L'immaturité Permanente.

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00:00:00Si on met les enfants et les adultes à égalité, si on considère qu'on peut traiter les enfants de la même manière que les adultes,
00:00:06et inversement d'ailleurs, alors on s'autorise à faire aux enfants ce qu'on fait aux adultes,
00:00:12c'est-à-dire ce que les adultes se font entre eux, notamment sur la question de la sexualité.
00:00:16Donc effectivement, le développement, je dirais, très inquiétant et profondément organisé pour le coup,
00:00:23le développement de l'éducation à la sexualité dans les écoles publiques évidemment,
00:00:26est très inquiétant à ce niveau-là, parce qu'on voit tout de suite les dérives que ça implique.
00:00:36Bienvenue dans cette nouvelle interview du Média en 4-4-2.
00:00:40Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Thomas Bouchion. Bonjour.
00:00:43Bonjour.
00:00:45Alors, vous êtes écrivain, vous avez été rédacteur du site d'information d'égalité et réconciliation pendant 6 ans,
00:00:52vous avez également fait partie de l'équipe éditoriale de Contre-Culture,
00:00:56et on vous reçoit aujourd'hui pour la sortie de votre livre « L'immaturité permanente,
00:01:01combattre l'infantilisation des esprits » aux éditions Contre-Culture,
00:01:05sorti déjà au mois de février de cette année.
00:01:08Merci d'être avec nous, Thomas Bouchion.
00:01:10Merci à vous.
00:01:12Alors, ce livre, c'est à la fois une analyse sociologique de l'état mental de la société française,
00:01:18mais c'est aussi une vive critique de ce qu'elle est devenue.
00:01:22Le titre est pour le moins évocateur.
00:01:24Alors, pourquoi avoir choisi cette axe d'écriture avec pour thématique l'infantilisation,
00:01:30véritable fil d'arial de votre livre ?
00:01:33Alors, j'ai choisi cette axe parce qu'il me semblait qu'il reflétait,
00:01:39je dirais, le cœur de ce que je pouvais observer dans l'évolution récente de la société française,
00:01:46notamment, mais plus largement occidentale.
00:01:48Et c'est un livre que je n'avais pas l'intention d'écrire au début,
00:01:52mais qui est devenu un petit peu nécessaire,
00:01:55notamment durant la période du Covid, où je me suis rendu compte d'un certain nombre de choses.
00:01:59J'ai réussi à mettre des mots sur ce que je sentais depuis un certain temps
00:02:03et ce que beaucoup de gens sentent depuis un certain temps,
00:02:05qui est effectivement l'infantilisation de la population.
00:02:08Et j'ai essayé dans ce livre de travailler sur l'aspect psychologique de la chose,
00:02:13essayer déjà de décrire le phénomène,
00:02:16parce que si je veux rappeler très rapidement la structure du livre,
00:02:18dans une première partie, je me contente de décrire le phénomène,
00:02:21c'est-à-dire que je dis ce que je vois,
00:02:23j'essaie de mettre des mots sur ce que beaucoup de personnes peuvent observer
00:02:27et ce qui est très agaçant aujourd'hui, dans des comportements vraiment infantiles.
00:02:31Et dans ces comportements, j'essaye de trouver une sorte de point commun,
00:02:35une sorte de moteur qui expliquerait tout un tas de comportements différents,
00:02:40et notamment un moteur psychologique,
00:02:42que j'essaie d'identifier dans cette première partie,
00:02:44qui est tout simplement la lutte contre toutes les contraintes qui caractérisent l'enfance.
00:02:49Et j'essaie de repérer ce moteur psychologique dans les comportements adultes aujourd'hui,
00:02:55dans les comportements des adultes, comme des enfants justement.
00:02:58Et ensuite, j'essaie de réfléchir plus dans une seconde partie sur l'aspect intellectuel,
00:03:04ou plutôt les conséquences intellectuelles de cette attitude, de ce rapport au monde.
00:03:08Et j'essaie d'identifier ce qui, notamment, chez beaucoup d'adultes aujourd'hui,
00:03:13beaucoup de personnes qui sont censées être des adultes,
00:03:15caractérise un rapport intellectuel au monde infantile,
00:03:20et notamment dans le refus de tout ce qui est la contradiction, et tout le débat intellectuel.
00:03:25Et puis ensuite, dans une troisième partie, j'essaie d'en tirer quelques conséquences politiques.
00:03:29Voilà, donc tout ça est le résultat d'une réflexion qui est apparue effectivement,
00:03:33plutôt dans la période du Covid, où j'ai pu observer que,
00:03:36notamment dans le rapport des Français et des Occidentaux en général,
00:03:40à la connaissance, à la science,
00:03:42et à ce qui était présenté comme de la science à la télévision, dans les journaux, dans tous les médias,
00:03:47j'ai noté un certain nombre de défaillances intellectuelles.
00:03:49Et c'est à partir de là que j'ai commencé à vraiment essayer de structurer un livre sur la question,
00:03:54pour essayer déjà d'expliquer ce que j'avais vu,
00:03:56et aussi d'essayer évidemment de trouver ce qui, dans notre manière de réfléchir,
00:04:01peut nous amener à sortir de cette attitude infantile.
00:04:04Alors là, vous nous avez décrit un peu la structure de votre livre.
00:04:07On va essayer d'y aller, d'aller dans les détails.
00:04:11Qu'est-ce qui caractérise un être immature, Thomas Bouchion ?
00:04:15Alors, ce que j'appelle un être immature,
00:04:18ce que j'appelle d'ailleurs dans le livre l'enfance, c'est une catégorie.
00:04:23Il faut bien avoir ça en tête, c'est que j'essaye dans ce livre d'avoir toujours en tête deux catégories,
00:04:29l'enfance et le monde adulte, de les confronter, d'étudier plutôt leur rapport de force,
00:04:34et d'observer ce qui, chez les différents individus qu'on peut croiser dans notre vie, qu'on peut observer, etc.,
00:04:40ce qui rappelle plutôt l'une des catégories ou l'autre.
00:04:43Donc, ce qui caractérise pour moi l'enfance,
00:04:45c'est tout un tas de choses qu'on peut observer d'habitude chez les individus les plus jeunes, les vrais enfants,
00:04:50ceux qui sont physiquement des enfants, c'est-à-dire l'impatience, l'irresponsabilité,
00:04:54parfois la violence, je dirais l'incontinence émotionnelle,
00:04:57tout un tas de choses qui caractérisent vraiment classiquement les enfants.
