• il y a 5 mois
Marie-José Pérec, triple championne olympique, est évoquée comme une potentielle candidate pour allumer la vasque olympique lors de la cérémonie d'ouverture des JO 2024
. Le président Emmanuel Macron a fait allusion à cette possibilité, tout en laissant le suspense entier.
Marie-José Pérec a participé au relais de la flamme olympique en Guadeloupe. Une vidéo d'Eurosport montre ce moment où la "légende Pérec porte la flamme"
.
Pérec est décrite comme une icône du sport français, notamment pour ses trois titres olympiques, dont le doublé 400m-200m aux Jeux d'Atlanta en 1996
.
Sa participation au relais de la flamme en Guadeloupe souligne le lien entre les territoires d'outre-mer français et les Jeux Olympiques de Paris 2024

.

Ces éléments montrent que Marie-José Pérec, souvent appelée "Marie-Jo", joue un rôle important dans la promotion et la célébration des Jeux Olympiques de Paris 2024, en tant que figure emblématique de l'athlétisme français.

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Sport
Transcription
00:00:00...
00:00:17Oups, là !
00:00:27C'est bon ? Ouais ?
00:00:30On voit pas mes pieds, hein ? Non ? OK.
00:00:32Rires
00:00:33...
00:00:54C'est l'affrontement le plus attendu des Jeux olympiques.
00:00:57400 mètres féminins au cours duquel Cathy Freeman
00:01:01affrontera sa rivale française Marie-Josée Perrec
00:01:04arrivée à Sydney ce matin.
00:01:06...
00:01:12Le mélodrame olympique du jour ne concerne pas la compétition.
00:01:15La star française Marie-Josée Perrec a fui l'Australie.
00:01:19On a appris il y a quelques dizaines de minutes
00:01:22que Marie-Josée Perrec avait quitté ou aurait quitté Sydney.
00:01:25On ne sait pas où elle se trouve, si elle a déclaré forfait
00:01:29ou si elle va participer aux 400 mètres de ces Jeux de Sydney.
00:01:32La française a quitté le pays hier soir et s'est rendue à Singapour.
00:01:36Son fiancé y aurait attaqué un caméraman de Channel 9
00:01:40voulant filmer son arrivée.
00:01:42Son copain voulait me frapper et casser ma caméra.
00:01:44Il disait, donne l'enregistrement.
00:01:47...
00:01:55Elle est traquée par les journalistes
00:01:57parce que c'est la grande adversaire de Cathy Freeman,
00:02:00qui va courir aussi le 400 mètres et qui a allumé la flamme
00:02:04à l'occasion de la cérémonie d'ouverture.
00:02:06Marie-Josée Perrec est de retour chez elle à Paris.
00:02:09Cependant, on ne connaît toujours pas la raison de sa fuite.
00:02:13Le lendemain, ça a été...
00:02:15Ça a été horrible. Horrible.
00:02:18La presse, la poule mouillée,
00:02:22puis tous les gens qui donnaient leur avis.
00:02:26Imaginez être une championne de ce niveau
00:02:29et vous faire traiter de lâche.
00:02:32C'était le pire, selon moi.
00:02:34Comment ça, vous la traitez de lâche ?
00:02:37L'un d'entre vous a-t-il déjà participé à une finale olympique ?
00:02:41Marie-Josée Perrec revient à la hauteur de l'Olympique.
00:02:46Et à deux finales olympiques,
00:02:49et à trois finales olympiques, en les remportant toutes,
00:02:52vous l'avez fait ?
00:02:53Marie-Josée qui va gagner le championnat.
00:02:57Oh, la vache !
00:02:59Marie-Josée Perrec !
00:03:01Tout commence avec les gens des îles, les femmes noires.
00:03:05Elle a pu inspirer toutes les Françaises.
00:03:08Elle est noire, c'est une femme.
00:03:09Elle a fait des choses que personne n'a faites depuis.
00:03:13Marie-Josée Perrec se détache !
00:03:15Marie-Josée Perrec contre dans la Légion !
00:03:18L'héritage de Marie est éternel.
00:03:21C'est là tout ce qu'un athlète peut espérer dans sa carrière.
00:03:40L'Olympique de Sydney
00:04:05Sydney, ça m'a pulvérisée.
00:04:10Je suis au fond du trou. Je suis morte.
00:04:16Et la Guadeloupe, c'est mon refuge.
00:04:21C'est vraiment le lieu où je me sens bien.
00:04:24C'est les paysages, c'est toute mon enfance.
00:04:28C'est pour ça que j'y allais beaucoup.
00:04:31Parce que les gens me considéraient comme une personne normale,
00:04:36juste humaine.
00:04:40Besson, au couloir 5, maillot foncé.
00:04:43Elle est partie vite, mais sans excès.
00:04:46Soudain, elle change de vitesse. Elle va accélérer.
00:04:49Elle va passer la surmultiplier. Elle va se surpasser.
00:04:52Elle va se dépasser elle-même, Colette Besson.
00:04:54Et elle va gagner.
00:04:56Et aucune d'autre ne pourra résister à son rush.
00:04:59Regardez-le.
00:05:01Première Colette Besson France, 52 secondes, record d'Europe.
00:05:05Et les instants qui viennent appartiennent, je crois déjà,
00:05:08à la légende sportive.
00:05:12J'étais une personne qui ne parlait pas,
00:05:15mais maintenant, je parle.
00:05:18Une expérience qui n'est pas transmise, en fait, elle est perdue.
00:05:22Elle est tellement riche, celle que je propose,
00:05:25je n'ai pas le droit de ne pas la raconter et de ne pas la partager.
00:05:32J'habitais pas très loin de la mer.
00:05:35Dans mon quartier, il y avait vraiment beaucoup de gamins.
00:05:38On descendait une pente.
00:05:41On allait pêcher à la rivière.
00:06:04La maison de ma mère était collée à celle de ma grand-mère.
00:06:08Ma grand-mère allait à la radio toute la journée.
00:06:12Et quand il y avait quelque chose d'intéressant,
00:06:15elle disait, venez écouter.
00:06:17Est-ce que vous avez entendu ça ?
00:06:22Ce qui m'a vraiment marquée quand j'étais gamine,
00:06:25elle nous avait appelées pour écouter des commentaires sur la boxe,
00:06:28donc sur Mohamed Ali.
00:06:31Pour elle, c'est comme si c'est genre un souveur.
00:06:35Elle est trop fière de lui.
00:06:37C'est l'homme. Ce qu'il représentait, c'est le combat qu'il menait
00:06:41pour que les Noirs puissent avoir les droits civiques.
00:06:45Les Noirs ont l'impression d'être traités comme des animaux.
00:06:49Alors c'est une revanche pour eux quand ils me voient.
00:06:52C'est une inspiration pour eux.
00:06:54Tous les modèles, tous les mannequins sont des femmes blanches,
00:06:57on le sait bien. Tout le monde est blanc, tout était blanc.
00:07:00Alors quel est ce Noir qui subitement se permet d'ouvrir sa grande gueule
00:07:03pour dire qu'il est le plus grand ? Alors ça, ça vous gêne.
00:07:06Quand je pense à ce moment-là,
00:07:09j'ai toujours ce truc un peu fort dans mon corps,
00:07:13je ne sais pas comment expliquer ça,
00:07:15qui dit qu'on doit faire des choses, qu'on doit se battre.
00:07:21Je n'allais pas prendre la parole
00:07:24parce que je ne suis pas une personne qui prend la parole facilement.
00:07:29En fait, je me suis servie du sport pour parler d'une autre manière.
00:07:36Ma mamie, il faut aller leur montrer.
00:07:41Il fallait que ce soit fort, il fallait que ce soit esthétique,
00:07:46il fallait que les gens pour lesquels je le faisais soient fiers.
00:07:51Bonjour.
00:07:54Ravie.
00:07:57Merci beaucoup, merci.
00:07:59Merci, merci, merci.
00:08:05Merci beaucoup.
00:08:13On est au collège Campenant, tu vois ici.
00:08:17On avait le cours d'EPS, ça a bien changé
00:08:21parce que maintenant ce sont des associations qui sont là,
00:08:23il n'y a plus de collège.
00:08:25La prof, elle nous avait demandé à faire des soixante,
00:08:27donc on partait du fond, on courait sur toute la longueur là.
00:08:32Elle regarde son chrono quand c'était mon tour,
00:08:35et elle se dit, le chrono, il est cassé.
00:08:38Elle me dit, bon, toi tu redémarres.
00:08:41Et là, je dis, non, mais madame, quand même, je ne veux pas et tout.
00:08:44Moi, j'étais grande, il y a tout le monde qui regardait.
00:08:47Et en fait, je le fais quand même, et mon aventure, elle démarre là.
00:08:52Ma prof, elle m'a dit, écoute, tu cours super vite,
00:08:56est-ce que ça t'intéresse de venir mercredi, il y a une compète UNSS ?
00:09:04Tout le monde me regardait, je suis très maigre.
00:09:08Moi, j'étais là, mes petits bras, ils étaient le long du corps,
00:09:12on ne savait pas si c'était mes jambes, si c'était mes bras,
00:09:16tellement c'était horrible.
00:09:18Et j'ai envie de casser le visage à tout le monde,
00:09:21parce que je suis différente, et quand ils font les boums,
00:09:25tous les garçons font 50 centimètres de moins,
00:09:29mais j'ai envie de hurler, j'ai envie de tout casser.
00:09:33Et ma mère, je lui dis, mais tu as vu comment tu m'as fait ?
00:09:37Regarde, j'ai des grandes jambes, c'est de ta faute et tout.
00:09:41Elle me dit, mais non, mais tu es super jolie,
00:09:44mais tu ne te rends pas compte, mais plus tard, tu dois me remercier.
00:09:47J'ai fait cette compétition, et j'ai gagné.
00:09:53J'avais trouvé une utilité à ce corps moche.
00:10:00Je m'étais qualifiée pour les championnats de France.
00:10:03Je n'étais pas en sport-études, personne ne me connaissait,
00:10:06et donc, ils ont décidé de ne pas me qualifier.
00:10:09Ma prof s'est battue pour moi,
00:10:12et j'ai réussi.
00:10:14J'ai été qualifiée.
00:10:17Ma prof s'est battue, mon école.
00:10:22Une de nos cadettes, Marie-Josée Perrec,
00:10:25réalisait ce jour les performances suivantes.
00:10:28Deuxième au 100 mètres en 12.7,
00:10:31première en hauteur avec un bond de 1.53.
00:10:34Nous ressentons depuis un profond sentiment d'injustice
00:10:37à l'égard d'une jeune athlète,
00:10:40pur produit du sport scolaire,
00:10:43afin d'estomper nos désillusions,
00:10:46tout en apaisant notre rancœur.
00:10:52Du coup, je suis partie à ces championnats de France.
00:10:55Ils ont bien fait de se battre pour moi,
00:10:58parce que je n'aurais pas eu ce parcours, peut-être.
00:11:01Dans ce coup, je dois aller faire
00:11:04ces championnats de France à Paris.
00:11:07Je suis deuxième à ces championnats de France,
00:11:09mais je suis disqualifiée,
00:11:12parce que personne n'a pensé à me dire
00:11:15« Au fait, à Paris, c'est un super stade,
00:11:18il y a des lignes, elles sont bien marquées,
00:11:21il ne faut même pas mettre le pied sur la ligne. »
00:11:24J'ai mis juste le pied sur la ligne,
00:11:27et ils m'ont disqualifiée.
00:11:30La fédération me dit « Est-ce que ça vous dit
00:11:33de rester à l'INSEP ? »
00:11:36Je dis « L'INSEP, ça a l'air génial. »
00:11:39Ma vie, elle change. Je suis juste propulsée.
00:11:49Cette année-là, je découvre tout ça.
