Zoom – David Engels : Défendre l’Europe civilisationnelle

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David Engels est un intellectuel reconnu en Europe. Professeur d’université, il a publié de nombreux ouvrages historiques et philosophiques. Dans son nouvel essai, "Défendre l’Europe civilisationnelle", il plaide pour un renouveau de l’idéal européen, adossé à la spiritualité chrétienne. TVLibertés le reçoit pour échanger autour de son texte, mais également pour réagir aux résultats des élections européennes du 9 juin.

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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans cette nouvelle édition du Zoom de TV Liberté.
00:11Aujourd'hui, j'ai le grand plaisir de recevoir David Engels.
00:14Bonjour monsieur.
00:15Bonjour et merci pour l'invitation.
00:18Merci d'avoir accepté d'intervenir sur TVL.
00:21Vous êtes historien bien connu de nos téléspectateurs, professeur d'université, auteur d'un grand
00:27nombre d'ouvrages.
00:28Le dernier en date, Défendre l'Europe civilisationnelle, vient de paraître chez Salvatore, un ouvrage
00:36que vous pouvez bien entendu retrouver sur notre boutique en ligne TVL.fr.
00:41Ma première question est toute simple et en même temps assez complexe.
00:45David Engels, qu'est-ce que la civilisation européenne ?
00:48En effet.
00:50En effet.
00:52Bon, très souvent, on a évidemment une explication purement historique.
00:56Il y a des strates d'identité qui commencent quelque part dans le monde biblique pour passer
01:03par la Grèce, l'Antiquité, Rome, le christianisme, etc. pour finalement arriver à la civilisation
01:10européenne.
01:11Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas tout à fait juste non plus.
01:15Moi, je vois dans l'Europe beaucoup plus que tout simplement la somme de ces différentes
01:22composantes historiques.
01:23Pour moi, l'Europe ou en tout cas la civilisation européenne constitue véritablement une civilisation
01:29qui a sa psychologie très particulière, qui a une mentalité qu'on peut très difficilement
01:35exporter ou assimiler ou autre chose.
01:37Et cette mentalité-là, je l'identifie souvent à ce qu'on appelle la pulsion ou l'élan
01:43faustien.
01:44Donc, cette volonté finalement typiquement européenne et qui nous distingue notamment
01:49à la fois des Grecs et des musulmans et des Chinois et des Indiens, implique qu'on
01:55est constamment dans une recherche de se dépasser, dans une quête, déjà cette notion de quête
02:02est déjà presque intraduisible dans d'autres langues, donc cette quête vers quelque chose
02:07de supérieur.
02:08Et donc cette quête ou en tout cas cet élan faustien, il a évidemment un côté positif
02:13et un côté sombre.
02:14Il a un côté positif qu'on voit notamment dans la quête de la transcendance, de l'absolu,
02:19de Dieu, de l'âme, notamment dans le Moyen-Âge, il a aussi un côté très sombre quand cette
02:25quête, elle se dirige non plus vers l'intérieur, ou en tout cas vers la transcendance, mais
02:30plutôt vers la pure matière.
02:32Donc là, évidemment, tout ce qui est la deuxième phase de notre civilisation européenne
02:37qui est une phase où finalement la transcendance est remplacée par l'immanence, où la théologie
02:46pour ainsi dire est remplacée par la science, Dieu, par l'être humain, et donc tout se
02:51tourne plutôt vers la matière et implique d'un côté des immenses découvertes technologiques
02:56et scientifiques, mais d'un autre côté évidemment aussi tout le côté sombre qu'on connaît
03:01dans l'Europe.
03:02Mais les deux font partie, je dirais, des deux côtés de la médaille de notre psychologie
03:08et je crois qu'il s'agit là vraiment d'une notion qui est à la racine même de notre
03:14civilisation, qui dès lors, pour moi, ne commence pas comme le veulent beaucoup d'analystes
03:22dans l'Antiquité, mais pour moi commence plutôt avec la rénovation carolingienne,
03:26peut-être même autonienne, et donc cette notion de rénovation de l'Empire qui donne
03:31le véritable point de départ à notre civilisation.
03:34De mémoire, Argon disait que la quête d'absolu condamne l'homme au malheur.
03:40Est-ce aussi la raison du malaise des Européens, de leur difficulté à traverser l'époque
03:48aujourd'hui ?
03:49Oui, condamne au malheur, ça dépend évidemment vers où on le dirige.
