Ça vous regarde - Le retour des gauches irréconciliables ?

  • il y a 2 mois
GRAND DÉBAT / Le retour des gauches irréconciliables ?

« Le récap » par Valérie Brochard

Après le rejet d'une proposition commune PS-PCF-Les Écologistes par la France insoumise, l'alliance du « Nouveau Front Populaire » semble au bord de l'implosion. Pas question d'entendre parler du nom de Laurence Tubiana pour le parti mélenchoniste : l'économiste et diplomate de gauche, architecte de l'Accord de Paris sur le climat de 2015, est jugée bien trop Macron-compatible par les Insoumis. Alors que pour Olivier Faure : « elle correspond complètement à ce que nous portons : une République qui soit sociale et écologique ». Le PCF et les Verts mettent aussi la pression sur leur partenaire et Fabien Roussel évoque déjà un « véritable naufrage » en cas d'absence d'accord. Les composantes du NFP arriveront-elles déjà dans un premier temps à proposer une candidature commune pour la présidence de l'Assemblée nationale, avant la date butoir du 18 juillet ?

Invités :
- Marc Lazar, professeur émérite d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po et auteur de « Les socialistes européens et l'Etat » (éditions de l'Aube),
- Anthony Berthelier, journaliste politique au « HuffPost »,
- Antoine Oberdorff, journaliste politique à « l'Opinion »,
- Thomas Despré, journaliste politique à « RTL ».

LES AFFRANCHIS

- Bertrand Périer, avocat,
- « Bourbon express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00Bonsoir et bienvenue. Très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde ce soir. Ils sont tout proches de la rupture.
00:12On va s'arrêter ce soir sur les acteurs du nouveau front populaire dont les négociations pourraient bien capoter ce soir.
00:20Le fossé stratégique majeur entre socialistes et insoumis semble insurmontable à ce stade.
00:26La gauche la plus bête du monde est-elle de retour ? Grand décryptage avec mes invités dans un instant sur ce plateau.
00:33Notre affranchie ce soir c'est l'avocat Bertrand Perrier qui va tout nous dire sur le gouvernement d'affaires courantes
00:39qui s'est mis en place ce soir après la démission de Gabriel Attal, accepté par le chef de l'état.
00:45Enfin Stéphanie Despierre nous dira tout quant à elle dans Bourbon Express sur la bataille pour le perchoir.
00:51Voilà pour le sommaire et il est riche, ça vous regarde, c'est parti.
00:56Générique
01:06Certes le ridicule ne tue pas mais l'incapacité de la gauche à se mettre d'accord sur un nom pour Matignon
01:13a quelque chose de consternant au dire même de certains députés du nouveau front populaire.
01:18La bataille entre socialistes et insoumis se déplace désormais vers le perchoir à l'Assemblée
01:22et on voit mal comment cette alliance électorale pourrait échapper à l'implosion.
01:26Alors y a-t-il encore quelque chose à en attendre ?
01:29Emmanuel Macron va-t-il cette fois profiter des divisions de la gauche pour imposer sa grande coalition
01:34qu'il appelle de ses voeux sans les insoumis et l'ERN ?
01:37Voilà quelques-unes des questions qu'on va se poser ce soir dans un grand décryptage avec vous Antoine Oberdorf.
01:42Bonsoir.
01:43Bonsoir Myriam.
01:44Et merci d'être là journaliste au service politique de l'opinion.
01:46Vous suivez donc de très près à la fois le bloc de gauche ici à l'Assemblée
01:49mais aussi les négociations en cours, suspendues, abandonnées, on sait pas trop, du nouveau front populaire.
01:56Bonsoir Marc Lazare.
01:57Bonsoir.
01:58Et bienvenue historien et sociologue, fin connaisseur de l'histoire des gauches,
02:01je signale votre ouvrage, les socialistes européens et l'Etat au XXe et XXIe siècle aux éditions de l'Aube.
02:08Bonsoir Anthony Berthelier.
02:10Bonsoir.
02:11Bienvenue à vous journaliste politique au Oeuf Post.
02:12Enfin bonsoir mon cher Thomas Desprez.
02:15Bonsoir Myriam.
02:16Journaliste à RTL.
02:17Vous suivez vous le camp présidentiel puisqu'Emmanuel Macron regarde aussi de très près ce qui se passe au sein du NFP
02:23dont dépend en partie son choix pour Matignon.
02:26Merci à tous les quatre, un débat qui s'ouvre comme chaque soir par le récap de Valérie Brochard.
02:41Bonsoir Valérie.
02:42Bonsoir Myriam.
02:43Alors est-ce que le NFP se disloque ?
02:44Nouveau front populaire, un nom qui claque, enfin Myriam, un nom qui claque sur tous les portes.
02:49Depuis le 7 juillet dernier, les quatre formations politiques qui composent cette alliance n'arrivent pas à s'accorder sur l'identité,
02:57sur le profil idéal pour les représenter à la tête d'un prochain gouvernement.
03:01Alors depuis, on lance comme ça, comme on lancerait des frisbees, des noms pour voir si quelqu'un, quelque part, pourrait l'attraper ou pas.
03:09Clémence Guettet, la députée France Insoumise ?
03:12Impossible, beaucoup trop Pellefi.
03:14François Hollande, l'ancien président, tout juste réélu député ?
03:17Vous plaisantez.
03:18Et pourquoi pas Marine Tondelier, la patronne des écolos, qui s'est distinguée pendant la campagne ?
03:23C'est non.
03:24Mais la semaine dernière, trois des quatre membres du NFP se sont pourtant entendus sur la personne du guet Bellomé,
03:31mais beaucoup trop proche de Jean-Luc Mélenchon pour le parti socialiste.
03:35Alors, comme une dernière tentative hier soir, c'est un profil issu de la société civile
03:40qui a été motivée par Olivier Faure, l'économiste Laurence Tubiana.
03:45À la tête de la Convention citoyenne pour le climat, son CV a été déposé par le PS, par le PCF et les écolos,
03:51sur le bureau de la France Insoumise.
03:54Manuel Bompard a bien scruté son CV, son cursus, et voici son verdict.
03:59Je tombe de ma chaise.
04:01Bah oui, puisqu'il s'agit de nous proposer une personne, contre qui je n'ai rien de personnel,
04:06que les choses soient claires, mais qui signait il y a quatre jours une tribune
04:11dans laquelle elle appelait à constituer une coalition et un programme commun avec les macronistes.
04:16Faire re-rentrer par la fenêtre les macronistes qui ont été chassés par les électrices et les électeurs
04:22au moment des élections législatives, c'est une proposition qui ne me semble pas sérieuse.
04:26Et clac, encore une porte qui se ferme, alors qui se ferme pour la France Insoumise peut-être,
04:31mais peut-être pas pour Matignon.
04:34Je ne vois pas au nom de quoi il faudrait considérer que quand il y a trois formations politiques sur quatre
04:41et en réalité une majorité de parlementaires du Front Populaire qui sont prêts à accepter cette candidature,
04:48je ne vois pas en quoi il faudrait considérer que la parole d'un seul s'impose à tous les autres.
04:53Et entre papa insoumis et maman socialiste, il y a les enfants qui refusent de voir leurs parents divorcés.
04:59C'est pourquoi le secrétaire national du Parti Communiste essaie de temporiser.
05:03Je demande à la France Insoumise de revenir à la table des discussions pour discuter de ce premier ministre,
05:13de cette première ministre qui ferait consensus entre nous.
05:16Avançons, faisons en sorte qu'il y ait un nom commun pour diriger un gouvernement.
05:21Pareil pour la grande sœur écologiste qui croit fermement que la grande famille du nouveau Front Populaire
05:27peut encore s'entendre écouter.
05:29Nous appelons également à faire vivre le nouveau Front Populaire et son programme partagé
05:34qui a suscité l'espoir et devient la première force politique républicaine de ce Parlement.
05:40Avec sincérité, bienveillance et détermination,
05:44nous devons collectivement trouver le chemin commun pour gouverner un pays.
05:49Exclu de la France Insoumise et tout juste réfugié dans le groupe écologiste,
05:54François Ruffin n'est pas consultaire dans ces discussions,
05:57mais malgré tout, il a quand même quelques idées pour sortir de l'impasse.
06:01Aujourd'hui, on n'est pas fichu de se mettre d'accord sur un nom pour Matignon.
06:05C'est une honte.
06:06Qui fasse ça, Chifoumi ? Qui fasse ça, la courte paille ?
06:09Ou en démocratie, il y a une autre méthode ?
06:11On ne joue pas à Chifoumi pour le poste d'un Premier ministre.
06:14En démocratie, il y a une autre méthode, c'est le vote.
06:16Vote ou consensus, l'ancien président de la Commission des Finances propose un autre itinéraire.
06:22Eric Coquerel invite la famille NFP à, je cite,
06:25« redémarrer les choses en statuant d'abord sur une candidature unique au perchoir. »
06:30On laisse décanter Matignon, on pense à autre chose en espérant qu'un déclic se fera plus tard,
06:35après l'élection de la présidence de l'Assemblée nationale.
06:38Merci Valérie Brochard. Antoine Auberdorf, déjà pour essayer de comprendre,
06:42le mot de négociation, est-ce qu'il est encore d'actualité ?
06:46Est-ce qu'elle continue ? Est-ce qu'elles sont arrêtées, gelées, suspendues,
06:51abandonnées, ces négociations ?
06:53Les négociations entre chefs à plumes de partis sont arrêtées.
06:56Les seules négociations qui sont toujours en cours à l'heure où on se parle,
06:59c'est les négociations entre chefs de groupe à l'Assemblée nationale.
07:02Précisément parce que la France insoumise a posé comme un ultimatum
07:06le fait que les représentants du Nouveau Front Populaire s'entendent
07:09sur une candidature unique pour la présidence de l'Assemblée nationale.
07:12Et ça, les autres partenaires de gauche sont d'accord sur cette nouvelle méthode ?
07:15Absolument pas. Les autres partenaires de gauche,
07:18Marine Tendelier, mais aussi Fabien Roussel, disent
07:21mais non, il nous faut mener de front la question de Matignon
07:25et la question du perchoir parce que le temps ne joue pas contre nous.
07:28Le temps, il joue en faveur du président.
07:30Et il n'est pas du tout certain qu'il n'y ait pas un renversement d'alliance
07:33qui profite plutôt au LR.
07:35Restons sur les négociations entre chefs de partis ou négociateurs.
