GRAND DÉBAT / Élections législatives : un entre-deux-tours qui change la donne ?
« Le récap » par Bruno Donnet
Après une semaine intense de campagne d'entre-deux-tours, marquée par la vague de désistements, les attaques d'élus et de militants, les Françaises et Français iront faire leur choix aux urnes, ce dimanche 7 juillet. Premier enjeu majeur : le nombre de sièges que le Rassemblement national parviendra à obtenir. Les dernières projections l'éloignent de la majorité absolue, mais la participation pourrait changer la donne. De son côté, la Macronie veut continuer à jouer un rôle central au lendemain du second tour, mais cela dépendra largement du score réalisé. Les sondages lui octroient entre 95 et 140 sièges : suffisant pour être au coeur d'un nouveau « gouvernement de coalition » ? Enfin, le Nouveau Front populaire n'a plus aucune chance d'obtenir une majorité absolue après les résultats du premier tour. L'alliance de gauche glanerait au mieux 190 sièges d'après les dernières projections. Quel sera le visage de la France au lendemain du 7 juillet ?
Invités :
- Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'université Panthéon-Assas,
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
- Pablo Vivien, rédacteur en chef de la revue « Regards »,
- Jean-Sébastien Ferjou, fondateur du site d'information « Atlantico »,
- Stewart Chau, directeur d'études chez Verian,
- « Campagne express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP.
LES AFFRANCHIS
- Bertrand Périer, avocat,
- Mariette Darrigrand, sémiologue.
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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« Le récap » par Bruno Donnet
Après une semaine intense de campagne d'entre-deux-tours, marquée par la vague de désistements, les attaques d'élus et de militants, les Françaises et Français iront faire leur choix aux urnes, ce dimanche 7 juillet. Premier enjeu majeur : le nombre de sièges que le Rassemblement national parviendra à obtenir. Les dernières projections l'éloignent de la majorité absolue, mais la participation pourrait changer la donne. De son côté, la Macronie veut continuer à jouer un rôle central au lendemain du second tour, mais cela dépendra largement du score réalisé. Les sondages lui octroient entre 95 et 140 sièges : suffisant pour être au coeur d'un nouveau « gouvernement de coalition » ? Enfin, le Nouveau Front populaire n'a plus aucune chance d'obtenir une majorité absolue après les résultats du premier tour. L'alliance de gauche glanerait au mieux 190 sièges d'après les dernières projections. Quel sera le visage de la France au lendemain du 7 juillet ?
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- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
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NewsTranscription
00:00Générique
00:05Bonsoir à tous et bienvenue dans Savourgarde.
00:08Au sommaire ce soir, on fait le bilan de cette campagne d'entre deux tours.
00:12Le front républicain change-t-il la donne ? Va-t-il priver Jordan Bardella de majorité absolue ?
00:17Et les Français, ils en pensent quoi de ce front républicain et de cette campagne en général ?
00:22Vont-ils se mobiliser dimanche ?
00:24Et puis après, quel scénario pour la suite ?
00:26Un gouvernement d'union nationale est-il envisageable ?
00:29Avec qui ? Et pour faire quoi ? On en débat pendant une heure avec nos invités.
00:33Du côté de nos affranchis, on aura ce soir le mot de la semaine avec Mariette Darrigrand
00:38qui a choisi de nous parler de coalition.
00:40Quant à Bertrand Perrier, il évoquera le rôle crucial que pourrait jouer le Conseil constitutionnel dans les mois qui viennent.
00:46Enfin, on verra ce qu'il faut retenir de cette dernière journée de campagne officielle.
00:50Ce sera campagne express avec Stéphanie Despierres.
00:53Voilà pour le sommaire, c'est parti pour Savourgarde.
00:56Générique
01:06Nous voilà donc au terme de 4 semaines de campagne marquées par des drames, des manoeuvres, des rebondissements.
01:12Et puis pour les électeurs, 4 semaines marquées par de l'espoir ou de la peur, de la colère ou de l'indifférence.
01:18Alors, quel sera le verdict des urnes dimanche ?
01:20Est-ce que cette campagne d'entre-deux-tours peut casser la dynamique du Rassemblement national ?
01:24Pour en débattre, j'accueille ce soir Benjamin Morel, bonsoir.
01:27Vous êtes maître de conférence en droit public à l'Université Panthéon-Assas
01:31et vous venez de publier le Parlement Temple de la République aux éditions passées composées.
01:36A vos côtés, Jean-Sébastien Ferjoux, bonsoir.
01:38Vous êtes cofondateur du site d'information Atlantico.
01:42Stuart Shaw, bonsoir.
01:44Vous êtes expert en stratégie d'opinion et directeur d'études à l'Institut Vérian.
01:48Pablo Pio-Vivien, bonsoir.
01:50Vous êtes rédacteur en chef de la revue Regards.
01:53Et puis Elsa Mondingava, bonsoir.
01:55Nos téléspectateurs vous connaissent bien.
01:57Vous suivez l'actualité parlementaire depuis des années pour être CP.
02:00Et pour nourrir ce débat, on accueille Bruno Donnet pour le récap.
02:14Bonsoir Bruno.
02:15Bonsoir Clément, bonsoir à tous.
02:17Alors vous êtes penché sur cette dernière semaine de campagne
02:19et vous la résumez d'une formule, on aura tout vu.
02:22Oui, tout, absolument tout.
02:23Clément, même le plus improbable, même ce qu'on n'avait absolument pas vu venir.
02:27Un exemple, Nadine Morano qui s'apprête à voter socialiste.
02:31Vous allez voter à gauche dimanche.
02:33Je vais voter pour un candidat du Parti Socialiste qui est un adversaire
02:38que je combats sur le terrain des idées et du programme
02:42mais sur lequel on se retrouve, c'est-à-dire l'antisémitisme.
02:46Alors si cette semaine nous en a fait voir absolument de toutes les couleurs,
02:49c'est d'abord en raison d'un chiffre qui a semé un immense flou.
02:53Mardi, 224 candidats se sont désistés, divisant ainsi par 3 le nombre de triangulaires.
03:00Coup dur pour le Rassemblement National qui a instantanément vu rouge.
03:05Mais qu'est-ce que c'est que cette alliance qui n'a ni que ni que ?
03:07Je m'adresse ce soir à tous les Français qui sont attachés à leur liberté,
03:10qui ne veulent pas de cette alliance du pire entre M. Mélenchon et M. Macron.
03:14Travaillons ensemble.
03:16Je serai le Premier ministre du quotidien, je serai le Premier ministre de tous les Français.
03:20Jordan Bardella a fait de l'oeil à la droite et au centre,
03:24car si l'on en croit le tout dernier sondage élable,
03:27le Rassemblement National verrait la majorité absolue s'éloigner.
03:31Alors après la droite, on passe à la gauche qui vous en a aussi fait voir de toutes les couleurs.
03:35Oui, chez les verts d'abord, il y a eu celle qu'on n'a pas vu venir.
03:38Marine Tondelier estampillée, révélation féminine de la campagne par nos confrères du Monde
03:43et dont les yeux se sont brusquement embrumés lundi après qu'elle a entendu Bruno Le Maire
03:48rejeter toute forme d'alliance avec la France insoumise.
03:53Ce que vient de faire Bruno Le Maire, c'est un comportement de lâche et privilégié.
03:58De privilégié, c'est hors sol, c'est lunaire et ce n'est pas à la hauteur de l'histoire.
04:03Et puis du côté des Insoumis précisément, là, on a vu une rupture violente
04:08et déclinée sous la forme d'une nouvelle fable de La Fontaine
04:11qu'on aurait pu intituler Le Boulet et la Girouette.
04:15On a vécu trois semaines dures parce qu'on a un boulet.
04:19Vous regardez, vous l'avez entendu, c'est Mélenchon, Mélenchon, Mélenchon, comme obstacle au vote.
04:26Jean-Luc Mélenchon était donc le boulet et dans le rôle du garçon dans le vent, François Ruffin.
04:32Il y a une règle de météo politique, Gilles Boulot.
04:34Quand le vent souffle fort, il emporte aussi les girouettes.
04:38Enfin, Bruno, la semaine a aussi été émaillée par de tristes incidents.
04:42Oui, des incidents, Clément, qu'on aurait préféré ne jamais voir.
04:45Cette semaine, 51 candidats, ou suppléments, ou militants, ont été agressés ou blessés
04:52pour avoir tout simplement osé faire campagne.
04:55Je note que beaucoup de femmes candidates sont attaquées.
04:59Nous avons nous-mêmes un certain nombre de candidats qui ont dû arrêter leur campagne.
05:02Je trouve que c'est un climat absolument déplorable.
05:05Enfin, pour terminer, il y a aussi eu toute cette semaine
05:08tous ceux que les journalistes de France 3 auraient bien aimé voir.
05:13Je précise que dans la majorité des débats organisés en région par France 3 ce soir,
05:18les candidats du Rassemblement national n'étaient pas présents ou ont décliné l'invitation.
05:22Voilà, de très nombreux impétrants RN ont préféré rester invisibles,
05:27absents des plateaux de télé et quelques fois même totalement effacés de leur propre circonscription.
05:33Elle n'est visible ni sur ses propres affiches, ni dans les rues de la circonscription.
05:38Est-ce que je reconnais cette personne ? Non, pas vraiment.
05:41Non, pas vraiment.
05:43Et pourtant, parmi les candidats RN qui ont osé se montrer,
05:47certains étaient visiblement parfaitement préparés
05:50et se sont même révélés plus que brillants qu'horrisquants.
05:53Quels impôts, quelles taxes sur les entreprises voulez-vous baisser ?
05:57Toutes les taxes qui sont liées à... Donnez-nous un exemple.
06:07Je vous le disais Clément, cette semaine on aura tout vu, on n'a malheureusement pas toujours tout entendu.
06:12Merci beaucoup Bruno Donnet, c'est vous qui êtes coruscant.
06:15On a pris un mot, en tout cas j'ai appris un mot ce soir.
06:20On va peut-être commencer par un petit tour de table sur votre ressenti sur cette campagne d'entre-deux-tours
06:24marquée encore par de nombreux rebondissements.
06:26Benjamin Morel, est-ce que de tout ça, on ne retient pas quand même un retour aux fondamentaux avec ce front républicain ?