03:52Si cette quête-là est dirigée, comme ce fut le cas pendant au moins un demi-millénaire,
03:58vers la quête de la transcendance, de Dieu, donc chez nous dans la civilisation européenne
04:03sous forme évidemment du christianisme, vers la connaissance de l'absolu et vers la volonté
04:10de reposer ou de faire reposer sa propre âme dans la divinité, alors là je dirais que
04:16non, cette quête est absolument bénéfique, mais évidemment quand elle se retourne sur
04:22la pure matière, quand elle se consacre uniquement à la pure quantité, alors là évidemment
04:27on voit tout le côté sombre et de ce côté-là, je serais certainement d'accord.
04:32Et évidemment, ça explique aussi la situation d'aujourd'hui, parce que souvent on a l'impression
04:38que les choses ont tourné mal dans peut-être les dernières décennies, ou quelques autres
04:44vont vous dire non, tout ça, ça commence déjà dans le totalitarisme, d'autres vont
04:49vous dire que c'était la révolution française qui était en cause, encore d'autres la réforme
04:54protestante, mais au final, les racines du problème aujourd'hui sont très multiples
05:02et remontent donc très très très loin dans l'histoire, et moi je dirais que ce qui a
05:06commencé au XVIe siècle avec l'attitude presque héroïque de vouloir dévier l'attention
05:15de Dieu plutôt vers l'humain et de fonder un genre d'humanisme vraiment convaincu et
05:22idéaliste, ça a commencé comme je disais comme une épopée presque héroïque, mais
05:28à fur et à mesure que cet humanisme s'est totalement détaché de toute notion de transcendance,
05:33on a vraiment différentes étapes, où d'humanisme on est arrivé à pur matérialisme, de là
05:40on est arrivé à relativisme, puis on a connu le nihilisme, et là aujourd'hui on est dans
05:45le wokeisme qui en est finalement la conséquence ultime, et je crois que le problème que ressentent
05:52beaucoup d'européens aujourd'hui, et surtout le problème identitaire qu'ils ressentent,
05:57il est justifié par le fait que durant notre histoire plus que millénaire, on a épuisé
06:03toutes les possibilités, on a épuisé la transcendance, on a épuisé la matière,
06:09on est arrivé à un stade où nos propres idéaux se sont menés à l'absurde, et donc
06:15on se demande mais comment est-ce qu'on peut continuer sans retourner quelque part sur
06:20nos pas, ce qui est évidemment extrêmement difficile, et donc dès lors aussi, c'est
06:26impressionnant d'être d'un pas qui je crois d'ailleurs n'est pas spécifique à notre
06:33civilisation, mais qui est plutôt une étape que toutes les grandes civilisations connaissent,
06:37car dans mon travail surtout de philosophe de l'histoire et d'historien comparé des grandes
06:43civilisations, j'ai pu voir, et d'ailleurs je suis pas le seul à le dire aussi, que toutes
06:48les grandes civilisations sont passées par ces différentes phases pour aboutir finalement dans
06:53cet impasse civilisationnel qui génère évidemment les immenses crises que nous avons vécues ces
07:00dernières décennies, surtout évidemment au XXe siècle, et qui aujourd'hui culminent dans une
07:05crise identitaire gravissime, qui aura, je le crains aussi, des conséquences matérielles que
07:11d'ailleurs on sent de plus en plus, surtout dans un pays tel que la France. Justement,
07:16David Engels, n'est-ce pas trop tard pour sauver la civilisation européenne ? Et question
07:23subsidiaire au regard du dégoût que l'actualité européenne inspire parfois, la civilisation
07:30européenne mérite-t-elle seulement d'être sauvée aujourd'hui ? D'abord elle le mérite évidemment,
07:36parce qu'elle est la nôtre, nous n'avons pas le choix, nous n'avons pas d'alternative, c'est la
07:39seule civilisation que nous connaissons, nous en faisons part. Bon évidemment il y a toujours eu
07:45des personnes qui ont voulu totalement s'immerger dans d'autres civilisations et presque devenir
07:53chinois, musulman, indien, autre chose. C'est possible évidemment avec un immense effort
07:58essentiellement scientifique, mais ce n'est pas la voie évidemment de la plupart des européens,
08:03et surtout je crois que c'est aussi notre devoir de défendre cette civilisation coûte que coûte,
08:10même si on était absolument sûr de sa défaite ultime. C'est comme défendre son pays, sa nation,
