Stépahne Mantey, photographe à L'Équipe, est revenu ce mardi dans Première édition sur une Une inconique du journal, après la médaille d'or française en judo par équipes.
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00:00Et parmi ces photos qu'on retient, parmi ces photos coup de cœur et qui ont été tant commentées, il y a cette une de l'équipe que vous avez signée, Stéphane Manté avec Bernard Papon,
00:09où l'on voit l'équipe de France de judo qui pose avec la médaille en regardant l'objectif vers le ciel en forme de cœur.
00:17Comment l'idée vous est venue et techniquement aussi, comment vous l'avez réalisée cette photo ?
00:22L'idée, elle part en fin de compte d'une petite défaillance de la veille. Teddy fait sa finale en individuel, en or,
00:29et Bernard Papon qui est donc derrière le robot.
00:32Parce que c'est un robot photographe, c'est ça ?
00:35C'est ça, c'est comme un bras articulé sur lequel on pose un appareil photo, qui est situé au-dessus du tatami.
00:43Et Bernard est au centre de presse, il dirige ce robot, il dirige ces robots, puisque nous en avons quatre.
00:49A l'initiative de notre rédacteur en chef, Franck Seguin, il y a quelques temps, on s'est dit, allez, on va faire comme les grosses agences,
00:55on va faire des robots, on va s'installer, on va se professionnaliser à fond pour avoir les mêmes images, et ça réussit pas mal.
01:00Et donc du coup, lors de la fin du combat de Teddy, il se met à genoux, il regarde vers le ciel,
01:05et malheureusement Bernard ne peut pas avoir cette photo parce que son robot s'en balle un petit peu.
01:09Donc on est un peu déçus, mais il me dit, on va récupérer ça, essaye de faire Teddy qui pose avec sa médaille au tapis en regardant vers le ciel.
01:19Et puis on fait cette photo qui marche plutôt pas mal, et on se dit, demain on refait la même avec l'équipe, avec toute l'équipe.
01:25Et là où le petit coup de chance intervient, c'est-à-dire que moi je leur dis, mettez-vous en rond,
01:31et puis le rond n'est pas tout à fait parfait, en fin de compte il forme un cœur, et puis c'est ce cœur que notre rédacteur en chef...
01:37Le cœur n'était pas scénarisé en fait.
01:39Non, non, c'était compliqué de leur dire, mettez-vous en cœur, j'aurais dit plutôt mettez-vous en rond.
01:43Quelle différence !
01:44Et puis ça a bien matché, et puis ça nous a sorti cette magnifique photo dont on est assez fiers.
01:49C'est vraiment un beau travail d'équipe, mais pas seulement avec Bernard et avec moi, avec tout l'ensemble du staff et des photographes de l'équipe.
01:55La technique plus la chance, ça fait la magie il paraît.
01:57La plus belle photo que vous avez prise au cours de ces Jeux, Stéphane, ou la plus belle photo que vous ayez vue de ces Jeux, ce serait quoi ?
02:03Alors la plus belle photo que j'ai vue, c'est à nouveau une photo d'un des photographes de l'équipe,
02:07qui est situé à Tahiti pour l'épreuve du surf de ce surfeur brésilien qui sort de la vague avec le bras tendu.
02:19C'est une photo magnifique qu'on a vue, c'est une photo qui est parue assez vite, qui a fait pas mal le buzz.
02:24Et c'est Lilou Valéré qui est un photographe qui est installé là-bas et qui travaille pour nous, qui a pu faire ce cliché.
02:30C'est vraiment un très très beau cliché.
02:32Qu'est-ce qui fait la différence entre une bonne photo et une photo de légende ?
02:35Celle qui subjugue et celle qui va rester dans l'histoire ?
02:38C'est compliqué à dire, je pense que déjà l'événement lui-même sur des Jeux Olympiques,
02:45cette photo s'il l'est faite au championnat d'une petite île, elle va avoir moins d'impact.
