Ça vous regarde - Emmanuel Macron : le casse-tête du Premier ministre !

  • il y a 2 mois
GRAND DÉBAT de décryptage / Emmanuel Macron : le casse-tête du Premier ministre !

« Le récap » par Bruno Donnet

La vague bleue marine annoncée depuis la dissolution n'aura finalement pas eu lieu lors de ce second tour : longtemps considéré aux portes de la majorité absolue, le Rassemblement national s'est finalement heurté au barrage républicain et finit avec un total de 143 sièges. Un score bien supérieur aux 89 postes obtenus en 2022, mais bien loin du seuil des 289 députés au-dessus duquel il aurait gouverné. La grande surprise de ces législatives anticipées, c'est le Nouveau Front populaire qui arrive en tête avec 193 sièges pour la prochaine législature. Enfin, la majorité sortante sauve les meubles avec 165 sièges, bénéficiant largement du report des voix des électeurs de gauche. Emmanuel Macron avait décidé de dissoudre l'Assemblée par souci de "clarification", n'est-ce pas finalement l'inverse qui s'est produit avec cette tripartition ?

Invités :
- Vincent Martigny, professeur de sciences politiques à l'université de Nice - Côte d'Azur et à l'école polytechnique
- Olivier Rouquan, politologue, chercheur associé au CERSA
- Frédéric Dabi, directeur général de l'institut de sondage IFOP, directeur du pôle Opinion et Stratégies
- Mathieu Plane, directeur adjoint à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)

GRAND DÉBAT politique / Quelle coalition pour éviter la paralysie ?

À la suite du second tour des élections législatives, l'Assemblée nationale se retrouve sans majorité absolue. La chambre basse pourrait alors devenir paralysée si les groupes politiques ne parviennent pas à s'allier sous forme de coalition majoritaire, une pratique très fréquente dans d'autres pays européens tels que l'Allemagne ou l'Espagne. Face à cette situation et en vue d'un nouveau gouvernement, le socialiste Raphael Glucksmann a souligné l'obligation de se « comporter en adulte ». Le 18 juillet à 15h, la nouvelle Assemblée devra se réunir pour la première fois. Les nouveaux députés seront-ils parvenus à former un groupe majoritaire au sein de l'hémicycle ?

Invités :
- Astrid Panosyan-Bouvet, députée Renaissance de Paris
- Jérôme Guedj, député socialiste de l'Essonne
- Elsa Faucillon, députée communiste des Hauts-de-Seine
- Raphaël Schellenger, député LR du Haut-Rhin

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00:00Générique
00:00:05Bonsoir et bienvenue, émission spéciale à nouveau ce soir dans Savourgarde jusqu'à 20h45.
00:00:13Nous allons revenir sur la nouvelle donne politique au lendemain des législatives.
00:00:17Qui va gouverner ? La France et pour quoi faire ?
00:00:21Question brûlante à l'issue de ce second tour.
00:00:23Surprise, coalition, gouvernement minoritaire, gouvernement technique.
00:00:28Quelles sont les prochaines étapes de la recomposition ?
00:00:31Va-t-on forcément vers un blocage institutionnel ?
00:00:34Grand décryptage dans un instant sur ce plateau,
00:00:36suivi d'un grand débat politique avec quatre députés réélus à l'Assemblée.
00:00:41Voilà Savourgarde spéciale, troisième tour, c'est parti.
00:00:45Générique
00:00:57Trois blocs, trois blocs, tous très loin de la majorité absolue.
00:01:01C'est la situation politique inédite sous la Ve République à l'issue de ces législatives.
00:01:06Situation inédite à laquelle les Français demandent pour certains d'entre eux des solutions inédites.
00:01:11Alors que peut-il se passer à l'issue de ce second tour ?
00:01:14Surprise, quelle majorité pour gouverner ?
00:01:17Le grand flou va-t-il se dissiper pour céder la place à une recomposition légèrement plus stable ?
00:01:26On va s'arrêter sur les scénarios possibles avec nos quatre invités ce soir.
00:01:29Bonsoir Frédéric Dhabi, ravi de vous retrouver.
00:01:32Vous êtes le directeur général opinion de l'Institut de sondage IFOP.
00:01:35Bonsoir Vincent Martini, bienvenu, professeur de sciences politiques à l'Université de Nice
00:01:42et à l'école polytechnique et membre du comité de rédaction de l'hebdomadaire Le1.
00:01:46Bonsoir Olivier Roucan, politologue et enseignant-chercheur.
00:01:53Enfin, bonsoir Mathieu Plan, économiste à l'OFCE, c'est le centre de recherche économique de Sciences Po Paris.
00:02:00Merci à tous les quatre messieurs de participer à ce débat en direct,
00:02:03un débat qui s'ouvre comme chaque soir, par le récap de Bruno Denec.
00:02:08On accueille tout de suite.
00:02:20Bonsoir Bruno.
00:02:21Bonsoir Myriam, bonsoir à tous.
00:02:22Dans votre récap ce soir, un paysage politique d'une complexité sans précédent.
00:02:27Oui, alors pour commencer Myriam, je vous propose de commencer par jeter un œil aux résultats.
00:02:32Le nouveau Front populaire est donc arrivé en tête avec 182 sièges.
00:02:37L'ancienne majorité présidentielle étant en seconde position avec 168 députés.
00:02:42Quant au Rassemblement national, il en a obtenu 143.
00:02:46Donc, si on suit la logique de Jean-Luc Mélenchon, les choses pourraient être extrêmement simples.
00:02:53Le président doit s'incliner.
00:02:58Le Premier ministre doit s'en aller.
00:03:01Le Premier ministre doit s'en aller.
00:03:04Ok, jusque-là, pas de problème.
00:03:06Gabriel Attal a d'ailleurs lui-même validé cette solution dès hier soir.
00:03:12Ainsi, fidèle à la tradition républicaine et conformément à mes principes,
00:03:17je remettrai demain matin ma démission au président de la République.
00:03:22Bien, jusque-là, ça a donc l'air on ne peut plus simple.
00:03:25Sauf que ça ne l'est pas du tout.
00:03:28D'abord, parce que Gabriel Attal est bien allé remettre sa démission au président de la République ce matin,
00:03:34mais qu'Emmanuel Macron lui a demandé de rester en poste pour le moment.
00:03:38Bon, car le problème, c'est qui, qui pour lui, succédait ?
00:03:42On avait cru comprendre que Jean-Luc Mélenchon avait renoncé à cette ambition.
00:03:47Eh bien, pas du tout.
00:03:48Jean-Luc Mélenchon est celui qui a réappris à la gauche à gagner.
00:03:52Donc, c'est lui qui doit aller à Matignon ?
00:03:54Jean-Luc Mélenchon n'est absolument pas disqualifié.
00:03:57Donc, la deuxième question qui se pose maintenant, c'est comment ?
00:04:01Comment vont faire les membres du nouveau Front populaire pour se mettre d'accord ?
00:04:05Est-ce que ça va être simple ?
00:04:07Non, ça ne va pas être simple.
00:04:08Non, ça ne va pas être facile.
00:04:10Et non, ça ne va pas être confortable.
00:04:12Vous l'avez compris, Myriam, l'option d'un Premier ministre issu de la gauche est donc une option compliquée.
00:04:17Alors, y a-t-il une autre possibilité, Bruno ?
00:04:19Oui, Emmanuel Macron peut parfaitement nommer un Premier ministre proche de sa propre famille politique.
00:04:25Mais là s'oppose un autre problème, un problème de rejet épidermique.
00:04:30Car de Gabriel Attal à Édouard Philippe,
00:04:33tous les soutiens d'Emmanuel Macron sont absolument sur la même ligne.
00:04:37Il va sans dire qu'à mes yeux, cet accord ne peut être construit ni avec le RN
00:04:41ni avec la France insoumise, à qui nous opposent des divergences de principes.
00:04:46Aucun allié du président de la République ne souhaite gouverner aux côtés des camarades de Jean-Luc Mélenchon.
00:04:52Aucun, pas même celui qui rêve pourtant de devenir Premier ministre depuis Mathieu Zalem.
00:04:58C'est très simple, vous excluez les extrêmes à l'extrême gauche et à l'extrême droite
00:05:04et vous avez là un ensemble démocrate et républicain
00:05:08qui, selon moi, devrait se parler, se reconnaître, s'accepter et un jour prochain gouverner ensemble.
00:05:16Enfin, pour terminer, il faut encore souligner que bien qu'arrivé en tête du premier tour,
00:05:21le RN ne figure dans aucune des hypothèses de gouvernement ou de coalition.
00:05:26Ce qui alimente, évidemment, l'un des emplois favoris du parti, le rôle de caliméro de la vie politique.
00:05:34Je crois que la victoire est différée et je pense qu'empêcher le peuple français
00:05:41de se choisir une politique différente ne peut pas constituer un destin viable pour le pays et pour les Français.
00:05:49Alors résumons-nous, c'est trop injuste, dit l'extrême droite.
00:05:53On n'est pas prêt à tout, explique la Macronie, pendant que la gauche montre qu'elle n'est pas prête du tout.
00:05:59La catastrophe institutionnelle, cher Myriam, n'est pas loin, voilà pourquoi.
00:06:03Je vous propose de méditer cet excellent mot signé Raymond Devos en guise de conclusion.
00:06:09D'ailleurs, je vous signale entre parenthèses que si le gouvernement actuel n'est pas capable d'assumer la catastrophe,
00:06:16il est possible que l'opposition s'en empare.
00:06:19Merci beaucoup, merci Bruno Donnet.
00:06:22Je vais commencer par une question très simple Frédéric Davy, qui a gagné ces élections, qui les a perdues ?
00:06:27Est-ce que la victoire du Front populaire pour vous est indéniable ou est-ce tout simplement la victoire du Front républicain ?
00:06:35Très compliqué votre question, il n'y a pas de victoire du Front populaire, ça dépend quels sont les critères.
00:06:42La victoire aux élections législatives, traditionnellement, c'est un groupe, une force qui arrive à avoir une majorité absolue,
00:06:48aller, voir une majorité relative de peu, Michel Rocard en 88, même Madame Borne en 2022.
00:06:56Là, on est avec trois forces, cette guerre des trois blocs qu'on a vu maintenant depuis deux ans,
00:07:01assez équilibrée les uns des autres, 20 sièges d'écart entre le nouveau Front populaire et l'ancienne majorité,
00:07:0830 sièges entre l'ancienne majorité et le RN, il n'y a pas de vainqueur.
00:07:14On a eu, au contraire, une élection où, au premier tour, ça a été une élection qui a été motivée par l'antimacronisme
00:07:22et, au deuxième tour, le Front républicain a corrigé le premier tour.
00:07:27Et aucune des trois forces, aujourd'hui, j'entends tous les scénarios, tous les montages,
00:07:33qui d'ailleurs, entre parenthèses, n'intéressent pas beaucoup les Français, on est loin de leur sujet de préoccupation,
00:07:38aucune des trois forces, des trois blocs, même avec l'appoint de LR, est en situation d'approcher une majorité relative, je dirais, tenable,
00:07:46puisqu'on est loin des 250 sièges, on va en parler plus tard.
00:07:49Ce qui peut se construire ou pas, mais j'ai quand même une question, parce qu'il y a plein de Français qui nous regardent,
00:07:54qui ont envie de demander pourquoi les sondeurs se sont autant trompés.
00:07:57Je suis désolée, mais il y a beaucoup de Français qui ont...
00:08:00La boule au ventre, pendant trois semaines, finalement, le RN est troisième.
00:08:04Une élection, c'est une dynamique.
00:08:06Le premier tour a été remporté, mais ce n'est pas le bon terme, par le rassemblement national.
00:08:11Le premier tour a été une réplique des élections européennes, une réplique de même intensité.
00:08:16Forte participation, un RN à un niveau jamais vu, il passe de 19 à 33 %, entre 2022 et 2024,
00:08:24une majorité sanctionnée et une gauche qui a un score honorable.
00:08:27Mais une élection législative, c'est deux tours.
00:08:30Et effectivement, le second tour, de manière déjà mécanique, le passage de 300 et quelques triangulaires à 100,
00:08:37la montée à 404 duels, a fait que le Front républicain...
00:08:42– Et ce n'était pas possible de l'anticiper. – Mais attendez, mais nous l'avons.
00:08:44– L'ampleur de ce mur, de ce barrage.
00:08:46– Myriam, vous avez des téléspectateurs qui sont intelligents, qui peuvent aller voir et qui ont vu le site de l'IFOP,
00:08:52nos productions, nos derniers rollings.
00:08:54Je donne trois chiffres, au soir du premier tour sur TF1, c'est quand même visible,
00:08:59nous donnons en bas de fourchette un RN à 240 sièges, nous ne l'avons jamais donné en majorité absolue.
00:09:05Jeudi, nous l'avons à 210 sièges.
00:09:08Vendredi, et on peut aller voir si ce que je dis est vrai, 170 sièges.
00:09:13Donc, et le bas de la fourchette, puisque vous m'avez appelé, je réponds longuement,
00:09:17le bas de la fourchette du RN était de 15 sièges en dessous du haut de la fourchette
00:09:23du nouveau Front populaire qui était entre 155 et 156.
00:09:26Par contre, ce qui est vrai, on a parlé d'incertitudes lors d'arrivée,
00:09:29personne n'a donné le RN en troisième force.
00:09:32Mais une élection, c'est deux tours.
00:09:34Et cette élection, elle me rappelle furieusement les régionales de 2015,
00:09:38et on en avait parlé d'ailleurs sur ce plateau, à mon souvenir, ou ailleurs, un autre plateau.