08:18sa religion, son terroir, sa famille, ça fait partie de nous, ça fait partie de notre identité,
08:23renier ces éléments-là, ça impliquerait à se renier nous-mêmes et surtout à commettre une
08:31immense gifle dans le visage de tous nos ancêtres qui pendant des siècles ont travaillé, ont souffert,
08:40sont morts aussi, pour construire justement cette civilisation avec tout le côté sombre et aussi tout
08:46le côté lumineux qu'elle puisse avoir. Donc c'est notre devoir de travailler pour l'Europe et en plus
08:52je ne suis pas du tout convaincu qu'on soit déjà arrivé à la fin. Justement l'histoire comparée
08:59aussi des grandes civilisations nous montre que chaque grande civilisation, après une première
09:03phase plutôt théétique, plutôt axée sur la transcendance, un genre de phase antithéétique axée
09:10sur la matière, nous avons un genre de synthèse, certes très courte, souvent rétrospective, qui est
09:17plutôt un genre de point final que véritablement en renouveau, mais quand même une synthèse
09:23extrêmement importante parce qu'elle donne sens à l'entièreté du passé qui la précède. Et cette
09:29synthèse-là, je l'ai souvent essayé de la définir par le retour conscient à la tradition ou le
09:37retour rationnel à la tradition, ce qui peut sonner d'un premier point de vue d'abord paradoxal,
09:44parce que la tradition c'est quelque chose d'hérité, d'instinctif, qu'on ne met pas en
09:50question parce que c'est là tout simplement, alors qu'un retour conscient délibéré à la tradition
09:56peut sembler comme étant une opposition, mais je crois que c'est justement ça la nature de la
10:03synthèse, et d'ailleurs dans tout système dialectique aussi qui est typique pour cette
10:08synthèse, qui est une phase finalement où ce conflit entre tradition et raison est transcendé,
10:16sublimé et finalement finalisé, si on veut, par ce retour conscient de l'homme européen qui
10:22réalise, et je crois qu'il y en a de plus en plus qui réalisent, surtout chez les jeunes, que cette
10:29croyance aveugle en la raison, en l'humain, qui serait la mesure de toute chose, en l'esprit,
10:37en les sciences, est en train de générer un monde absolument horrible, inhumain, et que finalement
10:43c'est uniquement la tradition dans le sens large, et d'ailleurs aussi le retour à Dieu, à la
10:50transcendance, qui peut fonder seulement un vrai humanisme, et je crois que cette phase finale, on
10:55la connaît dans toutes les grandes civilisations, on la connaît dans le principal Augustéen et le
11:01début de l'Empire romain, on la connaît dans la dynastie des Han en Chine, on la connaît chez les
11:05Gupta en Inde, on la connaît dans le règne de Cosroes Ier et ses successeurs en Iran, on la connaît
11:11chez les Ramessides en Égypte, bref, à la fin de toute grande civilisation, on a ce retour délibéré,
11:17cette restauration consciente de la tradition en tant que point final, et il me semble que c'est
11:23plus ou moins vers là que se dirigera aussi la civilisation européenne. Évidemment ce sera une
11:29transition qui, comme dans toute grande civilisation, ne sera pas paisible, pacifique, organique, mais
11:37qui passera par des grandes crises, telles que j'ai essayé aussi de décrire dans mon livre
11:42le déclin sur les correspondances entre la crise d'aujourd'hui et la crise de la république
11:47romaine tardif, qui est justement l'un des nombreux exemples d'une telle transition vers une synthèse finale.
11:53Un petit point conceptuel, David Engels, cette conciliation entre les racines et la modernité,
11:59vous lui donnez un nom, c'est l'espérialisme. Oui, oui, oui, tout à fait, même si je crois que la
12:06notion d'espérialisme telle que je l'ai développée est censée pouvoir être même utilisée d'une
12:12manière disons un peu déconnectée aussi du contexte philosophique que j'essaie d'y donner,
12:20a priori cette notion d'espérialisme veut tout simplement signifier qu'une chose, ça c'est le
12:27patriotisme européen, mais un patriotisme qui n'est pas un patriotisme bruxellois, des soi-disant
12:34valeurs européennes qui sont évidemment des valeurs très spécifiques, humanistes,
12:39universalistes, etc., et qui consistent juste en un accord avec la réalité de l'Union européenne.
