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ÉducationTranscription
00:00Le Magasin Littéraire de La CIR TV
00:20Salut à tous et bienvenue à PONTUATION, le magasin littéraire de La CIR TV.
00:25La CIR TV
00:29PONTUATION est un vétéci
00:32pour voir un peu comment la vie de Guillaume Polonovia continue,
00:40comment ses œuvres survivent à son départ,
00:43comment l'artiste survit à l'aube.
00:46C'est à l'occasion de l'organisation des funérailles littéraires et artistiques du disparu,
00:53mais le plus important dans cette édition, c'est de lire Guillaume Polonovia à travers un espace vétéci.
01:01Et pas moins que le chef de vétéci a, en guise d'invité, en posture d'invité,
01:09Sa Majesté Jean-Jacques Doudoumou, chef traditionnel mais en même temps révérend Jean-Jacques Doudoumou,
01:17homme de Dieu, bienvenue à la PONTUATION pour la seconde fois.
01:21Je vous remercie de m'avoir invité.
01:24Surtout qu'il faut venir parler de mon frère Guillaume Polonovia,
01:29qui a été un très grand homme.
01:31Quand nous avons reçu, il y a quelques mois, une année, comme ça,
01:38on n'imaginait pas que c'était de l'hôtessie dont on parlait.
01:43Ah ! Vous n'imaginiez pas que c'était de l'hôtessie ?
01:48Oui, on se disait, bon voilà, il est chef traditionnel dans le sud, mais...
01:52C'est bien l'hôtessie, avec Guillaume notamment.
01:57Voilà, évidemment, je suis chef de l'hôtessie,
02:01parce que dans l'histoire, disons que l'hôtessie a été créée vers 1912,
02:07du temps des Allemands.
02:09Vous savez, dans tout le sud, on allait prendre des papiers
02:13et vous créez le village en Kolmogok, qu'on appelle aujourd'hui le Lodov.
02:18Un des hôtes est allé là-bas, il a ramené le papier,
02:22le village d'une hôtessie, et il était le premier chef.
02:25Mais je trouve que sous la tutelle française, vers 1940-45,
02:31on s'est dit que l'hôtessie était grande.
02:34Et il y a une famille influente qui a dit,
02:38autant créer l'hôtessie deux.
02:42Ça ne changera rien, mais ça permettrait une administration plus proche des populations.
02:47Et puis ça a été fait, les populations ont accepté.
02:50Et voilà l'hôtessie un, l'hôtessie deux, avec deux chefs.
02:54Mais nous vivons comme étant dans un seul village, l'hôtessie.
02:59D'ailleurs, vous voyez les ouvrages de Guillaume, c'est une hôtessie.
03:02Je me suis laissé dire que l'hôtessie, ça veut dire la terre fertile.
03:07Vous savez que le nom cache des réalités.
03:13Dans la tradition d'ailleurs, ton nom définit même ta destinée.
03:19Donc, quand on dit une hôtessie, ça veut dire que la terre est fertile.
03:24Et effectivement, nos parents nous ont dit que la terre d'une hôtessie était plus fertile même que maintenant.
03:30D'où le nom.
03:31Alors, un des marqueurs de cette fertilité,
03:34c'est bien Guillaume Oyenombia, dont on célèbre l'œuvre immense,
03:40fertile en imagination créatrice, fertile en production d'œuvres littéraires.
03:46Comment entrez-vous en contact avec lui ?
03:48C'est par naissance.
03:51Par naissance, parce que quand je suis né, il est mon grand frère.
03:55Il est né avant moi.
03:57Et quand j'ai grandi, on le connaissait comme étant une des lumières du village, une étoile du village.
04:08Parce qu'il a commencé à vite écrire.
04:13J'étais encore même au primaire lorsqu'il a sorti ses premiers ouvrages.
04:17Donc, le premier contact, c'était pendant les vacances, quand lui venait aussi au village.
04:24Parce qu'il était aussi un bon footballeur.
04:27Et tous les jeunes, pendant les vacances, vont jouer à notre carrefour.
04:32Et Guillaume était un très bon footballeur.
04:35On se retrouvait là-bas, lui étant bien plus âgé que nous.