07:40Expliquez-nous comment elles se passent, qui négocie
07:43et est-ce qu'elles se déroulent avec des vétos ?
07:45Ça veut dire que si un parti dit non, un chef de parti dit non,
07:48ça auberge toute possibilité pour la suite ?
07:51Disons qu'on a beaucoup pris la métaphore du conclave
07:54pour parler des négociations au sein du Nouveau Front Populaire.
07:57Inutile désormais de guetter la fumée blanche,
08:00elle ne vient pas, elle tarde à venir en tout cas.
08:02Et ça ressemble plus à un conseil de sécurité, en effet,
08:05entre représentants du Nouveau Front Populaire,
08:07avec deux puissances principales, rivales,
08:10que sont la France Insoumise et le Parti Socialiste,
08:12chacune s'arrogeant une forme de véto implicite
08:15et prenant en otage, en quelque sorte,
08:18les 7 millions d'électeurs, il ne faut pas l'oublier,
08:20qui se sont prononcés en faveur du Nouveau Front Populaire
08:22lors des élections législatives.
08:24Il y a d'abord eu le véto, effectivement,
08:27des socialistes sur la candidature Duguay-de-Bélo,
08:30présidente du Conseil Régional de l'Île-de-la-Réunion,
08:33mais qui n'en étaient pas vraiment un,
08:35parce que, contrairement à ce que disent les Insoumis,
08:37jamais les écologistes n'ont réellement tranché
08:40en faveur de Duguay-de-Bélo,
08:42sans quoi les socialistes se seraient trouvés
08:44dans le courant du week-end totalement isolés,
08:46et c'est ce qu'ils craignaient.
08:48Les écologistes sont restés sur cette position.
08:50À présent, nous avons le profil de Laurence Tubiana,
08:53ancienne présidente de la Convention citoyenne...
08:56Olivier Faure dit qu'il est toujours sur la table,
08:58l'option Tubiana.
08:59L'option est absolument toujours sur la table,
09:01dans la mesure où il y a désormais...
09:03La balle est dans le camp des Insoumis.
09:05Le stigmate, si vous voulez, de la désunion pèse
09:07plutôt sur les Insoumis à présent.
09:09Ils ont, contre eux, des socialistes,
09:11des écologistes et des communistes
09:13qui s'entendent sur ce profil dit société civile.
09:15C'est très intéressant ce que vous dites,
09:17stigmate de la division.
09:19Vous écrivez ce matin dans l'Opinion
09:21que c'est la bataille des récits
09:23qui prime sur le désir de gouverner.
09:25Personne ne veut apparaître
09:27comme celui qui aura fait échouer
09:29les négociations, le social-traître.
09:31C'est ça ?
09:32C'est là où l'accusation de double langage
09:34est extrêmement vraie.
09:36Dorénavant, ces négociations sont frappées
09:38par un soupçon d'insincérité.
09:40C'est ainsi, c'est-à-dire que le non-dit,
09:42c'est que toutes les composantes
09:44du nouveau Front populaire
09:46n'ont pas le même rapport au pouvoir,
09:48n'ont pas la même culture de gouvernement.
09:50Les Insoumis, nous le savons, ont un autre agenda.
09:52Ils veulent, s'ils avaient vocation
09:54à gouverner, y aller sabre au clair,
09:56passer quelques décrets symboliques,
09:58avec des marqueurs très forts,
10:00comme l'abrogation de la réforme des retraites
10:02ou la hausse du SMIC à 1 600 euros,
10:04quitte à tomber sur le champ.
10:06C'est monter le niveau de conflictualité sociale
10:08en vue d'une potentielle présidentielle anticipée
10:10pour Jean-Luc Mélenchon ou pour lui ouvrir la voie vers 2027.
10:12Là, ou d'autres partenaires
10:14du nouveau Front populaire,
10:16et à cet égard, l'intervention de ce matin
10:18de Fabien Roussel et Thélocente,
10:20veulent tout simplement que quelques avancées
10:22sociales peuvent être acquises pour les Français,
10:24quitte à ce qu'on aille vers un compromis
10:26qui ne rimerait pas nécessairement
10:28avec compromission.
10:30C'est des débats assez classiques, finalement, à gauche.
10:32La politique des petits pas versus le grand soir.
10:34Alors, justement, Marc Lazare,
10:36je me tourne vers l'historien que vous êtes,
10:38parce que c'est intéressant.
10:40On a toujours cette dichotomie, cet antagonisme
10:42entre les gauches dans notre histoire.
10:44On pense à l'affrontement
10:46entre Jean Jaurès et Jules Gued,
10:48au début du siècle.
10:50On pense aussi à Léon Blum
10:52avec Maurice Thorez, socialiste et communiste.
10:54À quelle période de l'histoire
10:56ça vous fait penser ?
10:58Au fond, ce clivage-là,
11:00il est très ancien.
11:02Je pense que la situation est totalement inédite
11:04pour une bonne raison.
11:06Vous faites allusion, laissons de côté 1905,
11:08Gued, Jaurès, parce qu'ils n'étaient pas dans une perspective
11:10d'arriver au pouvoir.
11:12Mais on peut comparer avec le Front populaire,
11:14avec 1981,
11:16avec François Mitterrand, avec la gauche purée.
11:18La différence fondamentale, c'est qu'il y avait
11:20un parti dominant dans la coalition.
11:22En l'occurrence, c'était le Parti socialiste.
11:24La SFU en 1936,
11:26qu'on appelle social-démocrate.
11:28Au niveau européen,
11:30il n'y a pas de social-démocratie en France.
11:32Mais disons socialiste.
11:34Et donc, Léon Blum, personne ne contestait,
11:36à l'époque du Front populaire,
11:38qu'il serait le chef de gouvernement
11:40à partir du moment où l'accord avait été conçu,
11:42après deux années d'élaboration du programme,
11:44avec un énorme mouvement social.
11:46C'était Léon Blum. Maurice Thorez voulait rentrer
11:48au gouvernement. Moscou l'a interdit.
11:50Depuis, les archives ont été ouvertes
11:52et on sait que Staline a dit
11:54qu'il ne rentrait pas.
11:56Les communistes ont soutenu sans participer
11:58à l'accord.
12:00En 1981, la situation que nous vivons
12:02fait penser un peu à 1977,
12:04c'est-à-dire la rupture du programme commun,
12:06l'affrontement entre Georges Marchais
12:08et François Mitterrand,
12:10précisément pour le leadership de la gauche.
12:12Mais en 1981, c'est François Mitterrand.
12:14Et en 1997, ce qu'on appelle la gauche plurielle,
12:16c'est Lionel Jospin,
12:18parce qu'il y a un parti dominant.
12:20Là, c'est une situation totalement inédite.
12:22Très intéressant,
12:24si je peux me permettre de rebondir
12:26parce que c'est vrai qu'il y a cet affrontement
12:28entre deux sensibilités,
12:30mais le parti qui est peut-être encore plus en difficulté,
12:32paradoxalement, c'est le PS.
12:34Parce qu'il est traversé pour deux raisons.
12:36D'une part, parce qu'il a signé un accord électoral
12:38en pensant qu'il ne gagnerait jamais.
12:40Et donc, il a fait des concessions sur le gouvernement.
12:42Et il se retrouve prisonnier d'un programme
12:44pour lequel nombre d'entre eux savent
12:46qu'il était complètement hors-sol.
12:48Donc, il se retrouve confronté à cela
12:50et la France insoumise a beau jeu de dire
12:52que tu as signé ce programme,
12:54mais que veux-tu le renier aujourd'hui ?
12:56Et là, on retrouve la vieille accusation historique
12:58des sociotraîtres.
13:00Vous savez, en 1931,
13:02il y a un poème de Louis Aragon
13:04qui s'appelle Front rouge
13:06et dans lequel il est dit
13:08feu sur l'omblome, feu sur l'ours savant
13:10de la social-démocratie.
13:12Vous savez où je l'ai retrouvé ?
13:14Sur le site de la France insoumise.
13:16Et donc, effectivement, il y a ce vieux jeu.
13:18Et d'autre part, au sein du parti socialiste,
13:20il y a toujours ce dilemme historique
13:22qui est très bien mis en valeur
13:24dans un livre de mes collègues,
13:26le long remords du pouvoir.
13:28Cette hésitation à aller au pouvoir.
13:30Est-ce qu'on y va pour faire des réformes
13:32ou est-ce qu'il faut rester avec la sensibilité de gauche ?
13:34Donc, le parti socialiste lui-même
13:36est traversé par cette tension.
13:38C'est ce qui explique cette fracturation.
13:40Vous marquez la gauche fracturée.
13:42Elle est fracturée entre ses partis,
13:44mais aussi, d'une certaine façon,
13:46au sein de chacun des partis,
13:48moins à la France insoumise,
13:50beaucoup moins en PC,
13:52mais d'après moi, ça aussi concerne les Verts.
13:54Anthony Bertelier, est-ce que ça veut dire
13:56qu'on assiste à un divorce, un peu lent,
13:58mais quand même, si on ramène à l'échelle
14:00de vie du NFP, c'est plutôt rapide,
14:02entre LFI et le PS ?
14:04C'est inévitable, manifestement.
14:06C'est peut-être manifestement inévitable,
14:08mais ces tensions,
14:10elles sont accrues parce que le NFP
14:12n'a pas voulu régler la question du Premier ministre
14:14avant les élections,
14:16sachant que c'était une question très épineuse,
14:18les Mélenchons qui revendiquaient la place,
14:20les socialistes qui, sortant des européennes,
14:22voulaient se montrer comme la force
14:24qui reprenait de la vigueur à gauche,
14:26donc c'était très difficile de s'accorder
14:28sur un nom de Premier ministre.
14:30Aujourd'hui, ça leur revient un peu comme un boomerang,
14:32parce que le spectacle qui est offert aujourd'hui
14:34pour les électeurs de gauche qui se sont mobilisés
14:36pour faire barrage, il est absolument terrible,
14:38et comme le disait Antoine,
14:40la question qui se joue là, désormais,
14:42en tout cas en grande partie, c'est la bataille du récit,
14:44vraiment, c'est pour ça qu'on a eu un week-end
14:46où c'était un petit peu haro sur les socialistes,
14:48même Marine Tondelier qui expliquait
14:50à quel point Huguette Bellot était exceptionnelle,
14:52mais qui ne l'avait pas vraiment soutenue,
14:54en tout cas du bout des lèvres,
14:56et qui reportait toute la faute sur Olivier Faure en disant
14:58les socialistes s'arc-boutent sur le nom d'Olivier Faure.