06:32Alors oui et non. Il y a évidemment un retour du front républicain
06:35et ce front républicain s'avère malgré tout relativement efficace.
06:38Pourquoi ? Parce qu'en fait, les circonscriptions où il y a eu des désistements
06:42qui pourront porter leurs fruits notamment plutôt en faveur de l'ancienne majorité
06:45sont des circonscriptions qui pourraient être des circonscriptions charnières.
06:48Toutefois, il reste quand même pas mal de triangulaires.
06:50Beaucoup moins qu'évidemment au soir du premier tour, mais il en reste tout de même relativement beaucoup.
06:54Et ensuite, on verra ce que fait l'électorat.
06:57On voit qu'il y a certes un électorat de gauche qui peut avoir de bons reports sur les candidats centristes,
07:02que l'inverse n'est pas tout à fait faux, mais pas non plus absolument vrai
07:06et que du côté de l'électorat LR, ce n'est pas non plus tout à fait évident.
07:09En bref, on a en effet un front républicain qui tient eu égard à la localisation de l'électorat.
07:14Néanmoins, il y a des barrières qui ont fondu.
07:16Il ne faut pas non plus se mentir et il ne faut pas le cacher.
07:19Quand vous voyez les résultats du RN dans des catégories qui lui étaient totalement imperméables,
07:25Naguère, les retraités, les CSP+,
07:27aujourd'hui, ce barrage existe.
07:29C'est un barrage quand même de plus en plus en carton.
07:31Jean-Sébastien Ferjou, c'est quoi le fait marquant de cet entre-deux-tours pour vous ?
07:35Moi, je dirais plutôt que c'est la fin justement du barrage républicain,
07:38ou alors le fait qu'il y en ait deux.
07:40Parce que vu des électeurs de droite ou de centre-droite,
07:43il y a un barrage républicain contre LFI.
07:45Dans les sondages, on voyait que les Français disaient que le parti qui leur fait le plus peur, c'est LFI.
07:52Et Jean-Luc Mélenchon, comme le relevait Jean-François Ruffin.
07:56Après, il y a quand même malgré tout un rejet du RN,
07:58ou en tout cas un plafond de verre du RN,
08:01qui est très lié à la sociologie des candidats du RN aussi.
08:05C'est un parti qui n'a que très imparfaitement acquis une culture de gouvernement.
08:09C'est-à-dire que toute la stratégie de la cravate à l'Assemblée nationale,
08:12elle n'a pas véritablement fonctionné sur l'ensemble des territoires.
08:15Quand vous voyez la France de l'Ouest, si vous êtes candidat du RN,
08:19si vous êtes comptable, garagiste, inturier, je ne sais pas,
08:21vous perdez la moitié de vos clients.
08:23Donc mécaniquement, vous avez de la peine à avoir des candidats qui vous représentent.
08:27Et donc, ils sont obligés d'aller chercher des candidats
08:30probablement un peu moins habitués au débat public ou même à l'expression publique.
08:35Et on l'a bien vu dans l'expression, dans les extraits que vous citiez.
08:39Donc je crois qu'il y a vraiment ces deux choses-là.
08:41Du point de vue de la droite, l'arme fatale,
08:43qui était celle de la gauche depuis 40 ans en disant tout,
08:45sauf le RN, a volé en éclats.
08:48Du point de vue des électeurs de droite,
08:50et je pense que d'ailleurs de ce point de vue-là,
08:52Gabriel Attal, même Édouard Philippe, appelé à voter pour un candidat communiste,
08:55ne sera pas le champion de la droite dans le futur.
08:59Du point de vue des électeurs de droite,
09:01cette alliance contre-nature avec des gens qui sont quand même antisémites,
09:04qui assignent une part d'antisémitisme,
09:06qui ont investi des antifas,
09:08qui veulent renverser le système capitaliste comme Philippe Poutou,
09:12du point de vue vraiment des électeurs de droite,
09:14ça ne passe pas et ça ne passera pas et ça ne sera pas oublié.
09:17Pablo, Pio, Vivien, ça vous fait réagir, ce que vous entendez ?
09:20Ce n'est plus l'arme fatale anti-RN, le Front Républicain ?
09:23Moi, je pense que si.
09:25Il ne faut pas oublier que si le RN et ses alliés,
09:28c'est-à-dire les LR siotistes, comme on dit,
09:31ont réussi à faire 34 % au premier tour des élections législatives,
09:36il reste quand même 66 % des Français
09:39qui n'ont pas voté à l'extrême droite
09:42et qui, je pense, portent toujours en eux
09:45la question de l'antifascisme
09:47et la question de la lutte contre l'extrême droite.
09:50On verra dimanche ce qu'il en est.
09:52Est-ce qu'il va y avoir véritablement un report de voix
09:55de ces électeurs du Nouveau Front Populaire et d'Ensemble
09:58sur des candidats qui n'étaient pas les leurs au premier tour
10:01sur les autres candidats républicains ?
10:03Je pense qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours
10:06avant de l'avoir tué.
10:08Le Front Républicain n'existe plus.
10:10Pour moi, le fait le plus marquant,
10:12c'est qu'au-delà de la question du Front Républicain,
10:15on a vu, dans un premier temps, la gauche se réunir.
10:18Jean-Sébastien parlait de l'alliance de la carpe et du lapin
10:21entre Philippe Poutou et François Hollande.
10:24-"L'indigne et de l'indigne", c'est pas la même chose.
10:27-"L'indigne avec l'indigne".
10:29-"L'indigne et de l'indigne".
10:31Des catégorisations qui, à mon sens,
10:33ne sont pas du tout les bonnes,
10:35mais ce qu'on a vu, c'est la gauche faire corps
10:38au moment où il y a un risque fasciste en France.
10:41En vérité, ça a été vrai à plusieurs moments de son histoire,
10:45notamment en 1936, où, de la même façon...
10:48Ca, c'est vrai pour les responsables de gauche.
10:51Est-ce qu'il n'y a pas une usure chez les électeurs de gauche ?
10:54Certains disent qu'on en a marre d'être les castors,
10:57de faire barrage, on l'a fait en 2002, en 2017, en 2022.
11:00Vous avez tout à fait raison.
11:02Je pense qu'il y a une usure, mais, encore une fois,
11:05la question du risque, le péril de l'extrême droite,
11:08qui, aujourd'hui, est beaucoup plus aiguë qu'en 2002,
11:11mais même qu'en 2017 ou en 2022,
11:13peut pousser les électeurs à aller voter ou à ne pas s'abstenir.
11:17La deuxième chose, c'est que... Je finis mon raisonnement.
11:20C'est-à-dire que vous avez eu un...
11:22Ils se sont ramassés, la gauche s'est ramassée,
11:25s'est concentrée pour lutter contre l'extrême droite
11:28et la dissolution, et là, après, elle a étendu,
11:30non pas son alliance, je pense que c'est une erreur,
11:33Jean-Sébastien parlait d'alliance,
11:35peut-être pour parler de ce front républicain,
11:38mais c'est pas une alliance.
11:40Les désistements ne sont pas la marque d'une alliance.
11:43C'est juste qu'on veut combattre le Rassemblement national,
11:46donc on se désiste de façon unilatérale.
11:48Il y a un candidat qui se désiste, par exemple,
11:51en faveur d'Elisabeth Borne,
11:53le candidat insoumis qui s'est désisté en faveur d'Elisabeth Borne,
11:57en disant qu'est-ce qu'on peut faire, etc.
11:59C'est unilatéral.
12:01Je pense que ce front républicain peut tenir,
12:03j'espère qu'il va tenir dimanche prochain.
12:05Je vais me tourner vers vous dans un instant
12:07pour voir comment les électeurs pourraient réagir à ce front républicain,
12:10mais comment le Rassemblement national a réagi à cela ?
12:13Comme vous pourrez s'en douter,
12:15il dénonce ce front républicain,
12:17comme il dénonça à l'époque l'UMPS,
12:19et il essaye de faire de cet inconvénient,
12:21puisqu'on a bien vu dans les enquêtes d'opinion
12:23que ça faisait mécaniquement baisser le score
12:25que pouvait atteindre le Rassemblement national.
12:27Marine Le Pen dit que ces désistements,
12:29ces consignes de vote, ce sont du mépris
12:31à l'égard des électeurs,
12:33et on voit que ce sentiment de mépris
12:35est prégnant chez les électeurs du RN.
12:37Donc, effectivement,
12:39elle essaye d'en faire un argument.
12:41Regardez, ils sont tous contre nous, etc.
12:43On verra au soir du 7 juillet
12:45si ça marche ou pas.
12:47Je pense que ce mépris,
12:49il faut bien le comprendre, encore une fois,
12:51du point de vue des électeurs,
12:53parce que le RN n'est pas que deux électeurs.
12:55Il est une sorte de magouille entre appareils,
12:57d'arrangements.
12:59Quand on parle de fascisme, je n'ai jamais entendu
13:01et le RN a des tas de défauts.
13:03Il ne faut pas gratter beaucoup pour y trouver
13:05du racisme, de l'antisémitisme, de l'incompétence,
13:07les liens avec la Russie.
13:09Je ne suis pas en train de me faire leur avocat.
13:11Mais ça n'empêche pas que si on parle de fascisme,
13:13de quoi parlons-nous ?
13:15Qui reçoit dans son think-tank
13:17l'Institut La Boétie de la France insoumise ?
13:19Andréas Malmeux, qui justifie
13:21les violences politiques ?
13:23Ce n'est pas le recours à la violence politique.
13:25Je le procris et je le condamne,
13:27mais ce n'est pas ça le fascisme.
13:29C'était les tabassages d'opposants dans les rues
13:31par les milices fascistes.
13:33Qui a investi des antifas ?
13:35Pardon, mais quand même,
13:37le RN n'a jamais justifié...
13:39Le RN n'a jamais justifié...
13:41On ne va pas limiter le débat.
13:43On va pas limiter le débat.
13:45A vous deux,
13:47autant que vous voulez.
13:49Les antisémites, assumés, revendiqués,
13:51ils sont à la France insoumise.
13:53Regardez la campagne...
13:55Vous n'avez pas su ce qui s'est passé
13:57toute cette semaine.
13:59Vous n'êtes pas deux sur ce plateau.
14:01Cette question du fascisme est devenue majeure
14:03parce que les vraies stratégies fascistes
14:05sont à l'extrême-gauche.
