un document Histoire TV sur l'ethnologue Germaine Tillon, militante engagée dans la guerre d'Algérie,
c'était les années 30..
c'était les années 30..
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00:00Ces photos ont été prises dans les années 30 en Algérie, dans le massif Dolores, par
00:22une jeune femme dont la pensée et l'engagement ont marqué le XXe siècle, Germaine Tillon.
00:27Conservées sous forme de négatifs, jamais tirées et donc jamais publiées, ces clichés
00:42ont été retrouvés récemment.
00:43Ils témoignent d'un monde disparu, mais surtout ils éclairent la vie et la personnalité
00:48de leurs auteurs d'une manière inattendue.
00:50Germaine Tillon est connue pour ses travaux d'ethnologie, portant sur les sociétés
01:20du bassin méditerranéen, mais elle fut aussi résistante dès 1940 et survivante du camp
01:26de Ravensbruck où elle avait été déportée.
01:29Intellectuelle engagée durant la guerre d'Algérie, elle demeure une militante infatigable des
01:35droits de l'homme.
01:36Avec ces images ressurgit une époque qui fut fondatrice pour Germaine Tillon, celle
02:02de ses premières missions dans les Ores, envoyée par son maître Marcel Mauss, le
02:07fondateur de l'ethnologie moderne.
02:08Nous retournons ainsi à ce qui fut à l'origine de ses théories.
02:13Ce qui m'intéresse sur le maraboutisme, c'est que vous avez tout incarné sur le maraboutisme
02:30et vous avez des photos de ce marabout de Ruffy que je pense qu'on peut...
02:38Voilà, c'est de celui-là que nous avons été voir.
02:41Aujourd'hui, une historienne et un sociologue, Nancy Wood et Augustin Barbara, effectuent
02:47avec Germaine Tillon un travail d'inventaire et de rédaction en vue de la publication
02:51d'un livre de photos.
02:52Interrogée sur ses clichés et les conditions de leur réalisation, l'ethnologue répond
02:57très précisément.
02:58Mais elle aborde aussi les thèmes qui ont traversé toute sa vie, le fonctionnement
03:03des groupes humains, l'aliénation de la femme, la nécessité de compréhension du
03:07monde.
03:08Je serais incapable de vous le dire.
03:09Je remarque que vous êtes très, très précise.
03:12Où que ce soit les dates.
03:14Oui, Bousina, c'est un village des Ores.
03:17Le lieu et la date.
03:19Lundi, 13 mars 1935, 15 heures.
03:23Et vous notez neige, ciel couvert.
03:26Très vert.
03:29Par un soleil, sans posomètre.
03:35Ces photos, elles m'ont suivie pendant mon apprentissage.
03:44Donc elles sont, si vous voulez, le parallèle de mon apprentissage.
03:50Pourquoi est-ce qu'elles ont attendu 60 ans pour réapparaître ?
03:54Parce que j'avais autre chose à faire.
03:58Tout ça, exactement.
04:03Et quand j'ai été arrêtée, la police allemande, qui était la verte,
04:08ne s'est pas intéressée à mes photos.
04:12Ils s'intéressaient à d'autres choses qu'ils n'ont pas trouvées non plus.
04:17Et puis après, vous n'avez pas eu le temps.
04:20Et après, j'ai eu tellement d'autres choses à faire que je n'ai pas eu le temps de m'en occuper.
04:23Oui, c'est vrai.
04:24Exactement, je n'ai pas eu le temps.
04:26Première question pour la débutante que j'étais.
04:29L'origine du mot shawouya.
04:31Ce mot est arabe.
04:33Il sert à la fois à nommer un métier, une ethnie et une langue étrangère.
04:45Le métier peu rentable est celui de gardien de petits bétails.
04:49L'ethnie vit retranchée dans un massif abrupt
04:51et la nature, c'est la nature.
04:54L'ethnie vit retranchée dans un massif abrupt
04:56et la langue qui lui appartient en propre fait partie de la grande famille berbère.
05:05Tiradibi, Ligorge, Amakhadou,
05:10le Sama,
05:12Forêt de Mesbel,
05:14la Caravane,
05:17Jéribat el-Bait,
05:20Jéribat el-Bait.
05:24Mon travail, c'était de comprendre l'endroit où j'étais.
05:29D'enregistrer, comme disaient les gens.
05:32De noter, de faire des photographies,
05:37mais pas seulement.
05:39De comprendre chaque détail de la vie quotidienne
05:44qui se présentait à moi.
05:46Alors, je vais vous donner un exemple.
05:50Alors, je faisais ce travail.
05:52Je faisais ce travail d'enregistrement et de compréhension
05:56aussi bien que je pouvais.
05:58Et puis, à cheval.
06:00À cheval, à travers des montagnes escarpées, sans route, etc.
06:07Alors, nous sommes donc partis.
06:10Comme ça, en 1934.
06:12Moi, avec des amis,
06:16Moi, avec des études qui avaient porté sur l'ethnologie, surtout.
06:23Mais aussi beaucoup sur la préhistoire.
