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ÉducationTranscription
00:00:00Ok, je vous remercie. En effet, c'est une conférence sur l'impuissance à prise.
00:00:03Non, j'ai voulu être plus positif.
00:00:05L'antidote à l'impuissance à prise porte un nom, s'appelle l'optimisme appris.
00:00:10C'est un paradigme en psychologie et c'est la première conférence que je fais sur le sujet,
00:00:14même si c'était quelque chose que j'avais évoqué dans Libérez votre cerveau.
00:00:18Alors, au passage, là, c'est un cas, en effet, d'optimisme appris,
00:00:20puisqu'on avait dit que ce n'était pas possible, que cette fiche ne marchait pas,
00:00:23que derrière, il y avait un petit lutin qui n'était pas là pour faire tourner ce projecteur.
00:00:26Et au final, juste en reboutant le projo avec la petite goutte de sueur de la part de l'opérateur,
00:00:31vous voyez que ça a marché.
00:00:33Comme quoi, il faut toujours être positif.
00:00:37Alors, rentrons dans le vif du sujet.
00:00:38Vous savez ou vous ne savez peut être pas que je m'appelle Idriss en référence à ce monsieur,
00:00:42Idriss Shah, qui était un maître Sophie et le mentor de Ahmad Shah Massoud,
00:00:47plus connu sous le nom de Commandant Massoud.
00:00:49Il a aussi été le mentor de Doris Lessing, prix Nobel de littérature.
00:00:54Il a écrit une biographie du Commandant Massoud, d'ailleurs, un excellent roman qui s'appelle Caracouche.
00:00:58Je vous le recommande, un des meilleurs romans que j'ai jamais lu.
00:01:00Doris Lessing, elle-même, a dit que c'était le meilleur roman de guerre qu'elle ait lu.
00:01:04Et vraiment, je vous le recommande.
00:01:05C'était un psychologue vraiment même de métier, puisqu'il a formé des gens à la NASA
00:01:11sur ce qu'on appelle le thinking out of the box, etc.
00:01:14Ce sont des expressions qui ont été popularisées à son époque à Stanford par Robert Ornstein,
00:01:19qui était un de ses collègues.
00:01:20Et Robert Ornstein a travaillé notamment sur le décloisonnement,
00:01:24les expériences de type split brain aussi, quand on coupe le faisceau de matière blanche
00:01:30entre les deux hémisphères.
00:01:33Or, un jour, on lui a demandé en 1975, pour l'amour de l'humanité,
00:01:37vraiment, s'il y a une seule chose que vous vouliez voir arriver, une seule, ce serait quoi ?
00:01:42Et Richard a répondu, écoutez, il est à la radio.
00:01:45Si quelqu'un écoute, il est à la radio, il y a au moins 100 000 personnes qui écoutent.
00:01:48C'est sur des ondes très fréquentées.
00:01:51Et il dit, eh bien, moi, ce que j'aimerais voir, ce serait le produit des 50 dernières années
00:01:55de recherche psychologique qui soit vulgarisé pour le public.
00:01:59Que tout le monde puisse connaître ces découvertes psychologiques
00:02:03et que ça devienne vraiment, ça fasse partie des modes de pensée naturels des gens.
00:02:07Que tout le monde soit alphabétisé en psychologie, en fait.
00:02:11Pour l'instant, certains mots, certains éléments ont été adoptés par le public.
00:02:16Par exemple, on parle de lapsus freudien ou on parle de complexe d'infériorité.
00:02:21Ces mots ont été acceptés.
00:02:23Mais on a tout un tas d'autres grandes découvertes psychologiques qui ne sont pas connues du grand public.
00:02:28Et simplement, le simple fait de les connaître pourrait libérer la population.
00:02:33Alors, il dit ensuite, il y a une histoire soufflée à propos d'un homme qui rentre dans une boutique chez un coordonnier.
00:02:39Et dans cette boutique, il demande au boutiquier, est-ce que vous avez du cuir ?
00:02:44Le boutiquier répond, oui. Est-ce que vous avez des clous ? Oui.
00:02:47Est-ce que vous avez du fil ? Oui, en effet. Est-ce que vous avez une aiguille ? Oui.
00:02:50Et bien alors, pourquoi vous ne vous faites pas vous-même une paire de bottes ?
00:02:53Eh bien, les expériences psychologiques que je vais vous démontrer ici sont de la même nature.
00:02:58C'est-à-dire que je vais vous donner des clous, je vais vous donner de la ficelle, du cuir, des aiguilles.
00:03:03Et avec les expériences de psychologie que je vais vous décrire aujourd'hui,
00:03:07vous aurez de quoi avoir une culture générale sur l'optimisme appris
00:03:12et sur les découvertes psychologiques qui ont été faites depuis 50 ans,
00:03:15sur la façon dont on peut convaincre un humain qu'il n'est pas capable de faire quelque chose.
00:03:20Alors, vous connaissez sans doute déjà une expérience qui circule énormément sur Internet et qui est tout à fait authentique.
00:03:25L'expérience des rats de Richter, 1957, ça date.
00:03:29Et c'est la fameuse expérience où Richter, il prend des rats, il les met dans des tubes que vous voyez ici et il les laisse noyer.
00:03:36Mais certains, il les enlève juste avant la noyade.
00:03:40Et ensuite, il les remet et il se rend compte que les rats qui n'ont pas été sauvés se noient en 15 minutes,
00:03:47mais les rats qui ont été sauvés se noient en 60 heures, vont se battre 60 heures.
00:03:53Donc, ce n'est pas 15 minutes, 60 minutes, c'est 15 minutes, 60 heures.
00:03:57Donc là, vraiment, on a quelque chose d'important.
00:04:00Je vous donne vraiment le résumé.
00:04:01Des rats domestiqués et sauvages, pour vraiment être sûr que ce n'est pas juste des rats de laboratoire, etc.,
00:04:06sont placés dans des réservoirs d'eau.
00:04:07Ils nagent 15 minutes avant de se noyer.
00:04:09Si jamais ils sauvent le rat, ils le sèchent, etc.
00:04:12S'ils le remettent dans le tube, le rat, sachant qu'il a une chance, va se battre pendant 60 heures.
00:04:18Et encore une fois, elle est très connue, cette expérience.
00:04:20Elle a pas mal circulé sur les réseaux.
00:04:21Cela dit, juste pour vérifier, parce que c'est la plus connue de toutes celles que je vais vous donner.
00:04:24Qui la connaissait ici ? Levez la main.
00:04:27Vous voyez une personne sur cinq, à peu près.
00:04:30Et bien ça, ça fait partie des expériences dont Idrissa avait connaissance et dont il aurait voulu que la population fût informée à très grand déchet.
00:04:38C'est le but de cette conférence.
00:04:41Ensuite, vous avez la grande expérience de Seligman en 67, qui va créer le paradigme de l'impuissance à prise.
00:04:48Alors, qu'est-ce qu'il fait, Seligman ?
00:04:49Il prend des groupes de chiens.
00:04:51Vous savez, c'est le conditionnement pavlovien.
00:04:54Et il associe un son et une décharge électrique.
00:04:56Voyez, le pauvre chien, là, il est sur un sol qui peut lui envoyer une décharge électrique.
00:05:02Un groupe de chiens aura la possibilité de sauter au-dessus de l'obstacle, de l'autre côté de la cage, qui ne sera pas électrifié.
00:05:09Mais vous aurez un groupe de chiens qui va avoir de l'électrification partout.
00:05:13Et ce groupe-là, ça, c'était inattendu.
00:05:15Seligman ne s'attendait pas du tout à ce résultat.
00:05:18Quand vous électrifiez toute la cage et que le chien se rend compte qu'il ne peut absolument rien faire, qu'il va se faire électrocuter où qu'il soit,
00:05:25eh bien, il se prostre.
00:05:27Et quand vous ouvrez la cage, il n'essaie pas de s'enfuir.
00:05:30Il reste dans sa cage, il se dit « ça y est, je ne peux rien faire ».
00:05:35Impuissance à prise.
00:05:36Même si la cage est ouverte, le chien va rester dans sa cage.
00:05:41Très vieille expérience, là aussi, au regard de la recherche en neurosciences et en psychologie, 1967.
00:05:45On a quand même fait beaucoup de découvertes entre temps.
00:05:47Mais cette découverte-là est majeure dans l'histoire de la psychologie.
00:05:50Elle va au-delà des simples notions de conditionnement, parce qu'au départ, on essayait de tester un truc à la Pavlov.
00:05:55Vous voyez, on fait un son, on met une décharge électrique, on regarde comment le chien se comporte.
00:05:59Mais dans le conditionnement pavlovien, donc la cloche qui fait saliver le chien quand elle est associée à la nourriture,
00:06:04on se serait attendu à ce que le chien ne s'échappe pas de la cage.
00:06:07C'est logique. Il est conditionné à se prendre une décharge.
00:06:10Dès qu'on peut ouvrir, il doit s'en aller.
00:06:11Ben non, ça, c'est inattendu.
00:06:13Il se prostre, il se dit qu'il n'a aucune chance.
00:06:16Et en fait, il internalise la cage.
00:06:19Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, si Seligman a été accusé d'avoir travaillé pour la CIA par la suite.
00:06:24Accusations qui se sont révélées être fondées.
00:06:26C'est-à-dire, je ne vais pas jeter l'opprobre sur Seligman,
00:06:27parce que les travaux qu'il a fait par la suite sur l'optimisme appris sont vraiment dignes d'intérêt
00:06:33et mériteraient, je ne suis pas là pour le juger, mais en tout cas, de racheter
00:06:36quelconques travaux qu'il ait fait pendant la guerre froide.
00:06:38Mais là, vous voyez évidemment l'intérêt, mettre la prison dans la tête de quelqu'un.
00:06:42Et on va voir dans quelle mesure c'est faisable.
00:06:45Donc, au début, l'hypothèse, c'était que l'impuissance à prise était conditionnable avec une décharge électrique.
00:06:50Vous la rentrez. Donc, c'est pour ça qu'on appelle ça une impuissance à prise.
00:06:54Mais en fait, en 2016, on a découvert que c'est pas...
00:06:57On appelle encore ça l'impuissance à prise, mais en fait, c'est pas vraiment appris.
00:06:59C'est le comportement normal.
00:07:01C'est le cerveau reptilien qui crée le comportement d'impuissance.
00:07:04Mais c'est le néocortex, la partie la plus évoluée, si vous voulez, du cerveau frontal,
00:07:09qui va médier la sortie de l'impuissance à prise.
00:07:12Ça, c'est découvert tout récemment, vous voyez, en 2016.
00:07:15Il a fallu attendre des travaux en neurosciences pour essayer de comprendre
00:07:18quels circuits sont impliqués dans l'impuissance à prise,
00:07:22pour comprendre qu'en fait, c'est le noyau dorsal du rafé,
00:07:26donc ça fait partie de ce qu'on appelle le cerveau reptilien,
00:07:28qui provoque l'impuissance à prise.
00:07:30Alors que l'optimisme appris, lui, il est médié par le cortex préfrontal,
00:07:35ventromédia en l'occurrence, qui, lui, est du néocortex.
00:07:38C'est la partie la plus évoluée du cerveau.
00:07:39Ça a des implications très intéressantes.
00:07:42Ça veut dire qu'en quelque sorte, pour simplifier dans une conférence qui va faire une heure,
00:07:46qu'on peut s'en sortir et qu'on peut apprendre l'optimisme.
00:07:50Alors qu'en fait, c'est plutôt l'impuissance qui est innée.
00:07:52C'est à dire que le cerveau est quand même un appareil d'organe très compliqué.
00:07:57Et l'intelligence est un phénomène qui est difficile à comprendre et à programmer.
00:08:01Vous voyez que les intelligences artificielles, par exemple, les drones de livraison.
00:08:04Un drone de livraison peut se perdre dans la forêt.
00:08:06Ça arrive. À Vancouver, ça arrive.
00:08:08On a fait plein de tests.
00:08:09On a des drones de livraison qui se perdent dans la forêt et ne savent plus où ils sont.
00:08:12En fait, le cerveau a évolué pour éviter de se perdre et pour éviter de faire des efforts pour rien.
00:08:18Donc, le cerveau doit être capable de décider rapidement si ses efforts en valent la peine,
00:08:24parce que les efforts coûtent de l'énergie.
00:08:26Et là, on parle donc de formations cérébrales qui sont présentes chez les reptiles pour simplifier.
00:08:31Cerveau reptilien, c'est quand même plus compliqué que ça.
00:08:33On a chez les oiseaux qui sont des reptiles.
00:08:35Concrètement, les oiseaux sont des reptiles à plumes pour simplifier évolutivement.
00:08:39Ils ont une autre structure que le néocortex.
00:08:40Mais les oiseaux, certains oiseaux sont très, très intelligents.
00:08:43Les corps vidés, les perroquets, etc.
00:08:46Mais c'est une structure, si vous voulez, qui est ancienne dans le cerveau,
00:08:50qui a dû évoluer tôt dans l'histoire de la vie pour que les premiers cerveaux décident rapidement si un effort vaut la peine ou pas.
00:08:58Et l'impuissance à prise, elle vient de là.
00:09:00Elle vient d'une décision profonde du cerveau qui dit ça n'en vaut pas la peine.
00:09:04Et c'est ça qui fait que le chien se dit je ne peux pas sortir de la cage.
00:09:08Ça n'en vaut pas la peine.
00:09:09Pas la peine de dépenser des calories pour ça.
00:09:11Ça ne sert à rien.
00:09:12Et ça, c'est une décision qui peut être mauvaise.
00:09:14Le cerveau peut se tromper, mais il doit décider quand même.
00:09:17Parce qu'en l'occurrence, un drone de livraison, un petit robot de livraison, s'il doit livrer et qu'il est perdu en forêt, il est mort.
00:09:23Quand sa batterie s'épuise, il n'est pas vivant.
00:09:25Mais quand sa batterie s'épuise, c'est l'équivalent d'une mort de faim.
00:09:29Donc, les premiers cerveaux devaient décider très rapidement si un effort en valait la peine ou pas.
00:09:33Et c'est ça qui crée l'impuissance à prise.
00:09:35C'est le cerveau qui dit c'est pas la peine d'essayer.
00:09:38Alors, ça marche aussi sous hypnose.
00:09:39Quand vous arrivez à conditionner quelqu'un sous hypnose en lui disant tu as oublié ton nom, ou bien tu ne pourras pas faire un pas en avant, ou bien ta main est collée à la table, c'est la même chose.
00:09:47C'est les circuits du cerveau qui prennent le dessus, qui disent non, ça ne sert à rien.
00:09:50J'ai une information solide qui me dit que ça ne sert à rien.
00:09:53Ce n'est pas que vous ne pouvez pas physiquement le faire.
00:09:54C'est que vous avez des parties de votre cerveau qui vous disent j'ai décidé que ça ne servait à rien, perds pas ton énergie là dedans.
00:09:59Évidemment, c'est surprenant quand on voit quelqu'un sous hypnose, la main collée à la table.
00:10:03Mais en fait, c'est ça le phénomène.
00:10:07Donc, la bonne nouvelle, c'est que la réaction d'impuissance est un mode biologique par défaut.
00:10:11Mais la réaction d'optimisme, elle est aprenant.
00:10:14En gros, on peut guérir de l'impuissance à prise.
00:10:16C'est tout le sujet de cette conférence.
00:10:20Alors, on a l'expérience des macaques de Harlow 58.
00:10:23Très intéressante aussi, ils sont tous mimis.
00:10:27On les prive de leur maman.
00:10:30On se rend compte immédiatement qu'ils ont des problèmes quand on les prive de leur maman.
00:10:34Automutilation, dépression, prostration.
00:10:38Et quand on leur donne une maman de substitution, à l'époque, vous aviez des paradigmes psychologiques
00:10:43encore vieux jeux qui pensaient que la relation maternelle chez l'animal, c'était essentiellement la nourriture.
00:10:49Et donc, Harlow a essayé, a fait deux mamans.
00:10:53Il a fait une maman en fil de fer qui a juste du lait et une qui est plus confortable avec des serviettes, etc.
00:11:00Plus rassurante.
00:11:02Et il s'est rendu compte que même la maman qui avait du lait, le singe allait têter sur cette fausse maman,
00:11:07mais revenait ensuite sur celle qui pouvait le réconforter.
00:11:11Il découvre bien que l'isolement mène certains bébés, la plupart des bébés macaques à la prostration,
00:11:16voire au suicide, en fait, par refus de s'alimenter.
00:11:20Quand on met une mère artificielle, le bébé macaque se sent empowered, empouvoiré, disent les Québécois.
00:11:26Il sera, il réagira mieux au stress.
00:11:28Si on met un jouet kikouine qui lui fait peur dans sa cage, il va le confronter parce qu'il se sent empouvoiré.
00:11:35Donc, il a le pouvoir de sa maman à côté de lui. Il a plus confiance en lui.
00:11:38Il va confronter le jouet kikouine et il va se battre même contre lui.
00:11:42Mais ça, c'est seulement s'il a sa maman, sa fausse maman à côté.
00:11:46Et d'une façon générale, les macaques qui ont eu la fausse maman par rapport à ceux qu'on n'ont pas eu du tout,
00:11:51vont mieux réagir au stress, aux agressions et vont être plus optimistes dans les tâches de résolution de problèmes.
00:11:57Nature de l'amour.
00:11:58C'était provocateur parce qu'à l'époque, vous aviez certains psychologues qui disaient
00:12:02« L'amour, ça n'existe pas. Dans le conditionnement opérant, on n'a que le conditionnement ou pas le conditionnement et c'est tout. »
00:12:07Mais l'idée qu'il y eut un câblage entre insectes, chèvres et jus, attention, c'est des macaques.
00:12:12C'est quand même des animaux avec justement un cortex plus évolué, mais tout de même.
00:12:18Ensuite, l'expérience des rats de Weiss.
00:12:20Alors là, on va davantage dans l'impuissance à prise telle qu'on la connaît.
00:12:23C'est-à-dire qu'on met des rats dans des cages, ils prennent une décharge électrique, mais il y en a un qui peut l'enlever.
00:12:30Si jamais il fait tourner la roue, ça ressemble à ça, il a une roue en face de lui.