04:39Et avec ses observations, à chaque fois, quand tu fais un tacle, il dit, ce n'est pas le ngoc, c'est le football.
04:47Le ngoc, c'est un jeu traditionnel où on lance les salets.
04:52Alors, il vous dit, mais on joue au football, on ne joue pas le ngoc ici.
04:57Donc, c'est pour dire que c'est depuis mon enfance qu'on s'est connus.
05:01Alors, une connaissance, par naissance, par connaissance et par reconnaissance aussi,
05:06parce que ces oeuvres vont parcourir le monde et vous serez fier de cela.
05:11Le contact avec l'une de ces oeuvres, c'est quoi la première oeuvre ?
05:17C'est le club établi en Mali, qui était même au programme dans des établissements scolaires comme on est.
05:27Qui a mis l'an au programme, qui a eu un record de longévité au programme.
05:32Oui, vraiment très long, et il est toujours d'actualité.
05:36Quand on le lit, c'est comme s'il l'avait écrit hier, parce que ce qu'il décrit est actuel.
05:43C'est vraiment la vie des populations nouveau-tassées.
05:46Tout à l'heure, avant de vous rencontrer, de faire cette émission,
05:50nous avons été mis au-devant des visages physiques, vivants et vibrants,
05:57de personnages qui figuraient dans l'ouvrage.
06:00Par exemple, Juliette, voilà, représentant un mari.
06:04Et puis, celle qui constitue, qui est au centre du livre, notre fille.
06:12Qui se mariera par Hélène, elle s'appelle Hélène.
06:14Voilà.
06:15C'est sa petite sœur.
06:16Donc, il n'avait pas le droit à chercher...
06:18Non, non, non.
06:19D'ailleurs, même dans le dernier ouvrage, qu'on a dédicacé à la petite costume,
06:23Les choses vont changer.
06:24Il y a le nom des personnes.
06:26Je crois qu'il voulait leur faire un petit clin d'œil.
06:29Parce que le chef, il en est salé.
06:31C'est un des oncles du village, qui est déjà décédé.
06:34Il a voulu, n'est-ce pas, en mémoire de lui, faire de lui le chef dans cet ouvrage.
06:41En lisant ces ouvrages, vous, le frère, mais aussi le lecteur,
06:45vous voyez le déroulé de la vie quotidienne, ici.
06:51Je me retrouve parfaitement dans tous ces ouvrages.
06:54Et je vous dis que, comme ça a été dit tout à l'heure,
06:59il était fertile en imagination pour créer ces scènes-là.
07:05Vous savez, quand vous lisez son ouvrage,
07:09vous pouvez même déjà anticiper la réponse qui va suivre.
07:12Parce que le fond est, par nature, plein d'humour.
07:18Il est même un peu narquois.
07:22Mais ça ne va pas loin, ce n'est pas profond.
07:26Mais c'est pour amuser, c'est pour faire rire.
07:29C'est comme si on rit en taquinant, en provoquant, ou alors en redressant les mœurs.
07:36En même temps.
07:37Parce qu'à travers ces ouvrages,
07:39il veut montrer aux populations que certains aspects ne sont pas bons,
07:46qu'il faut les abandonner.
07:48Et c'est à ce moment-là que, dans son ouvrage,
07:51il présente cette scène-là,
07:53et les critiques sont données par d'autres personnages du livre.
07:57Et ça devient une leçon.
07:59Est-ce que les natifs d'ici présentent comme un brevet,
08:05ou un laisser-passer, ces œuvres, quand ils vont partout ?
08:08Vaut-il les questions ?
08:10Vaut-il, on va dire quoi, du célébrisme du bien ?
08:15C'est chez nous.
08:16Écoutez, on ne peut pas négliger ce fait qu'on est un comitant de Vautécie.
08:26Surtout que Vautécie, c'est un nom qui est entré dans l'histoire littéraire.
08:34Dans le dictionnaire.
08:35Dans le dictionnaire universel.
08:37D'ailleurs, il avait pris soin de me le dire quand il était venu me montrer ce dictionnaire.
08:41Il a dit que ce n'est pas dans la rousse, c'est dans le dictionnaire universel.