06:26Qui avait commencé par la préhistoire,
06:29continué par l'ethnologie,
06:31et poursuivi aussi par la psychologie.
06:34J'avais fait aussi beaucoup de psychologie.
06:36Et tous ces trucs-là convergeaient vers l'ethnographie.
06:41Alors, au fond,
06:45il est certain que quand Mauss m'en a parlé,
06:49j'aurais encore mieux aimé aller chez les Kanaks
06:53ou chez des gens encore plus lointains.
06:55Ou en Amazonie.
06:56Ou en Amazonie.
06:59Mais je me suis dit, après tout, n'importe où,
07:02pourvu qu'on ait un angle de visée.
07:05C'est-à-dire ?
07:06Oui.
07:07Au fond, voyez-vous, un angle,
07:10quand vous regardez,
07:11quand vous voulez savoir la distance d'un astre,
07:14vous faites deux angles.
07:19Moi, j'avais besoin de deux angles
07:21pour voir les origines humaines.
07:24Et les deux angles, c'était quoi ?
07:26C'était n'importe quel autre pays et le mien.
07:34J'arrivais à Aris, la capitale de l'Ores.
07:37Une province qui nourrissait 14 000 familles dites indigènes
07:40et une trentaine de familles dites françaises.
07:45Les gens de cette région étaient semi-nomades.
07:48L'hiver, ils vivaient au Sahara,
07:51l'été, tout en haut des cimes,
07:53et en mi-saison, près de la Gelaha,
07:55forteresse où ils stockaient leurs récoltes.
08:03Moi, j'étais en 34 à Aris.
08:06Attention, pas longtemps,
08:08parce que, justement,
08:09je ne voulais pas rester dans un endroit
08:12qui était en contact avec notre civilisation.
08:19Je voulais aller voir des vrais paysans,
08:23des vrais paysans dans leur vérité.
08:27Autrement dit, plus j'y serais berbère,
08:30plus j'y serais paysan,
08:32et plus j'y serais véridique,
08:34et plus ça me plaisait.
08:36C'est donc ça que je voulais.
08:39Si la nature m'avait pourvu
08:41d'un œil de cyclope au milieu du front
08:43ou d'un museau de chien,
08:45je les aurais moins étonnés
08:47qu'avec mon costume de cheval,
08:49mon matériel de campement
08:51et les heures que je passais chaque jour à écrire.
08:54Passés les premiers étonnements,
08:56ils s'habituèrent à moi
08:58et s'aperçurent alors
09:00que je n'étais pas un animal malfaisant,
09:03ce que l'on appelle les djets.
09:06Le premier mois,
09:08je me souviens que j'ai d'abord été
09:10écouter les gens
09:12et nous avons eu,
09:14à ce moment-là,
09:16je leur racontais des histoires,
09:18je leur racontais,
09:20eux posaient des questions d'abord,
09:22surtout,
09:24moi je leur en posais
09:26un petit peu aussi,
09:28mais au fond je posais beaucoup moins de questions
09:30que je leur donnais de réponses.
09:32Je répondais plus souvent
09:34que je ne questionnais.
09:36Et ensuite,
09:38ils me racontaient, eux,
09:40des histoires édifiantes
09:42et ces histoires édifiantes,
09:44j'en ai raconté quelques-unes là-dedans
09:46qui étaient très édifiantes
09:48sur l'origine du monde,
09:50ils m'expliquaient tout ce qu'ils savaient
09:52sur l'origine du monde,
09:54sur Adam et Ève, etc.
09:56Et c'était très intéressant.
09:58Je notais très fidèlement
10:00ce qu'on me disait,
10:02ça me donnait beaucoup de travail.
10:04Ça, c'est la première phase.
10:06Ensuite, il y a la deuxième phase,
10:08à ce moment-là,
10:10je suis déjà très connue,
10:12j'ai déjà beaucoup d'amis,
10:14j'ai déjà rendu service à beaucoup de gens
10:16et par conséquent,
10:18je suis très occupée toute la journée.
10:30Mais vous avez voyagé beaucoup
10:32parce que votre tribu
10:34était nomadique aussi,
10:36semi-nomadique.
10:38Celle-là était semi-nomade.
10:40Je la suivais
10:42de la montagne au Sahara
10:44et du Sahara à la montagne.
10:46Mais ensuite,
10:48je me suis rendue compte
10:50à quel point ils étaient eux-mêmes
10:52en question.
10:54Je me suis rendue compte
10:56à quel point ils étaient
10:59eux-mêmes anxieux
11:01de connaître leur parenté
11:03au-delà de leur tribu.
11:05Et alors,
11:07j'ai commencé à interroger
11:09les vieillards sur
11:11les héritiers
11:13éventuels de chaque famille
11:15en cas de disparition
11:17d'une famille.
11:19Et j'ai noté donc toute la chaîne
11:21des héritiers
11:23de fil en fil.
11:25Ça allait très très loin.
11:27Alors, une fois que j'ai
11:29noté tous ces
11:31échelonnements
11:33de parenté,
11:35à ce moment-là,
11:37j'ai entrepris
11:39de faire le travail
11:41pour l'ensemble de l'ores.