00:09:42– 2015, c'était pas là, mais on en avait parlé ailleurs, c'est vrai.
00:09:44– C'était un premier tour ultra-favorable pour le Front national,
00:09:4740% pour Marine Le Pen dans le Nord, 40% pour Marion Maréchal Le Pen en région PACA,
00:09:53et un second tour où le Front républicain, qui avait été inefficace en 2022, a été enclenché.
00:09:58C'est la logique d'élimination, la célèbre phrase de Guy Mollet popularisée par Charles Pasqua.
00:10:03Au premier tour, on choisit, au second tour, les Français ont éliminé le RN.
00:10:06– D'un mot pour bien comprendre, on comprend François Ruffin doit en partie sa survie au macroniste,
00:10:11tout comme Élisabeth Borne, Madame Retraite, en partie à la gauche aux Insoumis.
00:10:15Comment ont opéré les reports de voix, à droite comme à gauche ?
00:10:20– Les reports de voix ont été globalement bons, mais ils ont été possibles d'abord, il faut le dire,
00:10:24par une mécanique, avec le maintien des triangulaires, le RN approchait,
00:10:31alors il y avait la campagne qui n'avait pas eu lieu, mais un score de députés qui dépassait 250,
00:10:37d'aucuns même, pas l'IFOP, leur donnait la majorité absolue.
00:10:41Puisque le RN était aux portes du pouvoir, les reports de voix qui étaient très,
00:10:46je dirais, insatisfaisants, pour ne pas dire médiocres en 2022,
00:10:49ont été souvent excellents, ils ont profité d'abord plus à Ensemble qu'à la gauche,
00:10:55puisque Ensemble a vu plus de retraits de candidats de gauche
00:10:58que la gauche de candidats de l'ancienne majorité présidentielle.
00:11:02Ils ont été aussi excellents pour LR, beaucoup des trois blocs, on oublie LR,
00:11:07qui a été souvent opposé dans des second tours à des candidats du Rassemblement national,
00:11:11et ils l'ont apporté aussi très, très nettement.
00:11:13C'est une élection, il ne faut pas oublier, une élection c'est deux tours,
00:11:17traditionnellement le second tour confirme le premier, ça n'a pas été le cas hier soir.
00:11:21Alors on a trois blocs et on a quand même un ordre d'arrivée avec un nouveau front populaire,
00:11:26Vincent Martini qui arrive en tête, on peut dire légèrement en tête,
00:11:29Vinciège sur l'autre bloc, majorité présidentielle sortante, n'empêche qu'ils sont en tête.
00:11:34Est-ce que ça veut dire qu'institutionnellement parlant,
00:11:37la gauche va s'imposer à Emmanuel Macron dans le choix du Premier ministre ?
00:11:42On va dire que si on regarde l'histoire de la Ve République, en général,
00:11:45et même si on est dans une situation inédite, on est obligé de regarder ce qui s'est fait avant,
00:11:48le Président de la République est censé, il n'en est pas obligé,
00:11:51il n'y a aucun texte constitutionnel qui le force à le faire,
00:11:54mais il est censé se tourner vers le premier bloc, quel que soit son niveau,
00:11:58pour lui proposer de former un gouvernement s'il le souhaite et s'il le peut.
00:12:02Donc il ne serait pas illogique que le Président de la République
00:12:05se tourne vers cette famille politique pour lui proposer de former un gouvernement.
00:12:09Maintenant, encore une fois, je le répète, il n'y a pas d'obligation à le faire.
00:12:13Donc il est tout à fait libre aussi d'essayer de trouver une autre solution.
00:12:16Mais là, on rentre quand même dans une logique un peu politique.
00:12:18Vous demandiez tout à l'heure à Frédéric Dhabi qui avait gagné et qui avait perdu.
00:12:22Gérald Darmanin dit que personne n'a gagné cette élection.
00:12:24C'est ce qu'on dit quand on a perdu.
00:12:26C'est-à-dire, en gros, vous avez certes, en termes électoraux, une Chambre relativement équilibrée,
00:12:31mais j'insisterai sur le fait que du côté du nouveau Fonds populaire,
00:12:34il y avait une dynamique qui existait, qui était modeste, mais qui existait grâce à l'Union,
00:12:39puisqu'on est sur un étiage qui était prévu, même au premier tour,
00:12:43un poil au-delà de ce qui avait été le résultat du premier tour de 2022.
00:12:47C'est-à-dire, je rappelle, aux alentours de 140 députés dans mon souvenir.
00:12:50Là, il y a une accélération grâce au Front républicain.
00:12:53En revanche, ensemble, ils sont sauvés des eaux par la gauche.
00:12:56S'il n'y a pas trois quarts des électeurs de gauche qui se reportent sur ensemble,
00:12:59je rappelle que dans l'autre sens, c'est seulement un électeur sur deux.
00:13:03S'il n'y a pas trois quarts des électeurs de gauche qui viennent sauver les députés ensemble,
00:13:06j'imagine ce que ça veut dire, 122 candidats de gauche qui se désistent.
00:13:10C'est tout le paradoxe, parce qu'Emmanuel Macron pariait sur la division de la gauche
00:13:14pour sauver les meubles. Il est sauvé, d'une certaine façon, grâce à son unité.
00:13:19C'est son unité, exactement, qui le sauve.
00:13:21Donc là, encore une fois, il pourrait y avoir aussi un argument,
00:13:23qui est de dire, sur la logique de la dynamique politique,
00:13:25il y a une double raison pour faire appel à la gauche.
00:13:27Mais la question, elle n'est pas résolue, lorsqu'on la pose sous cet ombre-là,
00:13:31parce que ça ne veut pas dire que la gauche sera en mesure de former un gouvernement,
00:13:34qu'elle s'accordera sur ce gouvernement et qu'ensuite elle disposera,
00:13:37même, vous le disiez tout à l'heure, même pas forcément d'une majorité absolue,
00:13:40mais au moins d'une majorité relative, relativement...
00:13:43Pour gouverner, sans être renversée.
00:13:45Alors, Olivier Roucan, est-ce que les urnes ramènent le président à la social-démocratie
00:13:50ou à la gauche plus radicale des Insoumis ?
00:13:53Jean-Luc Mélenchon n'est pas disqualifié.
00:13:55Pour Matignon, on vient d'entendre Mathilde Panot, l'ancienne présidente du groupe Insoumis à l'Assemblée.
00:14:01Est-ce que ça veut dire que le leader Insoumis peut devenir Premier ministre ?
00:14:07A mon avis, c'est l'hypothèse la plus basse.
00:14:11Voilà, il ne faut rien explorer en politique, on le sait,
00:14:14mais franchement, ça n'est pas le souhait, d'abord, de l'électorat,
00:14:19puisque Jean-Luc Mélenchon a cristallisé une image plus que négative
00:14:23depuis maintenant assez longtemps et qu'à chaque fois, elle se dégrade.
00:14:28Et il faut bien tenir compte de ce qu'on appelle l'opinion publique.
00:14:31Ensuite, de la part même des leaders, je dirais, au sein de cette coalition,
00:14:38de ce nouveau Front populaire, trop se sont exprimés pour dire, assez tôt d'ailleurs,
00:14:43qu'ils ne voulaient pas que Jean-Luc Mélenchon soit Premier ministre.
00:14:49Mais est-ce qu'ils vont y arriver, les leaders de la gauche qui ne sont pas Insoumis ?
00:14:54Parce qu'on nous dit qu'il y a des réunions tenues secrètes
00:14:57entre toutes les composantes du nouveau Front populaire,
00:15:00et on ne sait pas comment va être validé le choix qui sera proposé
00:15:04au président de la République, démocratiquement ou en fonction
00:15:08du premier groupe parlementaire au sein de ce bloc de gauche,
00:15:12qui sont les Insoumis.
00:15:13Il faut tenir compte des rapports de force et de leur évolution
00:15:16depuis plusieurs mois.
00:15:17Déjà, les rapports de force qui travaillent au sein de LFI,
00:15:21qui sont de moins en moins favorables, même si c'est une nébuleuse
00:15:25qui ne fonctionne pas de façon démocratique.
00:15:27On voit bien, quand même, qu'il y a plus que des tensions
00:15:30jusqu'au décrochage de quelques figures historiques.
00:15:33Et puis, deuxièmement, les partenaires.
00:15:36Il y a quand même un rééquilibrage depuis les européennes,
00:15:39qui s'est traduit, là, alors que c'est un mode de scrutin majoritaire à deux tours
00:15:44et que les investisseurs n'étaient pas forcément favorables
00:15:47aux partis socialistes, ni même, parfois, aux écologistes.
00:15:50Malgré tout, le rapport de force est équilibré.
00:15:52Donc, dans la négociation, puisque l'idée est de proposer éventuellement
00:15:56un nom, une figure, il faut tenir compte de ces évolutions.
00:15:59Et ça ne met pas Jean-Luc Mélenchon dans une position favorable.
00:16:06Alors, qu'est-ce qui va se passer ?
00:16:08Déjà, la figure de Jean-Luc Mélenchon, dans l'opinion, repoussoir majeur.
00:16:12Tout à fait. Sur la question, il y a toute une série d'indicateurs
00:16:15qui montrent qu'il est un repoussoir.
00:16:17D'un point de vue électoral, il est beaucoup plus efficace,
00:16:19puisque, dans toutes les simulations présidentielles,
00:16:22il arrive à un niveau élevé, à gauche, par rapport à ses concurrents.
00:16:25Mais, j'ai envie de dire, c'est l'homme le plus riche du cimetière,
00:16:27dans un sens où il est dans l'incapacité d'élargir,
00:16:30et perd systématiquement dans le cadre d'un second tour qui n'atteint pas.
00:16:33Si on pose la question du Premier ministre,
00:16:35on a réalisé une enquête la semaine dernière,
00:16:37il faut faire du ciel pour Sud Radio-LCI et Le Figaro,
00:16:39et on voit que 80% des Français considèrent
00:16:42qu'il serait un mauvais Premier ministre, et le plus intéressant,
00:16:44c'est les sympathisants de gauche qui sont 6 sur 10
00:16:47à considérer qu'il serait un mauvais Premier ministre,
00:16:50et c'était avant le second tour.
00:16:52Deux tiers des sympathisants de gauche considèrent qu'il est un handicap,
00:16:55alors je n'ai pas repris le terme de boulet de François Ruffin,
00:16:57un handicap pour faire gagner la gauche à des échéances électorales, nationales.
00:17:01Donc, l'image est quand même extrêmement clivée, fracturée,
00:17:04même s'il conserve un socle, j'ai envie de dire, de fan.
00:17:07– Alors, on va venir au programme avec vous, Mathieu Plan,
00:17:10puisque, pour l'instant, on a ce programme du Nouveau Front Populaire,
00:17:12c'est le seul qui est chiffré, qui est, nous dit-on, financé.
00:17:15Mais, pour bien comprendre la logique institutionnelle,
00:17:17Vincent Martini, article 8 de la Constitution,
00:17:19le Président nomme le Premier ministre,
00:17:21il n'est pas tenu, forcément, par les rapports de force ?
00:17:26– Il n'est tenu par pas grand-chose, en réalité,
00:17:28parce que l'article est rédigé de telle manière que le Président a les mains libres,
00:17:31il n'a pas de délai, déjà, pour commencer.
00:17:33Là, on avait parlé d'une possibilité de nommer au fil des semaines,
00:17:37au départ, d'ailleurs, le Président de l'Appli,
00:17:39que vous l'avez rappelé tout à l'heure, a demandé à Gabriel Attal
00:17:41de rester à son poste, le temps qu'on trouve une solution,
00:17:43ce qui paraît logique, puisqu'on est dans une situation inédite,
00:17:46il faut un peu de temps, et je crois que le temps,
00:17:48c'est précisément ce qui a manqué, ce qui a été beaucoup reproché
00:17:51à Emmanuel Macron, d'avoir forcé les Français à se mettre en élection,
00:17:56d'une certaine manière, alors même qu'ils n'en avaient pas le souhait,
00:17:58dans des délais très courts.
00:17:59Donc là, l'intérêt, probablement, du Président,
00:18:01qui aime, on le sait, imposer son propre temps,
00:18:05va être de prendre son temps.
00:18:06Deuxième élément, c'est qu'il n'a pas obligation
00:18:09à nommer la personne qu'on lui donnerait, on va dire,
00:18:13sur une liste, puisque, justement, encore une fois,
00:18:17les possibilités sont assez ouvertes.
00:18:18Ce n'est pas comme si nous avions une majorité absolue
00:18:20avec un groupe très constitué et discipliné qui propose un nom.
00:18:23Il a quand même cherché un nom qui serait susceptible
00:18:26de ne pas être censuré immédiatement.
00:18:27C'est ça, la logique.
00:18:28Oui, toute la logique est là.
00:18:29En réalité, il y a déjà un rapport de force qui va s'instaurer
00:18:31entre l'Assemblée, ou les différents groupes de l'Assemblée
00:18:34et le Président de la République, parce qu'en revanche,
00:18:36ce qu'il faut bien rappeler à vos spectateurs,
00:18:38c'est que ce qui se joue à partir d'aujourd'hui,
00:18:41c'est quand même l'entrée dans une forme de cohabitation.
00:18:44Une forme de cohabitation...
00:18:45Avec qui ? La gauche ?