14:07J'aimerais vous entendre sur ce front républicain
14:09et ce qu'il pourrait donner son impact dans les urnes.
14:11On voit ces projections en siège
14:13de plusieurs instituts de sondage
14:15qui montrent une fourchette en siège
14:17du RN.
14:19C'est fiable ?
14:21C'est fiable. Il faudra attendre dimanche soir.
14:23Il faut se rappeler qu'en 2022,
14:25les différents instituts ont projeté
14:27un nombre bien inférieur
14:29que ce qui a été annoncé au soir
14:31du second tour de législative
14:33pour le RN.
14:35Il faut regarder ces chiffres avec prudence.
14:37Sur le front républicain,
14:39il y a trois éléments qui pourraient faire écueil.
14:41Le premier, c'est que pour qu'il y ait
14:43un front républicain, il faut qu'il y ait
14:45un baromètre, chez Vérian,
14:47que l'on mène depuis les années 80,
14:49sur la perception du RN
14:51et du RN.
14:53Un chiffre a été publié en début d'année,
14:55qui montre qu'on n'a jamais eu
14:57autant de Français qui considéraient
14:59que le RN ne constituait pas
15:01un danger pour la démocratie et pour la République.
15:03C'est une inversion, finalement,
15:05des courbes d'opinion.
15:07On avait eu jusque-là
15:09une large majorité de Français
15:11qui considéraient que le RN
15:13n'était pas un danger pour la démocratie
15:15et pour la République.
15:17Le deuxième point, c'est qu'effectivement,
15:19on a eu sur cet entre-deux-tours
15:21un exercice très flou de l'ensemble des
15:23à part, il faut le reconnaître,
15:25du Nouveau Front Populaire,
15:27qui a tout de suite appelé à faire barrage,
15:29mais il a fallu 3 jours
15:31pour comprendre un petit peu
15:33ce qui se passait, ce que les électeurs
15:35étaient amenés à faire.
15:37Le troisième élément,
15:39ce brouillage-là vient aussi délégitimer
15:41et même relativiser d'une certaine manière
15:43ce front républicain.
15:45Troisième élément, il faut le dire aussi,
15:47c'est qu'on a des comportements électoraux
15:49qui sont complètement incertains,
15:51pas sûrs du tout qu'un électeur pratique
15:53et applique la consigne de vote
15:55adressée par le responsable de son parti.
15:57On regarde, et je pense que c'est l'une aussi
15:59des grands enseignements de cette campagne législative,
16:01la disparition des partis
16:03en tant que puissance autoritaire,
16:05entre guillemets,
16:07sur les militants, les électorats.
16:09Il y a eu une très grande incertitude
16:11sur le résultat du second tour dimanche.
16:13Y compris sur leurs propres candidats.
16:15Parce que je voulais terminer sur ce point-là.
16:17On l'a vu que sur ces désistements républicains,
16:19il y a eu du cas par cas,
16:21parfois même certains ont refusé
16:23de se retirer et puis ensuite confirmer,
16:25je parle surtout par la majorité présidentielle,
16:27par le Premier ministre, en disant
16:29que sur ce cas de figure, c'est un peu différent.
16:31Cette entre-deux-tours est un peu brouillante
16:33du côté du front républicain et à mon sens,
16:35ça vient peut-être désactiver la puissance
16:37qu'aurait pu être ce front républicain
16:39s'il avait été porté de manière complètement homogène
16:41et plébiscité par tous.
16:43Avant de faire le bilan de cette campagne
16:45d'entre-deux-tours, famille par politique
16:47par famille politique, je vous propose de voir
16:49ce que les Français ont retenu de cette campagne.
16:51Dario Borgogno et Yvan Hanavion
16:53sont allés à Alfortville leur poser la question.
17:03Davantage que cette campagne agitée,
17:05Denise, retraitée, retiendra
17:07surtout la dissolution.
17:09Comment expliquer une telle décision
17:11avec le Rassemblement national aussi haut ?
17:29Sur le banc d'en face, pour ce groupe de retraités,
17:31la sidération est du côté des comportements
17:33de certains politiques.
17:49Son amie Dany n'était pas étonnée.
17:51Pour elle, ces actes sont dans la droite lignée
17:53de ce qu'elle a pu voir à l'Assemblée
17:55ces deux dernières années.
18:03Colline, électrice de gauche,
18:05a vécu ces élections comme un vertige,
18:07stressée en raison des scores du RN.
18:29Yann vote à gauche aussi
18:31mais préfère retenir les bons côtés
18:33avec la création du nouveau Front populaire.
18:35Le moment de l'annonce,
18:37le moment où j'ai appris l'Alliance,
18:39ça m'a fait personnellement un peu plaisir.
18:41Je me suis dit, il y a un espoir.
18:43Je pense qu'on a trop parlé de Mélenchon
18:45parce que les élections ne sont pas
18:47basées autour d'une personne,
18:49elles sont surtout sur les législatives,
18:51autour d'un parti en général.
18:53Vouloir polémiser sur cette Alliance,
18:55c'est juste donner plus de force
18:57à des gens qui voulaient déjà voter.
18:59Pas du même avis,
19:01Muriel, fonctionnaire,
19:03ne colère pas de ces alliances de circonstance.
19:05Ça a été un peu le gros boxon,
19:07pour ne pas dire autre chose.
19:09Je trouve que là, les gens sont un peu perdus.
19:11Donc, toutes ces alliances qui se font,
19:13je trouve ça un petit peu dommage
19:15parce que je trouve que les idées se mélangent
19:17un petit peu trop.
19:19C'est une élection un petit peu nauséabonde, je trouve.
19:21Comment on va s'en sortir ? Sincèrement, je ne sais pas.
19:23Ça ne me fait pas peur, mais je ne sais pas comment on va s'en sortir.
19:25Pour être rassurée, Muriel va devoir encore attendre.
19:27Ce n'est pas sûr que lundi matin,
19:29elle aura toutes les réponses.
19:31Benjamin Morel, quand vous entendez
19:33ces paroles de Français, avec ces mots qui reviennent
19:35d'un spectacle, cirque, boxon, bordel,
19:37ou des électeurs un peu perdus,
19:39qu'est-ce que ça dit
19:41de l'état de la France, aujourd'hui ?
19:43Ça dit que la grande clarification
19:45attendue par Emmanuel Macron ne sera peut-être
19:47probablement pas très clarifiante, entre guillemets.
19:49C'est-à-dire que déjà, on va avoir une assemblée,
19:51on y reviendra, mais qui va probablement être très divisée,
19:53pas un choix politique excessivement clair,
19:55qu'on va apprendre qu'il y a trois blocs,
19:57mais ça, on le savait déjà, on n'avait pas besoin
19:59de l'apprendre, et que ces trois blocs-là,
20:01réagissent surtout par des stimulus
20:03liés à des épouvantailles.
20:05Peur de Mélenchon, peur
20:07du Rassemblement national,
20:09et pas beaucoup envie d'Emmanuel Macron.
20:11Il y avait une enquête au DOXA qui montrait
20:13que 47 % des Français voulaient voter
20:15contre le Nouveau Fonds Populaire, 44 %
20:17contre Emmanuel Macron, 41 % contre le RN.
20:19Donc, on est dans un camp court
20:21d'épouvantailles et de castors, pas dans un grand
20:23moment d'enthousiasme politique.
20:25Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de participation,
20:27que la participation n'est pas une bonne nouvelle démocratique.
20:29Ça veut dire qu'elle n'est pas forcément son hymne d'espoir.
20:31Elsa Mandingavin, vous êtes allée
20:33un peu sur le terrain, vous aussi, rencontrer
20:35les Français pendant cette campagne. Qu'est-ce que vous avez ressenti ?
20:37Oui, et d'autres équipes de la rédaction,
20:39mais c'est vrai qu'on a beaucoup de choses.
20:41Il y a à la fois la dénonciation de Magou,
20:43il peut y avoir aussi une peur du RN, qui est quand même présente
20:45chez une partie de la population,
20:47un intérêt, puisque c'était pas très difficile
20:49pour nos collègues sur le terrain d'interroger
20:51les gens. Les gens se livrent très facilement
20:53sur la politique, c'était moins difficile
20:55qu'à une époque. À la fois une fatigue
20:57et puis peut-être aussi une incertitude,
20:59puisque le 7 juillet, c'est pas fini,
21:01c'est loin d'être fini. Normalement, un soir
21:03d'élection, on a une photographie qui nous aide
21:05un petit peu à se projeter dans les prochains mois.
21:07Là, les jours, même
21:09ce qui va suivre le 7 juillet, il y a une grande incertitude,
21:11une reconfiguration, une recomposition,
21:13donc il y a même ce sentiment
21:15qu'on ne peut même pas se dire, allez, dans trois jours,
21:17c'est fini, on passe à autre chose. Non, on va être dans cette incertitude,
21:19dans cette peur pour certains,
21:21dans ce dégoût de la politique pour d'autres.
21:23Le sentiment d'une situation aussi qui va s'installer,
21:25de ne pas avoir le sentiment
21:27de voir un petit peu à quel moment on va pouvoir
21:29avoir une stabilité. Et une clarification.
21:31Stuart Shaw, vous avez mené une enquête
21:33sur les émotions suscitées par les résultats
21:35du premier tour chez les Français.
21:37Est-ce que vous retrouvez dans ces paroles
21:39de Français ce que vous avez trouvé,
21:41découvert dans votre enquête ?
21:43Oui, alors si on remet un peu dans le contexte,
21:45déjà avant de parler de ces résultats,
21:47on avait interrogé les Français
21:49au lendemain de la dissolution.
21:51Juste pour donner un peu une cartographie,
21:53une météo des émotions françaises.
21:55Il y avait la moitié des Français qui s'estimaient
21:57beaucoup moins sereins depuis l'annonce de cette dissolution.
21:59Vous aviez 4 sur 10 même qui disaient
22:01être plus angoissés.
22:03Tout ça pour aussi comprendre qu'on était
22:05dans un climat assez anxiogène pour les Français.
22:07Quand on leur pose la question la veille de ce second tour,
22:09quelles sont les émotions, effectivement,
22:11on regarde ces résultats, on regarde des projections,
22:13il y a un triptyque très clair.
22:15D'abord, il y a une indifférence.