08:45Alors, racontez-moi un peu. Il est venu comment ?
08:47Eh bien, j'étais à la maison.
08:50C'était mon ancienne maison.
08:52Et vers 20 heures, j'ai entendu une voiture s'arrêter dans la cour.
08:57Et puis, j'ai demandé qui c'est.
09:00On m'a dit que c'était mon frère Guillaume.
09:02Donc, je suis allé l'accueillir.
09:05Et on s'est assis.
09:07J'ai dit, qu'est-ce qui se passe à pareille heure ?
09:10Il dit comment ?
09:11Je suis en train de monter.
09:12Tu me dis encore de monter ? Je monte.
09:15Alors, lui-même avait amené des dictionnaires.
09:18Il a appelé son compagnon.
09:20Il a dit, donne ça au chef.
09:22J'étais déjà chef.
09:24Il m'a donné.
09:25Il dit, tu as quelqu'un qui peut te lire ?
09:27J'ai dit oui.
09:28J'ai appelé un de mes neveux qui est venu.
09:31Et il m'a dit, quelle page ?
09:34On a ouvert la page.
09:36Il dit, du côté gauche.
09:39Il dit, vers la droite.
09:41Il a indiqué.
09:42Et il dit à l'enfant, regarde donc ce qui est écrit en italique là.
09:47En gros.
09:48Le gars, l'enfant, il dit, lit tout.
09:52Alors, moi, je vais lire justement.
09:54Parce que c'est ça, les dictionnaires universels.
09:56Mais il y a aussi de la rousse.
09:58Ça s'achète.
09:59Oui.
10:00Alors, il a écrit.
10:01On dit quoi ?
10:02On vous tessit.
10:03On vous tessit.
10:04On vous tessit.
10:05Village du Cameroun, au sud-est de Yaoundé.
10:10Unnaki Giyomu Yonumbia qui fait vivre ses habitants dans plusieurs comédies.
10:19Trois prétendants à Marie.
10:22Jusqu'à Nouvelle-Albie.
10:24Notre fille ne se mariera pas.
10:26Le train spécial de son excellence.
10:30Et on peut passer également.
10:32Donc, il y a non seulement la précision que c'est lui, que c'est son village.
10:36Mais en même temps, une petite revue de ses différents ouvrages publiés.
10:41Voilà.
10:42Donc, grâce à ses écrits, vous tessit, figure dans l'œuvre.
10:46Oui, c'est une marque éternelle.
10:48Vous voyez, c'est...
10:50Alors, n'éveille pas en vous l'idée d'en faire un lieu de pédérinage, un circuit touristique ?
10:56Je voudrais déjà vous dire que dans nos projets, nous avons un CS.
11:01Et les autorités nous ont rassuré qu'on va le transformer en lycée.
11:06Ce lycée, nous nous disons qu'il s'appellera Lycée Giyomu Yonumbia.
11:10Au cadre fond de notre village.
11:12Voilà déjà une marque de reconnaissance de ce qu'il a fait pour notre village.
11:16Et les idées peuvent continuer de foisonner.
11:19Parce que quand on va inaugurer ce lycée, on peut penser à beaucoup d'autres choses que nous allons faire.
11:24Mais nous voulons commencer par là.
11:26Alors, on va commencer pour cette année 2023 par les funérailles littéraires et artistiques.
11:33Une manière de dire, il est fréquentable et son lieu de vie est fréquentable également.
11:39Visitable, j'allais dire.
11:41Oui, disons que ça a été très original et très pertinent de penser à organiser une cérémonie baptisée funéraille littéraire et artistique.
11:54Lorsque moi j'ai d'abord lu ça, je me suis dit,
11:58voilà, certainement qu'il y aura beaucoup d'autres littéraires,
12:02beaucoup d'autres artistes qui vont venir faire la fête en Russie, à la mémoire de Giyomu.
12:07Allons-y peut-être sur cette fameuse histoire de trois prétendants et un mari,
12:12dont on doit dire que l'œuvre a été écrite en classe seconde.
12:17Ah oui, lui-même nous avait raconté.
12:20Il l'a écrite en étant en seconde, je crois qu'il était à l'Ibanda.