15:00Désormais, le récit se retourne un petit peu
15:02et donc c'est les Insoumis qui seraient
15:04le pouvoir bloquant, donc on voit que c'est vraiment...
15:06Est-ce que Jean-Luc Mélenchon
15:08a envie que ces ouailles,
15:10que ces Insoumis gouvernent, dans le fond ?
15:12Le discours, c'est qu'ils ont envie de gouverner,
15:14mais pour le programme, rien que le programme,
15:16tout le programme, et c'est ce qu'il a dit
15:18le 7 juillet au soir,
15:20et c'est ça, en fait, la ligne de fracture
15:22qui parcourt, comme on l'a bien dit...
15:24Mais on a vu des rapports de force, Jean-Luc Mélenchon,
15:26il sait très bien que ce n'est pas possible,
15:28et qu'il sera renversé, donc on peut se poser la question
15:30de savoir s'il a vraiment envie d'y aller.
15:32Il le sait pertinemment, simplement,
15:34il veut pousser jusqu'au bout le degré de conflictualité
15:36parce que les négociations, c'est un rapport au temps,
15:38donc il faut aller extrêmement loin
15:40dans la dramaturgie pour, le moment venu,
15:42pouvoir, effectivement, faire peser
15:44la responsabilité du diviseur et du fausseuilleur
15:46de l'Union sur le camp adverse, en l'occurrence,
15:48le Parti Socialiste. Mais Jean-Luc Mélenchon,
15:50son fantasme,
15:52absolu, c'est
15:54une démission du président de la République
15:56et une présidentielle anticipée...
15:58C'est ça qu'il essaye de pousser, aussi ?
16:00C'est son mantra, la prophétie mélenchoniste par excellence,
16:02c'est à la fin, ce sera eux contre nous.
16:04Grâce à un délitement,
16:06un effondrement de ce qu'il appelle
16:08l'extrême centre, à savoir le bloc central,
16:10dans l'ère post-macroniste, il espère
16:12pouvoir enfin jouer son duel face à Marine Le Pen.
16:14Alors, on n'en est pas là, parce que l'extrême centre,
16:16il se réjouit, d'un mot,
16:18Thomas Desprez, de ce qui se passe à gauche.
16:20Il se passe ce qu'ils avaient
16:22espéré, écrit,
16:24dans les semaines qui ont précédé.
16:26Déjà, avant même, en pensant à la dissolution,
16:28il ne pensait pas qu'il serait capable de se mettre d'accord.
16:30Le fait qu'il soit capable,
16:32en deux jours, de faire naître
16:34le nouveau Front Populaire, ça a été vécu
16:36comme une surprise, et finalement, aujourd'hui,
16:38il y a une certaine justice qui leur est rendue,
16:40de dire que tout ça ne pouvait pas tenir.
16:42Après,
16:44il regarde ça aussi, en se disant
16:46que tout va se jouer jeudi, à l'Assemblée.
16:48Ici, si le nouveau Front Populaire
16:50parvient à se mettre d'accord
16:52sur un non, a priori,
16:54ils sont déjà mis d'accord sur le principe
16:56d'être d'accord. C'est une première étape.
16:58S'ils arrivent à se mettre d'accord sur une candidature
17:00unique, et que cette candidature unique
17:02est élue présidente
17:04ou président de l'Assemblée, là,
17:06le camp présidentiel va être un petit peu en difficulté
17:08pour dire qu'ils ne sont pas
17:10gagnants de ces élections
17:12législatives, parce que pour moi, il y a une forme
17:14de déni, de dire qu'ils n'ont pas gagné.
17:16Après, ce sera les règles
17:18des premiers, deuxièmes et troisièmes tours.
17:20On va y venir dans un instant.
17:22Mais qu'en pensent les Français,
17:24et notamment le peuple de gauche, de ce spectacle
17:26que donne à voir ce nouveau Front Populaire ?
17:28Nous sommes allés à Montreuil.
17:30Dario Borgogno et Yvenne Anadion
17:32ont rencontré. Parle de France.
17:36...
17:38À Montreuil,
17:40les électeurs de gauche sont déçus
17:42de la lenteur des négociations.
17:44S'ils veulent faire quelque chose,
17:46il faut qu'ils se décident, qu'ils se mettent d'accord.
17:48C'est vrai que c'est difficile.
17:50Mais je pense
17:52que ça va être dur pour LFI.
17:56Moi, j'aurais aimé que quelqu'un de LFI
17:58soit en place. Même souhait pour Ingrid.
18:00Agacée de savoir Matignon
18:02s'éloigner d'une personne issue de la France Insoumise.
18:04Une grande majorité
18:06des personnes de gauche, ce qu'ils souhaitent,
18:08c'est vraiment une gauche de rupture.
18:10Quand ils ont fait le nouveau Front Populaire,
18:12LFI a été
18:14inclus dedans. Pourquoi l'exclure
18:16une fois que les votes ont été faits ?
18:18Loin d'avoir la même
18:20lecture sur le parti de Jean-Luc Mélenchon,
18:22Karim est déçu de ces divergences
18:24au sein de la gauche.
18:26Les Insoumises se sont mis en grand vainqueur.
18:28Alors que si après on va chercher les chiffres
18:30vraiment plus précisément, ils ne sont pas sortis
18:32vainqueurs. C'est vraiment l'alliance de gauche
18:34qui a gagné.
18:36Je pense que
18:38certaines personnes chez les Insoumis
18:40ne veulent pas lâcher le pouvoir.
18:42L'ambition du pouvoir, je pense,
18:44fait déjà oublier ce pour quoi ils s'étaient alliés.
18:46Une semaine après les résultats,
18:48cette stagnation autour du nom
18:50énerve Olivier.
18:52Si le nom de A ne plaît pas, ou n'arrange pas,
18:54ou ne permet pas à ce qu'il y ait des vraies
18:56consultations ou des prises de décisions
18:58d'ensemble, alors prenons le nom de B.
19:00Parce que si le nom de B ne passe pas,
19:02prenons un C. Mais il ne faut pas que nous puissions
19:04rester figés sur le nom d'une personne.
19:06La dernière personnalité proposée comme Premier ministre
19:08a été refusée par les Insoumis.
19:10De quoi rajouter à la colère de Claudine.
19:12Là, c'est vraiment se moquer du peuple.
19:14Moi, je suis très remontée
19:16contre cette France
19:18insoumise qui refuse tout
19:20parce que le leader,
19:22lui, il veut s'imposer
19:24comme un Premier ministre.
19:26C'est peut-être son rêve, mais ça ne correspond
19:28pas à la réalité.
19:30L'objectif, ce n'est pas un homme ou une femme.
19:32C'est travailler pour
19:34arriver, pour préserver la démocratie.
19:36Un appel à la clarté dans cette
19:38circonscription encore marquée par les
19:40divisions internes à gauche aux dernières
19:42législatives.
19:44On va aller voir Céline Hervieux, députée
19:46socialiste de Paris, qui nous attend
19:48dans la cour d'honneur
19:50de l'Assemblée nationale. Bonsoir.
19:52Vous les avez entendus, ces Français, le peuple
19:54de gauche de Montreuil.
19:56Il y a de l'écœurement, ils sont un peu affligés
19:58aussi. Est-ce que les socialistes
20:00et vos partenaires ont
20:02vraiment une part de responsabilité
20:04dans ce spectacle ?
20:08Bien sûr que nous avons tous une responsabilité.
20:10Je pense que l'heure est grave et il est certain
20:12et normal que les gens s'impatientent
20:14pour avoir un résultat définitif.
20:16Maintenant, je pense que, pour être honnête,
20:18tous ces Français qu'on a entendus
20:20oublieront rapidement cette tractation
20:22si nous arrivons à notre objectif
20:24initial, qui est celui de porter le projet
20:26du Nouveau Front Populaire. Parce que c'est quand même
20:28pour ça qu'on a été élue.
20:30Tout le projet, rien que le projet, c'est ça ?
20:32Elle est très présente.
20:34Non, alors non, attention.
20:36Il se trouve que nous prenons en compte le fait que nous n'avons
20:38pas de majorité absolue. Donc évidemment,
20:40moi j'ai considéré depuis le départ que dire
20:42que ce serait le projet, rien que le projet
20:44n'était pas honnête sur le plan
20:46intellectuel et politique, puisque nous n'avons pas la majorité.
20:48Donc nous allons devoir chercher du compromis
20:50et aller convaincre, y compris au-delà
20:52du Nouveau Front Populaire. Et ça,
20:54nous allons le porter, mais à condition que
20:56nous ayons un discours unitaire.
20:58Pardonnez-moi, madame la députée, de vous interrompre.
21:00Simplement, quand on vous entend,
21:02c'est très clair, mais
21:04votre discours est complètement en rupture
21:06avec celui des Insoumis.
21:08Alors pourquoi ne divorcez-vous pas
21:10tout simplement de cette alliance ? Puisque
21:12on a l'impression que vos divisions sont insurmontables.
21:14Compromis d'un côté,
21:16pas de compromis de l'autre.
21:18Non,
21:20elles ne sont pas insurmontables. En réalité,
21:22c'est la façon dont on présente les choses
21:24qui peut laisser penser cela. Vous savez,
21:26l'union de la gauche a toujours été un combat.
21:28Depuis le début du XXe siècle,
21:30c'est un combat pour deux raisons.
21:32D'abord, dans la lutte contre l'extrême droite.
21:34C'est l'histoire de la lutte
21:36contre l'extrême droite anti-Dreyfusard
21:38au début du XXe siècle.
21:40Et par la suite, la lutte contre le fascisme.
21:42C'est souvent ça qui est le moteur
21:44de l'union de la gauche. Mais le deuxième
21:46élément qui est important, qui fait que l'union
21:48est une nécessité à gauche,
21:50c'est que c'est une condition pour l'accession
21:52de la gauche au pouvoir. Et ça, c'est une réalité
21:54qui tient encore aujourd'hui.
21:56Si nous voulons gouverner et si nous voulons
21:58réellement porter le projet
22:00pour lequel une grande partie des Français
22:02nous ont fait confiance, nous avons besoin de travailler
22:04sur du compromis. Et ça, je suis sûre
22:06que ce soit les communistes, les écologistes,
22:08les insoumis ou les socialistes,
22:10tout le monde l'a parfaitement compris parce que
22:12tout le monde a une connaissance,
22:14une compréhension de ce que c'est le jeu
22:16parlementaire et la façon dont on va devoir
22:18aller chercher des majorités.
