Dans ce nouvel épisode de Parcours, découvrez le témoignage d'Audrey Josse, qui, à 39 ans, s'est lancé dans la PMA pour faire un bébé toute seule. En pleine pandémie de Covid, son chemin n'a pas été facile jusqu'à l'arrivée de son bébé tant attendu.
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00:00Bonjour, je suis Audrey et j'ai décidé de faire un enfant à 39 ans toute seule.
00:04À 39 ans, je me suis retrouvée célibataire, alors l'âge biologique qui commençait à tourner
00:07et qui cognait à ma porte fortement, et ce désir qui était là au creux de mon ventre.
00:11Donc je me suis dit, bon, il y a deux solutions.
00:13Soit je me tourne vers l'adoption, mais c'était quand même un parcours très long et très compliqué.
00:17Soit je me tourne vers une PMA,
00:19parce qu'autour de moi j'avais de nombreux amis qui avaient déjà pris ce chemin
00:22et je voyais des enfants heureux et des mamans épanouies.
00:25Donc naturellement, je me suis tournée vers la PMA pour concevoir mon fils.
00:29J'ai eu pas mal d'examens, des bilans de fertilité,
00:32des rencontres aussi avec le personnel soignant, que ce soit en France ou en Belgique.
00:37On s'imagine que ça va être facile, que faire un bébé, c'est très simple,
00:41on vous insimine et puis ça fonctionne.
00:44Non, à un certain âge, il y a aussi tout cet univers médical qui est compliqué à gérer,
00:48les examens, les sources de stress.
00:50Notamment moi, parce que j'étais en période Covid, j'ai eu plusieurs mois d'attente.
00:54Pendant le confinement, comme tout le monde, j'étais confinée, donc on ne pouvait rien faire.
00:57Ensuite, quand on a repris, les frontières ont pu s'ouvrir de nouveau.
01:02Petit à petit, j'ai pu retourner en Belgique, mais avec des autorisations.
01:05Et puis l'hôpital aussi me disait, attendez, priorité aussi aux personnes belges.
01:08Je devais attendre mon tour, donc ça pouvait aussi sauter des cycles, sauter des mois.
01:12Et puis donc, comme je ne devais absolument pas être Covidée,
01:15je me suis complètement confinée.
01:16C'est-à-dire que moi, le confinement, il a perduré après le vrai confinement.
01:19Et puis après, j'ai commencé aussi les stimulations.
01:22La première stimulation a été très, très dure.
01:24J'ai eu vraiment une chute violente.
01:26J'ai appelé évidemment ma mère.
01:27Je lui disais, je vais arrêter, je vais arrêter, je ne peux pas, je ne peux pas.
01:30Et puis je me disais, mais en fait, si ton envie d'avoir un enfant est plus forte
01:33que cette période un peu compliquée.
01:35Donc là, vraiment, ça a beaucoup joué sur mon moral.
01:37Confinée, stimulée, j'avais la totale.
01:39Et puis bon, on était au mois de novembre, donc on ne peut pas dire que c'était une période très sympathique.
01:43Dans mon protocole, j'avais trois insimulations simples,
01:47et puis trois insimulations avec stimulation et une five.
01:50C'était le protocole qu'on m'avait proposé,
01:52puisque j'avais un bilan de fertilité qui n'était pas top top.
01:54D'avoir une five, ça n'aurait pas forcément fonctionné plus.
01:57Ils voulaient tenter comme ça.
01:58Les trois premières insimulations, ça n'a pas fonctionné.
02:01Ça a été compliqué, mais je m'y attendais.
02:03Je me suis dit, bon, avec ton taux de fertilité qui est catastrophique,
02:05ça ne fonctionnera pas, ça aurait été quand même un miracle.
02:07La première insimulation avec stimulation,
02:10là, je me suis dit, bon, ça peut fonctionner.
02:12Tu as été stimulée, tu as quand même une petite chance.
02:14Cette insimulation ne s'est pas très bien passée.
02:16Je n'étais pas bien, donc je suis sortie de cette insimulation en me disant,
02:19voilà, je n'y crois pas trop.
02:21Donc là, je me suis encore effondrée.
02:22Je pense que j'avais aussi les hormones qui travaillaient.
02:24Et je me suis dit, bon, je ne vais jamais y arriver.