22:17Ça pourrait paraître paradoxal au regard
22:19de la participation qui a été annoncée,
22:21mais l'indifférence n'est pas forcément le désintérêt.
22:23Je pense que l'indifférence, il faut le voir,
22:25et je rejoins ce que disait Benjamin aussi,
22:27sur un outil qui leur ont permis,
22:29on a eu beaucoup de Français qui nous ont dit cette semaine,
22:31de mettre à distance ce qui est en train de se passer.
22:33On voit s'afficher les résultats du sondage.
22:35L'indifférence qui arrive en tête.
22:37C'est assez inquiétant, avec des inquiétudes,
22:39avec des angoisses, comme je le disais.
22:41Une mise à distance assurant qui disait
22:43que ceux qui ne pensent pas sont heureux,
22:45c'était un peu cet adage-là.
22:47Je ne préfère pas regarder les infos, je ne préfère pas trop y penser.
22:49La tristesse et la peur,
22:51je pense que c'est quelque chose là, pour le coup,
22:53qu'on attendait un peu plus.
22:55La peur, tout simplement, et Pablo le disait aussi,
22:57vous avez 66% des Français qui n'ont pas
22:59voté pour le Rational,
23:01et il y a aussi une certaine crainte
23:03qu'à un moment donné, l'extrême droite
23:05arrive au pouvoir, mais il y a aussi une crainte
23:07que le nouveau Front Populaire puisse faire
23:09un score relativement haut,
23:11qui les amènerait aussi à peser
23:13dans le concert politique.
23:15C'est déjà un chiffre sur le nouveau Front Populaire.
23:17Quand on posait la question aux Français
23:19est-ce que vous pensez que vous serez gagnant ou perdant
23:21si l'URN venait à l'emporter ou si le Front Populaire
23:23venait à l'emporter,
23:25on avait 47% qui s'estimaient perdant
23:27dans le cas d'une victoire du nouveau Front Populaire,
23:2933%, entre guillemets, seulement
23:31pour le Rational.
23:33Donc ça, c'est la peur.
23:35Et enfin, la tristesse, je pense que là aussi,
23:37c'est assez intéressant, parce que c'est une émotion
23:39assez inédite, qu'on mesure assez peu
23:41dans les sondages.
23:43La tristesse a dit quand même beaucoup, finalement,
23:45de l'enjeu qu'il y aura aussi sur l'après-7 juillet,
23:47sur cette France qui est effectivement
23:49aussi émotionnellement assez irréconciliable,
23:51avec des fracturations
23:53très très fortes.
23:55Jamais autant, l'espoir des uns,
23:57l'excitation des autres aura fait le malheur de tous.
23:59Et je pense que ça, c'est un enjeu
24:01fondamental pour un président de la République
24:03qui, en 2017, avait été élu
24:05aussi avec cette promesse de lutter
24:07contre ses passions tristes.
24:09Juste d'un mot, il y a des différences fortes
24:11dans ces émotions ressenties
24:13par famille politique, si on peut dire,
24:15chez les électeurs du Rassemblement national ?
24:17Oui, alors ça, c'est l'autre surprise,
24:19même si c'était effectivement assez attendu.
24:21C'est vrai qu'il y a sur les émotions
24:23une analyse un peu à fond renversée.
24:25D'habitude, sur l'électorat RN, on l'avait fait d'ailleurs
24:27en 2022, on a des électeurs,
24:29et on le voit, qui sont peu satisfaits
24:31de leur vie, qui sont en colère, qui expriment,
24:33comme vous le disiez, un manque de reconnaissance.
24:35Là, on a des électeurs qui sont portés
24:37surtout par l'espoir, de la joie et de la satisfaction.
24:39Ça, c'est assez inédit dans cet électorat
24:41RN. A la gauche,
24:43ce qui est assez intéressant aussi,
24:45c'est que vous n'avez pas forcément de l'espoir,
24:47en dépit du score, il faut le dire, et de l'alliance,
24:49que certains pensaient absolument infaisable
24:51de la gauche, c'est surtout de la tristesse
24:53et la peur qui l'emportent.
24:55L'espoir est vraiment très très loin
24:57dans le classement des émotions.
24:59Et sur la majorité présidentielle, c'est le désespoir
25:01et la tristesse. On le comprend assez
25:03logiquement, compte tenu
25:05aujourd'hui de l'état de la majorité,
25:07de l'ancienne majorité du président.
25:09Ça vous inspire une réaction à l'un d'entre vous ?
25:11Oui, je crois que pour beaucoup d'électeurs,
25:13c'est l'élection du prix à payer.
25:15C'est-à-dire que le Bloc central a tellement
25:17en quelque sorte à la fois verrouillé et hystérisé
25:19le pays, et encore plus par le
25:21comportement d'Emmanuel Macron, qu'il y a des électeurs
25:23de gauche qui sont obligés de payer
25:25le prix de la radicalité, des électeurs de droite qui se sentent
25:27obligés de payer le prix de la radicalité,
25:29parce que le grand paradoxe, en plus, quand vous désignez
25:31le Rassemblement national,
25:33notamment, mais comme le grand diable,
25:35c'est que vous le mettez aussi en situation d'être le seul
25:37à pouvoir changer les choses, en quelque sorte.
25:39Si tous les autres sont contre lui, vous créez
25:41cette réalité mentale où le seul
25:43qui pourrait effectivement changer la réalité,
25:45alors après, pour le meilleur, pour le pire,
25:47à chacun de s'en faire un avis,
25:49et c'est redoutable, parce que la démocratie,
25:51ce n'est pas que des règles institutionnelles
25:53écrites, ce ne sont pas que des règles
25:55qui sont dans la Constitution, c'est aussi une réalité
25:57sociologique. Il faut que l'alternance
25:59paraisse possible pour que le
26:01système démocratique se maintienne. Il faut que les gens
26:03qui votent pensent que s'ils perdent,
26:05ils n'ont pas tout perdu pour que
26:07la démocratie se maintienne.
26:09Et moi, je crois qu'on sous-estime le danger
26:11démocratique, vraiment, de gouvernements
26:13techniques, notamment, parce que la macronie était
26:15déjà perçue comme de la technocratie.
26:17C'était déjà perçu comme des gouvernements techniques,
26:19mais donc, les électeurs disant, vous mettez une méga
26:21cartouche électorale, vous nous remplacez un technicien
26:23par un autre technicien, mais ça, moi, je...
26:25On va parler des scénarios... 2005, puissance 10,
26:27dans le ressenti de déni de démocratie.
26:29On va parler de ces scénarios, d'après, législatif,
26:31dans un second temps. J'aimerais qu'on avance
26:33et qu'on fasse le bilan de cette campagne par famille politique,
26:35en commençant par le Rassemblement national.
26:37Elsa Mondagava, on a beaucoup dit, dimanche soir,
26:39que le RN avait brisé son plafond
26:41de verre en conquérant...
26:43en ayant conquis de nouveaux territoires,
26:45de nouvelles catégories de population. Est-ce que
26:47cette entre-deux-tours
26:49ne renvoie pas le RN, un peu, à toutes ces
26:51malédictions qui l'ont empêché d'accéder au pouvoir
26:53jusqu'à présent ? Le Front républicain,
26:55les dérapages de certains candidats ?
26:57Oui, on a vu les approximations sur le programme,
26:59sur le revirement, même, sur une partie de son programme,
27:01notamment sur le fait de revenir sur la réforme des retraites.
27:03Il y a eu des déclarations,
27:05des dérapages clairement racistes, d'un certain
27:07nombre de ces candidats, avec qui le RN
27:09a bien du mal, aussi, à couper.
27:11On voit, oui, deux, trois personnes,
27:13alors qu'en fait, il y a des listes avec des sujets
27:15beaucoup plus nombreux. Marine Le Pen
27:17dénonce un mépris des journalistes,
27:19mais là, c'est pas que des approximations,
27:21c'est pas quelqu'un qui bafouille. Il y a eu
27:23vraiment des déclarations plus que problématiques.
27:25Et, effectivement, on voit, et on avait
27:27beaucoup annoncé que le RN avait un plan,
27:29que tout était prévu. Le fameux plan Matignon.
27:31Le plan Matignon. Bon, finalement, on voit bien
27:33qu'a priori, ça a été un petit peu plus compliqué
27:35prévu, puisque je pense que le RN
27:37se serait bien passé de certaines
27:39affaires. En revanche, ce dont
27:41on a aussi un sentiment qui est assez
27:43important, aussi, c'est qu'on a l'impression que ça glisse
27:45un peu sur l'électorat, le procès
27:47en amateurisme, les dérapages.
27:49Les électeurs du RN,
27:51quand les collègues de la
27:53rédaction peuvent les rencontrer, ils n'en parlent pas
27:55totalement. On voit pas quelqu'un
27:57qui a changé d'avis subitement
27:59parce qu'on lui aurait démontré que sur cette partie
28:01du programme... Il y a toujours,
28:03il faut bien voir qu'il y a les électeurs, et puis
28:05il y a ceux qui décident de rester dans l'abstention ou pas.
28:07Un résultat d'élection, ça se joue aussi
28:09sur les différenciations de mobilisation.
28:11Et là, je pense que le grand problème au national...
28:13Effectivement, je suis entièrement d'accord avec vous, ça glisse
28:15un peu comme l'eau sur les plumes
28:17d'un canard pour le coeur de l'électorat RN.
28:19En revanche, pour un électorat
28:21plus éloigné qui aurait pu,
28:23à minima, consentir à une victoire
28:25du RN, ce qui est encore autre chose que
28:27de voter soi-même pour le RN,
28:29l'inquiétude sur la compétence
28:31notamment, ou sur la sociologie
28:33de certains candidats qui, comme vous le disiez,
28:35ont été dans des dérapages insoutenables
28:37dans une démocratie
28:39et au regard des valeurs républicaines,
28:41ça, ça joue, et je pense qu'on a vu
28:43que le RN était encore loin d'une culture
28:45de gouvernement, et que ce plafond de verre,
28:47malgré tout, il résiste.
28:49Là-dessus, ça peut avoir un impact sur
28:51le résultat du second tour, sur la mobilisation
28:53des abstentionnistes. On a vu, hier,
28:55Marine Le Pen appeler, justement, à ses électeurs
28:57abstentionnistes. Ça peut jouer ?
28:59Alors, il y a plusieurs points.