12:25Et rapidement, on a mis ça au programme.
12:28De telle sorte que quand il est arrivé en terminale, c'était déjà au programme.
12:32Et quand il va à l'oral, le professeur français l'interroge sur son œuvre sans le connaître.
12:39Il ne savait pas que c'était Giyomu.
12:41Il lui pose des questions, Giyomu répond.
12:44Il dit, ce n'est pas pourtant ça.
12:46Derrière la pensée de l'auteur, il y avait ceci, il y avait cela.
12:50Giyomu lui dit que c'est ça, c'est moi-même l'auteur.
12:54Il dit quoi ?
12:56C'est vous Giyomu Yonombi ?
12:57Il dit oui.
12:58Ah, moi j'étais revenu de Paris.
13:00Giyomu dit, c'est la première fois que j'arrive à Yaoundé.
13:03Dans Paris, je ne suis jamais allé là-bas.
13:06Semble-t-il que c'était, il confondait...
13:09Giyomu Yonombi.
13:10Ferdinand Yonombi.
13:11Ferdinand Yonombi.
13:12Giyomu Yonombi.
13:13Exactement, apparemment.
13:14Apparemment, il a dû confondre.
13:16Alors, sachez qu'à partir de cette histoire-là,
13:19le professeur est allé à l'ambassade de France
13:21dire que j'ai retrouvé Giyomu Yonombi, à ce qu'on cherchait.
13:23Parce qu'on le cherchait pour faire jouer cette pièce
13:27à l'inauguration du centre culturel français à Yaoundé.
13:30Donc, le professeur a dit à Giyomu de revenir le lendemain
13:35parce qu'il va lui dire quelque chose.
13:38Il va aller voir l'ambassadeur.
13:40Et quand Giyomu revient, on l'emmène à l'ambassade de France.
13:44L'ambassadeur dit à M. Giyomu Yonombi, c'est bien vous ?
13:47Il dit oui, monsieur, c'est moi.
13:49Prenez place.
13:50Vous prenez un peu de champagne ?
13:52Alors, il me dit qu'à l'époque, il y avait une sucrerie
13:56qu'on appelait Champagne.
13:57Top Champagne.
13:58Top Champagne.
13:59Champagne soda.
14:00Oui, c'est vrai.
14:01Donc, lui, il entend Champagne.
14:02Il croit que c'est le top Champagne.
14:04Il dit oui, oui, je peux prendre.
14:06On lui verse une bonne rasade.
14:08Il boit ça au bout de l'eau.
14:10Il boit, il boit.
14:11Mais il se dit, j'avais un goût, un bon goût là, quand même.
14:15On dit, vous voulez encore ?
14:18L'ambassadeur était surpris qu'il avale ça.
14:21Ses yeux brillèrent.
14:23Il perdait sa lucidité.
14:25Oui.
14:26Alors, maintenant, après les deux verres,
14:28il dit que ça a commencé un peu à tourner.
14:31Il se demandait, est-ce que c'est le Champagne qu'on prend d'habitude ?
14:34Bref, c'est pour dire que Guillaume pouvait nous raconter des histoires.
14:39On pouvait passer toute une soirée avec des anecdotes, des histoires.
14:44Les histoires qu'il prenait, parce que vous disiez tout à l'heure
14:49que les chants ont chevillé au corps l'humour.
14:53Les chants ont de l'humour.
14:56Oui, Guillaume était naturellement plein d'humour.
15:00Ça veut dire que partout, à tout moment,
15:03il ne pouvait pas partir de quelque part sans vous faire rire.
15:07La plupart des fonds sont comme ça.
15:10On aime beaucoup l'humour.
15:12Mais nous avons eu la bénédiction qu'il y ait eu quelqu'un
15:16qui a écrit, qui sache écrire,
15:20et qui fait que maintenant, c'est fixé.
15:23C'est-à-dire que ça pouvait disparaître avec le temps.
15:26Maintenant, ça ne peut plus disparaître.
15:28L'humour se retrouve dans tous ces ouvrages.
15:31Je vous dis que nous en sommes fiers.
15:33L'humour a augmenté, de l'intelligence aussi.