00:05:00Alors, les enfants sont bien plus que ça, évidemment,
00:05:02mais ce sont des petites attitudes, un rapport au monde en gestation
00:05:07qui se caractérise souvent chez les enfants de cette manière-là.
00:05:11Et mon objectif n'est pas évidemment d'étudier les enfants,
00:05:14mais plutôt les adultes qui se comportent comme des enfants.
00:05:16Et donc, quand je caractérise, quand je qualifie un adulte d'enfant,
00:05:21ou que je dis que son rapport au monde rappelle celui de l'enfance,
00:05:26je ne suis pas en train de dire que c'est un enfant.
00:05:27Je dis simplement que dans le rapport entre la catégorie de l'enfance et la catégorie du monde adulte,
00:05:34cet individu, de temps en temps, dans certains aspects de sa vie,
00:05:37va plus vers l'enfance, ou en tout cas, n'arrive pas à aller vers le pôle adulte
00:05:42par rapport notamment à d'autres qui s'en sortent un peu mieux dans les mêmes domaines de la vie.
00:05:46Donc c'est important, je veux bien établir cette distinction.
00:05:48Je ne suis pas en train de dire que certains adultes sont des enfants, bien sûr que non,
00:05:53puisque j'essaye justement d'éviter ce genre de raisonnement très essentialiste
00:05:58qui verrait une essence de l'enfance quelque part,
00:06:01et une essence du monde adulte de l'autre,
00:06:03et qui essaierait de classer les individus dans un camp ou dans l'autre, d'une certaine manière.
00:06:08J'essaye de décrire, de repérer les caractéristiques que j'ai énoncées tout à l'heure chez les adultes,
00:06:14et de me demander pourquoi ces caractéristiques sont présentes et à quoi elles servent,
00:06:18et quelle est leur fonction.
00:06:19Alors comment se traduit justement cette infantilisation chez l'adulte ?
00:06:24Alors chez l'adulte, la catégorie de l'enfance se manifeste par tout un tas de refus du monde adulte, surtout.
00:06:30C'est-à-dire que les adultes, je dirais physiques,
00:06:33ceux qui sont physiquement des adultes et qui sont censés voir le monde comme des adultes,
00:06:38certains d'entre eux refusent certaines des catégories de ce monde adulte,
00:06:41et c'est ça qui caractérise chez eux un rapport infantile au monde.
00:06:45Donc j'ai donné une petite liste de caractéristiques de l'enfance,
00:06:50je peux un peu faire la même chose du côté adulte,
00:06:52c'est-à-dire que dans l'archétype de l'adulte,
00:06:56et j'insiste encore une fois, c'est un archétype,
00:06:57c'est-à-dire que c'est un ensemble de catégories qu'on ne retrouve jamais parfaitement et totalement chez qui que ce soit,
00:07:03on va avoir des comportements qui vont être de la prise de responsabilité,
00:07:08qui vont avoir un rapport au monde beaucoup plus nuancé,
00:07:14capable notamment de gérer des aspects un peu contradictoires du monde,
00:07:19de passer d'un registre à l'autre pour essayer de gérer des difficultés vraiment très pragmatiques et quotidiennes,
00:07:26qui vont faire que l'adulte va être capable de prendre en charge,
00:07:29c'est ça que j'appelle la responsabilisation,
00:07:31notamment, je dirais, la production du monde,
00:07:34c'est-à-dire qui passe souvent par le travail, mais pas que,
00:07:37la personne qui s'inspire de cet archétype adulte va essayer de s'insérer dans une communauté,
00:07:41c'est-à-dire qu'il ne va pas, contrairement à l'enfant, il va essayer d'être moins égoïste,
00:07:45il va essayer d'être un peu plus intégré,
00:07:48c'est-à-dire d'essayer de travailler d'une manière qui serve à la fois lui-même, sa famille et les autres,
00:07:55la communauté élargie, je dirais,
00:07:56et à l'inverse, il y a des personnes qui sont des adultes physiquement
00:07:59et qui refusent de s'inspirer de cet archétype de l'adulte.
00:08:02Voilà, et donc, on observe par exemple, vraiment dans le monde occidental,
00:08:08c'est très présent en ce moment, on a tout un mouvement qui va contre le travail d'une certaine manière,
00:08:12c'est-à-dire contre l'effort qui est associé au travail.
00:08:14La production du monde, malheureusement, ou heureusement, ça dépend de quelle manière on le voit,
00:08:19est toujours associée à de l'effort, donc à de la peine ou à de la souffrance même.
00:08:23Et il y a tout un tas de personnes adultes aujourd'hui qui refusent ce monde-là,
00:08:29toujours sous prétexte de lutter contre la souffrance,
00:08:31ce qui de toute façon parle à tout le monde, on n'a personne qui a envie de souffrir,
00:08:34on a tous beaucoup de compassion pour ce genre de choses,
00:08:38mais on observe quand même un certain discours, même une idéologie, on pourrait dire,
00:08:43qui fait la promotion d'un monde sans effort, d'un monde sans travail,
00:08:47d'un monde où on obtient beaucoup de choses sans en payer le prix d'une certaine manière.
00:08:52Voilà, donc dans le livre, j'essaie d'identifier comme ça des aspects,
00:08:56notamment liés à la question du travail et de la production,
00:08:58qui peuvent rappeler dans les comportements de certains adultes,
00:09:02des catégories qui sont plus proches de celles de l'enfance.
00:09:04Alors cet être immature, cet adulte immature, en tout cas,
00:09:07ce que je comprends, c'est que ce n'est pas un être isolé,
00:09:11c'est qu'il aime en fait être en société, être au contact de ceux qui lui ressemblent apparemment,
00:09:18puisque c'est une idéologie.
00:09:20Est-ce que c'est quelque chose d'inné chez lui,
00:09:22ou ça provient d'une promotion d'un certain groupe, de la société peut-être ?
00:09:28Parce que vous parlez dans votre livre, vous donnez trois exemples de cette immaturité.
00:09:33Vous donnez l'exemple du vote, d'Hollywood et du lgbtisme.
