• il y a 4 mois
franceinfo a lancé une série de contenus pour mettre en lumière la fabrique de l’information. Dans cette nouvelle vidéo, découvrez les coulisses du podcast Cold Cases et Le métiers de journaliste police-justice.

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00:00Bonjour à tous, aujourd'hui on fait découvrir les coulisses du métier de journaliste police-justice.
00:05Et il y a plusieurs semaines, le service PJ de France Info a sorti la nouvelle saison de son podcast « Cold Case ».
00:12Une deuxième saison qui revient sur six affaires criminelles non résolues
00:16et qui retrace le long et douloureux combat des familles pour connaître la vérité.
00:20David Di Giacomo, chef du service PJ de France Info, revient pour vous sur les dessous de ce travail.
00:26Comment ont-ils fait le choix des enquêtes ?
00:29Comment ne pas se laisser submerger par les récits difficiles ?
00:32Ou encore, comment recueillir la parole des familles ?
00:35Les coulisses de « Cold Case », saison 2, c'est tout de suite.
00:48Céline Giboire a-t-elle mis fin à ses jours, comme l'ont très vite pensé les enquêteurs ?
00:53Ou a-t-elle été victime d'un homicide ?
00:55C'est en tout cas la conviction de la famille de cette lycéenne de 16 ans.
00:59Son corps a été retrouvé au pied d'une falaise de Saint-Malo le 28 février 2012.
01:05Et 12 ans plus tard, les deux thèses, du meurtre et du suicide, s'affrontent toujours.
01:17Au départ, il y a un travail de recherche en source ouverte.
01:21Donc, on peut aller voir différentes émissions sur des affaires criminelles,
01:27voir quelles affaires ont été traitées, quelles autres ont été moins.
01:30Nous, ce qu'on voulait, c'était trouver des affaires justement qui étaient moins connues du grand public.
01:35On ne voulait pas retourner dans l'affaire Grégory, la théorie de Chevaline.
01:39Là, on voulait aller chercher des affaires que le grand public connaisse moins, voire pas du tout.
01:45On cherche aussi avec nos contacts, c'est-à-dire notamment les avocats
01:49qui s'occupent spécifiquement de ces affaires non résolues.
01:53Et ça s'est passé comme ça pour l'affaire Céline Gibouard, qui est donc le premier épisode du podcast.
02:19C'est difficile, oui, effectivement, parce qu'on est face à des personnes qui témoignent, qui acceptent de se livrer complètement.
02:34Et quand elle nous raconte la disparition de cette petite fille de 9 ans, Sabine Dublon, c'est terrible et c'est très difficile à entendre.
02:44Et évidemment que c'est très lourd.
02:46Donc après, l'idée, c'est quoi ?
02:48C'est d'en parler entre nous aussi quand on revient d'une interview difficile,
02:52puisque si après on en parle, ça fait quand même déjà du bien de le garder pour soi.
02:57Et puis, alors pas pour ce podcast, mais quand on suit notamment des procès difficiles aussi,
03:02où on est amené à entendre des victimes.
03:06C'était le cas notamment pour les procès des attentats du 13 novembre ou l'attentat de Nice.
03:12Et bien sûr que Radio France met à disposition aussi des psychologues qui peuvent écouter les journalistes,
03:18parce que parfois, effectivement, ça peut être difficile.
03:20Ce qu'on peut faire aussi, c'est dire bon, là, tu vas faire une pause d'une semaine.
03:23On va faire un relais au moins de quelques jours.
03:26Il faut faire toujours attention à ça.
03:28Il faut aussi savoir faire des pauses pour faire retomber la pression et tout ce qu'on a entendu.
03:35Tout a été perdu.
03:36Il y avait de la vidéosurveillance dans notre ville.
03:39Ça, ils ne l'ont même pas demandé.
03:41Dans les trams et les bus, il y a des caméras de vidéosurveillance.
03:44Ils ne l'ont pas demandé non plus.
03:46Les antennes relais de téléphone.
03:48Je me rappelle, je leur ai demandé de figer parce qu'il y en a une juste à côté ici.
03:51Ils m'ont dit oui, mais pour ça, il faut du matériel informatique.
03:54Je leur ai dit je vous achète un disque dur si c'est que ça.
03:57Non, ils ne sont pas voulus.
03:58Tout ce qu'il faut faire quand il y a une disparition inquiétante, ils ne l'ont pas fait.
04:02En fait, pour eux, le caractère inquiétant, il n'existait pas jusqu'à qu'il y ait l'affaire Hollandais.