15:36D'autres anecdotes, par exemple, celle de sa carrière.
15:39Ça, c'est fou, ça.
15:41Oui, écoute, Guillaume a fait toute sa carrière.
15:45Il n'avait que des avances de solde.
15:48Est-ce qu'il était matriculé ?
15:51Non, ça veut dire qu'après la sortie de l'école,
15:56on a su qu'il est revenu.
15:58On l'a même intégré.
16:00Mais il faut faire un dossier pour les effets financiers.
16:04Il n'a pas fait de dossier.
16:06Lui, il donnait le cours.
16:08Bon, il avait des vacations, il prenait,
16:11mais au niveau de la fonction publique à Monèze,
16:14il était sous avance de solde, je vous dis bien.
16:17Et au moment où il allait à la retraite,
16:20il est venu me voir.
16:22Ça veut dire après combien d'années de travail ?
16:24Mais Guillaume a travaillé peut-être 25 ans au moins, ou 30.
16:28Donc au moment où il part à la retraite…
16:30À la retraite, donc, il vient me voir et il dit que
16:33« Aboula, vraiment, moi, regarde mon salaire.
16:38J'ai regardé ça, j'ai dit mais
16:40tu es là comme un jeune fonctionnaire qu'on recrute.
16:44Tu as l'avance de solde juste.
16:46Il faut faire un dossier.
16:48Alors on s'est mis à faire un dossier.
16:50À l'époque, j'étais à la primature, je m'en souviens bien.
16:53Et nous sommes allés à l'enseignement supérieur.
16:56On a régularisé ses bureaux de temps.
16:58On a fait tout un dossier.
17:00Et on a régularisé toute sa situation administrative
17:04avec des calculs, des effets financiers.
17:08D'ailleurs, j'ai eu quelques problèmes avec un collègue
17:11qui devait faire des visas, qui a dit que
17:13« Mais c'est trop, ça, je dis, ça ne sort pas de ta poche, mon ami.
17:16Ce sont des droits. »
17:17Il a travaillé pour ce pays.
17:19Donc, je suivais donc le dossier.
17:21Je suivais donc le dossier.
17:22Et le premier ministre a signé l'acte
17:24qui lui faisait des rappels.
17:26Et de temps en temps, il passait à la maison pour s'informer.
17:29Et samedi, j'ai pris un vendredi,
17:32samedi, il vient à la maison.
17:33Il dit « Aboula, Naya, j'attends toujours. »
17:36J'ai dit « Non, tu ne vas plus attendre. »
17:39J'entre dans la chambre, je prends l'acte et je lui donne.
17:42Je ne dis pas le montant qu'il y avait.
17:45Il prend, il lit, il lit.
17:47Il dit « Attends un peu. »
17:49Il appelle sa femme. « Donne-moi les lunettes. »
17:51Elle est là.
17:53Il dit « Quoi ?
17:54Tout cet argent, c'est pour moi ?
17:56Aboula, c'était un pactole. »
17:58« Hein ? C'était un pactole ? Comment ? »
18:00Après, il me dit « Bon, conseille-moi.
18:02Que j'ai acheté une cantine pour mettre ça dedans. »
18:04Vous voyez, c'est ça.
18:06Beaucoup de biais devant.
18:08Beaucoup de biais.
18:09Mais quand il a lu le papier, il dit
18:11« Maintenant, on va commencer à chercher
18:13les Mercedes, les pianos et tout. »
18:15Bref, il dit
18:17« Tu ne m'as pas conseillé. Il faut que j'achète la cantine. »
18:19Je lui dis « Non, tu n'as pas besoin d'une cantine. »
18:22« Tu peux même un peu virer ça. »
18:24Il dit « Non, c'est pour dire
18:26que tu joues plein d'humour. »
18:28Mais il a fait toute sa carrière comme ça.
18:31Simple.
18:32Une carrière qui est d'ailleurs
18:34rythmée par des rebondissements
18:36comme celui-là.
18:37Qui lui crut ?
18:38On doit préciser qu'il était enseignant d'anglais.
18:40Il a étudié en Grande-Bretagne.
18:43On doit préciser qu'il a eu beaucoup de prix.
