas insensible
37:05à certaines conditions.
37:07Le sujet ce soir,
37:09ce n'est pas ce que moi je vais avoir envie de faire,
37:11ce que les écologistes vont avoir envie de faire
37:13ou ce que le nouveau Front Populaire va avoir envie de faire.
37:15C'est comment on trouve des solutions
37:17à des circonstances inédites.
37:19Et donc il faudra sûrement faire des choses
37:21que personne n'a jamais fait auparavant dans ce pays
37:23et il va falloir que certains au centre à droite
37:25nous disent comment ils souhaitent travailler.
37:27Mais il y a une ligne rouge
37:29à cette proposition.
37:31Pas d'alliance avec LFI.
37:33Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont été clairs.
37:35De toute façon,
37:37la France insoumise n'y comptait pas.
37:39Les insoumis ne gouverneront
37:41que pour appliquer leur programme,
37:43rien que le programme,
37:45mais tout le programme.
37:47Alors elle est honore Carroix,
37:49vous qui êtes députée sortante des Français
37:51établis en Amérique latine et au Caraïbe,
37:53candidate à votre réélection,
37:55vous qui étiez porte-parole
37:57du groupe Renaissance à l'Assemblée,
37:59on a une question pour vous.
38:01Dans quelles conditions
38:03une grande coalition
38:05est-elle encore possible ?
38:07A quoi pourrait-elle ressembler ?
38:09Bonsoir,
38:11Eléonore Carroix.
38:13Vous y croyez, à cette grande coalition ?
38:15Quelles sont les conditions
38:17pour qu'elle se réalise ?
38:19Je pense qu'il est nécessaire
38:21d'envisager une grande coalition
38:23pour faire face à un gouvernement
38:25du RN qui est ce qu'il faut
38:27à tout prix éviter,
38:29ce à quoi nous nous opposons tous.
38:31Une grande coalition,
38:33il faut savoir qui on met dedans,
38:35les députés qui pourraient l'intégrer,
38:37et ça ne peut pas être avec la France insoumise.
38:39Pourquoi ?
38:41On a entendu Emmanuel Macron,
38:43le compte-rendu du Conseil des ministres,
38:45où il excluait catégoriquement
38:47LFI. LFI, de son côté, ne veut pas y participer.
38:49Pourquoi écarter
38:51d'emblée LFI ?
38:53En fait, ça ne m'étonne pas que
38:55LFI indique ne pas vouloir y participer
38:57et que tout le monde dise que
38:59LFI ne pourra pas le faire parce que
39:01dès le début, ils se sont placés comme un parti
39:03qui n'est pas un parti de gouvernement, qui n'est pas un parti responsable.
39:05Il y a un exemple que je cite souvent
39:07parce que ça m'a choquée. Lorsque
39:09j'ai commencé mon premier mandat de député,
39:11on venait d'être élus, c'était en 2022,
39:13c'était une situation inédite à l'Assemblée nationale
39:15où on se retrouvait sans majorité absolue
39:17et les déclarations de Jean-Luc Mélenchon
39:19qui était vexé de ne pas avoir été élu président,
39:21qui avait fait toute la campagne
39:23de la Nupes, je ne sais pas si vous vous souvenez, c'était
39:25tel candidat député, Mélenchon, Premier ministre
39:27avec une voix un peu suave,
39:29il n'avait pas eu les nombres
39:31nécessaires pour que la Nupes
39:33puisse arriver au pouvoir, et il a dit
39:35marchons sur Paris, coupons la tête du roi,
39:37allons prendre le pouvoir autrement.
39:39Et je pense que ça, c'était peut-être
39:41symbolique, mais c'est assez symptomatique
39:43de la façon dont beaucoup de députés
39:45de la LFI se sont comportés
39:47au cours des dernières années.
39:48Alors si on met de côté la France insoumise,
39:50on a quand même, au-delà de LFI, vu
39:52le débat politique se polariser
39:54ces dernières années, on a le sentiment que chacun
39:56considère l'autre plus comme un
39:58ennemi que comme un adversaire politique
40:00comme c'était le cas avant.
40:02Vous pensez que la classe politique
40:04française est prête aujourd'hui à enterrer
40:06l'âge de guerre, qu'elle est prête
40:08à faire ce gouvernement d'Union nationale ?