00:12:33S'il fait tourner la roue, il ne se prendra pas une décharge électrique.
00:12:37Celui d'à côté, par contre, la décharge électrique s'arrêtera à cause du premier.
00:12:42Il est connecté à la cage du premier, c'est-à-dire que celui d'à côté, il n'est pas maître de ce qui lui arrive et il va vite s'en rendre compte.
00:12:48Qu'il bouge la roue ou qu'il ne bouge pas la roue, c'est l'autre rat qui décide.
00:12:51Ce qu'il ne sait pas, évidemment, les deux cages ne sont pas visibles l'une à l'autre.
00:12:55Donc, ça veut dire que le rat 2, lui, il est stressé et il n'a pas contrôle sur son stresseur.
00:13:01Et le rat 3, c'est le témoin qui mesure juste le stress, si vous voulez, d'être dans une cage.
00:13:05Il faut quand même le mesurer celui-là pour être sûr qu'on a bien fait.
00:13:08Parce que pour un rat, être dans une cage comme ça, c'est stressant de base.
00:13:12Et là, qu'est-ce qu'ils font ? Ils mesurent, et c'est une mesure très précise.
00:13:16Ils mesurent les ulcères à l'estomac du rat.
00:13:18Donc, ils regardent à quel point le rat est ulcéré.
00:13:21Et ils voient qu'évidemment, en jaune, c'est le rat qui n'a pas de choc électrique.
00:13:25Donc, on va regarder d'abord sur le fait de pouvoir contrôler la décharge électrique.
00:13:31En jaune, le rat qui n'a pas de décharge électrique, il a un petit niveau d'ulcération.
00:13:35Donc, ce que vous voyez sur l'axe des Y, c'est en millimètres les liaisons gastriques.
00:13:39Donc, c'est vraiment une mesure.
00:13:41Et il est quand même un peu ulcéré parce qu'il est dans une cage.
00:13:45Le rat qui peut contrôler le choc est deux fois moins ulcéré que le rat qui ne peut pas le contrôler.
00:13:51Alors que le rat qui ne peut pas le contrôler, il est choqué au même niveau.
00:13:55On est d'accord, il a le même nombre de décharges.
00:13:57Ce n'est pas la quantité d'électricité qui l'ulcère, c'est le fait de ne pas pouvoir contrôler ce qui lui arrive.
00:14:04Ça, ça l'ulcère.
00:14:06Pareil, donc, quand vous faites de la prévisibilité, cette fois, ce n'est pas la roue qui contrôle,
00:14:10mais c'est simplement, vous avez une petite alerte et vous savez quand vous allez être électrocuté.
00:14:14Pareil, le rat qui sait est beaucoup moins ulcéré que le rat qui ne sait pas, qui se fait ça par surprise.
00:14:22Alors, au passage, là, je vous ai parlé d'expérience sur les animaux.
00:14:24Bon, moi, au début, quand j'étais étudiant, évidemment, tout le monde s'en foutait.
00:14:28Honnêtement, moi, j'ai voulu faire des neurosciences théoriques et in silico
00:14:32parce que ça me gonflait de décapiter des souris et que le premier stage qu'on m'a offert,
00:14:36c'était un singe en pleine vividissection en Belgique.
00:14:39Et ça aurait été six mois dans une salle sans fenêtres, avec un macaque résus, avec un truc dans la tête et le regard vide.
00:14:45Et honnêtement, ça ne m'a pas branché. Donc, j'ai arrêté. Donc, je fais juste ce petit passage.
00:14:50Parce qu'en Russie, vous avez cette statue qui célèbre le sacrifice des souris de laboratoire.
00:14:56Donc, cette statue est visible à Novosibirsk.
00:14:58Une petite souris qui est en train de coudre un brin d'ADN
00:15:02pour remercier tous les animaux qui ont donné leur vie pour la science.
00:15:07Cette histoire, donc, des mères, évidemment, pour les macaques, notamment, l'expérience de Harlow,
00:15:12elle m'évoque une des dingueries qu'on a eues pendant certaines pertes de rationalité à l'époque Covid,
00:15:17où il était interdit de visiter un patient mourant.
00:15:19Et donc, il y a certaines infirmières qui ont eu l'intelligence quand même de mettre un gant avec de l'eau chaude
00:15:24pendant que le patient passait dans l'au-delà pour pas qu'il se sente tout seul.
00:15:28On en a été là à un moment donné dans l'humanité.
00:15:30Je pense que ça s'étudiera aussi.
00:15:33Mais ce n'est pas idiot, puisque l'expérience de Harlow a démontré que chez le macaque Régis, ça avait un résultat réel.
00:15:40Vous avez toute une théorie après.
00:15:42Alors là, on n'est plus dans la neuropsychologie, on est vraiment dans le folklore, mais ce n'est pas inintelligent.
00:15:49Vous avez tout un tas de gens en gestion, en management, en coaching,
00:15:53qui vous diront que certains grands leaders tiennent leur pouvoir de leur maman.
00:15:58Ils tiennent leur succès de leur maman.
00:16:00Ils vous citeront souvent, comme exemple, Cristiano Ronaldo, qui est vraiment entièrement dédié à sa mère,
00:16:07et Elon Musk, entre autres.
00:16:09On pourrait vous citer Alexandre Le Grand, etc.
00:16:12Ce sont en effet des personnes qui ont connu un succès très particulier,
00:16:16accompagnés par leur mère qui leur disait « tu vas y arriver, t'es le meilleur ».
00:16:20Je ne vous parle pas évidemment de la mère de Picasso, là, c'est peut-être allé un peu trop loin.
00:16:23Mais elle lui disait, bien sûr, si tu fais l'armée, tu seras général.
00:16:27Si tu deviens médecin, tu auras le prix Nobel, etc.
00:16:31Et ça, ça stimule en effet la « can do » attitude, bien sûr.
00:16:35Donc, l'optimisme a pris, le contraire de l'impuissance s'apprise.
00:16:41Et c'est même, en fait, il y a un côté contagieux à la négativité comme à l'optimisme.
00:16:48Facebook avait découvert ça.
00:16:50Quand vous stimulez des gens avec des histoires négatives, ils vont être négatifs.
00:16:54Imaginez, des nouvelles négatives, des informations.
00:16:57Ça a été fait par Facebook.
00:16:58C'est une expérience très controversée parce que sur le plan déontologique, ça pouvait se discuter.
00:17:03Mais bon, après ce qu'a révélé Edward Snowden, honnêtement, je ne vais pas attaquer Meta pour ça,
00:17:07parce que Snowden a démontré que la NSA espionnait nos conversations.
00:17:10Ça, c'est très grave.
00:17:11Violation d'article 12 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
00:17:14Là, ils ont juste manipulé le flux d'informations sur Facebook pour mettre des nouvelles négatives à des gens.
00:17:19A des gens, n égale 689 3003, donc 689 000 personnes, c'est Facebook.
00:17:28689 000 personnes à qui ils ont mis des nouvelles négatives.
00:17:31Et ils ont étudié si ces personnes postaient davantage de nouvelles négatives.
00:17:35Aux surprises, oui, il y a ce qu'on appelle une contagion émotionnelle.
00:17:39Quand on vous a stimulé avec des nouvelles pourries, vous allez davantage diffuser des nouvelles pourries.
00:17:44Je ne pourrais pas vous dire, en tant que neuropsychologue, dans quelle mesure ça a causé les accidents de voiture
00:17:49ou dans quelle mesure ça a pu contribuer à ce qu'un type sorte son fusil à pompe parce qu'on lui a rayé sa voiture.
00:17:54Oui, c'est un peu comme un cochon tirelire, les moments de craquage.
00:17:59C'est-à-dire que vous avez un niveau de frustration.
00:18:01C'est ce que disait Richard.
00:18:02D'ailleurs, si la violence est le résultat de sensations de frustration,
00:18:06eh bien, on devrait identifier ces sensations de frustration avant qu'elles n'atteignent la chair.
00:18:11Quelqu'un qui sort son fusil à pompe parce qu'on lui a rayé sa voiture aux Etats-Unis, il fait l'hiver classique.
00:18:15Ça ne s'est pas fait en une fois.
00:18:16Oui, c'est même pas une vanne, malheureusement, mais en fait, ce n'est pas arrivé en une fois.
00:18:23C'est quelque chose qui s'accumule, un niveau de frustration qui s'accumule et au bout d'un moment, tout sort.
00:18:28Peut-être sur un échantillon aussi grand, 689 000, c'est plus que la population de Bordeaux, pas toute la métropole.
00:18:34Mais je ne peux pas vous dire dans quelle mesure, et les expérimentateurs eux-mêmes ne pourront pas vous dire dans quelle mesure,
00:18:39ça a peut-être provoqué des accidents de voiture, fait que des maris battent leurs femmes ou leurs enfants.
00:18:44Je n'en sais rien. Quoi qu'il en soit, cette expérience a démontré qu'en effet, il existait une contagion émotionnelle.
00:18:50Et bien sûr, Michel Gélan en a tiré un livre positif en disant oui, mais du coup, on pourrait aussi diffuser l'optimisme, le bonheur plutôt que les nouvelles négatives.
00:19:01Et d'ailleurs, c'est déjà ce que pensait Johan Galtung, le fondateur du journalisme de paix, qui avait démontré qu'on pouvait
00:19:07désamorcer certains conflits dans la presse, en diffusant le point de vue personnel des deux camps.
00:19:15Donc, dans un conflit, si on arrivait à faire des histoires personnelles, je vais vous donner un exemple très concret.
00:19:20Il y avait un journal, vous savez, des journaux de compagnie aérienne.
00:19:23Je ne sais plus laquelle c'était, ça devait être Swedish, Scandinavian Airlines.
00:19:26Ils avaient fait un article, parce que Johan Galtung est ou suédois ou norvégien, je ne sais plus.
00:19:31Ils avaient fait un article sur un propriétaire de restaurant juif à Jérusalem qui fait moitié prix si un musulman et un juif mangent ensemble.
00:19:39Donc, toute sa carte est à moitié prix si un juif et un musulman se mettent à la même table et partagent le repas.
00:19:45Ce genre de nouvelles, il faut aller la chercher dans le Scandinavian Airlines.
00:19:49Peut-être que si elle était davantage diffusée, bien sûr, il ne faut pas être angélique, ce n'est pas juste une nouvelle.
00:19:54Mais il y a ce qu'on appelle l'acupuncture urbaine en urbanisme.
00:19:58C'est ce qu'avait découvert Jaime Lerner.
00:20:00Par exemple, il avait découvert que quand vous organisez le ramassage des ordures dans les favelas, au lieu d'envoyer la police,
00:20:07vous leur dites, vous descendez trois cajots d'ordures, on vous donne un cajot de légumes.
00:20:11Eh bien, ça réduit la criminalité à l'échelle de la ville entière.
00:20:14Si vous décorez une favela avec des couleurs vives, ça réduit la criminalité à l'échelle de la ville entière.
00:20:20Acupuncture urbaine.
00:20:22Donc, ce n'est pas complètement idiot, on devrait le faire davantage.
00:20:25La mauvaise nouvelle, c'est qu'on est accro aux mauvaises nouvelles.
00:20:29Notre cerveau, il y a la petite pulsion d'adrénaline, etc.
00:20:32Notre cerveau a une addiction inconsciente aux mauvaises nouvelles.
00:20:36Donc, un journal qui pratiquerait le journalisme de paix se vendrait moins bien.
00:20:41Bon, on peut peut-être trouver des solutions, parce que s'il y a des vies en jeu, ça vaudrait peut-être le coup quand même de se pencher là-dessus.
00:20:47Donc, impuissance reptilienne contre stoïcisme cognitif, c'est ça un peu la simplification.
00:20:52C'est-à-dire, je vous ai dit, c'est les noyaux du raffait pour l'impuissance à prise qui, du coup, n'est pas vraiment à prise.
00:20:58Comme je l'ai dit, elle est innée.
00:20:59C'est un système qui décide tôt dans le cerveau.
00:21:02Ça n'en vaut pas la peine, garde tes calories pour plus tard.
00:21:05Par contre, c'est du néocortex pour la décision de sortir de l'impuissance à prise.
00:21:11Alors, on a un cas très concret qui n'est pas un cas de recherche en neuropsychologie, mais qui vraiment mérite illustration.
00:21:18C'est le cas de Joe Ciccipio versus Terry Anderson.
00:21:24Alors, Joe Ciccipio, qui c'est ?
00:21:25C'est un Américain qui a été pris en otage au Liban pendant la crise des otages.
00:21:29Il a été pris en otage cinq ans.
00:21:31Donc, cinq ans essentiellement menotté à un radiateur avec évidemment pas de clim et vous ne bougez pas, vous n'avez pas de promenade ni rien.
00:21:39Le seul moment où vous vous levez, c'est pour aller aux toilettes.
00:21:42Il est sorti zéro séquel.
00:21:45Les psychologues qui l'ont étudié ont dit que ce mec, c'est un père de famille normal.
00:21:50On dirait qu'il vient d'emmener ses enfants à l'école.
00:21:53Il n'a aucune séquelle, le type.
00:21:56Qu'est-ce qu'il a fait ?
00:21:57Alors déjà, il a complètement pardonné.
00:22:00Il avait zéro aigreur vis-à-vis des personnes qui l'ont capturé.
00:22:03Zéro. Pas de haine, pas de violence.
00:22:06Si jamais il avait eu un flingue en main, il n'aurait même pas envisagé de leur tirer dessus.
00:22:10Il est sorti. Le type est déjà complètement libéré.
00:22:12Je suis sorti très bien.
00:22:13Je n'ai pas perdu cinq ans de ma vie.
00:22:14Ce n'est pas horrible. Je ne suis pas traumatisé.
00:22:15Non. Ensuite, il avait une routine où il s'imaginait tous les jours dans une ferme
00:22:22en train de traire ses vaches et il visualisait ça vraiment d'une façon très précise.
00:22:29Dans une certaine mesure, comme c'était renseigné, vous savez, au commando, etc.
00:22:34pour ce qu'on appelle le SERRE, Survival Evasion, etc.
00:22:37L'évasion quand vous êtes pris en otage et que vous êtes un membre des forces spéciales.
00:22:41C'est aussi, d'ailleurs, si vous avez connu Dany Trejo, un grand acteur.
00:22:44Dany Trejo, c'est un personnage remarquable.
00:22:46C'est Machete, un Mexicain qui joue Machete.
00:22:48Dany Trejo, il a failli être condamné à mort.
00:22:50Il a eu une sorte de révélation divine.
00:22:52La grâce s'est abattue sur lui et son dossier a été classé.
00:22:57Il est sorti. Il n'a plus jamais touché à la drogue.
00:23:00Et il explique comment, quand il était en prison avec un cas particulier,
00:23:03qui est Monsieur Manson de la Manson Family.
00:23:06Il avait expliqué que Manson aurait pu être thérapeute s'il n'avait pas été
00:23:10complètement fou, parce qu'il était très bon en désaddiction
00:23:14par reproduction du geste, c'est-à-dire Manson, en prison, était capable,
00:23:18et il a fait ça à Dany Trejo, de lui dire visualise,
00:23:22tu es en train de te faire un fixe d'héroïne, tu vois la cuillère,
00:23:25tu vois le briquet, tu es en train de tirer dedans,
00:23:28tu es en train de te mettre l'aiguille dans la veine, tu sens le haï.
00:23:32Et du coup, il avait l'effet sans être piqué.
00:23:35Et ça, ce sont des méthodes de désaddiction qui sont moins utilisées aujourd'hui
00:23:38parce que c'est un tour de main du pâtissier,
00:23:40c'est des méthodes qui sont difficiles à reproduire,
00:23:42mais elles sont encore utilisées dans pas mal de pays.
00:23:45Et en fait, ce qu'a fait Chichipio, c'était ça, mais pour une ferme.
00:23:49Donc imagine, tu vas traire Marguerite, tu vois le lait qui coule,
00:23:54tu sens, tu vois le soleil qui se lève, tu entends le chant des oiseaux.
00:23:58Le type se plongeait là-dedans.
00:24:00Et du coup, il a vécu cinq ans de captivité extrême, zéro stress.
00:24:05Son co-captif, malheureusement, ça a été plus compliqué.
00:24:09Donc, John Chichipio a écrit des chaînes aux roses
00:24:14où il explique comment il a été cinq ans otage, etc.
00:24:18Mais un autre des captifs avec lui, Terry Anderson,
00:24:22lui a obtenu, a été traumatisé à vie,
00:24:25a obtenu une compensation de 26 millions de dollars,
00:24:30mais a quand même dépensé excessivement et s'est retrouvé en faillite personnelle
00:24:33sept ans plus tard.
00:24:35Ça, ce sont des comportements que vous voyez assez typiquement
00:24:37dans des cas ou d'addiction ou de traumatisme, on mélange les deux.
00:24:40Difficulté à gérer ses finances.
00:24:43Et Terry Anderson, qui n'est plus parmi nous, il est décédé il y a quelques années,
00:24:48n'avait évidemment pas appliqué les méthodes de Chichipio.
00:24:52Donc là, c'est quand même une leçon très intéressante.
00:24:54On a quelqu'un qui est dans une des pires situations psychologiques possibles,
00:24:56qui aurait pu être utilisé pour briser quelqu'un.
00:24:58Et il en est sorti comme une lettre à la poste.
00:25:02Alors, on peut évidemment mettre ça en perspective de la fameuse citation
00:25:05de Swami Vivekananda, le grand maître hindouiste qui est venu.
00:25:09C'est lui qui a introduit le yoga en Occident.
00:25:10La popularité du yoga, c'est à lui qu'elle est due.
00:25:15Il est allé aux États-Unis à la fin du 19e siècle
00:25:17faire une série de conférences.
00:25:19Son éloquence a été très remarquée à une époque où on pensait que l'Inde,
00:25:22c'était une sorte de sous-colonie britannique qui parlait très mal anglais.
00:25:26Et lui était très éloquent en anglais.
00:25:28Il a rencontré Mark Twain, Nikola Tesla.
00:25:31Et William James, le père fondateur de la psychologie expérimentale moderne.
00:25:34William James, grand monsieur.