02:26Paradoxalement, la cinquième, la stimulation.
02:29Et là, je suis sur mon petit nuage, tout l'effet inverse.
02:31C'est-à-dire que tout est super.
02:33Je souris tout le temps, j'ai la pêche, j'ai le moral.
02:36C'est assez dingue d'ailleurs de se dire l'influence que ça peut avoir sur les hormones.
02:39Je suis passée du tout au tout, de la dépression à la joie de vivre.
02:42Je suis arrivée à Bruxelles et je savais que ça allait marcher.
02:45Je ne peux pas expliquer pourquoi.
02:46Au fond de moi, je savais que cette insimulation allait prendre.
02:49Et ce moment, il était un peu magique.
02:50Alors évidemment, c'est loin d'être une nuit d'amour.
02:52Mais c'était quand même un moment qui était très, très chouette.
02:54Et quand je suis repartie, je suis remontée dans la voiture.
02:56Ma mère m'attendait et je lui ai dit, je suis sûre que ça a marché.
02:59Et effectivement, cette cinquième assimilation a marché.
03:01Pendant la grossesse, il y a aussi tous ces moments de doute.
03:04Quand on fait la première échographie.
03:06Normalement, la première échographie,
03:08tu arrives avec la personne qui partage ton quotidien.
03:11Toi, tu arrives, tu es toute seule.
03:13Donc bon, c'est génial.
03:14Le premier battement de cœur que tu entends,
03:16c'est un moment qui est extraordinaire comme toutes les mamans.
03:18Mais c'est vrai que tu aimerais partager ce moment-là
03:20avec la personne qui partage ta vie et tu es toute seule.
03:23Donc les larmes, elles coulent quand même assez facilement.
03:24Cette grossesse, elle s'est plutôt bien passée
03:26avec des moments un peu d'angoisse aussi.
03:28Puisque j'avais 40 ans.
03:30Donc 40 ans, c'est un suivi qui est très important.
03:32J'avais des rendez-vous toutes les trois semaines
03:34pour vérifier que tout fonctionnait bien.
03:36Et puis après, il y a aussi l'accouchement.
03:38Et moi, je n'ai pas eu un accouchement très simple.
03:40J'ai eu un accouchement qui a duré plus de quatre jours.
03:42J'ai perdu les os dans la nuit du lundi au mardi.
03:45Et j'ai accouché le vendredi matin par césarienne.
03:49Qui restait tout le long avec moi.
03:51Mais c'est vrai que par moments, il y avait le truc de dire
03:54il n'y a personne qui t'attend derrière la porte.
03:56Il n'y a pas un homme qui est là pour partager ce moment-là avec toi.
03:58Donc il y a quand même toujours un peu des doutes.
04:00Jusqu'au bout, finalement, il y a les doutes de se dire
04:02est-ce que j'ai pris la bonne décision ?
04:04À ce moment-là, j'aurais aimé vivre avec quelqu'un.
04:05Et puis toujours cette question, mais qui suis-je
04:07pour décider que mon enfant n'aura pas de papa ?
04:10Donc il y a aussi cette culpabilité qui m'a accompagnée avant, pendant,
04:13qui m'accompagne encore aujourd'hui.
04:14On ne va pas se mentir.
04:15Quand mon fils de deux ans et demi me demande
04:17maman, il est où mon papa ?
04:19Je lui explique les choses.
04:20Je lui explique que c'est un désir profond de sa maman de l'avoir.
04:23Je lui explique qu'il y a eu un gentil monsieur
04:25qui nous a aidé à construire notre famille.
04:27Je lui dis les choses, naturellement, simplement, honnêtement.
04:30Mais forcément, ça me fait toujours un petit pincement au cœur.
04:32Mais il est très heureux.
04:33Il est très équilibré.
04:34Il a beaucoup d'hommes dans sa vie.
04:35Comme je dis toujours, je ne suis pas une vraie maman solo.
04:37Autour de moi, j'ai vraiment beaucoup de proches.
04:40Que ça soit mes parents, mon frère, ma belle-sœur, mes neveux et nièces.
04:43Nous sommes vraiment une équipe.
04:44J'ai tous mes amis autour de nous.
04:46Voilà, on n'est pas tout seul, Alexandre et moi.