11:43Au passage,
11:45les anciens venaient me saluer,
11:47boire une tasse de café
11:49et en leur compagnie,
11:51je reconstituais les généalogies.
11:53J'évaluais selon les pluies
11:56la survie probable des chèvres
11:58et le rendement des semis.
12:00J'assistais à la répartition des corvées
12:02et à l'épluchage des affaires d'honneur.
12:06J'apprenais surtout à écouter,
12:08à ne pas savoir d'avance
12:10ce que l'on allait me répondre
12:12et à garder secret ce qui devait l'être.
12:20Je me fabrique
12:22un type de relation.
12:24C'est ce qu'on peut appeler
12:26le dialogue.
12:34Tadjemout, 23 mars 1936.
12:36Dans le cadre d'une difficulté
12:38à régler à l'intérieur d'un clan,
12:40seuls les anciens de cette faction délibèrent
12:42et leur réunion porte le nom
12:44de Djemaa.
12:54Ici, tous les chèvres de famille.
12:56Tous ces hommes que vous voyez là
12:58ont avec eux
13:00des neveux,
13:02des fils et des neveux.
13:04Et plus ils ont de fils et de neveux,
13:06plus ils sont dangereux.
13:08Et par conséquent,
13:10ils sont arrivés à se mettre d'accord
13:12pour constituer
13:14une république.
13:18Et cette république,
13:20c'est une espèce de modèle
13:22que nous trouvons au fond
13:24dans toutes les villes
13:26à l'époque du Moyen-Âge.
13:28Vedis n'est rien d'autre
13:30qu'une ancienne tribu
13:32comparable à celle de Lorès.
13:34C'est une tribu
13:36dans lesquelles
13:38l'aristocratie, c'est-à-dire les grands vieux,
13:40domine la ville
13:42et elle est arrivée
13:44à avoir
13:46une flotte
13:48et cette flotte est assez
13:51importante pour
13:53monopoliser le commerce
13:55mondial.
13:57Le mot qu'ils emploient
13:59pour se désigner,
14:01c'est un mot qui signifie à la fois
14:03grand et vieux.
14:05J'ai traduit par grand-vieux
14:07puisqu'il a les deux sens.
14:09Alors les voilà,
14:11ils sont ici.
14:13Et l'ensemble c'est la Djemaha.
14:15C'est-à-dire l'Assemblée.
14:17Et cette Assemblée,
14:19c'est en même un Parlement.
14:21Vous avez dit l'autre fois
14:23plutôt un Sénat.
14:25Oui, plutôt un Sénat.
14:27Parce qu'ils sont un peu arriérés.
14:31Et pas élus.
14:33Mais est-ce que
14:35cette Assemblée...
14:37Ils ont deux
14:39points de commun avec le Sénat,
14:41c'est qu'ils sont arriérés et pas élus.
14:43Et qu'il n'y a aucune femme
14:45parmi eux.
14:47Autre fait commun
14:49avec le Sénat français.
14:59Père
15:01à sa fille.
15:03Celle-là.
15:05Je crois que c'est
15:07bien de finir sobrement.
15:09Durant l'été, il est décidé que les photos
15:11de Laures seront publiées
15:13aux éditions de La Martinière.
15:15Une maquette est réalisée avec les premières
15:17photos commentées.
15:23Alors, il y a 1500
15:25négatives à peu près.
15:27J'ai fait tirer
15:29400 photos
15:31à peu près.
15:33Et enfin, on va choisir
15:35150 pour le livre.
15:45Tiens.
16:03Pendant ce temps,
16:05toujours pour témoigner, Germaine
16:07Tillon répond aux invitations de la presse
16:09et participe à des colloques
16:11comme celui-ci, organisé
16:13par une association d'amis de l'Algérie.
16:17Nous allons réunir
16:19les français qui
16:21étaient tous d'accord
16:23pour s'entendre avec
16:25tous les gens d'Algérie.
16:27Et quand je dis tous les gens d'Algérie,
16:29ça veut dire tous.
16:31Sans aucune exception.
16:33Et c'est d'autant plus
16:35nécessaire que
16:37les gens d'Algérie n'ont pas
16:39cessé de s'entrebattre.
16:41...
16:43Voilà.
16:57Autrefois, la Bretagne
16:59était peuplée de chênes verts
17:01et que
17:03ce sont les boulangers bretons
17:05qui ont brûlé
17:07les chênes verts parce que c'est
17:09les chênes verts qui font
17:11les meilleurs, qui chauffent
17:13les meilleurs pour
17:15chauffer les fours.
17:17Alors ils ont brûlé
17:19tous les chênes verts et on a mis
17:21des chênes pas verts
17:23à la place. Alors moi, j'ai
17:25voulu remettre les chênes
17:27de la vieille Bretagne d'autrefois.
17:31C'est moi qui les ai construites.
17:33Enfin, j'ai pas mis
17:35les pierres, mais j'ai
17:37construit
17:41d'abord les gens,
17:43ensuite
17:45les meubles autour des gens,
17:47ensuite les murs autour des meubles.