00:09:38Oui, il y a effectivement en ce moment, je dirais en Occident,
00:09:42une véritable idéologie qui pousse les adultes à rester des enfants.
00:09:46Je ne sais pas de quelle manière elle est organisée,
00:09:49il faut toujours se méfier de ça,
00:09:51ou dans quelle mesure elle fait partie d'un système qui s'impose à nous.
00:09:54Mais en tout cas, de fait, on observe qu'une idéologie se met en branle
00:09:57et essaye de peser, de faire du lobbying sur notre société
00:10:01pour nous faire, je dirais, coincer au moment de passer à l'âge adulte.
00:10:05Et on le voit effectivement, dans le livre, je prends quelques exemples,
00:10:08on le voit notamment dans les productions hollywoodiennes.
00:10:10Depuis quelques années, on observe tout un tas de films et de séries
00:10:16qui mettent en avant des personnages qui sont des enfants ou des adolescents,
00:10:19donc très jeunes, et qui pour autant sont capables de faire les mêmes choses,
00:10:23voire mieux, que les adultes.
00:10:24On a tout un discours qui consiste presque à inverser
00:10:27le rapport classique entre les adultes et les enfants,
00:10:29le rapport classique qui veut que ceux qui ont vécu plus longtemps
00:10:32savent plus de choses que ceux qui ont vécu moins longtemps,
00:10:34ils ont plus d'expérience, ils ont plus de capacités même,
00:10:37avec des enfants qui sont des super héros ou des choses comme ça.
00:10:40Et d'une manière plus générale, on a tout un discours
00:10:44qui tend à mettre à égalité les enfants et les adultes,
00:10:47c'est-à-dire à prêter aux enfants les mêmes capacités que les adultes,
00:10:51et donc à en déduire un monde où on peut traiter les enfants comme des adultes.
00:10:55Parce que c'est ça que ça veut dire, au final.
00:10:57Ce qui est évidemment extrêmement dangereux pour les enfants.
00:11:00Et à contrario, on avait, je dirais auparavant,
00:11:02je ne vais même pas mettre une date parce que ce serait difficile,
00:11:04mais bien en arrière, bien dans notre passé,
00:11:07on avait un discours beaucoup plus traditionnel
00:11:10qui consistait à dire que non, les adultes et les enfants
00:11:12ne sont pas dans le même registre,
00:11:14ils ne sont pas capables des mêmes choses,
00:11:16et on avait toute une culture qui entraînait ça,
00:11:18tout un tas de traditions qui maintenaient cette hiérarchie,
00:11:21puisqu'il faut appeler ça comme ça, c'est une hiérarchie,
00:11:23entre les adultes et les enfants, et qui permettait aux enfants
00:11:26de comprendre notamment que leur objectif dans la vie,
00:11:29c'était de devenir adultes, non pas de rester des enfants toute leur vie.
00:11:31Donc c'est vrai dans Hollywood,
00:11:33c'est vrai aussi dans tout un tas d'autres aspects de la société,
00:11:36et on a par exemple, oui effectivement, je prenais,
00:11:40je crois que le premier exemple que je prends dans le bouquin,
00:11:41c'est l'exemple du vote, où l'idée dans ce qu'on appelle les démocraties,
00:11:47c'est de faire voter des gamins de 18 ans, j'ai envie de dire,
00:11:52où vraiment on donne, alors déjà on parle du postulat
00:11:56que le vote a une importance, ça serait discutable,
00:11:57mais ce n'est pas vraiment le sujet, si le postulat c'est ça,
00:12:00on donne la possibilité, la capacité d'avoir une influence
00:12:04sur le destin politique du pays, à des gens qui n'ont par exemple
00:12:08jamais travaillé, puisque à 18 ans,
00:12:10il y a quelques personnes qui ont déjà vraiment travaillé,
00:12:13mais c'est plutôt rare, et on a donc une mise à plat,
00:12:18une absence de hiérarchie entre ceux qui ont vécu,
00:12:21et qui donc savent, je dirais, le prix des choses,
00:12:24et qui donc peuvent prendre des décisions politiques
00:12:26plus ou moins informées, d'un côté donc les adultes,
00:12:28et puis les enfants, vraiment,
00:12:30puisqu'à 18 ans on est encore en enfant, aujourd'hui en Occident,
00:12:33et donc on les met à égalité,
00:12:35on donne les mêmes capacités politiques aux uns et aux autres.
00:12:37Voilà, c'est l'un des exemples nombreux qu'on pourrait prendre
00:12:39pour illustrer l'encouragement, la mise en avant de l'enfance,
00:12:44comme catégorie de même valeur que le monde adulte dans nos sociétés.
00:12:48Alors cet encouragement, visiblement, est assez contradictoire,
00:12:52parce qu'on est dans un schéma un peu inversé,
00:12:54vous dites que l'adulte devient enfant, enfin il est immature,
00:12:59et puis en même temps, d'un autre côté, parallèlement,
00:13:02on veut que les enfants grandissent plus vite,
00:13:05donc ça en ferait des adultes de quel ordre,
00:13:09de quel type ?
00:13:10Et là peut-être que je vais déborder un peu, par exemple,
00:13:12sur le sujet de l'éducation sexuelle à l'école.
00:13:18Voilà, ça en fait des adultes de quel ordre ?
00:13:22Le risque, c'est exactement celui que vous venez de pointer,
00:13:25c'est ça, si on met les enfants et les adultes à égalité,
00:13:28si on considère qu'on peut traiter les enfants de la même manière que les adultes,
00:13:32et inversement d'ailleurs,
00:13:33alors on s'autorise à faire aux enfants ce qu'on fait aux adultes,
00:13:38c'est-à-dire ce que les adultes se font entre eux,
00:13:40notamment sur la question de la sexualité.
00:13:41Donc effectivement, le développement, je dirais, très inquiétant
00:13:46et profondément organisé pour le coup,
00:13:48le développement de l'éducation à la sexualité dans les écoles publiques évidemment,
00:13:52est très inquiétant à ce niveau-là,
00:13:53parce qu'on voit tout de suite les dérives que ça implique,
00:13:55c'est-à-dire qu'on voit et on observe déjà dans les faits,
00:13:59dans les statistiques, dans tout, dans les témoignages même,
00:14:02aujourd'hui en Occident,
00:14:03alors c'est vraiment le cas aux États-Unis,
00:14:05ça commence déjà à l'être en France et en Europe,
00:14:08on voit des parents qui encouragent leur enfant à 10 ans,
00:14:12à changer de sexe par exemple.