22:20Madame Hervieux, le premier des compromis
22:22c'est d'arriver à vous mettre d'accord pour un nombre
22:24sur le perchoir, pour le perchoir.
22:26Ça, vous allez y arriver.
22:28Qui pourrait apparaître
22:30comme le candidat de compromis ? On sait que les différents
22:32présidents de groupes sont de candidats
22:34parfaitement potentiels
22:36et clairs.
22:38Comment vous allez vous y prendre et qui,
22:40pour vous, est le meilleur compromis ?
22:44Alors, chaque groupe politique
22:46a fait ses propositions.
22:48Je pense qu'il y aura un consensus
22:50beaucoup plus facilement atteignable que pour le poste
22:52du ou de la première ministre.
22:54Pour la présidence de l'Assemblée nationale,
22:56chaque groupe politique a formulé déjà
22:58des candidatures. Pour le Parti Socialiste,
23:00il s'agit de Boris Vallaud
23:02qui a été secrétaire général de l'Elysée,
23:04qui est un parlementaire aguerri,
23:06qui est quelqu'un qui sait justement parler à l'ensemble de la gauche.
23:08Il me semble que c'est un bon candidat.
23:10Maintenant, les discussions sont toujours en cours
23:12et, pour le coup, je pense que nous aurons un consensus
23:14assez rapidement sur cette question.
23:16Merci beaucoup. Merci, Mme Hervieux,
23:18d'avoir répondu en direct aux questions
23:20d'LCP. Thomas Dépré,
23:22au fond, ces batailles,
23:24elles viennent directement se transposer
23:26sur la bataille pour le perchoir.
23:28Très rapidement, pour nos téléspectateurs,
23:30expliquez-nous les règles du jeu. Il y a trois tours.
23:32Il y aura trois tours. Ça va se passer jeudi à partir
23:34de 15h, ici à l'Assemblée. Trois tours.
23:36Le premier tour, tous les députés,
23:38les 577 qui le souhaitent,
23:40peuvent être candidats pour se présenter.
23:42Il n'y a pas besoin de signature.
23:44Chacun peut être candidat et donc
23:46se soumettre au vote de ses pairs.
23:48À ce moment-là, c'est la majorité
23:50absolue qu'il faut avoir.
23:52À ce moment-là, il faut donc avoir
23:54289 députés qui votent
23:56pour celui qui sera élu
23:58président de l'Assemblée.
24:00Ça se passe sur les suffrages exprimés, des votants,
24:02donc pas forcément ce chiffre de 289.
24:04Et après, si on n'y arrive pas...
24:06Et le troisième tour, c'est celui qui obtiendra
24:08le plus de voix.
24:10À ce moment-là, s'il n'y a qu'une candidature
24:12commune de la gauche
24:14et que personne ne fait d'accord sur le reste
24:16de l'échiquier, ce sera donc le candidat du Nouveau Front
24:18Populaire qui l'emportera, s'il n'y a pas d'accord.
24:20Parce que d'ici là, il peut y avoir des accords
24:22entre les Républicains et
24:24la majorité sortante
24:26ou d'autres accords qui peuvent exister.
24:28Emmanuel Macron a très bien dit qu'il déciderait
24:30de son Premier ministre en fonction de la capacité
24:32qu'un compromis se dégage
24:34pour un nom sur le perchoir.
24:36N'est-ce pas en train de piéger le jeu, le président de la République ?
24:38C'est-à-dire que
24:40vouloir tirer des conclusions
24:42du scrutin de jeudi,
24:44alors même qu'Emmanuel Macron n'a pas tiré
24:46de conclusions du scrutin législatif,
24:48et je veux dire,
24:50c'est un piège de la pensée.
24:52C'est-à-dire que
24:54le scénario jeudi,
24:56selon toute vraisemblance,
24:58on ne connaît pas encore quel serait le candidat unique
25:00du Nouveau Front Populaire.
25:02Il y en a quatre aujourd'hui.
25:04Les écologistes, André Chassaigne,
25:06qui apparemment ferait figure de favori pour le Parti communiste,
25:08Boris Vallaud pour le PS,
25:10Mathilde Panot pour les Insoumis.
25:12Qui est le mieux placé ?
25:14À mon sens,
25:16je me mouille un petit peu, de mon point de vue,
25:18pour les mêmes considérations
25:20qui sont observées dans les négociations
25:22du Nouveau Front Populaire, ça pourrait retomber
25:24sur une écologiste, parce que les écologistes
25:26font office de terrain
25:28un petit peu neutre, si vous voulez.
25:30Donc potentiellement Cyriel Chatelain.
25:32Ils ont été de manière constante
25:34dans ce rôle de trait d'union.
25:36Et donc éventuellement, pour desserrer
25:38la tenaille des deux ennemis
25:40héréditaires que sont Insoumis et Socialistes,
25:42ça pourrait retomber sur une écologiste.
25:44Mais encore une fois, tout ça est prématuré.
25:46Ce qui est sûr, encore une fois, je le répète,
25:48c'est que
25:50Jean-Luc Mélenchon a opportunément déplacé
25:52le débat de Matignon vers le Perchoir.
25:54Mais dès lors que ça ne sera pas
25:56une candidate ou un candidat
25:58du Nouveau Front Populaire qui sera élu au Perchoir,
26:00vous aurez toute la gauche réunie
26:02pour hurler à l'alliance des contraires
26:04et à l'éventuelle abstention bienveillante
26:06du Rassemblement National
26:08et au déni de démocratie.
26:10Raison pour laquelle, à l'issue du Jeudi soir,
26:12je crains fort que l'on ne puisse pas
26:14davantage tirer de conclusion
26:16des équilibres qui se seront dégagés dans l'hémicycle.
26:18A la différence près que cela permettra
26:20à Emmanuel Macron de dire,
26:22en en faisant le constat, de dire
26:24« Regardez, la gauche, qui explique
26:26sur tous les plateaux qu'elle a remporté ses élections,
26:28n'est pas capable de faire élire son candidat
26:30quand ce sont les 560 députés
26:32qui votent, 577 députés,
26:34et donc qu'ils ne seront pas capables
26:36de faire élire... »
26:38Fachant qu'au troisième tour, il faut des alliés
26:40pour réussir à avoir son nom au Perchoir
26:42et le NFP n'a pas d'allié.
26:44Il n'a pas complètement tort, Emmanuel Macron,
26:46de constater et de dire « On va voir ce qui va se passer
26:48dans les urnes de l'Assemblée. »
26:50Bonsoir, Daniel Obono.
26:52Merci d'avoir patienté dans la cour de l'Assemblée.
26:54Merci d'être avec nous.
26:56Vous êtes la députée insoumise
26:58de Paris. Vous êtes d'accord
27:00avec cette nouvelle méthode ? Cette fois-ci,
27:02vous allez y arriver pour le Perchoir
27:04à trouver le consensus au sein des partenaires
27:06de gauche ?
27:08Je suis d'autant plus
27:10d'accord que nous l'avons proposé,
27:12effectivement, parce que nous avons
27:14compris que l'enjeu
27:16cette semaine était effectivement
27:18cette discussion
27:20et ce vote autour
27:22de la présidence de l'Assemblée nationale.
27:24Emmanuel Macron l'a dit,
27:26il veut faire un coup de force
27:28anti-parlementaire en essayant
27:30d'empêcher que nous,
27:32la force, le Nouveau Front Populaire,
27:34arrivait en tête, n'ayons pas
27:36la présidence de l'Assemblée nationale
27:38et qui serait un prétexte...
27:40Madame Obono, si vous n'avez pas la majorité
27:42absolue au troisième tour, vous l'accepterez,
27:44ce vote ?
27:50Oui, c'est un processus
27:52de vote parlementaire
27:54mais vous le savez bien que, vous l'avez
27:56expliqué, il y a trois tours
27:58et en définitive, ça va se jouer
28:00à, s'il y a
28:02un vote normal de
28:04chacune des forces, nous sommes
28:06aujourd'hui la force la plus importante du Parlement.
28:08Donc il faudrait que
28:10les macronistes s'allient avec
28:12LR ou le RN pour subvertir
28:14le fait que nous ayons la présidence
28:16et donc c'est effectivement
28:18ce que nous
28:20pointons le risque de ce coup de force
28:22qui remettra en cause le vote
28:24des Français et des Françaises
28:26qui a été de nous mettre, nous, en tête
28:28et donc qui devrait
28:30nous permettre d'avoir la présidence
28:32de l'Assemblée nationale et
28:34d'avoir le gouvernement
28:36pour mettre en place notre programme.
28:38J'entends vos mots, coup de force,
28:40subversion du vote, on verra
28:42jeudi, simplement Olivier Faure
28:44pour le PS explique toujours ce soir
28:46que le nom de Laurence Toubiana
28:48est sur la table pour Matignon
28:50qu'est-ce que vous lui répondez ?
28:52Est-ce que vous n'êtes pas tout simplement en train de divorcer
28:54du PS chez les Insoumis ?
28:58Écoutez, depuis le début
29:00tout le monde prédit
29:02que nous n'arrivions pas à mettre
29:04en place cette alliance, nous l'avons fait
29:06que nous ne gagnerions pas cette élection
29:08nous l'avons gagnée
29:10et que nous n'arriverons pas à avoir
29:12la proposition
29:14pour mettre en place notre programme
29:16nous travaillons sur ce sujet, c'est un sujet sérieux
29:18voilà la raison pour laquelle
29:20nous nous pensons que
29:22étant arrivés dans une impasse, il fallait
29:24mettre une pause et se concentrer sur ce qui se passe
29:26à l'Assemblée parce que ça va aussi déterminer
29:28le fait que la proposition
29:30que nous ferions puisse être
29:32acceptée à partir du moment où
29:34Emmanuel Macron considère ou pas
29:36que le vote
29:38de la présidence de l'Assemblée nationale
29:40l'oblige d'une quelconque manière que ce soit
29:42donc toutes ces discussions peuvent ne servir à rien
29:44si Monsieur le Président
29:46de la République continue à passer en force
29:48donc oui nous avons un débat
29:50nous avons aussi des appréciations
29:52différentes sur ce qui doit être
29:54le centre de gravité
29:56la principale
29:58donnée pour
30:00l'équilibre de notre
30:02gouvernement, je pense que
30:04il y a la question de la primature mais il y a l'ensemble
30:06du gouvernement parce que c'est une équipe qui doit
30:08mettre en place un programme, nous nous pensons que
30:10la question du programme de rupture
30:12est essentielle et primordiale
30:14c'est sur ce programme que nous avons été élus
30:16et donc c'est
30:18cet élément et c'est pas une question de
30:20personne ou d'égo ou je ne sais quoi, c'est la question
30:22de la stratégie politique
30:24mais nous discutons et nous débattons comme
30:26ça arrive partout et c'est pas
30:28simplement une incongruité française, ça arrive partout
30:30dans tous les régimes parlementaires
30:32où des gouvernements doivent se mettre en place
30:34il y a des débats, il y a peut-être des désaccords
30:36mais je crois que tout le monde a conscience des responsabilités
30:38ben oui ça prend un peu de temps
30:40mais c'est quelque chose d'important.