17:49C'est dans cet endroit-là
17:51que la maison a été construite.
17:55Ça va aller.
17:57...
17:59...
18:01...
18:03...
18:05...
18:07...
18:09...
18:11...
18:13...
18:15Le coucher du soleil sur la mer
18:17était tellement beau
18:19que je me suis dit, ça fait rien,
18:21le terrain est affreux,
18:23il est complètement stérile,
18:25mais je vais le ressusciter.
18:27C'est ce que j'ai fait.
18:29J'ai essayé de ressusciter
18:31un terrain mort.
18:33...
18:35...
18:37...
18:39...
18:41...
18:43...
18:45...
18:47...
18:49...
18:51...
18:53...
18:57La pince, c'est
18:59tout ça, c'est
19:01à partir du corps.
19:07Toutes les mesures humaines,
19:09c'est le mal à main
19:13et celle-ci.
19:21Longueur à mesurer
19:23entre le pouce et l'auriculaire.
19:25Voyez-vous,
19:27c'est cette mesure-là.
19:29Voyez-vous la mesure qui va
19:31du pouce à l'auriculaire.
19:33Egypte,
19:35Chubeur,
19:37Tunisie-Oranie,
19:39Chubeur,
19:41Algérie,
19:43en pente,
19:45dans Rabelais,
19:47entre l'extrémité du pouce
19:49du petit doigt.
19:51Alors ça, c'est dans Rabelais.
19:53Ce sont uniquement
19:55des références.
19:57En réalité,
19:59je m'intéressais surtout
20:01à la société.
20:03Mais dans la société,
20:05il faut d'abord aussi
20:07comprendre toutes les choses matérielles.
20:15J'étais dans l'Ores,
20:17en plein dans les montagnes de l'Ores,
20:19avec un sentiment de sécurité
20:21complète,
20:23protégé par une tribu entière.
20:25La sauvagerie,
20:27c'est en Europe que je l'ai apprise.
20:29Alors la sauvagerie,
20:31c'était Ravensbrück.
20:33C'était vraiment, nous avions affaire à des sauvages.
20:35Vous dites que votre expérience
20:37des Ores vous a servi dans le camp.
20:39Elle m'a servi simplement
20:41pour structurer,
20:43structurer le camp.
20:45Ce qui n'est pas rien.
20:47Je peux dire que
20:49j'ai structuré, j'ai déchiffré
20:51les structures du camp
20:53presque tout, très vite.
20:55Très vite.
20:57Dans votre analyse, il y a deux axes
20:59essentiels.
21:01C'est le travail et le mort.
21:03Comment-ils ?
21:05Et le rendement.
21:07Alors il y avait donc
21:09le travail, la mort
21:11et l'argent.
21:15Il fallait à qui profite,
21:17à qui ce système
21:19va-t-il profiter ?
21:21À ce moment-là,
21:23je me suis dit, il y a moyen
21:25de faire une enquête
21:27approfondie sur le camp.
21:29Puisque, en réalité,
21:31tous les SS
21:33font exécuter leurs travaux
21:35par une classe
21:37de prisonnières.
21:39Donc,
21:41en posant des questions
21:43ciblées à toutes les
21:45prisonnières,
21:47on peut déchiffrer
21:49tout ce que font
21:51les seigneurs,
21:53c'est-à-dire
21:55les princes du camp.
21:59Ce qui nous a aidés,
22:01ça a été tout de même
22:03la maîtrise
22:05de soi
22:09et la compréhension
22:11du monde dans lequel on vit.
22:13Il est certain que lorsqu'on éclaire
22:15un monde, même affreux,
22:17en quelque sorte,
22:19on le domine.
22:33Moi, j'ai voulu
22:35faire de la préhistoire,
22:37de l'archéologie et de l'ethnologie.
22:39Ma mère m'a soutenue
22:41autant que j'ai voulu.
22:43Quand vous êtes partis en pantalon
22:45et à cheval dans les Ores...
22:47Elle m'a dit...
22:49Je me souviens d'une lettre où elle m'écrivait
22:51« Rappelez-vous tout de même
22:53que je vous ai confié
22:55un petit enfant
22:57qui est vous-même
22:59et que vous devez me le rendre
23:01intact. »
23:03Elle a même tapé à la machine.
23:05Un beau rapport.
23:07Quand je lui ai envoyé mes rapports,
23:09elle me les a tapés.
23:11C'était elle
23:13qui les transmettait.
23:27Très rapidement,
23:29je me suis aperçue qu'ils étaient
23:31au fond, très proches de nous.
23:33Et c'est là, justement,
23:35que j'ai...
23:37très proche des paysans français.
23:39Et c'est justement
23:41à ce moment-là que j'ai...
23:43avec toutes mes études
23:45de préhistoire antérieures,
23:47que j'ai pensé
23:49que, évidemment,
23:51il y avait...
23:53Comment dirais-je ?
23:57Au fond, un système
23:59de parenté
24:01qui est majoritaire dans le paléolithique,
24:03c'est d'épouser
24:05l'étranger.