40:10Je pense qu'elle doit le faire.
40:12Et d'ailleurs, je pense que le message que nous envoient
40:14les Français aujourd'hui, en votant
40:16massivement pour un parti populiste
40:18qui a des valeurs qui ne sont pas
40:20les nôtres, qui d'ailleurs libèrent
40:22toute une forme de pensée, d'expression
40:24raciste et xénophobe, comme on l'a vu,
40:26avec le Rassemblement national,
40:28c'est pas que tout à coup les Français
40:30ont adhéré à ces valeurs
40:32ou sont d'accord avec le Rassemblement national.
40:34C'est qu'ils ne se retrouvent plus dans cette classe politique
40:36parce que justement, il y a cette agitation permanente,
40:38il y a ce débat qui n'en est plus un,
40:40il y a cette sorte de stand-up
40:42comédie en permanence à l'Assemblée,
40:44et je pense qu'il est absolument nécessaire
40:46qu'aujourd'hui, dans les députés qui sont élus
40:48et a fortiori ceux qui sont là
40:50justement pour faire barrage au Rassemblement national,
40:52ils soient responsables et prêts
40:54à faire des compromis.
40:56Vous évoquez la brutalisation du débat politique
40:58rejetée par les Français, mais en même temps
41:00quand on voit les échanges sur les réseaux sociaux,
41:02c'est pas plus calme non plus,
41:04donc vous êtes certains que les Français sont prêts
41:06à faire des concessions, parce qu'un gouvernement
41:08d'Union nationale s'implique de faire des concessions
41:10sur ses propres idées, vous pensez qu'ils sont prêts à cela ?
41:12Je pense que c'est nécessaire
41:14et surtout je pense que c'est possible.
41:16Nous, si vous voulez, dans la majorité
41:18qui pour certains peine à être comprise
41:20cette histoire du dépassement politique
41:22et qui moi m'a fait justement adhérer à ce mouvement-là
41:24au-delà de la personnalité du Président,
41:26au-delà de tout le reste,
41:28c'était vraiment, je me disais, c'est génial,
41:30on peut sortir d'un certain nombre de cas...
41:32Vous êtes en train de dire que le gouvernement national
41:34ça va être la consécration du en même temps macroniste ?
41:36Pas du tout, mais je dis que justement
41:38dans ce centre qui a été créé
41:40qui était un peu quelque chose d'inédit
41:42et souvent mal compris et qui d'ailleurs là
41:44arrive peut-être un peu au bout de l'exercice,
41:46il faut voir ce que ça va donner, il y a eu énormément de concessions.
41:48Il y a des gens qui venaient de la gauche,
41:50il y a des gens qui venaient de la droite, qui avaient des idées
41:52qui étaient très opposées, il y a eu beaucoup de dialogues,
41:54il y a eu de la concertation, parfois des sujets sur lesquels
41:56on était en désaccord frontal,
41:58mais on a quand même réussi à se mettre d'accord.
42:00Et plus largement, parce que nous n'avions pas
42:02de majorité absolue pendant deux ans,
42:04on a été obligé de dialoguer avec les uns et les autres
42:06et moi je me souviens des dernières niches parlementaires
42:08par exemple écologistes
42:10ou de la niche parlementaire socialiste
42:12dans lesquelles les textes ont été votés, pareil pour les LR.
42:14Donc on sait faire quand on veut.
42:16Mais pas quand tout s'associe aux détails.
42:18Zimran, ça n'a pas bien fonctionné, ça s'est terminé par une dissolution quand même.
42:20Oui, ça s'est terminé par une dissolution je pense
42:22parce qu'il y avait une forme d'opposition de principe
42:24de certaines oppositions et en fait
42:26moi j'ai été très surprise, très choquée
42:28par cette dissolution, je ne l'ai pas comprise
42:30et d'ailleurs j'ai été très frustrée
42:32de voir ce que ça allait donner et inquiète
42:34comme beaucoup de français.
42:36Et lorsque la semaine d'après, on a vu Eric Ciotti
42:38qui s'associait au Rassemblement National
42:40je me suis dit en fait on était au bout de quelque chose
42:42ça allait quelque part se passer
42:44la question c'était quand et comment.