30:42Daniel Obono, député de Paris
30:44Anthony Berthelier, coup de force
30:46déjà on entend, les mots sont très forts
30:48le vote serait subverti
30:50il y a des règles, qu'est-ce qu'ils vont faire
30:52les insoumis, les partenaires de gauche
30:54s'ils n'ont pas l'élection au perchoir ?
30:56C'est exactement ce que vient de faire Daniel Obono
30:58c'est-à-dire c'est ça, crier au coup de force
31:00prendre à témoin la population
31:02en disant voilà, le président de la République ne respecte
31:04pas le verdict des urnes.
31:06Ça peut marcher, des manifestations, à quoi peut-on s'attendre ?
31:08Ben il y a déjà, si je ne m'abuse
31:10il y a déjà une manifestation
31:12a priori prévue
31:14pour ce jeudi devant
31:16l'Assemblée nationale. Simplement
31:18sur le plan des forces syndicales elles-mêmes
31:20et du mouvement syndical
31:22et associatif constitué dont on sait combien il est important
31:24pour la gauche
31:26l'accusation est en train de se détourner
31:28du président de la République
31:30vers les responsables du Nouveau Front Populaire eux-mêmes
31:32ils doivent en prendre conscience
31:34c'est-à-dire qu'il y a un agacement
31:36au moment de la réforme des retraites
31:38de la part de la CGT, de la CFDT
31:40qui étaient d'accord pour suivre
31:42vis-à-vis de l'attitude jugée boutiquaire
31:44des représentants du Nouveau Front Populaire
31:46Malgré l'appel
31:48de la CGT à clairement mettre pression
31:50et c'est vrai qu'il y a une manifestation prévue le 18
31:52jour de l'élection au Perchoir
31:54sur les épaules
31:56au fond de tous les députés
31:58et du président de la République
32:00la pression populaire
32:02ça peut avoir des effets
32:04pour Matignon notamment
32:06Il n'y a pas que la pression populaire
32:08on voit aussi des élus
32:10non membres de partis, par exemple François Ruffin
32:12qui est en rupture devant la France Insoumise
32:14qui va s'allier avec les écologistes
32:16des personnalités qui ont pris un peu plus
32:18de liberté de parole et qui disent
32:20c'est honteux ce spectacle, on en a marre
32:22donc il y a une pression de la société civile, c'est très juste
32:24il y a une pression aussi de la gauche entière
32:26et de la gauche non-partisane
32:28au premier sens du terme, non dans les partis
32:30A l'instant,
32:32il y a une tribune
32:34qui est parue dans le journal Le Monde
32:36à l'instant signée de Sophie Binet
32:38la secrétaire générale de la CGT
32:40dirigeant du nouveau Front Populaire
32:42soyez à la hauteur des espoirs et des attentes
32:44de la population, donc il y a vraiment
32:46cette pression qui est là et Sophie Binet
32:48qui sera demain matin l'invité d'RTL
32:50pour en parler. Et bien placer la publicité
32:52C'est vrai qu'il y a quoi ?
32:549 millions d'électeurs ?
32:567 millions au deuxième tour ?
32:587 millions d'électeurs
33:00moins que ceux du RN ?
33:02Absolument, ces 7 millions-là
33:04tous n'ont pas voté forcément par adhésion
33:06au NFP, il y a eu des hésitements républicains
33:08il y a eu du barrage, mais ils peuvent
33:10se sentir un peu orphelins, sinon ni Matignon
33:12ni le Perchoir. Non, je crois que c'est un
33:14élément très important, en fait
33:16on peut caricaturer, il va falloir qu'on fasse des études
33:18très approfondies qu'on n'a pas pu encore faire
33:20mais il y a trois types d'électorats
33:22qui sont portés vers le nouveau Front Populaire
33:24il y a ceux qui ont adhéré au programme
33:26c'est-à-dire qu'ils sont convaincus
33:28de la vieille tradition de gauche, on doit être unis
33:30oui, il faut un programme de rupture
33:32ça existe, c'est une réalité dans notre pays
33:34il y a un deuxième type d'électorat
33:36on vote pour
33:38le nouveau Front Populaire
33:40je veux employer une expression très forte, en se bouchant le nez
33:42parce qu'on sait très bien
33:44qu'on est en désaccord avec la France Insoumise
33:46et avec un certain nombre de contenus du programme
33:48on voit d'ailleurs apparaître maintenant
33:50les 1600 euros pour le SMIC, c'est pas tenable
33:52donc il y a une partie des électorats de gauche
33:54qui savaient très bien, bon, on vote pour ces gens-là
33:56mais ça nous plaît pas beaucoup
33:58mais il faut à tout prix faire barrage au RN
34:00puis il y a un troisième composante de cet électorat
34:02faut quand même pas l'oublier
34:04c'est les électeurs centristes qui ont voté pour
34:06la gauche en pensant sur la base
34:08des sondages, qu'en aucun cas elles pourraient gagner
34:10et que de toute façon il fallait faire un barrage
34:12pour le RN, alors évidemment
34:14on fait de la politique, ces partis font de la politique
34:16et ils interprètent les 7 millions d'électeurs
34:18comme 7 millions d'électeurs qui sont portés
34:20vers la gauche et qui sont de gauche
34:22donc il y a une première illusion
34:24c'est qu'historiquement c'est vrai
34:26ce qu'on appelle le peuple de gauche
34:28a une immense aspiration à l'unité
34:30mais ça c'est historique
34:32et ne comprend pas les batailles d'appareil
34:34ou même les batailles d'orientation politique
34:36même si dans vos très intéressants reportages
34:38à Montreuil, si j'ai bien compris
34:40on voit qu'il y avait des électeurs plutôt
34:42France Insoumise et qui sont sur la logique de rupture
34:44et d'autres qui sont, mais exactement
34:46ce qu'on a vu avec les deux députés que vous avez interviewés
34:48la députée Madame Hervieux
34:50qui elle dit compromis, le mot clé
34:52qu'elle employe c'est compromis
34:54et le mot clé pour Danielo Bruno c'est rupture
34:56et qu'est-ce qu'on reproche, quel est le crime suprême
34:58que l'on reproche à Laurence Toubiana
35:00présentée par les socialistes
35:02d'avoir signé une tribune précisément
35:04dans le même quotidien du soir qu'évoquait Thomas
35:06à savoir Le Monde
35:08où elle tend la main
35:10à toutes les forces qui ont fait barrage républicain
35:12donc là aussi on ne sort de l'ambiguïté
35:14qu'à ses dépens et il y a certains
35:16socialistes en particulier
35:18qui ont la lucidité de se dire
35:20si nous avons été élus c'est aussi grâce aux voix
35:22des électeurs qui ont fait barrage républicain
35:24ce vote nous oblige.
35:26Alors avant de fermer la page de ce débat sur la gauche
35:28mais je vais vous garder avec moi parce qu'il y a plein d'autres actus parlementaires
35:30je vais vous demander de vous projeter
35:32on va suivre le perchoir jeudi
35:34ce nouveau Front Populaire
35:36il est condamné à imploser
35:38vous lui donnez combien de temps de durée de vie ?