00:18:46On ne le sait pas, encore, puisque les choses ne sont pas officialisées,
00:18:49mais même si on imaginait une coalition entre eux,
00:18:52même le camp présidentiel, ce qui me paraît quand même
00:18:54très compliqué sur le plan politique et sur le plan de message
00:18:56que vous envoyez à l'opinion...
00:18:57Les écologistes, aux macronistes, en passant par quelques LR,
00:19:01ça vous semble incompréhensible politiquement pour les électeurs ?
00:19:04Je ne suis pas du tout à cette hypothèse-là.
00:19:05Ce n'est pas vraiment ce que les gens souhaitent.
00:19:07J'ai l'impression que c'est un peu un fantasme de plateau, ça.
00:19:09L'idée qu'on coupe les deux bouts de l'omelette,
00:19:11tout le monde est content, mais ça ne marche pas.
00:19:13Il y a des Français qui disent maintenant,
00:19:14il faut que vous dépassiez les différences pour travailler ensemble.
00:19:17Vous avez des gens au Nouveau Fonds Populaire
00:19:19qui ont fait campagne ensemble depuis des semaines.
00:19:22Ils ne s'aiment pas forcément, mais ils savent très bien
00:19:24que leur victoire est liée à leur solidarité.
00:19:26Vous imaginez, vous, que du jour au lendemain,
00:19:28en une semaine, tout d'un coup, ces gens-là explosent
00:19:30pour se lancer dans une aventure avec une majorité
00:19:32qui ne sera de toute manière pas absolue,
00:19:34avec le Rassemblement National en ligne de mire dans deux ans.
00:19:37Ça me paraît absolument impossible.
00:19:39Encore une fois, il faut bien imaginer que la plupart
00:19:41de nos acteurs politiques ne pensent pas seulement là,
00:19:44dans l'immédiateté, d'essayer de trouver des solutions
00:19:46qui tiennent un minimum, qui soient cohérentes
00:19:48et qui se préservent des espaces aussi
00:19:50pour une présidentielle qui n'est pas si loin de maintenant.
00:19:53Monter sur le Titanic avec le capitaine Macron,
00:19:56je ne suis pas totalement sûr que tout le monde y soit prêt.
00:19:58La question, c'est aussi pourquoi faire ?
00:20:00Parce qu'on parle des profils, des personnalités pour Matignon,
00:20:04mais il faut bien... Je ne sais pas si on peut utiliser
00:20:06le mot de contrat de gouvernement,
00:20:08mais il faut des propositions minimales
00:20:10qui puissent être adoptées à l'Assemblée
00:20:12sans subir immédiatement de censure.
00:20:15Tout le programme, rien que le programme,
00:20:17a dit Jean-Luc Mélenchon, Mathieu Plan,
00:20:19comment d'abord les marchés, les investisseurs
00:20:22regardent la perspective d'une mise en oeuvre,
00:20:25ne serait-ce que d'une partie de ce programme
00:20:27qui est très social et très riche en augmentation d'impôts ?
00:20:31Pour le moment, on ne peut que spéculer là-dessus,
00:20:34parce qu'on n'a aucune idée
00:20:36de ce qui pourrait être mis en place ou pas.
00:20:38En réalité, on le voit.
00:20:40Tout le programme, rien que le programme,
00:20:42c'est quand même la hausse du SMIC, 1400 à 1800,
00:20:44la brocation de la réforme des retraites,
00:20:46l'indexation des salaires sur la faction, le blocage des prix.
00:20:48On voit bien que le programme du Nouveau Fonds Populaire
00:20:50ressemblait beaucoup au programme de l'AFI 2022.
00:20:52En réalité, la question, c'est est-ce que ce programme
00:20:54va évoluer, va être transformé
00:20:56pour avoir une majorité ?
00:20:58Est-ce qu'il sera applicable ?
00:21:00Pour le moment, ce qu'on voit, c'est que les marchés
00:21:02ont assez peu réagi aujourd'hui. Pourquoi ?
00:21:04Parce qu'ils ont été plutôt rassurés par le fait
00:21:06que l'URN n'avait pas de majorité, même relative.
00:21:08Donc, en fait, il y a un statu quo
00:21:10aujourd'hui sur la question, y compris économique,
00:21:12et des mesures qui pourraient être prises.
00:21:14Beaucoup d'économistes parlent
00:21:16de mesures confiscatoires sur le plan fiscal.
00:21:18Il y a toute une série de mesures
00:21:20qui coûteraient très cher aux entreprises,
00:21:22notamment le SMIC.
00:21:24De toute façon, 100 députés pourraient avoir
00:21:26cette majorité, donc je ne vois pas comment
00:21:28ça pourrait être appliqué.
00:21:30Ça ne pourrait être que tordu, tout ça, dans le sens où
00:21:32il faudra peut-être... Le barricante passe à gauche
00:21:34sur des mesures plus sociales, plus de gauche,
00:21:36mais avec une contrainte qui est
00:21:38qu'il ne faut pas avoir
00:21:40une motion de censure, et donc faire passer
00:21:42un certain nombre de projets de finance.
00:21:44Vous dites à ceux qui nous regardent ce soir,
00:21:46comme il n'y a pas de majorité dans l'hémicycle
00:21:48pour voter de telles mesures,
00:21:50pas de raison de s'inquiéter,
00:21:52des taux d'intérêt
00:21:54qui pourraient s'envoler sur notre dette,
00:21:56et des finances publiques, parce qu'il y a aussi un budget
00:21:58derrière tout ça, à l'automne, à trouver.
00:22:00Là, vous avez raison. Ce qui peut aussi inquiéter,
00:22:02c'est le fait qu'on ne sait pas où on va.
00:22:04Et ça, c'est quand même problématique.
00:22:06Et qu'on est sous procédure de déficit excessif,
00:22:08ce qui n'est pas une très bonne nouvelle non plus,
00:22:10et qu'il va falloir, à un moment donné, prendre décision
00:22:12et faire un projet de loi de finances. Là, on est
00:22:14dans le moment politique, j'allais dire le moment économique
00:22:16qui arrivera après, sur ce qui est faisable,
00:22:18ce qui est réalisable ou pas. On voit bien que
00:22:20aujourd'hui, le programme du Nouveau Front Populaire
00:22:22pose beaucoup de questions sur sa crédibilité budgétaire,
00:22:24sur son insertion,
00:22:26y compris dans la question
00:22:28des traités européens.
00:22:30Et donc, il va être forcément amendé
00:22:32s'il voulait qu'il passe à minima.
00:22:34Donc, il y aura des mesures sociales,
00:22:36il y aura certainement des mesures qui viennent à détricoter
00:22:38tout ce qui a été fait aussi pendant
00:22:40ces temps par Emmanuel Macron. C'est-à-dire que si vous voulez aller chercher
00:22:42aussi une partie de la majorité présidentielle,
00:22:44est-ce qu'ils vont l'accepter
00:22:46si vous revenez complètement sur la réforme des retraites,
00:22:48sur Parcoursup,
00:22:50sur un certain nombre de mesures qui sont importantes
00:22:52pour la Macronie ? Donc, la question
00:22:54aujourd'hui, c'est quoi le point d'équilibre économique aussi ?
00:22:56Donc, à base politique, à ce stade,
00:22:58sur quoi, alors, à minima,
00:23:00on pourrait avoir
00:23:02des textes adoptés ?
00:23:04On parle de la fin de vie,
00:23:06on parle peut-être de la proportionnelle
00:23:08qui serait, au fond, plébiscitée
00:23:10par toutes ces forces politiques après un tel scrutin ?
00:23:12Olivier Roucan.
00:23:14On peut tout imaginer, mais enfin, je pense que si on
00:23:16prend le temps pour faire un gouvernement,
00:23:18on n'a pas trop le temps, si on veut
00:23:20respecter les formes et les procédures,
00:23:22pour faire voter un budget.
00:23:24Donc, sauf
00:23:26avoir, je dirais, le stratagème
00:23:28d'un budget déposé trop en retard
00:23:30qui est ensuite, renvoie ensuite
00:23:32à une loi d'urgence et à des décrets
00:23:34simplement pour être appliqués.
00:23:36Ça veut dire qu'il n'y aurait pas, quoi, de débat parlementaire ?
00:23:38Ça veut dire que, pour l'année qui suit,
00:23:40on fabriquerait un budget
00:23:42à la main de l'exécutif
00:23:44au dernier moment.
00:23:46Mais après, il faut quand même reprendre une loi budgétaire
00:23:48un peu plus tard.
00:23:50Bon, ça serait peut-être
00:23:52le stratagème si on tarde trop à nommer un gouvernement.
00:23:54Mais si on nomme un gouvernement,
00:23:56il faut quand même, au-delà de quelques
00:23:58lois symboliques, enfin, symboliques importantes,
00:24:00dont vous parlez, mais qui ne
00:24:02correspondent pas si vous parlez du mode
00:24:04de scrutin aux priorités
00:24:06des Français.
00:24:08Donc, la question des politiques
00:24:10publiques, c'est la question de l'adoption d'un budget.
00:24:12Et c'est ça, ce qui se pose
00:24:14à la rentrée.
00:24:16Si on essaie d'établir les scénarii possibles
00:24:18et gouverner avec la droite, est-ce qu'il y a une voie
00:24:20de passage, même si Laurent Wauquiez parle
00:24:22de compromissions, pas de coalitions,
00:24:24pas de compromissions ?
00:24:26Est-ce qu'il a le pouvoir, le président de la République,
00:24:28d'essayer de trouver une personnalité de droite,
00:24:30pour tenir compte aussi des électeurs
00:24:32du RN qui seront,
00:24:34dans l'Assemblée, la première force
00:24:36en termes de groupe parlementaire ?
00:24:38Si on détache, au sein des blocs,
00:24:40les groupes parlementaires, c'est le RN qui a le plus de députés.
00:24:42Je pense qu'on ne peut rien exclure
00:24:44si on considère la volonté
00:24:46du président de la République de n'en faire qu'à sa tête.
00:24:48C'est-à-dire de considérer que c'est, après tout,
00:24:50comme il l'a toujours fait, que c'est lui qui décide
00:24:52et qu'il est indifférent
00:24:54au pouls de l'opinion.
00:24:56Ceci étant dit,
00:24:58je ne vois pas pourquoi la droite,
00:25:00qui pendant plusieurs années, au moins deux ans,
00:25:02a refusé les appels de pied
00:25:04du président de la République,
00:25:06pourquoi elle accepterait maintenant,
00:25:08alors même que le président de la République est en situation de faiblesse ?
00:25:10Il faut imaginer le niveau,
00:25:12peut-être pas de détestation,
00:25:14mais en tout cas de conflictualité qui existe
00:25:16entre ce qui reste de la droite française,
00:25:18qui a été complètement aspirée par la Macronie
00:25:20pendant plusieurs années,
00:25:22qui elle-même est torturée entre une partie
00:25:24qui a basculé au RN,
00:25:26mais en tout cas dans une portion congrue,
00:25:28pour l'instant, je ne vois pas
00:25:30une seule seconde...
00:25:32Il y a quelques LR qui ont bénéficié d'absence
00:25:34d'investiture Renaissance ou Ensemble,
00:25:36c'est muscule, on pourrait considérer
00:25:38qu'il y a autant de LR qui ont bénéficié
00:25:40du fait que les candidats de gauche sont désistés,
00:25:42si M. Wauquiez fait 60%,
00:25:44il a peut-être profité aussi du fait de désistement,
00:25:46y compris de la gauche, donc à ce titre-là,
00:25:48je ne crois pas qu'un LR se sent une obligation morale
00:25:50vis-à-vis de la gauche.
00:25:52C'est l'impasse politique totale ?
00:25:54J'ai envie de revenir aux rapports de force qui ont été montrés,
00:25:56tous les scénarios, les scénarii
00:25:58qu'on échafaude,
00:26:00se heurtent à une réalité,
00:26:02143, 182, 168,
00:26:04on peut même rajouter avec des 64 LR
00:26:06et divers de droite, ce n'est pas que des LR purs,
00:26:08il n'y a pas de chemin,
00:26:10il y avait un chemin, et vous avez raison de le rappeler,
00:26:12entre 2022 et 2024,
00:26:14c'était d'ailleurs une injonction qu'avait donnée
00:26:16le Président à Isabel Borne en disant
00:26:18qu'elle trouve des majorités,
00:26:20ça n'a pas été possible.
00:26:22Alors on a trouvé, 50 textes adoptés,
00:26:24il y a eu beaucoup de cumultes,
00:26:26mais malgré tout, il y avait des textes.
00:26:28En tout cas, le bruit qu'on a reçu de l'opinion publique,
00:26:30ça a été quand même une assemblée
00:26:32fracturée, une bordélisation,
00:26:34quelque chose qui n'a pas pu,
00:26:36en contraste avec un sénat beaucoup plus calme.
00:26:38Donc ça veut dire que c'est une nouvelle méthode qui devrait être trouvée,
00:26:40non pas texte par texte,
00:26:42mais avec des coalitions ?
00:26:44Moi je pense qu'il ne faut pas sous-estimer
00:26:46la capacité de nos politiques à innover,
00:26:48à se renouveler,
00:26:50là, sur les schémas traditionnels anciens
00:26:52de la Ve, c'est absolument
00:26:54ingouvernable, c'est une chambre
00:26:56introuvable, et je pense que
00:26:58il y a aussi une autre
00:27:00une autre équation, une autre inconnue
00:27:02dans l'équation, c'est l'opinion publique.
