À deux jours du second tour des élections législatives, notre dernier sondage Harris Interactive donne le RN en recul, avec 185 à 215 sièges, devant le Nouveau Front populaire (168 à 198 sièges) et Ensemble (115 à 145 sièges). Le front républicain est-il en train de fonctionner ? Quid du Nouveau Front Populaire après le résultat du scrutin de dimanche ? Écoutez l'interview de Sandrine Rousseau, députée écologiste réélue dès le premier tour dans la 9e circonscription de Paris.
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00:00Bonsoir, Isabelle Choquet et Vincent Derosier.
00:0518h37 et nous accueillons maintenant la deuxième invitée d'RTL, bonsoir.
00:09A deux jours du second tour des législatives, notre nouveau sondage Harris Interactive pour RTL et Challenge donne toujours le RN en tête,
00:16mais sans majorité absolue et en recul avec entre 185 et 215 sièges.
00:22A gauche et tout proche, deuxième, entre 168 et 198 sièges, entre 115 et 145 sièges pour le camp Macron et entre 32 et 63 sièges pour les Républicains.
00:34Avec nous dans ce studio, Sandrine Rousseau, députée écologiste réélue dès le premier tour dans la 9e circonscription de Paris.
00:40Au vu de ce sondage, Sandrine Rousseau et des autres d'ailleurs, est-ce que vous craignez, comme Raphaël Luxmann ce matin sur RTL, une démobilisation du vote républicain ?
00:49Des électeurs qui pourraient se dire, bon, le risque d'une majorité absolue du RN est écarté, je vais à la pêche.
00:55Alors au contraire, je voudrais vraiment alerter sur le fait que là ça va se jouer à très peu de députés dimanche
01:02et qu'il y a un enjeu, c'est quel est le groupe le plus important, quel est le deuxième, quel est le troisième
01:07et que de cela vont découler plein de choses qui vont marquer la politique française.
01:12Donc en fait chaque voix va compter, mais vraiment vraiment, et chaque député va compter.
01:16Donc là, mobilisez-vous parce que nous n'avons jamais été quelque part dans une situation aussi importante en matière de vote.
01:25Vous êtes en mesure effectivement d'être le premier groupe, le Nouveau Front Populaire.
01:29Si on s'en tient à la fourchette haute de ce sondage Harris Interactive, le Nouveau Front Populaire peut recueillir 198 sièges au maximum
01:37et le minimum du RN et de ses alliés, 185.
01:41Donc vous avez, peut-être dans un trou de souris, mais une possibilité d'être le premier groupe.
01:45Absolument, et la politique se joue vraiment aussi dans ces moments de bascule à très peu.
01:51Il suffit d'avoir une voix de plus pour être majoritaire en politique.
01:54Donc là, j'appelle vraiment tous les lectorats de gauche écologistes, mais tous les lectorats sont tristes aussi,
02:01à vraiment mesurer le moment et à aller voter pour qu'il y ait le moins de députés RN possibles à l'Assemblée.
02:07Et en fait, partout où vous serez, vous aurez le choix, dès qu'il y a un candidat RN, à un candidat d'une autre formation politique.
02:14Et j'ai envie de vous dire, quelle que soit cette autre formation de politique, il faut que vous alliez voter.
02:18Vraiment, vraiment, parce que là se joue quelque chose de l'histoire de la France.
02:22Et c'est un moment d'une importance, mais qui marquera les esprits, le récit français.
02:28Et vraiment, on compte sur vous, parce que nous ne pouvons pas accepter une France qui,
02:32avec des députés comme on l'a vu, enfin avec des candidats comme on l'a vu pour le RN,
02:37qui ont des propos racistes à tout bout de champ, qui ont des parcours incroyables,
02:40et surtout qui, à la fin, ne peuvent pas représenter les Français et les Françaises.
02:45Alors, si les projections ont autant bougé, c'est parce qu'il y a eu la stratégie des désistements.
02:49Mais c'est qui tout double ? Est-ce que vous comprenez que pour certains électeurs,
02:52ce soit compliqué d'aller mettre un bulletin Nouveau Front Populaire ?