29:01Je suis d'accord avec ce qui vient d'être dit.
29:03Je ne suis pas certain que c'est un
29:05impact réel sur le coeur
29:07de l'électorat
29:09du RN.
29:11C'est celui qui est le plus sûr de son choix
29:13de tous les électorats.
29:15Encore une fois, il suffit de revenir sur la dimension émotionnelle.
29:17En tout cas, des analyses
29:19que nous, on peut en tirer,
29:21quand on leur demande la mobilisation,
29:23ce qui les pousse vraiment à se mobiliser,
29:25à voter le RN, on est sur une dimension
29:27fortement émotionnelle. On est sur un vote émotionnel,
29:29alors qu'on va leur demander,
29:31pour d'autres électeurs, d'être sur un vote
29:33qui soit beaucoup plus rationnel,
29:35un vote de raison. Le président de la République
29:37parlait même d'éthique de la raison,
29:39pour défendre cette question
29:41du Front républicain. Donc, je ne suis pas certain
29:43que cette dimension-là
29:45que l'on pointe,
29:47qui est évidemment très problématique,
29:49soit vraiment quelque chose qui va impacter
29:51considérablement le vote
29:53en faveur du RN. Pour autant,
29:55c'est vrai que pour ce qui est de sa
29:57capacité d'attractivité
29:59et de son second cercle,
30:01là, oui, je pense que c'est quelque chose
30:03qui est absolument problématique et qu'il faudra,
30:05pour le RN, résoudre
30:07dans les mois qui viennent.
30:09Benjamin Morel, est-ce que le RN
30:11est confronté à nouveau
30:13à son plafond de verre aujourd'hui ?
30:15Alors, il y a une forme,
30:17peut-être, de plafond de verre, mais aujourd'hui,
30:19il est beaucoup plus haut
30:21et il n'est pas sûr qu'il n'empêche demain
30:23d'arriver au pouvoir, quoi qu'il arrive.
30:25On va avoir un commentaire de ces élections
30:27et si le RN n'a pas la majorité absolue,
30:29on dira que le RN a perdu.
30:31Je suis désolé, le RN a déjà gagné.
30:33Il a gagné, même s'il ne fait pas de 189 députés.
30:35Vous passez de 89 à 200,
30:37210, 220, 250 députés.
30:39Vous gagnez parce que vous avez fait
30:41le plus de voix au premier tour. Comment on finance
30:43la vie politique dans ce pays ? En faisant
30:45le compte de vos voix au premier tour
30:47et en vous subventionnant ensuite
30:49au prorata. Est-ce que la dynamique n'est pas
30:51brisée ? Il y a une dernière enquête publiée ce soir
30:53par Ipsos qui donne une fauchette plus réduite
30:55pour le RN, de 175
30:57à 205 sièges.
30:59Mais ça ne changera rien, c'est-à-dire que malgré tout,
31:01vous avez les finances. Ensuite, vous avez
31:03200 députés, c'est du personnel politique que vous allez
31:05former, des collaborateurs que vous allez former
31:07qui, demain, vous permettront de monter en gamme.
31:09Dernier point, le récit, il est tout trouvé.
31:11Et c'est ça, ce qu'il y a de plus important.
31:13On nous a volé la victoire.
31:15La victoire nous était promis. Le système
31:17s'est ligué, l'alliance du carpe et du lapin, pour nous
31:19empêcher d'arriver au pouvoir. Vous voyez bien que la seule façon
31:21pour que nous changeons les choses, et ce qu'évoquait
31:23Jean-Sébastien tout à l'heure, c'est que Marine
31:25Le Pen soit élue en 2027.
31:27Vous avez le récit, vous avez l'argent, vous avez
31:29le personnel politique. Quoi qu'il arrive, le RN
31:31est le vainqueur de cette élection.
31:33On ne dira peut-être pas ça demain soir, parce que
31:35il n'y aura pas 289 députés, pourtant
31:37ce sera quand même le cas, et la défaite,
31:39ce sera le centre, ce sera la majorité.
31:41Je suis d'accord avec tout ce que vous dites, Benjamin,
31:43sauf sur la dernière brique qui manque, c'est le consentement.
31:45C'est-à-dire que ceux qui sont les plus éloignés
31:47dans une élection... Pourquoi quand vous avez
31:49une présidentielle, souvent vous avez
31:51une majorité absolue ? Parce que le camp qui a perdu
31:53la présidentielle consent finalement
31:55à ce qu'une majorité législative
31:57accompagnant la majorité présidentielle
31:59se dégage. Là, on voit bien qu'il n'y a
32:01pas en France de consentement à une
32:03majorité absolue du RN. On est dans une configuration
32:05relativement similaire. C'est la dernière
32:07brique qui leur manque. Il y a en phase 2
32:09des gens qui, à aucun prix, ne veulent du RN.
32:11Qu'est-ce qui se passe dans une législative classique ?
32:13Vous avez un président qui est élu, l'électorat
32:15de la majorité se mobilise, l'électorat de l'opposition
32:17se démobilise. Là, on n'a pas d'élection
32:19présidentielle préalable, donc on n'a pas de démobilisation
32:21électorale de l'électorat de l'opposition.
32:23Prenez les législatives de 2017.
32:2560 % des députés sont macronistes.
32:27Ça fait 34 %
32:29des votants au premier tour, 17 %
32:31des inscrits. Vous pouvez, avec une minorité,
32:33arriver à avoir, avec le mode de scrutin,
32:35peut-être qu'on pourra le changer,
32:37mais je ne vois pas comment, dans les prochaines années,
32:39vu la configuration de la prochaine Assemblée nationale,
32:41avec une minorité des votants, vous pouvez
32:43obtenir une majorité absolue.
32:45Le RN fait
32:47beaucoup moins peur aujourd'hui.
32:49À tort ou à raison, dans les enquêtes,
32:51ce n'est plus l'épouvantail. Il y a d'autres épouvantails,
32:53c'est ce que j'évoquais tout à l'heure. L'épouvantail Mélenchon,
32:55l'épouvantail Macron. Donc, il n'est pas tout à fait
32:57absurde de penser qu'en 2027,
32:59il puisse y avoir, en effet, un effet
33:01de vague. On avance dans
33:03l'évidence de la campagne, on passe aux Républicains,
33:05qui ont été donc trahis par Éric Ciotti,
33:07qui a rejoint Marine Le Pen, mais qui
33:09refusent de participer au front républicain
33:11contre le Rassemblement national.
33:13Une famille politique est donc prise en entenaille,
33:15mais qui veut garder son indépendance. Pour mieux
33:17comprendre où en sont les Républicains,
33:19on est allés suivre la campagne d'Olivier
33:21Marlex, l'ancien
33:23président du groupe LR à l'Assemblée, à Dreux,
33:25en Eure-et-Loire. C'est un reportage de Clément
33:27Perreault et Marion Devauchelle.
33:29Musique
33:31Musique
33:33Musique
33:35Musique
33:37Musique
33:39Sur une place de village, Olivier Marlex
33:41jette ses dernières forces dans la bataille.
33:43C'est d'essayer quand même de ramener quelques électeurs
33:45qui ont donné cette fessée
33:47au premier tour. Député depuis 2012,
33:49président du groupe LR
33:51au moment de la dissolution,
33:53son siège ne tient plus qu'à un fil.
33:55Arrivé deuxième au premier tour,
33:57il accuse plus de 12 points de retard
33:59sur le candidat RN.
34:01Non, non, c'était pas une surprise.
34:03On savait qu'il y avait une vague RN
34:05dans le pays, c'était pas une surprise.
34:07Mais Olivier Marlex peut encore
34:09espérer être sauvé par la gauche.
34:11La candidate socialiste
34:13arrivée juste derrière lui s'est
34:15désistée et appelle à voter pour lui
34:17pour faire barrage au Rassemblement
34:19national. Je ne peux pas croire qu'un électeur de gauche
34:21entre le RN
34:23et moi dit ses bonnets
34:25parce qu'il y a des blancs et blancs de bonnets.
34:27Et vous, par exemple, vous l'avez fait en 2022 ?
34:29En 2022, oui, j'avais expliqué
34:31très clairement que
34:33mon choix n'était évidemment pas
34:35que c'était non à Marine Le Pen.
34:37Vous avez voté Macron ?
34:39Non.
34:41Je crois que j'ai voté blanc,
34:43mais j'avais dit en tout cas on vote pas Marine Le Pen.
34:47Le barrage républicain
34:49n'est pas complètement dans la culture d'Olivier Marlex.
34:51C'est aussi ce que ressent
34:53la candidate de gauche
34:55qui s'est désistée pour lui.
34:57Il vous a jamais appelé ?
34:59Jamais.
35:01Il vous a envoyé un SMS ?
35:03Non plus. Ce n'est pas pour soutenir
35:05M. Marlex, c'est pour soutenir
35:07la République. On ne veut pas
35:09qu'un parti
35:11anti-républicain
35:13soit à l'Assemblée nationale.
35:17Pendant que le barrage républicain
35:19se dresse dans la douleur,
35:21le président de la campagne
35:23dénonce des combines politiques.
35:25On est très loin devant M. Marlex.
35:27Les accords d'appareil,
35:29je pense que les électeurs n'en veulent plus.
35:31Ce sont les électeurs qui choisissent,
35:33ce sont les électeurs qui votent.
35:35Ils veulent leur liberté.
35:37La tambouille politicienne de l'entre-deux-tours
35:39entre une alliance qui pourrait aller
35:41de M. Marlex à M. Poutou,
35:43je ne vois pas très bien ce qui les rapproche.
35:47Alliances et calculs
35:49ne sont plus de ce côté de l'échiquier politique.
35:51En plus des affiches officielles
35:53de campagne, le candidat
35:55a dans sa fourgonnette des affiches personnalisées
35:57anti-Marlex.
35:59Le logo du RN n'y figure pas.
36:01Par contre, on peut y lire
36:03« Les Républicains à droite, la nouvelle bannière
36:05d'Éric Ciotti ».
36:07Le toujours président des Républicains,
36:09rallié au RN, est à la manœuvre
36:11contre ses anciens collègues.
36:13Ils nous ont validé l'affiche
36:15puisque c'est l'Union nationale
36:17avec Ciotti.
36:19Et vous avez bien vu que c'est M. Marlex
36:21qui a été le premier
36:23à demander la démission
36:25de M. Ciotti.
