• il y a 4 mois
En janvier 1983, Henri Virlojeux et Catherine Laborde ont participé à une interview sur Antenne 2 (aujourd'hui France 2) concernant la grève des comédiens. Voici les principaux éléments à retenir :

L'interview a eu lieu dans le journal télévisé de 13 heures d'Antenne 2

.
Catherine Laborde avait alors 31 ans et c'était sa première apparition sur un plateau de journal télévisé
. Elle n'était pas encore connue comme présentatrice météo, un rôle qu'elle n'endossera que plusieurs années plus tard.
Henri Virlojeux était un acteur reconnu à l'époque. Ensemble, ils représentaient la profession des comédiens pour parler de la grève en cours
.
L'interview a été menée par le journaliste Noël Mamère
.
Cette apparition télévisée était significative pour Catherine Laborde, car elle marquait son entrée dans le monde des médias, bien avant qu'elle ne devienne une figure familière de la télévision française en tant que présentatrice météo sur TF1

.

Cette interview sur la grève des comédiens représente donc un moment important dans la carrière de Catherine Laborde, illustrant ses débuts dans le monde de la télévision avant qu'elle ne devienne la célèbre "miss météo" que le public a connue pendant près de 30 ans sur TF1.
Transcription
00:003ème titre à la une, la grève des comédiens et des artistes, ce soir l'immense majorité
00:13des théâtres et des cafés-théâtres resteront porte-close. En lançant ce mouvement de protestation,
00:18les gens du spectacle, comme on dit, veulent sensibiliser l'opinion et les pouvoirs publics
00:22sur leurs problèmes d'aujourd'hui et de demain, d'ailleurs. Daniel Catlin.
00:27Ils étaient 60 000 en 1936, 20 000 en 1968, aujourd'hui les artistes-interprètes ne sont
00:35plus que 15 000. Et selon leur syndicat, 80% d'entre eux sont au chômage endémique.
00:41Trois revendications principales sont à la base de la grève d'aujourd'hui, l'indemnisation
00:46du chômage, le volume de l'emploi, les droits dérivés. Les problèmes liés au chômage,
00:53le décret du 25 novembre 82, qui ouvre les droits après 1000 heures de travail et fixe
00:59la durée de l'indemnisation à 91 jours, touchent particulièrement les professions
01:04du spectacle où le travail intermittent est la règle. L'emploi, l'accroissement des
01:12moyens financiers des institutions culturelles n'a pas eu, selon les syndicats, les effets
01:17attendus. Les droits dérivés, enfin, à ce jour, alors que le parc des magnétoscopes
01:24est en augmentation sensible, les artistes ne touchent encore aucun droit sur la vente
01:30ou la location des cassettes. Alors pour parler de toutes ces revendications, nous avons invité
01:36Antenne de Midi, deux comédiens, Henri Virleau-Jeux, Henri Virleau-Jeux c'est le comédien connu,
01:40on vous voit beaucoup d'ailleurs à la télévision, donc les français vous connaissent bien,
01:43vous avez du travail, et puis une autre artiste, une autre comédienne que les français
01:47ne connaissent pas sous son nom, elle s'appelle Catherine Laborde, elle a pourtant fait quelques
01:52dramatiques en télévision, elle avait notamment travaillé avec Michel Soubielas pour la dramatique
01:57Meurtre sur la personne de la mer, et elle est obligée de passer par les publicités
02:01pour pouvoir survivre. Alors on va évoquer les deux aspects de cette grève, le premier
02:05c'est celui qui porte sur deux mains Henri Virleau-Jeux, car des artistes comme vous
02:08qui ont du travail ne sont pas tellement préoccupés par les problèmes de la Sédic, mais surtout
02:12par la question des droits dérivés avec maintenant l'arrivée sur le marché des
02:16magnétoscopes. Bien sûr, notre pause d'aujourd'hui, que j'appelle une pause de 24 heures, je
02:23n'envoie pas à dessein le mot grève, c'est une pause de réflexion, et il me semble qu'elle
02:27n'a jamais été aussi calme, aussi tranquille et aussi résolue. C'est la première fois
02:32qu'on trouve une adhésion, une coopération presque totale chez tous les gens concernés
02:38par cet arrêt du travail. Le problème des droits de suite est un problème très important
02:44pour nous, car le public le sait ou ne le sait pas, mais je tiens à le lui faire savoir,
02:50c'est que notre participation artistique à une émission ou à un travail théâtral
02:55est une participation réellement artistique. Ça n'est pas qu'une participation d'interprète.
03:00Très souvent, actuellement, j'ai la chance de travailler sur un texte que je n'ai pas
03:05écrit, qui a été écrit par d'autres personnes, mais on me demande mon avis et ma coopération.
03:09Je participe donc artistiquement à ce travail. Je ne signe pas, mais j'apporte quelque chose
03:15de moi, de ma conscience, de mon cœur, de mon esprit. Et je pense que si dans dix ans
03:20je vois cette émission passer à la télévision, je me trouverais très coupable de n'avoir