00:27:04L'opinion publique va-t-elle supporter,
00:27:06je vais être très caricatural,
00:27:08un scénario à la Belge, c'est-à-dire 16 mois
00:27:10sans gouvernement stable, va-t-elle supporter
00:27:12dans un contexte d'urgence,
00:27:14d'inquiétude très forte, on a reposé notre indicateur
00:27:16d'optimisme pour l'avenir,
00:27:18il n'a jamais été aussi bas
00:27:20depuis que cette question est posée au début des années
00:27:2280. 83% des Français
00:27:24étaient entre les deux tours, se disent pessimistes.
00:27:26Alors ils pensaient peut-être à une victoire du RN,
00:27:28peut-être à un second tour
00:27:30compliqué, mais la projection
00:27:32dans l'avenir reste extrêmement compliquée.
00:27:34Et donc, dans ce cadre-là, dans un contexte
00:27:36où les enjeux, pouvoir d'achat,
00:27:38santé, éducation, sécurité
00:27:40attendent des réponses,
00:27:42les Français ne supporteront pas que
00:27:44le politique ne respecte pas sa promesse.
00:27:46Et c'est quoi la promesse du politique en France ?
00:27:48C'est changer la vie, c'est peser sur le cours des choses,
00:27:50c'est transformer le quotidien.
00:27:52Si l'Assemblée,
00:27:54si toute cette suite, ce fattra
00:27:56post-législatif
00:27:58ne donne rien, il y aura une vraie
00:28:00colère dans le pays, et pas une colère
00:28:02partisane des gens du RN,
00:28:04des gens d'autres forces, une colère
00:28:06sûre, il ne se passe plus rien dans le pays.
00:28:08Oui, alors une chose est sûre pour le moment,
00:28:10c'est que l'Assemblée va
00:28:12redevenir, ou elle l'a déjà été,
00:28:14mais plus que jamais le centre
00:28:16du pouvoir. Le Président
00:28:18l'a dit, il va attendre ce qu'il appelle
00:28:20la structuration de l'Assemblée avant de
00:28:22prendre les décisions nécessaires. Qu'est-ce que ça signifie ?
00:28:24Le calendrier des prochains jours,
00:28:26vous allez le voir avec Elsa Mondingava,
00:28:28est absolument crucial. Elle nous explique pourquoi
00:28:30tout de suite.
00:28:32Musique
00:28:34Musique
00:28:36Musique
00:28:38Musique
00:28:40Bonsoir Elsa. Bonsoir Myriam, bonsoir à tous.
00:28:42Alors, les différents groupes parlementaires
00:28:44au sein des trois blocs ont jusqu'au 18 juillet
00:28:46pour se constituer. Oui, très précisément,
00:28:4818 juillet à 18h,
00:28:50alors c'est pas pour ça qu'ils vont tous attendre le dernier moment,
00:28:52les tractations, elles commencent. On va surveiller
00:28:54ce qui se passe dans chacun des camps. Je vous le rappelle,
00:28:56celui arrivé en tête, c'est le nouveau Front Populaire.
00:28:58Regardez les équilibres, le décompte a été
00:29:00fait par notre service web.
00:29:02La France Insoumise, ils sont 71 députés,
00:29:04le PS, 65,
00:29:06les écologistes, 34,
00:29:08et les communistes, 9 seulement. Vous le voyez,
00:29:10le rapport de force s'est rééquilibré
00:29:12avec un PS qui double son nombre de députés,
00:29:14les écologistes en gagnent
00:29:16également, et donc on voit bien
00:29:18que socialistes,
00:29:20écologistes et communistes, ils pèsent
00:29:22plus lourd à eux trois que les Insoumis.
00:29:24On le rappelle, les communistes,
00:29:26pour l'instant, ne peuvent pas fonder un groupe, il faut être
00:29:2815, mais il y a des députés ultramarins, il y a aussi
00:29:30les purgés d'Alafie qui pourraient se
00:29:32rajouter à ça. Ce qui est valable pour ces
00:29:34groupes-là est valable au niveau du rapport de force
00:29:36au sein du nouveau Groupe Populaire pour la question
00:29:38du nouveau Premier ministre. Les
00:29:40Insoumis sont plus nombreux, mais
00:29:42en même temps, les autres peuvent peut-être
00:29:44mettre leur veto à une des candidatures.
00:29:46Et puis, il y a aussi encore quelques
00:29:48candidatures diverses à observer
00:29:50qui pourraient atterrir dans un des groupes.
00:29:52Au niveau du camp présidentiel, on le sait, c'est le groupe
00:29:54Renaissance qui compte le plus de députés,
00:29:56104, suivi du modem, 33,
00:29:58qui a perdu quand même une vingtaine de députés,
00:30:00Horizon plutôt stable à 25.
00:30:02On pouvait dire que ça allait bouger, il y avait une rumeur,
00:30:04Gérald Darmanin allait-il rejoindre le groupe
00:30:06Horizon, allait-il fonder son propre groupe ?
00:30:08Pour l'instant, le ministre de l'Intérieur
00:30:10reste au sein du Renaissance.
00:30:12Est-ce que vous allez siéger avec le groupe
00:30:14Renaissance ? Bien sûr, je vais
00:30:16siéger dans le groupe que je représente,
00:30:18bien sûr, évidemment.
00:30:20Alors, il ne faut pas les oublier, les LR,
00:30:22un peu miraculés, ils sont au minimum
00:30:2455. Certains attendent de voir
00:30:26comment se positionnent leurs partis,
00:30:28pour ou contre la coalition, pour décider d'aller
00:30:30au sein du groupe LR ou de rejoindre
00:30:32éventuellement un autre groupe. Il y a aussi
00:30:34une vingtaine de députés qui sont toujours un peu
00:30:36inclassables, des anciens du groupe Liott, des anciens
00:30:38non-inscrits. En ce moment, leur téléphone
00:30:40chauffe, évidemment. Chaque député,
00:30:42c'est une voix en plus, ça compte.
00:30:44Et puis, évidemment, en cas de choix
00:30:46des uns, des autres, de coalition, pas de coalition,
00:30:48eh bien, tout ça pourrait exploser.
00:30:50Réponse le 18 juillet à 18h.
00:30:52Vincent Martin, il y a une date
00:30:54très importante ce 18 juillet, c'est aussi
00:30:56l'élection du président de l'Assemblée nationale
00:30:58ou de la présidente. Il y a
00:31:00trois tours possibles, deux à la
00:31:02majorité absolue, le dernier
00:31:04à la majorité relative.
00:31:06C'est un bon test, un premier test
00:31:08pour savoir ce qu'il est possible de trouver
00:31:10comme compromis sur un non ? Alors, c'est un bon test
00:31:12et je crois que ce que vous dites sur l'Assemblée nationale
00:31:14et sa présidence, elle s'appliquera aussi probablement
00:31:16au prochain Premier ministre, c'est-à-dire que
00:31:18jusqu'à présent, un Premier ministre, c'est quelqu'un
00:31:20qui devait tenir la barque de la majorité présidentielle,
00:31:22de la majorité, en tout cas, à la
00:31:24Chambre, et qui, par ses qualités
00:31:26de leadership, de clarté, pourquoi pas d'expression,
00:31:28jouait un rôle tout à fait fondamental.
00:31:30Il me semble que dans une perspective de cohabitation,
00:31:32je le rappelle, pour moi, on est entré en cohabitation,
00:31:34quels que soient les contours de cette
00:31:36cohabitation, c'est-à-dire que la Chambre
00:31:38a affirmé son pouvoir par rapport au président,
00:31:40le président perd la primauté de l'article 20-21
00:31:42de la Constitution, c'est-à-dire qu'il ne
00:31:44gouverne plus, enfin, même s'il le gouvernait par proxy
00:31:46avec le Premier ministre, et à ce titre-là,
00:31:48la question qui va être la plus importante,
00:31:50c'est la capacité à négocier. Je pense
00:31:52que probablement le prochain ou la prochaine Premier ministre,
00:31:54comme le prochain ou la prochaine
00:31:56présidente de l'Assemblée nationale, devront être
00:31:58des négociateurs, ça a toujours été
00:32:00plus vrai, évidemment, pour
00:32:02le président de l'Assemblée nationale,
00:32:04Yann Braun-Pivet, qui avait des capacités de négociation,
00:32:06je crois que ce sera d'autant plus fort qu'il va falloir,
00:32:08ne serait-ce que pour être élu,
00:32:10dépasser les clivages traditionnels,
00:32:12puisqu'il n'a pas de majorité absolue.
00:32:14Olivier Roucan, le profil type du bon négociateur,
00:32:16c'est un technicien, un haut fonctionnaire,
00:32:18dans un gouvernement technique, sans réel
00:32:20pouvoir politique, ou c'est au contraire
00:32:22un politique aguerri ?
00:32:24Oui, oui, je pense qu'il faut faire de la politique,
00:32:26parce qu'il ne faut pas oublier
00:32:28le...
00:32:30la participation électorale.
00:32:32Les Français
00:32:34sont allés voter, nombreux, donc
00:32:36je ne comprendrais pas, de mon point de vue,
00:32:38qu'on technicise
00:32:40le gouvernement,
00:32:42la direction de l'Etat. Il y aura forcément
00:32:44une dimension très politique dans ce qui va se faire,
00:32:46et les capacités de négociation,
00:32:48c'est une évolution de notre culture
00:32:50politique collective, aussi bien celle des
00:32:52citoyens que des dirigeants,
00:32:54qui peut se produire finalement,
00:32:56pour retrouver d'ailleurs le sens de l'histoire.
00:32:58Et simplement,
00:33:00ce sera mis à jour, ce sera plus
00:33:02visible, et ne serait-ce
00:33:04que la constitution des groupes parlementaires.
00:33:06Peut-être aura-t-on déjà
00:33:08là quelques évolutions, quelques indications
00:33:10dans ces négociations
00:33:12au sein de l'Assemblée nationale.
00:33:14Avec un François Ruffin qui pourrait peut-être fracturer
00:33:16le groupe des Insoumis.
00:33:18Il y a des choses qui peuvent se produire pour soutenir
00:33:20un gouvernement, et je pense que
00:33:22c'est ça la parlementarisation
00:33:24de notre système politique,
00:33:26qui va faire évoluer
00:33:28de proche en proche quelques repères.
00:33:30On est entrés là-dedans finalement
00:33:32depuis 2017.
00:33:34Ce produit-là, c'est une
00:33:36transformation progressive
00:33:38du présidentialisme, qui pourrait
00:33:40conduire à une évolution de notre système politique.
00:33:42On a déverrouillé
00:33:44la quatrième dans la cinquième République,
00:33:46d'une certaine façon.
00:33:48Mathieu Plan, au fond,
00:33:50vous nous dites tous qu'il ne va pas
00:33:52se passer grand-chose d'un point de vue des réformes.
00:33:54Même si on a un grand négociateur,
00:33:56on imagine qu'on est un peu dans le statu quo.
00:33:58Qu'est-ce que ça a comme effet
00:34:00économique ? Un pays quasiment à l'arrêt,
00:34:02certes, qui se trouverait un gouvernement
00:34:04pour incarner l'État, mais
00:34:06sans réforme d'ampleur.
00:34:08Déjà, effectivement, ça va être
00:34:10la configuration
00:34:12de ce potentiel gouvernement.
00:34:14Est-ce que ce sera purement technique ?
00:34:16Est-ce qu'il y aura une coalition à minima
00:34:18sur quelques mesures
00:34:20symboliques ? Non,
00:34:22la vraie question, c'est qu'il y a d'abord une attente,
00:34:24les Français vous l'ont répété, la question du pouvoir d'achat,
00:34:26la question de la transition énergétique,
00:34:28la question de la santé, de la sécurité, de l'éducation.
00:34:30Il y a beaucoup de gros dossiers, avec des
00:34:32mesures qui ont été très fortes,
00:34:34annoncées comme très fortes.
00:34:36C'est comment, effectivement, les Français vont réagir
00:34:38à une forme de statu quo
00:34:40face à tout ça. Et puis, c'est vrai
00:34:42qu'il y a aussi la question pour
00:34:44les investisseurs, y compris les investisseurs,
00:34:46ou même les ménages.
00:34:48Est-ce que, finalement, cette incertitude
00:34:50ne va pas conduire à ralentir les investissements,
00:34:52à faire de l'épargne de précaution ?
00:34:54Pour le moment, j'allais dire...
00:34:56Pour les marchés, on avait visité le scénario du pire,
00:34:58c'est-à-dire que l'URN était quand même vraiment
00:35:00le scénario du pire. Maintenant, aujourd'hui,
00:35:02on va voir. Pour le moment, on vient juste de passer
00:35:04un jour, mais dans la longueur, ça peut poser
00:35:06un certain nombre de difficultés. Et, effectivement,
00:35:08il ne faut pas oublier que la France, comme
00:35:10beaucoup de pays du monde, sort de 4 ans de crise très dure,
00:35:12avec des situations, effectivement,
00:35:14y compris budgétaires, financières,
00:35:16qui sont très délicates. Donc, c'est comment,
00:35:18effectivement, ce statu quo
00:35:20peut être, finalement,
00:35:22s'insérer dans cette sortie
00:35:24de crise, sachant que les autres pays
00:35:26prennent des mesures.
00:35:28Ça fait beaucoup de questions et pas beaucoup de réponses.
00:35:30Je voudrais qu'on termine ce débat avec
00:35:32la force politique dont on a moins parlé, c'est le
00:35:34Rassemblement national. Jordan Bardella est à
00:35:36150 députés de la majorité absolue
00:35:38et pourtant en nombre de voix. C'est la
00:35:40première force politique. 10,109,000
00:35:42électeurs ont glissé un bulletin
00:35:44pour le RN ou pour
00:35:46ses alliés. Ciotis, 10 millions
00:35:48sur près de 29 millions d'électeurs.
