• il y a 5 mois
GRAND DÉBAT / Emmanuel Macron : dessine-moi une coalition !

« Le récap » par Valérie Brochard

Dans une enquête d'opinion publiée le 10 juillet 2024 par l'institut de sondage Elabe, les Français se montrent réticents à toutes les hypothèses de coalition gouvernementale. Le scénario le moins rejeté est toutefois celui appelé de ses voeux par Emmanuel Macron, c'est-à-dire une alliance Ensemble-Droite républicaine-Gauche sans LFI. Mais quels textes pourraient rassembler trois camps si opposés ? Sur le pouvoir d'achat par exemple, la gauche est favorable à l'abrogation de la réforme des retraites : une hérésie pour la droite et le bloc central. Sur la sécurité, Ensemble et LR veulent réformer la justice des mineurs, un projet très contesté par la gauche. Il n'y a pas non plus consensus sur le thème de la fiscalité, puisqu'Ensemble et la droite refusent toute augmentation d'impôt voulue par la gauche. Dans ces conditions, une majorité plurielle est-elle réellement envisageable pour gouverner ?

Invités :
- Éléonore Caroit, députée Renaissance des Français établis hors de France,
- Arthur Delaporte, député PS du Calvados,
- Eva Sas, députée écologiste de Paris,
- En Skype : Ian Boucard, député « La Droite républicaine » du Territoire de Belfort.

GRAND ENTRETIEN / Sophie Binet : la CGT en appui du Nouveau Front Populaire ?

« Il faut qu'il entende le résultat des urnes » a lancé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, sur LCI le 11 juillet concernant la lettre du président de la République dans laquelle ce-dernier avait déclaré qu'aucune force politique n'aurait remporté les élections législatives. La numéro un de la CGT a fortement critiqué cette lecture des résultats et appelle le Chef d'État à « sortir du déni » et à « nommer le Premier ministre qui sera proposé par le Nouveau Front populaire ». La syndicaliste a également appelé à rejoindre la mobilisation des cheminots, prévue pour le 18 juillet qui exige « la mise en place d'un gouvernement issu du Nouveau Front Populaire ». Après avoir parlé d'une « victoire incroyable » de la gauche après les élections législatives, quel regard Sophie Binet porte-t-elle aujourd'hui sur la probabilité d'un Premier ministre émanant de ce camp politique ?

Grand témoin : Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

LES AFFRANCHIS

- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au Figaro,
- Léa Falco, co-fondatrice de « Construire l'écologie »,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00Générique
00:05Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans Ça vous regarde.
00:10Ce soir, la lettre aux Français du Président peut-elle changer la donne politique à l'Assemblée ?
00:15On va poser cette question ce soir à Sophie Binet, notre grand témoin ce soir.
00:20La secrétaire générale de l'Élysée appelle, de la CGT pardonnez-moi bien sûr,
00:25appelle à manifester pour exiger d'Emmanuel Macron la nomination rapide d'un Premier ministre de gauche.
00:32Jusqu'où peut aller cette pression populaire ?
00:35Entretien tout à l'heure dans la deuxième partie de cette émission.
00:39Dessine-moi une coalition.
00:42On va prendre au mot ce soir le Président de la République
00:45en réunissant les quatre forces républicaines sur ce plateau.
00:48Pouvoir d'achat, justice fiscale, sécurité.
00:51Un compromis est-il possible très concrètement sur ces sujets ?
00:55Grand débat politique dans un instant avec mes invités.
00:58Enfin, nos affranchis ce soir.
01:01Le sommet de l'OTAN, la solitude du Président.
01:03Ce sera le parti pris d'Isabelle Lasserre.
01:06L'écologie sera-t-elle la grande sacrifiée de la dissolution ?
01:09S'interroge ce soir Léa Falco et puis Bourbon Express avec Elsa Mondin-Gaba.
01:14Voilà pour le programme.
01:15Ça vous regarde, top générique.
01:21Générique
01:29Bâtir des compromis dans une large coalition des écologistes à la droite,
01:34c'est donc ce qu'attend désormais le Président de la République,
01:37des forces républicaines, comme il les appelle dans sa lettre aux Français.
01:40Mais cette majorité plurielle, sans les Insoumis, sans l'ERN,
01:44existe-t-elle ? Dans l'hémicycle peut-elle se mettre d'accord
01:48sur quelques grandes priorités pour le pays ?
01:50Un contrat de gouvernement est-il possible ?
01:53Qu'a pratique ce soir avec nos quatre invités.
01:56Bonsoir, Eleonore Carrois.
01:58Merci d'être avec nous ce soir.
02:00Députée Renaissance des Français établie en Amérique du Sud.
02:04Bonsoir, Arthur Delaporte.
02:06Bienvenue à vous, députée socialiste du Calvados.
02:08Bonsoir, Eva Sass.
02:10Merci d'être là, députée écologiste de Paris.
02:12Et puis, à distance avec nous, Yann Boucar.
02:14Bonsoir et merci.
02:16Députée la droite républicaine,
02:18c'est le nom désormais des Républicains,
02:21le nouveau nom.
02:22Vous êtes députée du territoire de Belfort.
02:24Donc merci à tous les quatre de se prêter à ce jeu.
02:27Au fond, les Français vous regardent.
02:28J'aimerais savoir si vous êtes capable,
02:30sur quelques grands sujets,
02:31de trouver des passerelles, des compromis.
02:34Un débat qui s'ouvre, comme chaque soir,
02:36par le récap de Valérie Brochard.
02:47Bonsoir, Valérie.
02:49Bonsoir, Myriam.
02:50Alors, les réactions pleuvent,
02:51depuis cette publication de la lettre d'Emmanuel Macron.
02:54Oui, Myriam.
02:55Personne n'a remporté les élections législatives.
02:58Voilà comment le président de la République
03:00lit les résultats du 7 juillet dernier.
03:03Sa photographie, à lui, de l'hémicycle est très nette.
03:06Aucun parti, aucun groupe n'a de majorité suffisante à l'Assemblée.
03:10Les blocs, d'où qu'ils viennent, sont minoritaires.
03:13C'est pourquoi ils demandent aux forces politiques
03:16se reconnaissant dans les institutions républicaines
03:19de bâtir une majorité solide et nécessairement plurielle.
03:23Pas besoin de sortir une loupe, Myriam,
03:25pour lire entre les lignes.
03:27Emmanuel Macron s'adresse au chef de parti
03:29qu'il inclut dans l'arc républicain.
03:31Il exclut donc la France insoumise.
03:33Et ça, pour la patronne des députés LFI,
03:36ça s'appelle un déni démocratique.
03:38Un coup de force présidentiel
03:40qui nie non seulement le résultat des urnes,
03:43puisque la coalition du Nouveau Front populaire
03:45est arrivée en tête du second tour des élections législatives,
03:49et de, en quelque sorte, rétablir un veto d'un monarque
03:53qui nie le scrutin universel.
03:56Et à l'extrême droite, Marine Le Pen
03:58préfère moquer la manœuvre du président de la République.
04:01Regardez, dans sa lettre, Emmanuel Macron
04:03propose de faire barrage à LFI,
04:05qu'il a contribué à faire élire il y a trois jours
04:07et grâce à qui les députés Renaissance ont été élus.
04:10Ce cirque devient indigne.
04:12Mais si on suit la recette d'Emmanuel Macron,
04:15pour faire une bonne coalition,
04:17pas besoin d'insoumis ou de rassemblement national,
04:20il y a suffisamment d'ingrédients à disposition
04:22dans cet arc républicain,
04:24comme nous l'explique Éric Dupond-Moretti.
04:26Il y a toute la gauche classique,
04:28la gauche dite de gouvernement.
04:30Il y a le bloc central que nous représentons.
04:34Il y a la droite.
04:36Ceux qui ont été élus ou réélus, d'ailleurs,
04:39ne l'ont pas été uniquement sur leur nom
04:41et sur l'étiquette qui est la leur.
04:43Et tous ces députés,
04:45le dimanche soir à 20h02,
04:48disent je me souviendrai,
04:50nous nous souviendrons
04:52de qui nous a élus.
04:54Voilà Myriam, c'est simple,
04:56on mélange tout ça dans un saladier
04:58et pour le ministre de la Justice,
05:00ça donne un gouvernement de coalition.
05:02Mais qu'est-ce qu'elle en pense justement
05:05La réponse d'Olivier Faure,
05:07le patron du parti socialiste.
05:09Il y a une évidence au fait que les Français,
05:11en plaçant au premier tour
05:13le Nouveau Front Populaire à 400 000 voix
05:15de l'extrême droite,
05:17puis au deuxième tour,
05:19en nous plaçant les premiers,
05:21ils ont fait un choix.
05:23Certes, nous ne sommes pas majoritaires absolus,
05:25mais ils ont donné une préférence
05:27que le président de la République
05:29doit respecter son devoir.
05:31Il ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé.
05:33Au Nouveau Front Populaire, c'est non,
05:35pour Gérard Larcher.
05:37Le Nouveau Front Populaire,
05:39si le président de la République fait ce choix,
05:41je suis clair, je combattrai ce choix
05:43et je demanderai à ce que le gouvernement
05:45soit censuré.
05:47Vous ne dites pas pas de LFI,
05:49vous dites bien pas du Nouveau Front Populaire.
05:51Ils ont signé ensemble,
05:53pardonnez-moi,
05:55une forme de contrat.
05:57Une ligne rouge sur laquelle s'aligne
05:59Laurent Wauquiez, le nouveau patron
06:01parlementaire droite républicaine,
06:03se déclarait hier ouvert
06:05à un pacte législatif
06:07mais catégoriquement opposé
06:09à une coalition gouvernementale.
06:11Vous savez, Myriam, parfois,
06:13on a l'huile, le vinaigre, le sel, le jaune d'oeuf,
06:15mais la mayonnaise ne prend pas.
06:17Transposer le Front républicain
06:19en majorité plurielle, l'idée est belle,
06:21mais sera-t-elle réalisable ?
06:23Merci beaucoup, Valérie Brochat.
06:25A écouter cette chronique, c'est tout simplement impossible.
06:27Toutes les portes sont fermées
06:29à double tour et va-t-il se bâtir
06:31une majorité solide
06:33et forcément plurielle, pour reprendre
06:35les termes du président dans sa lettre.
06:37Franchement, à la fois arithmétiquement
06:39et politiquement, au regard
06:41de l'enjeu, le pays
06:43est ingouvernable aujourd'hui
06:45quand on regarde l'hémicycle.
06:47Est-ce que ce n'est pas la meilleure solution
06:49pour sortir de l'impasse ?
06:51La première chose à dire, c'est que le président n'a aucune légitimité
06:53pour définir le périmètre de cette coalition.
06:55S'il y a bien un message que les Français
06:57ont envoyé au travers de cette élection,
06:59c'est qu'ils voulaient tourner la page du macronisme,
07:01donc ce n'est pas au président
07:03de dire qui il faut mettre
07:05ou ne pas mettre dans cette coalition.