24:07Et un système de parenté
24:09qui est majoritaire dans le néolithique
24:11qui est d'épouser
24:13son cousin.
24:15Donc un changement radical.
24:17Donc un changement radical.
24:19Et justement, j'ai essayé de comprendre
24:21pourquoi ce changement
24:23radical,
24:25et où on trouvait ce changement radical.
24:29Ma théorie actuelle,
24:31c'est qu'il faut en revenir
24:33au système paléolithique.
24:35C'est-à-dire ?
24:37Il faut se marier avec l'étranger.
24:39Avec l'étranger. D'accord. Et pourquoi ça ?
24:41Pour que l'étranger vous garde vos frontières.
24:45Je comprends pas. Parce que
24:47rendez-vous compte que nos ancêtres
24:49les sauvages,
24:51nos ancêtres communs à toute la Terre,
24:53ce sont nos ancêtres les sauvages.
24:55Et nos ancêtres les sauvages,
24:59ils n'avaient pas de fil
25:01de fer barbelé
25:03pour préserver l'engibier.
25:05Et par conséquent,
25:07il fallait qu'ils se mettent d'accord
25:09avec les gens qui étaient
25:11de l'autre côté de la forêt.
25:15Et ils n'avaient pas d'autres moyens
25:17de se mettre d'accord avec eux
25:19que d'échanger leurs femmes.
25:21Moi je te passe ma soeur, tu me passes la tienne.
25:23Et voilà.
25:25C'est ça le mariage
25:27paléolithique.
25:29C'est ça. Et qui permet
25:31la paix.
25:33Et qui permet la paix. Parce qu'autrement c'est la guerre.
25:35Autrement c'est la guerre tout le temps.
25:37Et nous en sommes revenus.
25:39Au paléolithique, au point de vue politique.
25:41C'est à dire
25:43une politique
25:45de conversation
25:47avec l'autre.
25:49D'ouverture à l'autre.
25:51Et ça c'est la politique
25:53paléolithique.
25:55De conversation avec l'autre.
26:01Il y a 65 ans,
26:03j'ai photographié cette petite fille
26:05et j'ai choisi cette photo
26:07pour changer
26:09l'image
26:11qui se trouve sur
26:13un de mes livres
26:15qui s'appelle Le Harem et les Cousins.
26:17Parce que ce livre, Le Harem et les Cousins
26:19est consacré
26:21au destin de la femme
26:23dans la Méditerranée.
26:25Et cette petite fille
26:27s'est retrouvée
26:29dans la Méditerranée.
26:31Et cette petite fille
26:33qui a l'air si intelligente
26:35et qui visiblement
26:37a l'air de poser une question.
26:39Elle pose une question au destin.
26:41Quel va être mon destin ?
26:43Et bien si
26:45cette petite fille est une paysanne,
26:47elle va avoir un fils.
26:49Et si elle a un fils,
26:51ce fils
26:53sera
26:55en tout cas
26:57la propriété de sa mère.
26:59C'est pourquoi
27:01si cette paysanne,
27:03cette petite fille
27:05est devenue une paysanne,
27:07je dirais que la paysanne n'est pas
27:09tout à fait malheureuse.
27:11Parce qu'elle a
27:13une domination
27:15écrasante sur son fils.
27:17Mais si
27:19cette petite fille
27:21va en ville,
27:23à ce moment-là,
27:25cette petite fille est la raison
27:27de se poser des questions.
27:29Parce qu'on peut l'acheter dans la rue,
27:31tout simplement,
27:33avec trois ou quatre enfants,
27:35et le père foutre le camp
27:37on ne sait pas où,
27:39et ne jamais revenir.
27:41C'est ce qui se fait
27:43à l'heure actuelle à Alger.
27:45Si nous mettons
27:47la légende,
27:49que va-t-on faire de moi ?
27:51Voilà la légende.
27:55En réalité,
27:57on retrouve
27:59dans tous les pays
28:01paysans
28:03une exigence.
28:05Et cette exigence
28:07c'est de maintenir
28:09la terre
28:11dans une seule main.
28:13Parce que la terre ne se divise pas.
28:15La terre c'est un instrument
28:17de travail,
28:19c'est comme
28:21votre caméra.
28:23Votre caméra,
28:25vous ne pouvez pas la couper en deux
28:27et en donner une moitié à l'un
28:29et une moitié à l'autre.
28:31La caméra est un bloc
28:33unique
28:35et cohérent.
28:37Un domaine terrien,
28:39c'est la même chose.
28:41C'est un bloc unique et cohérent.
28:43Et ça exige
28:45quelqu'un
28:47qui le domine
28:49et qui le manipule.
28:51Donc en cas de décès,
28:53qu'est-ce qui se passe ?
28:55En cas de décès, il y a un fils aîné,
28:57c'est l'aîné qui hérite.
28:59Point final.
29:01Et les filles, dehors.
29:03Les filles, on s'en fout.
29:05Ça n'existe pas.
29:21Avant 1940,
29:23j'ai souvent interrogé les chefs religieux
29:25sur les modes d'héritage dans les Ores.