36:27Dans ce paysage politique
36:29pour le moins troublé, difficile
36:31de dire ce qui sortira des urnes
36:33dans la deuxième circonscription de Réloir.
36:35Pablo Piovivien,
36:37ça vous inspire quoi quand vous voyez
36:39Olivier Marlex comme ça ?
36:41Profiter, clairement, en tout cas espérer
36:43profiter du front républicain
36:45On passe un coup de fil à la candidate
36:47du nouveau Front populaire qui s'est désistée.
36:49Ça, ça ne m'étonne qu'à moitié.
36:51D'ailleurs, la candidate l'a très bien dit,
36:53c'est pas une alliance, elle le fait
36:55contrepartie, elle attend rien de lui
36:57et elle espère juste
36:59que ses candidats vont se reporter sur lui.
37:01En revanche, il faut rappeler déjà que M. Marlex
37:03était président du groupe
37:05LR à l'Assemblée nationale
37:07qu'il avait donc un rôle
37:09prééminent et on le voit,
37:11j'ai entendu beaucoup d'interviews d'Olivier Marlex,
37:13il est un peu perdu, en fait, pour définir sa ligne
37:15et aujourd'hui, quand on écoute les cadres,
37:17les responsables des Républicains,
37:19on ne sait pas trop, en fait, sur quelles
37:21jambes ils ont envie de danser
37:23et quelle direction ils ont envie de donner à leur parti.
37:25Bon, vous en avez une partie
37:27qui est très proche d'Emmanuel Macron
37:29et de la direction qui est donnée par le pays
37:31à Emmanuel Macron. On pense notamment
37:33à cette alliance qui a été faite dans les Hauts-de-Seine
37:35où les candidats, les Républicains
37:37investis par le parti
37:39n'avaient pas en face d'eux deux candidats
37:41ensemble et puis d'un autre côté,
37:43vous avez ceux du côté de Eric Ciotti,
37:45bon, il a réussi à ne pas en prendre
37:47énormément, mais enfin, ça veut
37:49quand même dire quelque chose,
37:51qui, lui, va du côté
37:53du Rassemblement national. Il se murmure aussi
37:55qu'au Sénat, il pourrait se créer un groupe
37:57entre 10 et 30
37:59sénateurs issus des LR
38:01qui créent un groupe de LR
38:03Ciotti, ce qui fasse sécession
38:05avec le groupe majoritaire du Sénat.
38:07Donc aujourd'hui, le problème
38:09des LR, c'est qu'il va falloir qu'ils reconstruisent
38:11une colonne vertébrale idéologique
38:13qui puisse exister
38:15en tant que telle, entre
38:17la proposition, on va dire,
38:19libérale d'Emmanuel
38:21Macron, pro-business, etc.,
38:23et la proposition
38:25autoritaire matinée de racisme
38:27du Rassemblement national, et ils n'arrivent pas
38:29trop à trouver. Et je mettrai ça, juste,
38:31pour finir en parallèle avec la gauche,
38:33où la gauche, on parle d'une alliance
38:35hétéroclite, mais c'est vrai que chaque parti,
38:37que ce soit le Parti socialiste, l'Europe écologivère,
38:39le Parti communiste ou la France insoumise, ou même,
38:41on peut prendre le NPA, ont chacun
38:43une identité qui est très forte,
38:45une histoire sur laquelle ils capitalisent,
38:47et une direction qu'ils entendent donner
38:49à la façon dont ils font de la politique
38:51qui est assez claire.
38:53D'un mot, Jean-Sébastien Ferjou, elle est tenable,
38:55cette position incarnée par Olivier Marlex, là,
38:57au-delà des législatives, cette forme d'indépendance ?
38:59Oui.
39:01Enfin, vous voyez bien qu'il se passe
39:03quelque chose d'extraordinaire,
39:05proprement extraordinaire, je suis assez d'accord
39:07avec ce qui a été décrit sur l'état
39:09de déshérence idéologique du parti,
39:11mais vous avez quand même un parti qui,
39:13sans champion, sans programme,
39:15sans incarnation présidentielle
39:17pour l'avenir, fait 10 %, tout en étant
39:19présent que dans 60 % des circonscriptions,
39:21c'est-à-dire que vous le projetez en national,
39:23parce qu'il y a des tas d'électeurs LR
39:25qui, dans leurs circonscriptions, n'ont pas pu voter LR
39:27puisqu'ils n'avaient pas de candidats LR,
39:29c'est-à-dire qu'ils sont à 14 %, en réalité,
39:31alors qu'ils étaient à 7 aux européennes,
39:33mais c'est une performance extraordinaire,
39:35et ce qui n'est pas une performance du parti,
39:37c'est une performance de l'électorat,
39:39il y a une résilience de cet électorat
39:41de droite qui est extraordinaire,
39:43les gens ont l'impression que le RN,
39:45toutes ses forces supplémentaires viennent de la droite,
39:47mais c'est parfaitement faux,
39:49beaucoup d'électeurs RN sont en réalité des gens
39:51qui viennent des communistes, des rangs de la gauche,
39:53ou bref, d'un peu partout, c'est devenu
39:55un parti attrape-tout, comme on dit
39:57en sociologie politique, mais cette résilience
39:59de la droite, elle est impressionnante,
40:01et si ce parti était capable de se donner
40:03une incarnation présidentielle,
40:05il est dans la zone
40:07qualifiable pour un deuxième tour
40:09de présidentielle,
40:11et encore plus post-Emmanuel Macron.
40:13On a l'impression que ces futurs députés LR,
40:15on les voit déjà, soit entrer dans un gouvernement
40:17d'union nationale, soit rejoindre
40:19un groupe RN pour faire la pointe,
40:21je crois plutôt qu'ils ont été élus
40:23sur leur nom, sur une ligne d'indépendance,
40:25je ne vois pas pourquoi ils ne maintiendraient pas
40:27cette indépendance, cette volonté
40:29de s'écarter.
40:31C'est pour ça que l'idée de la grande coalition,
40:33il faut vraiment être un technicien de l'ingénierie sociale
40:35comme les macronistes, parce que vous êtes un consultant
40:37qui sait que tout est une question de slides,
40:39mais je pense qu'ils vont découvrir
40:41que chez les écologistes, les socialistes,
40:43les républicains, il y a des gens qui ont des convictions
40:45et qui parfois ne se déterminent pas uniquement
40:47par rapport à des solutions techniques.
40:49On va avancer.
40:51D'abord, le bilan de la campagne
40:53du nouveau Front populaire,
40:55cette campagne d'entre-deux-tours
40:57a encore été dominée par la figure
40:59de Jean-Luc Mélenchon, qualifiée
41:01de boulet par François Ruffin.
41:03Il est vraiment devenu un boulet
41:05pour l'ensemble de la gauche
41:07comme l'affirme François Ruffin.
41:09Pablo ? Non, il n'est pas devenu un boulet
41:11pour l'ensemble de la gauche, il est devenu un boulet
41:13dans la circonscription de François Ruffin
41:15et notamment sur certains territoires
41:17dans lesquels François Ruffin bataille
41:19contre le Rassemblement national. Je rappelle que
41:21dans la circonscription de François Ruffin,
41:23le Rassemblement national aux élections européennes
41:25a fait plus de 45%,
41:27très très loin devant la gauche,
41:29toutes forces confondues.
41:31Donc, François Ruffin, il cherche des stratégies
41:33pour essayer de se faire élire,
41:35pour essayer de battre le Rassemblement national
41:37dans ce deuxième tour.
41:39Après les quelques jours,
41:41les quelques semaines de campagne,
41:43il s'est bien rendu compte qu'on lui disait
41:45non, non, nous on ne veut pas voter pour vous
41:47parce que Jean-Luc Mélenchon s'occupe à nous.
41:49En revanche, là où Jean-Luc Mélenchon n'est pas un boulet,
41:51c'est dans certains territoires,
41:53les territoires métropolitains,
41:55les territoires de périphérie métropolitaine,
41:57où là, on dit Jean-Luc Mélenchon,
41:59et les gens sortent, notamment dans les quartiers populaires,
42:01ils disent oui, nous on veut voter Jean-Luc Mélenchon
42:03parce que c'est le seul qui nous défend.
42:05Donc, la conclusion, c'est qu'on a besoin
42:07de Jean-Luc Mélenchon et de François Ruffin
42:09et d'Abiar Roussel si on veut demain
42:11une gauche qui gagne.
42:13D'un mot, Benjamin Morel, pour vous,
42:15elle peut survivre aux législatives,
42:17cette alliance du nouveau Front populaire ?
42:19Ah non, ça n'a jamais été son objectif.
42:21Il n'y aura pas de groupe nouveau Front populaire.
42:23Il y aura un groupe, la FI, probablement plus important
42:25parmi les groupes de gauche, un groupe socialiste,
42:27un groupe écolo et un groupe communiste
42:29avec probablement quelques ralliés,
42:31Corbière, Ruffin, etc.
42:33Donc, il y aura en effet une nouvelle page qui se tourne
42:35et dans les configurations majoritaires,
42:37mais je sens qu'on va y venir,
42:39il y a certains qui y rentreront
42:41et d'autres n'y rentreront pas.
42:43On en parle tout de suite, on va se pencher
42:45sur les différents scénarios possibles
42:47pour l'après-législative avec Elzabeth Mondin-Gava.
42:49Elle est partout.
43:19Deuxième scénario, le Rassemblement national
43:21n'obtient qu'une majorité relative,
43:23mais arrive à décrocher suffisamment
43:25de députés pour faire l'appoint
43:27chez les élus républicains
43:29ou encore divers droits.
43:31J'ai l'ambition d'élargir ma majorité
43:33et de tendre la main aussi à tous les électeurs
43:35de droite et du centre, parce que je veux la majorité
43:37la plus large possible.
43:39Jordan Bardella peut alors revendiquer Matignon,
43:41mais combien sont-ils à pouvoir
43:43s'allier au parti à la flamme ?
43:45Troisième scénario, en majorité relative
43:47et sans alliance,
43:49le RN reste dans l'opposition.
43:51Le camp présidentiel s'évertue
43:53à bâtir une grande coalition.
