• il y a 4 mois

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Transcription
00:00Je voudrais juste savoir si aujourd'hui vous allez bien.
00:01Il y a eu un moment, on avait l'impression, on a cru un moment,
00:03vous étiez même plus là.
00:05Que vous aviez attrapé un truc terrible avec le diabète
00:08et que vous alliez pas vous en remettre.
00:09C'est dire j'ai une polyarthrite, rhumatoïde,
00:12ça parle à tout le monde ça.
00:14Après 50 ans, quand tu te réveilles le matin et que t'as mal nulle part,
00:19c'est que t'es mort.
00:21Donc forcément, la vie devient de plus en plus dure à porter.
00:26Mon corps notamment par exemple, j'ai beaucoup moins d'autonomie.
00:33J'ai été obligé de renoncer à mon jogging quotidien
00:37que j'ai fait pendant 40 ans, 50 ans.
00:41Je courais tous les matins, c'était mon bonheur.
00:44Il vous a prévenu comment votre corps Jean-Marie qu'il fallait arrêter ?
00:46C'est à dire je me levais le matin,
00:50je faisais à peu près 50 minutes de jogging.
00:53Et puis tout d'un coup, j'ai coupé un peu le fromage,
00:56je suis rentré un peu avant.
00:57Ah oui d'accord.
00:58Je les ai plus que 40 minutes.
01:00Et puis après 30, 35, 25, 10, 5, 3.
01:08Après je sortais de mon hôtel en tournée, j'allais courir tous les matins.
01:13Et puis il y a un jour, au bout de 4 minutes,
01:17j'ai dit à la personne qui m'accompagne, Serge,
01:20qui est à la fois mon chauffeur et ma mère poule,
01:25je lui ai dit demi-tour.
01:27Je lui ai dit on est à 3 minutes.
01:29Je lui ai dit ouais, ça fera 6 et ça sera bien pour aujourd'hui.
01:33Et le lendemain, j'ai été obligé de renoncer.
01:37Donc ça me fait chier de renoncer à la jeunesse.
01:44C'est pas l'idée tellement de mourir, c'est que c'est tellement lent.
01:48Vous avez peur du passage ?
01:49C'est tellement douloureux que des fois tu te dis,
01:53putain si je suis pour crever, que ça arrive maintenant.
01:58Mais entre-temps, il y a deux joueurs qui étaient sur la touche qui sont rentrés.
02:04C'est mes enfants.
02:06Et donc maintenant, je suis attaché à nouveau au radiateur à cause de mes enfants.
02:11Ça veut dire, Jean-Marie, Bigard, qu'il y a un moment où vous avez eu envie de partir ?
02:15Ouais.
02:16Il y a un moment, disons, tu sais, tu le fais inconsciemment.
02:23Tu fais inconsciemment que t'as bien mangé.
02:26T'es arrivé, t'avais très faim.
02:29Puis, il y a un moment, tu es rassasié.
02:32Et tu dis, non merci, je ne vais pas prendre de dessert.
02:39Je vais arrêter, je ne vais pas prendre une troisième mousse au chocolat.
02:45C'est bon.
02:46Vous en avez eu ras-le-bol.
02:46Et moi, je crois, je vais te dire ce qui est dans le fond de mon cœur depuis tout le temps.
02:52Je pense qu'on meurt quand on demande l'addition.
02:57Comme à la fin d'un repas.
02:59Je pense que s'il y a un jour qui n'est pas fait comme un autre,
03:03je me lève en me disant, c'est bon, donnez-moi l'addition.
03:11J'ai bien mangé.
03:14J'en veux plus.
03:16Je crois que ce jour-là, t'as pas besoin de te pendre.
03:20T'as pas besoin d'avaler une boîte de...
03:24Tu vois, tu meurs.
03:27Et ce jour-là, vous l'avez vu venir avant que vous ayez vos enfants ?
03:31Non, pas avant les enfants.
03:33Mais ça m'est arrivé il y a quelques années.
03:37Mais c'est comme si les enfants étaient debout devant mon lit et qu'ils disaient, oh...
03:45Reste.
03:45Tu nous as vus, là ?
03:47Eh, papa !
03:50Impossible.
03:51Ils sont les gardiens du cimetière, tu vois ce que je veux dire ?

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