29:27Ils répondaient sans hésiter
29:29que dans une famille,
29:31il faut des fils qui travaillent
29:33et qui défendent le patrimoine commun
29:35et non des filles
29:37dont les enfants fortifieront peut-être
29:39une famille rivale ou un clan ennemi.
29:5121 septembre 1935
29:53Afin que la future écolte soit bonne,
29:55il convient d'inaugurer
29:57la saison des mariages.
29:59Ici, le meilleur mariage
30:01est une noce où les deux époux
30:03n'ont jamais été mariés auparavant
30:05et où ils sont cousins proches.
30:07C'est-à-dire, idéalement,
30:09enfants de deux frères.
30:11Le mariage, c'est un mariage
30:13où les deux époux ne sont jamais mariés.
30:15C'est-à-dire, idéalement,
30:17enfants de deux frères.
30:19C'est-à-dire, idéalement,
30:21enfants de deux frères.
30:3513 avril 1936
30:37Marché de Tagouste
30:39Je photographie une thiaserie
30:41ou asria.
30:43Il est nécessaire de préciser
30:45la signification de ce mot.
30:47C'est-à-dire, ici,
30:49que c'était un mot qui était...
30:51C'est un mot qui a un sens
30:53beaucoup plus général.
30:55Oui, qui veut dire libre, simplement.
30:57C'est-à-dire que toute femme,
30:59toute femme divorcée,
31:01répudiée,
31:03plus exactement répudiée,
31:05est automatiquement une asria.
31:07C'est ça.
31:09Et avec quel regard
31:11dans les...
31:13Elle loge chez ses parents.
31:15Elle loge chez son père,
31:17mais il n'y a aucun désordre pour le père
31:19à ce qu'elle rencontre
31:21n'importe quel homme.
31:23Mais librement, là.
31:25Librement.
31:27Toutes les femmes choisissent leur second mari.
31:29Le premier mari est choisi par le père.
31:33Alors là, c'est une prostituée, oui.
31:35Celle-là, c'est son métier.
31:37Et ça se passe
31:39dans un grand marché.
31:41Là, c'est officiel.
31:45Quand vous dites officiel,
31:47c'est-à-dire, elle est là ?
31:49Elle est ouvertement prostituée.
31:51Et on vient la voir ?
31:53On vient la voir, oui.
31:55Elle rencontre les hommes jeunes
31:57qui ne sont pas mariés.
31:59D'accord.
32:01Ou même qu'ils sont.
32:03Attention !
32:05Tout ça se passe en 34.
32:15J'ai pris ces photographies en 1939
32:17dans les territoires du sud rattachés à Biscra.
32:21Seule une douzaine de volontaires musulmans
32:23et six gendarmes français faisaient régner
32:25la paix et la sécurité dans tout l'Ores.
32:27A l'époque, les événements de 1954
32:29étaient inimaginables,
32:31même pour des gens très informés,
32:33ce que je n'étais pas.
32:35Le 21 mai 1940, date de mon départ
32:37de Quebache, je quittais l'Ores
32:39pour 14 ans.
32:41Je l'ai revu en 1954,
32:43et je suis allée à la guerre.
32:45À cette époque, Germaine Tillon,
32:47héroïne de la Résistance
32:49et auteure d'enquêtes sur les crimes
32:51de Hitler et de Staline,
32:53est mandatée par le gouvernement français
32:55pour rendre compte de la situation
32:57des populations algériennes
32:59qu'elle a étudiées jadis.
33:01À ce moment-là, on me demande
33:03de repartir en Algérie.
33:05Je dis bon, je dois y aller, j'y vais.
33:07Quelles étaient vos armes ?
33:09Uniquement le témoignage.
33:11J'allais là-bas comme témoin.
33:13Je me suis trouvée
33:15dans un pays
33:17où je connaissais
33:19chaque sentier.
33:21Et je me suis trouvée
33:23à ce moment-là,
33:25avec l'expérience
33:27des ressources de ce pays.
33:29Et j'ai constaté qu'en 14 ans,
33:31ces ressources avaient diminué
33:33d'une façon tragique.
33:35J'ai donc essayé
33:37d'analyser les causes
33:39de cette dégringolade
33:41et de cette dégringolade mortelle.
33:471954.
33:49Mohan, fils de Sittayeb,
33:51paysan de l'Ores,
33:53se situe exactement à la charnière
33:55d'un univers rural
33:57dont la destruction est en cours.
33:59Cet homme existe et je l'ai connu.
34:01Premier signe alarmant,
34:03il possédait un mulet il y a 15 ans
34:05qu'il a dû depuis quelques années
34:07remplacer par un âne.
34:09Un âne lui rend très difficile
34:11la fréquentation du grand marché
34:13et l'oblige souvent, par conséquent,
34:15à payer les céréales au cours le plus haut.
34:17En outre, à chaque déplacement saisonnier
34:19des troupeaux, il lui faut plusieurs voyages
34:21pour transporter son campement.