12:46Ma vision plutôt de patriotisme européen est un patriotisme plutôt identitaire européen,
12:53c'est-à-dire qui accepte les mille ans d'histoire que a vécu cette civilisation,
13:00qui essaie justement de puiser là-dedans sa force, qui n'est pas dans une acceptation
13:06maintenant tout à fait naïve, qui fait la part des choses, qui distingue aussi ce qui,
13:12dans notre passé, peut être utilisé pour fonder un meilleur avenir et de ce qui est
13:17évidemment à rejeter. Pour moi, notamment, le grand critère c'est évidemment quels sont les
13:22liens ou les valeurs en lien avec la transcendance, quels sont les créations culturelles qui sont en
13:29lien avec la quête de transcendance, qui sont évidemment absolument à accepter et à continuer,
13:35ou quels sont plutôt les éléments purement matérialistes, purement rationalistes, etc.,
13:40qui nous ont mené dans le pétrin dont nous nous situons actuellement. Donc cette notion
13:44d'espérialisme implique véritablement un patriotisme européen qu'on pourrait appeler,
13:51si on le veut, conservateur, tout en sachant que pour moi ce terme de conservateur n'a plus beaucoup
13:58de sens parce que, bon, qu'est-ce qu'il s'agit de conserver ? Est-ce qu'on veut conserver les
14:03années 80 ? Je ne crois pas. Est-ce qu'on veut conserver l'héritage de 68 ? Je ne crois pas
14:10non plus. Est-ce qu'on veut conserver maintenant les problèmes idéologiques d'entre les deux guerres ?
14:14Non plus. On n'a plus grand chose vraiment à conserver. Les choses que nous voulons conserver
14:18remontent beaucoup plus loin dans le passé et se relèvent plutôt d'une opposition fondamentale
14:28qu'on a connue pendant toute l'histoire européenne où on est soit dans l'enracinement et dans la
14:34transcendance, qu'on est dans, pour utiliser une terminologie un peu plus moderne, qu'on est
14:40un somewhere qui a sa place, qui est ancré à la fin dans un terroir mais aussi dans une foi,
14:46ou est-ce qu'on est un anywhere qui pourrait être n'importe où, qui est universaliste, cosmopoliste,
14:52pseudo-humaniste mais de fait absolument athéiste et finalement nihiliste, donc wokeiste. Donc je
15:00crois qu'il y a ces deux forces-là qui s'affrontent. Moi, l'espérialisme, je la rattache évidemment
15:06beaucoup plus à la première notion et donc est-ce conservateur dans le sens qu'on dit aujourd'hui ?
15:11Je ne sais pas, mais en tout cas quand je parle de valeurs conservatrices, on comprend
15:16généralement ce que ça veut dire et vers où pourrait aller une telle Europe espérialiste.
15:21David Engels, est-ce que les élections européennes intervenues au début du mois ont consacré,
15:27selon vous, dans les différents pays de l'UE, ce patriotisme européen et à défaut,
15:34quelle stratégie pour porter demain l'espérialisme en Europe ?
15:39Question extrêmement difficile et question qu'il faut évidemment se poser d'abord,
15:44est-ce que le politique a encore même l'importance qu'on veut lui donner ? Car aujourd'hui,
15:52cette bataille pour l'identité européenne quand il s'agit de là, c'est de savoir qu'est-ce que
15:58c'est l'Europe ? Est-ce que l'Europe c'est plutôt justement les valeurs universalistes désincarnées
16:07d'une technocratie bruxelloise ? Ou est-ce que cette Europe c'est plutôt le oui à mille ans
16:12d'histoire et à surtout une certaine identité ? Et là, évidemment, la bataille principale se joue
16:18probablement même pas dans les parlements, mais dans la bataille pour les esprits. Et là,
16:23de ce côté-là, quelqu'un qui dirigerait Twitter, TikTok, Netflix a évidemment mille fois plus
16:31d'importance qu'un quelconque chef d'État européen. Il faut très bien se dire, il a des
16:37conservateurs polonais, a très bien montré que le contrôle politique ne vaut pas grand-chose s'il
16:43ne s'allie pas aussi d'un véritable contrôle du domaine culturel. Mais ceci dit, c'est sûr que les
16:50élections récentes ont bien montré que des partis, pour utiliser ce mot-là, conservateurs mais
16:58pro-européens en même temps, pour une Europe plutôt identitaire que bruxelloise, ont certainement
17:05le vent en poupe. À la fois dans l'ICA et dans la Haïti, on a vu que de plus en plus de partis de
17:12droite commencent à embrasser l'idée européenne, se détournent du souverainisme un peu chauviniste
17:19primaire qui croit que toutes les autres nations européennes sont des ennemis héréditaires et que
17:25c'est juste la France, juste l'Allemagne, juste l'Italie qui doit survivre toute seule dans un
17:31monde composé d'ennemis. Cette vision-là semble vouée à l'échec, elle est en train de disparaître
17:37peu à peu, je crois que c'est une très bonne chose d'ailleurs. Et donc la droite a compris,
17:43je crois, qu'il faut embrasser le projet européen pour l'utiliser en tant qu'instrument de sa
17:50propre lutte pour une restitution justement d'une Europe telle que nous la définissions. Donc de ce
17:57côté-là, je crois que ça a montré un certain succès de ces positions-là que je vois avec un
18:04certain accord. Maintenant, reste à voir, est-ce qu'on va pouvoir former cette grande coalition,
18:11ce grand groupe parlementaire pour donner un certain poids à cela ? Est-ce qu'on est à temps
18:18encore pour changer quoi que ce soit ? Est-ce qu'on va être marginalisé de toute façon en tant que,
18:24par un cordon sanitaire qui va défendre finalement tous les partis plutôt établis
18:30contre la droite ? Donc là, je suis assez sceptique si des changements qui viendraient
18:37surtout au niveau européen pourront jamais venir à temps pour changer quoi que ce soit d'autre.