00:11:53Je découvre que c'est un truc de fou,
00:11:56qu'il y a plein de gens de tous les pays.
00:11:59J'entends que Carl Lewis est le plus grand sprinter
00:12:02de tous les temps.
00:12:05Quand on voit ces grands sportifs qui gagnent,
00:12:07je me dis « Je veux être championne olympique. »
00:12:11Mais en fait, je suis tellement loin
00:12:14par rapport à ce niveau-là,
00:12:17que je pense que je dis ça à quelqu'un,
00:12:20mais il explose de rire.
00:12:25À cette époque, je m'entraînais
00:12:28avec l'entraîneur de Stéphane Diagana,
00:12:31et ça se passait super mal.
00:12:34Je lui ai dit « Ouais, en fait,
00:12:37je vais faire du 400 mètres. »
00:12:40Il me dit « Tu vas la casser, ta carcasse. »
00:12:43Il ne voulait rien savoir.
00:12:46Pourtant, c'est un super grand coach.
00:12:49La vision de Fernand, c'est de toute façon,
00:12:52si tu veux être un grand coureur de 400,
00:12:55il faut d'abord être un grand coureur de 200.
00:12:58C'était d'abord construire cette base très rapide sur 200
00:13:00pour pouvoir ouvrir des perspectives
00:13:03ensuite sur 400. Est-ce que le message n'a pas été compris ?
00:13:06Est-ce qu'elle était impatiente et voulait aller tout de suite sur 400 ?
00:13:11Au bout d'un moment, je craque.
00:13:14J'arrête l'athlétisme.
00:13:18Pendant sept mois, on ne me voit pas.
00:13:21Après ces sept mois,
00:13:24je vais voir une compétition avec un copain
00:13:27et je tombe sur François Pépin.
00:13:31J'ai vu quelqu'un qui était
00:13:34entre guillemets un peu aux abois de l'athlétisme.
00:13:37J'ai ressenti ça. On sentait qu'elle était en manque.
00:13:41Elle n'était pas là par hasard sur le stade quand même.
00:13:44Il y avait une forme de mal-être de l'athlétisme en elle.
00:13:48Là-dessus, on a fait une connexion immédiate.
00:13:53Il me dit « Tu viens t'entraîner avec moi trois fois dans la semaine,
00:13:57quand tu veux. On reprend tout doucement.
00:14:00Si dans trois mois, tu n'as rien fait, tu laisses tomber.
00:14:03Mais donne-moi trois mois et on revoit. »
00:14:06J'ai dit « D'accord, on essaye. »
00:14:12J'ai décidé de monter sur 400 m sur une séance bien précise.
00:14:19Je lui avais dit « Si tu fais trois fois au moins 32 secondes aux 250 m,
00:14:23c'est que tu es faite pour les 400 m. »
00:14:26Elle a fait bien mieux que 32 secondes les trois fois.
00:14:34Ce tour de piste, je kiffe ce truc. Je trouve ça beau.
00:14:41Ce que j'aime dans cette course, c'est que quand tu sais que tu vas faire un 400 m,
00:14:46tu as les jambes en coton. Tu as peur.
00:14:49Tu sais qu'à la fin, tu vas vomir.
00:14:51À chaque foulée, tu sens que ton corps n'en peut plus.
00:14:56Ce que j'aime dedans, c'est quand tu es à ce moment-là où c'est super dur,
00:15:02tu te dis « Mais laquelle d'entre nous va tenir ? »
00:15:07Je ne sais pas pourquoi, mais j'adore.
00:15:13Le départ du 400 m féminin avait donc Nathalie Simon aux trois,
00:15:17Marie-Josée Perrecq, la nouvelle perle noire de l'athlétisme français.
00:15:21Au couloir 4, et Fabienne Fischer au 5.
00:15:24Ce sont les trois principales concurrentes de ce 400 m féminin.
00:15:29Marie-Josée Perrecq, qui cette année détient la meilleure performance française
00:15:33sur les trois disciplines, 100, 200 et 400 m.
00:15:36La précédente grande coureuse, c'était Colette Besson.
00:15:39Je savais qu'elle avait deux fois plus de qualité physique que Colette Besson.
00:15:44Dans le groupe d'entraînement, il y avait des garçons qui couraient avec elle,
00:15:47et elle courait aussi vite qu'eux.
00:15:48Marie-Josée Perrecq qui trouve là, sur 400 m sans doute,
00:15:51cette distance, cette prédilection, et qui emporte donc ce 400 m
00:15:56en 51 secondes 36 centièmes. Nouveau record de France !
00:16:00Et c'est fantastique parce que l'ancien record d'Athènes 1969,
00:16:04il appartenait à Nicole Dupont.
00:16:06C'est là qu'on sait que ça va être une grande.
00:16:08C'est un vieux record de France qui vient de tomber
00:16:10avec des nouvelles reines de l'athlétisme féminin.
00:16:14C'étaient tellement importants ces victoires,
00:16:16comme c'était une prise de parole,
00:16:19et que ça se faisait par le biais de la gagne,
00:16:21ça me mettait à une pression de dingo.
00:16:26Si je ne gagne pas, on ne me voit pas,
00:16:30donc je suis invisible, donc mon message est inaudible.
00:16:35Et ça me stressait au plus haut point.
00:16:38Je ne respirais plus, je ne mangeais plus, je ne dormais plus.
00:16:42C'était l'enfer.
00:16:471991, championnats du monde à Tokyo.
00:16:50Moi, ce sont mes premiers championnats du monde.
00:16:52Je suis avec Marie-Jo.
00:16:55On avait la chambre l'une en face de l'autre.
00:16:57Elle était en panique le matin de la course.
00:16:59Je me rappelle, je crois que c'est ce jour-là
00:17:01que j'ai réalisé qu'elle avait vraiment des tout petits poignets
00:17:05parce que je suis allée dans la chambre
00:17:07et elle était complètement tétanisée.
00:17:09Je me rappelle, je lui avais tenu le poignet comme ça
00:17:12pour dire mais non, non, ça va aller, ça va aller.
00:17:13Je suis chargée de vérifier qu'elle mange.
00:17:17Je suis avec elle pour discuter avec elle,
00:17:20la détendre et qu'elle mange.
00:17:23Ne pas avoir le trac en même compétition, ça craint.
00:17:26Ça veut dire que tu n'en as rien à foutre.
00:17:29Mais elle, ça donnait l'impression
00:17:31que c'était le trac qui prenait toute la place.
00:17:35Je me sens 1m80, je pèse 58 kilos,
00:17:38donc en fait déjà je ne suis vraiment pas grosse.
00:17:39Monique Evangépie a dit à mon coach
00:17:41mais elle ne va jamais tenir.
00:17:43T'as vu comment elle est maigre ?
00:17:45Je me pèse, je vois que je fais 54 kilos.
00:17:48Et je dis mais ils sont passés où mes 4 kilos ?
00:17:52Et les autres nanas, je regardais,
00:17:54on n'avait pas du tout le même physique.
00:17:56Je me disais mais jamais je vais tenir.
00:17:59Mes jambes, mais ils vont me lâcher.
00:18:01Mais est-ce que les autres sont comme ça ?
00:18:03Je me suis dit, non, non, non, c'est pas ça.
00:18:05Je me suis dit, non, non, non, c'est pas ça.
00:18:06Je vais m'enchaîner, je vais me lâcher.
00:18:08Mais est-ce que les autres sont comme ça ?
00:18:10Nous préparons les scénarios possibles
00:18:12de cette finale du 400 mètres.
00:18:14Marie-Josée Perrec part en vide
00:18:16Greer Breuer s'accrochant derrière.
00:18:18Comment on peut imaginer
00:18:20les scénarios possibles de cette finale ?
00:18:22Je crois que le 400 mètre est dans l'idée
00:18:24de faire cette épreuve !
00:18:29Tout le monde voit très largement
00:18:31Marie-Josée Perrec.
00:18:33Elle a survolé cette saison,
00:18:34Elle a un talent fou, certes, mais Grete Breuer, elle s'est promenée dans les séries.
00:18:39Deux morphotypes très différents.
00:18:41Ici, une liane noire et auparavant, vous aviez la puissance de l'Allemande.
00:18:46Alors, que va-t-il se passer ?
00:18:52Un bon départ pour toutes les concurrentes.
00:18:54Marie-Josée Pérec qui est partie vite.
00:18:56Elle a déjà creusé un l'air et géré un quart sur Breuer.
00:18:58Mais Breuer maintient la distance en tout cas.
00:19:00Marie-Josée Pérec qui rattrape maintenant.
00:19:02Brisguina et revient sur Lily Leatherwood dans le virage.
00:19:06Mais Breuer revient.
00:19:08Voilà, c'est Marie-Josée Pérec qui est en tête devant Breuer.
00:19:10Maintenant, Marie-Josée, il faut tenir jusqu'au bout.
00:19:12Encore 50 mètres.
00:19:14Et Breuer est toujours là.
00:19:15Marie-Josée Pérec est à fond.
00:19:17Marie-Josée Pérec est championne du monde sur 400 mètres.
00:19:20Deuxième Breuer.
00:19:21Troisième Myers.
00:19:22Quatrième Brisguina.
00:19:24En 49 secondes et 13.
00:19:27Nouveau record.
00:19:29Nouveau record de France pour Marie-Josée.
00:19:31Marie-Josée Pérec.
00:19:40C'était énorme.
00:19:41Mais je ne sais pas si on s'en rendait compte dans l'instant.
00:19:48Là, je me suis dit, mais cette fille,
00:19:50elle a une puissance sur la piste
00:19:53et une telle fragilité en dehors de la piste.
00:19:55Mais quand elle arrive sur la piste,
00:19:57c'est la puissance en personne.
00:20:01Derrière cette championne,
00:20:03il y a cette fragilité.
00:20:05Et cette fragilité se retrouve en chacun de nous.
00:20:08Et donc, ce n'est pas parce que vous êtes fragile
00:20:10que vous ne pouvez pas faire certaines choses.
00:20:13Les personnes timides, les personnes fragiles
00:20:15ont fini par leur dire que leur fragilité
00:20:18est un frein pour se développer totalement.
00:20:22Mais ce n'est pas vrai.
00:20:23C'est que même si vous êtes fragile,
00:20:25même si vous êtes timide,
00:20:26vous pouvez y arriver.
00:20:28Marie-Josée Pérec.
00:20:32Ça renvoie un message d'une puissance totale.
00:20:38Marie-Josée Pérec nous a offert un titre
00:20:40de championne du monde d'athlétisme.
00:20:42J'ai bien regardé sur les tablettes.
00:20:43C'est une première.
00:20:44Une flèche noire a décroché la première médaille d'or française
00:20:47au championnat du monde d'athlétisme à Tokyo.
00:20:49Dans ces années-là, c'était très, très violent
00:20:51parce qu'on était d'abord considérés
00:20:54comme des personnes noires que comme des athlètes.
00:20:57Lorsque vous êtes en Guadeloupe,
00:20:59plus ou moins, on vous dit que vous êtes française, français.
00:21:02Vous êtes éduqués dans un sens.
00:21:05Et lorsque vous arrivez en France,
00:21:08lorsque vous arrivez dans la région parisienne,
00:21:10on ne vous perçoit pas comme français.
00:21:12On vous renvoie sans cesse à votre couleur.
00:21:15Déjà, les gens vous demandent
00:21:17c'est où la Guadeloupe ?
00:21:19Ah, c'est en Afrique.
00:21:27Tu viens d'où ? De quel pays d'Afrique tu viens ?
00:21:30Non, mais je suis français.
00:21:32Oui, mais non, vous recevez ce racisme-là.
00:21:35La couleur est un élément d'inscription, oui,
00:21:42alors qu'on ne dit pas le blanc.
00:21:48Enfin, je ne sais pas, ça n'a aucun sens.
00:21:51On est en pleine montée du Front National.