00:25:36Donc, c'est pour ça que ça fait sens de le citer dans une conférence de neuropsychologie,
00:25:40parce que William James, vraiment un des pères fondateurs de la psychologie moderne,
00:25:45ne tarissait pas d'admiration pour Swami Vivekananda.
00:25:48Et Vivekananda a dit l'esprit n'est pas une poubelle
00:25:52dans laquelle vous gardez la colère, la haine et la jalousie.
00:25:56C'est une boîte à trésors dans laquelle vous devriez garder uniquement
00:26:00vos souvenirs les plus joyeux et les plus positifs.
00:26:04Ce qui est recommandé dans beaucoup de traditions orientales au moment de la mort,
00:26:07se concentrer sur les souvenirs les plus positifs de sa vie.
00:26:09C'est une sagesse populaire qui vient de l'hindouisme et du bouddhisme, notamment,
00:26:13que vous retrouvez dans le sophisme aussi, d'ailleurs,
00:26:14mais qui a percolé jusqu'à Harry Potter.
00:26:17L'histoire des détraqueurs.
00:26:18Vous avez ces espèces de trucs.
00:26:19J.K. Rowling était dépressif, même sur le plan clinique.
00:26:23Et l'histoire des détraqueurs dans Harry Potter qui aspirent tous vos bons souvenirs
00:26:27et qui font que vous n'arrivez qu'à avoir des souvenirs négatifs.
00:26:30Ça s'appelle la rumination en neuropsychologie.
00:26:32Et comment on chasse des détraqueurs dans Harry Potter ?
00:26:35On invoque un patronus.
00:26:36Comment on invoque un patronus ?
00:26:37En se concentrant sur le plus beau souvenir de sa vie.
00:26:41Ça, ce sont des choses qui font partie
00:26:43des pratiques recommandées dans l'hindouisme, le bouddhisme et le sophisme.
00:26:48Donc, cette impuissance à prise, elle était aussi enseignée
00:26:51typiquement chez les preneurs d'otages qui ont un otage qui doit bouger.
00:26:56Quand vous avez un otage qui doit bouger, il a plein d'opportunités de s'échapper.
00:27:00Typiquement, les farcs dans la jungle, vous devez tout le temps bouger
00:27:03parce que vous êtes un groupe révolutionnaire clandestin.
00:27:06Vous ne pouvez pas installer une prison avec un emplacement GPS.
00:27:10Donc, la prison doit être dans la tête de l'otage.
00:27:13Donc, les farcs ou les groupes d'extrême droite, ce n'est pas un jugement.
00:27:16Vous avez des kidnappeurs de droite, de gauche, il n'y a pas de problème.
00:27:18Mais les kidnappeurs dans la jungle, en particulier dans le Darin,
00:27:21une des zones les plus dangereuses du monde, la frontière entre le Panama et la Colombie.
00:27:25Quand ils ont des otages,
00:27:26ils les mettent à genoux et leur font répéter « solo, solo, soy solo, solo »
00:27:31toute la journée, pour que ça rentre bien.
00:27:33« Je suis seul, je n'ai pas la moindre chance de m'en sortir. »
00:27:36Et quand vous en êtes à votre millième jour, les yeux bandés, à genoux,
00:27:39à répéter « je suis seul », il est envisageable que ça pénètre un peu votre subconscient.
00:27:44Mais bon, il y a des méthodes qui sont enseignées dans différentes écoles
00:27:47de survie, de commando ou autre, pour dépasser ça justement.
00:27:51C'était de se penser faible.
00:27:54Ça, c'est vraiment très intéressant.
00:27:55D'ailleurs, en islam, « fort », c'est un nom divin.
00:27:58Al-Kaoui, c'est un nom divin.
00:28:00Donc, c'est considéré comme un nom sacré.
00:28:02La force est un attribut du divin.
00:28:04Et pour Vivekananda, très clairement,
00:28:08un des premiers péchés les plus fondamentaux, c'est de se croire faible.
00:28:12Et là, vraiment, il l'a répété des tonnes de fois.
00:28:14Il dit « voilà ce que vous allez penser de vous, vous allez finir par le devenir.
00:28:18Si vous vous pensez faible, vous allez devenir faible.
00:28:20Si vous vous pensez fort, vous allez devenir fort.
00:28:24Et surtout, très important, de la part d'un hindouiste,
00:28:26vous savez, beaucoup d'hindouistes, parce que vous savez, il y a toujours
00:28:28la différence entre le cultuel, le culturel, le folklorique et le religieux.
00:28:32C'est ce qu'explique très bien la scène du Parrain 3, où vous avez le pape,
00:28:36qui représente Jean-Paul Ier, qui va mourir dans des circonstances
00:28:39très troubles au Vatican dans l'affaire de la banque ambrosielle.
00:28:41Vous avez cette scène où le pape prend une pierre dans une fontaine et dit
00:28:45« regardez, mes fidèles sont comme cette pierre.
00:28:49Ils baignent dans le christianisme depuis 2000 ans, mais ça n'a pas pénétré.
00:28:53Donc, vous avez de la décoration, vous avez du folklore,
00:28:56mais si je casse la pierre, elle est sèche. »
00:28:58Alors, vous voyez le personnage du pape qui prend la pierre de la fontaine,
00:29:01qui dit « cette pierre est dans cette fontaine depuis très longtemps,
00:29:03mais si je la casse, vous verrez, l'intérieur est sec. »
00:29:05Il dit « malheureusement, beaucoup de mes fidèles sont comme ça.
00:29:07Ça n'a pas pénétré. » Pour Vivekananda, il y a un truc
00:29:11qui, pour, disons, les fidèles hindouistes, pour qui ça n'a pas pénétré,
00:29:15serait un blasphème.
00:29:17Là, il parle de Dieu.
00:29:18Techniquement, l'hindouisme est polythéiste.
00:29:20Bon, les grands gourous hindous vous diront « non, c'est monothéiste.
00:29:24Oui, oui, on a des formes, des manifestations,
00:29:27comme Ganesh, comme Rahuma, comme Hanuman, etc.
00:29:30On a des manifestations pour les fidèles.
00:29:31Vous comprenez, c'est une religion qui a 4000 ans.
00:29:33Forcément, il fallait créer quelques concessions pour la pratique culturelle quotidienne.
00:29:38Mais les grands gourous indiens vous disent tous qu'en réalité,
00:29:42l'hindouisme est un monothéisme.
00:29:43Si on part de ce principe-là, il vous dit clairement
00:29:46« vous ne pouvez croire en Dieu si vous ne croyez en vous-même. »
00:29:48Point. Voilà.
00:29:50Si, parce que Dieu est en vous.
00:29:51Donc, vous ne pourrez pas croire en Dieu si vous ne croyez pas en vous-même.
00:29:55Je fais vraiment ces parallèles spirituels.
00:29:57Je ne vous les impose pas.
00:29:58Attention, je ne vous demande pas d'y croire ou de ne pas y croire.
00:30:00C'est anthropologique pour l'instant.
00:30:02Mais comme je vous l'ai dit, William James avait vraiment une admiration
00:30:05très particulière pour Vivekananda.
00:30:06Donc, je voulais faire ce petit point de recul.
00:30:09Parce que regardez, ça, c'est plus sociologique que religieux.
00:30:13Croire en les autres, en fait, c'est plutôt ça.
00:30:15Regardez le nombre d'arnaques fondamentalement qu'il y a tous les jours.
00:30:18Ça prouve bien que c'est facile de croire en les autres.
00:30:20Croire en soi-même, c'est le vrai défi.
00:30:23Ça, c'est vraiment dur.
00:30:24Donc, de ce point de vue-là, ça vous pose l'impuissance à prise
00:30:26comme un enjeu spirituel.
00:30:28Ne vous inquiétez pas, ça sera publié, cette conférence.
00:30:32OK, donc, parlons maintenant du remède à l'impuissance à prise.
00:30:36L'optimisme appris, learned optimism.
00:30:39Parce qu'en fait, on continue à dire « learned helplessness »
00:30:42pour l'impuissance à prise.
00:30:42Mais comme je vous l'ai dit, en réalité,
00:30:44on devrait dire l'impuissance induite, comme en hypnose.
00:30:47Et c'est une induction, d'accord ?
00:30:49Parce qu'elle n'est pas vraiment apprise.
00:30:50Apprise, c'est le néocortex.
00:30:52Et ce n'est pas le néocortex qui médie l'impuissance à prise.
00:30:55C'est pour simplifier le cerveau reptilien.
00:30:58Donc, on devrait l'appeler l'impuissance induite plutôt que l'impuissance à prise.
00:31:00Mais sur Internet, vous ne trouverez pas le terme « impuissance induite ».
00:31:03C'est pour ça que je vous ai mis ce terme.
00:31:06Alors, Idrisha parlait aussi du fameux effet Bannister.
00:31:09Qu'est-ce que c'est que l'effet Bannister ?
00:31:11Roger Bannister court le mile en moins de quatre minutes après la guerre.
00:31:20Tout le monde disait que c'était impossible,
00:31:23que ce n'était vraiment pas possible de courir un mile en moins de quatre minutes.
00:31:25Les médecins, les scientifiques disaient « ce n'est pas possible ».
00:31:29Et il a dit lui-même, j'y croyais à tel point, c'est des figures d'autorité,
00:31:33c'est des médecins, ils sont en blouse blanche, les mecs, on va quand même les écouter.
00:31:36Il disait à tel point que quand j'ai passé la ligne d'arrivée, j'ai cru que j'étais mort.
00:31:40Je me suis dit vraiment, je me suis touché, je me suis pincé,
00:31:42parce que j'ai cru que j'étais mort.
00:31:44J'avais couru le mile en moins de quatre minutes, j'étais donc forcément mort.
00:31:48Et donc, l'effet Bannister, c'est quoi ?
00:31:49C'est qu'à peine 46 jours plus tard,
00:31:54John Landy va courir le mile en moins de quatre minutes.
00:31:57Bon, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:31:58Et attention, on ne parle pas de la génération d'Éthiopiens, d'Erythréens
00:32:03qui s'entraînent en haute altitude,
00:32:04conduisant comme de la pâte à crêpes avec une hématocrite ultra élevée, etc.
00:32:09On n'était pas au max possible, quoi.
00:32:11Et qui courent pieds nus, parce que quand vous avez un tendon d'Achille très renforcé,
00:32:16vous emmagasinez plus d'élasticité à chaque foulée.
00:32:19Et c'est pour ça que vous aviez des marathoniens qui avaient les pieds très musclés
00:32:22et qui pouvaient courir, enfin, qui avaient des meilleures performances en courant pieds nus.
00:32:26Donc, on n'était pas du tout sur l'optimum d'endurance, pas du tout.
00:32:30Et on a un autre monsieur d'Occident qui s'appelle John Landy qui, 46 jours plus tard, le fait.
00:32:35Donc, Idrisha pose la question, lui, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:32:38Est-ce que c'est leur nutrition qui a changé ? Est-ce que c'est leur entraînement qui a changé en 46 jours ?
00:32:41Non, c'est le blocage intellectuel.
00:32:44Le premier suspect, c'est de se dire qu'il savait que c'était possible.
00:32:48À partir de là, ses performances ont augmenté.
00:32:51Il y a tout un tas d'expériences qui démontrent que c'est en effet comme ça que ça fonctionne.
00:32:55Alors, en matière d'athlétisme, on a plein de phénomènes comme ça.
00:32:58Le 100 mètres en moins de 10 secondes.
00:33:00Mesdames, d'ailleurs, ça reste une limite pour les femmes.
00:33:03Donc, le 100 mètres en moins de 10 secondes, je pense que, de mon vivant, ça va être battu.
00:33:08Je suis quasiment certain qu'une femme va passer le 100 mètres en moins de 10 secondes de mon vivant.
00:33:12Ça, je pense que c'est...
00:33:14Oui, voilà, bon, c'est un dopage, évidemment.
00:33:16Mais après, il y a des façons, en effet, ceux qui s'entraînent en haute altitude, etc.
00:33:20Mais c'était même assez marrant, d'ailleurs, de voir que dans le 100 mètres homme,
00:33:24le détenteur du record l'a fait en souriant.
00:33:28Le mec, il y a la fameuse photo, on le voit, il rigole.
00:33:31Les autres derrière sont en PLS, ils donnent tout ce qu'ils peuvent et tout.
00:33:33Et lui, il est là, il rigole.
00:33:35Même, il se retourne pour les regarder.
00:33:36Il voit qu'il est à deux foulées devant eux.
00:33:38Et à Usain Bolt, c'est assez impressionnant de voir qu'il fait ça par plaisir, le mec.
00:33:42Donc, le 100 mètres en moins de 10 secondes, en tout cas, c'était une limite aussi, pareil, réputée, infranchissable.
00:33:4668, Jim Hines.
00:33:48Et ensuite, il a été répliqué dans le monde entier quelques mois plus tard.
00:33:51C'est ça qui est fou.
00:33:52Vraiment, on a, pouf, d'un coup, plein de gens, on le sait que c'est possible.
00:33:56Donc, ça, ça a été répliqué.
00:33:59Vous avez eu le marathon à moins de deux heures aussi.
00:34:00Alors ça, c'est nouveau.
00:34:02Ça a été passé en 2019.
00:34:03Ce n'est pas des conditions olympiques.
00:34:04Il y avait des conditions un peu différentes.
00:34:06Mais on a eu un impact très significatif sur le marathon homologué.
00:34:11C'est-à-dire que les résultats des marathons officiels se sont améliorés peu de temps après que quelqu'un ait réussi à courir un marathon en moins de deux heures.
00:34:182019, c'est l'année.
00:34:20D'ailleurs, si vous avez des amis que ça intéresse ou des enfants ou des neveux, que sais-je, qui voudraient se lancer dans une carrière athlétique,
00:34:26il y a vraiment, aujourd'hui, tout un tas de gens qui pensent qu'on pourrait complètement révolutionner le 100 mètres.
00:34:34Vous avez comme ça des pratiques athlétiques qui n'étaient pas considérées forcément comme jolies, mais qui donnaient de meilleurs résultats.
00:34:41Par exemple, le basket, c'est démontré en biomécanique du sport que la meilleure façon de tirer un panier, c'est ce qu'on appelle le granny shot, comme une grand-mère.
00:34:48C'est-à-dire, vous le prenez comme ça.
00:34:52Si, c'est démontré en biologie que c'est le granny shot qui est clairement la meilleure façon de tirer un panier.
00:34:58Mais personne ne va le faire parce qu'elle a une billette, tout le monde vous regarde, etc.
00:35:01Mais c'est physiquement la meilleure façon de tirer un panier.
00:35:05Et bien sûr, pour les sauts en hauteur, vous avez eu le fameux Fosbury flop.
00:35:09On l'appelait un flop parce que ce n'était pas élégant.
00:35:12Le saut en hauteur, avant, on le passait en ciseaux, c'est-à-dire qu'on mettait une jambe et l'autre était entraîné.
00:35:17Mais quand Dick Fosbury a décidé de passer par le dos et de tomber sur le dos, sur le tapis, il a fait donc un flop.
00:35:24C'était inélégant, sauf qu'il a explosé le record.
00:35:26Et bien, en 100 mètres, vous avez deux questions aujourd'hui, enfin trois même, trois sujets.
00:35:32Soit vous avez le courir sur la pointe des pieds.
00:35:35Ça donnerait plus d'énergie élastique à chaque foulée, mais ça nécessiterait un entraînement majeur du tendon d'Achille avec la consommation de collagène, etc.
00:35:42Le courir sur la pointe des pieds, le courir en apnée, puisqu'on perd de l'énergie à respirer alors que c'est que 100 mètres, c'est 9 secondes.
00:35:50On peut tout à fait retenir sa respiration pendant 9 secondes, même en courant à fond.
00:35:54Donc le courir en apnée. Et certains disent même le courir à quatre pattes.
00:35:58Parce que les courbes de sport disent qu'en fait, le moment où la courbe à quatre pattes pourrait passer la courbe à deux pattes est peut-être dans 30 ans.
00:36:08Parce que les animaux qui courent vite, ils courent à quatre pattes.
00:36:11Alors certes, il y a l'autruche, etc. Petit contre-exemple, mais les champions de vitesse, c'est quatre pattes, le guépard typiquement.
00:36:17Et en effet, il y a cette question. Nous, on a évolué comme bipède pour plein de raisons.
00:36:21L'endurance, le fait de voir loin dans la savane, c'était très intéressant.
00:36:25Mais pour courir vite, si le but, c'est vraiment de casser la barre des 9 secondes, par exemple,
00:36:30peut-être que dans 30 ans, ce sera quelqu'un, soit qui courra sur la pointe des pieds sans respirer ou à quatre pattes,
00:36:36ou à quatre pattes sans respirer, qui pourra battre ce record.
00:36:43Alors, un des sujets sur l'impuissance à prise, bien sûr, c'est la conformité.
00:36:46Et ça, la conformité, ça arrive chez tous les organismes sociaux.
00:36:50Le cas des macareux est assez intéressant. On avait essayé de rediriger leur migration.
00:36:55Et donc, pour rediriger leur migration, on avait planté des petits macareux en bois ou en polystyrène.
00:37:00Et les macareux moines sont très sociaux comme animaux.
00:37:03Et donc, quand on est un animal social, on cherche à être adéquat au groupe.
00:37:08Donc, à faire comme le groupe.
00:37:10Qu'est-ce qui s'est passé ? On n'allait pas s'amuser à mettre des macareux en plastique avec deux pattes.
00:37:14Donc, on les a mis qu'avec une patte.
00:37:16Et du coup, les macareux qui sont arrivés se sont dit, c'est normal, il faut faire ça.
00:37:19Et ils ont adopté le comportement de se tenir sur une seule patte.
00:37:23Donc, imaginez si ça marche sur un macareux qui a un cerveau tout de même un peu moins développé que le nôtre,
00:37:29même si chez certaines personnes, on peut légitimement se poser la question.
00:37:33Dites-vous bien que ça marche chez l'humain aussi, que la conformité peut être transmise de cette manière.
00:37:38Alors, l'impuissance apprise, donc induite, je mets le terme qui est le plus exact.
00:37:42L'impuissance induite, elle a été confirmée chez l'humain.