00:35:50Comment vivent-ils les résultats ?
00:35:52Les électeurs RN.
00:35:54Elément de réponse, Katia Gilder avec les équipes
00:35:56de France Télévisions.
00:35:58Des visages figés devant des résultats
00:36:00inattendus. Les militants
00:36:02ont du mal à encaisser le coup.
00:36:04Jordan Bardella, lui, accuse le
00:36:06barrage républicain et ses désistements
00:36:08massifs. L'alliance
00:36:10du déshonneur et les
00:36:12arrangements électoraux dangereux
00:36:14passés par Emmanuel Macron et Gabriel
00:36:16Attal avec les formations d'extrême-gauche
00:36:18privent
00:36:20ce soir
00:36:22les Français d'une politique de redressement
00:36:24qu'ils ont pourtant plébiscité largement.
00:36:26Pour les électeurs qui voyaient
00:36:28déjà Jordan Bardella à Matignon,
00:36:30la défaite est amère.
00:36:32Ils ont eux aussi le sentiment d'une victoire
00:36:34confisquée. Très déçus.
00:36:36Les macronistes sont arrivés en deuxième position,
00:36:38le RN en troisième position
00:36:40alors que c'est pas du tout logique.
00:36:42Parce qu'eux se sont regroupés,
00:36:44se sont mis à 3-4. C'est pas de bonne guerre.
00:36:46Je savais que ça allait mal finir.
00:36:48Ça n'a plus rien à dire de voter maintenant.
00:36:50Qu'on vote ou qu'on vote pas, ça change rien.
00:36:52Échec en trompe l'oeil.
00:36:54Les plus optimistes au RN
00:36:56se rassurent avec le verre à moitié plein.
00:36:58Le parti de Marine Le Pen
00:37:00rate l'objectif de la majorité absolue
00:37:02mais progresse dans les territoires.
00:37:04Avec ses alliés siotistes,
00:37:06il totalise 10 millions de voix
00:37:08et envoie 143 élus
00:37:10à l'Assemblée Nationale contre
00:37:1289 en juin 2022.
00:37:14Le RN peut aussi se consoler
00:37:16avec quelques prises fortes.
00:37:18Il gagne des sièges pour la première fois en Ardèche,
00:37:20en Meurthe-et-Moselle
00:37:22ou encore dans le Val d'Oise.
00:37:24Mais le RN a payé cash ses erreurs de campagne.
00:37:26La xénophobie et l'amateurisme
00:37:28de certains de ses candidats.
00:37:30Des déclarations polémiques sur les binationaux.
00:37:32Un manque d'implication sur le terrain
00:37:34de Jordan Bardella et de Marine Le Pen
00:37:36que les militants ont à peine vu
00:37:38à Hénin-Beaumont.
00:37:40Ce matin, Jordan Bardella accuse le coup
00:37:42d'avoir des responsabilités dans la défaite.
00:37:44Il y a des efforts à faire à la fois sur
00:37:46la professionnalisation de notre
00:37:48implantation locale, peut-être sur le choix
00:37:50d'un certain nombre de candidats.
00:37:52Je le dis clairement, sur quelques circonscriptions,
00:37:54les choix que nous avons faits n'étaient pas les bons.
00:37:56Je prends ma part de responsabilité aussi.
00:37:58Certains cadres appellent aussi le parti
00:38:00à faire son examen de conscience
00:38:02en vue de 2027.
00:38:04La crédibilité des candidats est un
00:38:06élément très important.
00:38:08On a besoin de rassurer.
00:38:10Nous avons eu des profils extrêmement clivants,
00:38:12parfois même inquiétants.
00:38:14Sans réserve de voix,
00:38:16l'URN espère tirer profit du blocage
00:38:18à l'Assemblée pour remobiliser ses troupes.
00:38:20Pour l'heure, le plafond de verre
00:38:22résiste.
00:38:24Le plafond de verre est peut-être un peu plus haut,
00:38:26mais il est toujours là, il résiste.
00:38:28Est-ce que ça peut nourrir une forme de ressentiment,
00:38:30voire de colère, de ces électeurs
00:38:32qui ne comprennent pas ces résultats ?
00:38:34Oui, mais en même temps, je trouve que la réaction
00:38:36de l'URN dans sa démarche d'institutionnalisation
00:38:38a été très modérée.
00:38:40Il n'y a pas eu de contestation,
00:38:42on n'a pas eu des messages post-Trumpist
00:38:44disant qu'on avait volé la victoire.
00:38:46Il y a la dénonciation d'un accord électoral
00:38:48qui est très ancien, ils ont l'habitude,
00:38:50ce n'est pas la première fois que ça leur arrive.
00:38:52A ce titre-là, ça ne m'inquiète pas outre mesure.
00:38:54Je voudrais juste dire un mot,
00:38:56puisqu'on est à la fin de l'émission,
00:38:58pour dire qu'il ne faut pas aller trop vite.
00:39:00Très souvent, les médias vont trop vite,
00:39:02trop vite par rapport aux Français,
00:39:04trop vite par rapport aux séquences.
00:39:06C'est un troisième tour qui pourrait durer combien de temps ?
00:39:08Ça peut durer plusieurs semaines, c'est normal.
00:39:10Ça s'appelle le parlementarisme.
00:39:12Je rappelle que le système de la Ve République,
00:39:14lorsqu'il n'y a pas de majorité absolue
00:39:16pour le Président de la République ou relative pour lui,
00:39:18rentre dans le parlementarisme, ça prend du temps.
00:39:20On n'est pas obligé d'aller à 16 mois en Belgique,
00:39:22on peut passer quelques semaines
00:39:24avec un gouvernement qui se construit,
00:39:26avec des majorités qui s'orientent,
00:39:28déjà les premières positions,
00:39:30puis quand on essaie quelque chose, ça ne marche pas,
00:39:32on essaie autre chose, et on construit doucement.
00:39:34Il est pour nous aussi,
00:39:36et on l'entend bien, ce message,
00:39:38nous, les journalistes.
00:39:40Quand on se place
00:39:42sur une perspective historique,
00:39:447 députés en 2017, 2 en 2012,
00:39:4689 en 2022,
00:39:48143,
00:39:50et puis quand même des percées sociologiques.
00:39:52Le RN qui a été premier
00:39:54chez les retraités aux élections européennes,
00:39:56le RN qui est presque hégémonique dans la France du travail.
00:39:58On peut perdre une élection présidentielle
00:40:00en ayant l'électorat âgé,
00:40:02Giscard d'Estaing en 1981,
00:40:04ou Nicolas Sarkozy en 2012,
00:40:06on ne peut pas la perdre si on ne peut pas la gagner.
00:40:08Si on n'a pas la France du travail,
00:40:10il y a quand même une installation dans les territoires
00:40:12à côté d'un gros compresseur du RN
00:40:14qu'il ne faut pas sous-estimer
00:40:16par ce second tour
00:40:18qui a corrigé le premier tour.
00:40:20Voilà, ça sera ma dernière question.
00:40:22Le sondeur que vous êtes dit ce soir,
00:40:24ils peuvent gagner la présidentielle,
00:40:26c'est possible, ou au contraire,
00:40:28il y aura toujours deux finalistes
00:40:30qui sont de l'âge républicain, qui fonctionnent très bien
00:40:32et quelque part, c'est peut-être aussi
00:40:34la condamnation à ne jamais pouvoir y arriver,
00:40:36ce scrutin pour le RN.
00:40:38On disait, après la défaite de François Mitterrand
00:40:40d'un cheveu en 1974,
00:40:42décidément, la gauche socialiste
00:40:44ne gagnera jamais l'élection présidentielle
00:40:46avec un PC si fort.
00:40:48Ne jamais dire jamais.
00:40:50La présidentielle, c'est une élection à deux tours
00:40:52comme les élections législatives,
00:40:54mais le RN sera en meilleure position
00:40:56face à une présidentielle comparée
00:40:58avec un scrutin très difficile local et national
00:41:00où se situent les législatives.
00:41:02On s'arrête là. Je vous remercie infiniment
00:41:04pour vos éclairages. On va continuer
00:41:06à décrypter, analyser
00:41:08ces législatives. Place au débat politique
00:41:10à présent, dans cette deuxième partie
00:41:12avant d'accueillir nos invités. Parole
00:41:14de français. Que pensent les électeurs
00:41:16de cette possible coalition ?
00:41:18La souhaitent-ils ? Attendent-ils que la droite
00:41:20et la gauche, et même le centre,
00:41:22gouvernent ensemble ? C'est un reportage abagné
00:41:24dans les Hauts-de-Seine. Maïté Frémont,
00:41:26Béretta, merci à vous.
00:41:36Dans les rues de Bagneux, Stéphane finit
00:41:38son jogging matinal,
00:41:40pas vraiment convaincu par cette
00:41:42histoire de coalition.
00:41:44Ça va être des compromis de chaque côté,
00:41:46ça va être des alliances,
00:41:48il va y avoir des
00:41:50traîtrises,
00:41:52je pense, il va y avoir des coups bas,
00:41:54ça va être sport.
00:41:56Et maintenant, on fait quoi ? Effectivement.
00:41:58Pour Michel, électeur de gauche
00:42:00depuis 1987,
00:42:02pas le choix, il faut
00:42:04des unions. On fait quoi ?
00:42:06Il va falloir
00:42:08concilier
00:42:10parmi les gens
00:42:12qui sont apparus.
00:42:14Donc il faut qu'elles s'assemblent,
00:42:16que
00:42:18peut-être une partie du centre
00:42:20soit un peu
00:42:22plus à gauche et tout s'arrange.
00:42:24Enfin, à gauche,
00:42:26disons sociale.
00:42:28Attention, ça pleut.
00:42:30Une ligne partagée par Patrice,
00:42:32le graphiste de gauche depuis
00:42:34toujours. De toute façon, je pense que dans
00:42:36les Républicains, il n'y a pas que des
00:42:38imbéciles, il n'y a pas que
00:42:40des fachos, donc
00:42:42à mon avis, on peut
00:42:44travailler ensemble.
00:42:46Maintenant, c'est nous qui avons le pouvoir,
00:42:48donc il faut aussi que ce soit eux
00:42:50qui acceptent nos conditions.
00:42:52L'humanité dans une main, le Figaro
00:42:54dans l'autre, Michel et
00:42:56Taylor. Ce qu'il dit à Renaissance,
00:42:58Ce n'est pas une main tendue, c'est des bras
00:43:00tendus. Il peut y avoir
00:43:02un rassemblement, un grand
00:43:04rassemblement. Le discours de
00:43:06Marie, centriste, est un
00:43:08peu plus pessimiste. Ça me semble quand
00:43:10même compliqué, les accords.
00:43:12Pourquoi ?
00:43:14Parce que chacun reste sur ses positions,
00:43:16on n'a pas l'impression qu'on
00:43:18veuille vraiment
00:43:20faire quelque chose pour la
00:43:22société, en fait. C'est plutôt
00:43:24chacun défend son poste.
00:43:26Moi, je le ressens un peu comme ça.
00:43:28Je ne vois pas de gagnant ni de perdant, honnêtement.
00:43:30Pour moi, c'est à peu près
00:43:32kiff-kiff. Sans accord,
00:43:34Marie redoute que la France soit
00:43:36paralysée.
00:43:38Et quatre députés, ce soir, élus
00:43:40hier au premier tour, ou au
00:43:42premier tour dimanche dernier. Bonsoir, Jérôme Guen.
00:43:44Merci d'être avec nous.
00:43:46Député socialiste de l'Essonne,
00:43:48largement réélu hier,
00:43:50au terme d'une campagne contre votre
00:43:52suppléante, qui concourait sous la bannière
00:43:54du nouveau Front Populaire Alliance, que vous n'avez pas
00:43:56souhaité rejoindre après
00:43:58la dissolution présidentielle de
00:44:00l'Assemblée nationale. Bonsoir, Astrid Pennaudian-Bouvet.
00:44:02Merci d'être là.
00:44:04Député Renaissance de Paris,
00:44:06réélu aussi hier
00:44:08dans la quatrième circonscription de la Capitale.
00:44:10Bonsoir, Elsa Faucillon.
00:44:12Bienvenue, député communiste des Hauts-de-Seine,
00:44:14réélu, vous, dès dimanche dernier
00:44:16au premier tour.
00:44:18Et bonsoir, Raphaël Schellenberger.
00:44:20Réélu également hier,
00:44:22député Les Républicains du Haut-Rhin.
00:44:24Alors, on va voir très
00:44:26concrètement dans ce débat, au fond,
00:44:28jusqu'où vous êtes constructifs,
00:44:30jusqu'où vous êtes prêts à travailler ensemble.
00:44:32Beaucoup de Français le souhaitent, ce soir,
00:44:34même si ce n'est pas forcément leur premier message.
00:44:36Le premier message, c'est non au
00:44:38Rassemblement national. Jérôme Guedj,
00:44:40avant d'entrer dans le détail,
00:44:42qu'est-ce que vous êtes
00:44:44prêts à dire aux autres
00:44:46camps, et notamment
00:44:48à la majorité macroniste, ce soir ?
00:44:50Est-ce que vous considérez
00:44:52que du fait que
00:44:54certains des électeurs
00:44:56centristes, des électeurs de droite,
00:44:58se sont portés sur votre
00:45:00candidature hier, vous oblige
00:45:02à ne pas les décevoir
00:45:04eux aussi ?
00:45:06D'abord, trois choses.