18:42Moi, j'ai l'impression que la véritable lutte, elle se joue sur le terrain culturel mais aussi
18:47sur le véritable terrain, c'est-à-dire sur les nombreuses crises qu'on va attendre,
18:54vers où la France va aller, et surtout la France évidemment, et de savoir est-ce que durant ces
19:01crises-là, durant cette décennie probablement très difficile vers lesquelles on va, dans lesquelles
19:07on se trouve déjà d'ailleurs, surtout en France une fois de plus, est-ce qu'il va pouvoir y émerger
19:13une solution qui pourrait faire école dans toute l'Europe ? Et ça évidemment, tout ce combat-là,
19:21il est encore à mener. Bon, évidemment maintenant les élections imminentes en France, les élections
19:26anticipées, décrétées par Macron, sont le pouvoir être un premier pas assez important et assez
19:34intéressant vers un changement de paradigme, mais on pourrait se poser la question si de
19:43ces élections va immédiatement émerger quelque chose de fondamentalement positif qui changera la
19:49donne de tous les Français, ou est-ce que c'est plutôt le début d'une phase chaude et difficile
19:55de lutte quotidienne, à la fois politique mais probablement même dans les rues, donc avec un
20:01genre de, je veux dire, de voir que la crise ou les différentes crises qu'on a connues à Paris
20:11ou en France, avec littéralement les faubourgs et les banlieues hors contrôle, est-ce que ça va
20:18plutôt se généraliser avec un changement politique ? Et donc est-ce que les élections vont peut-être
20:23plutôt devenir le catalyseur d'une transformation difficile mais nécessaire, ou au contraire est-ce
20:31qu'on va vers une confirmation du système politiquement correct qui risque d'agrandir
20:40encore la matière à conflit et qui risque de faire durer en longueur ? Donc je crois qu'aujourd'hui
20:47on a le choix d'une véritable transaction paisible, organique, et je crois que ce choix-là,
20:55pour ce coup de choix-là, c'est trop tard, et les seules alternatives que nous avons c'est soit
21:01faire durer les choses, quitte à voir le tout exploser plus tard quand ce sera vraiment très
21:08difficile, ou avoir déjà une grande crise qui débuterait maintenant mais à la fin de laquelle
21:14on aurait au moins encore de la matière sur laquelle une reconstruction espérialiste sera
21:19possible. Donc c'est un peu ma vision, probablement un peu pessimiste, des choses.