07:07Le deuxième message que les Français nous ont envoyé,
07:09c'est qu'ils ont mis le Nouveau Front Populaire en tête.
07:11Donc c'est à nous, le Nouveau Front Populaire...
07:13Avant députés prêts.
07:15Peut-être, mais ils nous ont mis en tête
07:17et c'est donc notre responsabilité
07:19de créer les conditions pour gouverner,
07:21d'abord en proposant un gouvernement,
07:23ensuite en trouvant des majorités
07:25sur des mesures qui sont extrêmement populaires.
07:27Mais vous avez entendu vos adversaires politiques,
07:29elle est très relative,
07:31cette majorité,
07:33182 au dernier des comptes,
07:35peut-être que ça peut baisser,
07:37à la minute où vous proposez un gouvernement
07:39du Front Populaire,
07:41il sera censuré.
07:43On va proposer des mesures et nous verrons bien
07:45si vous voulez voter ou pas,
07:47des mesures qui sont, je le dis, extrêmement populaires
07:49dans le pays. Si nous proposons
07:51d'abroger la réforme des retraites,
07:53il n'y a pas qui pourrait s'opposer
07:55dans l'Assemblée à une réforme,
07:57une abrogation qui est soutenue
07:59par l'ensemble du pays.
08:01C'est comme ça que nous allons gouverner
08:03et c'est en tout cas au Nouveau Front Populaire
08:05de prendre le lead et de proposer
08:07cette coalition.
08:09Arthur Delaporte, franchement, quand on lit cette lettre,
08:11est-ce que vous êtes d'accord pour dire que c'est un coup de force ?
08:13Je dirais surtout que c'est un coup d'épée dans l'eau.
08:15Parce que c'est coup de force qu'utilisent les Insoumis,
08:17on a entendu Malthieu de Pannot et Jean-Luc Mélenchon.
08:19C'en est un coup de force ?
08:21C'est plutôt une lettre qui affiche
08:23l'impuissance du président de la République,
08:25son espèce d'autoritarisme
08:27en disant, tenez, je vais vous mettre autour de la table
08:29alors que c'est lui qui a créé cette grande pagaille,
08:31que c'est lui qui est responsable du chaos,
08:33que c'est lui qui a fait qu'aujourd'hui
08:35il y a 100 députés macronistes de moins
08:37qu'il y en avait hier,
08:39que c'est lui qui a failli faire que le RN,
08:41s'il n'y avait pas eu les désistements républicains
08:43de la gauche en grande partie,
08:45qui ont évité le pire.
08:47Donc délit de démocratie.
08:49Vous ne dites pas ça.
08:51Pour l'instant, en fait,
08:53il est dans le délit total.
08:55Il n'a pas compris la nouvelle donne politique.
08:57Il est encore dans son monde où c'est lui qui décide de tout
08:59sauf qu'il n'a plus aucun fidèle,
09:01qu'il est dans une situation d'impuissance et qu'aujourd'hui
09:03la réalité arithmétique, c'est qu'il n'a plus
09:05la majorité relative,
09:07il l'avait jusque-là, et qu'aujourd'hui
09:09le bloc qui est arrivé en tête, c'est-à-dire celui qui a la majorité relative,
09:11c'est le bloc du Nouveau Front Populaire.
09:13Et donc il doit tenir compte de cela
09:15en demandant un responsable.
09:17Mais non, il ne nous piège pas.
09:19Il est dans son impuissance.
09:21Nous, ce qu'on lui dit, c'est simplement de faire ce que devrait faire
09:23un président de la Ve République, de dire
09:25il y a un bloc qui est arrivé en tête, je lui demande,
09:27je nomme un responsable de ce bloc.
09:29Encore faut-il avoir un nom à proposer, ça tarde.
09:31Pourquoi c'est si long, ces négociations
09:33du NFP ?
09:35Je trouve que c'est plutôt au contraire très rapide.
09:37On a dit qu'on n'en donnerait rien d'ici la fin de la semaine
09:39et il avait fallu, je rappelle quand même, six semaines
09:41pour qu'Emmanuel Macron constitue son gouvernement
09:43en janvier dernier et aujourd'hui on nous demande
09:45de le faire en une semaine.
09:47On est en train de constituer les équilibres
09:49parce qu'évidemment qu'on va avoir
09:51un nom de Premier ministre, mais derrière,
09:53il faut aussi qu'on puisse montrer qu'on a une architecture
09:55collective et c'est ça qui permettra
09:57derrière de débloquer la situation.
09:59Je voulais quand même vous soumettre
10:01une tribune dans Le Monde, je suis sûre que vous l'avez
10:03regardée, parce qu'il n'y a pas
10:05que la droite
10:07et le camp présidentiel qui la réclament.
10:09Aurélie Filippetti, cette grande
10:11coalition, Marisol Touraine,
10:13explique dans Le Monde, avec d'autres écologistes,
10:15José Bové, Noël Mamère,
10:17ils vous demandent de tendre la main
10:19aux acteurs du Front républicain pour discuter
10:21d'un programme d'urgence républicaine,
10:23de ne pas faire la même erreur
10:25qu'Emmanuel Macron, et on va y venir
10:27dans un instant, en 2017
10:29et en 2022, d'avoir ignoré
10:31les reports de voix, les électeurs
10:33qui ont voulu faire barrage à Marine Le Pen.
10:35Moi, je suis pleinement conscient d'avoir été élu
10:37au deuxième tour grâce à un
10:39Front républicain et porté au premier grâce
10:41au programme du nouveau Front populaire.
10:43Ce qu'ils disent ici, c'est tout simplement ce que nous disons également.
10:45Nous devons avoir un Premier ministre
10:47issu de la coalition arrivé en tête, mais derrière,
10:49il nous faudra aller trouver à l'Assemblée nationale
10:51des majorités, élargir
10:53le champ, finalement, et être aussi
10:55responsable devant la nation, parce qu'on ne peut pas se contenter
10:57d'avoir un gouvernement derrière.
10:59Donc, ça veut dire, quand on élargit,
11:01on élargit aussi ses propositions.
11:03Si on n'a pas un gouvernement avec des ministres
11:05de plusieurs familles politiques,
11:07il y a un socle, ça veut dire
11:09que le point de départ, c'est le programme du
11:11NFP, mais pas forcément le point d'arrivée.
11:13C'est exactement ça, oui.
11:15On va partir de notre programme,
11:17qui a été quand même largement plébiscité dans cette
11:19élection, et nous allons
11:21discuter pour faire aboutir
11:23des mesures. Mais nous restons quand même
11:25dans une logique de rupture, parce que c'est ce que le pays
11:27a demandé, mais bien sûr, il va falloir
11:29aller trouver des majorités. Il faut être dans le dialogue.
11:31Nous faisons, en quelque sorte, l'apprentissage
11:33en France du parlementarisme,
11:35qui est pourtant la règle dans tous les
11:37pays européens, dans tous les autres pays.
11:39Nous sommes le seul pays à avoir un scrutin majoritaire.
11:41Dans l'autre pays, il y a beaucoup de coalitions
11:43et de grandes coalitions,
11:45parfois même en Allemagne, entre la droite
11:47et la gauche. Dernière question au bloc de gauche,
11:49et je fais circuler la parole, parce que ça se passe quand même
11:51beaucoup chez eux ce soir,
11:53sur les insoumis, quand même.
11:55C'est intéressant, parce que
11:57il y a beaucoup d'électeurs
11:59qui n'ont pas souhaité
12:01véritablement voter insoumis, mais qui ont quand même
12:03voté insoumis, pour faire barrage.
12:05Aujourd'hui, les insoumis,
12:07vous les souhaitez, vous,
12:09au gouvernement. Je ne parle pas
12:11du soutien sans participation.
12:13Vous souhaitez que les insoumis fassent partie
12:15du gouvernement du Nouveau Front Populaire,
12:17qui va être proposé. Ils doivent l'être.
12:19Ils font partie de la coalition du Nouveau Front Populaire.
12:21C'est cette coalition
12:23qui nous a permis d'être élus,
12:25et c'est cette coalition qui a été mise en tête
12:27par les Français dans cette élection.
12:29Malgré la brutalisation dans la campagne,
12:31je pense à votre candidat,
12:33à ce que vous appelez le glucksmann aux Européennes,
12:35malgré les noms d'oiseaux, tout ça, c'est derrière vous.
12:37Mais on vient d'être élus
12:39sur la base du Nouveau Front Populaire.
12:41Est-ce que vous pensez réellement que du jour au lendemain,
12:43on va dire non, en fait,
12:45on va se passer des insoumis ?
12:47Vous pourriez avoir des insoumis en soutien,
12:49mais sans qu'ils soient ministres.
12:51Si nous avions considéré qu'ils ne faisaient pas partie
12:53de l'arc républicain, nous n'aurions pas fait de coalition avec eux.
12:55Donc bien sûr que nous le souhaitons,
12:57et avec eux que nous travaillons à former un gouvernement.
12:59Un mot là-dessus, les insoumis au gouvernement,
13:01c'est oui, trois fois oui.
13:03Je vais vous dire, c'est très simple,
13:05le Nouveau Front Populaire s'aspire du Front Populaire de 1936.
13:07A l'époque, que disait-on ?
13:09Les communistes n'étaient pas au gouvernement.
13:11Les communistes et les socialistes ont été en capacité,
13:13parce qu'ils ne l'ont pas souhaité,
13:15à l'époque, les communistes et les socialistes,
13:17qui pourtant se traitaient de noms d'oiseaux,
13:19de faire une coalition commune et d'aller ensemble.
13:21Et là, ils le souhaitent, les insoumis,
13:23mais ils ne sont pas là sur la table.
13:25Ce qui compte, c'est le projet que nous portons
13:27et notre capacité derrière à le mettre en oeuvre.
13:29Ils ne nous demandent pas de nous donner des noms d'oiseaux,
13:31ils nous demandent d'agir pour le pays,
13:33et c'est ce que nous avons l'intention de faire au gouvernement
13:35et en allant chercher au Parlement des majorités plus larges.
13:37Et Léonor Carroix ?
13:39Ca se passe donc du côté du Nouveau Front Populaire,
13:41c'est un fait, un fait politique,
13:43ils ont le plus grand nombre de députés,
13:45c'est absolument indéniable,
13:47et c'est la logique des institutions
13:49que le Président aille chercher
13:51le Premier ministre dans ce groupe-là.
13:53Au lieu de ça, il écrit aux Français,
13:55il était censé apaiser,
13:57c'est un coup de force, déni de démocratie,
13:59c'est complètement raté cette lettre.
14:01Je pense que quoi qu'il fasse aujourd'hui,
14:03étant donné le rejet qu'il suscite
14:05de part notamment cette dissolution,
14:07tout est interprété, commenté, décortiqué.
14:09Moi je pense qu'il faut que nous prenions
14:11tous aujourd'hui de la hauteur,
14:13parce que c'est ce que nous demandent les Français.
14:15Nous sommes dans une situation politique qui est inédite.