18:46Énormément de prix.
18:47Le Président de la République,
18:49le tout premier, avait dessiné
18:51un prix spécial à Guillaume.
18:53En 1970.
18:54Voilà.
18:55Chaque ouvrage était...
18:57D'ailleurs, le concours.
18:59...des grands prix à ce niveau-là.
19:02Il a traduit dans plusieurs langues.
19:04Est-ce qu'on a vu bourgeonner, sortir
19:07de nouveaux talents
19:09à la suite de Guillaume Oyonomiya ?
19:12Je dois dire que
19:14l'impact que quelqu'un peut avoir
19:16dans la société n'est pas toujours immédiat.
19:19Ce n'est pas toujours immédiat.
19:21Et ce n'est pas tout le monde qui accède
19:23à la compréhension de ce qu'il dit
19:25dans ses ouvrages.
19:27Certains ne les ont jamais lus.
19:30Peut-être même n'ont-ils pas vu
19:32ses pièces jouées.
19:34Mais quand nous nous retrouvons
19:36et qu'on parle, par exemple,
19:39de ses ouvrages,
19:41on peut appeler certaines scènes.
19:43C'est à ce moment-là qu'on se dit
19:46qu'il y a des gens qui avaient quand même lu
19:48et qui ont retenu quelque chose.
19:50Ces ouvrages n'ont pas été
19:52vraiment vulgarisés en tant que tels,
19:54mais ceux qui ont lu
19:56ont toujours retenu quelque chose.
19:58Que diriez-vous aux jeunes
20:00qui nous écoutent,
20:02qui nous regardent ?
20:04Est-ce que ce serait un très bon modèle
20:06pour ceux qui sont en apprentissage d'écriture,
20:09qui savent écrire
20:11ou qui veulent avoir un style propre ?
20:14Mon conseil aux jeunes,
20:16en caractère un peu plus général,
20:18c'est que ta destinée
20:21ne dépend pas
20:23du rang social
20:25de ta famille.
20:27C'est-à-dire que tes parents
20:29peuvent être des pauvres,
20:31des ratés, des analphabètes.
20:33Mais toi, par ton travail,
20:35par ton sérieux,
20:37par une vie de valeur,
20:39tu as réussi à venir
20:41faire vivre la famille.
20:43Donc il ne faut pas avoir
20:45de préjugés
20:47ou d'approche à ces origines.
20:51Je crois que quand Guillaume
20:53nous racontait ces derniers noms,
20:55ça lui n'a pas été aussi facile
20:57qu'on peut le croire,
20:59parce que ses parents n'étaient pas
21:01les plus riches du village,
21:03mais il a bravé
21:05des étapes parfois difficiles
21:07parce qu'il savait ce qu'il cherchait.
21:09Il a vite compris l'importance
21:11qu'il y a à étudier.
21:13Et c'est ça que je dis
21:15à tous les jeunes de ce village,
21:17que c'est chacun qui prépare son avenir.
21:19Et on a mis en place
21:21une certaine organisation
21:23pour qu'il n'y ait plus
21:25de déperdition scolaire,
21:27c'est-à-dire qu'il n'y ait pas un enfant
21:29qui va à l'école et qui ne va pas à l'école
21:31parce qu'il manque les moyens.
21:33Nous le faisons beaucoup plus
21:35qui n'ont pas de parents,
21:37et nous encourageons les parents
21:39en leur disant que la priorité
21:41c'est l'investissement sur les enfants.
21:43Donc ce conseil général que nous donnons
21:45aux jeunes de Ouveteci,
21:47en leur disant, regardez l'origine de Dieu,
21:49c'est le travail,
21:51c'est les valeurs dans la vie,
21:53vous pouvez devenir comme lui.
21:55Sur l'écriture, justement, on célèbre
21:57quelqu'un qui est parti il y a deux ans,
21:59bon, on voit qu'il n'est pas parti,
22:01ça veut Juliane, Juliana,
22:03a décidé de fouiller
22:05dans les fonds archivistiques
22:07et pour remettre
22:09à flot
22:11les tapisseries
22:13dont
22:15les choses vont changer
22:17suivi du discours et nous a confié
22:19que ce n'est pas la seule
22:21qui va avoir d'autres oeuvres de ce type.