00:21:54C'est François Mitterrand et Jacques Chirac
00:21:56qui seront face à face avec ce score 34,4% pour François Mitterrand.
00:22:00Les élections remportées par François Mitterrand
00:22:03ont vu, pour la première fois, le score du Front National
00:22:06faire un pourcentage qui dépasse les 12%.
00:22:090,7% au premier tour de France,
00:22:11c'est-à-dire que la France n'a pas gagné.
00:22:13C'est-à-dire que la France n'a pas gagné.
00:22:15C'est-à-dire que la France n'a pas gagné.
00:22:180,7% au premier tour de 1974
00:22:21et 14,5% au premier tour de 1988.
00:22:26Ça monte, ça monte, ça monte, la petite bête, la grosse bête.
00:22:32C'est un fait qu'il y a davantage d'athlètes noirs
00:22:36dans les finales olympiques de course à pied que d'athlètes blancs.
00:22:39Cela ne veut pas dire que tous les blancs courent mal.
00:22:43C'est encore une époque où ça nous dérange,
00:22:46mais on ne le dit pas encore.
00:22:48Aimé Césaire, France Fanon, parlent.
00:22:51Beaucoup d'intellectuels parlent.
00:22:53La société française ne veut pas entendre.
00:22:57Et donc, à partir du moment où il y a un rejet
00:23:00de la parole de certaines personnes,
00:23:02effectivement, les athlètes ne parlent pas.
00:23:07Personne n'ose rien dire.
00:23:10Personne n'ose rien dire
00:23:12et tout le monde laisse faire ces choses.
00:23:15Moi, ça m'a toujours mis dans une colère dingue.
00:23:18Le fait d'avoir trouvé un moyen
00:23:21qu'on nous perçoive d'une autre manière,
00:23:24ça m'a apaisée.
00:23:26Quand on vit le racisme, c'est une humiliation.
00:23:29C'est vraiment... On se sent rabaissée.
00:23:31Donc la colère qu'on a, elle est légitime.
00:23:34Et la façon de pouvoir l'exprimer,
00:23:36comme Marie-Jo l'a fait sur la piste,
00:23:38en gagnant...
00:23:39Mais quel message elle envoie à la jeunesse ?
00:23:43Quel message elle envoie aux vieux cons racistes ?
00:23:49Elle arrive à montrer
00:23:50qu'on peut être une femme noire en France
00:23:52et réussir.
00:24:04Je rêve même sans halluciner.
00:24:09Je crois que je vais faire développer ça.
00:24:16J'ai tout gardé.
00:24:18Beaucoup, beaucoup de courriers,
00:24:20de fans, de présidents, de premiers ministres.
00:24:28C'est étrange, tout ça.
00:24:31J'ai 12 ans.
00:24:33Les filles de mon âge ont souvent des idoles
00:24:35comme Patrick Bruel ou autres chanteurs,
00:24:38mais pas moi.
00:24:39Bien sûr, j'aime beaucoup les chansons de Patrick Bruel,
00:24:43mais moi, je voulais une idole féminine.
00:24:47Waouh !
00:24:48Et elle a mis son téléphone.
00:24:51On pourrait l'appeler, hein !
00:24:53J'ai eu les larmes aux yeux
00:24:55quand vous êtes devenue championne du monde à Tokyo.
00:24:58Je pensais que cela permettrait de faire taire
00:25:01le racisme ambiant de ces sociétés conservatrices.
00:25:06Finalement, j'ai marqué tout le monde.
00:25:08Tous les gens ont une histoire à me raconter,
00:25:11et c'est ça qui est dingo,
00:25:12parce que, en fait, je l'ai fait pour ça.
00:25:15Et je ne pensais pas que j'allais avoir
00:25:17une histoire à me raconter.
00:25:19En fait, je l'ai fait pour ça.
00:25:22Et je ne pensais pas que c'était à ce point,
00:25:24et je ne pensais pas que ça dépassait juste
00:25:26les gens pour lesquels, au départ, je l'ai fait.
00:25:31J'ai remarqué qu'il y avait des choses
00:25:33que nous avions en commun.
00:25:35La ressemblance, la couleur et la grandeur.
00:25:38Mon père est né à Bastère,
00:25:40et la famille de mon père vit là-bas.
00:25:43Je te laisse car tu as besoin de te reposer.
00:25:47Mais une dernière chose, tu verras un jour,
00:25:50tu me verras et je te jure que je serai comme toi
00:25:54la plus grande gazelle au monde.
00:25:58Juste des courses, ça donne autant d'espoir à des gens.
00:26:03Quand tu prends conscience de ça,
00:26:05la pression devient encore plus grande.
00:26:09J'aimerais beaucoup aller la voir aux Jeux olympiques
00:26:11à Barcelone cet été,
00:26:13mais j'habite dans un petit coin perdu de Bretagne
00:26:16et je crains que Barcelone soit un peu loin de chez moi.
00:26:21Mesdames et Messieurs,
00:26:23bienvenue à la Torche Olympique de Barcelone 92.
00:26:33Fabuleux !
00:26:35Fabuleux moment pour ouvrir ces Jeux de Barcelone.
00:26:43Derrière Marie-Jo, mes attentes sont concentrées
00:26:45sur les Jeux olympiques.
00:26:48Derrière Marie-Jo, mes attentes sont concentrées
00:26:50sur des gens un peu comme moi, un peu comme Jean-Galphion.
00:26:53Et d'avoir Marie-Jo qui prend toute la lumière et ses attentes,
00:26:56pour nous c'est une chance.
00:26:58Parce qu'on arrive, on a à la fois un modèle
00:27:00qui dit oui, en France c'est possible d'être championne du monde.
00:27:03Donc c'est forcément une source d'inspiration
00:27:05et en même temps, on est à l'abri.
00:27:06Comme je dis, j'ai pu faire mes premières années
00:27:08à l'ombre tranquillement de Marie-Jo et c'est bien.
00:27:14C'était notre grande favorite.
00:27:17Elle avait dominé toute la saison,
00:27:19elle était en tête du bilan.
00:27:21Mais il y avait quand même les Américaines,
00:27:23les Américaines, il y avait encore du monde.
00:27:25Mais néanmoins, elle a été favorite.
00:27:29Les favorites sont souvent en difficulté.
00:27:31Après il faut trouver la solution pour s'en sortir.
00:27:33S'en sort parfois, mais c'est pas simple.
00:27:35Et même pour une Marie-Jo, c'était pas simple.
00:27:42Les gens se disent, on a une chance de médaille d'or
00:27:45et c'est cette fille, donc il y a une pression de fou.
00:27:51J'ai peur.
00:27:55À l'échauffement de cette finale,
00:27:57je suis avec mon coach.
00:27:59Je vois qu'il est assez stressé.
00:28:02Fin 90, Marie-Jo intègre le groupe d'entraînement
00:28:06de Jacques Piacenta, qui est mon entraîneur
00:28:08à ce moment-là depuis deux ans.
00:28:11On s'est quand même demandé dans le groupe
00:28:13ce qu'il allait se passer par rapport à Marie-Jo
00:28:15qui n'était pas la reine de l'heure.
00:28:20Et ça s'est passé.
00:28:22Elle est partie, elle est partie.
00:28:24Elle a été voir M. Piacenta.
00:28:28Dans ma tête, je me dis, de toute façon,
00:28:30elle sera championne olympique.
00:28:32Après, on verra si elle va aussi loin
00:28:35que je pensais arriver à lui faire faire.
00:28:40D'être la femme championne extraordinaire
00:28:43que la France aurait eue au XXe siècle en athlétisme.
00:28:49Tout le monde savait qu'en France,
00:28:51le meilleur entraîneur, c'était Piacenta.
00:28:54Si tu avais le bonheur de répéter les exercices
00:28:57comme il les avait imaginés,
00:28:59alors tu passais un entraînement de dingo.
00:29:02Tu te disais, je veux venir tous les jours,
00:29:05même toute la journée m'entraîner comme ça.
00:29:07On faisait beaucoup de choses
00:29:09dans le parc de chez Chambry.
00:29:11Il y avait beaucoup de décote, etc.
00:29:13Et puis, on allait chez sa maman à Bonneuil,
00:29:15la maman de Pia.
00:29:17Le garage et tout autour de la maison
00:29:19étaient aménagés avec des appareils
00:29:21qu'il avait construits.
00:29:24Il y avait des élastiques accrochés partout.
00:29:26Et puis, il inventait toujours des choses.
00:29:29Jacques Piacenta, c'est un entraîneur
00:29:31qui est réputé comme très méticuleux,
00:29:33très pointu, passionné à l'extrême.
00:29:36Passionné de vidéo aussi.
00:29:38Il a énormément introduit la porte de la vidéo
00:29:41dans l'analyse du mouvement.
00:29:43C'est ce personnage-là.
00:29:45Je me replace bien à la hanche.
00:29:47Ma feuille est bien horizontale.
00:29:49Et je repère la malléole.
00:29:51Vas-y.
00:29:52On voit bien le cycle postérieur
00:29:54qui monte très haut à la fesse.
00:29:57Par rapport à la verticale,
00:30:00tu as une grosse part du cycle qui est en arrière.
00:30:03Il n'y a plus grand-chose devant
00:30:06alors que tout à l'heure,
00:30:07la malléole ne montait pas au niveau des fesses.
00:30:09Là, tu montes vraiment au niveau de la hanche.
00:30:14Les gens ont l'impression que
00:30:16lorsqu'on a le pied qui arrive à la fesse,
00:30:18tout le monde dit
00:30:19« T'as vu, c'est beau, ça remonte comme ça derrière. »
00:30:21Mais ça, c'est très, très, très mauvais.
00:30:23Ça nous ralentit.
00:30:25Il faudrait que la jambe aille vers l'avant
00:30:28et non vers l'arrière, c'est-à-dire sous la fesse.
00:30:31C'est un truc que tout le monde aime voir.
00:30:34Il faudrait que je coure autrement.
00:30:36Ce n'est pas encore le cas,
00:30:37mais j'ai déjà quand même pas mal progressé.
00:30:39Et ça, on le ressent.
00:30:56Quand je rentre dans le stade,
00:30:59il est blindé.
00:31:02Il est tellement blindé
00:31:03que tes jambes deviennent en coton.
00:31:08Marie-Josée Perrec a tiré le même couloir
00:31:11que Colette Besson à l'occasion des Jeux Olympiques.
00:31:13Le couloir numéro 5.
00:31:15Souhaitons que ce couloir lui porte chance.
00:31:17Souhaitons que ce couloir lui offre la victoire
00:31:19qu'elle mérite tant.
00:31:22Et là, je dis
00:31:24« Je suis une petite fourmi, je vais me faire écraser. »
00:31:27Et je dis
00:31:28« Il faut que tu te transformes en quelque chose.
00:31:30Tu ne peux pas rester cette petite fourmi. »
00:31:34Et puis, d'un coup,
00:31:39la rivière aux herbes vient dans ma tête.
00:31:43J'entends ce bruit de la rivière.
00:31:46Ce bruit de l'eau.
00:31:48Je vois la rivière, je vois les enfants.
00:31:51Je me vois.
00:31:55D'avoir ça dans ma tête, dans mon imagination,
00:32:00ça me fait du bien.
00:32:04Et mon cœur,
00:32:07en fait, il n'est plus aussi rapide et tout.
00:32:14Je suis transformée, je suis une guépard,
00:32:16je vais tous les bouffer.
00:32:21Il y a de l'électricité dans l'air
00:32:23et c'est parti pour Marie-Josée Ferrer
00:32:25qui n'a pas pris son objectif de suite.
00:32:27Un départ ultra rapide
00:32:29qui ne me semble pas au mieux, Marie-Josée.
00:32:31Marie-Josée, pour l'instant, reste raisonnable.