14:17Certes, et ça, il faut le reconnaître,
14:19et c'est tout à fait vrai,
14:21le Nouveau Front Populaire a existé
14:23comme une alliance de partis pour cette élection,
14:25parce que ça ne correspondait pas
14:27à ce qui s'était passé.
14:29Ils ont gagné l'élection ?
14:31Vous pouvez le dire, parce que le Président ne le dit pas,
14:33il dit que personne n'a gagné.
14:35Ils ont eu le plus grand nombre de voix,
14:37évidemment ils sont arrivés en tête,
14:39je pense qu'il n'y a pas de doute là-dessus,
14:41mais ils ont 31% des députés de l'Assemblée nationale.
14:43Donc ils pourraient très bien dire
14:45qu'on forme un gouvernement,
14:47ils savent très bien qu'ils ne sont pas en capacité
14:49aujourd'hui de former seul un gouvernement
14:51qui susciterait une adhésion complète.
14:53Aujourd'hui, vous l'avez dit,
14:55et vous avez tout à fait raison,
14:57nous sommes en train d'inventer le parlementarisme
14:59à la française, et moi je pense que le Parlement
15:01doit se saisir de cette question,
15:03le Parlement doit être à la hauteur,
15:05et au lieu de débattre de noms hypothétiques
15:07d'un gouvernement hypothétique,
15:09du point de départ, voire du point d'arrivée,
15:11il faut qu'il y ait des propositions.
15:13On va en parler des propositions dans un instant,
15:15mais c'est important de connaître les lignes rouges
15:17des uns et des autres, pour savoir si on peut discuter.
15:19Je suis tout à fait en désaccord.
15:21Il y a des camarades renaissants qui ont dit
15:23un insoumis au gouvernement, c'est la censure immédiate.
15:25Moi je pense qu'il ne faut pas commencer
15:27une négociation avec des lignes rouges.
15:29Je pense qu'il faut commencer une négociation
15:31avec des mains tendues et avec des propositions.
15:33Je pense que si vous faites l'inverse,
15:35vous allez nécessairement crisper
15:37la personne avec qui vous voulez non pas
15:39vous opposer comme nous nous sommes opposés
15:41traditionnellement sous la Vème République,
15:43mais la personne avec qui vous voulez construire
15:45tout en acceptant que vous êtes en désaccord
15:47sur certains sujets, que vous n'avez pas
15:49la même vision politique, mais que vous voulez construire
15:51pour les Français.
15:53C'est pas la censure pour vous ?
15:55Pour moi, c'est pas la question.
15:57C'est la question.
15:59C'est pas la question, je vais vous dire pourquoi.
16:01C'est pas la question, d'abord, parce que c'est pas
16:03ce que nous propose le bloc de gauche.
16:05Vous proposez Clémence Guettet ce soir ?
16:07On n'a pas encore de proposition.
16:09Pour avoir une négociation, il faut avoir une proposition.
16:11Un insoumis dans un gouvernement,
16:13pour vous, vous laissez passer, vous attendez
16:15de voir ce qu'il propose.
16:17Déjà, c'est pas moi qui prends la décision,
16:19il faut que ça suscite une adhésion qui permette
16:21à ce gouvernement, quel qu'il soit,
16:23d'avancer. Et là, évidemment,
16:25tous les journalistes politiques, tous les commentateurs,
16:27toutes les personnes qui regardent notre vie politique,
16:29qui est intéressante en ce moment, sont là à trouver nos lignes rouges.
16:31C'est pas moi qui ai mis des lignes rouges,
16:33c'est pas les journalistes, c'est Benjamin Haddad
16:35pour Les Temps, c'est Maude Bréjon,
16:37c'est Aurore Berger, ministre encore en exercice.
16:39Ecoutez-moi, parce que peut-être que ça fait du bien
16:41d'écouter des gens qui ne sont pas sûrs jamais de la vie,
16:43mais qu'est-ce qu'on peut faire pour construire ensemble ?
16:45Ils ont tort, vos collègues du camp présidentiel,
16:47d'avoir un négocié comme ça ?
16:49J'ai une vision différente. Moi, je pense qu'aujourd'hui,
16:51évidemment, je n'adhère absolument pas
16:53à ce qu'a fait la LFI,
16:55ni le RN, jamais, de la vie,
16:57ni à leur façon de s'opposer, ni à Jean-Luc Mélenchon,
16:59qui est dans l'outrance, et d'ailleurs,
17:01dans les contre-vérités, parce que lorsqu'il dit
17:03vous êtes arrivés moins nombreux en 2022
17:05que nous ne le sommes, c'est un mensonge.
17:07Donc je pense que ça, c'est de la provocation,
17:09c'est jeter de l'huile sur le feu, ça ne fait que crisper
17:11les uns et les autres. Mais si on veut tous,
17:13et je pense que si on est des élus de la République,
17:15on veut l'apaisement, on veut trouver des solutions
17:17pour les Français, si c'est ce que nous voulons ce soir,
17:19je pense qu'il ne faut pas commencer par les lignes rouges,
17:21elles existent, on les trouvera bien.
17:23Il faut commencer par qu'est-ce qu'on propose pour les Français.
17:25Alors, on va y venir au programme dans un tout petit instant.
17:27Yann Boucard, pour bien comprendre la position
17:29de la droite républicaine,
17:31vous, vous censurez un gouvernement
17:33des premiers ministres socialistes
17:35ou même des ministres de gauche,
17:37c'est bien ça ?
17:39Non, Laurent Wauquiez a été très clair hier,
17:41notre ligne rouge, c'est sur un ministre
17:43ou un premier ministre insoumis.
17:45Moi, ça fait 7 ans que je suis député...
17:47Pardonnez-moi, vous avez l'air de dire que tout gouvernement,
17:49nouveau Front Populaire, même avec des socialistes,
17:51ça ne passait pas pour lui.
17:53Vous avez noté que le groupe républicain
17:55s'appelle maintenant la droite républicaine,
17:57qu'on a élu hier un président qui s'appelle Laurent Wauquiez.
17:59Donc aujourd'hui, notre porte-voix, c'est Laurent Wauquiez.
18:01Sa prise de parole hier a été très claire.
18:03J'ai beaucoup de respect pour le président du Sénat,
18:05il n'est pas aujourd'hui membre de l'Assemblée nationale.
18:07Notre ligne rouge, évidemment,
18:09on ne souhaite pas un gouvernement, nous, du nouveau Front Populaire.
18:11Je conteste d'ailleurs ce qui a été dit
18:13par mes collègues socialistes et écologistes.
18:15Ils ont le plus grand nombre de députés, force est de constater
18:17qu'ils n'ont pas gagné non plus les élections de dimanche dernier.
18:19D'ailleurs, en nombre de voix, c'était l'extrême droite
18:21qui est arrivée en tête, il faut le rappeler.
18:23Je pense qu'on est tous d'accord pour dire
18:25qu'il ne faut pas un gouvernement d'extrême droite
18:27à partir de la semaine prochaine.
18:29Donc il faut travailler, mais la première urgence,
18:31excusez-moi de le dire à Mme Carroi,
18:33c'est que le président de la République se taise.
18:35C'est lui qui a provoqué cette dissolution au cœur de l'été.
18:37C'est lui qui est responsable de cette situation.
18:39Et c'est lui qui, dans sa lettre hier, nous explique
18:41que de toute façon, on verra bien après les Jeux olympiques,
18:43en nous renvoyant tous dos à dos
18:45et en nous intimant de remettre en ordre
18:47tout ce qu'il a désordonné.
18:49Donc l'urgence, d'abord, c'est que le président de la République
18:51laisse les parlementaires travailler.
18:53Et c'est ce que nous proposons, nous, au groupe de la droite républicaine,
18:55c'est d'avancer projet par projet.
18:57Nous n'entrerons pas dans une coalition,
18:59c'est clair, mais d'avancer sur des projets.
19:01Justement, on parle de pacte législatif,
19:03pour noter les spectateurs,
19:05est-ce que vous pouvez expliciter les choses ?
19:07Non-agression, c'est-à-dire
19:09neutralité, pas de censure,
19:11si quelques-unes de vos propositions
19:13phares sont reprises
19:15ou négociées dans le cadre
19:17d'un projet de loi à l'Assemblée ?
19:19C'est l'idée ?
19:21L'idée, c'est d'arriver avec des propositions
19:23à mettre sous la table et de réussir à nouer
19:25des majorités autour de ces propositions.
19:27Après, nous arrivons avec une proposition,
19:29évidemment, elle peut être amendée.
19:31Un socialiste ne va pas voter in extenso
19:33une proposition venue de droite.
19:35Ensuite, on peut travailler.
19:37Partons des projets.
19:39L'ordre que nous ont donné les Français,
19:41c'est de travailler ensemble.
19:43Ça ne veut pas dire se coaliser,
19:45ça ne veut pas dire tous se mélanger.
19:47Objectivement, comment pouvez-vous penser
19:49qu'un député de droite républicaine
19:51pourrait demain soutenir un gouvernement
19:53où il y aurait, par exemple,
19:55M. Bernalicis à Beauvau,
19:57qui propose exactement l'inverse
19:59On va aller sur les programmes,
20:01mais avant cela, j'aimerais vous faire entendre
20:03les Français. Qu'est-ce qu'ils en pensent
20:05de cette grande coalition ?
20:07Est-ce qu'elle correspond à leurs attentes ?
20:09Qu'ont-ils voulu dire par leur vote de barrage ?
20:11Stéphanie Despierre a regardé de très près
20:13les enquêtes d'opinion.
20:19Politiques et observateurs
20:21ne voient pas très clair,
20:23dans le paysage issu des législatives,
20:25les Français non plus.
20:27C'est un peu l'attentatif, à mon avis,
20:29de l'état de la France. Je m'inquiète un peu
20:31pour l'avenir. Je me pose la question
20:33est-ce que ce pays est encore gouvernable ?
20:357 Français sur 10 estiment que le pays
20:37est ingouvernable, selon un sondage
20:39élabre réalisé pour BFMTV.
20:41Et quand on demande aux électeurs
20:43quel type de gouvernement ils souhaitent,
20:45leurs réponses sont, sans surprise,
20:47à l'image de leur vote de dimanche.
20:4930% sont favorables
20:51à un gouvernement
20:53nouveau Front Populaire.
20:55Mais ils sont plus nombreux,
20:5739%, à préférer une coalition
20:59plus large, entre le camp
21:01présidentiel, les Républicains,
21:03la gauche, mais sans les insoumis.
21:05Le problème qu'il y a en France,
21:07c'est qu'on travaille pas ensemble.
21:09Alors qu'on le disait mort,
21:11le Front Républicain a fonctionné au second tour.
21:13Pour le malheur des uns,
21:15la campagne qui a été faite pendant
21:17une semaine, contre un parti,
21:19je suis pas d'accord.
21:21et le soulagement des autres.
21:23C'est un vote pour contrer,
21:25le Rassemblement National,
21:27mais c'est pas un vote de cœur,
21:29on avait le choix entre la paix et le choléra.
21:31Les électeurs de gauche au premier tour
21:33ont massivement fait barrage.