00:14:13L'enfant exprime des incertitudes à ce niveau-là
00:14:15et ceux qui ont des enfants le savent, ça arrive souvent,
00:14:18c'est-à-dire que les enfants sont un peu perdus évidemment
00:14:22par rapport à la sexualité et c'est normal,
00:14:24ce n'est pas du tout un problème,
00:14:25mais on a des parents désormais,
00:14:26et tout un appareil étatique désormais,
00:14:29et même médiatique et politique,
00:14:31qui encourage, je dirais, le traitement adulte de cette question,
00:14:36c'est-à-dire qu'on a effectivement des adultes qui changent de sexe,
00:14:39bon soit, quelque part ça les regarde,
00:14:41mais aujourd'hui on transfère cette possibilité aux enfants
00:14:45et les adultes qui les encadrent,
00:14:46parce qu'un enfant est toujours encadré par des adultes,
00:14:48les adultes qui les encadrent poussent dans un sens ou dans l'autre
00:14:51et évidemment toujours dans le sens du changement de sexe,
00:14:53en tout cas ce sont les cas les plus dramatiques,
00:14:56et donc qui commettent quasiment un crime contre les enfants,
00:15:01puisque dans une société classique et traditionnelle,
00:15:03ces gens-là seraient inculpés directement pour maltraitance ou abus de faiblesse,
00:15:08donc on est vraiment dans quelque chose de complètement sordide,
00:15:11et ça c'est la conséquence directe effectivement de la mise en avant de l'enfance
00:15:15et de sa mise à égalité par rapport au monde adulte,
00:15:18c'est le cas dans le domaine de la sexualité,
00:15:21ça peut avoir aussi d'autres conséquences très fâcheuses également.
00:15:25Et c'est pour ça que je trouve que votre livre est très actuel finalement,
00:15:29même si vous dites que vous avez commencé à y songer pendant la période Covid,
00:15:34mais je trouve qu'il est d'autant plus actuel avec tout ce qu'on vit en ce moment,
00:15:38et c'est vrai qu'on remarque que les adultes sont de plus en plus immatures,
00:15:44alors on le vit au quotidien aussi, on a parlé du travail, on le voit à la télé,
00:15:51vous parlez aussi, vous évoquez beaucoup le gauchisme,
00:15:55alors là on est vraiment dans la pure actualité avec les élections qui viennent de se dérouler j'ai envie de dire,
00:16:01et vous dites que le gauchisme est en partie responsable de cette immaturité chez l'adulte,
00:16:08par quel biais se traduit cette responsabilité ?
00:16:12Alors ce que j'appelle le gauchisme dans le livre,
00:16:15c'est une définition qui est un peu contestable évidemment,
00:16:17c'est un terme un peu fourre-tout, on peut y mettre un peu ce qu'on veut,
00:16:22la définition que moi je donne dans le livre elle est très très simple,
00:16:26j'appelle gauchistes les gens qui veulent absolument être de gauche,
00:16:30qu'est-ce qu'il y a derrière cette envie d'être de gauche ?
00:16:32C'est que ces gens-là considèrent que la gauche c'est le progrès,
00:16:37et que le progrès c'est le bien, derrière il y a toujours un progressisme,
00:16:41c'est toujours cette idée qu'on va transformer la société,
00:16:44puisqu'on identifie dans cette société des imperfections morales,
00:16:48des choses qui étaient admises auparavant mais qui ne doivent plus l'être aujourd'hui,
00:16:52et qui doivent donc être transformées.
00:16:55Et le gauchisme c'est une idéologie déjà beaucoup plus répandue qu'on l'imagine au premier abord,
00:17:02on a l'impression que ça concerne que les gens qui ont des cheveux verts ou des cheveux bleus,
00:17:05mais ce n'est pas tout à fait le cas,
00:17:06on peut tout à fait trouver des personnes de 70 ans qui sont des gauchistes,
00:17:10et on en voit beaucoup d'ailleurs dans les médias, ou même tout autour de nous,
00:17:14et l'impact de cette idéologie c'est que son leitmotiv c'est la destruction de tout ce qui est traditionnel d'une certaine manière,
00:17:25puisque tout ce qui est traditionnel exerce une sorte de contrainte sur nous,
00:17:29puisque la tradition nous transmet quelque chose du passé et nous oblige d'une certaine manière,
00:17:35elle nous oblige avec des guillemets, elle nous incite, elle nous invite à nous comporter comme nos ancêtres,
00:17:41ou à avoir le même système de valeurs que nos ancêtres,
00:17:44et donc elle pèse sur la société, ses traditions, en obligeant les individus,
00:17:48en invitant les individus à se comporter d'une certaine manière et pas d'une autre,
00:17:51et à respecter des codes que la civilisation en question dans laquelle on se trouve a considéré comme allant de soi et comme devant être observés.
00:17:58Le gauchisme lutte contre toutes les tradictions, et ce qu'on voit c'est qu'il a atteint aujourd'hui une masse critique,
00:18:05il a dépassé largement cette masse critique d'ailleurs,
00:18:08et qui commence à avoir un effet direct sur les traditions,
00:18:11et quand je dis aujourd'hui, je pense qu'on peut parler des dernières décennies,
00:18:14puisque dans sa version, je dirais, spectaculaire, le gauchisme est apparu en France, notamment en 68,
00:18:20et il n'a pas cessé ensuite de dérouler son programme d'une certaine manière,
00:18:24et on pourrait même remonter, si on voulait, à bien avant 68, mais c'est un autre sujet.