00:45:08La première, vous l'avez dit, c'est que
00:45:10les Français ne voulaient pas du Rassemblement national,
00:45:12et c'est heureux, et ils l'ont fait en utilisant le front
00:45:14républicain qui a fonctionné,
00:45:16je ne vais pas dire contre toute attente, mais mieux
00:45:18qu'on ne pouvait l'espérer. La deuxième
00:45:20chose, quand même, c'est que
00:45:22certes, ça n'a pas été le gadin
00:45:24annoncé pour
00:45:26la majorité relative présidentielle, mais
00:45:28le message est quand même, puisqu'elle a été
00:45:30significativement amputée,
00:45:32ça ne peut pas être vous qui
00:45:34racontez que l'histoire continue
00:45:36comme avant et qu'il n'y a pas de problème.
00:45:38La troisième chose, c'est qu'une
00:45:40préférence a été donnée
00:45:42au programme de la gauche et des
00:45:44écologistes réunis. Vous dites préférence,
00:45:46pas une victoire. Non, une victoire, c'est quand on a
00:45:48la majorité absolue. Et donc,
00:45:50dans la période, il ne faut pas avoir,
00:45:52il ne faut pas être dans le déni.
00:45:54On pense que c'est vous qui pouvez apporter
00:45:56des solutions, à vous de trouver les voies et moyens
00:45:58et les méthodes, mais on ne peut pas
00:46:00être dans le discours qui consiste à dire
00:46:02parce qu'on est arrivé en tête, alors on a
00:46:04gagné. Donc ça fait un premier désaccord avec Jean-Luc
00:46:06Mélenchon. Oui, le désaccord, il est
00:46:08assumé, mais pour une raison simple. Vous savez, c'est
00:46:10le même désaccord
00:46:12que celui que j'avais avec Emmanuel Macron
00:46:14ou Gabriel Attal ou Elisabeth Borne dans les deux
00:46:16années qui se sont écoulées, où
00:46:18je disais comme beaucoup,
00:46:20on a voté Emmanuel Macron pour faire le barrage
00:46:22à Marine Le Pen
00:46:24et en réponse, on nous disait, vous avez donc
00:46:26approuvé notre programme et c'est pour ça qu'on fait la réforme
00:46:28des retraites et qu'on la passe par 49-3.
00:46:30Donc ce que je condamnais hier, je ne vais pas
00:46:32le reproduire de manière identique,
00:46:34demain, je dis
00:46:36qu'il faut avoir la lucidité de dire, c'est une
00:46:38préférence pour cette orientation programmatique
00:46:40à voir maintenant comment
00:46:42on arrive à la rendre
00:46:44opérationnelle
00:46:46et là, c'est le défi auquel on
00:46:48est confronté. On part de ce programme.
00:46:50Demain, ce sera un gouvernement
00:46:52minoritaire, mais qui ne pourra
00:46:54tenir que parce qu'il répondra aux aspirations
00:46:56majoritaires de nos concitoyens, qui sont celles
00:46:58qu'on a entendues, le pouvoir d'achat,
00:47:00les services publics, la réforme des retraites,
00:47:02la réforme de l'assurance chômage, bref,
00:47:04tous les droits qui sont amputés, les Français
00:47:06n'en veulent pas. C'est une aspiration
00:47:08majoritaire qui s'est exprimée. La sécurité
00:47:10aussi, la régulation de l'immigration.
00:47:12La question de la sécurité, nous on a des propositions
00:47:14sur la police de proximité,
00:47:16sur le renforcement d'un service public pour
00:47:18être au plus près des attentes de nos concitoyens.
00:47:20Donc ça,
00:47:22on part des aspirations majoritaires
00:47:24et il y a deux possibilités,
00:47:26soit les uns et les autres soutiennent ces propositions,
00:47:28soit ils s'abstiennent de
00:47:30les bloquer.
00:47:32Parce que c'est ça, la responsabilité. Il peut y avoir
00:47:34le fait de dire, OK,
00:47:36c'est vous qui avez été préféré par les Français
00:47:38et on s'abstient d'empêcher que vous mettiez
00:47:40en oeuvre cette orientation. Donc chacun
00:47:42va devoir se sublimer, se transcender,
00:47:44et c'est le défi au service de l'intérêt général.
00:47:46Se sublimer, se transcender, voilà un joli programme.
00:47:48Serez-vous à la hauteur
00:47:50de cette histoire-là ? La communiste que vous êtes,
00:47:52Elsa Faucillon, est-ce que vous partagez
00:47:54l'analyse ? Un gouvernement
00:47:56minoritaire qui doit répondre
00:47:58à des aspirations majoritaires ?
00:48:00D'abord, je veux saluer
00:48:02le formidable sursaut populaire
00:48:04des Français et des Françaises
00:48:06pour mettre en échec le projet de l'extrême-droite,
00:48:08d'exercer un projet
00:48:10xénophobe, autoritaire,
00:48:12aussi de casse
00:48:14des mobilisations sociales.
00:48:16Et j'ai l'impression que personne
00:48:18ne prédisait un échec
00:48:20aussi fort,
00:48:22même s'il n'est évidemment pas définitif,
00:48:24et quand je dis ça, je vois bien ce que nous avons
00:48:26encore comme travail à mener,
00:48:28mais tout de même, il faut saluer
00:48:30combien les Français
00:48:32savent se mobiliser pour faire
00:48:34échec à ce projet raciste.
00:48:36Mais est-ce que vous êtes prête à dépasser le logiciel
00:48:38habituel de la politique ?
00:48:40Mais d'abord, Emmanuel Macron,
00:48:42le président de la République, qui a souhaité cette dissolution,
00:48:44qui a mis le pays dans une
00:48:46situation extrêmement périlleuse,
00:48:48après avoir lui-même fait sauter tout un tas de digues
00:48:50face à l'extrême-droite,
00:48:52je pense notamment à la loi
00:48:54de l'immigration. Il a une responsabilité.
00:48:56Aujourd'hui, les Français ont donné une préférence
00:48:58au Nouveau Front Populaire.
00:49:00Les électeurs et les électrices
00:49:02du Nouveau Front Populaire ont permis
00:49:04très largement au camp présidentiel,
00:49:06y compris, de résister.
00:49:08Beaucoup plus que, d'ailleurs, l'électorat
00:49:10du camp présidentiel.
00:49:12Donc tout pousse à ce qu'il y ait un gouvernement
00:49:14du Nouveau Front Populaire.
00:49:16Avec un Premier ministre du Nouveau Front Populaire.
00:49:18Avec un Premier ministre du Nouveau Front Populaire.
00:49:20Et les mesures d'urgence proposées dans notre programme
00:49:22sont très largement des mesures
00:49:24plébiscitées en majorité
00:49:26par les Français.
00:49:28Donc ce serait quand même une mesure
00:49:30totalement, à mes yeux, antidémocratique
00:49:32que de ne pas regarder
00:49:34cette préférence pour le Nouveau Front Populaire.
00:49:36Jean-Luc Mélenchon est-il
00:49:38hors jeu pour Matignon, pour vous,
00:49:40en tant que communiste
00:49:42du Nouveau Front Populaire ?
00:49:44Pour bien comprendre, pour essayer de clarifier
00:49:46au maximum.
00:49:48D'abord, ce que je veux vous dire, c'est que
00:49:50je ne suis pas là pour mettre 10 balles
00:49:52dans la pièce de la désunion.
00:49:54Nous avons besoin au Nouveau Front Populaire de garder
00:49:56cette unité pour pouvoir gouverner
00:49:58et ne pas décevoir.
00:50:00Et donc on cherchera la proposition
00:50:02consensuelle à l'ensemble
00:50:04des forces.
00:50:06Une fois que je vous ai dit ça,
00:50:08est-ce que vous comprenez ou non ?
00:50:10Il faut me dire oui ou non.
00:50:12Est-ce qu'il est consensuel selon vous ?
00:50:14Je ne le crois pas.
00:50:16Je ne crois pas que cette proposition soit consensuelle.
00:50:18Je fais confiance
00:50:20à l'esprit de responsabilité de l'ensemble
00:50:22de mes camarades pour trouver quelqu'un
00:50:24qui permette ce consensus.
00:50:26Astrid Panosian-Bouvet, vous faites partie
00:50:28de celles qui n'ont pas hésité à prendre
00:50:30ces distances avec
00:50:32un Emmanuel Macron que vous connaissez pourtant bien.
00:50:34Vous avez travaillé avec lui à Bercy.
00:50:36Les macronistes perdent une centaine
00:50:38de députés dans cette élection.
00:50:40Qu'est-ce que vous avez raté ?
00:50:42Qu'est-ce qui n'a pas marché ?
00:50:44Ce qui n'a pas marché,
00:50:46je pense,
00:50:48c'est de ne pas avoir saisi
00:50:50les circonstances historiques de 2022
00:50:52où on avait déjà une majorité relative,
00:50:54plus importante que la majorité relative
00:50:56du Nouveau Fonds Populaire,
00:50:58et de ne pas avoir entendu
00:51:00cette demande
00:51:02de travailler dans une culture
00:51:04du compromis et d'instaurer
00:51:06pour la première fois
00:51:08un contrat de gouvernement
00:51:10sur un mandat clair.
00:51:12Ça n'a jamais été proposé
00:51:14aux Républicains de manière officielle.
00:51:16Je pense que ce qui a été proposé,
00:51:18c'était du débauchage individuel,
00:51:20c'était une majorité texte par texte,
00:51:22mais qui ne donnait pas nécessairement
00:51:24la lisibilité,
00:51:26et je pense ensuite que j'aurais voulu
00:51:28dès 2022 qu'on puisse aller
00:51:30au-delà, qu'on puisse être
00:51:32avec les modérés, parce que je pense
00:51:34que sur la question du travail qui doit payer,
00:51:36sur la question des services publics,
00:51:38sur la question du respect de la règle commune,
00:51:40on doit pouvoir, entre
00:51:42hommes et femmes modérés de ce pays,
00:51:44à gauche,
00:51:46légalistes comme les sociodémocrates,
00:51:48trouver des réponses communes.
00:51:50Quand vous entendez Jérôme Guedj et Elsa Faucillon,
00:51:52qu'est-ce que vous vous dites ?
00:51:54Il y a une voie de passage pour construire quelque chose
00:51:56sur une base de proposition minimale,
00:51:58oui ou non ?
00:52:00Ce qui m'inquiète quand même,
00:52:02c'est la question que je me pose en vous entendant,
00:52:04mes chers collègues,
00:52:06et je suis ravie d'avoir ce débat avec vous aujourd'hui,
00:52:08c'est comment est-ce que
00:52:10vous allez pouvoir faire marcher une majorité
00:52:12à 170, une majorité relative,
00:52:14alors qu'elle n'a pas nécessairement marché
00:52:16à plus de 200...
00:52:18250 pour Elisabeth Borne,
00:52:20là on serait autour de 200 députés,
00:52:22il faut attendre la structuration de l'Assemblée.
00:52:24On va rester dans ces cas-là sur quelque chose
00:52:26d'instable, là où je pense
00:52:28qu'il faut avoir une assise large
00:52:30qui puisse avoir
00:52:32quelques priorités,
00:52:34encore une fois, le travail,
00:52:36le travail public,
00:52:38le travail qui paye,
00:52:40après on peut avoir des réponses différentes,
00:52:42moi je pense que c'est vraiment travailler sur les trappes à bas salaire,
00:52:44mais bon, en tout cas, avoir un diagnostic,
00:52:46quelques priorités, le travail qui paye,
00:52:48la santé,
00:52:50les déserts médicaux, l'école publique,
00:52:52et, je pense vraiment, le sujet
00:52:54de l'autorité et de la règle commune,
00:52:56et de pouvoir
00:52:58se donner des priorités et tracer la route,
00:53:00parce que, quelque part, ces élections-là...
00:53:02Mais ça veut dire que vous pourriez vous retrouver autour du même table,
00:53:04pendant les trois semaines qui viennent ?
00:53:06Ces élections-là, pour moi, c'est du sursis,
00:53:08en fait, c'est-à-dire qu'il ne faut quand même pas oublier
00:53:10le résultat du premier tour,
00:53:12qui a quand même été
00:53:14dramatique,
00:53:16et on ne sauve les meubles que parce qu'on a un scrutin
00:53:18uninominal à deux tours,
00:53:20et avec un front républicain qui a marché,
00:53:22donc il va aussi falloir répondre
00:53:24à cette anxiété
00:53:26et ce terreau du
00:53:28ressentiment sur lequel prospère aujourd'hui
00:53:30le Rassemblement national.
00:53:32Alors, Raphaël Schellenberger,
00:53:34qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:53:36D'abord, vous dites qu'aucune forme de coalition
00:53:38sur la base d'un contrat de gouvernement
00:53:40à l'Allemande, avec des réformes négociées,
00:53:42fruit d'un compromis, ne vous a été proposée
00:53:44depuis 2022 ?
00:53:46En 2022, non.
00:53:48Ça a été très bien dit.
00:53:50En 2022, Emmanuel Macron proposait
00:53:52une opération de fusion-absorption,
00:53:54ou éventuellement du débauchage pièce par pièce.
00:53:56L'auriez-vous seulement accepté ?
00:53:58Avant d'accepter, il faut proposer,
00:54:00et en 2022, on n'était pas tout à fait dans la même situation
00:54:02qu'on est en 2024,
00:54:04parce qu'il y avait une vraie majorité relative.