43:55Je crois profondément qu'il y a
43:57des forces politiques républicaines,
43:59qui peuvent être de droite, du centre,
44:01de gauche, qui peuvent se retrouver
44:03autour de l'intérêt des Français.
44:05Un gouvernement d'union nationale,
44:07renaissance, horizon, modem,
44:09LR, des socialistes, des écologistes,
44:11des communistes, mais pas d'insoumis.
44:13Une construction fragile,
44:15à la merci de toute motion de censure.
44:17Dernier scénario, celui
44:19d'un gouvernement technique,
44:21c'est-à-dire avec des personnalités
44:23qui font consensus dans leur domaine.
44:25Mais en existe-t-il encore
44:27du consensus ?
44:29Dans tous les cas, le 8 juillet,
44:31le président de la République pourrait être tenté
44:33de temporiser et reconduire ses ministres
44:35pour expédier les affaires courantes
44:37jusqu'à la formation
44:39d'un nouveau gouvernement.
44:41De tous ces scénarios, il y en a un
44:43qui semble tenir l'accord pour l'instant.
44:45C'est celui d'un gouvernement d'union nationale.
44:47Ca vous semble faisable,
44:49souhaitable ? Non, vous n'êtes pas d'accord.
44:51Jean-Sébastien.
44:53Arithmétiquement, ça me paraît assez difficile.
44:55Il faudrait que les LR comme un seul homme,
44:57les écologistes comme un seul homme,
44:59que chacun de tous les groupes évoqués
45:01ait envie d'y aller.
45:03Ca pourrait éventuellement être possible
45:05si nous étions au lendemain de l'élection présidentielle
45:07de 2022, mais personne ne mesure
45:09l'espérance de vie présidentielle
45:11d'Emmanuel Macron, parce que tout aussi bien
45:13il y a le dernier scénario, qui est ça,
45:15d'une démission du président de la République.
45:17C'est celui que vous privilégiez aujourd'hui ?
45:19En tout cas, c'est la logique des institutions.
45:21C'est celui de la logique des institutions.
45:23Mais en quoi ça résoudrait le problème,
45:25dès lors qu'il ne peut pas y avoir de nouvelle législative
45:27avant un an ? Alors déjà, certains
45:29ont des lectures différentes de l'article 12
45:31en disant que peut-être pour un autre président...
45:33Benjamin Morel, là-dessus, votre regard.
45:35C'est votre domaine. Quoi qu'il en soit,
45:37c'est une décision qui n'est pas susceptible de recours,
45:39il n'y a pas d'autres lectures de l'article 12,
45:41mais en revanche, il n'y a pas...
45:43Il n'y a aucun cours...
45:45Il n'y a pas d'autres lectures de l'article 12,
45:47il est très clair. En revanche,
45:49il n'y a pas de contentieux possibles, en effet,
45:51sur le décret de dissolution. Donc le président pourrait
45:53dissoudre. C'est clairement un coup d'Etat constitutionnel,
45:55mais personne ne pourrait interdire le faire.
45:57Mais même un autre, c'est pareil.
45:59C'est un an...
46:01Oui, mais c'est quand même un coup d'Etat constitutionnel.
46:03Que la parole circule !
46:05Un président qui aurait la légitimité
46:07d'une nouvelle majorité présidentielle,
46:09quelle qu'il soit, pourrait vraisemblablement
46:11plus facilement construire une coalition,
46:13parce que ça aurait été évoqué dans une campagne.
46:15Pablo Pio, Vivien,
46:17votre scénario à vous pour l'après-l'Élysée.
46:19Moi, je pense que le gouvernement
46:21de l'Union nationale est ridicule.
46:23On ne voit pas Sandrine Rousseau siégé avec Laurent Wauquiez.
46:25Ça n'a aucun sens, être dans le même gouvernement.
46:27Il faut la sortir, et surtout,
46:29ce serait excessivement dégradant pour la démocratie.
46:31Comme ça a été dit par Jean-Sébastien,
46:33chacun a ses orientations, chacun a ses projets.
46:35On ne peut pas les mélanger comme ça.
46:37Sans majorité absolue, on fait quoi ?
46:39Je pense qu'ils peuvent nommer des gouvernements,
46:41et tous les deux mois, ils tomberont.
46:43Mais là n'est pas l'enjeu.
46:45L'enjeu, ce n'est pas que les élections et le gouvernement.
46:47Comme l'a très bien dit Bruno Le Maire,
46:49on débloque un douzième du budget tous les mois,
46:51et puis le pays continue de fonctionner.
46:53Ce n'est pas comme aux États-Unis, où il y a un shutdown
46:55et on ne peut plus payer les fonctionnaires.
46:57Ça ne marche pas comme ça en France.
46:59En revanche, on a un an jusqu'aux prochaines élections législatives
47:01pour reconstruire des dynamiques, pour reconstruire une démocratie saine.
47:03On se met en mode pause pendant un an et on y retourne.
47:05Exactement. Non, mais ce n'est pas pause.
47:07C'est là qu'il faut qu'on fasse vraiment de la politique
47:09en dehors de l'Assemblée nationale.
47:11Oui, mais pause en matière d'action gouvernementale.
47:13Et on reconstruit le clivage gauche-droite,
47:15qui est le seul qui peut faire qu'on est dans une démocratie saine.
47:17Pour pouvoir voter un budget, sans même voter le budget,
47:19pour pouvoir l'appliquer par ordonnance,
47:21il faut un gouvernement pour déposer un budget.
47:23Par ailleurs, si vous avez des troubles pendant les Jeux olympiques,
47:25il faut pouvoir déclarer l'état d'urgence.
47:27Ça implique d'avoir un Conseil des ministres.
47:29Ça implique quand même d'avoir un gouvernement.
47:31Donc, gouvernement technique, gouvernement d'Union nationale.
47:33De toute façon, il faudra un gouvernement et il sera fondamentalement instable.
47:35Parce que si vous avez 289 députés,
47:37RN plus la FI,
47:39ça veut dire que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen
47:41ont un bouton devant eux qui s'appelle chute du gouvernement.
47:43Ils appuient dessus quand ils veulent.
47:45Et quand bien même vous avez 289 députés
47:47de la coalition que vous avez envisagée,
47:49ça veut dire que chaque chef de parti peut faire tomber
47:51le gouvernement à n'importe quel moment.
47:53Donc, de toute façon, on va vers une instabilité.
47:55Cette instabilité ne permettra pas de faire grand-chose.
47:57Il y a deux options.
47:59Enfin, il y a deux priorités.
48:01Avoir un gouvernement et faire passer un budget.
48:03On arrivera gare à mieux.
48:05Stuart Shaw, les Français, ils en pensent quoi ?
48:07Est-ce qu'ils sont prêts à faire l'effort d'un gouvernement
48:09d'Union nationale ? C'est un effort, faire des concessions.
48:11Mais je ne sais pas si les Français
48:13se contenteraient d'un pays qui est bloqué.
48:15On parle beaucoup,
48:17effectivement, de la logique institutionnelle.
48:19Mais je ne suis pas certain que pour
48:21un électorat qui est quand même
48:23un électorat majoritaire,
48:25qui va de la social-démocratie
48:27à la droite républicaine,
48:29se contenterait d'un pays
48:31qui ne peut pas voter de projet de réforme,
48:33qui ne peut pas faire avancer les choses.
48:35Donc, je ne suis pas certain, finalement,
48:37que cette mise en poste
48:39soit vraiment souhaitable.
48:41Juste un dernier mot.
48:43On le disait, ces élections
48:45seront des élections un peu du tout sperdantes.
48:47Ce que j'anticipe, ce dont je suis à peu près sûr,
48:49c'est qu'au lendemain du second tour,
48:51on va avoir un niveau de ressentiment tel
48:53que c'est ça, l'enjeu.
48:55Merci beaucoup. C'est terminé.
48:57Nous ne sommes pas l'Allemagne, ni la Belgique, ni l'Italie,
48:59qui sont beaucoup plus décentralisées,
49:01c'est-à-dire que beaucoup de décisions
49:03continuent à être prises en Belgique,
49:05même quand il n'y a pas de gouvernement.
49:07On s'arrête là, on organisera un nouveau débat
49:09pour la suite, c'est promis.
49:11Merci beaucoup à tous les cinq d'être venus
49:13sur le plateau d'LCP.
49:15On ouvre maintenant notre dernier journal de campagne,
49:17Campagne Express, avec Stéphanie Despierres.
49:25Bonsoir Stéphanie.
49:27Bonsoir.
49:29Et pour ce dernier Campagne Express,
49:31on regarde un peu plus loin.
49:33Après cette campagne avalée à 100 à l'heure,
49:35une fois le second tour passé dimanche,
49:37le rythme va se ralentir.
49:39Si le calendrier politique est encore flou et incertain,
49:41le programme de l'Assemblée nationale
49:43lui se précise.
49:45Le Palais-Bourbon va ouvrir ses portes
49:47pour les élus députés au second tour,
49:49lundi à 14h.
49:51Les arrivées vont s'échelonner lundi, mardi, mercredi.
49:53Chaque détail donnera un indice
49:55sur les alliances en cours,
49:57sur les divorces à prévoir.
49:59Il faudra par exemple bien regarder
50:01qui arrive avec qui.
50:03Les députés, par exemple, du Nouveau Front Populaire,
50:05arriveront-ils tous ensemble
50:07pour la photo ?
50:09Ou bien est-ce que ce sera chacun de son côté,
50:11socialiste, insoumis, communiste, écologiste ?
50:13En tout cas, les nouveaux parlementaires vont s'installer,
50:15recruter leurs collaborateurs et commencer
50:17les tractations en vue de constituer des groupes politiques.
50:19Les députés arrivent à partir de lundi
50:21mais ils ne vont pas siéger tout de suite,
50:23ils vont devoir attendre le 18 juillet. Pourquoi ?
50:25Eh bien parce que la session s'ouvre
50:27le deuxième jeudi après le second tour.
50:29C'est la Constitution qui l'impose
50:31après une dissolution.
50:33La session va donc s'ouvrir avec un moment clé,
50:35l'élection du nouveau président
50:37ou de la nouvelle présidente de l'Assemblée.
50:39C'est jeudi 18 juillet à 15h
50:41qui sera au perchoir.
50:43Il y aura un vote à bulletin secret
50:45qui peut prendre du temps si aucun parti
50:47n'obtient la majorité absolue.
