7 MINUTES POUR COMPRENDRE - JO 2024: quand les Français se prêtent aux Jeux

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Une organisation quasi sans faute, des sportifs qui cartonnent, des mascottes qui s'arrachent et des sourires qui reviennent sur les visages... La France a finalement basculé, à la surprise générale, dans la JO mania.

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00:00Alors il y a la frige qui s'est invitée à notre table parce que dans un instant on sera avec son
00:09créateur, le directeur du design de Paris 2024, Joachim Rossin. Elle s'arrache désormais, c'est
00:15un privilège de la voir. Olivier Strach est avec nous, psychologue-clinicien du sport et Véronique
00:20Ressoul, vous êtes présidente de Backbone Consulting et spécialiste de l'analyse de
00:24l'opinion. C'est vrai qu'on a oublié toutes ces polémiques, on a oublié tous les doutes de quand
00:28vous datez la bascule. À partir du moment où il y a eu cette cérémonie d'ouverture qui aurait pu
00:33être un naufrage et finalement ça a été une réussite, c'est là vraiment où l'engouement
00:38a commencé à se torder ? C'est au moment de la cérémonie. Pour vous donner une idée de l'engouement
00:45qu'il y a eu déjà en termes d'attention ce soir-là dans le monde, il y a eu 6,7 millions de messages
00:52sur la cérémonie dans le monde et 1,8 million de messages sur la France.
00:59Tout le monde était devant. Les mots qui ont été les plus associés pendant la cérémonie,
01:04c'était beau, fabuleux, rêve, incroyable, fier, mais le premier mot c'était France. Ensuite c'était merci,
01:11donc ça commence à nous donner une idée de ce qui était en train de se passer. En fait, il y a
01:15eu comme une espèce de catharsis ce soir-là et depuis, la catharsis ne redescend pas.
01:21Et cette catharsis, c'est comme si les gens avaient une envie de collectif, une envie de positif et
01:27globalement, je vais vous dire, des moments où vous trouvez à peine 5% de messages négatifs,
01:33c'est rare et c'est le cas. Et ça ne redescend pas vraiment, même les parisiens commencent à
01:39être positifs pour vous dire. La pluie a lavé en quelque sorte la France de ses soucis. Puisque
01:45vous parlez catharsis, on va tout de suite aller voir Olivier Strach, psychologue du sport. On était
01:50quand même dans une sale période, il y avait beaucoup d'angoisse, beaucoup d'incertitude. Est-ce
01:54que ça a pris malgré cette angoisse ou quelque part grâce à cette angoisse ? Est-ce qu'on avait
01:59besoin de ça ? Bonjour à tous. Déjà, je pense que pour compléter l'intervention qui vient d'être
02:07faite, ça fait plusieurs mois quand même qu'on voit grandir l'intérêt, la concrétisation des
02:13Jeux olympiques avec toutes les initiatives, les manifestations portées par les comités
02:18départementaux, les fédérations. Et puis avec l'arrivée de la flamme olympique, je crois que
02:22c'est venu vraiment concrétiser dans le quotidien des Français avec l'espace médiatique et la
02:27cérémonie d'ouverture ces enjeux-là. Effectivement, maintenant le contexte socio-économique,
02:33géopolitique est de nature assez anxiogène. Et peut-être que cette fête que représentent les
02:42Jeux olympiques est l'occasion, l'opportunité aussi pour les Français de rêver, de se retrouver,
02:47de partager des moments ensemble, de communiquer. Olivier Strack, il y a quelque chose qui est
02:52fascinant, c'est que la plupart des athlètes n'étaient pas connus du grand public avant les
02:58Jeux olympiques, alors hormis les vedettes. Mais même un Léon Marchand, il y avait beaucoup de
03:02gens qui ne le connaissaient pas. Et aujourd'hui, on l'acclame, c'est devenu un véritable dieu,
03:07c'est devenu quasiment un Zidane. Comment vous expliquez cet engouement pour des athlètes
03:12qui, il y a encore une semaine, dix jours, n'étaient pas connus ? C'est vrai qu'il y a un
03:17vent de fraîcheur, on va dire, avec cette nouvelle génération. C'est vrai que ces Olympiades, c'est
03:23un savant mélange de sportifs plus aguerris, qu'on a l'habitude de connaître, et puis de
03:27nouveaux pouces qui émergent, qui arrivent assez décomplexés, avec beaucoup d'enthousiasme,
03:32et auxquels finalement on va s'identifier assez facilement. Je pense qu'on a aussi beaucoup plus
03:40humanisé les sportifs ces dernières années, en parlant de santé mentale chez les sportifs,
03:44en parlant de la maternité chez les sportifs de haut niveau. Donc tous ces éléments font que
03:52finalement, au lieu d'avoir simplement des icônes, des héros, on a des êtres humains auxquels on peut
03:57s'identifier, qui nous ressemblent, et avec lesquels on va développer davantage d'empathie,
04:01et avec qui on va finalement vibrer et raisonner au gré de leurs émotions. Puisqu'on parle de