00:37:44Moi, je vous avais juste montré, bien sûr, les chiens, Seligman.
00:37:46Quand on électrifie toute la cage et que le chien se rend compte qu'il ne peut pas s'échapper,
00:37:51il se prostre et il ne s'échappe pas même quand on ouvre sa cage.
00:37:54Chez l'humain, on n'a pas utilisé des décharges électriques, on n'est pas des bêtes.
00:37:58On a utilisé des sons forts.
00:38:00Et en fait, quand vous agressez quelqu'un avec des sons forts, il va performer moins bien ensuite à un test.
00:38:06Et là, il y a tout un tas d'expériences qui ont été faites.
00:38:09Par exemple, vous demandez à la personne de résoudre un test cognitif pour aller arrêter le son.
00:38:16Et là, vous voyez que quand il a été, si jamais c'est quelqu'un qui a déjà été agressé par les sons,
00:38:20il performera moins bien à ce test cognitif des anagrammes, souvent trouver des anagrammes.
00:38:24Si vous avez trouvé un bon anagramme, le son s'arrête.
00:38:27Si vous mettez quelqu'un qui n'a pas été agressé, il va performer correctement.
00:38:31Si vous mettez quelqu'un qui a été agressé par des sons forts, il va moins performer à ces tests d'anagramme.
00:38:39Donc, l'exposition à un bruit incontrôlable, ça réduit carrément l'élan cognitif,
00:38:43c'est à dire que vous êtes moins enclin à même essayer de résoudre le problème.
00:38:48Donc, j'insiste, l'élan cognitif, parce que très souvent, tout le temps à l'école,
00:38:52on ne sait pas faire la différence entre l'élan cognitif et l'intelligence.
00:38:58Et je connais des cas très particuliers.
00:39:00Vous avez des élèves qui rendent des copies blanches parce qu'ils les ont faites dans leur tête.
00:39:05Et vous avez leurs profs qui vont dire, il est nul, cet élève est bête.
00:39:09Alors qu'en fait, il a juste fait le test dans sa tête et qu'il n'a aucune volition, aucune volonté de l'écrire.
00:39:14Il ne voit pas l'intérêt.
00:39:15Et l'école va vous dire, le type est idiot.
00:39:18Donc, je fais toujours très attention à ça parce que l'école ne fait pas la différence entre
00:39:23une mauvaise note par impuissance à prise, ce qui peut arriver aussi,
00:39:25ou une mauvaise note juste parce qu'on n'a pas envie, qu'on ne voit pas la motivation de faire l'examen.
00:39:30On peut le faire cognitivement, mais on n'a pas la motivation de le rendre.
00:39:33Et il y a tout un tas de phénomènes de cette nature, ils sont rares, mais ils existent.
00:39:38Donc, l'exposition à un bruit incontrôlable réduit l'élan cognitif, c'est à dire la volonté d'essayer.
00:39:43Vous avez les capacités cognitives de résoudre le problème, mais votre cerveau vous dit, ça ne sert à rien.
00:39:47Et l'exposition à des bruits aléatoires réduit les performances dans des tests.
00:39:51Si vraiment, vous demandez à quelqu'un de faire un test écrit, si vous lui balancez des bruits agressifs,
00:39:56il va être moins performant, mais pas à cause de son attention, de sa distraction,
00:40:01vraiment à cause d'un phénomène d'impuissance à prise.
00:40:03Un autre phénomène, c'est l'effet Pygmalion.
00:40:06Celui-là, il mérite vraiment qu'on s'y arrête parce que tout le monde devrait le connaître.
00:40:09Tout le monde devrait connaître l'effet Pygmalion.
00:40:11Il devrait être enseigné à tous les profs, il devrait faire partie du CAPES en France et de l'agrégation.
00:40:16Évidemment, il ne fait pas partie de l'agrégation.
00:40:17A l'agrégation, il n'y a pas de cours de pédagogie, donc comme ça, c'est réglé.
00:40:21Eh bien, en fait, Maria Montessori disait à ses élèves qui allaient devenir profs,
00:40:27abstenez-vous même de penser du mal de vos élèves, même d'en penser.
00:40:32Ce n'est pas de la télépathie, c'est votre langage corporel va le montrer.
00:40:36Vous serez les bras ballants.
00:40:37Ah, mon petit Kevin, qu'est-ce que tu veux ?
00:40:38Papa a été idiot en maths, donc toi, tu le sauras aussi.
00:40:40Non, il ne faut surtout pas faire ça.
00:40:43L'effet Pygmalion démontre que quand on pense d'avance qu'un candidat est bon, il le devient.
00:40:49Et alors, on a plein d'expériences de ça.
00:40:51Je vais vous donner les trois plus importants.
00:40:53Rosenthal et Jacobson, c'est les premiers à le démontrer en 68, à le démontrer en neuropsychologie.
00:40:57J'imagine que plein de profs le savaient avant, mais eux l'ont démontré dans un setup expérimental.
00:41:02Donc, qu'est-ce qu'ils font ? Ils disent à des profs.
00:41:04On a fait un groupe d'élèves au potentiel.
00:41:07C'est des génies, ces élèves.
00:41:08Franchement, on leur a fait passer un test.
00:41:10C'est des brutes épaises, vous allez voir, c'est des dingues.
00:41:13Et ils laissent ces élèves ensuite un an avec les profs face à une autre classe où ils n'ont rien dit.
00:41:17C'est la classe contrôle.
00:41:19Eh bien, ça ne rate pas.
00:41:20Au bout d'un an, évidemment, les deux classes ont progressé.
00:41:22Mais la classe des élèves super géniaux TGV, elle a progressé très significativement plus que la classe des élèves normaux.
00:41:29Eh bien, Rosenthal et Jacobson vont voir les profs et leur disent on a fait les groupes au pif.
00:41:33Ils n'ont jamais passé de test.
00:41:35On a juste essayé de vous convaincre qu'ils étaient bons.
00:41:37On leur a dit, parce que vous, évidemment, les tests, ça vous parle.
00:41:40Donc, on vous a dit qu'ils ont passé des tests et qu'ils sont d'excellents test-takers.
00:41:44Mais en fait, non, on a fait ça au pif.
00:41:46Alors, il a fallu la répliquer, cette expérience.
00:41:48Donc, vous avez Rosenthal à nouveau et Fudd, c'était avant ça.
00:41:52Ils disent à des étudiants, ils l'avaient testé chez les rats.
00:41:55Ils veulent vérifier que l'effet Pygmalion marche chez les rats.
00:41:58Donc, ils disent à des étudiants qui vont être laborantins.
00:42:01Dans ce test-là, on a un petit groupe de rats.
00:42:03Franchement, ces rats-là, c'est du prix Nobel en puissance.
00:42:06Ils vont sortir du labyrinthe plus vite que les autres.
00:42:09Eh bien, en effet, et on est d'accord que les rats ne comprennent pas le langage humain.
00:42:12Eh bien, en effet, le fait que les expérimentateurs s'attendent à ce que ces rats soient plus intelligents
00:42:17et sortent du labyrinthe plus vite, fait que ces rats vont sortir des labyrinthes plus vite.
00:42:23Donc, l'effet Pygmalion, il vaut même chez le rat.
00:42:24Bien sûr, chez le chien, chez le chat, etc.
00:42:27Chez le dauphin, ce que vous voulez.
00:42:28Chez les perroquets, les corps vidés.
00:42:31Mais Eden et Shani, donc, ont fait une grande étude sur l'armée israélienne.
00:42:35Ils forment des appelés au hasard dans l'armée israélienne, avec tous les appelés qu'ils avaient.
00:42:40Et ils leur disent que cet appelé-là, c'est les génies.
00:42:43C'est les meilleurs et tout. Et là, pareil, ça ne rate pas.
00:42:46Ce groupe performe mieux alors que le groupe a été fait au pif.
00:42:49Et encore une fois, pourquoi l'armée ?
00:42:50Parce que vous avez des très gros échantillons et vous pouvez les suivre sur deux ans.
00:42:54Donc, avec là, on parle de peut-être, je ne sais pas moi, 2000, 3000 personnes.
00:42:56Je ne me rappelle plus du nombre qui a été testé, mais c'est dans ces eaux-là pour être sûr
00:43:00que ça marche à grande échelle et ça ne rate pas.
00:43:03Si vous dites à l'examinateur que le type est un génie,
00:43:06il va partir du principe que c'est un génie, même s'il le suit pendant un an, deux ans.
00:43:11Donc, l'effet Pygmalion.
00:43:16Alors, Charisse Nixon, elle a vraiment popularisé l'impuissance à prise
00:43:21en montrant que ça pouvait aller super vite, mais vraiment super vite.
00:43:25L'expérience qu'elle a popularisée au monde, c'est celle-ci.
00:43:28Elle donne à ses élèves des anagras.
00:43:32La plupart des élèves de la classe ont les anagrames de gauche à faire, d'accord ?
00:43:36Et elle demande aux élèves, donc ils reçoivent une copie avec marqué ces anagrames.
00:43:41Trouvez les anagrames à ces mots.
00:43:42Quand vous avez trouvé, levez la main, OK ?
00:43:45Et donc, les élèves sont comme ça.
00:43:48Mais il y a trois élèves dans la classe qui n'ont pas cette copie, qui ont celle-là.
00:43:54Alors là, vous pouvez chercher tout ce que vous voulez.
00:43:56Il n'y a pas d'anagrames à Whirlpool et à Leprechaun en anglais, OK ?
00:43:59Mais, juste pour être sûr, et ce n'est pas votre langue natale,
00:44:03bon, c'est quoi ? Bat ? Tab ? OK.
00:44:07Mélone ? Lemon ? Cinerama ? OK.
00:44:11Américain. Vous aviez déjà vu mes confs ?
00:44:14Bon, mais sinon, en moyenne, même pour un nom natif, ça prend 30 secondes, quoi.
00:44:18Mais encore une fois, dans une salle, il y a des gens qui ne vont même pas essayer.
00:44:21Pourquoi ? Parce qu'ils disent, ça ne sert à rien, qu'est-ce que je m'en fous ?
00:44:23Il y a bien un type dans la salle qui va me trouver.
00:44:24Ça ne veut pas dire que vous êtes bêtes.
00:44:26Je ne partirai pas du principe qu'un type est bête parce qu'il n'a même pas essayé de faire cet anagrame.
00:44:29Je veux dire, quel est l'intérêt ? C'est normal, vous voyez.
00:44:32Le problème, c'est qu'à l'école, vous avez des élèves qui sont comme ça et ont des diagnostics idiots.
00:44:36Ça, c'est un souci.
00:44:38Donc, les élèves, ils ont ça.
00:44:41Donc, en 20 secondes, parce qu'eux, ils sont natifs américains, Cinerama américaine, ça saute aux yeux, boum, ils lèvent la main.
00:44:47Et les trois pauvres élèves qui ont ça comme copie.
00:44:50Mais ils sont vraiment en PLS là aussi, parce qu'ils se disent, mais ce n'est pas possible, je suis con.
00:44:54Enfin, je ne mérite pas d'être dans cette classe.
00:44:58Je suis entouré de gens significativement plus intelligents que moi.
00:45:01Là, vous avez une douleur physique.
00:45:04Vraiment, je ne suis pas adéquate.
00:45:07D'accord, je ne mérite pas d'être dans cette salle.
00:45:09Oui, c'est ça, ça fait très, très mal.
00:45:14Et évidemment, ça ne rate pas, il rate celui-là.
00:45:17C'est ça l'impuissance à prise, c'est que celui-là, il est faisable.
00:45:20Mais vous avez deux conditions. Une, vous prenez de l'élan.
00:45:23Vous remarquez que celui-là est très simple, un peu plus compliqué, un peu plus compliqué.
00:45:27Vous avez de l'élan. Celui-là, d'entrée de jeu, vous prenez un mur.
00:45:33En fait, ce principe de l'élan cognitif, il est majeur.
00:45:37Et c'est pour ça que mon père, par exemple, me disait toujours, Idriss, ne révise jamais tes maths dans un bouquin français.
00:45:42Jamais. Lui, il avait étudié à Alger, ensuite en France, il a fait un doctorat de maths.
00:45:47Il m'a dit, moi, quand je révisais les maths, c'était bouquins russes ou bouquins américains, bouquins soviétiques.
00:45:53Alors, à Alger, il y avait beaucoup de bouquins soviétiques, bouquins soviétiques ou bouquins américains.
00:45:57Surtout pas un bouquin français. Pourquoi ?
00:46:00Parce que le bouquin français, il est là pour vous montrer qu'il est plus intelligent que vous.
00:46:03Donc, il vous piège, premier chapitre, premier exercice, sans pitié, boum, il y avait un piège, j'étais trop nul.
00:46:08Non, mais vraiment, c'est, si vous voulez avoir une image de merde de vous-même,
00:46:12révisez dans un bouquin qui vous fait préparer, normal, sup ou central, français.
00:46:18Faites ça.
00:46:19Si vous voulez, par contre, vous sentir, vous dire que vous êtes des génies,
00:46:22révisez dans un show, la série show des Britanniques, des Américains, pardon,
00:46:27ou les bouquins soviétiques, bon, maintenant, c'est plus dur à trouver.
00:46:30Eux, ils vous prennent par la main.
00:46:32Chapitre 1, exercice 1, combien font 1 plus 1 ?
00:46:35Sans déconner, vraiment, si vous êtes sur un bouquin d'analyse complexe comme ça, qui va jusqu'à l'hypothèse de Riemann,
00:46:40ça commence par combien font 1 plus 1 ?
00:46:41Oh, bravo, Dora l'exploratrice, tu as fait, tu as trouvé, c'est bien.
00:46:47Le bouquin français, il est là pour sélectionner uniquement les mecs qui vont survivre à son abus psychologique
00:46:56et qui vont ensuite faire une prépa ou une grande école.
00:47:00Donc le reste, on vous le dégage.
00:47:02C'est pour ça qu'en France, qui est censée être un pays égalitaire, on n'a pas de classe moyenne en maths.
00:47:06C'est ce que les tests PISA démontrent amplement.
00:47:08On a des très bons, pas de problème.
00:47:10On a des Laforgue, des Villani, pas de souci, mais des Van der Werner, etc.
00:47:15Mais ensuite, les tests PISA, ils montrent qu'on est en dessous de la République tchèque, plutôt un bon pays,
00:47:19mais qu'on est en dessous des pays qui sont à la traîne en Europe.
00:47:22Donc, on n'a pas de classe moyenne, en fait.
00:47:23C'est assez marrant de voir que de ce point de vue là, on a des inégalités qui sont comparables à celles du monde capitaliste,
00:47:30mais dans le monde cognitif.
00:47:32J'ai fait une faute d'orthographe, là, d'ailleurs, mais c'est l'épreuve chaude.
00:47:35OK, alors voyons d'autres, parce qu'en fait, Charisse Nixon, quand elle a fait ça, elle s'appuyait sur des expériences plus anciennes,
00:47:42mais elle les a popularisées de cette manière, parce que là, vous comprenez comment on peut induire l'impuissance à prise en 15 minutes dans une salle.
00:47:49Comment on peut convaincre un élève qu'il est con en 15 minutes ?
00:47:52Comment son cerveau peut lui dire tu ne peux pas faire ça ?
00:47:55Alors qu'en fait, cognitivement, il le peut.
00:47:57Il a complètement les capacités cognitives pour le faire.
00:48:01Alors, les premiers à l'avoir découvert dans le monde occidental, c'était Dwayke Repucci en 73.
00:48:06Quand on donne des examens impossibles à des élèves, les élèves échouent à des examens de leur niveau.
00:48:12Si avant de donner un examen de leur niveau à des élèves, vous leur donnez un truc impossible, ils vont foirer parce que leur cerveau va leur dire n'essaye même pas.
00:48:20Donc lui, pareil, il montre que quand on conditionne les élèves sur un plus grand nombre d'élèves et avec une plus grande durée,
00:48:27quand on conditionne les élèves sur des examens impossibles, c'est comme s'ils devenaient bêtes.
00:48:32Mais en fait, ils ne sont pas bêtes.
00:48:33C'est juste leur cerveau reptilien qui leur dit ça ne sert à rien.
00:48:36Ça ne sert à rien, ne dépense pas ton énergie là-dedans.
00:48:39Ça ne sert à rien, mais ils ne sont pas cognitivement bêtes.
00:48:42Par contre, l'école, surtout à l'époque, ne fera pas la différence.
00:48:45Ils sont bêtes.
00:48:46Ils n'ont pas rendu la feuille, ils sont bêtes.
00:48:51Alors il y a cette légende, mais c'est plutôt authentique en fait.
00:48:57Parce que si on part du principe que l'impuissance à prise existe, qu'elle est reptilienne,
00:49:00on doit se dire que le principe d'encourager sa descendance doit exister chez d'autres animaux.
00:49:08Et en fait, les gardiens de zoos observent souvent que les lions encouragent leurs lionceaux
00:49:16à les mordre et crient très fort quand les lionceaux les mordent.
00:49:19Ils disent « Ah, tu es un grand chasseur, mon fils ! »
00:49:22Et ça a été confirmé.
00:49:25Donc ça a pas mal tourné sur Internet, mais c'est confirmé.
00:49:27Alors c'est le Smithsonian, le Smithsonian National Zoo nous le confirme,
00:49:32le College of Biological Science de l'Université du Minnesota,
00:49:34puis tout un tas de gardiens de zoos le savent,
00:49:37qu'en effet, c'est un comportement assez classique pour encourager le petit lionceau à faire ses premiers pas
00:49:42dans un univers où il va être apex pédateur, où il sera au sommet de la chaîne alimentaire.
00:49:48Alors évidemment, l'impuissance à prise, vous imaginez bien que ça va vraiment se construire
00:49:54soit sur les minorités, soit sur les cas de ségrégation, soit bien sûr dans les cas de misogynie.
00:50:00Donc là, je vous ai montré un exemple qui est très intéressant.
00:50:02C'est le bouquin « Black Like Me » de John Howard Griffin, un journaliste américain.
00:50:07Et vous voyez, c'est assez grossier quand même.
00:50:09Il s'est mis du cirage sur la peau, le mec.
00:50:12Il a pris des pilules autobronzantes, il s'est écrépé les cheveux.