00:54:06Je crois qu'aujourd'hui, on n'est pas dans cette situation
00:54:08de majorité relative. Oui, il y a une alliance
00:54:10de trois ou quatre parties
00:54:12qui arrive un peu
00:54:14devant les autres, mais
00:54:16c'est pas net, c'est pas clair.
00:54:18D'abord, la première chose,
00:54:20c'est que le pouvoir revient à l'Assemblée nationale.
00:54:22Ça veut dire qu'il faut
00:54:24respecter le rythme de l'Assemblée nationale.
00:54:26Et le premier rythme de l'Assemblée nationale,
00:54:28ça va être la constitution des groupes.
00:54:30C'est le 18 juillet, au plus tard.
00:54:32Peut-être le 18 juillet,
00:54:34ou dans la semaine qui vient. Il va falloir un petit peu
00:54:36de temps que chacun compte
00:54:38ses effectifs, chacun analyse correctement
00:54:40les résultats.
00:54:42Permettez-moi,
00:54:44c'est vrai que quand il y a
00:54:46577 élections législatives
00:54:48dans 577 circonscriptions,
00:54:50et on l'a dit, dans le fonctionnement
00:54:52de la construction de l'Assemblée nationale en France,
00:54:54c'est déterminant, et c'est pour ça que personne
00:54:56n'a vu venir le résultat tel qu'il est aujourd'hui.
00:54:58Ce n'est pas une élection, c'est 577 élections.
00:55:00Il serait de bon ton
00:55:02que ce soit les 577 députés
00:55:04qui soient d'abord concernés par les discussions.
00:55:06Et que certains prescripteurs du débat
00:55:08public qui sont en dehors...
00:55:10Vous parlez de Jean-Luc Mélenchon à nouveau ?
00:55:12Je ne parle pas que de Jean-Luc Mélenchon,
00:55:14je pense à beaucoup d'autres. Le pouvoir, il est à l'Assemblée nationale.
00:55:16C'est-à-dire quoi ? Marine Tondelier qui n'est pas élue ?
00:55:18C'est à l'Assemblée nationale qu'on va discuter.
00:55:20François Bayrou, par exemple ?
00:55:22Ceux qui n'ont pas voulu partir au combat des législatives,
00:55:24tant pis, la discussion a maintenant lieu ici.
00:55:26Et si on veut faire du compromis entre députés,
00:55:28ça ne veut pas dire...
00:55:30À droite, le mot de coalition.
00:55:32C'est un gros mot ou pas ?
00:55:34Jusqu'à présent, je croyais que j'étais sur la ligne de Laurent Wauquiez.
00:55:36Ni coalition, ni compromission.
00:55:38Je reconnais à Laurent Wauquiez
00:55:40le courage de s'être présenté
00:55:42aux élections législatives.
00:55:44Ce n'est pas le cas de tous les
00:55:46leaders politiques, dans toutes les familles politiques.
00:55:48Le mot de coalition, pour moi,
00:55:50je suis Alsacien, sur la frontière avec l'Allemagne,
00:55:52je n'ai pas de problème à discuter de ce mot-là.
00:55:54Seulement, je pense qu'on a
00:55:56tellement peu l'habitude de ce mode
00:55:58de gouvernement en France, qu'il est
00:56:00compliqué à employer.
00:56:02Il faut d'abord expliquer ce que peut-être
00:56:04pourrait être une coalition.
00:56:06En Allemagne, il y a des grandes coalitions.
00:56:08La droite, la CDU, travaille avec la gauche, le SPD.
00:56:10Dans un régime dans lequel
00:56:12la place du président
00:56:14de la République fédérale d'Allemagne est complètement
00:56:16effacée, alors qu'en France,
00:56:18on a une prédominance du président de la République.
00:56:20Il va falloir qu'on arrive à expliquer,
00:56:22qu'on imagine de construire
00:56:24un système de type coalition de cohabitation
00:56:26complètement inédit.
00:56:28Je suis assez ravie de découvrir
00:56:30que certains découvrent aujourd'hui
00:56:32à quel point notre pays a besoin d'une sixième République.
00:56:34Franchement,
00:56:36on saura s'en souvenir. Je crois qu'il faut
00:56:38aspirer à de nouvelles règles
00:56:40institutionnelles et constitutionnelles.
00:56:42Pour vous, le résultat de ces trois blocs dans la cinquième,
00:56:44c'est de fonctionner ?
00:56:46Quand ça ne les arrange pas, la cinquième,
00:56:48finalement, ce n'est pas si bien que ça.
00:56:50Peut-être pour ajouter quand même quelque chose,
00:56:52c'est assez étrange
00:56:54que ça vous échappe
00:56:56combien aujourd'hui
00:56:58le camp présidentiel et la Macronie
00:57:00sont largement défaites.
00:57:02Et que s'ils résistent
00:57:04un groupe,
00:57:06il est largement
00:57:08le fruit de désistements
00:57:10que d'ailleurs le Nouveau Front Populaire
00:57:12a largement initié et qui a appelé
00:57:14le camp présidentiel...
00:57:16Je finis.
00:57:18Je pense que la gauche
00:57:20et le Nouveau Front Populaire ont une immense
00:57:22responsabilité, c'est celle de ne pas décevoir.
00:57:24La gauche a déçu.
00:57:26Et elle a aujourd'hui l'immense responsabilité
00:57:28de ne pas décevoir. Et une fois qu'on a dit que la Macronie
00:57:30était défaite, pour pouvoir faire face
00:57:32à l'ascension du Rassemblement National
00:57:34qui n'est pas finie, cette ascension,
00:57:36elle n'est pas terminée depuis
00:57:38le second tour hier.
00:57:40Alors, il faut une gauche
00:57:42qui respecte ce qu'elle a dit
00:57:44devant ses électeurs et ses électrices
00:57:46et qui soit là au secours
00:57:48des grandes urgences
00:57:50qu'elle a pointées
00:57:52en termes de pouvoir d'achat.
00:57:54Vous êtes tous d'accord, je crois.
00:57:56Sur le pouvoir d'achat, c'est vraiment
00:57:58une urgence du terrain.
00:58:00Si je suis favorable à des dialogues,
00:58:02je sais aussi, ça fait sept ans
00:58:04que je suis députée dans l'opposition
00:58:06face à une majorité macroniste,
00:58:08que quand nous avons parlé de services publics,
00:58:10quand nous avons parlé de salaires,
00:58:12quand il a s'agit d'augmenter le SMIC,
00:58:14une des premières urgences de notre programme,
00:58:16ils s'y sont opposés.
00:58:18Quand il a fallu donner des moyens pour les services publics,
00:58:20ils s'y sont opposés.
00:58:22Il n'y a pas de majorité aujourd'hui.
00:58:24Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
00:58:26Qui sera responsable
00:58:28de cette ingouvernabilité dans ce cas-là ?
00:58:30On est déjà sur les responsables.
00:58:32Ce sera la Macronie ?
00:58:34C'est ça que vous voulez dire ?
00:58:36Aujourd'hui, c'est au président de la République
00:58:38à la fois de tirer un vrai bilan
00:58:40de ces élections
00:58:42et donc de nommer un Premier ministre
00:58:44du Nouveau Front Populaire
00:58:46et de faire en sorte que sur les premières urgences
00:58:48auxquelles les Français
00:58:50nous puissions les appliquer.
00:58:52Assurément, on a un problème
00:58:54de mode d'emploi.
00:58:56Les institutions de la Ve République,
00:58:58avec tous les défauts qu'Elsa a rappelés,
00:59:00ne sont pas adaptées pour répondre
00:59:02déjà
00:59:04en situation normale,
00:59:06à ce besoin
00:59:08d'horizontalité,
00:59:10de réactivité
00:59:12et de prise en compte
00:59:14de l'ensemble des situations, mais encore moins aujourd'hui.
00:59:16Donc on a un problème de mode d'emploi.
00:59:18Moi, je le dis très tranquillement,
00:59:20je suis d'accord avec le fait que
00:59:22le centre de gravité doit être au Parlement.
00:59:24Donc ça suppose déjà un effacement
00:59:26du fait présidentiel qui peut avoir
00:59:28envie de continuer à s'amuser,
00:59:30avec chacun des articles
00:59:32de la Constitution, il l'a fait,
00:59:34ils ont tous presque éprouvé, jusqu'à la dissolution.
00:59:36C'est lui qui nomme le Premier ministre,
00:59:38il peut nommer qui le souhaite,
00:59:40c'est la coutume constitutionnelle
00:59:42des rapports de force.
00:59:44Donc peut-être que là, on va réformer
00:59:46les institutions sur un
00:59:48cas pratique, et peut-être qu'il faut
00:59:50laisser le Parlement
00:59:52et chacun des groupes,
00:59:54du bloc de gauche notamment,
00:59:56être capable d'être force de proposition
00:59:58à un moment donné. Le temps qu'il faudra ?
01:00:00C'est pour ça qu'il faut prendre le temps pour le faire.
01:00:02Je le dis, et c'est peut-être aussi un point de désaccord
01:00:04que j'ai avec quelques-unes, je n'ai pas bien compris
01:00:06exactement le calendrier qui était annoncé,
01:00:08mais je ne comprends pas pourquoi il faudrait
01:00:10désigner un Premier ministre
01:00:12dans des conditions dont je ne sais pas
01:00:14quelles sont-elles, d'ici à la fin de la semaine.
01:00:16Il y a cette date du 18 juillet
01:00:18qui correspond à l'élection
01:00:20du Président de l'Assemblée,
01:00:22de l'Association des Comptes.
01:00:24Par les uns et par les autres des dirigeants du Nouveau Front Populaire,
01:00:26il y a une échéance institutionnelle
01:00:28qui est l'Assemblée Nationale,
01:00:30mais là, l'idée de se dire qu'il faut
01:00:32qu'on incarne ce qui n'a pas été fait
01:00:34par la campagne, le futur Premier ministre,
01:00:36avant de savoir... Moi, ce n'est pas le qui
01:00:38qui m'intéresse, c'est pourquoi faire.
01:00:40Et ça, ça suppose... Et là, le problème de mode d'emploi,
01:00:42c'est qu'il n'y a pas d'endroit
01:00:44pour l'instant où il y a un début de commencement
01:00:46parce que si il y a un début de commencement de discussion,
01:00:48alors on donne l'impression d'être dans une coalition
01:00:50qui peut être une coalition des contraires.
01:00:52Donc c'est vrai que c'est une ligne de crête qui est compliquée.
01:00:54C'est pour ça que je suis d'accord avec le centre de gravité.
01:00:56Il doit être de dire qu'on part des propositions
01:00:58de la gauche, et moi, je mets
01:01:00ce codicil, ça ne peut pas être
01:01:02exclusivement comme ça, parce qu'il faudra
01:01:04aussi travailler en bonne intelligence
01:01:06avec les autres acteurs.
01:01:08Là, vous parlez d'un point de méthode. Pour négocier,
01:01:10il faut se retrouver autour au moins d'une personne
01:01:12qui organise les négociations
01:01:14sans forcément incarner Matignon.
01:01:16Ça veut dire que le président de la République
01:01:18est en retrait, mais qui va organiser ?
01:01:20Il faut déjà savoir qui discute, et encore une fois,
01:01:22on met un peu la charrue avant les bœufs.
01:01:24L'Assemblée nationale n'est même pas
01:01:26encore, je ne dis pas installée,
01:01:28parce qu'on ne va pas attendre jusqu'au 10 juillet.
01:01:30Bien sûr, mais c'est un débat pour discuter
01:01:32qu'on a souhaité sur LCP, justement.
01:01:34Mais il faut d'abord laisser
01:01:36le temps aux 577 députés
01:01:38d'arriver pour avoir le temps
01:01:40de discuter. Et voilà, on est lundi,
01:01:42au sous de l'élection
01:01:44législative qu'il y a eu hier,
01:01:46la plupart de nos collègues vont arriver
01:01:48demain, après-demain, laissons les groupes
01:01:50se faire, se déclarer.
01:01:52Mais sur le fond, déjà, est-ce qu'il y a des passerelles possibles ?
01:01:54Autorité, vous dit Astrid Panos
01:01:56et Anne Bouvet, pouvoir d'achat,
01:01:58travail qui rémunère,
01:02:00ça fait déjà hôpital, services publics,
01:02:02ça fait déjà des
01:02:04sujets importants.
01:02:06Comment est-ce qu'on donne de la stabilité,
01:02:08c'est-à-dire pour pouvoir adopter
01:02:10ce paquet législatif et qu'on donne de la continuité ?
01:02:12L'idée, ce n'est pas de partir
01:02:14dans une série de crises en crise.
01:02:16Et ça, je ne vois pas
01:02:18comment
01:02:20un programme uniquement
01:02:22axé sur celui du Nouveau Front Populaire
01:02:24avec un collectif essentiellement
01:02:26qui est celui du Nouveau Front Populaire,
01:02:28peut fonctionner. Et ce n'est pas par mauvaise foi,
01:02:30c'est juste qu'on a quand même
01:02:32besoin pour faire
01:02:34voter des lois.
01:02:36On met quoi, Astrid ?
01:02:38Juste pour voir ce qui fonctionne.
01:02:40On ne va pas faire la négociation.
01:02:42N'hésitez pas.
01:02:44Ce ne sera pas un bricolage.
01:02:46Moi, je reste attachée
01:02:48à cette idée de grande coalition.
01:02:50Il y a deux choses
01:02:52qui me semblent intéressantes dans cette élection.
01:02:54C'est effectivement le barrage
01:02:56contre le RN qui a fonctionné.