35:40Et bien pas forcément parce que
35:42en fait si on regarde dans le papier et tout à l'heure
35:44vous posiez la question à cette députée socialiste Myriam
35:46pourquoi au fait finalement vous ne divorcez pas complètement
35:48de la France Insoumise ? Je vous donne juste
35:50un chiffre, un constat
35:52le nouveau Front Populaire sans la France Insoumise
35:54aujourd'hui ça représente moins que le Rassemblement National
35:56ça représente moins que
35:58le bloc majoritaire entre
36:00Renaissance et le Modem
36:02c'est à dire qu'il n'y a que le nouveau Front Populaire
36:04il n'y a que la France Insoumise
36:06qui permet au nouveau Front Populaire d'être en tête
36:08si aujourd'hui il n'y a pas la France Insoumise
36:10Emmanuel Macron est en capacité de dire le bloc majoritaire
36:12c'est nous et le Rassemblement National
36:14est capable de dire le groupe majoritaire c'est nous
36:16donc en réalité ils ne peuvent pas faire autrement
36:18que s'entendre. Ils sont tenus par le nom. Ils sont tenus
36:20par ça sinon rien ne sera possible demain
36:22Marc Lazare. C'est vrai mais historiquement
36:24la gauche se divise
36:26quand elle arrive au pouvoir, il y a une seule
36:28exception pardon, c'est la gauche plurielle
36:30avec Lionel Jospin, elle est restée au pouvoir
36:32pendant 5 ans. Mais il n'y avait pas la dimension
36:34radicale des Insoumis. Surtout c'était
36:36encore une fois le Parti Socialiste qui était dominant
36:38le Parti Communiste à l'époque peut-être que
36:40vous vous en souvenez, le dirigeant s'appelait Robert Rue
36:42tout le monde l'a oublié mais voilà
36:44c'était dominé par le Parti Socialiste
36:46c'est la seule expérience historique, 36
36:48se termine au bout d'un an et demi
36:501981, le Parti Communiste sort
36:52en 1984, la seule
36:54expérience un peu longue c'est 97-2002
36:56on pourrait rajouter François Hollande
36:58mais là c'est le paradoxe, c'est qu'il y a quand même
37:00eu des frondeurs qui ont voté une motion de
37:02censure contre le gouvernement donc de
37:04toute façon la gauche, mais d'ailleurs c'est vrai
37:06dans beaucoup de pays européens, la gauche
37:08de toute façon peut gagner des élections
37:10elle a beaucoup de mal à gouverner à la différence
37:12de la droite où les confrontations
37:14idéologiques sont moins prégnantes
37:16sont moins dures. Et on apprend ce soir que les communistes
37:18appellent le nouveau Front Populaire
37:20à faire désigner par un vote
37:22le choix du
37:24Premier ministre par les députés
37:26du nouveau Front Populaire
37:28donc ça tiraille aussi sur
37:30la question démocratique. Il y a eu un bougé
37:32parce que pas plus tard qu'il y a
37:34deux heures, il y avait un des
37:36plus influents négociateurs communistes
37:38qui me disait au sujet de ce vote
37:40une assemblée plénière des parlementaires
37:42ou plus exactement des députés NFP
37:44non mais ça serait une assemblée de l'UNEF
37:46une AG de l'UNEF, on n'en veut pas
37:48par ailleurs ça va nous
37:50confronter à notre écueil parce que les socialistes
37:52vont vouloir ramener leurs 64 sénateurs
37:54pour les inclure dans le vote des parlementaires
37:56NFP, ça sera un bazar invraisemblable
37:58mais on voit quand même que
38:00les réserves qui ont été mises tout au long
38:02de la journée par un certain nombre de figures de
38:04proue de l'unité à gauche
38:06que sont par exemple Clémentine Autain
38:08et François Ruffin, ces mises en garde
38:10ont peut-être trouvé de l'écho
38:12Oui, le mot de la fin sur
38:14cette partie, Anthony Berthelier
38:16il y en a des socialistes qui sont prêts
38:18à y aller dans cette coalition large sans
38:20les insoumis, sans l'ERN que souhaite
38:22Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français
38:24qui permettrait un gouvernement
38:26stable avec une vraie majorité
38:28absolue dans l'assemblée ? Pour l'heure il n'y en a
38:30pas déclaré en tout cas, ou en tout cas
38:32pas à ma connaissance, c'est
38:34les discussions internes au NFP
38:36et pour en revenir à ce qu'on disait tout à l'heure, il ne faut pas
38:38sous-estimer la capacité de la gauche à s'allier quand elle en a
38:40besoin, quand le moment l'exige
38:42aujourd'hui si elle veut effectivement gouverner
38:44ou avoir un peu d'espoir, le moment l'exige
38:46donc il ne faut pas sous-estimer ça, en revanche
38:48je suis désolé pour la réponse de centristes mais
38:50c'est vrai que le mouton, enfin la personne
38:52le profil à trouver
38:54est un profil
38:56extrêmement difficile
38:58il faut cocher des cases très nombreuses
39:00Donc à l'heure des charges, ce n'est pas facile comme job
39:02Merci, vous restez avec moi
39:04on va continuer à vous parler de cette semaine
39:06cruciale à l'Assemblée avec Stéphanie
39:08Despierres tout de suite, c'est Bourbon Express, on l'accueille
39:18Bonsoir Stéphanie
39:20Alors la bataille du Perchoir, on en a déjà
39:22parlé pour la gauche, mais elle va au-delà
39:24et elle est bel et bien lancée
39:26Et elle va être rude, Emmanuel Macron l'a dit, il attend l'installation
39:28de l'Assemblée avant de prendre des décisions
39:30alors ce combat pour le Perchoir
39:32aura un avant-goût de bataille pour Matignon
39:34parmi les candidats, Yael Brohn-Pivet
39:36la présidente sortante, n'entend pas
39:38céder sa place, malgré le nombre réduit
39:40de députés du camp présidentiel par rapport
39:42à 2022, pour le RN on aura
39:44Sébastien Chenu, il était déjà vice-président
39:46avec 141 députés
39:48et bien il veut grimper jusqu'au Perchoir
39:50le nouveau Front Populaire, vous l'avez dit, se cherche
39:52encore un candidat... Il n'a pas mis sa tête du coup
39:54Et bien non
39:56on ne la connait pas
39:58En revanche, vous le savez, vous l'avez dit, personne n'a la majorité
40:00absolue dans cette Assemblée, alors il va falloir que chacun
40:02trouve des alliés et il y a deux figures
40:04qui espèrent rassembler, Annie Genevard
40:06députée Les Républicains, vice-présidente
40:08de l'Assemblée de 2017 à 2020
40:10de fine connaissance connaisseuse
40:12de cette institution, et puis
40:14Charles de Courson, député indépendant
40:16Lyot, très expérimenté, c'est son huitième
40:18mandat, alors l'élection c'est jeudi à 15h
40:20et on l'a dit, ça pourra durer très longtemps
40:22Oui, avec une grande spéciale
40:24quasiment toute l'après-midi et une grande partie
40:26de la soirée sur LCP. On a parlé de la présidence
40:28il y a aussi plein d'autres postes clés
40:30pour le fonctionnement de l'Assemblée
40:32nationale, quels sont ces postes ?
40:34Alors les députés doivent désigner six
40:36vice-présidents, leur rôle principal c'est de gérer
40:38les débats dans l'hémicycle
40:40il y a aussi trois caster
40:42ce sont des députés qui tiennent les cordons de la Bourse
40:44de l'Assemblée et organisent son fonctionnement
40:46c'est des postes très importants et très
40:48convoités. Enfin, il y a douze
40:50secrétaires à désigner, alors ces postes seront
40:52attribués vendredi, en théorie
40:54les groupes politiques se mettent d'accord
40:56en amont sur la répartition de ces postes
40:58avec un système de points un peu complexe
41:00mais cette fois, eh bien évidemment, l'accord semble
41:02introuvable, le RN revendique
41:04un caster de vice-président et un secrétaire
41:06pas question pour la gauche
41:08qui veut un cordon sanitaire
41:10A l'Assemblée nationale, nous devons construire
41:12une digue étanche et empêcher
41:14le Rassemblement national
41:16d'accéder à des positions de pouvoir
41:18au sein de notre institution, cela
41:20veut dire au sein de notre République
41:22Alors les députés
41:24de l'Assemblée pour la République, le nouveau nom
41:26du groupe d'Emmanuel Macron, eux aussi disent
41:28non au RN, au poste-clé
41:30et non à LFI, une position
41:32pas partagée par leur allié du Modem
41:34qui, écoutez-le, voit plus loin
41:36Il faut accepter les règlements
41:38dans les démocraties, à partir du moment où
41:40on en sort, ça devient très dangereux
41:42et surtout c'est un précédent pour la suite
41:44Je vous invite à vous faire un peu de politique-fiction
41:46et à vous projeter en octobre
41:482025 sur un renouvellement
41:50de l'Assemblée et sur lequel, hélas
41:52il y aurait une majorité absolue
41:54RN. Vous comprenez bien
41:56ce qu'ils pourraient décider de faire, eux, dans ces cas-là
41:58vu le précédent que l'on aurait créé
42:00En attendant, le RN insiste
42:02Marine Le Pen a tweeté ce matin
42:04Toutes les forces politiques doivent participer
42:06au fonctionnement de l'institution, quitte à être
42:08la dernière, dit-elle, à défendre la démocratie
42:10J'affirme donc que doivent être représentées
42:12les macronistes, le Nouveau Front Populaire
42:14et la coalition RN-Siotis
42:16Enfin, il y a
42:18un moment important dans cette
42:20semaine cruciale, c'est la constitution
42:22des groupes parlementaires. Oui, ce sera jeudi
42:24à 18h, date limite à laquelle
42:26les députés doivent dire s'ils s'affilient
42:28à un groupe politique et auquel
42:30Combien il y aura-t-il de groupes ? Le record à battre
42:32c'est 10. Combien de députés dans chaque groupe ?
42:34A gauche encore, par exemple,
42:36on scrute qui des insoumis ou des socialistes
42:38aura le plus gros groupe au sein
42:40du Nouveau Front Populaire. A ce moment-là
42:42les groupes doivent aussi dire,
42:44faire leur déclaration politique, dire s'ils sont
42:46dans l'opposition. Mais comment
42:48se positionner sans gouvernement
42:50alors que le Président
42:52vient d'accepter la démission de Gabriel Attal
42:54qui reste quand même en poste, mais pour des affaires
42:56courantes. Bref, c'est assez incompréhensible
42:58Les troupes d'Emmanuel Macron et le Président
43:00lui-même parlent encore d'eux comme de
43:02la majorité, comme si les élections
43:04ne les allaient pas reléguer
43:06au rang de deuxième bloc. Au PS aussi, on se pose
43:08la question. En fait, on est majoritaire
43:10parce qu'on est devenu le premier bloc
43:12mais en fait pas vraiment, s'il n'y a pas de
43:14Premier ministre de gauche. C'est un peu lunaire comme situation
43:16et ce n'est pas un détail parce que ça a
43:18des conséquences aussi concrètes sur le fonctionnement
43:20de l'Assemblée. Par tradition, le Président
43:22de la prestigieuse commission
43:24des Finances doit être de l'opposition.
43:26Alors là, comment on fait ?
43:28Réponse, samedi matin.
43:30Merci beaucoup Stéphanie Despierre pour ce panorama
43:32très complet. Qui est dans la majorité, qui est dans l'opposition
43:34à ce stade ? Personne ne peut répondre
43:36à cette question.
43:38Il y a une anecdote qui est assez amusante.
43:40Quand ils se sont retrouvés la semaine dernière pour la première fois,
43:42les troupes d'Edouard Philippe, le groupe Horizon
43:44ici à l'Assemblée, ils se sont tous regardés dans les yeux
43:46et ils ont fait, bon, les gars, qu'est-ce qu'on fait ?
43:48Où est-ce qu'on se met ? On se met dans l'opposition ou on se met dans la majorité ?
43:50Et en fait, finalement, cette question-là,
43:52tout le monde va se la poser jusqu'à samedi matin
43:54avec la petite nuance
43:56tout de même que ça peut changer.
43:58En réalité, on peut changer au cours d'une législature,
44:00passer d'un groupe d'opposition
44:02à un groupe minoritaire.
44:04Rien n'est figé et
44:06ce qui est la vérité de samedi ne sera pas forcément
44:08la vérité du mois de septembre.
44:10Je voudrais vous entendre sur ces 140 députés
44:12qui pourraient être privés des postes-clés
44:14à la faveur du cordon sanitaire.
44:16C'est une position que partagent
44:18désormais les macronistes et le
44:20Nouveau Front Populaire, donc ça peut marcher.
44:22Est-ce que vous trouvez ça légitime ?
44:24Est-ce que vous trouvez ça normal, Marc Lazar ?
44:26C'est très intéressant parce qu'il faut raisonner en termes comparatifs.