22:23Il était
22:25très prolifique,
22:27il était surdoué,
22:29une faculté à créer
22:31des choses pleines d'humour.
22:33Et il avait un sens
22:35par rapport au mot.
22:37– Je voudrais qu'on dise,
22:39pour terminer cette émission,
22:41c'est quoi l'impact
22:43d'un rendez-vous
22:45comme
22:47les funérailles littéraires
22:49et artistiques, je dois préciser que c'est une grande
22:51première au Cabron, sauf si
22:53on me corrige,
22:55qu'est-ce qu'on en attend ?
22:57Qu'est-ce que ça dit de l'écriture ?
22:59– Je crois qu'un événement comme ça
23:01vient montrer qu'il y a
23:03des personnes qui veulent
23:05donner toutes leurs valeurs
23:09aux littéraires
23:11et aux artistes,
23:13à la culture.
23:15Ça veut dire que
23:17beaucoup de gens
23:19prennent les
23:21acteurs
23:23culturels
23:25comme des perdus,
23:27et il y a
23:29même eu un moment où on croyait que la musique
23:31là, c'était pour les bandits.
23:33Bon, je crois qu'on est en train
23:35de valoriser l'art
23:37et la culture
23:39avec de telles cérémonies
23:41et je crois que
23:43ça va encourager les autres
23:45qui sont dans le sérage.
23:47Pour nous, vraiment,
23:49une telle cérémonie nous honore
23:51et ça permettra aux chefs
23:53de comprendre le rôle qu'ils devraient jouer
23:55parce que dans ce village
23:57on devrait pouvoir trouver
23:59une sorte
24:01de case culturelle.
24:03– Oui, de musée,
24:05de panthéon.
24:07– On devrait trouver
24:09des ouvrages,
24:11des objets d'art
24:13que nos populations
24:15peuvent faire. C'est ça qui manquait
24:17beaucoup et je pense que la conscience
24:19est déjà là de promouvoir
24:21la culture et une telle
24:23cérémonie ne pourra que
24:25contribuer à faire comprendre
24:27que la culture
24:29c'est le même développement.
24:31Sans culture, il n'y a pas de développement.
24:33– Je précise que vous-même, vous êtes auteur.
24:35On vous a reçu tout récemment pour
24:37un essai
24:39essentiellement évangélique. Est-ce qu'il y a
24:41d'autres chantiers d'écriture ?
24:43– Oui, il y a des chantiers. Le troisième ouvrage
24:45devra apparaître
24:47avant la fin du mois de mai.
24:49Le troisième.
24:51Je ne savais pas que j'allais écrire
24:53mais ça a demandé de beaucoup
24:55de personnes qui m'ont écouté.
24:57Ils m'ont dit qu'il faut fixer ça par écrit.
24:59J'ai compris qu'on ne peut
25:01être utile vraiment qu'en écrivant.
25:03Tu vas partir, tu ne parleras plus
25:05mais les ouvrages que tu auras
25:07écrits vont parler.
25:09– On serait très heureux de vous voir
25:11jouer le bal à fond.
25:13– Ah ah ah !
25:15– Voilà encore un artiste.
25:17– Et que ce bal
25:19rapporte des fonds.
25:21Bal à fond.
25:23Merci beaucoup.
25:25Merci beaucoup.
25:27Nous avons reçu chez nous ici
25:29un Voutessi A
25:31et nous avons donné envie
25:33de relire les chroniques
25:35de Voutessi et
25:37toutes les oeuvres de
25:39Guillaume Léa. Merci d'être passé
25:41à ponctuation. – Je suis honoré
25:43de vous accueillir dans mon village
25:45à l'occasion de ce
25:47travail littéraire et artistique
25:49et surtout que vous m'ayez donné l'occasion
25:51de parler de mon frère
25:53qui est éternel à travers
25:55ces oeuvres. Et je remercie
25:57la CRTV pour avoir
25:59une telle initiative.
26:01– Restez sur la CRTV
26:03parce que la CRTV
26:05c'était Ponctuation
26:07à mardi prochain.