42:46Quelle serait la base programmatique
42:48pour un tel gouvernement, le projet commun
42:50parce qu'il faut quand même se mettre d'accord
42:52sur un minimum de choses à faire ensemble.
42:54Oui tout à fait. En fait je pense qu'il y a une chose
42:56qu'on ne sait pas très bien faire en France et qui est absolument nécessaire
42:58c'est regarder ce qui se passe ailleurs.
43:00Dans des démocraties parlementaires
43:02ce que nous ne sommes pas, mais quand même
43:04nos voisins européens avec qui nous coopérons
43:06au jour le jour
43:08on arrive à se mettre d'accord avec des parties
43:10qui n'ont pas du tout la même ligne mais qui ont
43:12la volonté de faire avancer leur pays.
43:14Et je pense qu'aujourd'hui il va falloir qu'on réfléchisse
43:16à justement les groupes
43:18qui ont des idées différentes, établissent
43:20des priorités, voient qu'est-ce qu'ils veulent
43:22vraiment avancer comme idée
43:24parce qu'il y a évidemment des idées qui sont
43:26irréconciliables.
43:28Le Nouveau Front Populaire a déjà dit clairement les choses
43:30abrogation de la réforme des retraites.
43:32Mais regardez par exemple le Nouveau Front Populaire.
43:34Mais cette question par exemple, vous répondez quoi à ça ?
43:36Je pense que si vous interrogez séparément
43:38les différents partis de ce Nouveau Front Populaire
43:40derrière ce slogan
43:42il y a des réalités très différentes.
43:44Il y a des injustices perçues
43:46de cette réforme des retraites qui ne veulent pas dire
43:48nécessairement on ne prend pas en compte le vieillissement de la population
43:50et on ne prend pas en compte la nécessité de travailler plus.
43:52Mais en revanche vous avez ceux qui crient le plus fort
43:54et ceux qu'on a le plus entendu, ceux qui ont été
43:56le plus en outrance au cours
43:58des différentes manifestations, la France Insoumise,
44:00qui empêchent qu'on écoute les autres.
44:02Donc moi je suis convaincue qu'on peut dialoguer avec les autres.
44:04Mais pour amender, modifier, ajuster
44:06cette réforme des retraites ?
44:08Pas nécessairement sur ce point-là mais je pense sur tous les points
44:10il va falloir établir si
44:12gouvernement d'Union Nationale il y a
44:14un certain nombre de priorités. Et sur les individus
44:16parce qu'on n'est pas dans un système
44:18dans lequel finalement vous êtes élu
44:20seulement par votre étiquette mais vous êtes élu
44:22au scrutin uninominal à un tour.
44:24À deux.
44:26On vous élit vous en tant que personne, en tant que député.
44:28Moi par exemple, j'ai pas du tout
44:30le même bilan que d'autres députés
44:32de mon groupe parlementaire, j'ai pas voté
44:34exactement les mêmes choses.
44:36On n'est pas là pour défendre votre bilan personnel pour des questions de temps de parole.
44:38Absolument, mais ce que je veux dire c'est
44:40par exemple, quelque part
44:42il faut que les Français voient qui ils sont en train d'élire
44:44qu'est-ce que cette personne défend au-delà
44:46de son étiquette politique qui parfois peut être
44:48un peu biaisée.
44:50Moi j'ai des écologistes qui en réalité sont plus éléphistes qu'écologistes.
44:52Il y a une question de personne qui se pose aussi
44:54c'est qui, à Matignon,
44:56dans un tel cas de figure, la gauche dit
44:58déjà on sera le premier groupe
45:00parlementaire, ce sera à nous
45:02de choisir le poste de premier ministre.
45:04Mais moi quand j'entendais par exemple
45:06Marine Tendelier hier et lorsque j'entends
45:08Jean-Luc Mélenchon à l'issue des résultats
45:10du premier tour, je me rends compte que c'est
45:12irréconciliable et qu'en quelque sorte on est un peu
45:14en train de mentir aux Français lorsqu'on leur dit
45:16il y a un nouveau front populaire
45:18lorsqu'on a voulu détruire la Nupes.
45:20Ils ont voulu s'autodétruire et sont partis
45:22extrêmement divisés pour les Européennes.
45:24Donc je pense qu'il va falloir voir de quelle gauche on parle,
45:26quel poids relatif elle va avoir.