00:32:33Derrière, ça revient, Brice Guida revient,
00:32:35Richardson revient.
00:32:37Il sera une dernière ligne droite d'enfer
00:32:39car rien n'est fait pour le moment.
00:32:41Marie-Josée Ferrer qui est sur la même ligne
00:32:43que cinq autres concurrentes.
00:32:45Il va falloir maintenant accélérer dans le virage,
00:32:47Marie-Josée, parce que Brice Guida est extrêmement menaçant.
00:32:49Ça y est, Marie-Josée Ferrer,
00:32:51tant qu'elle s'en passe, c'est à la vitesse supérieure.
00:32:53On va attendre la sortie du virage.
00:32:55Ça va être vraiment très chaud, très très chaud.
00:32:57Marie-Josée Ferrer qui n'est pas contente.
00:32:59Marie-Josée Ferrer doit faire son effort,
00:33:01et elle le fait !
00:33:03Marie-Josée Ferrer qui revient à la hauteur de Brice Guida.
00:33:0550 cm d'avance,
00:33:07elle est championne olympique !
00:33:09Il faut tenir !
00:33:11Marie-Josée Ferrer, 48 secondes,
00:33:1385 centimètres,
00:33:15nouveau replanteur de manches,
00:33:17championne olympique !
00:33:19Championne de mon championne olympique,
00:33:21et en plus je la connais !
00:33:23Et en plus je l'ai connue avant qu'elle soit championne,
00:33:25et là je me dis,
00:33:27waouh !
00:33:29Moi j'ai jamais connu de championne olympique !
00:33:31Et là,
00:33:33ça me fait monter,
00:33:35et là je me dis, c'est magique quoi !
00:33:37Championne olympique,
00:33:39et médaille d'or,
00:33:41représentant la France,
00:33:43Marie-Josée Ferrer !
00:33:45Médaille d'or, représentant la France,
00:33:47Marie-Josée Ferrer !
00:34:05J'arrive en conférence de presse,
00:34:07le lendemain de ma victoire.
00:34:09Normalement ça doit être un jour de bonheur,
00:34:11de joie,
00:34:13Et en fait, la première personne que je vois, c'est ce monsieur.
00:34:28Elle me reproche que dans l'équipe magazine,
00:34:31qui a suivi les championnats du monde de Tokyo un an avant,
00:34:35il n'y a qu'une photo d'elle, et c'est une photo de dos.
00:34:40En fait, il y a la photo de mes fesses.
00:34:44Je suis tellement en colère, et je lui dis,
00:34:47mais c'est nul ce que vous avez fait,
00:34:49les gens, ils n'ont pas envie de voir mon cul.
00:34:53Et donc, ça devient, ce type m'en veut, moi,
00:34:58j'assume, c'était moi le directeur en chef,
00:35:00j'assume, c'était sans doute pas moi qui avait choisi cette photo,
00:35:03ce type m'en veut, un jour, je lui renverrai un sculpte dans la gueule,
00:35:07le sculpte m'arrive un an plus tard à Barcelone.
00:35:14Quand je gagne des Jeux l'année d'après,
00:35:16j'ai envie de l'insulter, de le tuer.
00:35:24Je lui dis, toi là, c'est pas la peine que tu restes à ma conférence de presse,
00:35:27tu dégages, allez dehors, dehors.
00:35:29De toute façon, on sait déjà ce que tu vas faire, tu vas montrer mon cul.
00:35:32C'est horrible ce que je fais.
00:35:38Tout ça fait que la guerre est déclarée avec les journalistes aussi.
00:35:46Quand on relit la presse du lendemain,
00:35:49les papiers sont affreux.
00:35:51Tout le monde dit, mais qu'est-ce qui lui prend ?
00:35:53Pourquoi elle ne s'avoue pas tranquillement ?
00:36:02Moi, je pense que c'est un peu comme ça,
00:36:05Je me rappelle beaucoup de journalistes qui attendaient une seule chose,
00:36:09c'est qu'un jour, il y ait une défaillance pour l'allumer.
00:36:13Presque pour se venger.
00:36:15Parce qu'elle était dure avec la presse, très dure.
00:36:29On passe au sport, les athlètes français ont fait un malheur hier à Bercy
00:36:32pour les championnats d'Europe en salles.
00:36:34Onze médailles au total, donc deux en or.
00:36:36Une grande absente Marie-Josée Pérec, qu'on a attendue en vain
00:36:38dans la quatrième série du 200 mètres samedi après-midi.
00:36:40Qu'est-ce qui s'est passé Marie-Josée Pérec ?
00:36:42On vous attendait, vous n'êtes pas venue, qu'est-ce qu'il se passe ?
00:36:44C'est vrai que les résultats à l'entraînement n'étaient pas très favorables
00:36:47à cette participation aux championnats d'Europe de Bercy.
00:36:50Le président de la fédération d'athlétisme a dit que vous étiez dégonflée.
00:36:52Non, je ne crois pas.
00:36:54Les performances à l'entraînement n'étaient vraiment pas bonnes.
00:36:56Avec mon entraîneur, ça n'allait pas du tout.
00:36:58C'est quelqu'un d'habitude qui me rassure.
00:37:00Pendant toute la semaine, il n'a pas voulu se prononcer.
00:37:04J'ai eu peur de venir et d'être quatrième.
00:37:07Alors lui, il est fâché, il dit que vous n'avez plus souffri.
00:37:10Il dit que vous n'avez pas de discipline.
00:37:13Je pense que lorsqu'on est sur place, qu'à la presse,
00:37:16on dit n'importe quoi sur toit chaud.
00:37:18J'ai eu Marie-Josée Pérec encore hier soir au téléphone.
00:37:23A l'issue de cette conversation,
00:37:25où Marie-Josée Pérec a ajouté la perversité
00:37:28à une sommation de problèmes que j'avais à régler,
00:37:31en ayant bien réfléchi cette nuit,
00:37:33je pense que c'est le moment pour qu'un autre entraîneur
00:37:36pilote son entraînement.
00:37:38Parce que moi, je n'y arrive plus en ce qui me concerne.
00:37:40Marie-Jo a un talent exceptionnel et je suis persuadé
00:37:42que pour le moment, elle marche sur la tête,
00:37:44qu'en retombant sur ses pieds,
00:37:46elle va poursuivre sa carrière pendant de nombreuses années
00:37:50et en remportant encore des succès
00:37:52comme j'ai eu la chance d'en connaître avec elle.
00:37:54Qu'est-ce qui explique qu'elle en soit là ?
00:38:19Je lui ai laissé un message.
00:38:21À Jacques Bessinta ? Il n'a pas répondu.
00:38:25Ça ne m'étonne pas. Il ne répondra pas.
00:38:27Je pense que si tu veux une interview,
00:38:29il faudrait lui dire que tu fais un truc sur moi
00:38:33et que tu veux être méchant.
00:38:35Peut-être que tu aurais de la chance.
00:38:44Bessinta renonce à l'entraîner
00:38:46et réussira à lui redonner goût à l'athlétisme
00:38:48alors qu'elle raffole d'autres plaisirs.
00:38:51En fait, les gens, quoi qu'ils soient dans ma tête,
00:38:54c'est hallucinant les gens qui crient ça.
00:39:08Ce qu'elle sait mieux faire, c'est courir.
00:39:10En a-t-elle encore envie
00:39:12ou a-t-elle définitivement perdu la raison ?
00:39:15Ça vous a surpris la réaction de la presse
00:39:17ça fait du mal ? Comment réagiez-vous à tout ça ?
00:39:19Ça fait du mal, mais bon,
00:39:21il y a des choses bien plus importantes
00:39:23et je suis très forte.
00:39:25On dit que vous n'avez jamais aimé vous entraîner.
00:39:27Ce n'est pas vrai puisque je crois
00:39:29qu'on ne peut pas être championne du monde
00:39:31ou championne olympique sans s'entraîner.
00:39:33Vous avez beaucoup de dons.
00:39:35Vous n'avez pas la discipline.
00:39:37De toute façon, ce n'est pas un crime
00:39:39de ne pas aimer la discipline.
00:39:41Je suis toujours en retard, c'est vrai,
00:39:43mais j'ai fait beaucoup de progrès.
00:39:45C'est vrai qu'en France,
00:39:47j'ai déjà fait le tour
00:39:49et il faudra peut-être
00:39:51aller aux Etats-Unis.
00:40:09Je pars à Los Angeles
00:40:11et je contacte John Smith
00:40:13par le biais de quelqu'un.
00:40:17Il me donne rendez-vous.
00:40:25Il me dit
00:40:27qu'en fait,
00:40:29je n'ai jamais entraîné de filles.
00:40:31Je ne sais même pas comment les entraîner.
00:40:33En plus, les filles,
00:40:35le maquillage,
00:40:37les cheveux, le machin...
00:40:39Il me fait une démonstration
00:40:41de quelqu'un que je ne suis pas.
00:40:43Mes cheveux, je les mets
00:40:45dans un chignon.
00:40:47Moi, je ne me maquille pas vraiment.
00:40:49Je veux juste venir m'entraîner dans son groupe.
00:40:53Quand un athlète me demande de l'entraîner,
00:40:55la première chose que je demande est
00:40:57« Qu'est-ce qui ne va pas
00:40:59avec ton coach ?
00:41:01Tu n'as plus envie ?
00:41:03C'est bon ? C'est la fin ? »
00:41:05Elle m'a dit « Non, je te veux comme coach. »
00:41:07J'ai répondu « Pourquoi ? »
00:41:09Sa réponse « Car tu fabriques des champions.
00:41:11Alors, allons-y ! »
00:41:17D'un coup, je me retrouve avec des gens
00:41:19qui ont vraiment les mêmes rêves que moi
00:41:23et qui avaient les moyens physiques
00:41:25d'y arriver.
00:41:29Il y a Atoboden.
00:41:31Il y a John Drummond.
00:41:33John Drummond, premier.
00:41:35Ce sont les meilleurs sprinters de la planète.
00:41:41Être dans le camp de John,
00:41:43c'était comme faire partie d'un boy's band.
00:41:45Avec une fille, mais quelle fille !
00:41:51Elle faisait partie du groupe
00:41:53comme un membre de la famille.
00:41:55C'était comme notre sœur.
00:41:59On essayait tous d'être ce qu'elle était déjà.
00:42:01C'est une championne.
00:42:03Donc, j'ai fait la distinction
00:42:05entre les gars et la reine.
00:42:09Je la surnommais la reine.
00:42:15En intégrant un groupe dans lequel tout le monde est bon,
00:42:17on peut se rendre compte
00:42:19de notre réel niveau.
00:42:21Parfois, les entraînements, ça l'épuisait.
00:42:23Mais on la relevait et c'était reparti.
00:42:27Elle nous voyait faire pareil.
00:42:29Être pris en deux, avoir des crampes,
00:42:31vomir...
00:42:33Mais se relever et finir le travail,
00:42:35c'est ça qui la motivait.
00:42:39Faire partie de ce groupe était très compliqué.
00:42:41Si tu t'entraînais mal,
00:42:43tu te faisais défoncer.
00:42:49Le lundi, on venait s'entraîner en noir.
00:42:53C'était les lundis noirs.
00:42:55Nous contre John.
00:42:57On était en noir car si on mourait,
00:42:59on était prêts.
00:43:01Son but, c'était de nous tuer.
00:43:03Et le lendemain, il nous ressuscitait.
00:43:05On avait un dicton.
00:43:07Tout le monde veut le paradis,
00:43:09mais personne ne veut mourir.
00:43:11John Smith te dira.
00:43:29Sur tout ce qui concerne la biomécanique.
00:43:37Piacenta, c'est le plus grand coach
00:43:39que j'ai rencontré.
00:43:41On va dire que John Smith,
00:43:43il l'était moins,
00:43:45mais par contre,
00:43:47il avait toujours une réponse
00:43:49aux questions que tu te posais
00:43:51sur le doute, sur la peur.