34:25J'écris, noir sur blanc,
34:27la mécanique
34:29moderniste
34:31qui pousse
34:33les peuples sous-développés
34:35vers la clochardisation
34:39et qui les pousse
34:41invinciblement vers la clochardisation
34:43parce que les structures
34:45de survie
34:47ont été détruites.
34:51Elles ont été détruites
34:53par l'évolution
34:55et la modernité.
34:57Nous avons inventé
34:59des choses très utiles
35:01par exemple
35:03les vaccins.
35:05C'est très utile.
35:07Mais à partir du moment
35:09où il y a des vaccins,
35:11dans une population
35:13qui avait comme objectif d'avoir 4 enfants,
35:15on a 20 enfants
35:17au lieu de 4.
35:21Est-ce qu'on diminue la mortalité ?
35:23Alors on a diminué la mortalité.
35:25Diminuer la mortalité, c'est une qualité.
35:29Mais élever 20 enfants,
35:31c'est élever 20 fermes.
35:33Ou un métier.
35:35Ou 20 métiers.
35:37Qu'est-ce qui se passe ?
35:39La misère.
35:41La misère et la famille.
36:01Cet hortensia
36:03qui a été apporté
36:05par le colonel de Bordières.
36:07Et qu'est-ce qu'il a de spécial,
36:09cet hortensia ?
36:11Il est rouge.
36:13Alors que les autres sont bleus.
36:15Et à quelle occasion il vous l'a offert ?
36:17Pour une de mes légions d'honneur.
36:19Je lui avais demandé
36:21d'être mon parrain.
36:23Et alors il est venu ici
36:25avec une bouteille de champagne
36:27et cet hortensia.
36:29Et ce parrain, vous l'avez choisi ?
36:31C'est moi qui l'ai choisi.
36:33Et pourquoi lui ?
36:35Parce qu'il avait refusé la torture.
36:39C'était un acte
36:41très important.
36:43Et un beau cadeau.
36:45Le général de Bollardières
36:47a incarné le refus de la torture
36:49dans l'armée française.
36:51Pour cette raison, il fut à l'époque
36:53démis de ses fonctions.
36:55Cette attitude courageuse
36:57de Germaine Tillon.
36:59En aucun cas, on ne doit torturer.
37:01Mais je reconnais
37:03l'affolement.
37:05Je comprenais absolument
37:07l'affolement des populations
37:09civiles françaises
37:11et le désespoir des populations
37:13civiles musulmanes.
37:17Et je me disais,
37:19la seule chose qu'il faut,
37:21c'est garder son sang froid et négocier.
37:27C'est ce que j'ai fait.
37:35Cherchère à comprendre.
37:37Dialoguer envers et contre tout.
37:39Germaine Tillon reste fidèle
37:41à elle-même.
37:43En juillet 1957,
37:45en pleine bataille d'Alger,
37:47des chefs du FLN clandestin,
37:49Yacef Saadi et Ali Lapointe,
37:51organisent une rencontre avec elle.
37:53En réalité,
37:55j'ai eu l'occasion
37:57à me trouver en face
37:59des chefs terroristes d'Alger.
38:01En fait,
38:03j'entre dans une maison musulmane
38:05avec l'idée que je vais
38:07me trouver en face
38:09d'étudiants,
38:11peut-être même des étudiants
38:13blessés,
38:15qui vont me remettre des dossiers.
38:19Et quand je vois des hommes
38:21qui ont des mitraillettes,
38:23et deux ou trois revolvers
38:25à la ceinture,
38:27j'avoue que j'ai quand même été
38:29un peu étonnée pendant quelques minutes.
38:31Alors, là-dessus,
38:33grand silence.
38:35Et je me dis,
38:37il faut absolument qu'on parle.
38:39Alors j'ai commencé à parler.
38:41J'ai commencé à parler.
38:45Et je leur ai parlé
38:47de leur situation.
38:49Je leur ai parlé de l'avenir de l'Algérie.
38:51Je leur ai parlé
38:53de la pauvreté de l'Afrique.
38:55Je leur ai parlé
38:57de l'instruction
38:59et de
39:01l'évolution des femmes.
39:03Et la conversation a dévié
39:05sur la résistance.
39:07Et ça les passionnait.
39:09En réalité, ils étaient passionnés
39:11par la résistance française.
39:13Et c'est à ce moment-là
39:15que Yacef a jeté sa mitraillette
39:17sur le divan
39:19et s'est assis à l'île à pointes.
39:21Et il m'a dit,
39:23vous voyez que nous ne sommes ni des brigands
39:25ni des assassins.
39:27Et alors là,
39:29moi j'ai eu
39:31une espèce de,
39:33comment dirais-je,
39:35d'intimité
39:37avec moi-même.
39:39Et dans cette intimité
39:41avec moi-même,
39:43j'ai dit pour moi, pas pour eux,
39:45et j'ai dit très tristement,
39:47très gravement,
39:49vous êtes des assassins.
39:51Et à ce moment-là,
39:53Yacef a eu les larmes aux yeux
39:55et il m'a dit, oui madame Tillion,
39:57nous sommes des assassins.
39:59Et il ajoute,
40:01quand il y a une exécution capitale,
40:03l'opinion algérienne exige
40:05que je mette une bombe.