45:28Mais vous avez en tête des personnalités de gauche qui pourraient fédérer
45:30l'ensemble de la classe politique
45:32en dehors du Rassemblement national ?
45:34Oui je suis sûre qu'il y en a et je pense qu'il y a aussi des personnalités de droite
45:36et si on va faire ça, ce qui est inédit
45:38dans notre République,
45:40il va aussi falloir chercher à droite
45:42des personnalités qui sont conciliantes,
45:44des hommes et des femmes d'Etat
45:46qui sont capables de prendre de la hauteur
45:48et ça, ça veut aussi dire qu'on doit avoir
45:50une opposition qui est responsable et qui ne s'oppose pas par principe.
45:52Mais il va aussi falloir des choses
45:54très concrètes pour répondre aux attentes
45:56des Français en matière de pouvoir d'achat
45:58et d'immigration, ce sont leurs deux priorités
46:00aujourd'hui. Vous imaginez
46:02quoi comme réponse qui puisse
46:04fédérer presque tout ce
46:06spectre politique qui va d'une partie
46:08de la droite jusqu'aux communistes ?
46:10Je pense que déjà il faut se mettre d'accord sur,
46:12et je ne suis pas sûre pour la gauche,
46:14les communistes, je ne sais pas
46:16où ils se situent, mais en tout cas
46:18les parties de centre gauche et de centre
46:20droit et ce centre issu
46:22d'ensemble qui arrive
46:24aujourd'hui de manière un peu aussi
46:26décousue, qu'est-ce qu'on va retrouver ?
46:28Comment on va pouvoir se fédérer ?
46:30Je pense qu'il faut regarder, finalement,
46:32les Français ont besoin d'ordre, ils ont besoin
46:34qu'on arrête cette politique spectacle, cette politique de l'outrance,
46:36ils ont besoin aussi d'être rassurés,
46:38aujourd'hui on est dans une situation qui est tout sauf rassurante
46:40pour les Français, donc il va falloir
46:42déjà apaiser le débat, vous l'avez dit tout à l'heure,
46:44c'est pas quelque chose de très simple,
46:46et ensuite sur les mesures, je pense qu'on peut se mettre d'accord
46:48sur une chose, en tout cas les partis
46:50qui seraient dans cette coalition doivent être d'accord sur une chose,
46:52c'est notre rôle dans l'Union Européenne
46:54et l'importance de l'Europe pour nous.
46:56Ce n'est pas la priorité des Français,
46:58eux ils parlent pouvoir d'achat, sécurité, immigration.
47:00Mais vous savez que ces trois sujets-là
47:02sont absolument liés à nos politiques européennes,
47:04je veux dire aujourd'hui l'immigration,
47:06c'est un sujet qui est éminemment européen,
47:08la question dont on traite l'asile par exemple,
47:10la façon dont on traite les flux de personnes,
47:12c'est des choses qu'on ne peut pas décider tout seul.
47:14Et sur le pouvoir d'achat par exemple,
47:16c'est quoi la réponse
47:18possible entre le SMIC
47:20à 1600 euros ou
47:22les baisses de cotisations patronales ?
47:24Il y a énormément de solutions
47:26possibles, il y a beaucoup de choses qui ont été faites
47:28et je pense qu'il faut aussi un peu défendre le bilan.
47:30Par exemple, quand je suis sortie moi de l'université
47:32il y a encore 10 ans ou 15 ans ou 20 ans,
47:34on n'imaginait pas qu'on serait à un taux de chômage aussi bas.
47:36Et aujourd'hui c'est vrai qu'on a besoin dans notre pays
47:38de davantage de redistribution
47:40et surtout que le travail paye davantage.
47:42Je pense que si on se met d'accord sur des principes assez généraux,
47:44le centre, que ce soit le centre gauche
47:46ou le centre droit, disons la gauche
47:48ou la droite de gouvernement, on a beaucoup plus de points
47:50communs que de points de divergence.
47:52Est-ce qu'une telle coalition ne revient pas
47:54finalement à ignorer le vote d'une
47:56grande partie des Français ?