00:43:53En fait, il savait y répondre.
00:43:59Qu'est-ce que tu penses?
00:44:0144?
00:44:0334?
00:44:07C'est facile.
00:44:13Développer cette relation coach-athlète
00:44:17nous a permis de
00:44:19devenir de meilleurs êtres humains.
00:44:23Mais ce qui m'a réellement honoré
00:44:29c'est quand elle m'a amené voir la maison
00:44:31où se trouvait sa famille.
00:44:47J'ai ressenti l'atmosphère familiale.
00:44:51Ils voulaient me servir,
00:44:53donc je me suis levé,
00:44:55mais elle m'a dit de m'asseoir.
00:44:57J'ai dit non, je le fais.
00:44:59Elle a répondu non, ça me fait plaisir.
00:45:01Donc elle m'a servi.
00:45:03Et j'ai pensé,
00:45:05waouh, c'est une autre personne.
00:45:07J'entraînais la diva,
00:45:09mais derrière elle
00:45:11se cachait
00:45:13un être humain doux,
00:45:15chaleureux, fort,
00:45:17et c'était Marie-Jo.
00:45:27Marie-José Perrec
00:45:33La France !
00:45:35La France !
00:45:37Marie-José Perrec
00:45:39Notre meilleure chance en athlétisme
00:45:41Déjà médaille d'or
00:45:43du 400 mètres
00:45:45à Barcelone
00:45:47qui rêve d'un doublé ici
00:45:49et qui pourrait peut-être
00:45:51dans l'hypothèse d'une victoire
00:45:53s'engager sur le 200 mètres.
00:45:57J'ai hâte de représenter
00:45:59cette équipe.
00:46:01Le fait que moi je sois choisie
00:46:03en tant que femme noire,
00:46:05je ne peux pas décevoir les gens,
00:46:07je ne peux pas me prendre le pied dans le tapis.
00:46:11Il faut que tout soit parfait
00:46:13du début jusqu'à la fin.
00:46:17Et qui va recevoir maintenant la torche ?
00:46:19Mohamed Ali !
00:46:21Mohamed Ali !
00:46:25De voir Mohamed Ali allumer la flamme,
00:46:29ça me ramenait à mon enfance,
00:46:31ça me ramenait à ma grand-mère,
00:46:33ça me ramenait au combat.
00:46:37J'ai dit, il ne me reste plus qu'à gagner,
00:46:39et la boucle sera bouclée.
00:46:45Celle qui va gagner ce soir
00:46:47sera vraiment la meilleure du monde
00:46:49parce qu'elles sont toutes là.
00:46:51Marie-Jo bien sûr, championne olympique,
00:46:53championne du monde,
00:46:55championne d'Europe.
00:46:57Elle tente le doublé
00:46:59pour entrer dans la légende.
00:47:01Cathy Freeman, certainement la plus dangereuse,
00:47:03l'Australienne.
00:47:05Cathy Freeman qui vient en forme.
00:47:09J'ai le droit de faire ça ?
00:47:11C'est bon ?
00:47:15Si vous affrontiez Marie-Jo,
00:47:17vous saviez qu'il fallait être préparée.
00:47:21Il fallait vraiment l'être.
00:47:23Avoir confiance en soi
00:47:25et ne pas plaisanter.
00:47:29Il fallait être prêt à tout donner.
00:47:33Elle avait un effet incroyable
00:47:35sur les autres avant même
00:47:37qu'elle ne pose un pied sur la piste.
00:47:41Être dans la même course qu'elle,
00:47:43c'était vraiment quelque chose
00:47:45et juste incroyable.
00:47:47On savait qu'elle allait gagner cette course.
00:47:49La question qui se posait,
00:47:51c'était qu'elle allait être son chrono.
00:47:53Elle se positionne sur la ligne
00:47:55et quand tout est en place,
00:47:57elle arrive à ce moment
00:47:59où elle se rend compte
00:48:01que personne ne pourra l'abattre.
00:48:07Je vais mettre mes lunettes.
00:48:09Ah, voilà !
00:48:11Je plisse les yeux pour rien.
00:48:13Eh oui, j'ai des lunettes maintenant.
00:48:19Personne ne veut se battre avec cette Marie.
00:48:21Si elle s'était battue
00:48:23avec un ours cette nuit-là,
00:48:25priez pour l'ours.
00:48:27Le premier départ
00:48:29et le bon Marie-José Pérec,
00:48:31comme prévu, a pris un départ canon.
00:48:33Elle essaye de revenir sur Cathy Freeman
00:48:35mais au coup de Coyatte
00:48:37elle est partie très vite.
00:48:39Regardez comment Marie-Jo a repris
00:48:41une partie de son décalage sur Cathy Freeman.
00:48:43Que de bons souvenirs.
00:48:45Coyatte est partie très vite
00:48:47ainsi que Fatima Youssouf.
00:48:49Les deux Nigeriennes,
00:48:51Marie-José Pérec avec Cathy Freeman
00:48:53sont en train de faire l'effort.
00:48:55Cathy Freeman qui sent toujours
00:48:57le souffle de Marie-Jo derrière elle.
00:48:59Cathy Freeman qui passe en accélération.
00:49:01Marie-José Pérec toujours.
00:49:03Marie-José Pérec maintenant qui fait son virage.
00:49:05Elle est bouchée en tête avec Cathy Freeman derrière.
00:49:07Il faut maintenant aller jusqu'au bout Marie-Jo.
00:49:09Cathy Freeman n'est pas encore battue.
00:49:11Elle s'en va. Marie-José Pérec se détache.
00:49:13Marie-José Pérec rentre dans la légende.
00:49:15Championne olympique.
00:49:1748.26.
00:49:19Nouveau record olympique. Nouveau record de France.
00:49:25Quel ours de Marie-Jo
00:49:27qui rentre dans la légende.
00:49:29Championne du monde.
00:49:31Championne olympique pour la deuxième fois.
00:49:35Sa force mentale
00:49:37était ce qui inspirait la peur
00:49:39à toutes celles qui l'affrontaient.
00:49:43Fut un temps je voulais être comme elle.
00:49:45Je n'y suis pas arrivée.
00:49:47Mais je voulais être son égale
00:49:49ou meilleure qu'elle.
00:49:53Je vous propose une exclusivité
00:49:55à plus d'un titre.
00:49:57Il s'agit de la première réaction de Marie-José Pérec
00:49:59à l'issue de sa course.
00:50:01Marie-Jo a pu dialoguer en direct du stade
00:50:03avec sa grand-mère restée là-bas en Guadeloupe.
00:50:33Marie-Jo, ce soir, cette médaille d'or,
00:50:35vous la dédie à qui ?
00:50:37A ma famille.
00:50:39A Chirac.
00:50:41A notre président Chirac.
00:50:43A mon entraîneur.
00:50:45A tous les gens autour de moi
00:50:47qui m'ont supportée.
00:50:49A mes amis. A tout le monde.
00:50:51Et le 200 mètres, vous y serez ?
00:50:53Bien sûr. Je serai là jeudi.
00:50:55J'ai une médaille. Je suis contente.
00:50:57Maintenant j'ai envie d'avoir
00:50:59une médaille d'or.
00:51:01Je serai là jeudi.
00:51:03Et j'espère qu'on aura d'autres de médailles.
00:51:05Le 200 mètres,
00:51:07ça c'est une autre histoire.
00:51:09Il y a Merlin Otey
00:51:11et Marie Pérec
00:51:13qui n'est pas connue
00:51:15comme une spécialiste du 200 mètres.
00:51:17Elle, c'était le 400.
00:51:19Mais John Smith lui a dit
00:51:21tu vas remporter cette course.
00:51:23John a réussi à lui faire comprendre
00:51:25qu'elle est une grande athlète
00:51:27mais fallait-il encore
00:51:29qu'elle y croit
00:51:31entourée de toutes ses filles.
00:51:33John savait quoi dire
00:51:35et quand le dire.
00:51:37Ça n'avait de sens qu'à ce moment-là
00:51:39car il disait toujours des bizarreries.
00:51:41Une fois, on était à l'entraînement,
00:51:43on n'était pas au top
00:51:45et John arrive en disant
00:51:47ça va être une super journée.
00:51:49Je suis allé dehors ce matin
00:51:51et j'ai senti le temps.
00:51:53Hein ? Quoi ?
00:51:55Qu'est-ce que tu veux dire ?
00:51:57Suite à ça,
00:51:59tout allait mieux.
00:52:01Ça n'avait pas de sens
00:52:03mais sur le moment,
00:52:05c'était du grand John
00:52:07avec beaucoup de Johnisme.
00:52:11Je dis à mon coach
00:52:13quand elles vont partir ces nanas
00:52:15mais au bout de 100 mètres
00:52:17je vais être dernière.
00:52:19Et il me regarde et me dit
00:52:21mais toi, t'es une course de quatre.
00:52:23J'ai dit ouais,
00:52:25je suis une course de quatre.
00:52:27Il me dit justement,
00:52:29elles vont faire 120 mètres de course
00:52:31et après la course est à toi.
00:52:33Même si t'es dernière,
00:52:35ça démarre là pour toi.
00:52:54Marie-José qui est en train de passer !
00:52:56Marie-José qui va devenir championne de l'Atlique du 200 !
00:52:58Oui ! Marie-José Perrec !
00:53:00Bande de secondes, 13 centièmes !
00:53:02Marie-José Perrec, championne de l'Atlique du 200 !
00:53:04Wow ! Quoi ?
00:53:06Est-ce qu'on vient d'assister ?
00:53:08Selon moi, c'est la course du siècle.
00:53:13J'avais pas vu ça depuis un moment.
00:53:19Pah ! Toi de l'eau !
00:53:23Je suis désolé, reste comme ça.
00:53:25Quand Marjo gagne le 200 mètres,
00:53:27moi je suis sur la piste en même temps.
00:53:29Et elle passe dans le virage,
00:53:31je sens son souffle qui passe à côté de moi.
00:53:33Je suis avec ma perche, c'était l'événement.
00:53:35Moi je voulais pas rater ça,
00:53:37donc je me suis levé, j'ai regardé sa course
00:53:39et elle était à 5 mètres de moi,
00:53:41elle est passée, c'était génial,
00:53:43c'était électrique quoi,
00:53:45c'était des frissons pour elle.
00:53:47Incroyable !
00:53:49Je l'avais pas vu venir
00:53:51mais on est ensemble.
00:53:55Le même couloir, le troisième.
00:53:57Pour le 200 et 400 mètres,
00:53:59il doit porter bonheur.
00:54:03Elle est si sérieuse !
00:54:07Ça, c'est le regard qui veut dire
00:54:09« J'y suis ! »
00:54:13Tout le monde parle de Michael Johnson
00:54:15qui a réalisé le doublé 200-400,
00:54:17mais personne n'a vu
00:54:19que pendant qu'il attendait dans un coin,
00:54:21elle avait déjà réussi ce doublé
00:54:23et trottinait sur la piste.
00:54:27Ce jour-là, la voir faire cette course
00:54:29où elle a été capable
00:54:31de rassembler un peu plus de force
00:54:33et de rapidité
00:54:35pour passer de la deuxième
00:54:37à la première place,
00:54:39c'était un pur moment de bonheur pour moi
00:54:41et pour le reste de l'équipe aussi.
00:54:43C'était une superbe course.
00:54:49Chère, très chère Marie-Jo,
00:54:51cette nuit pour beaucoup,
00:54:53ce matin pour d'autres,
00:54:55les Français à l'image merveilleuse
00:54:57de votre grand-mère
00:54:59ont senti l'eau du cœur leur monter aux yeux
00:55:01au moment où l'inoubliable
00:55:03s'est produit.