21:24Vous identifiez dans votre ouvrage aussi une ruse de l'histoire dans ce système européen devenu
21:29oligarchique, c'est le salut possible par la concurrence de main entre des oligarques et
21:35notamment des oligarques plutôt conservateurs ? Oui tout à fait, ce système que j'ai appelé
21:42le socialisme des milliardaires, d'ailleurs un terme emprunté à Spengler, qui l'utilise une
21:48fois, pour désigner ce que nous avons aujourd'hui, parce qu'au fond la démocratie parlementaire telle
21:54qu'elle avait été imaginée dans le 19e siècle est partiellement réalisée au 20e siècle et
22:01encore, s'est transformée de plus en plus en une oligarchie où de fait on a quelques grands
22:07oligarques en haut, douzaines de personnes peut-être du style Bill Gates, Elon Musk, Soros,
22:17Zuckerberg et des autres, qui ont un pouvoir absolument immense, qui est beaucoup plus
22:24important finalement que celui du premier ministre de la Tchéquie ou peut-être même de la France,
22:31et d'un autre côté on a les larges masses qui vivent de plus en plus dans un régime de fait
22:36qui n'est plus capitaliste mais qui est socialiste et qui est régi par l'état, qui est dirigé par
22:41des plans qui en grande partie dépend des allocations sociales, etc. Donc je crois que
22:46c'est un peu la fusion entre le socialisme d'un côté et un genre de capitalisme débridé qui
22:54est en train de se former, les deux qui s'allient évidemment très bien parce que leur fondement
23:00est le matérialisme de part et d'autre, donc ça explique assez bien pourquoi nous sommes là où
23:06nous sommes, et je crois que jusqu'à maintenant ces différents oligarques ont collaboré ou coopéré
23:13les uns avec les autres quand il s'agissait de finalement de détruire tout ce qui était classe
23:17moyenne, d'établir ce régime donc oligarchique qui n'est pas sans ressembler d'ailleurs à la
23:25fin de la république romaine, et jusqu'à aujourd'hui ou jusqu'à il y a quelques années
23:30ça se passait encore dans une certaine certaine harmonie mais là tout doucement comme toujours
23:36quand le pouvoir se réduit, quand le pouvoir se réduit d'une cinquantaine à une vingtaine et
23:41puis à une dizaine commence bientôt la lutte pour le tout, et là finalement c'est la domination sur
23:49l'entièreté de ce qu'on appelle l'occident qui est tout doucement en cours, et c'est pour ça que
23:56je crois que ce système oligarchique basé sur une idéologie plutôt de marxisme culturel jusqu'à
24:03maintenant va s'ouvrir, va se répolitiser quand certains oligarques commencent à remarquer, et
24:08Elon Musk est le meilleur exemple pour cela, que du côté de la droite il y a beaucoup d'appui
24:14à chercher. Musk est évidemment très loin d'être maintenant un champion d'un conservatisme
24:21traditionnaliste identitaire, c'est plutôt libertarien évidemment, mais on voit déjà certains
24:26signes assez intéressants qu'il se dit tiens si moi je joue plutôt l'autre carte que les autres,
24:32j'ai un petit bénéfice et un petit avantage devant eux, donc je crois qu'il y aura tout doucement
24:38une repolitisation de ces personnes-là, et à fur et à mesure que surtout l'Europe mais
24:44probablement aussi que les Etats-Unis vont tomber dans l'anarchie, ce qui est déjà de fait le cas
24:52de nombreuses régions en France et d'ailleurs dans d'autres pays, il y a ces personnes-là qui
24:57contrôlent les médias, qui contrôlent une bonne partie de l'économie, qui contrôlent tout ce qui
25:02est communication, qui vont aussi je crois vouloir contrôler de plus en plus le domaine politique et
25:10des domaines de sécurité, et je crois que là on sera vraiment avec un pas déjà dans ce que les
25:15Romains ont connu comme guerre civile, qui était une guerre entre ces différents oligarques, et là
25:20je crois que c'est probablement comme ça qu'on pourrait imaginer la transition chez nous, donc
25:26pas comme une lutte de véritable armée, voire de pays les uns contre les autres, mais plutôt de
25:32grands oligarques, de systèmes claniques qui vont rivaliser par rapport au contrôle des
25:38moyens de communication, des moyens de production, de certaines forces d'organisation, d'organisation
25:46policière, militaire, et c'est un peu cette ruse de l'histoire qui pourra nous mener à la fin à un
25:54genre de stabilisation qui serait dès lors plutôt conservatrice, traditionnaliste que maintenant de
26:04gauche et de marxisme culturel comme aujourd'hui.
26:08Merci infiniment David Engels d'avoir répondu à nos questions sur TV Liberté. Je rappelle le titre de votre ouvrage, votre dernier ouvrage,
26:17nouveau ouvrage, Défendre l'Europe civilisationnelle sous titre Petit Traité des Spérialismes.
26:24Merci infiniment de nous avoir accordé votre temps, et chers spectateurs, vous pourrez retrouver l'ouvrage de David Engels,
26:33le nouvel ouvrage de David Engels sur notre boutique en ligne. Merci de nous avoir suivis, n'hésitez pas à partager,
26:41à aimer cette vidéo, c'est important pour notre référencement. A très bientôt sur TV Liberté.
26:46Merci aussi, au revoir.

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