00:50:15Il a essayé de se faire passer pour noir dans le sud ségrégationniste des États-Unis
00:50:18après la fin des lois ségrégationnistes.
00:50:21Et il a bien sûr observé que les gens le traitaient complètement différemment.
00:50:24Il a documenté dans son bouquin comment des gens qui le connaissaient,
00:50:29parce qu'évidemment, le but, c'était vraiment qu'on ne le reconnaisse pas.
00:50:31Et ça a marché.
00:50:33Et bien, comment des gens qui le connaissaient le traitaient complètement différemment ?
00:50:37Et surtout, après, il s'est intéressé à dans quelle mesure
00:50:41vivre dans un environnement où vous avez des stéréotypes ratios sur tel ou tel groupe de population
00:50:46va avoir une influence sur leur impuissance à prise.
00:50:49Et ça, évidemment, dans l'histoire, vous en avez eu des groupes ségrégés.
00:50:52Ce n'est pas ça qui manque.
00:50:54D'ailleurs, le mot « esclave », en fait, en anglais « slave », ça vient de « slave ».
00:50:59Donc, dans Mein Kampf, les slaves sont de la soie.
00:51:01Mais en fait, pour les Romains, déjà, les viviers décèdent.
00:51:05Pour les Romains, les esclaves, c'était toutes les couleurs.
00:51:07Il n'y a pas de problème. Les Romains, ils esclavagisaient tout le monde.
00:51:11C'était égale opportunité pour eux.
00:51:13Pas de problème. Où qu'ils aillent, ils prenaient la Gaule.
00:51:16Typiquement, ils ont fait un million d'esclaves.
00:51:18Quand César va en Gaule, il bute un million de personnes.
00:51:21Il esclavage un autre million.
00:51:23Il esclavagise un autre million. Et il y avait trois millions d'habitants à l'époque.
00:51:26Vraiment, le mec, il a fait place nette.
00:51:29Mais évidemment, l'endroit où on pouvait le mieux le documenter,
00:51:32c'était dans les États-Unis, ségrégationnistes,
00:51:34parce qu'on avait à la fois de très bons chercheurs en psycho et une société raciste.
00:51:39Donc, Jane Elliot, en 68, elle fait le...
00:51:4368, ce n'est pas un hasard, c'est parce que c'est la mort de Martin Luther King.
00:51:46Donc, elle dit à ses élèves « Est-ce que vous voulez tester le racisme ? »
00:51:50Et donc, 8-9 ans, third grade.
00:51:53Et elle leur dit « Très bien, à partir de maintenant, tous ceux qui ont les yeux bleus, vous allez là.
00:51:56Tous ceux qui n'ont pas les yeux bleus, vous allez là. »
00:51:59Et première journée, les yeux bleus, vous êtes la crème de l'humanité.
00:52:02Vous êtes les meilleurs, vous êtes intrinsèquement plus intelligents.
00:52:04Les études génétiques le démontrent.
00:52:05Elle leur donne un petit foulard.
00:52:06Ils ont le droit à un deuxième dessert à la cantine.
00:52:08Ils ont une salle de sport à part.
00:52:10En une journée, leur niveau de mathématiques a augmenté.
00:52:14Ensuite, à l'inverse, des élèves qui ont été traités comme de la merde,
00:52:18elle leur dit « Vous êtes les meilleurs, etc. »
00:52:20Eh bien, c'est les yeux bleus dont le niveau baisse la même journée.
00:52:23Et c'est les yeux pas bleus dont le niveau augmente.
00:52:26Ça s'appelle « L'expérience des yeux bleus » par Jane Elliott.
00:52:29Elle serait interdite par les comités d'éthique aujourd'hui.
00:52:31Mais elle nous illumine à quel point on peut transformer vraiment,
00:52:35parce que c'est un mélange d'effets Pygmalion, de racisme, d'impuissance à prise, etc.
00:52:40L'évolution de 1866, la fameuse étude L'Avila,
00:52:42où là, il étudie la communauté portoricaine
00:52:45et il démontre que l'impuissance à prise est devenue sociologique.
00:52:48Pour le rompre, il vous faut vraiment des figures, des symboles.
00:52:54Genre un entrepreneur qui a réussi, un grand footballeur, un prix Nobel, quelque chose comme ça.
00:52:59Parce que là, vraiment, le résultat de la fameuse étude L'Avila,
00:53:02qui est enseignée maintenant dans tous les manuels,
00:53:04c'est que dans la communauté portoricaine, l'impuissance à prise est devenue...
00:53:08Il ne l'appelait pas encore comme ça, puisque c'est Seligman 67 pour le terme,
00:53:11mais le résultat, c'est que c'était devenu systémique.
00:53:15C'est-à-dire que vraiment, il y avait cette idée, t'es portoricain, tu ne vas pas y arriver, quoi.
00:53:20Et style 95, alors c'est très, très grave, ça.
00:53:22Des étudiants afro-américains performent moins bien à un test écrit,
00:53:26juste quand on leur rappelle qu'ils sont afro-américains.
00:53:29On ne leur dit pas, vous êtes bêtes.
00:53:30On ne leur dit pas, on leur dit,
00:53:32si vous devez mettre votre race avant.
00:53:34Ça m'a toujours frappé parce qu'aux Etats-Unis, il y a race.
00:53:37Le vrai terme, c'est ethnie.
00:53:38Mais je me suis fait voler de mon vélo quand j'étais à Stanford.
00:53:40J'ai une vie très excitante.
00:53:42Et c'est un policier, vraiment la caricature du policier américain,
00:53:47à la quarantaine, quasi obèse.
00:53:50Et il me demande, il est noir, il me demande ma race.
00:53:53Je ne savais pas à quoi il répond.
00:53:55Je savais vraiment.
00:53:57Et à la fin, il m'a fait cocher caucasien.
00:54:01D'accord.
00:54:02Ce qui, techniquement, j'ai un grand-père italien.
00:54:04Donc oui, why not ?
00:54:05Mais je veux dire, même les Italiens, quand ils se font appeler caucasien,
00:54:08ça veut dire quoi, caucasien ?
00:54:09Bref, ça, c'est les joies des statistiques raciales.
00:54:12Mais c'est présent chez eux, bien sûr.
00:54:15Donc là, Steele, en 95, il demande juste aux étudiants afro-américains,
00:54:19il leur met juste un test où il y a juste avant, spécifiez votre race.
00:54:23Eh bien là, ils performent moins bien et c'est tout.
00:54:25Ce n'est pas un truc de fou, ça ?
00:54:28Évidemment, vous l'avez dans la misogynie.
00:54:30Des femmes performent moins bien à un test de maths
00:54:32si on leur dit avant que les femmes sont mauvaises en maths.
00:54:34Mais là, il faut quand même leur dire que les femmes sont mauvaises en maths.
00:54:36Je n'ai pas, à ma connaissance, de test où on leur demande juste rappeler votre sexe avant sur la copie.
00:54:43Il faudrait voir ce que ça donne, en effet.
00:54:44Je ne saurais pas vous dire, mais en tout cas, si vous dites oui,
00:54:48si avant vous dites aux femmes, vous savez, les femmes sont moins bonnes en maths,
00:54:51eh bien, pif, paf, pouf, vous avez par rapport au groupe contrôle à qui on n'a pas dit ça
00:54:55et qui sont des femmes aussi, performances inférieures.
00:54:59Donc, c'est intermalisé, le truc.
00:55:02Eh bien, tout ça, il y a des paradigmes qui sont opposés.
00:55:07On appelle ça l'auto-efficacité ou l'optimisme appris.
00:55:10Donc, il y a ce bouquin de Seligman, l'optimisme appris, qui est le bouquin de référence.
00:55:15Là, il vous parlera de tous les tests qu'il a fait, etc.
00:55:17Et c'est vraiment le fondateur du paradigme de l'impuissance apprise.
00:55:20Donc, le bouquin, je ne sais pas s'il a été traduit en français, mais ça,
00:55:23c'est le bouquin de référence sur la question de l'optimisme appris.
00:55:27Donc, en 77 déjà, Bandura, qui est à Stanford, c'est un immense psychologue.
00:55:34Il montre déjà que si vous arrivez à convaincre un patient
00:55:38qu'il peut contrôler sa phobie des araignées, des chiens, des serpents,
00:55:43eh bien, il va avoir de meilleurs résultats pour de vrai, pour contrôler sa phobie.
00:55:46Alors, ça semble évident, dites, attendez, si tu dis à ton patient, tu peux le faire, il va être meilleur.
00:55:50Bah oui, mais en science, il faut tester.
00:55:51Eh bien, là, le résultat est sans appel.
00:55:53Quand Bandura convainc ses patients qu'ils peuvent contrôler sa phobie en faisant des exercices,
00:55:58en disant, tu vois, ça marche, tu vois, là, tu t'en es mieux sorti.
00:56:00Tu vois, là, quand je t'ai mis l'araignée en peluche ou j'en sais rien, tu as mieux réagi.
00:56:03Donc, tu es en train de prendre le contrôle sur ta phobie.
00:56:07Eh bien, en effet, les sujets qui ont vécu ce conditionnement préalable
00:56:12ont de bien meilleurs résultats sur le contrôle de leur phobie.
00:56:16Il appelle ça l'auto-efficacité, l'auto-efficacité.
00:56:21Et d'ailleurs, il démontrera plus tard, dans une autre expérience, pas en 77,
00:56:24que l'auto-efficacité est associée à de meilleures décisions d'entreprise.
00:56:28Ça paraît bizarre, c'est sûr, on ne savait pas dire que le manager, sale con, arrogant, etc.
00:56:31Non, mais quand vous avez, c'est-à-dire souvent, quand vous êtes un sale con, arrogant,
00:56:35c'est plutôt par complexe d'infériorité.
00:56:36Je caricature, mais souvent, ce n'est pas de l'auto-efficacité.
00:56:39Ce n'est pas une conscience précise de ce que vous pouvez faire ou ne pas faire.
00:56:43Dwayg, en 71, les étudiants, quand vous les félicitez pour leurs efforts,
00:56:47plutôt que pour leur identité innée, c'est-à-dire que vous ne leur dites pas que tu es né intelligent,
00:56:51si vous félicitez les étudiants, pas pour leur QI, mais pour leurs efforts,
00:56:55ils vont mieux performer.
00:56:57Et ils vont devenir plus résilients, plus persistants et plus performants.
00:57:01C'est ce que Dwayg a appelé l'état d'esprit de croissance, le growth mindset.
00:57:06L'état d'esprit de croissance.
00:57:07C'est-à-dire que ça donne de meilleurs résultats si vous dites aux étudiants
00:57:11qu'ils ont travaillé, pourquoi ? Parce qu'ils comprennent
00:57:14que c'est quelque chose sur lequel ils ont un recours, comme les rats dans la cage.
00:57:18Quand ils se rendent compte, vous avez vu, les rats étaient moins ulcérés
00:57:21quand ils se rendent compte qu'en faisant bouger la roue,
00:57:24ils n'auront pas de décharge électrique.
00:57:26Quand ils se rendent compte qu'ils peuvent avoir un impact sur leur environnement,
00:57:28que ça dépend d'eux, parce que si c'est l'intelligence innée, c'est inné, ça ne dépend pas de vous.
00:57:33Si c'est inné, l'étudiant, ça ne va pas le motiver.
00:57:36Mais si c'est acquis, ça va le motiver.
00:57:39On a eu d'autres cas aussi, on a démontré que les pensionnaires d'EHPAD,
00:57:44les pensionnaires de maisons de retraite,
00:57:47leur pension est beaucoup plus agréable et leur santé est bien meilleure
00:57:51à la hauteur des éléments de leur environnement qu'ils ne peuvent contrôler.
00:57:55Donc, si vous créez dans une maison de retraite des situations où il y a des choses
00:57:59que le pensionnaire ou la pensionnaire peut contrôler,
00:58:01arroser des plantes, aider quelqu'un, etc.,
00:58:04vous avez une augmentation du bien-être des pensionnaires.
00:58:08Et ça, ce n'est toujours pas enseigné dans les gestions d'EHPAD en France, etc.
00:58:11C'est une étude qui date des années 70 aussi.
00:58:14Je crois que c'est Dweck, d'ailleurs, il faudrait vérifier, mais c'est une étude complètement connue
00:58:18et elle n'est toujours pas enseignée aujourd'hui dans les systèmes de maisons de retraite,
00:58:21alors que les populations vieillissent, donc on en aura de plus en plus.
00:58:24Et donc, c'est des études qu'on devrait diffuser.
00:58:27Seligman, donc, en 91, c'est là qu'il crée vraiment le paradigme de l'optimisme appris,
00:58:32montre qu'entraîner des sujets à analyser leurs échecs en disant que...
00:58:37vraiment en voyant leurs échecs comme des choses précises, donc limitées,
00:58:41spécifiques et surtout temporaires, mais jamais personnelles.
00:58:46Pas j'ai échoué à cause de mon trauma avec mon père,
00:58:49pas j'ai échoué parce que j'ai peur des chiens ou j'ai échoué parce que j'ai peur des maths.
00:58:53Mais non, c'était un cas spécifique.
00:58:55Tu as échoué sur ce problème d'une fonction ou d'une équation du second degré.
00:58:59C'est un truc précis et c'était à une heure précise.
00:59:02Et Seligman se rend compte que quand il dit aux gens, quand il entraîne les gens qui échouent,
00:59:06qui ont des échecs, tout le monde a des échecs, quand il entraîne les gens qui ont des échecs
00:59:11à décrire leurs échecs comme précis, spécifiques et temporaires
00:59:16à l'horizon de meilleure performance.
00:59:19Il appelle ça l'attributional style training.
00:59:22Et les élèves ou les sujets qui ont ça comme entraînement
00:59:26sont plus persévérants, résilients et heureux.
00:59:28Heureux en général.
00:59:31Donc énorme découverte qui est décrite dans le bouquin.
00:59:34Donc en conclusion,
00:59:36on en revient.
00:59:37Gnotis seoton nosce te ipsum.
00:59:40Oui, le C en latin, ça se prononce que.
00:59:42On croyait souvent que c'était des lettres muettes.
00:59:44Il n'y a pas de lettre muette en latin parce que le latin, c'est une langue gravée.
00:59:47Quand vous gravez une lettre, le concept de lettre muette, ça ne vous parle pas.
00:59:50Donc oui, c'est tout con.
00:59:53Mais voilà, parce qu'en français, on a plein de lettres muettes parce que le français a évolué
00:59:56à une époque où les copies, c'était payé à la lettre.
00:59:59Donc, rajouter un petit ENT qui va bien par rapport à l'italien où on prononce toutes les lettres.
01:00:03Le français s'est complexifié, notamment parce que les copies, c'était payé à la lettre.
01:00:08Ce n'est pas une blague, c'est pour de vrai.
01:00:09Il y avait deux raisons.
01:00:10Il y avait la raison classe qui était que ça monte l'étymologie.
01:00:13Par exemple, puis, un puis, c'est écrit P-U-I-T-S.
01:00:16Ça vient du latin pitus, donc on voit l'étymologie.
01:00:19C'est super.
01:00:20Mais l'autre raison, en fait, c'était que la facture U-I-T-S, merci.
01:00:25Bon, les latins étaient moins cons.
01:00:28Le latin est une langue extrêmement concise.
01:00:31De toute façon, il suffit de regarder, quand vous traduisez une bible du latin au français,
01:00:34vous la faites doubler de volume.
01:00:36Jules César, Weni, Widi, Wiki.
01:00:38Oui, ça se prononçait Wiki, on dit Wichi, mais en fait, c'était Wiki.
01:00:41Weni, Widi, Wiki.
01:00:42En français, comment on le traduit ?
01:00:43Donc, Weni, Widi, Wiki.
01:00:44Trois.
01:00:45Je suis venu.
01:00:46Je, apostrophe, ai vu.
01:00:48J'ai, ai vaincu.
01:00:50Neuf mots contre trois mots en latin.
01:00:52C'est tout con, mais ça peut avoir un impact sur une civilisation entière.
01:00:56Ton impuissance à prise, c'est que ton cerveau italien peut te mettre dans tes situations,
01:00:59mais que tu as toutes les armes de ton côté parce que tu as ton néocortex.
01:01:03Et surtout, il est amplement démontré en psycho, que ce soit l'expérience de conformité de H ou d'autres.
01:01:10Quand les sujets savent que cette expérience existe, ils exhibent moins le phénomène.
01:01:15Ils sont moins sensibles à l'effet.
01:01:18Quand vous avez des gens qui savent déjà, qui ont une culture psychologique,
01:01:21ils sont moins sensibles à ces biais, c'est démontré dans tous les sens.
01:01:26C'est bien pour ça qu'Idrisha disait ce que j'aimerais voir dans le monde,
01:01:28ce serait que tout le monde ait cette culture générale de la psychologie.
01:01:33Ça libérerait les gens de leurs chaînes et de leurs biais cognitifs.
01:01:40Donc, je vais terminer sur Idrisha à nouveau, qui était là en train de raconter des histoires soufies à ses enfants.
01:01:45Il nous disait, écoutez, on ne peut pas apprendre de quelqu'un dont on se méfie et de quelqu'un en qui on n'a pas confiance.
01:01:52OK, mais je rappelle que d'après la philosophie, on doit apprendre de nous-mêmes.
01:01:57Donc, il faut se faire confiance.
01:01:59On ne peut pas apprendre de nous-mêmes si on ne se fait pas confiance.
01:02:02Si vous mélangez... Merci, je me suis entraîné à moi et tout, ça m'embête un peu.
01:02:09Si vous mélangez le gnotis séoton et Idrisha et cette phrase-là,
01:02:15ça veut dire qu'il faut, pour philosopher, apprendre à se faire confiance.
01:02:21Mais pas de façon pathologique, pas une correction d'arrogance, etc.
01:02:26Et puis surtout, il nous souligne bien que l'humain, qu'il le sache ou pas,
01:02:32croit à quelqu'un, fait confiance à quelqu'un ou à quelque chose chaque moment de la journée.
01:02:38J'ai pris l'ascenseur pour venir. J'ai fait confiance au type qui l'a contrôlé.
01:02:42Il y avait ma vie dans cet ascenseur.