21:3572% d'entre eux ont voté
21:37pour un candidat macroniste
21:39quand il y avait un duel, ensemble,
21:41RN. Dans le cas d'un duel
21:43nouveau Front Populaire, RN,
21:45la plupart des électeurs,
21:47d'où qu'ils viennent, ont voté
21:49contre l'extrême droite.
21:51Il y avait des électeurs de gauche,
21:53qui souhaitent une majorité de gauche,
21:55mais il y avait aussi beaucoup d'électeurs,
21:57ensemble, voire des électeurs
21:59les républicains au premier tour,
22:01qui, eux, ont voté pour le nouveau Front Populaire,
22:03avant tout pour faire barrage au RN.
22:05Et c'est évidemment exactement la même chose
22:07quand on regarde qui a voté pour les candidats
22:09ensemble au second tour.
22:11Ce comportement va-t-il inspirer les partis politiques
22:13et les pousser à se mettre d'accord ?
22:15Réponse dans quelques jours
22:17ou quelques mois.
22:19La réaction sur ces sondages d'opinion,
22:21c'est intéressant, quand même, cette grande coalition
22:23avec les macronistes, avec la droite,
22:25avec la gauche sans les insoumis.
22:27C'est le scénario le plus attendu,
22:29je dirais le moins rejeté.
22:31On est à 39%, mais les autres sont encore moins.
22:33Qu'est-ce que ça vous inspire ?
22:35Est-ce que vous en tenez compte, malgré tout ?
22:37Déjà, d'une part,
22:39il faut dire qu'il y a quand même 30% de l'électorat
22:41qui est pour un gouvernement du nouveau Front Populaire
22:43et ça correspond à ce qu'on a eu au premier tour.
22:45Ça veut dire quoi ? Que les électeurs de gauche,
22:47c'est pour nous, veulent un gouvernement de gauche
22:49et que les électeurs de droite, reconnaissant l'impossibilité
22:51d'un gouvernement alternatif, c'est-à-dire de droite
22:53ou macroniste, se disent...
22:55Mais on ne peut pas gouverner avec un tiers de l'hémicycle.
22:57Donc les Français réclament une coalition.
22:59Moi, je dis quelque chose aux Français de très simple.
23:01Il y a, d'un côté, le gouvernement du pays.
23:03Et pendant deux ans, on a eu un gouvernement qui s'appuyait
23:05sur une majorité relative, qui disait, on a le gouvernement
23:07qui est arrivé en tête, même s'il n'est pas premier
23:09ou absolu à l'Assemblée Nationale,
23:11et derrière, on va construire
23:13des majorités de projets. On ne dit rien d'autre.
23:15On a aujourd'hui un bloc qui est arrivé en tête.
23:17Il prend le gouvernement et derrière,
23:19il construit, mais pour le coup, pour de vrai,
23:21contrairement à ce qui a été fait depuis deux ans,
23:23c'est-à-dire qu'on ne fera pas ça contre l'avis du Parlement.
23:25On ne fera pas de 49-3.
23:27D'ailleurs, le NFP veut supprimer le 49-3.
23:29Donc c'est intéressant. Si vous perdez, vous perdez.
23:31Si la réforme des retraites n'est pas abrogée,
23:33vous ne l'abrogez pas.
23:35C'est très intéressant. On y va sur le fond.
23:37On va commencer par le pouvoir d'achat.
23:39C'est la priorité absolue
23:41des Français.
23:43On part du programme du Nouveau Front Populaire.
23:45C'est la première force.
23:47Donc on part de leur programme.
23:49Et on a un SMIC qui passerait
23:51de 1 400 à 1 600 euros.
23:53200 euros net.
23:55C'est beaucoup.
23:57Est-ce que, déjà, sur le principe,
23:59vous pourriez être
24:01ouverte à l'augmentation du SMIC,
24:03peu importe de combien,
24:05mais déjà sur l'augmentation ?
24:07Sur le fait que le travail paye davantage dans ce pays,
24:09je pense que c'est très difficile d'être contre.
24:11Moi, je suis évidemment pour
24:13que les gens qui travaillent gagnent mieux leur vie.
24:15Là, vous ne me répondez pas.
24:17Je vous pose la question sur le SMIC.
24:19Comment est-ce qu'on fait en sorte
24:21qu'un programme économique,
24:23parce qu'on va avoir quand même le nerf de la guerre
24:25qui est le projet de loi de finances en septembre,
24:27se mette en place dans son intégralité ?
24:29Moi, je suis évidemment pour que les gens gagnent davantage.
24:31Et je suis pour qu'ils gagnent davantage,
24:33non pas seulement au SMIC, mais généralement,
24:35que le travail rapporte plus en France.
24:37Désmicardiser la France.
24:39Je pense que c'est fondamental.
24:41Mais vous ne me répondez pas sur le SMIC.
24:43Le salaire minimum, aujourd'hui, il est autour de 1 400.
24:45Est-ce que vous êtes prête, dans une volonté
24:47de trouver des compromis ?
24:49L'enjeu est très important à vous dire.
24:51Eh bien, écoutez, oui, pourquoi pas ?
24:53Peut-être pas autant, mais oui,
24:55on ouvre la porte. Répondez-moi.
24:57Alors moi, oui, bien sûr, mais tout dépend
24:59de ce qu'on a à côté, de combien ça coûte
25:01et de combien on maîtrise aussi les dépenses publiques.
25:03Mais évidemment, ça peut être une priorité.
25:05On fait des économies ailleurs.
25:07En revanche, c'est de se retrouver dans un système
25:09dans lequel il n'y a pas de limite à la dépense publique
25:11parce que je pense que, finalement, ça,
25:13ça nous coûterait extrêmement cher.
25:15C'est dans ce sens-là.
25:17En l'occurrence, là, les salaires, le SMIC,
25:19ce sont les entreprises qui paieraient.
25:21Et vous avez très bien entendu tous les patrons
25:23et particulièrement les PME qui vous disent
25:25attention, ce serait extrêmement difficile,
25:27voire même les faillites en cascade
25:29parce qu'on ne pourrait pas
25:31se permettre une telle augmentation
25:33de nos salariés.
25:35Le SMIC a largement augmenté dans la période qui vient
25:37et il n'y a pas eu de défaillance
25:39en cascade, donc on a toujours des cris d'orfraie
25:41avant d'augmenter le SMIC.
25:43200 euros net d'un coup, c'est beaucoup.
25:45Ça fait partie aussi du jeu du dialogue social
25:47avec le patronat, c'est assez habituel.
25:49Mais surtout, vous avez vu qu'on a
25:51entendu les difficultés
25:53que pourraient avoir les TPE-PME
25:55parce que la plupart des entreprises
25:57pourraient absorber cette augmentation.
25:59Mais on a entendu, bien sûr, que certaines TPE-PME
26:01ne pourraient pas...
26:03A 6 millions de TPE-PME dans notre pays,
26:05ça fait quand même beaucoup de prix.
26:07Et donc nous avons prévu des mesures
26:09d'accompagnement.
26:11Il y avait plusieurs mesures.
26:13D'abord, la possibilité de faire
26:15des prêts à taux zéro et de reprendre
26:17même les charges financières des prêts
26:19antérieurs des entreprises parce que
26:21financer une TPE-PME
26:23c'est difficile et souvent
26:25ils ont besoin d'être accompagnés.
26:27Et surtout, des mesures d'accompagnement et de soutien
26:29financier ciblées, temporaires
26:31mais ciblées sur les TPE-PME
26:33qui en ont besoin, nous l'avons dit dès le départ.
26:35Yann Boucard, alors, on a bien vu
26:37que la droite ne propose pas du tout
26:39d'augmenter le SMIC
26:41elle préfère baisser les charges
26:43sociales qui pèsent
26:45sur le travail. Il y a déjà beaucoup d'efforts
26:47qui ont été faits par le gouvernement.
26:49Le SMIC,
26:51même légèrement augmenté,
26:53c'est non trois fois non pour vous, à droite ?
26:55On peut se mettre d'accord sur le fait que
26:57les Français qui travaillent doivent mieux vivre.
26:59On peut se mettre d'accord sur le fait de dire
27:01que c'est pas possible dans la puissance mondiale qu'est la France
27:03qu'on ait des salariés à 35 heures
27:05qui doivent faire la queue au reste du cœur pour pouvoir nourrir leurs enfants.
27:07Donc on peut se retrouver sur le principe de base
27:09de dire que les travailleurs doivent gagner plus.
27:11Après, moi ce que j'ai pas compris dans le programme du Nouveau Front Populaire
27:13c'est comment on fait,
27:15qui paye, et je me permets d'interrompre
27:17Madame Sasse, mais dans ma région
27:19la Bourgogne-Franche-Comté, les défaillances d'entreprise
27:21ont augmenté de 25% depuis deux ans.
27:23Donc c'est pas vrai de dire que les entreprises vont très bien.
27:25On a aujourd'hui une vraie difficulté, si vous augmentez comme ça
27:27l'économie cosmique à 1600 euros, ça ne va pas fonctionner.
27:29Parce que c'est facile de faire des mesures
27:31où c'est les autres qui payent.
27:33Et c'est pour ça que l'on propose une baisse assez massive
27:35d'ailleurs des cotisations sur les salaires
27:37pour que pour le même coût pour les entreprises
27:39les salariés puissent mieux gagner.
27:41Alors réponse, qui veut répondre
27:43à Yann Boucard, Arthur Delaporte ?
27:45Je me lance parce que c'est vrai que ces critiques,
27:47on les a entendues pendant toute la campagne,
27:49mais comme M. Boucard, j'ai moi-même été confronté pendant toute la campagne
27:51à ces salariés pauvres et aussi à ces retraités pauvres
27:53qui nous disaient qu'ils n'arrivaient plus
27:55à boucler leurs fins de mois.
27:57Mais du coup, qu'est-ce qu'on fait quand on n'arrive plus à boucler ses fins de mois ?
27:59On ne part plus en vacances, on n'achète plus son pain
28:01à la boulangerie, on ne va plus
28:03chez le coiffeur. Et donc derrière, qu'est-ce qui se passe ?
28:05Ben oui, c'est qu'il y a des défaillances en cascade
28:07parce que c'est le petit artisan qui ne va pas intervenir,
28:09on va différer ses dépenses
28:11par exemple pour rénover son logement, etc.
28:13Et donc, c'est les petits artisans qui vont payer
28:15la crise du pouvoir d'achat.
28:17Et donc, revaloriser les salaires, qu'est-ce que c'est ?
28:19C'est simplement relancer l'économie.
28:21Donc, c'est une grande politique de la demande
28:25qui recrée un cercle vertueux
28:27par la consommation,
28:29qui relance la consommation, qui relance aussi
28:31les recettes des entreprises.
28:33J'ai vu des boulangers qui étaient en galère absolument.
28:35Evidemment que ces boulangers, on va les accompagner
28:37pour qu'ils puissent revaloriser leurs salaires.
28:39On va leur faire des crédits d'impôt, on va leur faire des mécanismes
28:41que décrivait Evassas, mais on va surtout faire en sorte
28:43que les gens puissent aller acheter du pain.