50:49Et puis l'autre moment important, Clément,
50:51c'est la formation des groupes politiques.
50:53Là, la date limite, c'est le 18 juillet
50:55toujours, mais avant 18h.
50:57Vous le savez, un député seul,
50:59sans groupe, n'a pas beaucoup de poids
51:01ici à l'Assemblée nationale puisque tout le fonctionnement
51:03est structuré autour de ces fameux
51:05groupes politiques. Alors il faut être 15
51:07pour faire un groupe, il faut une ligne politique,
51:09un président. Le record à battre,
51:11c'est 10 groupes dans cette Assemblée.
51:13Et puis dans les jours qui viennent,
51:1519 et 20 juillet,
51:17ce sera la répartition des autres
51:19postes-clés de l'Assemblée nationale.
51:21Après ces trois jours de session,
51:23Clément, on aura le visage de cette nouvelle
51:25Assemblée et une vision peut-être
51:27un peu plus claire de la recomposition
51:29politique provoquée par cette dissolution.
51:31Merci beaucoup Stéphanie Despierre.
51:33Et on vous fera vivre ça évidemment en direct
51:35sur l'antenne d'LCP.
51:37On passe à nos affranchis à présent.
51:47Et on commence
51:49avec vous Bertrand Perrier, bonsoir.
51:51Vous êtes avocat, enseignant, spécialiste
51:53de l'art oratoire et alors on évoque
51:55avec vous une institution qui pourrait bien devenir
51:57clé si le Rassemblement national obtient
51:59la majorité absolue, le Conseil constitutionnel.
52:01Et oui Clément, car le Conseil constitutionnel
52:03c'est un peu l'empêcheur de
52:05légiférer en rond. C'est l'institution
52:07qui assure la conformité
52:09des lois à la Constitution
52:11et également à la Déclaration des droits de l'homme
52:13et du citoyen de 1789 parce que
52:15la souveraineté du peuple n'est pas
52:17un absolu, elle s'exerce dans la limite
52:19de principes supérieurs dont le Conseil
52:21est le garant. Imaginons par exemple que
52:23par folie le législateur rétablisse
52:25la répudiation par exemple
52:27et bien évidemment il faudrait que le Conseil intervienne
52:29pour empêcher cette réforme d'entrer en vigueur.
52:31Et alors le Conseil constitutionnel
52:33il est régulièrement l'objet d'attaques
52:35de la part du Rassemblement national. Et oui parce que
52:37le Conseil constitutionnel est régulièrement
52:39accusé d'être un organe plus politique
52:41que juridique, d'être droit de l'homiste et
52:43de craver la mise en oeuvre de la volonté
52:45du peuple. Sébastien Chenu
52:47dit on ne peut jamais rien faire.
52:49On a entendu récemment un candidat, Hérène, dire
52:51qu'il fallait mettre le Conseil constitutionnel
52:53je cite, au pas et dans son interview
52:55au Figaro cette semaine, eh bien Jordan Bardella
52:57a encore répété que
52:59la Cour suprême selon lui
53:01eh bien c'est le peuple. Et de fait
53:03c'est vrai que la jurisprudence
53:05du Conseil constitutionnel qui juge que
53:07la préférence nationale est contraire à la
53:09Constitution, qui a refusé de
53:11subordonner le bénéfice des allocations
53:13pour les étrangers, même en situation
53:15régulière, à une durée de résidence
53:17sur les territoires français, qui
53:19récemment a accordé l'aide juridictionnelle
53:21aux étrangers, même en situation régulière
53:23eh bien cette jurisprudence
53:25ferait évidemment obstacle à nombre
53:27de réformes que le Rassemblement national
53:29se propose de mettre en oeuvre. La suppression
53:31du droit du sol, la priorité nationale
53:33les allocations évidemment
53:35familiales réservées aux français, la restriction
53:37du regroupement familial, les binationaux
53:39tout ça serait évidemment retoqué par
53:41le Conseil constitutionnel qui serait
53:43le caillou dans la chaussure
53:45d'un gouvernement RN et
53:47le Rassemblement national en est bien conscient
53:49puisqu'il propose en amont de couper
53:51l'herbe sous le pied du Conseil constitutionnel
53:53en réformant la Constitution
53:55elle-même, mais le problème
53:57c'est qu'il y a deux voies pour réformer
53:59la Constitution, la voie classique
54:01mais qui suppose l'accord du Président de la République
54:03et du Sénat, évidemment exclue, et puis
54:05la voie dérogatoire, celle qui avait été
54:07employée par le Général de Gaulle en 1962
54:09celle de l'article 11, celle du référendum
54:11Alors le Conseil constitutionnel
54:13est d'autant plus au cœur de l'actualité que
54:15le mandat de son Président arrive bientôt à
54:17échéance. Oui absolument, vous le savez
54:19les neuf membres du Conseil constitutionnel
54:21sont renouvelables par tiers tous les
54:23trois ans, ils sont nommés pour neuf ans et le mandat
54:25de Laurent Fabius arrive à échéance
54:27en février prochain
54:29ce sont déjà les tractations qui se
54:31jouent pour la succession et
54:33un nom revient avec insistance
54:35celui d'Éric Dupond-Moretti, le garde
54:37des Sceaux. Le Président de la République
54:39pourrait être tenté en quelque sorte
54:41de remercier la fidélité
54:43d'Éric Dupond-Moretti mais ce serait aussi une nomination
54:45très politique pour une institution
54:47très juridique, en tout cas
54:49évidemment on connaît la détestation
54:51du Rassemblement national, car
54:53l'ancien avocat a quitté à tort et
54:55s'il était nommé, le Conseil constitutionnel
54:57serait encore au
54:59cœur de ce jeu
55:01de pouvoir entre l'exécutif
55:03et le Conseil constitutionnel
55:05qui prendrait vraiment un tour encore plus dramatique
55:07Et tout cela reste encore hypothétique
55:09Merci beaucoup Bertrand Perrier
55:11Bonsoir Mariette Darrigrand
55:13Le mot de la semaine, vous avez choisi de nous parler
55:15d'un mot dont on entend
55:17beaucoup parler ces derniers jours, coalition
55:19Coalition, c'est dans toutes les bouches, dans toutes les
55:21oreilles, alors c'est un mot assez nouveau dans notre
55:23vocabulaire politique, puis alors surtout
55:25très ambivalent, il y a ceux qui sont
55:27pour, ceux qui s'en méfient, etc
55:29et alors à mon avis c'est un mot oignon
55:31c'est-à-dire qu'il a des couches, des couches
55:33successives, une première couche qui est assez
55:35neutre, quand le mot est dans le français classique
55:37coalition ça veut dire
55:39union, ça peut même vouloir dire union
55:41syndicale à un moment donné, et puis le mot
55:43devient négatif quand il passe dans la langue diplomatique
55:45parce qu'on voit à ce moment-là
55:47des nations ennemies qui font
55:49une coalition éphémère
55:51et puis tactique en quelque sorte
55:53On voit bien le sens actuel, et puis quel est le sens de la
55:55deuxième couche alors ? La deuxième couche elle est très politique
55:57très connotée, c'est la 4ème République
55:59bien sûr, dont on a comme souvenir
56:01collectif que ça n'a pas marché justement
56:03l'assemblée tripartite déjà
56:05et donc finalement on en fait une lecture
56:07très gaulliste, il faut
56:09dans notre pays un pouvoir régalien
56:11jupitérien qui arrête tout ça
56:13sinon ça ne fonctionne pas ces grands accords
56:15C'est-à-dire qu'on n'a pas du tout la culture du
56:17parlementarisme ? Voilà, ça c'est notre
56:19héritage, mais maintenant
56:21on a ouvert un peu notre scope et depuis
56:23que nous sommes beaucoup plus européens, nous regardons
56:25comment ça se passe ailleurs, évidemment
56:27en particulier en Allemagne qui est le
56:29pays en gros du modèle de coalition
56:31même s'il y a des difficultés. Alors là du coup ça devient
56:33un peu, la troisième couche elle est beaucoup plus positive
56:35elle fait envie à certains
56:37dont personnellement je suis
56:39mais en fait il faut quand même aller dans la
56:41quatrième couche pour voir la vraie valeur
56:43très positive du mot, il faut quitter
56:45le vocabulaire politique et aller dans le vocabulaire
56:47culturel, voire
56:49poétique. Alors la coalition
56:51en fait ce sont deux arbres
56:53que l'on greffe ensemble, donc c'est une
56:55très belle image botanique. Et c'est le sens
56:57premier du terme ? Oui, coalescere
56:59en latin c'est faire la greffe
57:01comme ça de deux végétaux, de deux arbres
57:03qui se mettent à produire un fruit
57:05donc il n'y a pas de bonne ou de
57:07mauvaise coalition, du point de vue de l'origine
57:09du langage, il y a, pour
57:11qualifier la coalition, il faut regarder son fruit
57:13alors c'est ça la question pour nous pour lundi matin
57:15comment ça va se passer, qu'est-ce que
57:17nos gouvernants, nos députés
57:19vont être capables de produire
57:21ensemble de nouveaux, d'intéressants
57:23et surtout capables de nourrir
57:25la démocratie. Merci
57:27beaucoup Mariette Darrigrand, merci à
57:29tous les deux, à nos deux affranchis
57:31du soir. C'est ainsi qu'on arrive
57:33donc au terme de cette campagne législative
57:35alors ne ratez pas notre soirée électorale
57:37dès dimanche en
57:39direct, des 19h jusqu'à
57:41minuit, ce sera avec Brigitte Boucher et
57:43Myriam Ankawa pour LCP
57:45en partenariat avec France 24
57:47toutes les réactions, tous les résultats, il y aura
57:49du débat, de l'analyse évidemment, mais aussi des duplexes
57:51dans les circonscriptions clés et
57:53à l'étranger pour voir comment le monde
57:55regarde la France ce soir-là.
57:57Un grand merci à toutes les équipes
57:59d'LCP qui se sont mobilisées pendant 4 semaines
58:01pour vous faire vivre cette campagne
58:03il y a bien sûr la rédaction mais il y a aussi les équipes
58:05en régie et la production. Merci à tous
58:07et puis merci à vous, chers téléspectateurs
58:09de nous faire confiance pour vous
58:11informer. Bonne soirée à tous
58:13et à très bientôt sur LCP.
58:21Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org