47:58Je ne pense pas, parce que si cette
48:00coalition est suffisamment importante
48:02en termes de siège, cela veut dire
48:04qu'elle aura recueilli les suffrages nécessaires
48:06pour être majoritaire et que donc du coup la démocratie
48:08sera plus respectée. D'ailleurs la démocratie
48:10qui a été poussée à bout
48:12dans cet exercice qu'est la dissolution,
48:14à bout disons au plus extrême, c'est-à-dire
48:16on vous redonne la parole après vous l'avoir donnée
48:18il y a à peine quelques semaines.
48:20Et je pense qu'aussi il faudra comprendre
48:22d'où vient ce vote pour le Rassemblement National
48:24et il faudra aussi que le Rassemblement National
48:26s'exprime, parce qu'on l'a vu pendant la campagne,
48:28plus les candidats du Rassemblement National
48:30se sont exprimés, plus les Français
48:32ont compris les idées qui étaient
48:34derrière ce parti qui pendant deux ans n'a rien dit
48:36et a bénéficié de l'outrance
48:38des candidats
48:40de la gauche qui étaient
48:42vraiment dans une opposition irresponsable
48:44de l'ultra-gauche ou de la gauche mélanchoniste
48:46disons parce qu'il y a un débat, c'est menti.
48:48Vous ne l'avez plus tout le monde dans le...
48:50Non, mais je pense que tout le monde n'a pas du tout agi
48:52de la même façon et je pense qu'aujourd'hui il y a un débat
48:54sur extrême-gauche, pas extrême-gauche, on peut dire gauche mélanchoniste
48:56pour peut-être mettre tout le monde d'accord.
48:58Merci beaucoup Eléonore Carrois, vous restez avec nous.
49:00On accueille à présent Elsa Mondingava pour Campagne Express.
49:02Merci.
49:04Musique
49:06Musique
49:08Musique
49:10Musique
49:12Bonsoir Elsa. Bonsoir.
49:14Et on commence ce soir avec François Ruffin.
49:16Oui, François Ruffin qui aujourd'hui avait vraiment
49:18un message à faire passer, c'est que la rupture
49:20est consommée avec Jean-Luc Mélenchon
49:22alors ça fait plusieurs semaines qu'elle l'est déjà
49:24mais la nouvelle étape ce matin sur RTL
49:26il l'affirme, s'il est réélu dimanche
49:28et bien il ne siègera pas au sein du groupe
49:30des Insoumis et un peu plus tard
49:32en campagne sur le terrain, il en fait même
49:34un argument et il se justifie.
49:36J'ai dit ce matin que je ne siégerais pas
49:38dans le groupe La France Insoumise si j'étais réélu.
49:40Donc il faut que je fasse passer le message.
49:42Parfait, oui c'est bien.
49:44On a vécu trois semaines dures
49:46parce qu'on a un boulet.
49:48Je veux dire, vous regardez
49:50vous l'avez entendu, c'est Mélenchon
49:52Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon
49:54comme obstacle au vote.
49:56Alors avant de ne pas siéger chez les Insoumis
49:58il y a quelques étapes, se faire réélire
50:00il est en ballotage défavorable
50:02et puis ensuite pour fonder un groupe ici à l'Assemblée
50:04il faut au moins être 15, donc il faut trouver
50:0614 autres fondeurs.
50:08Vous revenez aussi ce soir Elsa sur des violences qui ont été commises
50:10soit contre des candidats, soit contre leurs équipes de campagne.
50:12Oui, regardez cette image, ce visage
50:14tuméfié de Bernard Dupré, adjoint au maire
50:16de La Tronche-Séprède-Grenoble
50:18il était en train de coller des affiches
50:20pour le candidat Olivier Véran
50:22ancien ministre, candidat de la majorité
50:24il a évidemment porté plainte
50:26hier soir c'est l'équipe de la porte-parole du gouvernement
50:28candidate dans les Hauts-de-Seine, Prisca Thévenot
50:30qui a été victime d'une agression
50:32sa suppléante Virginie Lanlot
50:34qui l'accompagna et un militant
50:36ont été physiquement blessés
50:384 personnes dont 3 mineurs ont été interpellées
50:40alors en fin de journée
50:42Gabriel Attal, le Premier ministre
50:44s'est rendu au chevet des deux élus
50:46particulièrement choqués évidemment par la violence
50:48de cette agression, le Premier ministre
50:50a évidemment condamné ce climat.