01:02:58Mais c'est que LFI
01:03:00et le RN
01:03:02ne font pas une majorité
01:03:04à eux deux. Donc il y a un espace
01:03:06entre ces deux parties
01:03:08pour pouvoir avancer.
01:03:10LFI et le RN ne peuvent pas
01:03:12déposer une censure à deux.
01:03:14Moi, ça fait que depuis deux ans
01:03:16que je suis là.
01:03:18...de la part de la Macronie et qui
01:03:20à aucun moment ne tire les leçons.
01:03:22Je suis la première à tirer les leçons.
01:03:24On ne peut pas m'accuser de langue de bois.
01:03:26On ne peut pas m'accuser de langue de bois.
01:03:28Je pense que je tire beaucoup de leçons
01:03:30en ce qui concerne les sept dernières années.
01:03:32Je dis simplement qu'il y a
01:03:34peut-être matière à pouvoir travailler
01:03:36dans le cadre d'une grande coalition
01:03:38mais qui est quelque chose d'étranger
01:03:40en France.
01:03:42Mais il y a une urgence à le faire.
01:03:44On a quand même senti le vent du boulet
01:03:46avec le résultat du premier tour.
01:03:48Il y a quand même urgence à pouvoir travailler
01:03:50des gaullistes sociaux
01:03:52à des personnes comme vous, madame.
01:03:54Mais sinon, on va se prendre le boulet
01:03:56en 2027.
01:03:58Je pose la question de méthode.
01:04:00Une grande coalition, ça veut dire
01:04:02qu'on met dans une colonne, pour caricaturer,
01:04:04des mesures de gauche, et on met dans une colonne
01:04:06des mesures de droite, et on se dit
01:04:08je te passe le sel, tu me passes le poivre...
01:04:10Non, je pense que ce n'est pas une moyenne.
01:04:12C'est juste pour comprendre.
01:04:14C'est un diagnostic avec une forme de radicalité
01:04:16sur quelques priorités.
01:04:18Sur l'école publique,
01:04:20on voit bien qu'il y a quand même
01:04:22de remettre le paquet sur la question
01:04:24de la transmission des savoirs fondamentaux,
01:04:26la question des conditions matérielles
01:04:28des enseignants.
01:04:30C'est juste regarder les points,
01:04:32mais pas se disperser non plus.
01:04:34Ce qui est intéressant sur la méthode,
01:04:36c'est que la coalition, ça voudrait dire
01:04:38si vous y parvenez, et ce n'est vraiment pas garantie,
01:04:40on le comprend tous, c'est que vous apportez
01:04:42de la stabilité.
01:04:44Une coalition, c'est une fois qu'on l'a négociée,
01:04:46ça tient. Une majorité de projets
01:04:48comme vous avancez, texte par texte,
01:04:50c'est beaucoup plus instable.
01:04:52Est-ce que vous n'avez pas intérêt,
01:04:54et Astrid Panosian vous l'avez dit,
01:04:56ça n'a pas marché au fond,
01:04:58elle en est de cette majorité sortante.
01:05:00Ce n'a pas été éprouvé en réalité,
01:05:02mais je vous parlais d'aspiration majoritaire
01:05:04qui permettrait à un gouvernement minoritaire
01:05:06de tenir.
01:05:08Sans mettre des préalables,
01:05:10mais prenons le sujet
01:05:12sur lequel il y a consensus, pouvoir d'achat.
01:05:14Si aujourd'hui on dit
01:05:16qu'il faut, pour répondre immédiatement,
01:05:18et ça, ça se voit instantanément,
01:05:20augmenter le SMIC à 1600 euros.
01:05:22Est-ce que vous considérez que ça, c'est une mesure
01:05:24qui ne correspond pas à une aspiration majoritaire
01:05:26et face à laquelle
01:05:28vous opposerez
01:05:30soit un veto, si j'ose dire,
01:05:32ou plutôt,
01:05:34ce que j'ai appelé tout à l'heure,
01:05:36une abstention à s'opposer.
01:05:38Et ça, ça change tout, parce que si,
01:05:40sur quelque chose dont on peut considérer
01:05:42que le rehaussement
01:05:44du pouvoir d'achat, immédiatement...
01:05:46C'est 1400 à 1600 que vous proposez.
01:05:48Est-ce que vous êtes déjà d'accord sur le principe
01:05:50de ne pas vous opposer
01:05:52à une hausse du SMIC, peut-être pas d'autant
01:05:54de 200 euros, mais déjà sur la
01:05:56hausse du SMIC.
01:05:58Je prenais juste cet exemple, pas pour vous mettre
01:06:00au pied du mur les uns les autres.
01:06:02Ça n'a pas de sens.
01:06:04Je suis d'accord.
01:06:06Je trouve que c'est au contraire passionnant.
01:06:08Non, ça ne m'amuse pas.
01:06:10La question des salaires, elle est centrale.
01:06:12Je suis d'accord que la question des salaires, elle est centrale.
01:06:14Je n'ai pas de sujet là-dessus.
01:06:16Je suis d'accord que la question de la dignité par le travail,
01:06:18elle est centrale, évidemment.
01:06:20Mais on ne va pas discuter, ici, sur ce plateau,
01:06:22alors que nos collègues ne sont même pas arrivés,
01:06:24que les groupes ne sont pas constitués.
01:06:26Vous l'avez dit, mais vous avez bien un avis politique
01:06:28sur la question du SMIC.
01:06:30Oui, j'ai fait campagne en disant que la question
01:06:32de la dignité par le travail, c'est une question.
01:06:34Mais ce n'est pas pour ça que, ce soir,
01:06:36sur le plateau, je vais perdre ma crédibilité
01:06:38en topant d'une façon ou d'une autre une mesure.
01:06:40Ce que je veux dire, par contre,
01:06:42c'est que, depuis 7 ans,
01:06:44j'ai siégé aussi dans l'opposition depuis 7 ans,
01:06:46on a manqué d'une chose,
01:06:48c'est de repères.
01:06:50Parce qu'on a passé 7 ans, avec un président de la République
01:06:52qui n'a eu de cesse que de chercher
01:06:54à brouiller les cartes et à casser les repères.
01:06:56Et dans la façon dont les Français se sont exprimés,
01:06:58il y a aussi cette absence de repères
01:07:00qui s'est exprimée.
01:07:02On a voté pour ce qui reste.
01:07:04Une démission de cette législature,
01:07:06le temps qu'elle durera,
01:07:08ça va aussi être de reconstruire des repères.
01:07:10Ça va être compliqué, parce qu'on va devoir le faire
01:07:12dans un mode de gouvernement qu'on ne connaît pas encore.
01:07:14Et pour autant, il va falloir qu'on repose
01:07:16des bornes au débat politique en France.
01:07:18Donc, réussir à travailler ensemble...
01:07:20Créer des alternatives qui ne soient pas aux extrêmes,
01:07:22c'est bien ça.
01:07:24Tout en mettant en évidence
01:07:26les différences des propositions,
01:07:28ce n'est pas un travail simple,
01:07:30mais c'est le seul travail qu'on peut faire
01:07:32pour que notre démocratie respire encore.
01:07:34À Strydpen-Au-Diambouvet, je voyais acquiescer
01:07:36à ce que disait Raphaël Schellenberger.
01:07:38Encore une fois,
01:07:40ce n'est pas d'arriver à une espèce de moyenne tiède.
01:07:42C'est aussi de pouvoir
01:07:46confronter
01:07:48les points de vue sur la question...
01:07:50Je pense qu'on sera tous d'accord pour dire
01:07:52qu'il faut vivre décemment du travail
01:07:54et que le travail participe de la dignité.
01:07:56Ensuite, la question des bas salaires,
01:07:58est-ce que c'est une augmentation générale,
01:08:00une augmentation du SMIC,
01:08:02des trappes à pauvreté qui se sont construites
01:08:04depuis une vingtaine d'années
01:08:06et qui font que les gens...
01:08:08Il y a près d'un tiers des personnes...
01:08:10Une proposition de Laurent Berger de la CFDT.
01:08:12Voilà.
01:08:14Mais encore faut-il être d'accord
01:08:16sur le diagnostic.
01:08:18Sur le SMIC, je sens que vous n'avez pas
01:08:20une opposition absolue augmentée.
01:08:22Moi, je suis plus sur la question
01:08:24de ce qui fabrique aujourd'hui les trappes à pauvreté
01:08:26et qui font que le SMIC n'est plus un salaire d'entrée
01:08:28mais un salaire à vie.
01:08:30Alors je vous propose de faire un tout petit point.
01:08:32C'est passionnant de vous entendre
01:08:34parce qu'on se rend compte que malgré tout,
01:08:36le dialogue est possible et c'est tout l'objet de ce débat
01:08:38et vous aurez du temps.
01:08:40On fait que ça, débattre et dialoguer.
01:08:42Il ne faut pas s'en retenir à l'image parfois
01:08:44chaotique des débats à l'Assemblée.
01:08:46Heureusement, on travaille ensemble
01:08:48avec nos accords et nos désaccords.
01:08:50Tel qu'on l'a tous vécu,
01:08:52on a forcément
01:08:54une couche d'humilité supplémentaire
01:08:56et la nécessité d'essayer de travailler ensemble.
01:08:58On accueille pour terminer ce débat
01:09:00Clément Pervot qui va nous raconter
01:09:02en quoi les jours qui viennent sont cruciaux.
01:09:04Il y a un calendrier précis pour structurer l'Assemblée
01:09:06d'ici au 18 juillet.
01:09:08Bonsoir Clément. Alors dites-nous tout
01:09:10sur les jours qui viennent.
01:09:12Alors il y a une date à noter absolument,
01:09:14c'est celle du 18 juillet.
01:09:16Ce sera un jeudi et ce jour-là,
01:09:18à partir de 15h,
01:09:20les députés vont élire à bulletin secret
01:09:22le ou la nouvelle
01:09:24présidente de l'Assemblée nationale
01:09:26accédée à Yael Broun-Pivet.
01:09:28Les tractations vont être intenses
01:09:30pour désigner les candidats
01:09:32au sein de chaque groupe. L'élection
01:09:34peut se faire jusqu'à trois tours.
01:09:36Aucune évidence ne s'impose à ce stade.
01:09:38Yael Broun-Pivet pourrait se représenter,
01:09:40elle ne l'a pas exclue, mais la gauche
01:09:42aura clairement son mot à dire dans cette élection.
01:09:44Reste à savoir si elle s'accordera
01:09:46sur une candidature.
01:09:48Le même jour, 18 juillet toujours,
01:09:50mais un peu plus tard, à 18h,
01:09:52ce sera la formation des groupes parlementaires.
01:09:54Quel député siège dans quel groupe ?
01:09:56Alors là, les regards seront braqués
01:09:58à gauche, puisque
01:10:00les communistes, qui à ce jour
01:10:02n'ont que neuf députés, devront
01:10:04en trouver 15 pour former un groupe.
01:10:06Peut-être que Zapp Foussillon pourra en parler.
01:10:08Il y aura aussi la question des groupes
01:10:10insoumis et socialistes. Lequel des deux
01:10:12sera le plus important et sera donc
01:10:14le plus gros au sein du Nouveau Front
01:10:16populaire ? Toutes ces questions auront bien sûr
01:10:18leur importance et puis c'est aussi à ce moment-là
01:10:20qu'on connaîtra l'identité des présidents
01:10:22de groupe. Le jeudi, 19 juillet,
01:10:24le lendemain, nous connaîtrons la composition
01:10:26du bureau de l'Assemblée nationale.
01:10:28Il comporte une vingtaine de députés.
01:10:30Il y a les trois caisseurs et puis il y a surtout
01:10:32les six vice-présidents. La tradition
01:10:34veut que ces vice-présidents
01:10:36reflètent
01:10:38l'état des forces politiques
01:10:40dans l'hémicycle. C'est une élection
01:10:42très importante. Enfin, samedi
01:10:4420 juillet, dernière date,
01:10:46là, ce sera les élections des présidents,
01:10:48des commissions permanentes. Il y en a une qui sera
01:10:50particulièrement scrutée, comme toujours, c'est la commission
01:10:52des finances. C'est écrit dans la Constitution.
01:10:54Le poste doit revenir à un député
01:10:56de l'opposition, mais qui sera
01:10:58dans la majorité ? Qui sera vraiment
01:11:00dans l'opposition ? Et ce qu'on saura
01:11:02pour le 20 juillet, ça reste
01:11:04à confirmer. Il y aura aussi
01:11:06la commission des affaires sociales, la commission
01:11:08des affaires économiques ou encore la commission
01:11:10des lois. Merci beaucoup.
01:11:12Je vais vous donner le mot de la fin, Jérôme Guège, d'un tout
01:11:14petit, vraiment quelques secondes. On doit
01:11:16rendre à 43. Déjà,
01:11:18trouver une présidente
01:11:20ou un président de l'Assemblée, c'est un premier
01:11:22test. Vous pouvez y parvenir, vous pensez,
01:11:24sans passer par le dernier tour
01:11:26qui reviendra à la majorité relative RN.
01:11:28C'est en effet un test
01:11:30sur la capacité à ce que le sourd de
01:11:32volonté soit le Parlement.
01:11:34Et on va y arriver, assurément.
01:11:36Merci. On s'arrête là. J'espère que
01:11:38vous reviendrez, sans pour autant
01:11:40ouvrir très grand
01:11:42vos boîtes à négociations. C'était passionnant
01:11:44de vous entendre dialoguer.
01:11:46Merci à vous de nous avoir suivis.
01:11:48Savon Garde revient demain soir, même mieux,
01:11:50même heure. Très belle soirée sur LCP.

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