03:26rien obtenu sur ma participation.
03:28Alors vous avez des termes qui sont un petit peu en deçà des revendications, vous parlez
03:33de pause et non pas de grève, et pourtant tout le monde dit on voit le spectre de la
03:36grève des acteurs américains.
03:38Oui, bien sûr, mais je pense qu'il est bon. Nous, nous avons eu des expériences de grève
03:44et nos grèves étaient impopulaires parce qu'elles étaient mal comprises et surtout
03:48mal expliquées. Et je pense que ce qui est important aujourd'hui, c'est pour ça que
03:52je dis pause, parce que ça n'est pas un véritable arrêt de travail. C'est une réflexion en
03:58arrêtant le travail. C'est pourquoi je n'en veux pas à ceux qui continuent à travailler,
04:02car ils font peut-être ce soir une annonce, et s'ils ne font pas d'annonce, nous nous
04:05chargerons de leur expliquer pourquoi ils auraient dû peut-être s'arrêter. C'est leur intérêt.
04:11Alors il y a une solidarité entre les riches et les pauvres chez les comédiens, la preuve
04:14en est avec Henri Virlogeux et Catherine Laborde. Vous Catherine, vous faites plutôt grève
04:18pour la question des mille heures qui est imposée maintenant avec la nouvelle loi de
04:23novembre 82 pour l'indemnisation du chômage.
04:26Oui, enfin on ne peut pas trop séparer parce que le principal problème c'est l'emploi.
04:30Nous on a choisi un métier, on a de la chance de pouvoir choisir un métier, donc on n'est
04:35pas heureux quand on ne travaille pas, et on est très content quand on travaille. Alors
04:39la première chose c'est l'emploi. Alors maintenant il y a de moins en moins de travail,
04:43et pas seulement dans les centres culturels comme ça a été dit dans le reportage, mais
04:46aussi à la télé, il y a de moins en moins de travail à la télé. Il y en a peut-être
04:48dans les pubs, mais il n'y en a plus dans les dramatiques, dans les feuilletons, ou
04:51en tout cas de moins en moins, et encore pour cette année. Alors nous ce qu'on veut c'est
04:57quand on ne travaille pas, il faut qu'on nous aide à continuer, à durer, à tenir
05:01jusqu'au prochain travail puisqu'on est des intermittents.
05:03Vous par exemple, vous travaillez combien d'heures dans l'année ?
05:06Combien de jours dans l'année ?
05:07A peu près, oui.
05:08Je travaille, je ne sais pas moi, quand j'ai de la chance, 50 jours par an. Mais le reste
05:13du temps je ne suis pas en vacances, je suis au chômage.
05:15Alors est-ce que l'on peut vivre de cette manière ? Est-ce qu'on peut assumer sa
05:18condition de comédien de manière décente ?
05:20De manière décente si on a le droit de toucher des ascétiques, parce que c'est un droit,
05:26c'est comme le droit de travailler. Si on n'a que le droit de travailler et pas le
05:29droit de toucher des ascétiques, on ne peut plus. Or maintenant, avant il fallait 60 cachets,
05:33on était indemnisés pendant 365 jours. Et bien avec maintenant le même nombre de cachets,
05:38on sera indemnisés 3 mois. Qui peut en 3 mois faire 60 cachets ? En tout cas peu d'acteurs
05:44parce que même si vous avez un rôle important à la télé, ce qui ne m'arrive pas très
05:47souvent, mais si vous avez un rôle important à la télé, c'est 20 cachets. Donc il faudrait
05:51avoir 3 rôles principaux à la télé en une année, et bien il n'y en a pas beaucoup
05:56Vous allez dire que je me fais l'avocat du diable, simplement on a un sentiment avec
06:00cette pause, comme le dit M. Virlogeux, qu'on défend aussi bien les bons comédiens que
06:04les mauvais comédiens.
06:05Mais c'est quoi un bon ou un mauvais comédien ?
06:07Un bon comédien c'est peut-être celui que l'on appelle souvent pour travailler,
06:11parce qu'il a du talent.
06:12Oui ça peut être ça, et puis c'est bien. Mais on peut être aussi un bon comédien,
06:16c'est pas tout à fait les mêmes qualités qui font qu'on travaille ou qu'on travaille pas.
06:20Il y a les qualités sur un plateau, une fois qu'on est engagé et qu'on a le rôle,
06:23et puis il y a les qualités aussi pour trouver du travail.
06:26Il ne faut pas se mettre ça dans la tête qu'on ne travaille pas parce qu'on est mauvais.
06:30On ne travaille pas parce qu'il n'y a pas de travail non plus.
06:32Il n'y a pas trop d'acteurs. La France est un des pays où il y a le moins d'acteurs
06:36par rapport à la population, par rapport au pays d'Europe.
06:38Il n'y a pas trop d'acteurs, il n'y a pas assez de travail.
06:41C'est aussi important qu'il y ait du travail pour les acteurs que du travail dans l'industrie.
06:45C'est aussi important pour le pays, la culture.
06:48Merci Catherine Laporte, j'espère que vous aurez été entendue par l'opinion publique
06:51et par les pouvoirs publics puisque c'est le sens de votre démarche
06:54avec Henri Villaujeu et les autres gens du spectacle.

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