00:18:27En tout cas, son effet est palpable, toutes les traditions, les unes après les autres, tombent,
00:18:32et l'effet de la chute des traditions, de l'effondrement du lien que nous entretenons avec notre passé,
00:18:39et donc ce lien qui nous obligeait à nous comporter d'une certaine manière, à ne pas dépasser un certain cadre,
00:18:43les conséquences de cet effondrement, c'est qu'aujourd'hui, l'individu, je dirais, occidental,
00:18:50est coupé de ses racines, ça on le sait, coupé de tout ce qu'il rattache à la terre, au ciel, à son passé,
00:18:56et donc à la communauté élargie à laquelle il appartient, et l'individu est replié sur lui-même,
00:19:02on dit souvent, les gauchistes qualifient souvent l'extrême droite,
00:19:05ou ceux qui s'identifient comme étant d'extrême droite, comme étant repliés sur eux-mêmes,
00:19:09en réalité c'est tout l'inverse, c'est-à-dire que ceux qu'ils qualifient d'extrême droite généralement s'intègrent dans un certain ordre traditionnel,
00:19:15et donc ils sont reliés à tout un tas de gens, à tous ceux qui ont les mêmes traditions qu'eux au même moment,
00:19:21mais aussi à tous leurs ancêtres, il y a un respect de ça.
00:19:25Et le gauchiste, lui, et même, je dirais, aujourd'hui, l'individu occidental, d'une certaine manière,
00:19:29puisque le gauchisme a produit ses effets, est atomisé, il est réduit à une entité individuelle ou à minima communautaire restreinte,
00:19:37sur des critères complètement superficiels, comme la couleur de peau, l'orientation sexuelle, ou des choses comme ça,
00:19:41on se regroupe dans des mini-communautés, qui sont d'une certaine façon destinées à être elles-mêmes morcelées,
00:19:46puisque si on parle de l'orientation sexuelle, par exemple, on voit bien qu'au début il y avait effectivement un regroupement chez certains militants homosexuels,
00:19:54un regroupement entre eux, et puis ensuite il y a eu l'apparition de la transsexualité,
00:19:58et ensuite il y a eu le gender fluid et toutes ces choses-là,
00:20:02et on voit qu'aujourd'hui toutes ces communautés sont segmentées de plus en plus, et on se retrouve effectivement, à la fin, tout seul,
00:20:08évidemment tout seul, avec son nombril, quelque part, à se regarder, à jouer la victime, et effectivement c'est l'un des ressorts de tout ça,
00:20:16et l'effet de tout ça, ce qu'il faut bien comprendre derrière tout ça, c'est que nous sommes dans un système qui profite de tout ça,
00:20:23et ce système c'est notre réalité, je dirais, matérielle, et la réalité productive du monde,
00:20:30c'est que nous sommes dans un système de production capitaliste qui, lui, se nourrit de ça,
00:20:34puisqu'il n'y a rien de plus facilement échangeable et marchandable qu'un individu atomisé,
00:20:40quelqu'un qui est déraciné, quelqu'un qui est coupé de toutes les traditions, qui n'a plus aucune identité, d'une certaine manière,
00:20:48va très naturellement se jeter sur la consommation, c'est-à-dire qu'il va adopter tous les produits et les services que le marché lui offre,
00:20:55puisqu'il n'y en reste plus que ça, en réalité. Donc on est dans une situation où, oui, le gauchisme a produit des effets dévastateurs,
00:21:02pas que le gauchisme, mais d'une certaine manière la volonté de détruire les traditions, on pourrait élargir un peu le spectre,
00:21:08c'est pas que du gauchisme, c'est bien plus que ça, c'est le progressisme d'une manière générale, et le progressisme mal compris en plus.
00:21:14Et donc oui, il y a des effets, ils sont destructeurs, et à la fin, si je veux résumer en une phrase, c'est le marché qui gagne.
00:21:21Alors effectivement, moi je voudrais quand même souligner sur les dérives sexuelles, parce qu'en ce moment, je suis très surprise en plus qu'on fasse la promotion,
00:21:31par exemple de, je ne sais pas si vous connaissez la dendrophilie, c'est le fait d'être attiré sexuellement par les arbres.
00:21:40Non mais c'est vraiment pas une blague, je vous assure que c'est pas une blague, donc je me dis que là, on va très loin,
00:21:49il y a aussi la riviérophilie, et je me dis que là, il faudrait tolérer ce genre de comportement, ce genre de dérive sexuelle.
00:21:59Donc j'ai l'impression que là, on est complètement aussi dans votre thème d'immaturité, et donc on parlait de toutes les traditions qu'on veut carrément éliminer,
00:22:13faire disparaître de toutes nos valeurs aussi, parce que là, ce n'est pas que les traditions, là, on parle de nos valeurs.
00:22:20Et je me dis en fait, quel monde nous attend demain, alors en plus d'encourager le changement de sexe chez les enfants,
00:22:29en plus de tolérer les gens qui auraient des attirances sexuelles vis-à-vis des arbres, où va-t-on ?
00:22:36Ce qui est intéressant, je ne connaissais pas le mot, ni même la pratique, mais ce qui est intéressant et très révélateur,
00:22:43c'est que toute cette transformation du monde à laquelle on assiste aujourd'hui aboutit à quelque chose de très radical à la fin,
00:22:52c'est-à-dire que je parlais de la privation d'identité progressive à force de détruire toutes les attaches, toutes les traditions,
00:22:59tous les liens que nous entretenons entre nous et avec nos ancêtres, et avec un ordre classique, quelque chose qui se répète dans la durée.
00:23:07Si on détruit tout ça, la possibilité, et même la destination assez logique, c'est que toutes les dimensions de l'identité humaine vont être contestées.
00:23:16Pas seulement l'appartenance communautaire ou des choses comme ça, ou même la nation, des grands ensembles comme ça,
00:23:23mais aussi, il faut bien comprendre qu'à la fin, et c'est déjà le cas, et vous venez de le décrire,
00:23:28à la fin, on finit par contester même son appartenance au genre humain, ou alors à contester même que le genre humain doit s'accoupler uniquement avec le genre humain.
00:23:36Il y a quelque chose de très logique là-dedans.
00:23:39Si on se met dans la tête d'un jeune adulte complètement perdu et qui veut absolument se détacher, s'extraire de toutes les traditions,
00:23:49de toutes les contraintes qui pèsent sur lui, il va finir par contester même la contrainte humaine.
00:23:56C'est-à-dire qu'il va finir par considérer les animaux ou les plantes comme l'égal de l'humanité.
00:24:03Je crois que ça a un nom, je crois que c'est l'antispécisme, ou le spécisme d'ailleurs, je ne me suis pas penché sur la question, mais je crois que ça commence par là.