44:28Évidemment, en France, on a
44:30cette position qui, d'après moi, relève de notre
44:32culture politique, amis, ennemis,
44:34point à la ligne et on le voit très bien
44:36avec ces déclarations. Si on regarde ce qui se passe
44:38en Italie, à plusieurs reprises,
44:40on a donné des postes de responsabilité
44:42à des partis quasiment antisystèmes.
44:44D'abord, on a donné, dans l'histoire,
44:46la présidence de
44:48la Chambre des députés à des communistes
44:50alors que les communistes étaient dans une opposition résolue.
44:52Je parle des années 70.
44:54Plus récemment, on a eu, effectivement,
44:56avant même, par exemple, que Giorgia Meloni
44:58arrive au pouvoir, elle a été vice-présidente
45:00de la Chambre des députés.
45:02Quel est le raisonnement italien ? C'est de dire
45:04que dans une démocratie parlementaire,
45:06une fois qu'on occupe des responsabilités,
45:08on s'institutionnalise. Il y a même
45:10une très belle expression, très poétique,
45:12c'est la romanisation des barbares.
45:14C'est-à-dire qu'on va les acculturer
45:16et ils vont se transformer. Et ça a fonctionné.
45:18Je prends deux exemples.
45:20Le mouvement 5 étoiles, qui était un mouvement
45:22antisystème, a occupé des postes à responsabilité.
45:24Le mouvement a éclaté entre la composante
45:26protestataire et la composante institutionnelle.
45:28Et le deuxième exemple,
45:30c'est l'actuel président de la Chambre des députés
45:32italienne. C'est un membre
45:34de la Ligue qui avait fait des déclarations...
45:36La Ligue de Matteo Salvina,
45:38de droite, très à droite.
45:40Une partie qu'on peut qualifier d'extrême-droite.
45:42Il a fait des déclarations,
45:44il a tenu des propos extraordinairement durs.
45:46Depuis qu'il est président
45:48de la Chambre des députés, je pèse mes mots,
45:50il est exemplaire.
45:52Nous l'avons interrogé à l'université
45:54à laquelle j'appartiens, à Rome. Il était là devant les étudiants.
45:56Il a expliqué, mais je ne renie rien
45:58de ce que j'ai expliqué, et je le reprendrai
46:00dès que j'aurai terminé ma responsabilité institutionnelle.
46:02Mais je suis le président
46:04de la Chambre des députés, donc je dois
46:06assurer le bon fonctionnement.
46:08Donc ils se dédiabolisent, ils se normalisent
46:10au pouvoir, ils apprennent leur compromis.
46:12Sauf que peut-être que le RN l'a déjà fait
46:14avant même
46:16d'avoir 140 députés.
46:18Qu'est-ce que vous pensez de la position de la gauche
46:20et des centristes ? C'est difficile de faire la part
46:22des choses, effectivement. Est-ce que c'est la fonction
46:24qui vous notabilise
46:26ou est-ce que la dédiabolisation
46:28du RN est tellement déjà enclenchée
46:30que finalement... C'est un marche-pied
46:32que d'accéder au poste ?
46:34On devient un marche-pied, absolument.
46:36Par ailleurs, j'ajoute qu'au moment
46:38où l'on apprend par voie de presse
46:40que par exemple Édouard Philippe dîne
46:42en privé avec Mme Le Pen,
46:44il sera peut-être assez difficile aux Français
46:46de comprendre que l'on exclut
46:48les élus du RN
46:50des postes clés.
46:52Néanmoins, on se souvient
46:54que sous la précédente législature,
46:56un certain nombre de macronistes
46:58ont admis a posteriori
47:00qu'il y avait eu une forme de
47:02faute originelle de leur part
47:04à ouvrir les voies de postes clés,
47:06de postes à responsabilité, avec notamment
47:08les vice-présidences
47:10de M. Chenu et Mme Delaporte.
47:12Je me souviens
47:14de Sacha Houllier disant
47:16que nous avons commis là une erreur fondamentale
47:18que nous avons ensuite payée
47:20au moment du projet de loi Immigration
47:22où là, certains membres de la majorité ont même eu le sentiment
47:24que la triangulation allait jusqu'à reprendre
47:26certaines idées du RN.
47:28Tout ça pour dire que le cordon sanitaire
47:30n'est pas qu'une posture
47:32formaliste, c'est
47:34aussi une manière de contenir
47:36la circulation des idées.
47:38Oui, Thomas Desprez, c'est vrai, ils ont changé d'avis
47:40finalement les macronistes. Ils avaient laissé
47:42passer la vice-présidence
47:44notamment avec Mme Delaporte
47:46à l'Assemblée au RN.
47:48Et Sébastien Chenu, vice-président de l'Assemblée.
47:50Il y avait deux vice-présidents
47:52du RN dans la précédente
47:54législature. Oui, ils ont
47:56changé d'avis. En même temps, c'est assez compliqué
47:58comme sujet parce que quand on interroge
48:00effectivement des sondeurs, on comprend
48:02que ça participe vraiment à cette notabilisation.
48:04Que de voir Sébastien Chenu
48:06au perchoir de l'Assemblée
48:08ou arriver encadré par des gardes
48:10républicains dans la salle des pas perdus,
48:12c'était vraiment l'étape ultime
48:14de la normalisation. Mais si on pose
48:16le problème différemment,
48:18les Français ont tout de même voté à 11 millions
48:20pour le RN.
48:22Et donc, il faudrait aujourd'hui
48:24leur expliquer qu'ils ne sont
48:26pas majoritaires parce qu'il y a eu le barrage
48:28et, en plus de ça,
48:30ils n'ont aucun poste à l'Assemblée nationale
48:32parce que des députés, ensemble,
48:34qui ont été élus, décident
48:36dans une forme de réunion
48:38entre eux de dire, non, les Français
48:40ont choisi, mais on ne va quand même pas leur donner
48:42de représentants. À un moment, il faut peut-être
48:44aussi s'interroger sur les conséquences
48:46que tout cela aura
48:48s'il y a une nouvelle élection législative
48:50dans un an ou, au plus tard,
48:52la prochaine présidentielle dans trois ans,
48:54sur le sentiment que les Français peuvent avoir
48:56et les électeurs du RN
48:58de cet effet, en quelque sorte, voler leur élection
49:00ou d'être, en tout cas, très frustrés du résultat.
49:02Mais les contourner ou les cornériser
49:04ne ferait que les renforcer
49:06in fine dans les urnes, c'est ça ?
49:08Peut-être que nos représentants s'interrogent aussi
49:10le résultat des urnes.
49:12Ce n'est pas que à quoi ressemble
49:14l'Assemblée nationale. Il faut aussi aller regarder
49:16dans les territoires qui a voté quoi
49:18et cela va plutôt dans le sens de représenter
49:20ceux qui ont été élus.
49:22Les représentants du peuple doivent aussi
49:24trouver leur place dans les postes-clés.
49:26Vous partagez l'analyse ou, au contraire,
49:28il peut y avoir un danger
49:30réel, on a vu,
49:32à quel point ils étaient proches du pouvoir,
49:34cette fois-ci, à les faire quasi-gouverner
49:36l'institution qu'est le Palais-Bourbon ?
49:38C'est une question qui est
49:40très difficile, quoi qu'il en soit,
49:42parce qu'effectivement,
49:44ça participe à cette notabilisation.
49:46On se pose la question aujourd'hui, mais effectivement,
49:48en 1922, on a accordé, en tout cas les députés,
49:50deux vice-présidences au Rassemblement national.
49:52Deux ans plus tard,
49:54ils doublent le score de députés, donc on ne peut pas dire
49:56que ça a endigué quoi que ce soit, d'autant que
49:58mettre deux vice-présidences du RN,
50:00ça s'est accompagné dans la majorité
50:02de l'époque, même relative,
50:04de compliments assez lourds à l'égard
50:06du RN. La stratégie
50:08de la cravate, pour l'appeler comme ça,
50:10elle a été aussi avalisée,
50:12ou en tout cas encouragée, je me souviens
50:14de la déclaration d'Yael Bourbon-Pivet qui expliquait
50:16qu'Astier-Chenu était formidable, avait un rôle incroyable,
50:18avait réussi à se notabiliser,
50:20donc si ça s'accompagne de ça,
50:22effectivement,
50:24le rapport, est-ce que c'est bénéfique
50:26ou pas pour endiguer la normalisation du RN,
50:28il a à se poser, et simplement, très rapidement...
50:30On croyait qu'on avait passé un certain nombre de dilemmes
50:32avec ces législatives, en fait,
50:34ils vont se poursuivre dans les jours qui viennent,
50:36dans l'institution. Ce qui est stupéfiant
50:38à la fois dans ce que disait Thomas
50:40et l'extrait que nous avons entendu des députés
50:42modem Erwan Balanant, c'est qu'il y a une
50:44fébrilité, mais une fébrilité incroyable
50:46de la part de l'ensemble
50:48des députés hors RN,
50:50quelque part, dans la perspective
50:52de la nouvelle dissolution qui, rappelons-le, ne sera
50:54possible qu'à compter du 9 juin
50:562025. Dans un an. Dans un an.
50:58Dans un an, le président aura retrouvé
51:00sa cartouche. Il y a
51:02une fébrilité dans cette perspective-là
51:04de se dire que la déferlante RN
51:06qu'on a réussi
51:08peut-être, simplement,
51:10à retarder, se produirait dans un an
51:12et qu'elle balerait
51:14l'Assemblée nationale, qu'alors les députés
51:16dits de l'arc républicain se trouveraient
51:18en situation d'isolement total.
51:20C'est assez stupéfiant, je dois dire.
51:22Toutes les déclarations des députés, je crois,
51:24pendant un an vont être à lire
51:26à l'aune de cette menace.
51:28Il nous reste une poignée de secondes. On va accueillir Bertrand Perrier
51:30qui va nous parler des affaires courantes. Là encore,
51:32ça interpelle sur la séparation
51:34des pouvoirs. Marc Lazare,
51:36je voudrais juste un peu votre sentiment.
51:38Il y a deux candidats qui pourraient être favoris
51:40dans ce perchoir. On a vu leur photo tout à l'heure.