28:45Et c'est ça, la base de notre programme.
28:47Pour financer aussi, il faut qu'on avance.
28:49Il y a trois sujets qu'on voudrait aborder.
28:51La fiscalité et ensuite la sécurité.
28:53Il faut qu'on aille vite.
28:55On aura plein d'autres débats, mais j'aimerais quand même
28:57que les téléspectateurs puissent se faire une idée.
28:59Il faut trouver de l'argent, on le sait,
29:01pour avoir une meilleure école,
29:03un meilleur hôpital,
29:05et les caisses sont vides et la dette explose.
29:07Alors, quand on regarde le nouveau Front populaire, son programme,
29:09on voit de nouvelles tranches d'imposition,
29:11plus progressive,
29:13très clairement avec plus de taxation sur les très hauts revenus,
29:15et le retour de l'ISF.
29:17Ce débat-là,
29:19sur faire payer les très riches,
29:21il existe au sein même de votre famille politique.
29:23Est-ce que vous y êtes prête ?
29:25Est-ce que vous pouvez ouvrir la porte,
29:27même si ce n'est pas jusqu'à exactement
29:29la virgule du programme NFP ?
29:31Je pense qu'il faut regarder les choses comme elles sont
29:33et se dire qu'on est quand même le pays qui a
29:35la plus grande pression fiscale européenne,
29:37un des pays avec la plus grande pression fiscale au monde.
29:39Mais en réalité,
29:41évidemment qu'il faut plus de justice fiscale
29:43et plus de redistribution.
29:45Chez nous, le débat existe sur les super-profits,
29:47sur les transactions financières.
29:49Il n'y a pas de ligne rouge.
29:51Le président de la République a dit « je n'augmenterai pas les impôts ».
29:53Ce n'est pas une ligne rouge pour vous ?
29:55Retour au pouvoir du Parlement ?
29:57Retour du pouvoir au Parlement, mais encore une fois,
29:59il faut regarder les choses dans leur globalité,
30:01et il faut garder un équilibre.
30:03Là, on est en train de faire un exercice qui est très artificiel,
30:05que malheureusement, on ne fait pas.
30:07Il est intéressant malgré tout.
30:09Mais qui, finalement, ne prend pas tout le reste.
30:11On a beaucoup parlé,
30:13pour revenir au sujet précédent,
30:15de faire des crédits d'impôts.
30:17Je pense que les Français nous demandent plus de clarté,
30:19plus de lisibilité,
30:21et plus de simplification administrative.
30:23Donc je pense qu'il ne faut pas créer,
30:25dans tout ce qu'on va faire, défaire,
30:27potentiellement détricoter,
30:29créer de la complexité, créer finalement aussi des coûts.
30:31Je pense qu'il faut regarder dans son ensemble.
30:33Mais oui, encore une fois, il n'y a pas de ligne rouge absolue,
30:35sauf des choses qui sont vraiment sur le plan des valeurs,
30:37comme au Rassemblement national.
30:39Mais sur le reste, il faut débattre.
30:41Tout en gardant en tête qu'on est le pays
30:43qui a quand même la plus grande pression fiscale,
30:45et qu'il faut faire attention à ne pas se retrouver
30:47dans une situation d'injustice fiscale.
30:49Evassas, oui à ouvrir la question fiscale,
30:51mais non à la révolution fiscale que vous proposez.
30:53C'est ça que j'entends.
30:55J'en suis à 90 %.
30:5790 % d'impôts pour les pays
30:59plus non revenus.
31:01C'est faux.
31:03Il n'y avait pas de barèlement par les...
31:05Sur les très très très riches.
31:0714 tranches d'imposition.
31:09Certains de vos collègues l'ont dit.
31:11Beaucoup d'économistes ont parlé
31:13de mesures fiscales confiscatoires.
31:15D'abord, ce que j'observe,
31:17c'est qu'il y a eu un désarmement fiscal
31:19par Emmanuel Macron depuis 2017,
31:21et qu'on s'est privé
31:23de 52 milliards d'euros de recettes fiscales.
31:25Donc oui, il va falloir retrouver
31:27des marges de manœuvre, parce qu'on est en situation
31:29de déficit, et qu'on a besoin de financer
31:31nos services publics.
31:33La deuxième chose, c'est que j'observe
31:35que dans les débats au Parlement,
31:37il y avait à chaque fois un 49.3 sur le projet de loi de finances,
31:39il y avait des bonnes propositions,
31:41y compris effectivement émanant de votre camp.
31:43Du modem, par exemple.
31:45Du modem, par exemple, tout à fait,
31:47sur la fiscalité, sur les dividendes.
31:49Donc oui, je pense qu'en fait, on peut tracer un chemin
31:51avec une augmentation
31:53de la fiscalité sur les revenus du capital,
31:55et je pense que sur l'ISF,
31:57il faut absolument que vous reveniez
31:59quand même sur ce sujet.
32:01Aujourd'hui, ce n'est plus supportable
32:03pour les gens qui sont dans la galère
32:05de voir que les plus riches ne payent pas d'impôts.
32:07Il va falloir avancer collectivement sur ce sujet.
32:09L'exercice est stimulant, parce qu'on voit
32:11qu'il y a des passerelles. Il reste un très gros sujet,
32:13c'est le régalien, le retour de l'autorité.
32:15Plus de 10 millions d'électeurs ont voté
32:17Marine Le Pen, notamment sur la question
32:19de la sécurité. Yann Boucard,
32:21je ne vous interroge pas sur les impôts, la droite ne veut pas
32:23les augmenter, mais sur la police de proximité
32:25que propose le nouveau
32:27Front populaire. Est-ce que ça
32:29résoudrait les problèmes ? Après tout,
32:31François Hollande l'avait faite,
32:33elle a été supprimée,
32:35elle a été remise au goût du jour.
32:37Est-ce qu'on aurait moins
32:39d'incivilité, moins d'agression
32:41dans les transports, moins de délinquance
32:43des jeunes avec la police de proximité ?
32:45D'abord, vous avez fait un très bon
32:47résumé sur la fiscalité. Les hausses
32:49d'impôts seront forcément pour nous une ligne rouge
32:51et un motif de motion de censure. Bravo pour votre résumé,
32:53je n'ai pas besoin de prolonger là-dessus.
32:55Sur la question de la sécurité, évidemment,
32:57il faut remettre en place des peines planchers pour tous ceux
32:59qui commettent des agressions physiques.
33:01C'est ce qu'il faut tolérer.
33:03Et ça ne fait pas seulement monter l'extrême droite,
33:05c'est pas ça la seule préoccupation.
33:07La préoccupation, c'est qu'on a une grande partie
33:09de nos compatriotes qui ne se sentent plus en sécurité
33:11dans leur pays. Donc, on doit arriver à des peines
33:13planchers automatiques, à des peines de prison
33:15automatiques pour celles et ceux qui commettent
33:17des agressions. Et ça va aussi, du coup,
33:19avec la construction, par exemple,
33:21de places de prison supplémentaires.
33:23Là-dessus, la majorité présidente a été extrêmement défaillante.
33:25Elle en avait promis 15 000 pour 2022.
33:27Elle finit, après sept ans, un peu plus
33:29de 2 000, ce qui est nettement insuffisant.
33:31Sur la question de la police de proximité,
33:33de mémoire, ce n'est pas François Hollande qui l'a créée,
33:35c'était Jean-Pierre Chevènement, qui était, comme moi,
33:37de Belfort, sous le gouvernement du Net-Jobs,
33:39qui les avait créés exactement.
33:43Il me semble que ce n'est pas l'urgence.
33:45On pourra en discuter. Moi, ce n'est pas une ligne rouge pour moi,
33:47en tout cas, très clairement. On pourra en discuter. Pourquoi pas ?
33:49Mais il me semble que ce n'est pas l'urgence. D'abord, c'est le réarmement pénal
33:51de notre pays et des sanctions à la hauteur.
33:53Parce qu'on a aujourd'hui des policiers, des gendarmes
33:55qui font leur travail, mais on a des sanctions
33:57qui ne suivent pas. Et ça, c'est ce que nous disent
33:59tous les Français en campagne.
34:01Merci beaucoup pour la concision. Je vous donne le mot de la fin.
34:03C'est très important, la sécurité pour les Français.
34:05On voyait le programme des Républicains,
34:07le retour des peines planchers
34:09avec des barèmes minimales
34:11pour créer une forme de dissuasion judiciaire.
34:13Est-ce que vous,
34:15vous pouvez l'entendre ? Parce qu'il faudra faire aussi
34:17des compromis à tous ces électeurs
34:19qui attendent des mesures fortes sur la sécurité.
34:21Je pense qu'en effet, la question de la sécurité,
34:23c'est une préoccupation des Français.
34:25Mais y répondre par le mensonge, c'est évidemment
34:27ne pas y répondre et propager l'extrême droite.
34:29Parce que quand on dit qu'on va mettre des peines planchers,
34:31toutes les études montrent que les peines planchers
34:33n'empêchent pas l'insécurité. Ce qui permet de lutter
34:35contre l'insécurité, c'est justement des moyens
34:37de police, des moyens humains, des moyens pour la justice
34:39et donc que les dossiers soient traités.
34:41Vous pourrez avoir toutes les peines les plus dissuasives
34:43si vous n'avez pas de juge, de greffier, d'avocat,
34:45si vous n'avez pas de prévention.
34:47Plus de moyens, il va falloir financer tout ça.
34:49Je voudrais vous faire réagir pour terminer
34:51sur toute dernière information.
34:53L'ERN nous fait parvenir cette information.
34:55Il ne censurerait pas
34:57un gouvernement
34:59Nouveau Front Populaire
35:01même avec les insoumis.
35:03Pas de censure de principe,
35:05contrairement à ce que disent certains de vos collègues
35:07dans le camp présidentiel. Comment vous réagissez ?
35:09Le sujet, ce n'est pas de savoir
35:11si on va être censuré, c'est déjà de savoir
35:13si on va être nommé au gouvernement.
35:15Aujourd'hui, je crois que la préoccupation des Français,
35:17c'est d'avoir un gouvernement stable et durable pour la France.
35:19C'est ce que nous proposons avec le Nouveau Front Populaire,
35:21avec un projet ambitieux et une capacité, je pense,
35:23à chercher des majorités.
35:25Je vous remercie beaucoup.
35:27C'était un exercice intéressant.
35:29On va continuer à regarder s'il y a des compromis possibles.
35:31On attend le nom du Premier ministre
35:33et cette information que je viens de donner,
35:35elle vient de nos confrères du Figaro.
35:37Merci à vous. On va à présent accueillir
35:39Sophie Binet, la secrétaire générale
35:41de la CGT. La lettre du président
35:43aux Français l'a mise
35:45assez en colère, au point d'appeler
35:47les travailleurs à défiler dans la rue
35:49le 18 juillet pour obliger
35:51Emmanuel Macron à nommer au plus vite
35:53un Premier ministre de gauche.
35:55Une méthode forte, donc.