50:54D'abord je veux dire que c'est des attaques et des agressions
50:56d'une lâcheté insupportable
50:58qu'est-ce que c'est lâche
51:00que de s'attaquer à des personnes
51:02qui font vivre la démocratie. Je cherche l'apaisement
51:04l'unité et le rassemblement des Français.
51:06Alors cette violence elle a touché tous
51:08les camps en campagne.
51:10Mardi on apprenait qu'une candidate du Rassemblement National
51:12Marie Dauchy en Savoie
51:14avait été victime d'une altercation sur un marché
51:16Danielle Simonet
51:18candidate dissidente chez les Insoumis
51:20à Paris a elle aussi dénoncé
51:22une attaque de militants d'extrême droite
51:24contre des colleurs d'affiches de son camp
51:26la campagne elle se finit
51:28vendredi à minuit et elle se fait
51:30dans un climat très tendu voire même délétère.
51:32Merci beaucoup Elsa Mondingava
51:34et Léonore Carroix un mot peut-être
51:36du climat de cette fin de campagne, de cette violence
51:38qui a touché on l'a vu tous les bords politiques.
51:40Evidemment elle a condamné
51:42de la manière la plus ferme et absolue possible
51:44et de se dire qu'en 2024
51:46aujourd'hui lorsqu'on est tout simplement
51:48en train de coller des affiches, on risque
51:50de se faire tabasser, c'est quelque chose qui est insupportable
51:52on voit qu'il y a une libération
51:54d'une forme de violence que nous ne connaissions pas
51:56Mais ça dit quoi de la France d'aujourd'hui ?
51:58Ça dit qu'elle est extrêmement polarisée, ça dit que ça fait deux ans
52:00qu'on la secoue comme ça et qu'on met les français
52:02les uns contre les autres, qu'on jette de l'huile sur le feu
52:04et qu'on libère une parole raciste
52:06une parole extrémiste et qu'il faut
52:08vraiment reprendre les choses en main à ce niveau là
52:10parce que ça peut dégénérer. Moi dans ma circonscription
52:12je le vois, ça peut aller très vite
52:14dans d'autres pays. Merci beaucoup
52:16on passe à présent à nos affranchis.
52:22Musique
52:24Musique
52:26Musique
52:28Bonsoir Yaël Gauz. Bonsoir Clément, bonsoir à tous
52:30On commence par vous, donc chef du service politique
52:32de France Inter, votre parti pris ce soir
52:34sans attendre le résultat de dimanche
52:36cette campagne des législatives pose pour vous
52:38une question, est-ce que le scrutin
52:40majoritaire à deux tours est encore adapté
52:42à notre vie, à notre
52:44paysage politique ? Et bien non, non non
52:46Clément, et si dimanche soir, si dimanche soir
52:48le front tout sauf le RN accouche
52:50d'une majorité, la proportionnelle
52:52sera sans doute l'une des rares mesures
52:54sur laquelle de gauche à droite
52:56un gouvernement technique ou provisoire
52:58arriverait à se mettre d'accord.
53:00Sujet technique en apparence, la proportionnelle
53:02mais porteur d'un vrai changement
53:04de culture politique. Et puis c'est pas
53:06comme si c'était nouveau, avant les européennes
53:08le débat était revenu en force, poussé
53:10par la présidente de l'Assemblée
53:12Yaël Braun-Pivet, mais c'était pour préparer
53:14d'autres législatives 2027, pas 2024
53:16un chantier resté dans
53:18les cartons de l'Elysée malgré la
53:20promesse de 2017 réitérée en
53:222022. Qu'est-ce que ça aurait changé concrètement ?
53:24En Europe, nous sommes un des rares pays
53:26nous, la France, à ne pas savoir pratiquer
53:28cet art de la proportionnelle
53:30et de la coalition. Pire que ça
53:32on adore même se moquer de nos
53:34voisins, de l'instabilité des autres, de
53:36critiquer le gouvernement allemand
53:38et ses coalitions feutricolores
53:40on se gargarise d'avoir tourné la page
53:42de la 4ème République et de ses
53:44gouvernements jetables, éphémères.
