A 96 ans, Colette Papin raconte la Libération du Mans le 8 août 1944

  • il y a 3 mois
Colette Papin, née Merlet, avait 16 ans lors de la Libération du Mans (Sarthe), le 8 août 1944. Ce jour-là, elle était abritée dans une cave avec sa famille et des voisins, pensant que le pont Gambetta allait être détruit. Elle revient sur cette journée placée sous le signe de la liesse et de la liberté.

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Transcription
00:00J'ai le souvenir que, en fait, comme nous habitions pas très loin du pont Gambetta,
00:07nous avions très peur parce que nous savions que le pont Gambetta devait être démoli par les Allemands.
00:20Donc nous avions très peur.
00:22Et je me souviens très bien que le matin du 8 août, nous avions les personnes de la Défense Passive
00:31qui venaient dans la rue Montoise et nous criaient surtout ne restez pas dans la rue
00:40et mettez-vous autant possible dans les caves, dans les lieux possibles.
00:48Dans les caves, dans les lieux possibles pour vous protéger parce que le pont va pas tarder à sauter.
00:56Et donc à ce moment-là, nous avons invité nos voisins proches et nous étions,
01:03comme nous avions une cave qui était considérée comme valable,
01:07nous étions dans la cave en attendant que le pont soit démoli.
01:16Et de temps en temps, mon père venait dans la rue pour savoir si les événements avaient changé
01:24et revenait dans la cave, non, rien n'est changé.
01:29Jusqu'au moment, je saurais pas dire l'heure exacte, jusqu'au moment où on a entendu des personnes dire
01:38« le pont n'a pas sauté, le pont n'a pas sauté ».
01:41Et à ce moment-là, tous les gens de la rue Montoise sont sortis et nous étions très contents
01:48parce qu'en fait, le pont n'avait pas sauté.
01:50Et nous avions quand même des, comment je dirais, un tank américain qui était dans la rue, je pense.
02:07Et à ce moment-là, nous avons été généreux vis-à-vis des personnes que nous croyions nous avoir sauvées,
02:16des jeunes de la, je pense que c'était, ils habitaient dans le Vieux Mans en partie.
02:25Et nous étions absolument très contents et très joyeux parce que le pont n'avait pas sauté.
02:32Une fois que vous avez pu sortir, ça a été quoi l'ambiance générale ?
02:35Ça a été la joie, ça a été la respiration, la liberté.
02:46Il y avait à un moment donné, alors ça je ne l'ai pas raconté ailleurs, mais nous étions très contents
02:55et en fait, il y a des Américains qui sont venus parce qu'il faisait très très chaud
03:02et qui sont venus dans la maison et se rafraîchir au robinet qu'il y avait dans la cour.
03:11Et c'est vrai qu'à un moment donné, je ne sais pas ce qui s'est passé mais il y en a un qui a eu des informations
03:20et aussitôt les Américains sont partis parce qu'en fait il y avait un, comment je dirais,
03:30une attaque des Allemands un petit peu aux environs du Mans.
03:40Et donc ils sont tous repartis, ceux qui étaient dans la maison sont tous repartis.
03:47Ils n'étaient pas nombreux mais ils étaient tous repartis parce qu'ils repartaient avec les tanks et les camions.
03:54On avait encore peur, mais ça ne nous a pas empêché d'aller aussitôt après monter la rue Gambetta avec joie, comme tout le monde.
04:07Donc là on va célébrer le 80e anniversaire de la Libération, est-ce que c'est important pour vous qu'il y ait ces commémorations ?
04:15C'est important pour se rappeler que nous avons passé des moments difficiles et qu'il ne faudrait pas que ça revienne.
04:26La liberté de penser, la liberté de vivre, c'est quand même important.

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