35:57Les détails dans l'invitation de Katia Gilder.
35:59Entretien juste après.
36:03Si on vous invite, Sophie Binet,
36:05c'est parce que vous êtes en colère contre Emmanuel Macron,
36:07le président de la République
36:09qui est sorti de son silence hier,
36:11trois jours après le second tour des législatives.
36:13Je demande à l'ensemble des forces politiques
36:15se reconnaissant dans les institutions
36:17républicaines, d'engager un dialogue
36:19sincère et loyal pour bâtir
36:21une majorité solide.
36:23Cette lettre aux Français ne vous plaît pas.
36:25Vous appelez le chef de l'État à sortir du déni,
36:27vous lui demandez de respecter
36:29le choix des urnes.
36:31Il faut redonner le pouvoir au Parlement,
36:33le pouvoir à la démocratie sociale et arrêter
36:35de tout faire depuis son château.
36:37On a l'impression d'avoir Louis XVI qui s'enferme
36:39à Versailles. Il faut écouter
36:41le pays et arrêter d'être aussi déconnecté
36:43du pays. C'est pas possible ça.
36:45Sophie Binet, vous êtes à la tête de la CGT depuis
36:47plus d'un an. Vous avez été élue pendant
36:49la bataille des retraites. Et depuis
36:51ce 31 mars 2023,
36:53vous maintenez la pression sur Emmanuel Macron.
36:59Vous demandez l'abrogation de la réforme que le
37:01gouvernement a fait passer en force à l'Assemblée
37:03Nationale sous les huées des oppositions.
37:05L'assurance chômage est-elle aussi
37:07au cœur de vos combats ?
37:09La durée maximale d'indemnisation devait passer
37:11de 18 à 15 mois pour les moins
37:13de 57 ans au 1er juillet.
37:15Mais le durcissement n'aura pas lieu.
37:17Vous y voyez une victoire. Mais pas si vite.
37:19Vous continuez la lutte pour les services
37:21publics. Vous réclamez un SMIC à
37:231600 euros et des renégociations
37:25dans toutes les branches pour relever les salaires.
37:27Et vous prévenez, si le
37:29président ne vous écoute pas, il vous
37:31trouvera sur le chemin. Une grève est annoncée
37:33le 17 juillet dans les aéroports de Paris.
37:35Et la CGT cheminot appelle
37:37déjà à des rassemblements le 18 juillet
37:39devant l'Assemblée pour exiger
37:41la nomination d'un gouvernement issu
37:43du nouveau Front populaire. Bref,
37:45la tension monte à l'approche des
37:47JO. Alors Sophie Binet, on vous pose
37:49la question cash. Jusqu'où êtes-vous
37:51prête à aller ?
37:53Bonsoir Sophie Binet. Et merci
37:55d'avoir accepté notre invitation. On le voit,
37:57vous n'avez pas digéré cette lettre du
37:59président de la République aux Français. Un déni
38:01de démocratie à vos yeux. Donc jusqu'où
38:03la CGT est prête à mettre la pression
38:05sur Emmanuel Macron pour qu'il s'en
38:07rende compte ? Écoutez, on est très
38:09inquiets par la situation du pays.
38:11Emmanuel Macron jette le pays
38:13dans le chaos. C'est lui qui a décidé d'organiser
38:15ses élections législatives dans des conditions
38:17ubuesques. Et aujourd'hui, alors qu'il y a
38:19eu une participation record, il donne l'impression
38:21de ne pas vouloir reconnaître le résultat.
38:23Et donc ça, c'est très inquiétant et dangereux.
38:25On a réussi à
38:27empêcher que l'extrême droite rentre
38:29à Matignon. Ça a été possible grâce
38:31à la mobilisation citoyenne. Eh bien, il faut
38:33que la mobilisation citoyenne et l'intelligence
38:35collective continuent à l'image
38:37de ce qui s'est passé sur votre plateau tout à l'heure.
38:39Il y a les JO qui commencent dans deux semaines,
38:41le 26 juillet. Est-ce que vous êtes prêts ?
38:43C'est pas l'habitude de la CGT de faire
38:45des grèves politiques, mais à mettre
38:47la pression et à demander
38:49à la CGT Transport, à la CGT
38:51Énergie de perturber
38:53les Jeux Olympiques s'il le faut.
38:55Mais les grèves politiques, ça n'est pas prévu par le Code
38:57du Travail. Les grèves se font à partir
38:59des revendications sociales des
39:01travailleuses et des travailleurs. Et donc aujourd'hui,
39:03par exemple, il y a une grève à l'aéroport de Paris
39:05la semaine prochaine, qui est liée
39:07à leurs revendications salariales
39:09et le patronat doit répondre à leurs
39:11revendications salariales. Ce qui est
39:13sûr, c'est que la décision d'Emmanuel
39:15Macron, son courrier, rajoute
39:17du chaos, jette de l'huile sur
39:19le feu, et donc ça, évidemment, ça rajoute
39:21de la colère sociale, parce que
39:23ce qui se joue, c'est pas... Moi, j'en ai rien à faire
39:25de savoir qui va être Premier ministre. Par contre,
39:27ce qui est important pour les salariés du pays,
39:29c'est de savoir quelles sont les politiques
39:31qui vont être menées. Vous vous demandez clairement
39:33que le résultat des urnes
39:35soit respecté, ça vous le dites. Bien sûr.
39:37Il faut un nouveau Front populaire anglophone. Parce que l'enjeu,
39:39l'enjeu, c'est le respect
39:41de l'essentiel de ce programme,
39:43à commencer par l'abrogation de la
39:45réforme des retraites. Alors on va y venir. C'est ça qui est nécessaire.
39:47Vous parliez du 18 juillet,
39:49donc avant les JO, d'ailleurs c'est la date
39:51de l'élection ici à l'Assemblée pour le
39:53perchoir, c'est celle qu'a choisie
39:55la CGT Cheminot pour se mobiliser,
39:57et vous, comme secrétaire générale
39:59de la CGT, vous avez dit ce matin
40:01que vous appelez les travailleurs à se rassembler
40:03à la fois devant les préfectures
40:05mais aussi devant le palais Bourbon,
40:07et je vous cite, pour
40:09mettre l'Assemblée sous surveillance.
40:11Qu'est-ce que ça veut dire, cette formule-là ?
40:13Mettre l'Assemblée sous surveillance,
40:15vous allez quoi ? Vous allez forcer les portes ?
40:17Pas du tout, parce que
40:19ce dont il y a besoin dans le pays,
40:21c'est d'apaisement pour
40:23entendre le résultat des urnes.
40:25Ça apaise, ce genre de formule ? Eh bien, pour cela,
40:27il faut qu'Emmanuel Macron
40:29envoie un message en montrant
40:31qu'il a entendu le
40:33résultat des élections, qu'il a entendu
40:35qu'une majorité du pays ne voulait pas de l'extrême droite
40:37mais qu'une majorité du pays voulait aussi du
40:39changement, et qu'il n'y ait pas question
40:41de continuer sa politique économique
40:43et sociale désastreuse pour les
40:45travailleuses et les travailleurs. Et donc, ce qui est demandé
40:47aujourd'hui, c'est d'avoir un gouvernement
40:49qui s'engage à abroger
40:51la réforme des retraites, à augmenter
40:53les salaires, à mettre de l'argent
40:55massivement dans nos services publics,
40:57en commençant par la santé. Voilà
40:59les questions que posent les travailleuses
41:01et les travailleurs. Et donc, s'ils ont le sentiment
41:03qu'ils sont venus voter
41:05deux fois, deux dimanches de suite,
41:07très nombreux, pour qu'on leur vole ce vote
41:09au final et qu'on continue comme avant,
41:11c'est sûr que ça ne va pas passer. Il y a une demande
41:13de changement sociale. Voler le vote ?
41:15C'est ce qui s'est en train de se passer ? Le président
41:17est en train de voler l'élection ? Eh bien, le problème,
41:19c'est que dans son courrier, il refuse
41:21de reconnaître sa défaite. Il y a une chose
41:23qui est indéniable. Il dit que personne ne l'a emporté.
41:25C'est pas vrai. Il y a une force qui est arrivée en tête.
41:27Et l'autre force qui l'a emportée,
41:29c'est la démocratie et la République.
41:31Et ça, il aurait pu le noter aussi, parce que
41:33il ne se félicite même pas que l'extrême-droite
41:35ait été battue. Et ça, c'est grâce
41:37à la mobilisation citoyenne que ça a été
41:39possible, parce qu'il s'est passé des choses incroyables
41:41pendant trois semaines. Et c'est pour ça
41:43que la mobilisation citoyenne doit continuer.
41:45Justement, il va falloir tenir compte
41:47aussi de tous ces reports de voix.
41:49Vous le considérez ?
41:51Il y a beaucoup de gens de droite,
41:53il y a des gens du centre qui ont voté
41:55barrage républicain et pas forcément par adhésion
41:57au programme de gauche. Parce que quand on écoute
41:59Jean-Luc Mélenchon, c'est le programme
42:01du Nouveau Front Populaire, rien que le programme,
42:03tout le programme.
42:05Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, alors
42:07qu'aucun bloc ne peut gouverner seul ?
42:09Écoutez, ce programme, la CGT ne l'a pas écrit.
42:11Nous, ce que l'on souhaite,
42:13c'est ce qu'on a rappelé dans la déclaration
42:15de l'intersyndical aujourd'hui,
42:17c'est que les exigences sociales
42:19soient entendues.
42:21J'ai cité ces trois points sur retraite,
42:23salaire, service public.
42:25Il y a aussi besoin de plus de démocratie au travail,
42:27il y a besoin d'avoir de vraies mesures
42:29pour l'égalité entre les femmes et les hommes,
42:31chose que n'a pas faite du tout le précédent gouvernement.
42:33Vous reconnaissez qu'à partir de ces priorités sociales
42:35très fortes, il va falloir bâtir des compromis ?
42:37La CGT n'est pas contre le compromis ?
42:39Non, mais ce qu'il faut, c'est une rupture
42:41avec Emmanuel Macron sur deux points.
42:43Le premier point, c'est la politique économique et sociale,
42:45sur les aspects que j'ai donnés.
42:47Le deuxième point, c'est sur la méthode.
42:49Ce qui pose problème dans la méthode d'Emmanuel Macron
42:51et encore dans son courrier, c'est son autoritarisme.
42:53Et donc, il y a besoin d'avoir
42:55une démocratie parlementaire revivifiée
42:57et une démocratie sociale aussi
42:59revivifiée avec un rôle pour les organisations syndicales
43:01qui doivent être entendues.
43:03C'est ça qu'il faut pouvoir construire.
43:05Donc la démocratie sociale et la société civile
43:07doivent participer dans ce moment.
43:09C'est très important.
43:11Ce qui est très intéressant dans ce qui s'est passé
43:13dans ces trois semaines, c'est qu'il y a eu
43:15un changement. Tout le monde s'est mis à se préoccuper
43:17de politique, à en parler, à venir voter, etc.