51:42C'est Annie Genevard qui serait le fruit
51:44d'une alliance à condition qu'Ellebron Pivès
51:46retire au dernier tour des macronistes
51:48et de la droite
51:50et que le RN retire
51:52son candidat ou ne participe pas au vote
51:54ou même Sirali
51:56ou Charles de Courson
51:58qui est un peu le symbole
52:00de l'Assemblée nationale par sa longévité
52:02à l'Assemblée mais aussi par ce qu'il a dit
52:04pendant la réforme des retraites, assez anti-macroniste,
52:06qui pourrait ressortir. Comment vous voyez ces deux profils ?
52:08Je pense qu'une candidate à l'air
52:10qui arriverait au perchoir, ça serait mal interprété
52:12par le corps électoral pour les raisons
52:14que vous avez indiquées. C'est-à-dire que quand même,
52:16c'est un des partis qui a perdu véritablement
52:18ses élections, qui a diminué.
52:20On lui donnerait la présidence.
52:2240 députés à l'Assemblée, le perchoir.
52:24C'est incompréhensible.
52:26Il faut quand même que le parlementaire se rappelle
52:28qu'ils sont observés
52:30par le peuple qui les élit,
52:32qu'il y a une relation.
52:34Si vous me demandez qui je devrais choisir,
52:36si, par hasard, j'étais député indépendant,
52:38je choisirais M. De Courson
52:40parce que je trouve qu'il coche beaucoup de cases.
52:42Il est indépendant, il est extraordinairement
52:44intègre, il connaît parfaitement
52:46le rouage de l'Assemblée
52:48et je trouve que ce serait un bon
52:50candidat de compromis et qui enverrait
52:52sa forme d'austérité,
52:54sa forme de placidité,
52:56sa connaissance
52:58du rouage de l'Assemblée. Ce serait un bon message,
53:00me semble-t-il, pour les électeurs.
53:02Mais ça m'engage comme moi.
53:04J'espère qu'il entendra ses compliments
53:06et qu'il appréciera.
53:08Il n'y a absolument aucune complaisance
53:10ce soir sur ce plateau.
53:12On va accueillir Bertrand Perrier pour son parti pris.
53:14Les affaires courantes, qu'est-ce que ça veut dire ?
53:16Quelles sont les règles et les limites ?
53:18Anna Franchy, un parti pris, tout de suite.
53:30Bonsoir, maître.
53:32Bertrand Perrier, vous avez regardé de près
53:34ce gouvernement des affaires courantes
53:36qui est donc le nôtre
53:38désormais, puisque le communiqué de l'Elysée
53:40est tombé ce soir.
53:42Le président de la République
53:44a accepté la démission de Gabriel Attal,
53:46décret présidentiel,
53:48et donc maintenant, le gouvernement
53:50désormais a en charge le traitement
53:52des affaires courantes.
53:54Et ça peut même durer, on l'apprend à l'instant.
53:56Emmanuel Macron l'a fait savoir
53:58quelques semaines. Qu'est-ce que ça veut dire ?
54:00Qu'est-ce que recouvre cette notion ?
54:02Alors, effectivement, c'est la notion du moment.
54:04L'idée générale est que la paralysie
54:06politique ne doit pas devenir
54:08une paralysie étatique.
54:10Même s'il n'y a pas de majorité, il faut assurer
54:12la continuité de l'action de l'Etat.
54:14Les ministres demeurent donc en poste
54:16jusqu'à la nomination d'un nouveau gouvernement.
54:18Mais le gouvernement démissionnaire n'a pas
54:20les mêmes pouvoirs. C'est en quelque sorte
54:22un gouvernement à minima, un gouvernement
54:24en mode dégradé.
54:26Concrètement, désormais, les ministres
54:28ne peuvent plus prendre que deux types de mesures.
54:30Le premier type de mesures, évidemment,
54:32ce sont les mesures de gestion courante
54:34de l'Etat. Les services publics doivent être
54:36assurés, les administrations doivent fonctionner,
54:38les fonctionnaires doivent
54:40être nommés, promus,
54:42payés, les dépenses engagées doivent
54:44être assurées. Impossible,
54:46en revanche, désormais,
54:48d'engager une réforme, de modifier
54:50l'état du droit, de déposer, par exemple,
54:52un projet de loi, bien sûr. Le gouvernement
54:54peut seulement prendre les mesures indispensables
54:56à la poursuite au quotidien de l'activité
54:58de l'Etat. Second type de mesures
55:00que peut prendre, même en mode
55:02dégradé, un gouvernement
55:04de gestion des affaires courantes,
55:06des mesures qui seraient dictées par une urgence
55:08ou une situation grave
55:10et imprévue. Imaginons
55:12des manifestations, une sécheresse,
55:14un attentat, une épidémie.
55:16Là, le gouvernement retrouverait
55:18l'intégralité de ses pouvoirs,
55:20même en affaires courantes.
55:22Et qu'est-ce qui se passe si un gouvernement
55:24d'affaires courantes outrepasse
55:26ses pouvoirs ? C'est déjà arrivé.
55:28Une fois, dans notre histoire, en 1952,
55:30le Conseil d'Etat,
55:32qui est le juge de l'action du gouvernement,
55:34a annulé un décret qui avait
55:36été pris par un gouvernement
55:38dont il a estimé qu'il outrepassait
55:40la gestion des affaires courantes
55:42et qu'il avait donc été pris par un gouvernement
55:44incompétent. A l'époque, il s'agissait,
55:46on est en 1952, d'un décret
55:48qui avait été pris par un gouvernement démissionnaire
55:50et qui étendait
55:52en Algérie, alors française,
55:54une loi applicable uniquement en France.
55:56Eh bien, le Conseil d'Etat a annulé.
55:58Donc, il y a quand même un garde-fou, c'est le juge.
56:00Et combien de temps ça peut durer, alors, ce gouvernement d'affaires ?
56:02C'est la grande inconnue, puisque là, le droit ne dit plus rien.
56:04Juridiquement, il n'y a pas de limite.
56:06Aujourd'hui, sous la Ve République,
56:08la durée la plus longue, ça a été 5 jours.
56:10C'était la transition Cazeneuve-Philippe
56:12en 2017. Évidemment,
56:14on va exploser cette durée
56:16puisque, vous l'avez dit, le gouvernement,
56:18en tout cas l'Elysée, parle désormais de
56:20plusieurs semaines. Et donc, c'est tout à fait inédit.
56:22En réalité, la limite n'est pas juridique,
56:24c'est une limite politique, y compris
56:26dans l'idée que l'on pourrait avoir
56:28de nommer un gouvernement, en quelque sorte,
56:30crash-test, dans l'idée qu'il soit
56:32censuré pour prouver
56:34qu'il y a une impasse politique de ce côté
56:36ou de l'autre. Attention, ce ne serait
56:38pas à Nodin, car dans cette
56:40hypothèse-là, le gouvernement
56:42qui aurait été censuré, eh bien, ce serait celui-là
56:44qui ferait les affaires courantes,
56:46et non plus le gouvernement de Gabriel Attal.
56:48Donc, nommer un gouvernement uniquement pour qu'il soit
56:50censuré ne serait pas sans effet
56:52juridique. Donc, attention à
56:54ce réflexe. En résumé,
56:56le gouvernement d'affaires courantes reste une situation
56:58évidemment exceptionnelle, temporaire,
57:00pour quelques jours, quelques semaines,
57:02car il y a un paradoxe
57:04qui est que l'on parle d'affaires courantes
57:06pour un Etat au ralenti.
57:08– Merci, très clair. Merci beaucoup.
57:10Je vous fais réagir, Marc Lazar.
57:12– Je ne connaissais pas cette disposition, je dois dire.
57:14Si c'était un gouvernement censuré, c'est lui qui expédierait
57:16les affaires courantes. – Celui-ci, il dit
57:18zombie, il ne peut pas être censuré.
57:20Celui-ci, actuel, avec Gabriel Attal, démissionnaire.
57:22– La Ve République, maintenant, c'est un peu
57:24comme la Belgique, plus de 580 jours,
57:26je crois, où il n'y a pas eu de gouvernement.
57:28C'est 82 jours en Italie,
57:30récemment, entre 2018 et 2019.
57:32On s'européanise, on se normalise,
57:34finalement. – Oui, avec, pardon,
57:36une particularité, c'est que la Belgique est un Etat
57:38avec des régions très fortes, et donc la structure
57:40étatique permettait d'avoir une sorte
57:42de matelas démocratique pour
57:44permettre d'amortir. – Ce n'est pas du tout la même chose
57:46avec notre Etat central. – On se retrouve dans une démocratie
57:48parlementaire. – Thomas Desprez, il a l'intention
57:50que ça dure combien de temps ? Vous qui connaissez la
57:52coulisse de la présidence de la République. – Ça peut durer jusqu'au mois de septembre.
57:54Ce matin, encore, on échangeait avec des ministres
57:56qui, en sortant du Conseil des ministres, se sont dit,
57:58bon, oui, c'était le dernier, mais on sait
58:00qu'on sera peut-être encore là au mois de septembre.
58:02Ça peut durer. Juste, pour rebondir,
58:04ce qui est assez incroyable, c'est
58:06d'imaginer que tout cela a été prévu
58:08dans une constitution qui a été écrite en 1958,
58:10et que tous ces cas de figure-là,
58:12qu'on est en train de découvrir ou de redécouvrir,
58:14sont en fait écrits dans le texte fondamental
58:16depuis des années, sans que personne ne s'y soit
58:18vraiment intéressé juste là, et je trouve que c'est quand même…
58:20– Respect pour Michel Debray. – Voilà, c'est quand même…
58:22– Et les constitutions. – Juste sur ce point, pardon,
58:24aurait été la notion d'affaires courantes
58:26figurait dans la constitution de la quatrième,
58:28elle n'a pas été reprise textuellement
58:30dans la constitution de la cinquième,
58:32mais le Président a vu qu'il a raison
58:34de dire que c'est une tradition républicaine.
58:36– Merci pour la précision historique.
58:38On va passer ces JO, j'espère,
58:40de façon plus apaisée. – Sans encombre, on espère.
58:42– On peut s'en réjouir aussi, il faut réparer,
58:44il y a beaucoup de choses à faire
58:46d'ici la rentrée.
58:48On va peut-être enfermer toutes nos forces républicaines
58:50ou tous les acteurs politiques
58:52pour passer l'été ensemble et bâtir un compromis.
58:54On verra bien, on suit ça de près,
58:56et grâce à vous, merci d'être resté
58:58une heure en direct pour ce grand décryptage.
59:00Bravo Bertrand Perrier,
59:02à très vite, très belle soirée sur LCP.
59:04À demain, même mieux même.
59:06Sous-titrage ST' 501

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