04:07sport, Véronique Reissoult, je me souviens de la phrase de Sébastien Nko à Londres en 2012,
04:10il y avait eu le même climat avant les Jeux, et il avait dit « ne vous inquiétez pas, ça va
04:15s'arrêter à la première médaille d'or ». Dans quelle mesure ça a pris parce que sportivement ça
04:19marche ? Il y avait déjà cette envie de médaille, on va dire. Après, ce qui est effectivement
04:26impressionnant, c'est de voir à quel point finalement, on avait envie d'or, mais on a
04:32envie de médaille, mais on a envie de sportif, on a envie d'exploit. Effectivement, les trois quarts
04:37n'étaient pas connus aujourd'hui, maintenant je peux vous dire que la notoriété de Léon Marchand
04:41en France et à l'international n'est plus à faire. C'est même devenu une référence,
04:45c'est même une expression. Tu fais une marchand, voilà, c'est devenu une expression. Et globalement,
04:50ce n'est pas tant de l'or que de l'exploit dont les gens ont envie. Évidemment, ils préfèreraient
04:56qu'il y ait de l'or à chaque fois, mais il suffisait de regarder les messages qu'il y avait
05:00hier autour de Titouan, où les gens disaient, ben voilà, mon pauvre, vas-y, on est avec toi,
05:04c'est formidable. Il y avait une autre réalité aussi, que globalement, quand vous êtes français,
05:10vous avez bien râlé, en tout cas, c'est la réputation que nous avons. Et là, même quand
05:14on est quatrième, habituellement, les gens iraient en disant, ah voilà, c'est nul, on est quatrième,
05:18comme d'habitude. La même quatrième, les Français disent, c'est génial. Donc globalement, c'est la
05:24folie des médailles, dès le premier jour est arrivé. Et pour continuer à vous donner des
05:30idées de chiffres, mais c'est à peu près 2 millions à 3 millions de messages par jour. En France,
05:34c'est le premier pays et c'est toujours lié, soit au sport, soit aux personnalités. Et après,
05:40il y a toujours un ou deux sportifs qui sortent en premier. Et c'est toujours extrêmement positif,
05:45sachant qu'aujourd'hui, je ne vais pas vous révéler quelque chose d'incroyable, mais je
05:51crois que la France a envie de Teddy, c'est à peu près ce que j'ai lu le plus. Teddy Riener qui
05:57entre en lice aujourd'hui, parce qu'on l'a dit tout à l'heure, ça va vraiment être une incroyable
06:02journée avec toutes nos stars qui sont sur le terrain. Il y a un objet qui illustre cette
06:07bascule, cet engouement désormais pour les Jeux olympiques. C'est elle, c'est la mascotte,
06:12la frige Joachim Rossin. C'est vous qui l'avez imaginée, cette mascotte. Qu'est-ce qu'on n'a
06:18entendu sur elle ? Elle a été l'objet de toutes les critiques, on s'est moqué d'elle. Et là,
06:23là, elle s'arrache. C'est un peu la revanche de la frige ? Écoutez, je ne sais pas si c'est la
06:29revanche. En tout cas, je pense qu'à partir du moment où il y a une nouveauté, il y a quelque
06:33chose de nouveau, et surtout une mascotte qui est censée être un objet extrêmement populaire,
06:39eh bien, il y a toujours la recherche du bon mot, de la critique. Ce n'était pas aussi bien que
06:46Footix, ce n'était pas aussi bien que je ne sais quelle autre mascotte. Donc, oui, elle a été
06:52énormément critiquée. Et moi, en fait, avec notre équipe, chez Paris 2004, on était conscient de
07:00son pouvoir d'attraction. On savait qu'elle était très chouette et qu'il fallait que les Jeux
07:07commencent pour que je pense que les gens se l'approprient et faire en sorte que ça se passe
07:14pour le mieux. Je pense que c'est aussi dû, et c'est grâce aux performances des athlètes. Je
07:19pense que tout le monde adore, comme vous le disiez, Léon Marchand, Teddy Riner aujourd'hui. Je pense
07:26que ça fait aussi partie de ça, c'est cette liesse populaire. On a envie d'en faire partie. La
07:31mascotte, c'est le digne représentant aujourd'hui de Paris 2024. Perrine le disait, il s'en vend des
07:37remorques, des friges en ce moment. On a une idée du nombre que vous avez pu écouler ? Pas du tout.
07:43Là, je suis très mauvais en chiffres. Je suis un peu meilleur en dessin. Véronique, je crois que
07:49vous vouliez réagir. L'engouement est tel qu'il y a même maintenant des tas d'internautes qui
07:55mettent la petite frige dans leur bio ou qui signent tout avec. Elle est apparue aussi sur
08:02les réseaux, alors qu'avant, elle était raillée, critiquée, comparée à des tas de choses qui
08:07n'avaient rien à voir avec l'histoire. Là, l'engouement se retrouve même dans les bios.
08:11La petite frige qui se retrouve dans les bios. Bravo Joachim, c'est un vrai succès. Merci à tous
08:19les trois. La fièvre olympique qui va encore grimper aujourd'hui avec un programme en or,
08:24on en parlera dans le journal de 8h30.

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