02:54Oui, je comprends que ce soit compliqué. Moi, je dis juste cela.
02:58Nous, nous avons fait barrage à chaque fois qu'il était question de faire barrage.
03:01Et quand on a mis un bulletin d'Emmanuel Macron dans l'urne, ça n'a pas été facile,
03:05après avoir été traité d'éco-terroriste, après qu'il y ait eu des propos sur le fait
03:11qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver un emploi,
03:14ou que des ouvrières dans une usine étaient illettrées.
03:17En fait, après ça, ce n'était vraiment pas facile de mettre ce bulletin.
03:20Mais au nom de notre démocratie, qui est la valeur un peu suprême,
03:24qui nous rassemble et qui nous permet d'arbitrer nos différences,
03:28eh bien, au nom de cette démocratie, nous avons fait barrage.
03:30Et maintenant, nous demandons la réciproque dans les circonscriptions
03:34où il y a un candidat Nouveau Front Populaire.
03:36Et je sais les réticences que vous pouvez avoir.
03:40Nous en avions au moment de le faire pour Emmanuel Macron.
03:42Nous l'avons fait en devoir et en conscience.
03:45Je vous demande aussi de le faire en devoir et en conscience.
03:47Mais il y a des propos, parfois, qui peuvent un peu faire peur.
03:49Et on le voit dans ce sondage, d'ailleurs, le Nouveau Front Populaire inquiète finalement
03:53un peu plus que le Rassemblement National.
03:55Vous, par exemple, Sandrine Rousseau, vous êtes au cœur d'une petite polémique
03:59pour des propos que vous avez tenus en avril dernier sur le site Boursorama. On écoute.
04:03La France est un des pays où il y a une épargne qui nous permettrait très bien
04:08de reprendre la main sur notre dette. Aujourd'hui, ça n'est pas...
04:12À contraindre les épargnants ?
04:13Absolument.
04:15Marine Le Pen s'est emparée de cette phrase.
04:17Elle dit que les Français qui travaillent et qui ont économisé toute leur vie
04:20pour se constituer une petite épargne, ils seront ponctionnés
04:23si l'extrême-gauche arrive au pouvoir.
04:25Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
04:26Je dis que Marine Le Pen est une très mauvaise économiste.
04:29Et que c'est fâcheux pour quelqu'un qui brigue la présidence de la République.
04:32Parce qu'en fait, quand vous déposez de l'argent sur le livret A,
04:35l'argent qui est déposé sert, par exemple, à financer des logements sociaux.
04:39Et donc, si on regarde un pays comme le Japon,
04:43le Japon a une dette plus importante que la nôtre,
04:46mais une dette qui est moins dangereuse pour les finances publiques
04:49parce qu'elle est détenue par les ménages japonais.
04:52Donc, en fait, l'Italie, par exemple, a mis en place des titres de dette
04:59qui peuvent être achetés pour que les ménages italiens puissent posséder la dette.
05:03Et ça, c'était avant Mélanie.
05:04Et donc, aujourd'hui, quand vous avez une assurance-vie, vous avez des titres de dette.
05:07Mais sauf que vous avez des titres de dette de n'importe quel pays, en fait.
05:11Pas forcément de la France.
05:13Redonner la capacité aux ménages français de posséder en partie la dette française,
05:18c'est au contraire renforcer l'épargne des Français et Françaises.
05:21Mais c'est aussi, derrière, avoir une souveraineté économique
05:24qui nous permet de moins dépendre des marchés financiers
05:27ou des agences de notation.
05:29Donc, vraiment, je voudrais que Marine Le Pen revoie ses cours d'économie
05:31parce que ça, c'est quand même la base.
05:32Et, en l'occurrence, là, nous avons absolument besoin
05:35que cette épargne serve le récit national et serve aussi la transformation économique.
05:41Mais sans, et je le redis, sans fonctionner d'aucune manière.
05:45Mais, au contraire, moi, je pense qu'il faut augmenter, par exemple,
05:47le taux de rémunération du Livret A ou du Livret Développement Durable
05:51qui sont des sources d'épargne pour des gens qui ont travaillé toute leur vie
05:56et qui ont un petit peu d'argent de côté.