00:24:10C'est-à-dire qu'on considère que les animaux et les êtres humains sont du même registre, c'est-à-dire qu'en termes de civilisation, ils valent la même chose.
00:24:17C'est-à-dire qu'on peut pratiquer la sexualité avec un arbre aujourd'hui, puisque quelque part, qu'est-ce qui nous oblige à ne pas le faire ?
00:24:24Donc voilà, la contestation de toutes les traditions aboutit effectivement à la contestation même de l'humanité, finalement.
00:24:30Et vous ajoutez même dans votre livre que cette immaturité, cette infantilisation plus particulièrement,
00:24:39en fait, ça encourage à briser la virilité, briser la féminité, briser aussi la maternité par le biais de mener une offensive contre, je vous cite, la possibilité pour une femme de devenir mère.
00:24:52Oui, ça c'est quelque chose d'assez important et c'est quelque chose de très observable quand on fréquente un peu les milieux que j'appelle gauchistes.
00:25:00C'est la contestation des catégories du masculin et du féminin. C'est ce qu'on appelle l'idéologie non-binaire, notamment.
00:25:07C'est très répandu aujourd'hui, beaucoup plus qu'on l'imagine parfois quand on se tient à distance de ces milieux.
00:25:12C'est très très répandu. Je dirais même que c'est une épidémie, ou une vraie pandémie cette fois-ci.
00:25:18Et la contestation de ces catégories est quelque chose de très important pour ces gens-là, la contestation des catégories du masculin et du féminin, puisque, c'est ce que j'essaie d'expliquer dans le livre,
00:25:30ce sont deux catégories qui définissent, si on devait en retenir que deux, ce serait celles-là, qui définissent le passage de l'enfance à l'âge adulte.
00:25:38C'est l'acceptation de ces catégories du masculin et du féminin.
00:25:41Quand on est un enfant, qu'on soit un garçon ou une fille, on a en germe, c'est-à-dire en nous, physiquement parlant, la possibilité, ou plutôt même le destin de devenir un homme ou une femme, physiquement parlant.
00:25:54Mais, si notre corps se transforme de manière automatique, par l'adolescence, par la puberté, notre esprit, lui, doit, d'une certaine manière, accomplir ce passage aussi, au même moment,
00:26:06et c'est un passage beaucoup moins automatique, beaucoup moins facile, notamment aujourd'hui, où la société ne nous fournit plus les structures pour que ce passage se fasse de manière automatique, justement.
00:26:16Donc, dans la tête d'un jeune garçon, par exemple, ce qui va se passer à l'adolescence, c'est qu'il va avoir son corps changé.
00:26:21La jeune fille, c'est exactement le même principe, son corps change, et c'est ce qui l'invite à devenir un homme.
00:26:28C'est pas un passage automatique, encore une fois, dans l'esprit du garçon, mais c'est ce qui l'invite à le devenir.
00:26:34Et le garçon sait très bien que le monde adulte, ce sont des hommes et des femmes.
00:26:38Ce ne sont pas des individus impuissants, ce sont des individus qui ont réalisé, ou qui sont censés l'avoir réalisé en tout cas, le devenir homme ou le devenir femme.
00:26:45Et l'un des moyens pour l'adolescent gauchiste, justement, l'un des moyens de contester les structures classiques du monde, du monde adulte,
00:26:55du monde qu'il identifie comme une contrainte et même une forme de fascisme, selon les mots utilisés,
00:27:03l'un des moyens de contester ce monde, c'est de contester la racine même de ce monde adulte, qui sont les catégories du masculin et du féminin.
00:27:10Et l'exemple de la maternité pour les filles et pour les femmes est important, puisqu'on voit bien qu'il y a une véritable offensive contre la maternité.
00:27:19On explique aux femmes qu'il est important de privilégier leur carrière, quelque part, jusqu'à ce qu'ils soient vraiment le temps in extremis,
00:27:28c'est-à-dire après 30 ans, pour avoir des enfants, et que avoir des enfants avant, c'est une mauvaise idée, puisqu'on ne construit pas sa vie comme femme indépendante, etc.
00:27:36On a aussi tout un discours, et le résultat de ça, c'est déjà que des femmes se retrouvent à 35 ans,
00:27:42à choisir par défaut des hommes avec qui avoir des enfants le plus vite possible, parce qu'elles savent que biologiquement, ça va commencer à poser un problème.
00:27:49Et il y a évidemment une réduction des naissances dans tout le monde occidental, en tout cas chez les populations de souches, de souches européennes notamment.
00:27:57Et l'autre aspect de ça qu'on observe de manière un peu plus marginale, mais de plus en plus présente aujourd'hui,
00:28:04c'est l'amplification du bruit et de la propagande autour de la transsexualité, et notamment le fait que désormais, des hommes pourraient avoir des enfants.
00:28:15Alors effectivement, quand on entend ça dans les médias, ou dans la bouche des militants, qu'est-ce qu'ils décrivent comme phénomène ?
00:28:25Ils décrivent le phénomène de femmes, d'individus qui ont des organes génitaux féminins, qui veulent devenir des hommes,
00:28:34qui prétendent devenir des hommes à force de chirurgie, d'habillement, d'hormones, etc., et qui évidemment peuvent avoir un enfant puisqu'elles ont un utérus fonctionnel,
00:28:44mais qui se prétendent hommes, et on nous présente ça comme l'accouchement des hommes.
00:28:51C'est une inversion totale de la réalité, et évidemment, aucune femme ne peut devenir un homme, et aucun homme ne peut devenir une femme,
00:28:58même avec la chirurgie la plus poussée du monde, puisque être un homme ou être une femme, c'est autre chose, c'est bien plus qu'un corps,
00:29:05c'est le corps, et c'est le rapport au corps entre le corps et l'esprit. Vous ne pouvez pas retrancher la construction mentale d'une personne à coup de bistouri,
00:29:13ça ne se fait pas comme ça. Ces femmes ne deviennent jamais des hommes, pour autant, on présente l'enfantement comme désormais quelque chose qui peut être à la fois partagé par les femmes et les hommes,
00:29:23et donc, ce faisant, on casse la sacralité du féminin, et on empêche, on détruit tout le sacré qui entourait la catégorie féminine jusqu'à aujourd'hui dans nos sociétés.
