Cyclisme - Tour de France 2024 - Philippe Gilbert : "ASO, s'il vous plait, faites-nous un parcours pour Remco Evenepoel..."

  • il y a 3 mois
Consultant sur Eurosport, Philippe Gilbert revient sur cette 111e édition du Tour de France après le sacre de Tadej Pogacar à Nice.

Category

🥇
Sport
Transcription
00:00Oh Philippe, vous êtes à l'arrivée, ça fait plaisir d'être à Nice, ce n'est pas à Paris mais c'est à Nice.
00:10Quel tour pour le cyclisme belge au final ? Cinq victoires d'étape et un podium.
00:15Notre ami Stéphane Girion nous disait, podium 1980, le dernier.
00:19Oui exactement, j'ai envie de dire une grosse récolte sur ce Tour de France 2024.
00:24Il ne faut pas oublier les trois victoires de Girmay qui font partie du cyclisme belge avec une équipe belge, Intermarché Wanty.
00:33Grosse moisson et ça fait vraiment plaisir parce qu'on avait été un peu absent sur le classement général
00:40et maintenant la personne de Remco, on a vraiment quelqu'un capable de peser sur la course.
00:44Il va remporter un maillot distinctif, c'est aussi quelque chose de très important.
00:48Ça fait plaisir et moi personnellement j'ai envie de remercier Eurosport parce qu'ils me donnent l'opportunité d'être ici présent juste après l'arrivée.
00:57On va voir les courants de près et j'ai pu voir Remco ce matin également.
01:01Ce sont des moments privilégiés que je peux avoir grâce à ce poste.
01:08Sincèrement, Remco, premier tour, podium, même si on l'espérait sur le podium,
01:15vu le profil du parcours, on sait qu'il monte la montagne à son train.
01:20Il ne peut pas répondre aux attaques fulgurantes d'un Bocasar au Vingegaard. Il vous a surpris ou pas ?
01:25Honnêtement, non, parce que j'avais fait justement un papier avec Stéphane Thirion pour le journal Le Soir
01:31où moi, j'osais parler à la place de Remco et parler de son ambition réelle qui était le podium.
01:40Je pense qu'au fond de lui, c'était son ambition. Publiquement, il est resté prudent, il a parlé d'un top 5 et je pense que c'était sage de sa part.
01:47Mais je sais qu'au fond de lui, l'ambition c'était de faire le podium et il l'a fait.
01:52Donc bravo à lui.
01:54Ça aurait été intéressant de voir la bataille avec Roglic. Malheureusement, il a dû quitter la course sur une chute.
01:58Mais sans cette chute, ça aurait donné une belle bataille et je pense qu'on aurait même pu voir, tactiquement, certaines alliances.
02:05Quand on a vu certaines attaques dans le final des courses, je pense que Roglic aurait été présent et ensemble, ils auraient pu créer un beau duo attaquant et offensif.
02:15Ça aurait donné encore plus de splendeur à ce Tour de France.
02:18Quand on fait podium du Tour lors de son premier Tour, forcément, il faut voir plus haut et un jour la victoire.
02:28Bien sûr. Après, j'ai envie de dire, les cartes, c'est à ESO qu'ils les ont dans leurs mains.
02:34C'est à eux d'un jour, peut-être, dessiner un Tour de France.
02:38Il faudrait trois chronos ?
02:39Oui. Pour que Remco gagne, je pense qu'il faut trois comptes-la-montre.
02:43Il faut qu'on se rapproche des 100 km de comptes-la-montre sur des comptes-la-montre roulants pour spécialistes, pas des comptes-la-montre en montée.
02:51Là, on pourrait voir Remco, avec son efficacité sur le plat et son aérodynamisme, prendre l'avantage sur même Pogacar et sur Vingegaard, comme il a pu le faire cette année en remportant le compte-la-montre.
03:04J'ai envie de dire à ESO, s'il vous plaît, faites-nous un parcours pour Remco dans les cinq prochaines années et il fera le spectacle.
03:14Un dernier mot sur Tadej Pogacar.
03:17On dit, Rodjanity nous disait il y a quelques jours, ça fait cinq ans que vous comparez Tadej Pogacar à Eddy Merckx, il y aura peut-être des raisons maintenant à ce que ce soit le cas.
03:26Oui, tout à fait. Pogacar, il est un peu comme Eddy.
03:31Eddy faisait aussi bien les courses à jour, les monuments, les championnats, que les courses à étapes d'une semaine, de trois semaines, les maillots annexes, etc., un peu à la manière de Pogacar.
03:42Et on peut surtout comparer Pogacar à Merckx dans la mentalité de vainqueur.
03:47C'est-à-dire qu'il est capable de mettre de côté ses émotions et de continuer à gagner.
03:55On a l'impression que même la cinquième étape, c'était la première qu'il gagnait, il était aussi content.
04:00J'ai pas eu l'honneur de connaître le temps de Merckx, mais quand je vois les archives, les livres que j'ai lus sur lui, c'est un peu ce qui ressortait.
04:09C'était cette fin de victoire insasiable et on la retrouve chez Pogacar.
04:14Moi, cette année, par exemple, il m'a épaté sur le Tour de Catalogne où il a aligné les succès.
04:19La dernière étape à Barcelone où il est allé prendre tous les risques sur un sprint qui est à plus de 70 km heure.