53:46Sauf qu'un courant de pensée qui ne s'exprime
53:48pas en nombre d'élus ou qu'on
53:50muselle à coups d'artifices électoraux
53:52ça finit par faire sauter le
53:54couvercle de la cocotte minute. Maintenant
53:56que le RN est aussi puissant qu'un grand
53:58parti d'alternance, ce sont les
54:00autres qui sont au pied du mur.
54:02Dimanche soir, l'urgence
54:04sauf si le RN est la majorité
54:06absolue, l'urgence sera d'imaginer
54:08un rassemblement des bonnes volontés.
54:10Est-ce que cela n'aurait pas été plus facile
54:12sans la campagne délétère
54:14bloc contre bloc qu'on vient de vivre ?
54:16Sur quelle base désormais
54:18accorder ces violons ? Avec quelle cohérence ?
54:20Avec quel Premier ministre ? Avec la proportionnelle ?
54:22Tout repose sur l'idée qu'au
54:24moment du vote, chaque électeur le fait
54:26avec son cœur. Chaque parti court sous
54:28ses couleurs. Aucune formation ne peut
54:30prétendre être hégémonique. Il n'y a pas de
54:32winner takes all, le gagnant rafle
54:34tout. On ne peut pas injurier l'avenir parce qu'on
54:36sait qu'après il faudra passer des compromis.
54:38Et le scrutin majoritaire à
54:40deux tours aggrave en réalité
54:42la situation bloquée dans laquelle nous sommes
54:44à trois blocs. Dans la précipitation, vous avez vu
54:46les uns les autres négocier des circonscriptions
54:48et puis des programmes à la va-vite impossibles
54:50ou difficiles à tenir. Avec la
54:52proportionnelle, la logique aurait été
54:54inverse. Chaque sensibilité
54:56tente sa chance. Tout le monde se jauge
54:58et ce n'est qu'après l'élection que
55:00on peut dessiner, écrire un contrat de gouvernement.
55:02Aujourd'hui, comment voulez-vous faire
55:04pour réunir des adversaires qui sont
55:06tapés dessus pendant 20 jours, voire 20 ans ?
55:08Comment décrocher des bouts de bloc
55:10pour en recréer un autre ? Nous sommes
55:12au bout d'un système. Le scrutin
55:14majoritaire déforme, oblige au vote
55:16utile, au vote par peur. Il fait cohabiter
55:18des gauches mal réconciliées, on le voit.
55:20Il isole des modérés pris dans la tenaille
55:22des oppositions radicales.
55:24Et ce qui arrive était pourtant prévisible parce qu'en
55:26décembre, rappelez-vous Clément, il y avait un sondage
55:28confidentiel qui montrait qu'il y avait
55:30un risque de majorité absolue RN en cas
55:32de dissolution. Emmanuel Macron a raté
55:34le coche. Il avait sept ans pour faire
55:36cette réforme et le RN, qui rêvait
55:38d'être proportionnel, finit par le trouver
55:40bien sympathique, ce scrutin majoritaire à deux
55:42tours, maintenant qu'il en profite.
55:44Merci beaucoup Yael Goz et Léonore Carrois, d'un mot,
55:46vous partagez ce point de vue. Les parties de gouvernement
55:48en dehors du modem ont longtemps critiqué
55:50la proportionnelle. C'est-à-dire qu'on a
55:52du mal à comprendre ce que ça aura comme conséquence.
55:54On s'en rend bien compte qu'aujourd'hui, très souvent,
55:56lorsqu'on vous élit, on a du mal
55:58à savoir si on vous élit pour ce que vous avez fait,
56:00pour votre bilan, pour votre personnalité,
56:02votre ancrage territorial,
56:04c'est quand même très territorial un député,
56:06ou pour l'étiquette que vous avez. On voit que c'est un peu
56:08les deux. Et d'ailleurs, ce scrutin
56:10est peut-être celui où on se rendra le plus
56:12compte de la proportion de l'une
56:14et de l'autre de ces
56:16composantes, parce que je pense que
56:18ces blocs ne veulent rien dire aujourd'hui.
56:20Le programme du NFP, que l'on vous présente
56:22comme un programme qui serait cohérent,
56:24mais en même temps, ces principaux dirigeants qui vous disent
56:26le 7 juillet, c'est fini, on n'a plus rien à voir
56:28les uns avec les autres, c'est quand même la preuve la plus absolue
56:30qu'en fait, on élit des personnes.