00:29:39Alors, vous abordez également le mécanisme de dérision, qui est certainement en lien avec cette cassure de la sacralité, parce que le mécanisme de dérision,
00:29:50vous en dites que c'est un mécanisme qui devient d'auto-défense. Comment il se traduit chez cet être immature, ce mécanisme de dérision ?
00:29:58Alors, la dérision, ça peut avoir plusieurs sens. La dérision, tel que je l'entends, c'est le réflexe qui consiste à éviter à tout prix de passer dans le sérieux du monde adulte.
00:30:11C'est-à-dire ce réflexe qu'ont beaucoup d'adultes qui veulent rester des enfants, justement, de tourner en dérision tout un tas de choses très importantes sur lesquelles les civilisations sont construites.
00:30:22Par exemple, je parlais tout à l'heure du travail productif, et la dérision, c'est l'un des moyens, je dirais, de mettre à distance le monde adulte.
00:30:31Alors, il ne s'agit pas de dire qu'il ne faut jamais avoir d'humour et qu'il ne faut jamais tourner les choses en dérision, bien sûr que non.
00:30:36On peut faire beaucoup d'ironie, on peut avoir un humour que je pourrais qualifier d'adulte, c'est-à-dire un humour qui révèle certaines choses du monde réel.
00:30:45Pas de problème là-dessus, évidemment. Mais tourner en dérision, c'est-à-dire se moquer principalement du monde classique, adulte et traditionnel,
00:30:52c'est une manière de le mettre à distance, pour essayer justement de réduire l'emprise ou l'influence que ce monde pourrait avoir sur soi-même.
00:31:01Par exemple, on pourrait identifier dans cette catégorie de la dérision un peu infantile, tout ce qui consiste à se...
00:31:08Chez les jeunes, on le voit bien, ça se fait beaucoup, tout ce qui consiste à se moquer d'une jeune fille, justement, par exemple,
00:31:15pour reprendre l'exemple de catégorie masculin-féminin, d'une jeune fille qui s'habillerait en robe longue, qui, je ne sais pas, qui aurait par exemple un pendentif,
00:31:23une croix en pendentif, des choses comme ça, qui rappellent le monde traditionnel.
00:31:28Et beaucoup de jeunes filles aujourd'hui identifient ça comme une menace contre leur enfance,
00:31:33puisqu'elles identifient à raison que ces choses-là, même si ce n'est pas la robe longue ou le crucifix qui va faire de vous un adulte, évidemment pas,
00:31:43mais ce sont des apparences qui rappellent un monde traditionnel et qui invitent les jeunes filles à se considérer comme un petit peu sacrées, justement,
00:31:53et qui menacent toute cette jeunesse à qui on a donné quelque part toutes les possibilités du monde,
00:32:00c'est-à-dire qu'on a enseigné aux jeunes filles aujourd'hui, et aussi aux jeunes garçons d'ailleurs, que la sexualité, par exemple, c'est quelque chose à prendre à la légère,
00:32:07c'est quelque chose de pas très important. La preuve, on peut même en éliminer les conséquences avec l'avortement, la contraception, etc.
00:32:14Tout ça est rentré dans les mœurs, et je pense qu'il n'est pas rare dans la rue, dans les cours de lycée, etc., de voir des jeunes filles, notamment, parce que les filles sont très cruelles entre elles,
00:32:23les jeunes filles se moquer de celles qui ont une apparence un peu trop traditionnelle, parce qu'elles sont mises quelque part devant la possibilité de devenir adulte à ce moment-là,
00:32:34c'est-à-dire de maîtriser son corps, de maîtriser ses pulsions également, de maîtriser tout un tas de choses,
00:32:39ce qui ne veut pas dire que l'adulte, obligatoirement, se range dans une tradition d'interdiction de la sexualité avant le mariage ou des choses comme ça,
00:32:47pas nécessairement, mais simplement, il y a comme ça toute une nouvelle culture qui s'est instaurée, qui consiste à tourner en dérision absolument tout ce qui est traditionnel.
00:32:56Ce n'est pas une culture qui a un objectif politique, c'est simplement que ces jeunes gens, et ça continue malheureusement chez des gens bien plus âgés,
00:33:07ces gens-là essayent de mettre à distance tout ce qui peut les inciter à sortir de l'enfance et à passer à l'âge adulte, justement.
00:33:14Alors, vous abordez également la communication non-violente, qui s'applique à la fois aux enfants et aux adultes.
00:33:23Alors, vous êtes très critique vis-à-vis de cette communication, de cette CNV, qui pourtant a un pignon sur rue, on va dire, pour quelles raisons ?
00:33:34Pour quelles raisons, selon vous, en tout cas, contribuent-elles à cette infantilisation ?
00:33:40Alors, pour rappeler ce que c'est rapidement la communication non-violente, je crois que c'est parti des États-Unis, je ne sais plus comment s'appelle celui qui a inventé le concept, mais c'est parti des universités américaines.
00:33:53C'est Carl Rogers.
00:33:55C'est parti des universités américaines, et l'idée, c'était d'étudier les relations, notamment, je crois, en entreprise, c'est presque une vision managériale.
00:34:07Et dans cette théorie, l'idée, c'est que les objectifs que les êtres humains se donnent quand ils font des activités de groupe, par exemple, la production, quand on est dans une entreprise,
00:34:17ces objectifs sont plus facilement atteints quand on utilise une communication non-violente que quand on utilise une communication plus traditionnelle,
00:34:24c'est-à-dire basée sur un émetteur qui émet des informations et le récepteur qui est chargé de les recevoir, point.
00:34:31La communication non-violente essaie de modifier tout ça, et elle essaie notamment de prendre en compte le paramètre émotionnel,
00:34:37en intégrant dans cette relation entre l'émetteur et le récepteur une prise en compte, une sorte d'empathie, une sorte de compassion même, pour les émotions de l'interlocuteur.
00:34:46Ça veut dire concrètement que dans la communication non-violente, quand on veut faire passer un message à quelqu'un, quand on veut par exemple lui adresser une critique,
00:34:53on va lui dire ce que tu fais est vraiment super, en revanche, sur ce point-là, je ne suis pas tout à fait d'accord,
00:34:58ce qui n'invalide en rien par ailleurs tout ce que tu fais de bien.