04:27Je veux dire, là, il m'a épaté encore une fois parce qu'il avait déjà gagné trois ou quatre étapes et il a voulu encore gagner une de plus.
04:33Alors qu'il était leader, il était assuré de gagner le général, mais il a voulu encore gagner une étape de plus.
04:39Et c'est là qu'on voit que ce mec est hors norme et qu'il a une soif de victoire hors du commun.
04:45Dernière question, je suis obligé, Philippe. Les doutes, les suspicions, les records battus, les écarts, c'est normal de douter ?
04:53Oui, je pense que le public doutera toujours. Malheureusement, on hérite de l'histoire de notre sport.
05:00De récentes, avec toutes les histoires de dopage qu'on connaît. Et les gens, malheureusement, identifient le cyclisme à un sport où on triche.
05:09Mais voilà, on bat les records. Mais il faut aussi pouvoir, nous qui sommes dans le milieu,
05:18pouvoir dire aussi qu'il y a eu d'énormes évolutions au niveau matériel, au niveau de l'entraînement, au niveau de la nutrition.
05:24La façon de s'entraîner des coureurs aujourd'hui, par exemple, ils travaillent en zone 2. La zone 2, pour le grand public, ça parle pas.
05:31Mais en fait, c'est les coureurs qui travaillent au sein, c'est-à-dire qu'ils sont juste en dessous du lactate.
05:37Ils sont dans la fatigue, dans la douleur permanente. Et c'est 80% de leur entraînement aujourd'hui.
05:43Moi, il y a 10 ans, je pense que ça représentait 20-30% au maximum.
05:50Donc il y a eu un gros changement dans l'entraînement du cycliste aujourd'hui. Et ça se ressent dans les résultats.
05:57On voit les coureurs, en fait, ils habituent leur corps tous les jours à rouler vite, plus vite qu'on le faisait nous.
06:04On faisait beaucoup de spécifiques, beaucoup de fractionnés, mais peu de zone 2.
06:10Aujourd'hui, ils font que ça, pratiquement, et très peu d'haute intensité. Donc ça se traduit par des performances hors normes.
06:18Et je pense qu'à la base, tous les professionnels sont des moteurs hors normes.
06:23Et quand on les rôde, on les habitue à rouler vite, finalement, le corps s'habitue.
06:28Aujourd'hui, par exemple, moi, quand je roule et que je me fais mal, je ressens beaucoup plus la douleur qu'avant.
06:34Avant, je faisais des entraînements extrêmement difficiles et j'avais mal, mais pas plus que ça.
06:40Aujourd'hui, je fais des entraînements similaires et j'ai un lactate, une débrûlure énorme dans les muscles.
06:46Parce que mon corps n'est plus habitué, mais je suis sûr que si je le réentraîne pendant six mois, je vais retrouver les sensations que j'avais avant.
06:53Donc c'est une question d'entraînement, une question d'habitude.
06:56Philippe Gilbert, avec sa hernie, qui va mieux, est fier du cyclisme de Belgique.
07:01Oui, bien sûr, fier du cyclisme belge. On a de nouveau gagné.
07:07Ça fait du bien.
07:08Oui, l'année passée, on a été de nouveau la meilleure nation au classement World Tour.
07:14Cette année, on peut refaire. Grêmko qui marque de nouveau des gros points.
07:18Philippe Seine, Arnaud Delis qui a marqué des points.
07:21Je pense qu'on est de nouveau bien partis.
07:24Les équipes gagnent aussi avec Intermarché, avec Quickstep, avec l'Autodestiny.
07:29Ça fait plaisir.
07:32Le titre de champion olympique Paris 2024 sera incroyable pour le cyclisme de Belgique.
07:38Il manque encore un monument dans la dernière partie de la saison.
07:44Grêmko peut le faire. On l'a vu à Lombardie à son aise.
07:48S'il arrive à rester concentré jusque là et qu'il arrive à faire le sacrifice, il peut gagner Lombardie.
07:53La saison est loin d'être finie.
07:55Toi, le connaisseur du vélo, les Français ont gagné trois étapes.
07:59Mais au général, il n'y a que dalle.
08:02Après, une année n'est pas l'autre.
08:05C'est difficile.
08:08Il ne faut pas tirer des bilans trop tôt.
08:11Il faut regarder un peu sur la longueur.
08:14Il ne faut pas être un bajoie dès que ça ne va pas.
08:17Les Français ont très bien roulé sur les étapes partielles.
08:21Ils ont fait de belles performances.
08:23Au niveau de classement général, c'est clair qu'il n'y a pas de top 10.
08:27Romain Bardet a fait le choix volontairement de viser les étapes.
08:32Sinon, vu comment le tour s'est déroulé, il aurait pu aller faire la top 10.
08:37Finalement, il a fait le bon choix.
08:39Il a été gagné une étape et a porté le maillot jaune.
08:42L'année prochaine, il y aura peut-être un autre coureur français qui serait capable de faire la top 10.
08:48On peut dire que cette année, ce n'était pas le mieux.
08:51Mais ça peut revenir.
08:53Merci, Philippe.
08:54On vous retrouve sur Eurosport le soir et sur le vélo.
08:57Exactement.
08:59Vous allez me retrouver pour la Vuelta sur Eurosport International.
09:03Je serai en Angleterre.
09:05Je vais commenter Bainschim & Bainsch pour la France et le Tour de Lombardie.
09:09Il me reste quelques courses à faire.
09:11Merci. À très vite.

Recommandations