02:52Là il faut dire que les meilleurs sportifs sont là, également les meilleurs photographes.
02:56Et les plus beaux sites aussi.
02:58Et là en ce qui concerne les sites, à Paris on est gâtés parce qu'on fait des photos absolument incroyables.
03:03Donc c'est un petit peu un mélange de le niveau de la compétition, le niveau des acteurs eux-mêmes,
03:10qui fait que la photo devient légende à ce niveau-là.
03:15Il y a des sportifs qui vous aident, je pense à Remco Evenepoel, le Belge,
03:18qui est champion olympique, qui pose son vélo au pied de la tour Eiffel en levant les bras.
03:22Là c'est pour vous qu'il le fait.
03:24Oui c'est pour nous, c'est pour la télé, c'est peut-être un peu aussi pour lui.
03:28Mais effectivement il y a des sportifs qui sont beaucoup plus démonstratifs que d'autres,
03:32et nous on en profite absolument.
03:34Il y a des sportifs qui veulent récupérer vos photos ensuite ?
03:37Il y en a qui ne se gênent pas, même pour nous les prendre sur les comptes Instagram de l'équipe, des choses comme ça.
03:42Mais oui il peut nous arriver d'avoir des sportifs qui nous demandent des photos.
03:46Après nous on essaye de les envoyer, de leur donner,
03:49parce que le bon rapport entre le sportif et le photographe il est primordial.
03:53Moi je pense que si je n'avais pas cette relation un petit peu, pas privilégiée,
03:56mais avec Teddy Riner, quand je lui ai dit va sur le tapis,
04:00si j'étais un inconnu pour lui, il ne l'y aurait pas été.
04:03Il y a des sports qui sont plus durs ?
04:06Ah oui il y a des sports qui sont plus durs, les sports qu'on photographie moins souvent.
04:10Moi par exemple j'ai beaucoup de mal à photographier le volleyball,
04:13et beaucoup de mes confrères le disent aussi.
04:15Le volley c'est super à voir mais c'est dur à photographier.
04:17C'est drôle.
04:18Alors que bon, ça ne paraît pas plus difficile que le hand,
04:22mais moi le volley j'ai un peu du mal, mais pourtant c'est un superbe sport.
04:25Il y a combien de clichés qui sont pris pour une photo retenue ?
04:30Là encore ça dépend de l'intensité du match,
04:33l'intensité de ce qui se passe sous nos yeux.
04:35Des fois on peut faire une journée à 5000 photos.
04:395000 photos ?
04:405000 photos oui.
04:41Pour une seule qui paraîtra le lendemain ?
04:435000 photos c'est sur l'ensemble de la journée,
04:45donc on couvre entre 3 et 4 événements par jour,
04:48donc ça fait quand même pas mal de photos.
04:50Mais c'est vrai que le choix est assez drastique,
04:52et il faut faire attention un petit peu,
04:54surtout avec le matériel qu'on a maintenant qui est assez moderne,
04:57ça va vite.
04:58Et c'est vous qui choisissez ou c'est le journal ?
05:01Le premier choix c'est le nôtre,
05:03c'est celui qui fait qu'on envoie nos photos.
05:05Ensuite c'est le journal, c'est le service iconographique,
05:08ainsi que la direction de la rédaction qui choisit la photo qui sera passée dans le journal.
05:13Mais bien souvent il y a aussi une réalité par rapport à ce qui est écrit dans le journal,
05:17donc il y a des besoins, il y a des demandes,
05:19il faut essayer de s'y attacher au mieux.
05:22Merci d'être venu aussitôt Stéphane,
05:23et puis merci à tous vos collègues qui nous font vivre aussi les jeux de la plus belle des façons,
05:27les photographes de presse qui sont des journalistes,
05:29il faut rappeler aux gens qui nous regardent que ce sont des journalistes exactement comme les autres,
05:32sauf qu'ils ont un petit truc en plus.
05:34Je vous remercie.