04:12Le problème, c'est que dans ce dossier, il y a deux juges d'instruction qui sont toujours nommés.
04:20Donc, les enquêteurs en charge de l'affaire, pour respecter le secret de l'instruction,
04:24ils ne peuvent pas parler au micro.
04:27Mais bien sûr que toutes les parties sont sollicitées pour savoir ce qui a été fait, ce qui a été mal fait.
04:32En revanche, dans cette affaire, et c'est vraiment frappant, c'est la sœur.
04:37C'est la sœur qui a fait vraiment une contre-enquête toute seule, qui est allée partout pour rechercher le moindre indice.
04:43On l'entend, son combat était incroyable.
04:46Elle a réussi à faire avancer les choses et finalement, grâce à elle, elle a réussi aussi, et à sa famille,
04:53à convaincre la justice de nommer deux juges d'instruction et donc de ne pas lâcher.
04:58Alors que si elle n'avait pas fait tout ça, tout ce qu'elle explique dans l'épisode,
05:03clairement, là, l'affaire, le dossier serait refermé.
05:08Le père de Stéphane tente alors de joindre ses amis au téléphone.
05:11Ce soir-là, Stéphane a beaucoup bu.
05:13Un camarade raconte l'avoir amené dans la bibliothèque vers 2h30 du matin pour qu'il se repose.
05:19Une demi-heure plus tard, un vigile le voit sortir de l'école en titubant.
05:23C'est la dernière fois que Stéphane Camogne sera aperçu vivant.
05:27Impossible ensuite de savoir ce qui s'est passé.
05:34Nous, évidemment, on n'enquête pas réellement sur l'affaire.
05:37Ce qu'on peut éventuellement faire, c'est une contre-enquête,
05:40c'est mettre en avant ce qui n'a pas fonctionné justement dans l'enquête.
05:44Mais voilà, parfois, une contre-enquête peut apporter des éléments déterminants
05:48et peut faire basculer une affaire, bien entendu.
05:51Ici, dans le podcast, notre idée de départ, c'était pas de dire on va faire 6 contre-enquêtes.
05:57Pour autant, Gaëlle Jolie, dans son épisode,
06:00elle a quand même interrogé le directeur de cette école des arts et métiers
06:05pour respecter, bien entendu, le contradictoire.
06:07Ça, c'est le boulot, j'allais dire, classique de journaliste et normal.
06:14Ce qui était très, très dur, c'est qu'au départ, je comptais les jours.
06:20Ensuite, les semaines, les mois.
06:26Et puis maintenant, on compte les années.
06:30Ça, c'est terrible, c'est terrible.
06:41Oui, voilà, on peut les appeler directement, leur expliquer le projet
06:44et puis ensuite voir si elles sont d'accord.
06:47Il y a aussi la possibilité, comme je disais, de contacter les avocats,
06:50dans un premier temps, leur avocat ou leur avocate,
06:54de leur demander si leur client parlerait ou pas,
06:58pour éviter de déranger une personne qui ne souhaiterait pas du tout avoir affaire au journaliste.
07:03Ça peut être aussi une façon de leur éviter ça.
07:06Puis, à ce moment-là, s'il y a un feu vert, on les appelle,
07:09on se présente, on discute au téléphone.
07:12Il y a des échanges informels avant de faire l'interview.
07:15On leur demande de se livrer pendant un temps long.
07:17C'est pas une petite interview de 5 minutes pour un podcast.
07:20Un podcast, c'est une interview longue.
07:22On passe une demi-journée ensemble.
07:24Donc, après, une confiance s'installe en général,
07:27parce qu'ils savent que ce qu'on souhaite faire, c'est évoquer leur affaire,
07:32mettre en avant leur combat, sans faire de voyeurisme non plus.
07:35Il faut se dire aussi que toutes ces familles, je voulais le préciser quand même,
07:38elles ont aussi de l'espoir.
07:39Il y a quand même de l'espoir que ce soit résolu.
07:42Elles continuent quand même à avancer, à vivre,
07:45même si cette affaire reste toujours dans un coin de leur tête.
07:49Ce qui est fort aussi, c'est l'énergie déployée.
07:52C'est le cas de Jonathan Oliver qu'on vient d'entendre,
07:55qui a 78 ans et qui a toujours cet espoir-là.
07:57Il me disait aussi, moi, je vis bien, je fais mes activités, etc.
08:01Je m'occupe bien, mais dès qu'il y a quelque chose
08:04qui concerne la disparition de ma fille, j'arrête tout.
08:07C'est à nouveau la priorité.
08:08Et c'est comme ça depuis 27 ans et ce sera toujours le cas.

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