00:55:05Une image restera dans notre histoire,
00:55:07cette détermination,
00:55:09cette rage de vaincre
00:55:11exprimée par votre beau visage
00:55:13pendant les derniers 100 mètres
00:55:15de cette course historique.
00:55:17Cette suprême
00:55:19élégance aussi.
00:55:21Vous avez voulu nous faire rêver,
00:55:23vous avez réussi.
00:55:25Pendant 22 secondes et quelques centièmes,
00:55:27vous avez porté la France
00:55:29sur une autre planète,
00:55:31celle du bonheur
00:55:33et de la grandeur.
00:55:35J'ai fait un rêve et vous l'avez réalisé.
00:55:37Soyez remerciés, chère Marie-Jo,
00:55:39pour ces instants magiques.
00:55:41Bien admirativement
00:55:43et affectueusement, Jacques Chirac.
00:55:47Après les Jeux,
00:55:49je suis super fatiguée.
00:55:51Il y a une fille
00:55:53qui arrive dans mon groupe.
00:55:55Elle s'appelle Nova Perry-Nibbon.
00:55:57Elle est australienne
00:55:59et elle est aborigène.
00:56:01Je trouve ça suspicieux.
00:56:03Je me dis,
00:56:05ah, en fait,
00:56:07ils m'ont envoyé un espion
00:56:09pour voir ce que je fais.
00:56:11Je vois comment
00:56:13les gens
00:56:15pensent.
00:56:17Je vois ce qu'elle veut dire.
00:56:19Elle est australienne,
00:56:21comme ma rivale Cathy Freeman.
00:56:23Mais ce n'était pas le cas.
00:56:25Non, Nova était juste ravie
00:56:27de s'entraîner avec la grande Marie Perry.
00:56:29Enfin, je l'ai vue comme ça.
00:56:35J'ignorais ce qu'elle ressentait.
00:56:37Quand je lui demandais,
00:56:39elle me répondait, ça va.
00:56:41Vous la connaissez.
00:56:43Marie aurait dû me le dire.
00:56:51Je ne finis pas mes séances.
00:56:53Je tousse beaucoup.
00:56:57Je ne suis jamais malade.
00:56:59Elle arrive, je suis malade.
00:57:01Je n'aime pas cette idée-là.
00:57:05Peut-être que je n'ai pas vu.
00:57:07Peut-être qu'on m'a mis un truc.
00:57:09J'ai en fait une mononucléose.
00:57:13La mononucléose, ça affecte
00:57:15le souffle et l'endurance.
00:57:17C'était frustrant pour elle.
00:57:19Elle voulait s'entraîner,
00:57:21mais ne pouvait pas.
00:57:35Je n'arrive pas à faire
00:57:3710 minutes de footing.
00:57:43Le virus s'est logé
00:57:45dans les parois de mon cœur.
00:57:49On m'explique que
00:57:51c'est mort.
00:57:55Vu l'état de votre cœur,
00:57:57on ne croit pas que vous allez
00:57:59refaire de la compète.
00:58:01Les Américains m'avaient dit ça.
00:58:05Je suis sûre que je vais retrouver mon niveau.
00:58:07Quasiment pendant 3 ans,
00:58:09il ne se passe rien.
00:58:13Est-ce qu'elle reviendra ?
00:58:15Est-ce qu'elle reviendra jamais ?
00:58:17Est-ce qu'elle est blessée
00:58:19plus gravement que ça
00:58:21et qu'elle ne veut pas le dire ?
00:58:23Personne ne comprend trop
00:58:25ce qui se passe.
00:58:29Au fur et à mesure
00:58:31que j'arrive à faire des footings d'une heure,
00:58:33je commence la prépa
00:58:35pour les Jeux.
00:58:39Otto, Maurice Green,
00:58:41John Drummond
00:58:43étaient en pleine progression.
00:58:45Et donc, à partir de ce moment-là,
00:58:47j'étais moins concentré sur elle.
00:58:51Je veux quelqu'un qui va se concentrer
00:58:53que sur moi.
00:58:55Je me suis dit,
00:58:57tiens, je vais quitter Los Angeles
00:58:59pour aller en Allemagne de l'Est.
00:59:01Rostock. Je ne savais même pas
00:59:03que c'était Rostock.
00:59:05Je savais juste que c'était là-haut,
00:59:07tout là-haut, que ça caillait
00:59:09comme ce n'est pas permis.
00:59:11Moi-même, je me disais,
00:59:13mais t'es folle, t'as un problème,
00:59:15pourquoi tu veux faire ça ?
00:59:17Il y a l'autre moi qui disait,
00:59:19mais c'est ce que tu dois faire.
00:59:21Mais tu sais que ça va faire parler.
00:59:23Oui. Alors, ce que je fais,
00:59:27je prends mon téléphone
00:59:29et j'appelle Jérôme Bureau.
00:59:31Elle se disait,
00:59:33il s'y connaît un peu
00:59:35en traitement médiatique.
00:59:37Je lui ai mis discute dans la gueule en 92,
00:59:39mais entre-temps,
00:59:41on a plus que largement fait la paix.
00:59:43Donc, on a passé, je ne sais pas,
00:59:45une heure dans mon bureau
00:59:47à discuter de ça.
00:59:49Elle vient me voir en me disant,
00:59:51vous allez m'en mettre plein la gueule,
00:59:53tu penses ?
00:59:55Je dis, écoute, nous, non.
00:59:57Voilà qu'on apprend aujourd'hui
00:59:59qu'elle vient d'être déménagée,
01:00:01elle habitait aux Etats-Unis,
01:00:03à Los Angeles.
01:00:05Elle s'entraînait dans le groupe
01:00:07du célèbre John Smith.
01:00:09Elle va s'installer,
01:00:11elle s'est déjà installée en Allemagne
01:00:13et elle travaille avec
01:00:15l'ancien coach de Marie Taccord.
01:00:17Nouveau caprice de star,
01:00:19nouveau défi de star.
01:00:21Le 25 septembre prochain,
01:00:23au JO de Sydney,
01:00:25Marie-Josèphe Berek peut entrer
01:00:27dans le record du monde en 1990.
01:00:29Elle ne l'a pas choisi au hasard,
01:00:31c'est le mari de Marie Taccord,
01:00:33l'actuelle détentrice du record du monde,
01:00:35un record établi en 1985.
01:00:37Par le passé, Marie-Josèphe Berek
01:00:39avait toujours dit que ce record
01:00:41n'était pas naturel,
01:00:43qu'il était largement entaché de dopage.
01:00:45Berek est consciente des suspicions
01:00:47qui entourent ce personnage,
01:00:49mais elle affirme qu'elle est prête
01:00:51à se soumettre à tous les contrôles
01:00:53anti-dopage.
01:00:57Allez, allez, allez !
01:01:01Allez, continue !
01:01:13Est-elle capable
01:01:15de battre ton record du monde ?
01:01:19Oui, peut-être.
01:01:23Je ne sais pas.
01:01:25Peut-être.
01:01:29Je ne résiste pas au plaisir de vous lire
01:01:31un extrait du journal L'Équipe
01:01:33du 6 août 1992,
01:01:35dans lequel Marie-Josèphe Berek
01:01:37était interviewée.
01:01:39On lui demandait de porter un jugement
01:01:41sur le fameux record du monde
01:01:43établi par Marie Taccord.
01:01:45Voilà ce que disait Marie-Josèphe Berek.
01:01:47« Pour moi, le record du monde
01:01:49de 47,60 secondes,
01:01:51pour moi ce record ne compte pas
01:01:53parce qu'il m'a fallu pour arriver
01:01:55à 48,83 secondes.
01:01:57Je me dis que ces gens-là
01:01:59avaient une préparation biologique.
01:02:01Mon record à moi est propre.
01:02:03Pour moi, c'est le meilleur
01:02:05chrono de l'histoire.
01:02:07Les chronos d'avant n'existent pas.
01:02:09N'empêche que je choisis
01:02:11l'entraîneur de Marie Taccord
01:02:13pour essayer d'améliorer
01:02:15son propre record. »
01:02:17J'adore !
01:02:19Je ne change pas d'avis
01:02:21Je pense que ce sont des gens
01:02:23qui ont un savoir-faire sur l'entraînement
01:02:25et moi, c'est ce que je suis allée chercher.
01:02:29Vos palmarès, on le connaît,
01:02:31mais il n'y a pas de record du monde.
01:02:33Est-ce que c'est quelque chose qui vous dérange ?
01:02:35Oui, beaucoup.
01:02:37C'est peut-être aussi pour ça
01:02:39que je suis là.
01:02:43Ça veut dire que le record du monde
01:02:45du 400, vous est accessible ?
01:02:47Moi, je n'ai pas dit ça.
01:02:49Non, je n'ai pas dit ça.
01:02:51En tout cas, je n'y pense pas.
01:02:55Je suis là parce que j'ai envie
01:02:57de gagner à Sydney.
01:02:59Ça représente beaucoup.
01:03:01Personne n'a gagné cette épreuve
01:03:03trois fois de suite.
01:03:05Je ne pense qu'à ça.
01:03:07C'est ce qui m'intéresse.
01:03:09Si le record du monde arrive,
01:03:11je vais le prendre.
01:03:13Tout le monde se dit
01:03:15qu'elle n'est pas prête,
01:03:17qu'elle ne fera pas les minimas.
01:03:43Je sais que ça devient difficile
01:03:45dans les jambes pour Marie-Jo
01:03:47qui va attaquer la dernière ligne droite.
01:03:49Pour l'instant, elle est toujours bien dans le timing.
01:03:51C'est maintenant que ça va tenir dur.
01:03:53C'est maintenant qu'elle va tirer sur ses bras.
01:03:55À la lutte avec Catherine Méry
01:03:57et avec Lauren Graff.
01:03:59Marie-Jo va s'en battre jusqu'au bout.
01:04:01Elle va essayer le meilleur chrono possible.
01:04:03Je pense que c'est un super chrono.
01:04:05On m'a dit que je ne pouvais plus
01:04:07faire de sport, que c'était fini,
01:04:09que je ne pouvais pas retrouver mon niveau,
01:04:11que je ne pouvais pas être championne olympique
01:04:13une troisième fois.
01:04:17Si je veux marquer l'histoire,
01:04:19je dois faire ça.
01:04:21Je vais arriver à faire tout ça.
01:04:35Dès mon arrivée,
01:04:37ça démarre très mal avec la presse qui me harcèle.
01:04:41Ils veulent des gens
01:04:43qui leur donnent des informations,
01:04:45qui leur racontent des histoires.
01:04:47Je n'ai pas envie de jouer ce rôle.
01:04:49Je ne l'ai presque jamais joué.
01:04:51Je ne veux pas.
01:04:55Il y a le contexte australien
01:04:57avec Cathy Freeman.
01:04:59C'est la seule vraie chance
01:05:01australienne en athlétisme.
01:05:03Toute la pression
01:05:05de la presse australienne
01:05:07est sur ce 400 mètres.
01:05:11Dès l'arrivée à l'aéroport,
01:05:13Marie-Jo se prend ça sur la tête.
01:05:15Il y a plus de caméras
01:05:17que pour l'arrivée
01:05:19de la Dream Team de basket
01:05:21et les autres stars de l'athlétisme
01:05:23se réunissent pour elle.
01:05:25C'est la seule adversaire possible
01:05:27pour Cathy Freeman.
01:05:29La presse australienne n'a lieu
01:05:31que pour Marie-Jo.
01:05:33C'est la femme qui menace
01:05:35ce que l'Australie attend,
01:05:37c'est-à-dire le triomphe de Freeman
01:05:39avec les aborigènes.
01:05:45La tension qu'elle recevait
01:05:47en permanence
01:05:49dans la frénésie constante,
01:05:51même à la simple mention
01:05:53de son nom,
01:05:55je me demandais comment
01:05:57elle le supportait.