43:19Ça, ça doit rester, parce qu'en fait,
43:21la politique, c'est notre affaire à toutes et tous
43:23et c'est justement
43:25en s'en réoccupant
43:27qu'on permet d'éviter le pire,
43:29à savoir que l'extrême droite prenne le pouvoir.
43:31Vous avez parlé des priorités de la CGT.
43:33Elles sont communes avec celles de la CFDT.
43:35Vous parliez d'une intersyndicale.
43:37Ca veut dire que le 18, c'est l'ensemble
43:39des syndicats de salariés et de travailleurs
43:41qui seront dans la rue ?
43:43Il y a eu un changement aujourd'hui pour rappeler
43:45ces exigences sociales,
43:47avec les points que j'ai listés.
43:49Retraite, services publics,
43:51salaires,
43:53l'égalité femmes-hommes,
43:55et la question de la démocratie au travail,
43:57avec la révision des ordonnances travail
43:59faites par Emmanuel Macron, qui sont catastrophiques.
44:01Et puis, une exigence de répartition
44:03des richesses différentes, parce que
44:05pendant le septennat d'Emmanuel Macron,
44:07ça a été toujours les mêmes qui sont passés à la caisse,
44:09à savoir nous, les salariés,
44:11ça a été toujours plus d'argent dans les poches
44:13des poulets et des entreprises.
44:15Quand vous écoutez Marie-Lise Léon,
44:17de la CFDT, elle concède que
44:19sans majorité absolue,
44:21il faudra faire des compromis.
44:23Elle dit, partons du programme du Nouveau Front Populaire
44:25pour peut-être l'amender.
44:27Est-ce que vous êtes d'accord avec la démarche ?
44:29En fait, elle a tout à fait raison
44:31sur le fait qu'il faut
44:33le travailler avec
44:35le Parlement et les acteurs sociaux.
44:37C'est la logique pour diriger le pays.
44:39Il y a un programme sur lequel
44:41on se fait élire et ensuite, après,
44:43on le travaille avec et on va chercher
44:45des majorités à l'Assemblée nationale,
44:47au Parlement, et on va chercher des majorités
44:49sociales avec notamment
44:51les organisations syndicales.
44:53Sur l'assurance-chômage, j'imagine que vous êtes
44:55soulagé de la suspension de la réforme.
44:57Les règles actuelles seront
44:59en vigueur jusqu'au 30 septembre.
45:01C'est ce que dit le décret du gouvernement.
45:03Ca veut dire qu'après,
45:05c'est vous, les syndicats, qui reprenez la main
45:07sur cette réforme ou vous n'avez pas de garantie ?
45:09C'est pour ça qu'on a besoin d'avoir un gouvernement.
45:11Il y a quand même un paquet de sujets
45:13urgents. J'ai plein de sujets industriels.
45:15Par exemple, à Centrale de Gardanne,
45:17on a besoin d'avoir des réponses d'urgence.
45:19Aujourd'hui, le décret est bloqué au ministère de l'Economie.
45:21On a besoin de réponses
45:23d'urgence aussi sur l'assurance-chômage.
45:25L'assurance-chômage, évidemment, c'est les syndicats
45:27et le patronat qui doivent pouvoir reprendre la main.
45:29Mais ce que prévoit la loi, c'est que
45:31la négociation se fait à partir d'une lettre de cadrage.
45:33Pour nous, la lettre de cadrage
45:35du gouvernement de l'automne dernier,
45:37elle est caduque. Ce n'est pas possible qu'on reparte
45:39de cette lettre de cadrage. La donne politique
45:41déjà a changé. Et cette lettre
45:43de cadrage a été problématique parce qu'elle nous imposait
45:45de faire des économies pas nécessaires
45:47pour voler l'argent
45:49qui est dans les caisses de l'assurance-chômage.
45:51Donc, il faut une autre lettre
45:53de cadrage. Pour ça, il faut
45:55un autre gouvernement. Exactement.
45:57Il y a une autre lettre de cadrage.
45:59Avec une lettre de cadrage qui nous donne suffisamment
46:01de souplesse pour pouvoir négocier.
46:03Une lettre de cadrage, c'est ma dernière question.
46:05Je voudrais vous faire réagir. Bruno Le Maire,
46:07le ministre des Finances, toujours un exercice,
46:09a fait des annonces importantes
46:11sur les économies budgétaires pour parvenir
46:13aux 5,1 % de déficit public
46:15en 2024. Il a notifié
46:175 milliards d'euros d'économies
46:19à tous les ministères. Lettre envoyée
46:21aujourd'hui. Il dit qu'il faut
46:23préparer un budget dans les temps.
46:25Est-ce qu'il est dans son rôle ?
46:27En fait, ce qui est sûr,
46:29c'est que c'est pour ça qu'il y a besoin d'un gouvernement maintenant.
46:31C'est que c'est maintenant que le budget
46:33se prépare. Et effectivement,
46:35ce n'est pas à Bruno Le Maire de le préparer, ce budget.
46:37Donc, il faut un nouveau gouvernement pour le faire
46:39sur de nouvelles bases. Et ces nouvelles bases,
46:41ça doit être d'investir massivement
46:43dans nos services publics parce que
46:45notamment nos hôpitaux vont
46:47très mal, l'enseignement supérieur et la recherche
46:49vont très mal, la justice va très mal.
46:51Il y a besoin d'argent dans nos services publics.
46:53Et pour financer ça,
46:55il faut mettre à contribution les plus riches
46:57qui ont eu plus de 60 milliards
46:59de baisse d'impôts pendant le septennat
47:01d'Emmanuel Macron. Là, il y a un retour de balancier
47:03à prévoir. Pour vous, dans la période,
47:05il outrepasse ses fonctions,
47:07on est quasiment en affaire courante.
47:09Là, le ministre des Finances, il devrait
47:11temporiser sur les économies
47:13à trouver. Le problème, c'est la décision
47:15d'Emmanuel Macron de prolonger le gouvernement
47:17sur tous les sujets,
47:19c'est-à-dire pas seulement en affaire courante
47:21et sans mettre de terme à cette prolongation.
47:23Emmanuel Macron devrait dire
47:25la semaine prochaine,
47:27je nommerai un Premier ministre
47:29issu de la liste arrivée en tête,
47:31à savoir le nouveau Front populaire.
47:33D'abord, la première chose,
47:35c'est qu'Emmanuel Macron
47:37donne ses paroles d'apaisement, qu'il a
47:39entendu le résultat des urnes
47:41et donc qu'il nommera le Premier ministre
47:43proposé par le nouveau Front populaire.
47:45C'est ces paroles toutes simples qu'il faut qu'il prononce
47:47et après, charge au nouveau gouvernement
47:49d'aller chercher les majorités nécessaires
47:51à l'Assemblée nationale et dans le pays,
47:53notamment avec les syndicats, c'est la logique institutionnelle.
47:55On retiendra, justement, cette question
47:57de la démocratie sociale qui doit prendre toute sa part
47:59dans ce moment si inédit
48:01de la Ve République. Merci.
48:03Sophie Binet, vous restez avec moi
48:05parce que c'est l'heure des partis pris
48:07de nos affranchis, tout de suite.
48:18L'International, bonsoir.
48:20Isabelle Lasserre, des pages
48:22Diplo du Figaro et bonsoir
48:24à Falco pour Action Planète,
48:26la chronique écolo de la semaine.
48:28Installez-vous, on va commencer
48:30par Bourbon Express, les toutes dernières
48:32tractations à l'Assemblée,
48:34les toutes dernières infos sur les groupes parlementaires.
48:36C'est avec Elsa Mondingava, tout de suite.
48:46Bonsoir Elsa. Bonsoir. Alors on va commencer
48:48avec le groupe Renaissance, le camp présidentiel.
48:50Oui, qui va élire son nouveau
48:52président de groupe. Ça y est, on a la date.
48:54Ce sera samedi 13 juillet.
48:56Ce samedi donc, entre 9h et midi,
48:58ce sera un vote électronique et pour déposer
49:00sa candidature, les députés ont
49:02jusqu'à demain midi
49:04ce calendrier. Il a fait l'objet d'une
49:06très âpre négociation. Certains
49:08poussaient pour un vote dès demain,
49:10rappelant que ça aurait fait 5 jours que les députés
49:12étaient élus. D'autres voulaient
49:14avoir le temps de faire campagne, ce projet plutôt
49:16en début de semaine prochaine. On a, semble-t-il, coupé
49:18un peu la poire en deux. Cette tension autour du
49:20calendrier, elle s'explique aussi par
49:22les personnalités qui pourraient être
49:24candidates. Pourraient, puisqu'à l'heure
49:26actuelle, aucune candidature officielle.
49:28Mais on parle évidemment de Gabriel
49:30Attal, le Premier ministre,
49:32très populaire auprès des députés puisqu'il a mouillé
49:34le maillot pendant la campagne des législatives.
49:36Ses partisans étaient plutôt favorables
49:38à une accélération pour aller vite
49:40et voter. Passe autour de la candidature
49:42de Gérald Darmanin, l'actuel ministre
49:44de l'Intérieur. Alors lui, la rumeur l'a
49:46dit à la tête du groupe Horizon, puis de son propre groupe,
49:48puis à la tête du groupe
49:50Renaissance. Hier, en réunion de groupe, il a
49:52plaidé pour une direction collégiale.
49:54Ça a suscité une levée de boucliers
49:56dans son groupe. Gérald Darmanin, qui finalement
49:58pourrait décider de ne pas y aller.
50:00Troisième voie peut-être Elisabeth Borne,
50:02l'ancienne Première ministre. Fera-t-elle
50:04le poids face à son successeur ?
50:06Son point faible, selon un des députés,
50:08c'est qu'elle n'a pas vraiment de troupe.
50:10On me confiait, il n'y a pas vraiment de député borniste.
50:12Son point fort, c'est qu'à priori,
50:14l'Elysée ne serait pas contre le fait de mettre
50:16quelques bâtons dans les roues de Gabriel Attal.
50:18Pour savoir qui est sur la ligne de départ, c'est demain
50:20midi. Résultat du vote, samedi à midi.
50:22On va suivre ça, évidemment, sur LCP.
50:24C'est un poste stratégique de piloter
50:26le camp présidentiel Renaissance
50:28à l'Assemblée. A gauche, où on en est
50:30des tractations d'une NFP ?
50:32Vous avez bien essayé de le savoir avec vos invités.
50:34La salle des quatre colonnes, vous savez, c'est là où les journalistes
50:36et les députés se rencontrent. On va mettre
50:38une grosse tirelire au milieu. On va tous mettre
50:40un euro à chaque fois qu'on pose la question de savoir
50:42où on en est de ce Premier ministre. Je pense qu'on pourra
50:44peut-être régler le déficit de la France.
50:46Sans rire, effectivement, c'est la question
50:48que tout le monde pose. Les députés du NFP nous disent
50:50patience, patience, mais ça avance. Écoutez.
50:52C'est normal, on ne parle pas là
50:54de composer l'équipe qui va jouer
50:56un match amical la semaine prochaine
50:58dans un championnat
51:00de troisième division. Là, ça fait trois jours.
