ADJAMÉ VILLAGE: Les victimes du déguerpissement parlent, la chefferie fait toute la lumière

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Transcript

00:00Au petit matin du jeudi 25 juillet 2024, les populations d'Adiamelle Village ont été

00:12surprises dans leur sommeil par une opération de dégarbissement dans le cadre du prolongement

00:17et des ramifications de la voie du quatrième pont. Malgré la faroche opposition des jeunes

00:21du dit village, l'opération a pu aller à son terme avec plusieurs bâtiments rasés.

00:26Dans l'après-midi du lundi 29 juillet 2024, notre équipe de reportage s'est rendu sur les

00:31ruines d'Adiamelle Village. Sur place, certaines victimes du dégarbissement, le sachant où aller,

00:36racontent leur calvaire parfois avec colère. On savait que la chefferie était en négociation

00:42avec l'état du Côte d'Ivoire. Mais on ne savait pas à quel moment les démolitions allaient avoir

00:47lieu. Puisque pour nous, il fallait attendre la fin du processus après avoir pris toutes les

00:52mesures d'accompagnement. À ce moment-là, quand on procède à une démolition, on était

00:57tranquillement chez nous. Quand on apprend qu'il y aurait une opération de démolition,

01:01on se réveille avec des machines au bout du village. Franchement, on ne s'y attendait pas.

01:05Le matériel ne va pas remplacer ou ne va pas combler le préjudice qu'on a eu en fait. C'est

01:12terrifiant de voir sa maison s'écouler, de voir ses frères en pleurs. Tout le monde pleure,

01:18tout le monde est démoralisé, tout le monde a foulé. Dans la panique, on ne sait pas quoi faire.

01:23La maison n'existe plus, on ne peut pas aller quelque part. C'est là que nous sommes. On a

01:27notre église qui est là, qui nous accueille. La chefferie nous accueille, nos voisins nous accueillent.

01:31C'est comme ça qu'on vit.

01:48Tout ce que vous avez fait, vous n'avez pas donné. Vous avez fait quoi ? Vous n'avez pas méché avec vous ?

01:54Vous avez venu nous trouver, nous déranger ? Vous avez venu nous casser tous les gamins,

01:59casser tous les gens. On a voulu toutes nos choses. Regardez comment je suis. On a voulu toutes mes affaires.

02:05On a cassé toutes mes affaires. Je suis malade, je n'ai plus rien. La cheffe là, elle n'a pas appris

02:13qu'elle soit avec vous. Des toits et des bois, des trucs inutiles. Ils ne sont pas pour vivre.

02:20On fait comment ? On n'a plus rien sur nous. Ils ont tout volé, plus rien. C'est de ça qu'on vit.

02:27Voyez nos enfants qui sont là ramassés. On jette là, les gars viennent payer, ils font signe sur

02:33leur pot, on mange. Pendant qu'on avait quelque chose, maintenant on n'a plus rien, rien sur nous.

02:39Après ces différents témoignages, nous nous sommes rendus à la chefferie du village où se

02:43tenait une réunion de crise pour avoir une version officielle sur cette opération de

02:48déguerpissement qui continue de susciter de nombreuses réactions à travers le pays.

02:51Entouré de nombreuses femmes, le coordonnateur général des activités d'Adiame Village,

02:56Kaku Jean-Marc, parlant au nom de la chefferie, a donné sa version des faits.

03:00Le jeudi matin vers les 5 heures du matin, nos braves populations se sont réveillées

03:06au bruit des penteuses pour venir démolir l'emprise de la voie du 4ème pont. Nous n'avons

03:13pas été informés de cette opération de déguerpissement. Nous déplorons ce qui s'est

03:17passé. Nous étions en discussion avec le gouvernement ivoirien. Il y a eu des

03:21couacs dans la discussion, mais nous étions sur de très bonnes voies pour aboutir à un consensus

03:27pète des valeurs culturelles, pète de vie humaine, pète de biens matériels et de biens financiers.

03:33Voilà en quelque sorte le bilan de cette lourde opération. Le village d'Abi Diagame a été profané.

03:37Une profondation ne se quantifie pas. Vous parlez de déguerpissement, nous nous parlons de

03:42profondation de nos terres, de notre culture, de l'âme. Le village a été détruit dans sa moitié.

03:47Les tracés initiaux ne passent pas dans le village d'Abi Diagame et ça c'est la vérité.

03:51Mais vous voyez, le village d'Abi Diagame a accepté des faits de compromission. C'est pour cela que

03:56nous sommes allés à la table de négociation avec le gouvernement parce qu'il a fallu mettre

04:00un peu d'eau dans notre vin. Il va falloir revoir la liste des sinistrés et des empathes.

04:05Les vrais empathes, les vrais sinistrés, ce sont les personnes qu'on voit dans la cour.

04:09Abi Diagame, le village, n'est pas un quartier. Il y a des journalistes qui ont donné l'exemple

04:12de Yao Seyi, de Zo Bruno. Ce sont des quartiers. Ici, nous sommes dans un village. Cet air appartient

04:19aux Zébriers d'Abi Diagame. Bien, j'ai entendu des gens dire que les Zébriers ont fait des bails

04:23amphithéotiques, c'est-à-dire des bails de 99 ans. Dans un village, faire un bail de 99 ans,

04:28tous les bâtiments appartiennent aux Zébriers. Nos frères, que ce soit des étrangers ou des locaux,

04:34ce ne sont que des locataires. Comment est-ce que vous conviendrez avec moi un locataire qui loue

04:39un bâtiment à une indemnisation de 20 à 26 millions et le propriétaire du bâtiment à 2 000 à 3

04:44millions. On m'a dit qu'on indemnisait les biens. Un magasin, par exemple, de coutu,

04:48ou de confection de drapeaux, est indemnisé à 28 à 27 à 20 millions. Le monsieur dans le bâtiment

04:54duquel il a abrité ce bâtiment est indemnisé à 3 millions. Le ratio est incomplet, il est faux.

04:59J'ai demandé au DG de la Giroute de revoir la liste. La liste est purement fausse. La liste doit

05:04se faire en comitement avec la chefferie d'Abi Diagame. C'est la seule chefferie qui a l'habileté

05:10à dire qu'il est sinistré ou qu'il n'est pas sinistré. En attendant de trouver une solution

05:14à cette situation, certaines victimes qui ont tout perdu se débrouillent comme elles peuvent pour

05:19survivre.

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