05:58Si l'Assemblée Nationale, on en revient à notre sondage,
06:00ressemble à la projection qu'on vous a donnée,
06:02vu les forces en présence, est-ce que vous, vous êtes prête à travailler dans une grande coalition ?
06:06Est-ce que vous seriez prête à gouverner avec Gabriel Attal ?
06:09Moi, je pense qu'on a un programme et que ce programme, c'est le Nouveau Front Populaire.
06:12Que, par ailleurs, on a ce Nouveau Front Populaire qui n'est pas une alliance de circonstances
06:16mais qui est une forme de reconstruction d'un espoir à gauche.
06:20Et donc, je ne souhaite...
06:21Vous avez déjà la France Insoumise qui a dit, nous, coalition, on n'en fera pas partie.
06:25Vu l'état des sondages aujourd'hui, mais je rappelle que nous avons encore 48 heures
06:30pour convaincre tous les voisins, les voisines, etc.
06:32Mais, compte tenu des sondages qui sortent actuellement,
06:35il se pourrait qu'il y ait vraiment une majorité relative très, très courte
06:40pour peut-être le Nouveau Front Populaire.
06:42Si tel est le cas, il va nous falloir nous assurer d'une majorité dans l'Assemblée
06:46sur des textes importants.
06:48Donc, dans ces cas-là, il faudra discuter avec tel ou tel.
06:51Mais, moi, ce que je veux, et je mets deux conditions,
06:54c'est, un, que ce soit le programme du Nouveau Front Populaire et rien d'autre,
06:57et que, par ailleurs, il n'y ait pas d'explosion du Nouveau Front Populaire,
07:02de sorte qu'on peut discuter texte par texte pour avoir une majorité.
07:05Ça s'appelle la démocratie parlementaire.
07:07Mais, je ne souhaite pas...
07:09Non, mais, je ne souhaite pas...
07:11Si, si, non, mais...
07:12Voilà, c'est notre programme, c'est l'augmentation du SMIC,
07:15c'est la réforme de la retraite, c'est la transition écologique.
07:17Maintenant, je suis prête à...
07:20Enfin, je ne suis pas fermée à la discussion,
07:22mais, en réalité, je ne vois pas l'issue.
07:24Je ne vois pas comment on le fait.
07:26Parce que, est-ce que les Macronistes, est-ce que les députés Macronistes
07:28seront d'accord pour revenir sur la réforme des retraites ?
07:31Enfin, je ne vois pas comment...
07:33Gabriel Attal l'a suspendue.
07:34Non, sur le chômage.
07:36Il a suspendu...
07:37Ah, sur le chômage, pardon.
07:38Mais, les retraites, c'était...
07:39Enfin, ils n'avaient pas la majorité.
07:41Ils sont passés en force en 49-3.
07:43Ça a été un mouvement social d'une ampleur inédite.
07:45Est-ce qu'ils reviendront là-dessus ?
07:47Et pourtant, pour nous, c'est absolument indispensable
07:49parce que, ce qu'il faut bien comprendre,
07:51et je voudrais le dire avec force,
07:54c'est que, si on fait un mouvement,
07:56une union large comme ça,
07:59qui est complètement illisible pour les personnes,
08:01ce qui va se passer, c'est qu'en 2027,
08:03nous n'aurons plus aucun moyen de faire barrage.
08:05Donc, moi, je ne veux pas que la France
08:07tombe dans les mains du Rassemblement National.
08:09Je veux donc que nous travaillions
08:11à cette mandature-là,
08:14à pouvoir gagner le challenge de 2027.
08:19Mais avec trois blocs à peu près équivalents,
08:21finalement, à l'Assemblée,
08:23peu importe, finalement, lequel sera le premier
08:25puisque ce sera très peu de sièges prêts,
08:27avec trois blocs à peu près équivalents,
08:29comment on gouverne si on ne fait pas une coalition ?
08:31Ce ne seront pas trois blocs exactement équivalents
08:33puisque...
08:34Pas tout à fait, mais vous voyez qu'il y a un équilibre...