51:02Je pense que c'est en très bonne voie
51:04et que nous montrons
51:06qu'au contraire, nous sommes sérieux.
51:08Comprenez que cela prenne quelques jours
51:10d'une part pour fixer un nom
51:12de Premier ministre, mais aussi pour discuter
51:14des équilibres généraux d'un gouvernement.
51:16On a un peu l'impression d'être dans une faille
51:18spatio-temporelle. Ça, on l'a entendu lundi,
51:20mardi, mercredi. Aujourd'hui, on nous promet
51:22du nouveau pour demain. Si ce n'est pas demain, ce sera
51:24après-demain. Sinon, ce sera lundi.
51:26En tout cas, patience. On est là
51:28pour suivre ça grâce à vous. Merci, Elsa.
51:30On enchaîne avec vous, Léa.
51:32Où est passée l'écologie ? Grande sacrifiée
51:34de cette dissolution. Dans
51:36le flou actuel,
51:38c'est difficile de voir quels peuvent être
51:40les futurs politiques
51:42publiques en matière d'écologie.
51:44Difficile, c'est le moins qu'on puisse dire. D'un côté,
51:46on peut se dire qu'on a évité le pire en regardant
51:48les déclarations publiques des députés RN
51:50qui vont du déni pur et simple du changement
51:52climatique à la caricature
51:54systématique de toute mesure écologique
51:56ou sociale. Mais en même temps,
51:58l'alliance potentielle, la coalition
52:00potentielle entre l'ex-majorité
52:02et les désormais ex-républicains
52:04pourrait s'allier dans le même sens, avec un
52:06recul ou en tout cas un rejet de l'écologie.
52:08De l'autre côté, avec un gouvernement
52:10nouveau front populaire, on peut avoir un peu
52:12plus d'espoir, puisque sur le papier, au moins,
52:14il y a des mesures écologiques.
52:16Encore faut-il que les partis se mettent d'accord
52:18et que le débat public n'oppose pas
52:20systématiquement écologie et sociale.
52:22Alors, qu'est-ce qu'il y a dans ce programme du NFP
52:24en matière d'écologie ? Il y a plusieurs types de mesures.
52:26Il y a déjà des accélérations et des financements
52:28supplémentaires pour des politiques publiques
52:30déjà en cours, qui vont de la rénovation
52:32thermique des logements à l'agroécologie.
52:34On a des changements dans le rapport
52:36au marché, ce qui est assez important.
52:38Le refus, par exemple, de la privatisation
52:40des barrages hydroélectriques,
52:42que réclame l'Union européenne, mais qui
52:44privatiserait les profits pour rendre
52:46publics les coûts. Et puis, des interdictions
52:48et des moratoires, par exemple, sur les grands projets
52:50d'infrastructures routières, les mégabassines,
52:52etc. Ce qui est intéressant,
52:54surtout, c'est qu'il y a un certain nombre de mesures
52:56qui permettent de rompre l'opposition,
52:58justement, qui est faite entre sociale
53:00et environnementale, et qui est constamment
53:02mise en scène par les opposants à l'écologie.
53:04Rénovation thermique, ça évite
53:06des conditions de vie d'autant plus difficiles
53:08qu'on le sait, la température l'été
53:10ne va faire que continuer à augmenter.
53:12Pareil pour l'établissement de
53:14seuils maximaux de travail pour les
53:16travailleurs, notamment l'été,
53:18pour voir, en cas de forte chaleur,
53:20des rétractations. Et puis,
53:22pareil, améliorer les services publics de transport pour
53:24réduire la dépendance à la voiture.
53:26Tout ça, c'est un paquet de mesures qui sont à la fois
53:28sociales et écologiques.
53:30Est-ce qu'il faut abandonner alors la planification,
53:32la grande planification écologique qui a mis en place
53:34Emmanuel Macron ? Ce qui est intéressant, c'est que le terme
53:36même de planification écologique, en fait, a été repris
53:38par Emmanuel Macron pendant sa campagne en
53:402022, alors qu'il essayait d'attirer les électeurs
53:42de gauche au deuxième tour, à la France
53:44insoumise, qui l'utilisait depuis déjà quelques années.
53:46Alors, la planification écologique, qu'est-ce que c'est ?
53:48C'est l'idée d'avoir une feuille de route claire
53:50et des financements associés pour atteindre
53:52un objectif. Donc, en gros, c'est se donner les moyens
53:54de réussir la transformation écologique
53:56de notre pays. Donc, évidemment,
53:58la planification écologique, elle est absolument
54:00nécessaire, mais ensuite, quelle planification
54:02écologique ? Parce que vous avez plein de questions à l'intérieur.
54:04Quel rapport à la contrainte pour les acteurs privés ?
54:06Quelle place pour les marchés face à la puissance
54:08publique ? Quelle organisation de l'emploi
54:10à venir, alors qu'on sait que certains vont augmenter
54:12et d'autres se rétracter ? Tout ça, c'est des questions
54:14politiques de premier plan, fondamentales
54:16pour l'avenir de l'écologie en France, et ça dépendra
54:18de notre futur gouvernement.
54:20La gauche est la plus écologique de toutes
54:22les forces politiques, selon vous, d'un mot ?
54:24C'est factuel, oui. C'est QFD.
54:26Ce qui est très important, c'est de dépasser les
54:28contradictions entre l'environnement et le social et de traiter
54:30les deux. Et donc, c'est pour ça que
54:32la CGT a soutenu le programme du Nouveau Front Populaire.
54:34C'est parce qu'on ne peut pas
54:36dire aux gens qu'il ne faut pas rouler en voiture
54:38tous les jours sans investir dans les transports collectifs.
54:40Et donc, là, il y a une mesure d'urgence pour le
54:42nouveau gouvernement, c'est qu'on veut un moratoire
54:44sur la privatisation du fret ferroviaire.
54:46Là, le gouvernement était
54:48en train de privatiser le fret ferroviaire.
54:50On a un problème sur le train des primeurs,
54:52le Perpignan-Ringis, là, par exemple, qui est en danger.
54:54On a besoin d'un nouveau gouvernement.
54:56Il y a des arbitrages urgents à rendre.
54:58Et pour défendre le fret ferroviaire,
55:00c'est un enjeu environnemental énorme.
55:02Effectivement, forcément, le transport propre.
55:04Allez, on continue avec vous.
55:06Isabelle, c'était un rendez-vous crucial
55:08pour l'Alliance Atlantique et pour l'Ukraine,
55:10mais Emmanuel Macron est arrivé
55:12au sommet de l'OTAN en retard
55:14et affaibli.
55:16Eh oui, écoutez, Myriam, il n'était même pas
55:18sur la photo de famille du premier soir, celui qui était dédié
55:20à la cérémonie des 75 ans
55:22de l'Alliance Atlantique. Fidèle à sa tradition
55:24du en même temps, Emmanuel Macron
55:26a fait un compromis entre ceux qui, en France,
55:28l'ont exhorté à ne pas quitter
55:30le pays en pleine crise politique
55:32et ceux qui lui ont dit que la France
55:34devait tenir son rang et participer
55:36à tous les sommets de l'OTAN,
55:38surtout celui-là, le dernier avant les élections américaines,
55:40qui verra peut-être une arrivée,
55:42un retour de Donald Trump.
55:44Ça veut dire que sa voix sur l'Ukraine,
55:46elle est plus audible ?
55:48Écoutez, la réponse est encore oui.
55:50Aujourd'hui, il a assuré ses partenaires
55:52que l'allègement de la France serait honoré
55:54et qu'il avait les moyens
55:56de les honorer. Mais des deux guerres
55:58qu'il doit affronter, politique en France
56:00et militaire en Ukraine, Emmanuel Macron,
56:02depuis la dissolution, est tapé par la première.
56:04Depuis un an et demi,
56:06il se voulait à la pointe
56:08du soutien à l'Ukraine. On se souvient,
56:10il avait évoqué la possibilité
56:12d'envoyer des troupes au sol.
56:14Il poussait l'entrée de l'Ukraine
56:16à l'OTAN contre les États-Unis.
56:18Après avoir mené une politique ambigüe
56:20pendant un an et demi vis-à-vis de la Russie
56:22et de l'Ukraine, il avait vraiment fait son choix
56:24et il s'était rangé dans le camp
56:26des pays d'Europe centrale et orientale,
56:28ceux qui pensent que l'avenir du continent européen
56:30dépend d'une victoire à Kiev.
56:32Mais alors que le sommet de Washington
56:34a placé le renforcement de l'Ukraine
56:36au centre du débat,
56:38Emmanuel Macron est resté assez silencieux.
56:40Il n'a même pas parlé des mirages
56:42qu'il avait promis d'envoyer à Kiev
56:44au début du mois de juin.
56:46Est-ce que plus largement, ça veut dire
56:48que la France est affaiblie
56:50sur la scène internationale ?
56:52La réponse est toujours oui.
56:54Certes, la France a échappé à une cohabitation
56:56avec le Rassemblement national
56:58qui aurait pu remettre en question
57:00les choix pro-ukrainiens du président.
57:02Mais la perspective d'une Assemblée ingouvernable
57:04n'est pas de nature à rassurer
57:06les alliés de la France
57:08qui, d'ores et déjà, l'ont cataloguée
57:10dans la catégorie des pays indécis
57:12et changeants, prêts même
57:14à se donner aux extrêmes politiques.
57:16Les alliés de la France le savent.
57:18La parole d'Emmanuel Macron va être affaiblie
57:20parce que toutes ses décisions
57:22seront contestées par les oppositions.
57:24La France, c'est connu,
57:26voyage en première classe
57:28avec un ticket de seconde classe.
57:30C'est en partie dû
57:32à son statut de puissance nucléaire.
57:34Mais aujourd'hui, ses déficits financiers
57:36abyssaux nuisent à sa crédibilité.
57:38Or, l'affaiblissement
57:40de l'influence française
57:42arrive sans doute au pire moment
57:44alors que les crises internationales se multiplient,
57:46qu'un front anti-occidental
57:48veut changer l'ordre mondial,
57:50que l'incertitude politique
57:52n'a jamais été aussi forte
57:54aux Etats-Unis, bref, à un moment
57:56où, au contraire, l'Europe
57:58a besoin de leaders forts.
58:00Merci beaucoup.
58:02Même si c'est bien pessimiste, tout ça, pour notre pays.
58:04Merci à vous deux.
58:06Merci à vous, Sophie Binet,
58:08d'avoir été notre invitée sur LCP.
58:10Et merci à Elsa.
58:12Merci pour la suite de ces aventures politiques
58:14pour le moins chaotiques.
58:16C'est la fin de cette émission.
58:18Pour la voir ou la revoir, il y a la chaîne Youtube
58:20d'LCP. Pour l'écouter, le podcast
58:22de l'émission est sur toutes les plateformes
58:24de streaming. Demain, c'est Clément Méric
58:26aux manettes de Savourgarde.
58:28Très belle soirée sur LCP.
58:42Sous-titrage Société Radio-Canada

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