01:05:59Je n'avais pas remarqué
01:06:01son mal-être.
01:06:03Je ne voyais pas le revers
01:06:05de la médaille.
01:06:07Sinon, j'aurais tenté de la joindre
01:06:09pour savoir comment elle allait
01:06:11et lui dire que je pensais à elle.
01:06:15Quand je vais chez Marie-Jo,
01:06:17à l'hôtel,
01:06:19il y a un balcon
01:06:21et en face de l'hôtel,
01:06:23un peu plus loin,
01:06:25il y a une très grande photo
01:06:27de Cathy Freeman.
01:06:29Un truc immense.
01:06:31Je me dis que tous les matins,
01:06:33tu te réveilles et tu vois Cathy Freeman.
01:06:35Si vous n'étiez pas à Sydney
01:06:37juste avant les Jeux Olympiques de 2000,
01:06:39vous ne pouvez pas comprendre.
01:06:41Cathy était affichée partout.
01:06:43Le monde entier voulait qu'elle gagne.
01:06:49Marie n'était pas habituée
01:06:51à cette situation.
01:06:53Jusqu'alors,
01:06:55elle était acclamée, aimée.
01:06:57Malgré ce que les médias français
01:06:59pouvaient dire,
01:07:01le monde la voyait
01:07:03comme une héroïne.
01:07:05D'un coup, elle est devenue la méchante.
01:07:11Marie-Jo n'a pas trop prévu ça.
01:07:15Elle arrive un peu toute seule.
01:07:17Il n'y a autour d'elle que cet entraîneur
01:07:19qui est un peu un vieux monsieur
01:07:21et ce compagnon que les Français
01:07:23ne veulent pas mettre dans la délégation.
01:07:25D'un seul coup,
01:07:27je me suis sentie isolée.
01:07:29Je suis coupée de tout.
01:07:31Je ne suis pas au village.
01:07:33Je vais m'entraîner dans un parc.
01:07:35Il aurait fallu que la délégation
01:07:37s'occupe de Marie-Jo.
01:07:39Ils ne font rien pour s'occuper d'elle.
01:07:41C'est une erreur tragique.
01:07:43Elle ne demandait pas grand-chose.
01:07:45Elle voulait juste s'entraîner
01:07:47à Narrabine sur le centre d'entraînement
01:07:49avec son entraîneur et profiter
01:07:51des installations et du staff médical.
01:07:53Il y a eu conflit
01:07:55parce qu'elle n'a pas eu cette aide.
01:07:57C'était rien.
01:07:59Si on avait protégé sa protection,
01:08:01aussi diva qu'on pouvait détester son comportement,
01:08:03elle aurait été championne olympique.
01:08:05C'est sûr et certain.
01:08:07Il y a eu un problème de management
01:08:09au niveau de la fédération.
01:08:15C'est plus facile de dire
01:08:17qu'elle aurait dû venir au village
01:08:19et qu'elle était ingérable.
01:08:21Mais votre rôle,
01:08:23c'était aussi de la protéger.
01:08:25C'est ça qui me dérange un peu
01:08:27dans cette posture de dire
01:08:29qu'en gros, elle a choisi.
01:08:31C'est elle qui voulait être toute seule.
01:08:33Elle n'aurait pas été toute seule
01:08:35si le soir,
01:08:37elle avait remporté la médaille d'or.
01:08:43On avait l'impression
01:08:45d'être épiées en permanence.
01:08:47Il y avait toujours une personne
01:08:49qui nous surveillait.
01:08:51Ça l'a rendue craintive.
01:08:53C'est normal.
01:08:55Ce que je vois,
01:08:57c'est que Cathy Freeman,
01:08:59c'est le symbole.
01:09:01Moi, je suis le grain de sable.
01:09:03Les gens essayent de me déstabiliser.
01:09:05Plus je réfléchis,
01:09:07je me dis qu'ils sont capables
01:09:09de me faire quelque chose.
01:09:11J'étais aux Etats-Unis
01:09:13quand il y avait eu les histoires
01:09:15de Nancy Kerrigan.
01:09:17Ces choses-là me reviennent.
01:09:19Une violente attaque
01:09:21sur une athlète américaine.
01:09:23Nancy Kerrigan,
01:09:25grande favorite des JO,
01:09:27a été attaquée à l'entraînement
01:09:29lors des championnats des Etats-Unis.
01:09:31Pourquoi ?
01:09:33Pourquoi ?
01:09:35Ce sont ces idées-là
01:09:37qui viennent.
01:09:39Je ne peux pas les repousser.
01:09:41Et je me dis
01:09:43que c'est mort et qu'il va m'arriver
01:09:45quelque chose.
01:09:47Est-ce que je dois
01:09:49mettre ma vie en jeu
01:09:51et tout ça n'est pas rationnel ?
01:09:53Mais quand tu es dedans,
01:09:55tout ça paraît
01:09:57super rationnel.
01:10:01Ce qui m'a vraiment fait partir,
01:10:03c'est quand une personne
01:10:05est venue dans ma chambre
01:10:07et m'a dit
01:10:09qu'il faut que je dégage.
01:10:11On va te faire la peau.
01:10:13Tu n'as rien à faire là.
01:10:15Je referme la porte,
01:10:17je m'assieds par terre
01:10:19et ils vont me tuer.
01:10:21Je dis à Antoine
01:10:23qu'il faut qu'on parte d'ici.
01:10:25Il faut qu'on rentre.
01:10:27Mais je ne peux pas faire les jeux.
01:10:33J'essayais de lui faire comprendre
01:10:35que tout allait bien se passer.
01:10:37Mais elle ne vous a pas écouté ?
01:10:39Non. Et c'est normal.
01:10:41La personne qui vit tout ça
01:10:43peut ressentir et percevoir
01:10:45des impressions différentes
01:10:47et peut se rassurer.
01:10:49J'étais présent,
01:10:51mais je ne pouvais pas réaliser
01:10:53ce qu'elle endurait mentalement.
01:10:59J'arrive à l'hôtel.
01:11:01Elle est partie.
01:11:13La rumeur a enflé.
01:11:15C'est devenu de la chaîne australienne Channel 7,
01:11:17une chaîne de télévision
01:11:19qui retransmet les jeux
01:11:21et qui aurait reçu un appel téléphonique
01:11:23d'un témoin qui aurait aperçu
01:11:25Marie-Josée Pérec à l'aéroport de Sydney.
01:11:29J'arrive à l'aéroport.
01:11:31J'ai Marie-Jo et Antoine qui sont là.
01:11:33Je leur dis
01:11:35ne partez pas.
01:11:37Si tu pars,
01:11:39c'est fini.
01:11:41Et puis elles partent.
01:11:43Je les vois partir de l'autre côté.
01:11:49Je me dis
01:11:51c'est fini.
01:11:55Je monte dans l'avion.
01:11:59Ça se termine comme ça.
01:12:01Tu ne te retournes pas.
01:12:09C'est la descente aux enfers.
01:12:13C'est dur.
01:12:15Je me dis
01:12:17c'est fini.
01:12:19C'est terminé.
01:12:21Je repars.
01:12:23Une fois que je suis sûre
01:12:25que j'attends.
01:12:27J'ai attendu à l'aéroport.
01:12:29Je crois que je suis restée jusqu'à ce que l'avion décolle.
01:12:31Je me disais qu'elle allait revenir.
01:12:33Elle va arriver dans l'avion.
01:12:35Elle va se dire que je ne peux pas.
01:12:37Je repars.
01:12:39J'attends.
01:12:41Elle vient à l'appart.
01:12:43L'avion a décollé.
01:12:45Elle est parvenue.
01:12:49C'est la première fois que j'en parle.
01:12:51Je n'en ai jamais parlé.
01:12:55C'est un truc tellement intime.
01:12:59J'ai entendu tellement de versions de cette histoire.
01:13:03J'étais toute seule.
01:13:11A la une, le départ dramatique
01:13:13de la concurrente de Cathy Freeman,
01:13:15Marie-Josée Perrec.
01:13:17La Française a fui hier soir en direction de Singapour.
01:13:23On prend un avion
01:13:25qui s'arrête à Singapour.
01:13:27Les gens savent que je suis partie.
01:13:29Ils ont envoyé des journalistes.
01:13:31On a ce caméraman
01:13:33qui nous suit de partout.
01:13:35L'athlète Marie-Josée Perrec
01:13:37et son fiancé sont interrogés
01:13:39par la police à Singapour
01:13:41après l'agression d'un caméraman
01:13:43par le fiancé.
01:13:49Avoir quelqu'un qui me suit,
01:13:51c'est une situation
01:13:53que je peux gérer.
01:13:55Mais ça me met mal à l'aise
01:13:57si elle est mal à l'aise.
01:14:09Il a compris son erreur.
01:14:11Il a été intimidé
01:14:13par ma corpulence
01:14:15et mon physique.
01:14:17Ce n'était pas nécessaire
01:14:19de le confronter.
01:14:21Il a vu par mon langage corporel
01:14:23qu'il était allé trop loin.
01:14:27La médaille d'or de la fuite
01:14:29pour la victoire
01:14:31de la victoire
01:14:33de la victoire
01:14:35de la victoire
01:14:37La médaille d'or de la fuite
01:14:39pour Marie-Josée Perrec
01:14:41Ça a été très violent,
01:14:43les réactions des gens,
01:14:45de la presse,
01:14:47aussi bien des Australiens
01:14:49que des médias français.
01:14:59Voilà, fin de carrière,
01:15:01triste fin de carrière
01:15:03pour Marie-Josée Perrec
01:15:05C'est un truc de malade
01:15:07quand j'y pense.
01:15:09On aurait dit qu'on avait tué quelqu'un.
01:15:17Tout a circulé.
01:15:19La peur d'un contrôle.
01:15:21Forcément, dans ces cas-là,
01:15:23tout est n'importe quoi.
01:15:25Sa théorie de l'agresseur
01:15:27semble infondée.
01:15:29Si quelqu'un s'est présenté à son hôtel,
01:15:31c'est sans doute des contrôleurs antidopage
01:15:33qui ont eu bien du mal à la trouver
01:15:35à cause de son planning d'entraînement aléatoire
01:15:37et son absence du village olympique.
01:15:41Alors je vais répondre
01:15:43sur le dopage
01:15:45parce que ça c'est vraiment le truc
01:15:47où personne ne peut m'attaquer là-dessus.
01:15:49Dès que je suis partie aux Etats-Unis
01:15:51en 1994,
01:15:53il y a un truc
01:15:55qu'on appelait
01:15:57le contrôle longitudinal
01:15:59où tu devais faire
01:16:01des prises de sang
01:16:03tous les 3 mois
01:16:05pour savoir si tu prenais
01:16:07des produits dopants.
01:16:09Moi, j'étais la première
01:16:11à aller le faire.
01:16:13Je me suis dit
01:16:15que j'allais le faire
01:16:17pour montrer aux gens
01:16:19que j'étais la plus clean de la planète.
01:16:21Quand je suis allée en Allemagne,
01:16:23j'ai continué ce suivi-là.
01:16:25Moi, de toute ma carrière,
01:16:27je n'ai jamais eu
01:16:29un problème comme celui-là.
01:16:41Et puis ce soir,
01:16:43je suis au centre de presse
01:16:45avec mon téléphone portable.
01:16:47Il y a un petit décalage horaire
01:16:49entre la France et l'Australie.
01:16:51Et là,
01:16:53je reconnais que c'est Marie-Jo.
01:16:55Elle m'a dit
01:16:57« est-ce que je peux te parler ? »
01:16:59On commence à discuter
01:17:01et je sens que ce n'est pas une conversation
01:17:03qui va durer 3 minutes,
01:17:05mais une heure
01:17:07et qu'elle va me donner sa version
01:17:09de ce qui s'est passé,
01:17:11m'expliquer.