08:36Mais c'est pour ça que, moi, je dis qu'on a
08:38l'augmentation du SMIC, on a les retraites, on a ça.
08:40Et après, est-ce que
08:42les députés Renaissance ou Ensemble
08:45seront d'accord pour discuter
08:47sur la base de notre programme ?
08:49Bon, s'il y en a quelques-uns qui sont d'accord,
08:51moi, je suis prête à ouvrir la discussion.
08:53Vous êtes pessimiste parce que vous dites ce soir,
08:55je ne vois pas comment on fait.
08:57A priori, moi, je ne vois pas comment ça se produit.
08:59Je n'y crois pas, pour le dire autrement.
09:01Par contre, je crois à notre programme.
09:03Donc, ce sera ça, la ligne.
09:05François Ruffin a eu cette phrase hier.
09:07On a vécu trois semaines dures
09:09parce qu'on a un boulet, vous l'avez entendu.
09:11C'est Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon,
09:13comme obstacle au vote.
09:15Est-ce que c'est un boulet, Jean-Luc Mélenchon ?
09:17Alors, non, ça n'est pas un boulet.
09:19J'ai entendu, moi aussi,
09:21Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon.
09:23Mais Mélenchon, Jean-Luc Mélenchon,
09:25il va chercher aussi des jeunes.
09:27Par exemple, si vous allez dans les universités,
09:29vous posez le mot de Jean-Luc Mélenchon
09:31et vous verrez à quel point
09:33il y a de l'adhésion et de personnes
09:35qui, sinon, n'iraient pas voter.
09:37Donc, oui, le Nouveau Front Populaire est pluriel.
09:39Il y a François Hollande, il y a Jean-Luc Mélenchon.
09:41Donc, c'est un Nouveau Front Populaire
09:43qui rassemble
09:45toutes les forces de gauche et écologistes.
09:47Et, en effet, il y a une pluralité
09:49dans ces forces de gauche et écologistes.
09:51Et il va survivre, ce Nouveau Front Populaire ?
09:53Vous en êtes certaine ?
09:55En tous les cas, je mettrai, moi,
09:57mon énergie à ce qu'il tienne
09:59et à ce qu'il survive
10:01et à ce que, en plus, il représente
10:03un espoir de lutte
10:05et de gains possibles
10:07pour changer la vie des gens
10:09et pour gagner plus tard.
10:11Vous diriez que c'est un problème, comme le dit Raphaël Glucksmann,
10:13Jean-Luc Mélenchon ?
10:15Non, je ne dirai ni l'un ni l'autre.
10:17Je ne rentrerai pas là-dedans.
10:19Et vous pouvez m'y pousser, je n'irai pas.
10:21Donc, oui, j'ai entendu les Mélenchons.
10:23J'ai entendu les préventions.
10:25Moi, je vous dis, dans tous les groupes politiques,
10:27il y a des gens que je n'aime pas du tout.
10:29On peut aller sur les LR.
10:31Par exemple, Ciotti.
10:33On peut aller
10:35chez Renaissance.
10:37Il y a des députés que je n'aime pas du tout.
10:39Là, oui, dans le Nouveau Front Populaire,
10:41il y a des gens que vous n'aimez pas, c'est possible.
10:43Mais pour autant, c'est des gens
10:45qui plaisent à d'autres personnes.
10:47Il faut entendre ça aussi.
10:49Plutôt que d'aller vers
10:51un seul leader et tout le monde
10:53obéit le doigt sur la couture du pantalon,
10:55le Nouveau Front Populaire,
10:57c'est une mosaïque, c'est une pluralité.
10:59Et en fait, c'est aussi ce qui fait notre force,
11:01c'est une équipe. C'est une équipe de France.
11:03J'espère bien que
11:05nous allons gagner
11:07les législatives pour pouvoir changer
11:09la vie des Français et Françaises.
11:11Eh bien, on sera fixé dans 48 heures,
11:13un peu plus, 49 heures, on va dire,
11:15pour ainsi dire. Merci beaucoup, Sandrine Rousseau,
11:17députée écologiste de Paris,
11:19d'avoir été l'invitée d'RTL. Bonsoir.