40:09Et alors,
40:11il me dit ça, et moi en route,
40:13je me dis,
40:15si nous arrêtons les exécutions capitales,
40:17alors il n'y a plus de bombes,
40:19alors on négocie.
40:29La seule chose à faire, c'est la paix.
40:31C'est-à-dire la conversation.
40:33Il n'y a pas d'autre solution humaine
40:35que la conversation.
40:39Grâce à cet entretien, Germaine Tillion
40:41obtient une trêve des attentats de plus.
40:43La guerre se poursuivra.
40:49Je ne désespère pas de l'espèce humaine.
40:51Mais j'ai quand même
40:53de grandes inquiétudes aussi.
40:55Et pour ne pas désespérer,
40:57je ne suis pas totalement rassurée
40:59non plus.
41:07À ce colloque des amis de l'Algérie
41:09était présent l'écrivain
41:11et philosophe Tvetan Todorov,
41:13qui vient d'écrire un livre
41:15sur cinq grands témoins du XXe siècle,
41:17dont Germaine Tillion.
41:19C'est la dédicace qui m'a touchée le plus.
41:21Dites le tout.
41:29Germaine vient de dire que c'est
41:31la dédicace...
41:33Oui, la dédicace,
41:35c'est pour Germaine Tillion
41:37qui a su
41:39traverser le mal
41:41sans se prendre pour une
41:43incarnation du bien.
41:45Et voilà! Comme c'est bien dit!
41:47Comme c'est intelligent!
41:49Comme c'est génial!
41:51Bravo, bravo, bravo!
41:53C'est comme ça qu'il faut être.
41:55Il faut se défendre.
41:57Il ne faut jamais se prendre pour
41:59l'incarnation du bien.
42:03Cadeau familiaux.
42:05Hypergabie et célibat.
42:15Je pense qu'il y a
42:17l'éducation.
42:19Et que nous sommes des criminels,
42:21que les peuples puissants,
42:23au lieu d'investir
42:25de l'argent
42:27dans
42:29les bénéfices
42:31des bénéfices
42:35par exemple le pétrole
42:37ou le bois
42:39qu'on coupe d'une façon arbitraire,
42:41il faut investir dans l'homme,
42:43c'est-à-dire dans l'instruction.
42:45Il est certain que
42:47il est indispensable
42:49à la survie
42:51de la Terre
42:53d'investir
42:55dans l'enseignement de tous les
42:57enfants, filles et garçons.
42:59Il faut que filles et garçons
43:01puissent
43:03développer
43:05tout ce qu'il y a d'humain en eux.
43:07C'est-à-dire
43:09l'intelligence, la connaissance,
43:11l'ouverture
43:13sur
43:15toutes les possibilités
43:17de l'art et de la
43:19littérature et de
43:21l'histoire et du
43:23matériel et de la technique.
43:25Il faut que tout cela soit ouvert
43:27à tous les enfants.
43:29Donc c'est un problème
43:31d'éducation à l'échelle
43:33mondiale qui se pose
43:35et non pas
43:37un problème d'exploitation.
43:39Il ne faut pas
43:41exploiter la Terre,
43:43il faut instruire tous les
43:45enfants,
43:47hommes et femmes,
43:49filles et garçons.
43:51Si vous voulez, c'est à mon avis
43:53la
43:55doctrine formelle
43:57des temps qui viennent.
44:03Oui, voyez-vous là-bas, c'est
44:05l'île
44:07de Groix.
44:09Vous la voyez ?
44:11Pas très d'être.
44:19Quand on voit Groix, c'est qu'il va pleuvoir.
44:21Quand on ne voit pas Groix, c'est qu'il pleut.
44:26Dis le proverbe.
44:35Bien sûr.
44:39Comme le ciel est venu bleu tout à coup.
44:41Ah oui.
44:43Et doux.
44:51Vous venez quelquefois ici en hiver ?
44:53Autrefois, oui.
44:57Vous savez, la maison est très chaude
44:59et il suffit de mettre
45:01une flambée dans la cheminée.
45:07Est-ce que là, vous repartez à Paris ?
45:09Regardez,
45:11il y a plein de boutons sur les rosettes.
45:13Ils demandent qu'elles refleurissent.
45:15Un coup de soleil, regardez-les.
45:17Comme les boutons.
45:19Regardez ces boutons.
45:23Et là, ici,
45:25ils ne demandent qu'à fleurir.
45:27Un peu d'eau.
45:29Je vais
45:31peut-être rester quelques jours pour les voir.
45:33Encore quelques jours.
45:53C'est pas possible.
45:55C'est pas possible.
45:57C'est pas possible.
45:59C'est pas possible.
46:01C'est pas possible.
46:03C'est pas possible.
46:05C'est pas possible.
46:07C'est pas possible.
46:09C'est pas possible.
46:11C'est pas possible.
46:13C'est pas possible.
46:15C'est pas possible.
46:17C'est pas possible.
46:19C'est pas possible.
46:21C'est pas possible.
46:23C'est pas possible.