01:02:44J'avais zéro niveau de stress, zéro niveau d'ulcération, comme les pauvres souris.
01:02:48Parce que j'ai confiance.
01:02:49Moi, je suis dans une société qui marche.
01:02:52Je peux subodorer que le mec qui contrôle l'ascenseur a fait son travail
01:02:56et qu'on lui a pas juste filé un petit billet pour pas qu'il le fasse
01:02:59et que je vais pas mourir en prenant l'ascenseur, ni en traversant la route,
01:03:02ni le contrôle technique du Uber qui m'a amené ici, etc.
01:03:05Bon, des fois, il y a des petites défaillances, comme le projecteur ou les...
01:03:09Mais on fait confiance à quelqu'un où qu'on aille.
01:03:12Donc, le problème, c'est que la personne qu'on va fréquenter toute notre vie, c'est qui ?
01:03:19C'est nous-mêmes.
01:03:21Donc, j'arrive à faire confiance à l'ascenseur.
01:03:23J'arrive à faire confiance, même au projecteur, parce que j'étais pas non plus méga stressé.
01:03:26Je pense que ça va.
01:03:28Mais est-ce que je me fais confiance à moi ?
01:03:31C'est ça, le paradigme de l'optimisme appris, en fait.
01:03:34Et juste rapidement, parce que vous avez eu des cas comme ça, brutaux.
01:03:39Ça, c'est le père de Rockefeller, un escroc notoire, le père de Rockefeller, du fondateur.
01:03:43Mais vraiment, ah non, mais l'escroc total, il avait double vie, deux familles, changé de nom.
01:03:48Il vendait des faux médicaments et tout.
01:03:51Et il disait, il en était très fier, il disait « j'arnaque mes enfants tout le temps.
01:03:56Dès que je peux, je les arnaque pour que ça rentre. »
01:04:00Par exemple, le fameux « vous êtes sur une estrade, vas-y, saute ! »
01:04:05Et après, il le laisse tomber par terre.
01:04:07Il a fait ça à J.D. Harr, le fondateur de la dynastie Rockefeller, c'est son fils.
01:04:11Il lui a fait ça.
01:04:12Vraiment, il le documente, il dit en sa biographie « oui, un jour, papa m'a dit vas-y, saute.
01:04:16Et une fois que j'étais par terre en sang, il m'a dit
01:04:19« voilà, c'est pour que tu retiennes que tu dois faire confiance à personne. »
01:04:22Et du coup, Rockefeller, il a fait beaucoup confiance à lui, par contre.
01:04:27Et ça lui a plutôt réussi.
01:04:29Dans les affaires, bien sûr, je ne vous demande pas de devenir comme lui.
01:04:31Mais il y a ce phénomène que lui, il était dans une situation de trauma telle
01:04:37qu'il s'est dit « il n'y a que à moi que je peux faire confiance. »
01:04:40Cela dit, vous avez le cas, bien sûr, Scarface.
01:04:44« I trust me », vous savez, dans le dollar, normalement, c'est « in God we trust ».
01:04:47Donc là, c'est « I trust me ».
01:04:48Mais non, mais là, c'est un contre-exemple parfait.
01:04:50Pourquoi ? Parce qu'il est cocaïnomane, le mec.
01:04:53D'accord ? Vous ne pouvez pas vous faire confiance en vous.
01:04:55Vous ne pouvez pas croire en vous sous cocaïne.
01:04:57Ce n'est pas possible. La cocaïne, en fait, ce qu'elle fait, c'est qu'elle libère de la dopamine.
01:05:00Elle dit au corps « t'as bien fait, t'as fait la bonne chose ».
01:05:03La dopamine, normalement, elle est là pour renforcer un comportement.
01:05:06Quand vous apprenez à faire un créneau, si vous avez fait le créneau correctement,
01:05:09votre cerveau libère de la dopamine.
01:05:11Quand vous jouez à un jeu vidéo, si jamais vous avez fait le saut correctement,
01:05:14vous êtes sur Super Mario, vous faites le saut, vous atterrissez au bon endroit,
01:05:17vous ne mourez pas, le cerveau libère de la dopamine.
01:05:20Si jamais vous mourez, le cerveau capture la dopamine.
01:05:23C'est déprimant. OK ?
01:05:25La cocaïne libère de la dopamine tout le temps.
01:05:27Ce qui fait que quelqu'un qui est sous coke pense qu'il a tout bien fait.
01:05:31Si vous faites ça pour un trader, c'est une catastrophe.
01:05:34Et c'est ce qu'on voit assez régulièrement.
01:05:37Je pourrais prendre d'autres cas, mais je vais m'arrêter là.
01:05:39Donc voilà, je veux dire le « I trust me ».
01:05:41Non, en fait, il ne se trust pas du tout.
01:05:43C'est la cocaïne qui trust concrètement.
01:05:45Mais s'il avait vraiment foi en lui, bon, c'est un personnage de fiction,
01:05:49mais on va le prendre comme un paradigme.
01:05:50Vous savez que Jung aimait bien ça.
01:05:52Donc retenez, on ne peut pas apprendre des gens dont on se méfie.
01:05:57Donc, apprenons à ne pas nous méfier de nous-mêmes.
01:06:02Je vous remercie.
01:06:04Alors, c'est une question qui me paraude et que je développe dans Libérez votre cerveau
01:06:07et qui m'a valu plein d'amis.
01:06:08Donc, je répète la question.
01:06:09Comment l'école, qui aujourd'hui est factuellement à l'opposé de l'optimisme appris,
01:06:15pourrait en effet, on pourrait la reformuler cette question de façon moins polémique.
01:06:20En tout cas, libérer les gens.
01:06:21Après tout, la République, c'est liberté, égalité, fraternité.
01:06:25À l'école, il n'y a pas beaucoup de liberté.
01:06:27Il n'y a pas d'égalité non plus techniquement.
01:06:29Et la fraternité, en tout cas, travailler en groupe, ça s'appelle tricher.
01:06:32Donc, je ne suis pas certain que...
01:06:36Mais il faut comprendre d'où vient l'école.
01:06:41L'école, dans le cas français, elle vient vraiment d'une question de rapport de force.
01:06:46Et on le voit aussi au Japon.
01:06:47Tous les pays qui se sont industrialisés vite, la plupart, et peut-être quelques contre-exemples,
01:06:52mais la plupart des pays qui se sont industrialisés vite ont acquis un système éducatif brutal,
01:06:58spartiate, violent.
01:06:59Le système japonais avec un taux de suicide super élevé, le système coréen avec un taux de suicide super élevé,
01:07:04le système chinois avec un taux de suicide super élevé, le système français,
01:07:09dans les grandes écoles françaises, vous avez un taux de suicide très élevé.
01:07:12Et à Polytechnique, vous avez le record du nombre de viols sur des campus maintenant rapporté à la police.
01:07:16Ça a été rapporté par le Parisien.
01:07:18Donc, on a un problème.
01:07:20On ne peut pas appeler ça un système sain.
01:07:22Pourquoi ?
01:07:24Parce que l'épanouissement, on s'en contre fout.
01:07:26Si vous créez un système éducatif qui est là pour une raison de domination,
01:07:30c'est-à-dire dans le cas japonais, le Japon se rend compte que s'il ne s'industrialise pas,
01:07:34il va devenir comme la Chine.
01:07:36Il va devenir un pays colonisé.
01:07:38Donc, s'il n'a pas des machines à vapeur, des trains, des usines, des banques,
01:07:43il va être colonisé.
01:07:44Donc, il se dit, pour faire tourner les trains, les machines à vapeur, les usines, il faut quoi ?
01:07:48Des élèves qui peuvent faire tourner les trains, les machines à vapeur.
01:07:51Mais ils ne vont pas les faire tourner pour leur bonheur.
01:07:54Ils vont les faire tourner pour que le pays ne puisse pas être colonisé, pour que le pays soit puissant.
01:07:59Quand on a un système éducatif dont la motivation profonde, elle a puissance,
01:08:05plutôt que l'épanouissement, ben on a ça.
01:08:09Et on s'en fout d'avoir, par exemple dans le cas des mathématiques en France, pas de classe moyenne.
01:08:14Ce qui est choquant dans un pays qui est censé être égalitariste comme la France.
01:08:18De voir les résultats PISA en maths en France, c'est choquant.
01:08:22Et de se dire qu'en même temps, on est le pays au monde ou un des pays au monde qui a le plus de médailles Fields.
01:08:26Donc c'est un peu comme au Brésil où il y a autant de milliardaires,
01:08:29et où dans les favelas, le rêve c'est d'emmener sa copine au McDo pour la Saint-Valentin.
01:08:34Il y a un problème. Le Brésil, c'est un des coefficients de Gini les plus élevés au monde.
01:08:38Le coefficient de Gini, c'est l'inégalité. C'est ce qui mesure les inégalités.
01:08:41Ben on n'a pas fait de coefficient de Gini éducatif.
01:08:44Mais si on en faisait un, la France serait très, très mal placée.
01:08:48Parce que c'est très bien que la France ait des médailles Fields.
01:08:50Mais c'est très mal qu'elle n'ait pas de classe moyenne en maths, telle que les tests PISA le démontrent.
01:08:55Pourquoi ? Parce que si votre système éducatif est basé sur la puissance,
01:08:59une fois que vous avez les ingénieurs que vous voulez, vous vous en foutez complètement des autres.
01:09:03Les autres élèves, vous avez votre quota d'ingénieurs, vous avez votre quota de médailles Fields,
01:09:07vous avez votre quota d'énarques ou de ministrables, etc.
01:09:10Mais l'épanouissement des autres, ce n'est pas votre problème.
01:09:13À partir du moment où le pays est puissant par votre système éducatif japonais, chinois, coréen,
01:09:19il n'est pas là pour vous épanouir, ce système.
01:09:21En aucun cas. Vous avez des pays dont le système éducatif est basé sur l'épanouissement.
01:09:25La Finlande, l'Islande, dans une certaine mesure la Suisse.
01:09:30La Suisse qui n'a pas de ministère. Il n'y a pas de ministère d'éducation nationale en Suisse.
01:09:33C'est une prérogative cantonale parce qu'il n'y a pas de raison politique à l'éducation.
01:09:38Ainsi, en France, l'éducation, c'est pour centraliser.
01:09:42Il fallait que tout le monde parle français.
01:09:44Et oui, parce que vous aviez le Breton, le Basque, l'Occitan, le Corse et puis après les colonies.
01:09:49Alors il fallait qu'on puisse dire nos ancêtres les Gaulois de Cayenne à Pointe-à-Pitre en passant par Biennois.
01:09:54Et donc, Jules Ferry a été très, très clair.
01:09:57Jules Ferry, père de l'école, mais aussi père du colonialisme français.
01:10:00Ce n'est pas un hasard, en fait. L'un a des teints sur l'autre.
01:10:04Et il n'a pas des teints par idéologie, il a des teints par réalité sociologique.
01:10:10C'est-à-dire qu'on va former un système éducatif pyramidal centralisé avec ce que Péguy appellera les hussards noirs de la République.
01:10:16Un terme que vous ne trouverez jamais en Suisse, ou même en Espagne, ou même en Finlande.
01:10:20Parce qu'il fallait centraliser l'éducation.
01:10:23Voilà, un vaste programme.
01:10:26J'ai tenté de l'évoquer, d'en libérer votre cerveau.
01:10:28J'ai vu les réactions que ça a provoquées.
01:10:30Maintenant, si vous voulez regarder, c'est ce que disait Warren Buffett.
01:10:34Il disait « Montrez-moi où sont les incitations, je vous montrerai les résultats. »
01:10:39Par exemple, on demandait à Buffett pourquoi il y a autant de dettes aux États-Unis.
01:10:43Il disait « Moi, je peux régler la dette demain.
01:10:45Je vais juste passer une loi qui dit que tant qu'il y a du déficit dans le budget américain,
01:10:50la totalité des députés et des sénateurs ne peuvent se représenter. »
01:10:54Il dit « Voilà, vous faites ça et je vous assure qu'en 3-4 mandats, vous n'aurez plus de dettes. »
01:11:00Warren Buffett, sa fameuse phrase « Montrez-moi où est l'incitation, je vous montrerai où est le résultat. »
01:11:05Pas où est l'intention, pas où est la déclaration.
01:11:07En politique, on s'arrête à l'intention et aux déclarations.
01:11:10Mais en fait, ce qu'il faut regarder, c'est l'incitation.
01:11:12Le système éducatif français incite-t-il à l'épanouissement de ses profs et des élèves ?
01:11:18Non, il n'y aurait pas autant de suicides de part et d'autre, aussi bien chez les profs que chez les élèves.
01:11:23Est-ce qu'il a été construit comme ça pour ça ?
01:11:25Non.
01:11:26Bon, il faudrait le construire autour de ça.
01:11:31Madame, d'abord, j'ai la volonté de manipuler les populations.
01:11:34Donc, je vais reposer la question.
01:11:36Est-ce qu'il a été démontré que l'impuissance à prise a pu être corrélée avec une volonté de manipuler les populations ?
01:11:41Et là, la réponse est sans la moindre ambiguïté.
01:11:43Oui, bien sûr, puisque ce sont des bourses liées notamment au Pentagone qui ont permis de faire toutes ces découvertes.
01:11:52Donc, ce n'est pas du tout un hasard.
01:11:53En effet, encore une fois, Seligman a été vertement attaqué.
01:11:57Moi, au tout début, à l'époque où j'écrivais Libérez votre cerveau, je l'attaquais aussi.
01:12:00Mais je n'étais pas au courant qu'il avait publié cet excellent bouquin par ailleurs et qu'il s'est...
01:12:05Je ne suis personne pour juger, attention.
01:12:07Mais selon moi, en mon âme et conscience, ce travail pardonne le reste.
01:12:12Mais c'est vrai que quand on a vu d'une part Guantanamo, d'autre part Abu Ghraib, les méthodes d'interrogatoire renforcées.
01:12:19J'aime bien ces euphémismes.
01:12:21C'est comme je parlais du Louvre.
01:12:23J'adore le Louvre.
01:12:24Vous savez, il y a les notes de Cana au Louvre.
01:12:25Superbe toile.
01:12:26Si vous parlez à un historien de l'art français, il va vous dire qu'elle a été prélevée.
01:12:30Prélevée, c'est l'euphémisme pour voler.
01:12:35Elle a été volée à Venise.
01:12:38Autant la joconde, elle n'a pas été volée.
01:12:39Elle a été achetée.
01:12:40Très bien.
01:12:41On a même le reçu et tout.
01:12:42Mais les notes de Cana, elles ont été totalement volées, pas prélevées.
01:12:46Mais utiliser ce genre de terme, ça m'a toujours fait marrer.
01:12:49Interrogatoire renforcé, quand en fait, vous torturez quelqu'un, ça aussi, on ne devrait pas en rire.
01:12:55Mais l'humour est la politesse du désespoir.
01:12:57Donc oui, le paradigme de l'impuissance à prise, il est né dans des considérations qui, en plus,
01:13:03s'intéressaient pas seulement en effet à l'individu, mais aux populations entières.
01:13:07Avec les questions du nudge, avec les questions, en effet, même avant Seligman,
01:13:13on avait des penseurs qui disaient la condition de la paix sociale,
01:13:17c'est que les pauvres soient élevés dans la conscience de leur impuissance.
01:13:25Donc, vraiment, on a quelque chose de très marquant là-dedans.
01:13:28Donc, la réponse est oui, sans ambiguïté.
01:13:32Tout d'abord, merci.
01:13:32Merci.
01:13:33On va augmenter, toujours aussi intéressant, de l'impuissance à prise à l'optimisme à prix.
01:13:38Lorsqu'on maîtrise tout ça, et vous parlez d'un sportif,
01:13:44est-ce que ce n'est pas une arme, justement, une fois qu'on maîtrise ça,
01:13:48que ce soit dans le travail ou dans le sport ?
01:13:49Je pense notamment, quand tu parlais de Bannister,
01:13:53du chambol, quand il relâche les forts à 30 mètres de la face,
01:13:55ça veut dire, vous ne parviendrez jamais à me battre.
01:13:59Et là, récemment, c'est Duplantis, le perchiste,
01:14:01qui commence ses premiers sauts à 5,75 m,
01:14:04les autres commencent à 5,40 m.
01:14:06Et tous, on les voit, ils sont...
01:14:07Ils ne comprennent pas.
01:14:09Est-ce que, même dans le travail aussi, si on va plus loin,
01:14:11à maîtriser tout ça, tu ne peux pas, justement...
01:14:14La fameuse attitude de Mohamed Ali, qui disait
01:14:17« si tu me bats en rêve, tu me demandes pardon en te réveillant ».
01:14:19C'est vraiment le...
01:14:21Et en plus, c'est marrant parce que Mohamed Ali, il était diagnostiqué dyslexique.
01:14:25Et à l'époque, un diagnostic de dyslexie dans l'armée américaine,
01:14:27c'était équivalent à un diagnostic de bêtise, en quelque sorte.
01:14:31Parce que les tests étaient écrits, on ne savait pas trop faire la différence.
01:14:33Ce qui fait que Mohamed Ali a été présenté par l'armée américaine comme un idiot,
01:14:37comme ayant un QI de l'ordre de 80, etc.
01:14:39Alors que, bon, c'était quelqu'un de prodigieusement intelligent.
01:14:42Il était d'ailleurs tellement intelligent qu'il est allé négocier des otages à Saddam Hussein,
01:14:46meilleur que les meilleurs diplomates américains.
01:14:48Donc, en effet, d'ailleurs, toute sa vie, à Mohamed Ali,
01:14:50ça a été une lutte pour s'affirmer sa propre intelligence,
01:14:54comme Mike Comix, comme tant d'autres.
01:14:56Donc, oui, c'est une arme.
01:14:57Mais il faut plutôt le voir comme un instrument de libération.
01:15:00Et on peut libérer les autres, surtout.
01:15:02Parce que vraiment, l'héritage d'Hydricha, de dire tout le monde devrait connaître,
01:15:07devrait avoir... Quand on parle de l'absus freudien,
01:15:09c'est passé dans la culture populaire, c'est génial.
01:15:11Quand c'est passé dans la culture, ça y est.