56:32On passe à Thomas Lestavelle,
56:34à présent. Bonsoir, vous êtes journaliste
56:36économique, et vous nous parlez ce soir des risques
56:38qui pèsent sur le budget 2025.
56:40L'Assemblée arrivera-t-elle
56:42à accoucher d'une loi de finances dans les temps ?
56:44Effectivement. Construire un budget, c'est très
56:46chronophage, tout le monde sur ce plateau
56:48connaît ça, mais dans les circonstances actuelles,
56:50tenir les délais, c'est quasiment mission
56:52impossible. Les services techniques de Bercy
56:54travaillent sur le budget depuis
56:56plusieurs mois déjà, mais là, on attend évidemment
56:58les orientations du nouveau gouvernement.
57:00Théoriquement, le projet de loi de finances
57:02doit être déposé à l'Assemblée avant le 1er
57:04mardi d'octobre. Auparavant, il doit quand même
57:06être examiné par le Haut Conseil des Finances
57:08Publiques. C'est pourquoi, en réalité, il doit
57:10être prêt mi-septembre. Donc, si vous faites le calcul,
57:12les nouveaux députés auront seulement deux mois pour
57:14construire ce budget 2025. Alors, quels sont les scénarios
57:16qui se dessinent ? Alors, on l'a
57:18dit ce soir, il est
57:20peu probable que le RN décroche la
57:22majorité absolue. Du coup, on s'oriente vers un
57:24front républicain qui va résulter d'une coalition
57:26hétéroclite. Les négociations
57:28entre partis promettent d'être fastidieuses.
57:30Et puis, il y aura cette nouvelle Assemblée
57:32composée de beaucoup de novices qui ne
57:34connaissent pas forcément les subtilités du
57:36budget de l'Etat.
57:38Comment les créditeurs
57:40de la France pourraient-ils réagir ?
57:42Alors, déjà, avant ça,
57:44ce qui peut être intéressant, c'est de voir un peu
57:46quel est le risque
57:48en cas de blocage. C'est-à-dire que, par exemple,
57:50aux Etats-Unis, lorsque le Congrès
57:52ne parvient pas à s'accorder sur un budget
57:54fédéral, on ferme l'administration.
57:56C'est le fameux shutdown. C'est le fameux shutdown, effectivement.
57:58On a eu un exemple assez frappant fin
58:002018, début 2019, puisque Donald Trump
58:02voulait construire un mur à la frontière mexicaine,
58:04le Congrès ne voulait pas financer le projet.
58:06Blocage, impasse budgétaire, et pendant
58:0835 jours, il y a 800 000 fonctionnaires
58:10fédéraux qui ont perdu leur salaire.
58:12En France, c'est différent. On a l'article
58:1447 de la Constitution qui prévoit
58:16une sorte de mode sans échec, pour parler
58:18à la Windows. Et donc, en cas
58:20de blocage de l'Assemblée, on reconduit les impôts,
58:22on reconduit les crédits de l'année précédente,
58:24le temps qu'on aboutisse à un vrai budget.
58:26Et donc, pour répondre à votre question sur les créditeurs,
58:28effectivement, les marchés financiers,
58:30ils détestent l'incertitude. Donc, si la majorité
58:32n'arrive pas à élaborer un texte solide
58:34dans les temps, les agences de notation,
58:36dont on parle beaucoup en ce moment, vont perdre confiance,
58:38baisser la note de la France, ce qui va
58:40pousser les investisseurs à se détourner
58:42des titres tricolores et pourraient
58:44faire monter les taux d'intérêt, donc la charge de la dette,
58:46ce dont on n'a absolument pas besoin en ce moment.
58:48Et dans ce cas-là, le budget 2025 serait
58:50pas une simple addition de lignes, mais
58:52pour prendre une métaphore du cinéma, la somme
58:54de toutes les parts.
58:56Merci beaucoup à vous, Thomas Lestavelle,
58:58et merci à vous, Yael Gauze, ainsi qu'à vous,
59:00Elonor Carwad, d'être venu dans sa Vaurgarde.
59:02L'émission touche à sa fin.
59:04On se retrouve demain pour une émission spéciale,
59:06bilan de cette campagne d'entre-deux-tours.
59:08D'ici là, portez-vous bien.
59:10Sous-titrage ST' 501