01:17:13Je fais une page entière
01:17:15dans l'équipe du lendemain matin
01:17:17avec ses explications
01:17:19qui seront à peu près les seules qu'elle va donner.
01:17:21Elle appelle France Télé
01:17:23après, elle fait une interview à France Télé
01:17:25et puis ensuite, elle disparaît.
01:17:33Marie-Jo,
01:17:35une semaine après votre départ de Sydney,
01:17:37vous avez décidé de parler.
01:17:39Personne en France n'a vraiment compris
01:17:41ce qui s'était passé.
01:17:43Est-ce que vous, au moins, vous avez compris
01:17:45ce qui vous était arrivé ?
01:17:47Je dirais...
01:17:49Je dirais que
01:17:51je me suis laissée...
01:17:57Je dirais que j'ai craqué.
01:17:59J'ai craqué, je me suis laissée...
01:18:03Ma grand-mère m'a vue à la télé.
01:18:05Je n'arrive pas à trouver les mots.
01:18:07Elle m'appelle
01:18:09et elle me dit
01:18:11il faut que tu ailles voir quelqu'un.
01:18:13Je lui dis
01:18:15oui, oui, oui.
01:18:17Mais moi, j'ai besoin de personne pour aller mieux.
01:18:19Et en fait, je passe des années
01:18:21et des années et des années
01:18:23et j'arrive pas à m'en sortir.
01:18:25Est-ce que la championne va s'en sortir ?
01:18:31Sincèrement,
01:18:33si je suis obligée
01:18:35de répondre aujourd'hui,
01:18:37je dirais qu'on ne me verra plus courir.
01:18:41Et donc, c'est pour ça que je...
01:18:43Je préfère ne pas prendre cette décision maintenant.
01:18:49Les gens oublient que nous sommes
01:18:51des humains normaux dotés d'un don.
01:18:53Lorsqu'on possède ce talent,
01:18:55il y a forcément des manques ailleurs.
01:18:57On ne peut pas tout avoir.
01:19:01Elle a choisi
01:19:03ce qui était le mieux pour elle.
01:19:05J'espère que les Français
01:19:07comprennent désormais
01:19:09qu'elle n'a pas abandonné la France
01:19:11ou quitté le navire.
01:19:13Qu'elle n'a pas eu peur de perdre contre Cathy, non.
01:19:15Elle aurait pu la battre facilement.
01:19:17Ce qu'elle a dû supporter là-bas,
01:19:19oui, ça fait partie du sport
01:19:21et de notre métier.
01:19:23Mais ça ne veut pas dire qu'on doit le subir.
01:19:29Comparons les situations.
01:19:31Simone Biles, à Tokyo, a dit
01:19:33« Rien à foutre.
01:19:35Je ne suis pas bien mentalement
01:19:37pour concourir.
01:19:39Et je ne le ferai pas.
01:19:41Je laisse ma place. »
01:19:47Simone Biles se retire des Jeux olympiques.
01:19:49Voici son explication personnelle.
01:19:53La santé mentale avant tout.
01:19:55On peut se retirer d'une grosse compétition
01:19:57pour prendre soin de soi.
01:19:59Mais en 2021,
01:20:01il y avait une profonde réflexion
01:20:03sur la santé mentale des athlètes
01:20:05et tout ce qui l'entoure.
01:20:07Les gens ont accepté
01:20:09en disant
01:20:11« On aurait aimé la voir,
01:20:13mais on comprend.
01:20:15On la verra aux prochains Jeux olympiques. »
01:20:19J'ai aussi compris Marie.
01:20:21Je me suis dit
01:20:23« Si elle choisit cela,
01:20:25c'est une bonne chose,
01:20:27parce qu'elle lui appartient. »
01:20:57Ça aurait été incroyable
01:20:59de courir non pas contre elle,
01:21:01mais avec elle.
01:21:03Seulement si elle avait été
01:21:05en super forme.
01:21:09J'aurais été prête
01:21:11à perdre face à elle,
01:21:13sans aucun doute.
01:21:15Même en perdant,
01:21:17j'aurais signé mon record personnel.
01:21:19C'est un simple fait.
01:21:21J'aurais été prête
01:21:23à perdre face à elle.
01:21:25C'est un simple fait.
01:21:29J'avais très envie de la battre.
01:21:33Soyons honnêtes,
01:21:35c'est dommage
01:21:37de ne pas avoir eu cette occasion.
01:21:43Pendant des années, je ne voulais rien faire.
01:21:45Je suis sous le choc
01:21:47de tout ça.
01:21:49Je suis partie faire des voyages
01:21:51humanitaires.
01:21:53Je pense que le fait
01:21:55de voir d'autres choses,
01:21:57des enfants dans des orphelinats,
01:21:59ce sont des trucs
01:22:01vraiment durs.
01:22:03Je me suis dit
01:22:05que la vie,
01:22:07ce n'est pas Sydney,
01:22:09ce n'est pas tout ça,
01:22:11la vie.
01:22:19Je me souviens,
01:22:21je suis allé la voir à San Diego.
01:22:23Elle s'entraînait dans un centre d'entraînement
01:22:25à côté de San Diego.
01:22:29Ça ressemblait
01:22:31à un possible retour,
01:22:33mais là,
01:22:35c'était trop tard.
01:22:37Je l'avais revue
01:22:39faire des tours de piste à l'entraînement.
01:22:41Je m'étais dit
01:22:43que j'aurais vécu ça.
01:22:45Je l'aurais revue une dernière fois.
01:22:47C'est tellement beau quand tu es le corps.
01:22:49C'est un truc...
01:22:53Il n'y a pas beaucoup d'athlètes
01:22:55qui vous donnent ce frisson-là.
01:23:03La retraite officialisée
01:23:05de Marie-Josée Perrec,
01:23:07l'athlète ouadloupéenne,
01:23:09renonce définitivement à sa carrière sportive.
01:23:15Je rencontre Seb en 2004.
01:23:17Des médaillés
01:23:19au jeu de Nagano
01:23:21en ski acrobatique.
01:23:25On a Nolan
01:23:27en 2010.
01:23:33Cette petite maison-là,
01:23:35elle a l'air pas mal.
01:23:37En bois, là.
01:23:39Tu veux passer tes vieilles journées ?
01:23:41Dans cette petite maison,
01:23:43ça peut être pas mal.
01:23:45On en reparlera au premier cyclone.
01:23:53Mon fils, au début,
01:23:55quand il était petit,
01:23:57les gens me disaient beaucoup bonjour
01:23:59ou voulaient faire des photos.
01:24:01Quand on lui demandait de faire une photo,
01:24:03il se prenait en photo plutôt que de prendre les gens.
01:24:05Je n'ose pas imaginer
01:24:07quand il rentrait chez eux
01:24:09qu'il découvrait qu'il avait la photo de mon fils
01:24:11à la place de la photo qu'il voulait.
01:24:15C'est la photo.
01:24:19Il aime faire des blagues.
01:24:23Je vais déposer ma veste là-bas.
01:24:39Je suis stressée.
01:24:41Je ne sais pas ce que je vais raconter.
01:24:43On dirait que t'étais cool.
01:24:47Ça va bien se passer.
01:25:13Je suis vraiment très heureuse.
01:25:15Je pense que vous n'avez pas idée.
01:25:21Il y a beaucoup d'images
01:25:23qui remontent ici.
01:25:25Lorsque je ne voulais pas travailler,
01:25:27je me cachais un peu partout.
01:25:31Quand je vois Stéphane,
01:25:35j'ai aussi les souvenirs
01:25:37où ils vomissaient par là
01:25:39avec le groupe de Fernand
01:25:43et avec le groupe de François.
01:25:45Nous, c'était le coin là-bas,
01:25:47juste à côté des photos.
01:25:49C'est bien d'avoir mis la photo.
01:25:53C'est l'une des plus grandes coureuses
01:25:55de 400 mètres de l'Histoire.
01:25:57Marie-Josée Pérec.
01:26:01C'est une reine.
01:26:03C'est une reine, en fait.
01:26:05Ici, c'est vraiment
01:26:07beaucoup de souvenirs,
01:26:09beaucoup d'émotions.
01:26:11Ça faisait 8 mois que je ne m'entraînais plus.
01:26:13J'avais arrêté l'athlète
01:26:15et je suis tombée sur François Pépin.
01:26:17François Pépin,
01:26:19c'est mon sauveur.
01:26:21Parce que sinon,
01:26:23toute cette belle histoire n'aurait pas été écrite.
01:26:31Je pense que j'étais
01:26:33pas facile à gérer
01:26:35et je pense que les gens faisaient
01:26:37beaucoup d'efforts pour m'accompagner.
01:26:39Merci pour tout ça.
01:26:41Merci à tout le monde.
01:26:45C'est vraiment exceptionnel
01:26:47ce qu'elle a réalisé.
01:26:49À cette époque, le niveau était tellement élevé.
01:26:51Quelques centièmes de secondes
01:26:53seulement séparaient les athlètes.
01:26:55D'avoir réussi ce qu'elle a accompli
01:26:57à ce moment-là,
01:26:59ça laisse une empreinte indélébile.
01:27:01N'importe quel coureur de 400 mètres
01:27:03s'intéressera forcément au succès de Marie Perrec.
01:27:11N'importe quel enfant aimerait atteindre son niveau.
01:27:15Ses records tiennent toujours en France.
01:27:19Les jeunes de maintenant sont motivés au quotidien
01:27:21pour espérer arriver à sa hauteur.
01:27:23J'aimerais voir les athlètes d'aujourd'hui
01:27:25concourir contre elle
01:27:27lorsqu'elle était à son apogée.
01:27:29Ils n'ont aucune chance.
01:27:33Aucune chance.
01:27:41Avec le temps,
01:27:43ce parcours,
01:27:45je trouve qu'il est super beau.
01:27:47Il est caboussé,
01:27:49c'est pas linéaire.
01:27:51Enfin, c'est moi, quoi.
01:27:57Et puis, moi, j'ai envie de dire aux gens
01:27:59est-ce que vous pensez
01:28:01qu'avec la carrière que j'ai eue
01:28:03que j'allais partir sans faire de bruit, quoi ?
01:28:05J'ai envie de dire aux gens
01:28:07est-ce que vous pensez qu'avec la carrière que j'ai eue
01:28:09que j'allais partir sans faire de bruit, quoi ?
01:28:35C'est comme...
01:28:37tous ceux qui partent de rien
01:28:39respectent ça.
01:28:41Mais tous les jours s'entraînent acharnément
01:28:43pour pousser leurs limites,
01:28:45pour acquérir ce qu'ils méritent.
01:28:47C'est ce qu'on va que la vie est.
01:28:49Struggle !
01:28:51La vie, c'est comme un jeu de poker.
01:28:53Parce que tu perds ou tu gagnes,
01:28:55on le gagne.
01:28:57Même le platinum.
01:28:59C'est pareil pour tous ceux qui,
01:29:01dans différents domaines, veulent briller.
01:29:03Les ennemis, ils connaissent. Les obstacles, ils connaissent.
01:29:05Il y en a même qui sont morts pour leurs rêves
01:29:07car les faits, c'est un mystérieux.
01:29:09Ils ont cherché à tuer leur carrière
01:29:11pour des fausses manipulations.
01:29:13Mais ça, c'est une autre histoire.
01:29:33Et quand tu portes
01:29:35Métissez-vous.
01:29:37Toi, par exemple,
01:29:39dans ta famille, il y a ce métissage.
01:29:41C'est ça ?
01:29:43Oui.
01:29:45Mon grand-père vient de
01:29:47Villeneuve-Montagne.
01:29:49Ah oui, c'est ça, Pérec.
01:29:51C'est donc ton grand-père paternel.
01:29:53Oui.
01:29:55C'est peut-être pour ça que tu portes
01:29:57avec bonheur Métissez-vous.
01:29:59C'est un athlète.

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