01:15:13Parce que la culture, c'est le meilleur moyen de transmission.
01:15:16Donc, quand c'est passé dans la culture, quand le mot même est là, c'est parfait.
01:15:20Et toutes les expériences que je vous ai montrées,
01:15:21évidemment, j'aimerais qu'elles passent dans la culture.
01:15:25Donc, ça, c'est un instrument de libération.
01:15:27Or, aujourd'hui, cette conférence, bien sûr, sera publiée sur ma chaîne.
01:15:31Je vous remercie d'avoir été là pour l'organiser.
01:15:34Parce qu'il faut une salle et tout, donc encore merci à vous.
01:15:36Mais si vous voulez, vous n'êtes pas obligés de vous rappeler de tout.
01:15:42Mais l'avantage d'aujourd'hui, c'est qu'avec les Large Language Models,
01:15:45ChatGPT, etc., vous n'avez même plus besoin de vous rappeler du nom de l'expérience.
01:15:48Vous n'avez plus besoin de vous rappeler de la date.
01:15:50Vous pouvez taper dans le ChatGPT.
01:15:52Je me rappelle vaguement d'une expérience avec des rats qui fait ça.
01:15:56Retrouve-moi la référence et ça va vous la retrouver.
01:15:59Mieux que Google.
01:16:00Donc, vous n'avez même plus besoin de retenir tout.
01:16:03Juste de dire, je me rappelle vaguement d'un gars qui m'a parlé de telle ou telle expérience.
01:16:08Retrouve-moi la source avec la date et ça va vous la retrouver direct.
01:16:12Donc, on n'a jamais eu autant de moyens de diffuser ces connaissances, en fait.
01:16:18Et c'est pour ça que je pense qu'en peu de temps, si on se débrouille bien,
01:16:21en tout cas, elles devraient être apprises à l'école.
01:16:23Ça, c'est clair et net.
01:16:24Le veut-on, encore une fois, mais elles devraient être apprises à l'école
01:16:28parce que la condition d'une démocratie, c'est d'avoir un peuple libre et éduqué.
01:16:33Eh bien, un peuple qui est éduqué en matière de psychologie,
01:16:35en matière de ses propres biais, est un peuple qui ne peut qu'être libre.
01:16:39Ouais.
01:16:41Au niveau des études que tu as fait sur le cerveau,
01:16:44sur tout ce que tu as parlé aussi,
01:16:46est-ce que tu connais des organismes qui ont poussé l'étude au niveau de la conscience ?
01:16:51Sur le cerveau, tu as un récepteur.
01:16:53Est-ce qu'il y a des organismes qui s'occupent de ça en dehors du cerveau ?
01:16:57Alors, en fait, c'est comme toujours.
01:17:01Là, ça rentrera dans des considérations très longues,
01:17:03mais il y a eu beaucoup de neuroscientifiques qui ont fait des découvertes majeures
01:17:08qui étaient des ésotéristes.
01:17:10Bon, pour être loyal, je vais vous dire qu'il y en a eu aussi beaucoup,
01:17:13ou pas mal en tout cas, qui étaient aussi complètement matérialistes, voire athées.
01:17:15Mais souvent, on oppose les deux.
01:17:17Alors, vous savez qu'il y a tout un tas de chercheurs qui étaient...
01:17:20Newton se faisait passer pour alchimiste.
01:17:22Newton, quand on lui demandait ce qu'il était,
01:17:23il ne disait pas qu'il était physicien ou mathématicien,
01:17:25ce qu'il était indubitablement.
01:17:27Il disait, je suis alchimiste.
01:17:32En l'occurrence, l'inventeur de l'électroencéphalogramme
01:17:35l'a créé parce qu'il pensait démontrer la télépathie.
01:17:39C'est vraiment, factuellement, le type qui a inventé l'EEG,
01:17:41qui est encore utilisé aujourd'hui pour démontrer, ou pas,
01:17:44si un patient est en état de mort cérébrale.
01:17:46Mort cérébrale, électroencéphalogramme plat.
01:17:48Eh bien, le type qui a inventé ça, en fait,
01:17:51il voulait démontrer la télépathie.
01:17:53En neurosciences, vous avez des chercheurs comme Francisco Barrella,
01:17:57qui étaient bouddhistes, et qui, du coup, ont imposé un terme
01:18:00qui est le terme consacré en science,
01:18:02qui est les corélas neuronaux de la conscience.
01:18:05On ne dit pas les bases neuronales de la conscience,
01:18:08on dit les corélas neuronaux de la conscience.
01:18:10Certains neuroscientifiques ne sont pas d'accord avec cette appellation.
01:18:12Ils disent, non, non, ce sont les bases neuronales
01:18:14parce qu'en dehors du neurone, il n'y a rien.
01:18:15Enfin, du neurone, des cellules viales, etc.
01:18:18En fait, je me rappelle à l'époque où j'étais éditorialiste
01:18:21au Point, j'avais fait un sujet sur la possibilité
01:18:23qu'il y ait du calcul quantique dans le cerveau.
01:18:26Alors là, on voit vraiment les différents niveaux d'ouverture d'esprit.
01:18:30En France, je me suis fait attaquer de partout là-dessus.
01:18:33C'est pseudo-scientifique, c'est n'importe quoi, c'est bouché.
01:18:36Pourtant, j'avais cité de vrais labos qui bossaient dessus,
01:18:38financés par le compte liable, pas français, mais japonais.
01:18:42Au Rican Institute, il y avait des chercheurs qui travaillaient
01:18:44sur la possibilité qu'il y ait du calcul quantique dans le cerveau.
01:18:47Et il y en avait aussi aux États-Unis,
01:18:49parce que c'était une hypothèse qui avait été amenée par Roger Penrose,
01:18:51sœur Roger Penrose, mind you, prix Nobel.
01:18:54Alors certes, il y a des prix Nobel qui ont pu dire des conneries,
01:18:56ça ne dispense pas.
01:18:58Il y avait aussi Brian Josephson, grand prix Nobel de physique
01:19:02pour la jonction Josephson-Semiconducteur,
01:19:04qui avait fait des théories en sciences cognitives
01:19:05qui ont été très critiquées et qui aujourd'hui redeviennent davantage crédibles.
01:19:10Il a été admis cette année
01:19:13que la possibilité qu'il y ait du calcul quantique dans le cerveau
01:19:16est très crédible scientifique.
01:19:18C'est considéré comme très crédible.
01:19:20L'approche de Roger Penrose, c'était de dire peut-être que les microtubules,
01:19:22parce que les cellules ont un squelette.
01:19:25Normalement, une cellule sans squelette, c'est rond.
01:19:27C'est tout rond, c'est une bulle de savon.
01:19:29Les neurones sont les cellules parmi les cellules les plus déformées du corps.
01:19:33Elles sont en forme d'étoiles.
01:19:34Vues du ciel, c'est comme un chapiteau de cirque.
01:19:37Un neurone ressemble à un chapiteau.
01:19:39Et un chapiteau, c'est quoi ? C'est une toile tendue par des câbles.
01:19:42Les neurones sont tendus par des câbles.
01:19:43Vous avez notamment les microtubules.
01:19:45Vous avez aussi les filaments d'actines, plein d'autres choses.
01:19:48Mais ce sont des cellules très asymétriques,
01:19:50qui doivent d'ailleurs pousser asymétriquement,
01:19:51parce que quand un neurone envoie un axone,
01:19:53il envoie un bout de sa cellule qui part très, très...
01:19:56C'est le plus asymétrique de tout le corps humain.
01:19:59Ça, ça nécessite un cytosquelette, un squelette cellulaire très compliqué.
01:20:02Et bien, Penrose disait
01:20:04ce cytosquelette m'a l'air d'être parfaitement adapté au calcul quantique.
01:20:08Mais évidemment, quand on est histologiste, spécialiste des tissus,
01:20:11on se dit mais c'est qu'un squelette ce truc-là.
01:20:14On l'a appelé cytosquelette, c'est ça l'erreur des mots en science.
01:20:17Par exemple, les cellules qui ne sont pas les neurones dans le cerveau,
01:20:19on les appelait la glie, pour dire que c'était de la glue.
01:20:23En fait, ce n'est pas du tout que ça.
01:20:24On disait que c'est de la glue,
01:20:25parce que quand des souris étaient génétiquement modifiées
01:20:27pour avoir ces cellules déficientes,
01:20:30si vous tapez sur la table, elles meurent.
01:20:32Parce que ça agite tellement leurs neurones.
01:20:33Vous avez la pauvre souris qui est là, vous faites ça, boum, elle meurt.
01:20:36Mais elle ne sert pas qu'à ça.
01:20:39Parce que dans la nature, il n'y a quasiment rien qui est monofonctionnel.
01:20:42C'est nous qui sommes le corbusier.
01:20:44C'est l'architecture toute carrée.
01:20:45C'est on est monofonctionnel.
01:20:47Mais la nature ne fait jamais ça.
01:20:49Jamais.
01:20:51Et encore, même le corbusier, il y avait le plan dynamique
01:20:53où on pouvait éventuellement refaire le même plan.
01:20:55Mais dans la nature, il n'y a aucun organe qui sert qu'à une seule chose.
01:20:59Et donc que les microtubules et le cytosquelette ne servent qu'à ça,
01:21:03certains visionnaires l'avaient envisagé.
01:21:05Ils ont été taxés de folie ou de ridicule pendant 20 ans.
01:21:08Et puis au final, aujourd'hui, c'est une hypothèse crédible.
01:21:13Y a-t-il un lien entre l'impuissance à prise et la créativité ?
01:21:18Alors, c'est une très, très bonne question.
01:21:21Donc, je répète, pour l'enregistrement,
01:21:22y a-t-il un lien entre l'impuissance à prise et la créativité ?
01:21:25Vous avez eu pas mal d'expériences, vous savez, sur toute la question
01:21:28think out of the box, etc.
01:21:30En gros, j'avais un exemple que je n'ai pas mis,
01:21:34mais je vais vous donner celui-là en particulier.
01:21:36Il est dans une autre de mes conférences.
01:21:37C'est pour ça que je ne l'ai pas mis, Lara,
01:21:38comme je voulais qu'elle soit majoritairement nouvelle.
01:21:40Ça s'appelle l'effet de surjustification.
01:21:43On demande à des gens de résoudre un test de créativité.
01:21:46On leur donne une boîte de punaises, une bougie et des allumettes.
01:21:51Et il faut qu'ils trouvent une méthode pour que la bougie soit allumée
01:21:54et consumée sans qu'il y ait une goutte de cire qui tombe sur la table ou sur le sol.
01:21:58Alors, je vous donne la réponse à ce test.
01:21:59En soi, il n'est pas très important.
01:22:01Il faut vider les punaises de la boîte,
01:22:03mettre la bougie dans la boîte et punaiser la boîte au mur.
01:22:06Et dans ce cas-là, quand la bougie va fondre, la cire va rester dans la boîte.
01:22:09Là, on mesure si les gens performent mieux à ce test selon qu'ils sont payés ou pas.
01:22:15Donc imaginez, on prend toute cette salle, on la coupe en deux.
01:22:17On dit que tous les gens qui sont là, s'ils résolvent le test, ils gagnent 100 dollars.
01:22:21Et on dit que tous les gens qui sont là, s'ils résolvent le test, ils gagnent une poignée de main.
01:22:25C'est le groupe de la poignée de main qui performe mieux.
01:22:27Ça s'appelle donc l'effet de surjustification.
01:22:30Quand on donne une récompense à quelqu'un,
01:22:33en fait, on le stabilise sur un comportement qui a été révisé.
01:22:37Or, la créativité, ça ne se révise pas.
01:22:41Donc, quand on donne 100 dollars aux gens,
01:22:43leur cerveau se met en mode, même subconsciemment,
01:22:47« Je l'ai déjà vu en classe. C'est quelque chose que j'ai déjà vu. »
01:22:50Donc, moins créatif, par la force des choses, moins créatif.
01:22:53Quand vous ne donnez que la poignée de main, le cerveau ne se conditionne pas.
01:22:57C'est de la dopamine au passage, 100 balles, c'est de la dopamine.
01:22:59Le cerveau ne se conditionne pas en « C'est quelque chose que j'ai déjà vu en classe. »
01:23:04Donc, les gens performent mieux.
01:23:06Et c'est une tâche de créativité.
01:23:08Alors, certes, ce n'est pas de l'artistique,
01:23:09mais c'est une tâche où il faut être créatif, innovant, inattendu.
01:23:14Donc, si vous cherchez le nom en psychologie,
01:23:16maintenant, c'est complètement confirmé.
01:23:18C'est un phénomène connu en psychologie.
01:23:20Ça s'appelle l'effet de surjustification.
01:23:22Vous donnez les 100 balles, ça surjustifie.
01:23:25Et ça fait que les gens sont moins performants en créativité.
01:23:27C'est une forme d'impuissance à prise.
01:23:31Je vous en prie.
01:23:33Je crois que tu l'as dit toi-même qu'il y a de nombreuses années
01:23:37que l'Étoile n'a pas évolué.
01:23:39Et autour de moi, je vois que j'ai des amis
01:23:43qui confondent leurs propres écoles d'enseignement supérieur.
01:23:48On voit même l'exemple d'Elon Musk qui a créé son école.
01:23:53Est-ce que ça serait la solution, en fait,
01:23:55de chacun créer son école par rapport à ce qu'il pense être le meilleur
01:24:00pour la vie quotidienne ?
01:24:02Pas chacun, mais je répète la question pour l'enregistrement.
01:24:05Donc, est-ce qu'en effet, on voit que beaucoup de gens
01:24:07créent des écoles privées ou des écoles spontanées ?
01:24:11Est-ce que ça serait la solution ?
01:24:12Sans ambiguïté, la réponse est oui, puisque c'est exactement ce qu'a fait la Suède.
01:24:16Mais d'une certaine manière.
01:24:17La Suède est un pays très égalitaire.
01:24:20À gauche, de base, pendant la guerre, c'était différent.
01:24:22Mais après la guerre, c'est vraiment un pays qui est resté centre gauche longtemps.
01:24:26Et la Suède a créé des coupons payés par le contribuable
01:24:30et a encouragé les gens à créer des coopératives éducatives
01:24:33validées par l'État quand même, qu'on ne parle pas non plus dans tous les sens.
01:24:37Et ça a superbement bien marché.
01:24:39C'était en gros comme les tickets restants.
01:24:42Pourquoi la Suède a pu le faire ?
01:24:43Je vais vous donner une seule réponse, parce qu'elle n'a pas eu d'empire colonial.
01:24:47Et que la question, je ne vais pas tout ramener au colonialisme.
01:24:49Je parle juste de structure.
01:24:52Le système éducatif français avait un rôle caché
01:24:56qui n'avait rien à voir avec l'éducation, qui était l'unité nationale.
01:25:01Et même au-delà du colonialisme, puisqu'il y avait les Basques, les Corses, les Bretons, les Auvergnens.
01:25:06Donc, il y avait ce rôle que l'État devait contrôler
01:25:09parce qu'on n'est jamais à l'abri d'un séparatisme.
01:25:12D'ailleurs, aujourd'hui, la loi française qui interdit quasiment de faire l'école à la maison,
01:25:17elle est dans quel paquet ?
01:25:19Le paquet loi contre le séparatisme.
01:25:22Donc la question de l'éducation en France a toujours été intrinsèquement liée au séparatisme.
01:25:26Pas en Suisse.
01:25:27Pourtant, en Suisse, ils ont quatre langues différentes.
01:25:30Français, italien, allemand, romanche.
01:25:32Donc le séparatisme, il y a quatre opportunités de séparatisme.
01:25:35Ça ne leur effleure pas l'esprit.
01:25:38Et du coup, ils n'ont pas de ministère de l'Éducation nationale parce que c'est une prérogative cantonale,
01:25:42parce que le besoin de centraliser l'éducation ne se pose pas
01:25:45puisqu'il n'y a pas de risque que le Tessin fasse sécession demain.
01:25:49En France, que la Corse fasse sécession, que le Pays-Basse fasse sécession,
01:25:53que la Bretagne fasse sécession, que la Nouvelle-Calédonie, pardon,
01:25:56que Cayenne, etc. fassent sécession.
01:25:58Oui, c'est risqué.
01:26:00Bien sûr que oui.
01:26:00Donc l'éducation doit être contrôlée.
01:26:04Donc, en Suède, ça a très bien marché.
01:26:07En France, ce genre de loi ne passera jamais.
01:26:09Et vous pouvez être absolument sûr que ce qu'on invoquera,
01:26:12ce sera la fameuse École de la République,
01:26:14qui est un terme face auquel vous ne pouvez plus rien dire.
01:26:17Vous ne pouvez pas dire, mais l'École de la République, très bien,
01:26:18mais pourquoi elle a ses tests PISA ?
01:26:20Elle est censée élever le niveau de tous.
01:26:22Pourquoi elle crée des médailles Fields ?
01:26:24Et par ailleurs, elle est une des plus mauvaises d'Europe
01:26:27avec les moyens qu'on a et la tradition éducative qu'on a.
01:26:30La France, ce n'est pas un pays qui a une tradition éducative
01:26:32qu'elle vient de découvrir.
01:26:34On a parmi les meilleurs pédagogues dans le sens noble du terme,
01:26:37pas dans le sens politique.
01:26:38On a parmi les meilleurs menteurs, parmi les meilleurs...
01:26:41Le Collège de France, Guillaume Budé, etc.
01:26:43Mais c'est un enjeu politique.
01:26:45Et l'immense majorité des gens ne le sait pas,
01:26:47ne comprend pas que la structure d'éducation nationale française
01:26:51a coévolué avec des besoins qui n'avaient rien à voir
01:26:54avec l'éducation et qui empêchent ce genre d'éducation.
01:26:58Je repose la question, je crois que vous êtes loin de mon micro-cravate.
01:27:01Quel lien entre l'optimisme appris et la gestion de ses émotions ?
01:27:04En fait, c'est dans Seligman.
01:27:07En particulier, entraîner les sujets à analyser leurs échecs,
01:27:10c'est de la thérapie cognitive et comportementale.
01:27:12Être capable de verbaliser ses émotions, de les décrire.
01:27:16Vous voyez le cas...
01:27:17Si vous prenez le cas de Seligman, où là, ce n'est pas les émotions,
01:27:20on va voir qu'on peut faire la même chose pour les émotions.
01:27:23Analyser les échecs comme précis, spécifiques, temporaires et jamais personnels.
01:27:27Donc ça veut dire, on voit un échec et comme je vous ai dit, ça devient...
01:27:30Ce n'est pas j'ai échoué à l'examen de maths,
01:27:31c'est cette sous-question sur les fonctions, elle est mal passée
01:27:34parce que ce domaine-là, j'ai eu du mal, etc.
01:27:37Et même si c'est tout l'examen, c'était qu'à ces dates précises,
01:27:40je ferais mieux la prochaine fois, ce n'est pas à cause de mon QI ou quoi que ce soit.
01:27:43On peut faire pareil avec les émotions.
01:27:45Pourquoi j'étais en colère ?
01:27:47Disséquer, analyser, verbaliser.
01:27:50Être le plus détaillé possible, nuancé possible.
01:27:52En fait, on se fait dominer par nos émotions quand on n'arrive pas à les mettre dans un filet descriptif.
01:27:58Quand on arrive à complètement décrire nos émotions,
01:28:01en particulier l'onset, le début d'un coup de colère, etc.
01:28:05Quand on arrive à impeccablement décrire nos émotions,
01:28:08comment elles commencent, comment elles terminent,
01:28:09comment elles se... Début, fin, milieu, quoi.
01:28:13Et comment elles se manifestent.
01:28:15On les contrôle d'autant mieux.
01:28:16Donc, c'est ce niveau de nuance, souvent verbal, bien sûr,
01:28:20mais ça peut être langage dessin, ça peut être artistique, ça peut être du dessin.
01:28:23On prend le cas verbal parce que c'est ce qui semble le plus simple et le plus évident,
01:28:26mais ça peut très bien dessiner vos émotions.
01:28:28Mais plus on est capable de mettre un filet descriptif sur nos émotions,
01:28:34moins elles nous contrôlent.
01:28:36Et c'est tout à fait comparable au paradigme de l'optimisme imprimé.
01:28:42Ouais.
01:28:43Moi, j'ai une question.
01:28:44Nous sommes en otage, je suis intéressée, donc c'est encore...
01:28:48Si on s'imaginait dans une ferme, je me pose la question de comment il a réussi à segmenter.
01:28:54Parce que s'il s'imaginait toujours que dans une ferme, etc.,
01:28:57il devait partir dans une forme de folie.
01:28:59Donc, comment est-ce qu'il aurait pu,
01:29:01maîtrisant ses réunions sans savoir entre eux,
01:29:02qu'était « je fais ma vie dans la terre »,
01:29:04pour ne pas s'enlever dans une autre forme de folie,
01:29:08et rester dans le réel ?
01:29:10Alors, Jung disait que, selon lui,
01:29:13c'est encore un peu primitif, même si Jung est un vrai grand-père fondateur de la psychologie moderne,
01:29:17mais, selon lui, toute pathologie, toute psychopathologie,
01:29:21vient d'une tentative d'éviter une douleur
01:29:25qui peut devenir donc, qui peut pourrir.
01:29:28Et en fait, selon moi, là vraiment, c'est que mon opinion,
01:29:31parce que je n'ai pas suffisamment lu Xi Jinping,
01:29:34je vous montre le cas, mais je n'ai pas suffisamment lu pour répondre exactement,
01:29:37avec ces mots à lui, à votre question.
01:29:39Mais selon moi, la nuance,
01:29:42c'est que ce n'était pas un mécanisme de protection pathologique.
01:29:46Il n'essayait pas de fuir une douleur,
01:29:48il essayait juste de remplir...
01:29:49Il n'évoquait même pas la douleur, en fait,
01:29:52ce n'était pas qu'il essayait de fuir une douleur,
01:29:54il remplissait, comme un anticyclone, il remplissait sa tête de choses positives.
01:29:58C'est tout.
01:30:00Donc des souvenirs positifs,
01:30:02qui auraient pu en effet devenir
01:30:05dissociatifs ou bien prendre le dessus sur son réel.
01:30:09Et vraiment, selon moi, c'est parce qu'il ne faisait pas ça pour échapper à une douleur,
01:30:13même si, de facto aussi, le résultat final, c'était qu'il échappait à la douleur,
01:30:17qu'il ne la vivait pas.
01:30:18Mais en fait, il n'y échappait pas,
01:30:20elle n'existait même pas pour lui.
01:30:22Ce qui est une nuance très subtile.
01:30:24Ce n'est pas, il fait ça comme mécanisme défensif, en effet,
01:30:27face à une douleur qui est factuelle, il a une menotte au poignet, il fait 40 degrés,
01:30:30il a mal au dos, il va passer cinq ans comme ça.
01:30:35Rien que 40 jours comme ça, les gens pètent les plombs,
01:30:37il a passé cinq ans comme ça.
01:30:40Il a juste, avant que sa tête puisse se remplir de saloperies,
01:30:44il l'a rempli préventivement de choses tellement positives et lumineuses
01:30:48qu'il n'y avait plus de place pour le reste.
01:30:50Et en effet, c'est remarquable comme étude de cas.
01:30:55C'est comme la Tchélazoche, l'image des deux loups.
01:30:59Lequel en nourrit.
01:31:02Eh bien oui, en effet, là, il aurait pu nourrir.
01:31:04Et c'est ce qui s'est passé, malheureusement, avec un de ses codiques.
01:31:08Et dans lui, ça veut dire qu'il n'a rien analysé, il ne s'est pas senti.
01:31:12Moi, là, je suis dans une pièce depuis cinq ans.
01:31:15Il n'a pas fait ça.
01:31:16Ça veut dire qu'il a tout bloqué, il a rempli toute sa tête avec encephalitis.
01:31:20Oui, lui, en l'occurrence, on est quasiment certain,
01:31:23après, le doute peut toujours subsister,
01:31:25que ce n'était pas, par exemple, un agent de la CIA.
01:31:27Si ça avait été un type qui avait été entraîné,
01:31:30il aurait réagi comme vous dites.
01:31:31Il serait dit, j'analyse.
01:31:33Parce que si vous êtes dans une situation de serré, dans le survival,
01:31:36j'ai oublié le R, c'est l'acronyme de survie, évasion.
01:31:40Quand vous êtes pris en otage, ça s'appelle le serré.
01:31:43C'est un entraînement militaire qui peut être aussi dispensé à les agents.
01:31:48Quand vous êtes dans cette situation-là,
01:31:50vous ne pouvez pas forcément vous mettre dans un état de béatitude,
01:31:54comme chez Shilpio, parce que vous êtes censé rester alerte
01:31:58à une opportunité, à la possibilité de tuer les gens qui vous ont capturés, etc.
01:32:05Donc, ce faisant, vous ne pouvez pas être complètement rempli
01:32:07d'une sorte de béatitude méditative,
01:32:10où vous imaginez que vous êtes en train de trahir une vache, etc.
01:32:13Et c'est ce qui, à part le fait, bien sûr, qu'il n'a rien n'a été révélé.
01:32:17Il aurait tout à fait pu être révélé plus tard qu'il était agent.
01:32:20Je veux dire, le mec, il est à la retraite.
01:32:22Ça n'a pas été fait.
01:32:24Donc, on a toutes les raisons de penser que ce type était un civil, 100% civil
01:32:27et qu'il a donc agi de cette façon-là,
01:32:30de façon spontanée, sans avoir à faire la compétition
01:32:35entre l'analyse du monde externe, tel qu'il est,
01:32:38et le fait de se remplir de béatitudes volontaires.
01:32:45Dernière question.
01:32:46Est-ce qu'on a des cas de liaison avec les tibétains marqués ?
01:32:54Je ferais confiance à l'expérience des laboratoires qui auraient en fait
01:32:57le résultat des rats.
01:32:58La position du soignant pour la guérison d'un patient,
01:33:03est-ce qu'il y a encore de l'intérêt d'essayer d'utiliser justement cette fonction du rappris ?
01:33:08Alors, c'est une très bonne question.
01:33:09Pareil, je la repose.
01:33:10Est-ce qu'on n'a pas des cas d'optimisme appris dans la guérison ?
01:33:14Ça ne s'appelle pas optimisme appris, ça s'appelle l'effet placebo.
01:33:17Et c'est un effet très documenté qui est complètement sous-estimé,
01:33:22qui est de façon choquante, en fait,
01:33:23parce que nous, on le voit comme un artefact dans les études.
01:33:26On le voit comme un problème, l'effet placebo.
01:33:28Si vous vous rendez compte, l'effet placebo a une connotation négative.
01:33:32C'est complètement faux.
01:33:33On devrait...
01:33:34Mais alors, les études sur l'effet...
01:33:35Oui, pardon.
01:33:40En supposant que c'est un placebo de base, en effet,
01:33:41on pouvait se poser cette question.
01:33:43Après, vous avez la question du cas législatif, qui est un autre problème.
01:33:46Et cela dit, l'attitude du médecin va dépendre de ça,
01:33:48parce qu'on a énormément de médecins qui vont être pessimistes.
01:33:54Pas par nature, par usage professionnel.
01:33:58C'est-à-dire, je m'en veux ou vous devriez vous en vouloir, cher confrère,
01:34:02d'avoir donné de faux espoirs aux patients.
01:34:05Donc, vous avez la pression des pairs, en France de l'ordre,
01:34:09mais la pression des pairs en général, qui est,
01:34:12il est antiprofessionnel de donner de faux espoirs aux patients.
01:34:16Donc, vous allez dire aux patients, vous ne marcherez jamais.
01:34:19Rappelez-vous, Bear Grylls, le type qui a fait cette émission,
01:34:21Man Versus Wild, on lui avait dit qu'il marcherait jamais.
01:34:25C'est un des nombreux gars à qui on avait dit qu'il marcherait jamais.
01:34:27Je serais prêt à parier que le médecin se disait,
01:34:30vous avez une vraie chance de marcher.
01:34:32Mais je ne veux pas vous dire ça,
01:34:33parce que ce serait vous donner un faux espoir
01:34:36et c'est découragé par les usages professionnels.
01:34:38Je pense que c'est une connerie et que ça devrait être revisité
01:34:42en faisant la part des choses, bien sûr.
01:34:43Parce que oui, donner complètement des faux espoirs, c'est du charlatanisme.
01:34:47Oui, mais il faudrait faire bien mieux la part des choses
01:34:50et bien mieux déplacer le curseur parce que l'effet placebo
01:34:54est sous-estimé et vu comme un problème aujourd'hui,
01:34:57alors qu'en fait, il est tout à fait utile.
01:34:59Et alors, je ne parle même pas dans des situations de pandémie
01:35:02ou dans des situations de prisonniers de guerre, etc.
01:35:06On sait dans les camps de concentration, ça a été totalement vu
01:35:10que des cas où des prisonniers de camp de concentration
01:35:15s'étaient groupés de façon à être positif, à évoquer, etc.
01:35:19leur guérison imminente alors qu'ils avaient le typhus ou que sais-je,
01:35:21ont donné de meilleurs résultats.
01:35:22On le sait et c'est documenté.
01:35:24Vraiment, c'est littéralement des milliers d'études scientifiques
01:35:27à comité de lecture qui le démontrent.
01:35:28Donc, oui, en effet, et ce n'est pas assez, selon moi,
01:35:32consacré dans les usages classiques de la médecine.
01:35:37Alors, comment on sort le programme ?
01:35:39Ah là, je vous ai donné...
01:35:42Écoutez, je vais reprendre la citation d'Idrisha.
01:35:46Vous avez des clous, du fil, du cuir et des aiguilles.
01:35:51Faites-vous une paire de bottes, mais on ne peut pas la faire à votre place.
01:35:54Donc, moi, je vous ai donné une culture générale sur tout ça.
01:35:58Méditez là-dessus, revoyez cette conf, réfléchissez,
01:36:01mais c'est à vous de répondre à cette question.
01:36:04Moi, j'ai mon fils qui a 17 ans aujourd'hui,
01:36:08mais qui a eu toujours du mal à prendre la parole
01:36:09quand il fait des exposés, etc.
01:36:12Et puis, il fait son bac de français sur l'oral blanc,
01:36:16là, il y a quelques mois.
01:36:18Et le jury, l'examinateur lui dit
01:36:20« Et donc, c'est bien, vous avez une très bonne éloquence. »
01:36:24Là, il a passé son bac,
01:36:26« Tu n'as pas trop le travail ? »
01:36:28« Non, non, j'ai une super éloquence. »
01:36:31Il se trouve que je donne des cours de prise de parole publique
01:36:33et qu'un des premiers trucs que je mets dans mes cours,
01:36:35c'est que les plus grands orateurs de l'histoire
01:36:37et les plus grandes oratrices ont construit sur leurs défauts.
01:36:41Vous prenez Jane Goodall, par exemple,
01:36:43elle était terrifiée, petite,
01:36:45et elle s'est rendue compte qu'elle fait un truc,
01:36:47toute petite qu'elle soit,
01:36:48elle doit faire littéralement la moitié de mon poids à la balance.
01:36:51Elle est plus courageuse que moi.
01:36:52« Moi, jamais vous me laissez seule dans une pièce avec un chimpanzé. »
01:36:56Non, un chimpanzé, c'est très dangereux comme animal.
01:36:59C'est très dangereux.
01:37:00C'est plus dangereux d'être avec un chimpanzé qu'avec un pitbull.
01:37:05Pour de vrai.
01:37:06Le chimpanzé peut bouffer un pitbull.
01:37:08Un chimpanzé sous adrénaline à une masse musculaire
01:37:11supérieure à celle du pitbull.
01:37:12Et il est plus dangereux.
01:37:14Et il est plus intelligent.
01:37:15Un chimpanzé, c'est un animal qui peut être très dangereux.
01:37:17Ce n'est pas pour rien qu'on ne travaille pas n'importe comment avec.
01:37:19Vous avez le cas d'un chimpanzé qui a été...
01:37:21Ses propriétaires l'avaient mis sous Xanax, en plus les idiots.
01:37:24Il a dévoré le visage de quelqu'un.
01:37:27Donc, Jane Goodall s'est rendue compte
01:37:30que malgré sa taille, etc., et ses inhibitions,
01:37:33elle était plus courageuse qu'un Mike Tyson ou qu'un George Foreman.
01:37:36Elle a eu le déclic.
01:37:38Et c'est là que dans ses conférences, où elle est toujours timide, etc.,
01:37:40mais elle a construit dessus.
01:37:42Et quand elle a des moments de timidité, elle se met à limiter le chimpanzé mal.
01:37:46Elle se rend compte que ça la libère.
01:37:47Samuel Lee Jackson.
01:37:49Samuel Lee Jackson, en termes de bancabilité, c'est plus de 2 milliards.
01:37:52C'est-à-dire que ses films ont rapporté plus de 2 milliards de dollars.
01:37:55On est quand même sur un acteur sérieux.
01:37:57Eh bien, Samuel Lee Jackson, il est bègue.
01:38:00Il est bègue.
01:38:01Il s'est rendu compte, comme souvent, parce qu'en fait,
01:38:03on sait dans le cerveau que les insultes sont portées par d'autres réseaux.
01:38:06C'est pour ça qu'on agite de la tourette, etc.
01:38:08Et donc, il s'est rendu compte que quand il disait « motherfucker »,
01:38:10il ne bégayait plus.
01:38:12Et donc, c'est pour ça qu'il le dit.
01:38:14Et d'ailleurs, même dans la rue, des gens qui lui demandent des autographes
01:38:17disent « Ah oui, il était tout gentil.
01:38:19Il est venu nous voir et « you motherfuckers want autographs ».
01:38:22On ne parle pas comme ça aux gens.
01:38:23Mais en fait, c'est parce que le type, il est tout humble et tout peuneau.
01:38:28Et il est bègue et il ne veut pas trop que ça se voie.
01:38:30Et ça sort.
01:38:31Et c'est connu quand vous voyez le discours d'un roi.
01:38:33Alors certes, l'orthophoniste était controversé, Lionel Logues,
01:38:37mais il s'était bien rendu compte, et les orthophonistes le savaient,
01:38:39que quand on avait un bégayement, un des premiers moyens,
01:38:41c'était de demander à la personne de lancer des grosses insultes
01:38:44les plus graveleuses possibles,
01:38:46parce qu'il faut qu'elles passent par le circuit de la tourette, si vous voulez.
01:38:50Pour simplifier.
01:38:51Donc oui, les plus grands, mais pareil pour Churchill,
01:38:54il avait un problème à la langue.
01:38:56Il avait un problème de prononciation, Churchill.
01:38:59Humphrey Bogart, l'un des plus grands acteurs de tous les temps,
01:39:02il zézaillait.
01:39:03Il avait un lisp.
01:39:04Et Jules César, il avait une voix très efféminée.
01:39:09Vous allez diriger dix légions
01:39:11en ayant une voix de femme et vos ennemis disent
01:39:14vous êtes l'homme de toutes les femmes et la femme de tous les hommes.
01:39:17C'est ce que disaient les ennemis de César à l'époque.
01:39:19Parce que l'homosexualité à Rome, c'était très compliqué.
01:39:21Elle était tolérée, mais il ne fallait surtout pas être le receveur.
01:39:24Sinon, ça veut dire que vous étiez client.
01:39:26Parce que la relation romaine, c'est patron-client, dominant-dominé.
01:39:29C'est tout le problème de la société romaine.
01:39:32César, c'était considéré comme un complexe d'infériorité pour lui.
01:39:36Pourtant, c'est le plus grand orateur de Rome avec six sérants.
01:39:39Donc, tous les grands orateurs ont construit sur leurs défauts.
01:39:42Et très souvent, je vois des orateurs qui ont tout pour eux génétiquement,
01:39:47qui sont nuls.
01:39:48Une voix de basse, qui se tienne très bien,
01:39:50présente très bien aussi, sont nuls.
01:39:53Zéro effort.
01:39:54Et au contraire, des mecs comme Churchill, ex-Opéra ou comme Jane Goodall.
01:39:57Donc oui, en fait, c'est ça l'antifragilité.
01:40:00On en reparlera dans une autre conférence.