00:35:01Donc là, ce que je viens de faire, j'ai émis une critique, mais je l'ai prise en sandwich entre deux choses positives, si vous voulez.
00:35:07Et le but de tout ça, ce serait d'améliorer évidemment le ressenti au travail, et par ricochet, par effet de bord, essayer de faire en sorte que les objectifs de cette unité de production soient atteints plus facilement.
00:35:23Donc c'est une idéologie, une façon de voir les relations humaines dans le travail, et pas que d'ailleurs, qui se développe énormément et qui se diffuse beaucoup.
00:35:32Il suffit de travailler en entreprise pour le voir en réalité, c'est dans tous les secteurs.
00:35:36Au début, c'était plus ou moins réservé à ce qu'on appelle l'économie sociale et solidaire.
00:35:40En tout cas, en France, on peut penser que ça l'est, l'économie sociale et solidaire, donc ce sont les associations, les fondations, les coopératives et toutes ces structures-là.
00:35:48Et on va en parler, Thomas Boussillon, mais j'aimerais revenir sur l'exemple que vous avez donné.
00:35:53En quoi ça pose problème d'émettre ce genre de remarques ?
00:35:58Parce que finalement, quand vous l'avez prononcé, je me suis dit, oui, ça peut être une alternative de dire les choses, en fait, finalement.
00:36:06En quoi ça pose problème ?
00:36:08C'est effectivement le cas, c'est toujours plus agréable, la manière dont je l'ai présenté là, de l'entendre de la part de votre chef qui vous dit, t'as fait de la merde sur ce point-là, corrige ton erreur.
00:36:17Effectivement, c'est beaucoup plus agréable.
00:36:19Mais la communication non-violente, ce n'est pas seulement ça, ce n'est pas seulement une relation interpersonnelle comme ça, c'est aussi, il faut penser aux conséquences et je dirais, il faut penser surtout à ce que ça traduit d'un état d'esprit.
00:36:31Ce n'est pas la communication non-violente qui entraîne l'infantilisation, c'est plutôt l'infantilisation qui entraîne la communication non-violente, à mon avis.
00:36:37C'est plutôt dans ce sens-là qu'il faut réfléchir la chose.
00:36:39Dans cette relation dite non-violente, ce qui se passe, c'est qu'on fait intervenir, comme je le disais, des paramètres personnels, des paramètres non-professionnels, l'émotion par exemple, ou en tout cas des paramètres qui ne sont pas directement reliés à la tâche qu'on s'est donnée.
00:36:55Et ce faisant, on empêche tous les interlocuteurs de la discussion de se concentrer sur le projet de production et on confond tous les domaines.
00:37:05C'est-à-dire qu'on va prendre des pincettes avec des individus pour qu'ils ne prennent pas les choses trop à cœur, c'est-à-dire pour qu'ils ne le prennent pas comme une attaque personnelle en réalité.
00:37:14Puisque c'est malheureusement ce qu'on peut observer, si vous êtes un peu trop autoritaire dans un environnement professionnel ou autre d'ailleurs,
00:37:20beaucoup de gens aujourd'hui vont se braquer tout simplement parce qu'ils prennent vos critiques pour des attaques personnelles, alors que vous êtes dans un rapport de hiérarchie qui est censé être acquis quelque part.
00:37:30Et que vous faites simplement passer une information de la manière la plus rapide et la plus brutale qui soit pour éviter toute perte de temps et tout affaiblissement du message.
00:37:40Et dans la communication non-violente, d'une certaine manière on prend les gens pour des enfants, puisqu'on considère qu'ils ne sont pas capables de faire la distinction entre tout ce qui est de l'ordre personnel,
00:37:49donc tout ce que j'ai dit, l'état émotionnel et les attaques personnelles notamment, ils ne sont pas capables de faire la distinction entre ça et la critique professionnelle.
00:37:58Donc pour le dire autrement, on considère dans la communication non-violente que si je dis tu as tort sur ce point, la personne peut entendre tu es une merde d'une certaine manière, tu n'es pas quelqu'un qui a de la valeur.
00:38:09Et les deux sont naturellement dans un système classique où la hiérarchie et l'autorité est classiquement admise, où tout le monde est d'accord là-dessus, la confusion ne se fait pas,
00:38:20puisqu'on sait que l'objectif prime d'une certaine manière et que la hiérarchie est là pour ça justement, elle est là pour organiser les choses.
00:38:26Dans un contexte de communication non-violente, on a une confusion sur tout ça et la conséquence, ou la cause d'ailleurs, c'est que les gens qui travaillent, les individus,
00:38:34ne sont plus capables de faire la différence entre ce qui est de leur vie personnelle et ce qui est de leur vie professionnelle.
00:38:40Et je dirais que c'est la traduction, je ne pense pas que ce soit la cause, mais c'est plutôt la traduction justement du maintien dans l'enfance.
00:38:46L'enfance c'est quand même le lieu de la confusion et l'âge adulte consiste justement à essayer de séparer comme ça,
00:38:52de quantifier des distinctions qu'on peut faire entre un objectif, les moyens qu'on réunit pour accomplir cet objectif.
00:38:59Et par exemple, l'âge adulte consiste à comprendre la fonction de la hiérarchie ou la fonction de l'autorité, la fonction même de la discrimination,
00:39:06c'est un autre exemple que je prends dans le livre, la fonction de toutes ces choses-là qui sont des choses verticales, qui rappellent la verticalité,
00:39:12c'est-à-dire il y en a qui savent, il y en a qui ne savent pas, il y en a qui peuvent, il y en a qui ne peuvent pas, il y a des personnes compétentes, d'autres qui ne le sont pas.
00:39:18Et ceux qui sont compétents disent à ceux qui le sont moins comment ils doivent se comporter.
00:39:23Et tout ça, normalement, dans un monde je dirais classique, est accepté, est compris, etc.
00:39:28Dans le monde adulte, c'est le cas, en tout cas selon l'archétype, l'idéal adulte que je décrivais tout à l'heure.
00:39:32Et dans l'enfance, ce n'est pas le cas.
00:39:34Un enfant, si vous vous adressez à lui de manière un peu brutale, il va se mettre à pleurer ou en tout cas il va être dans la confusion la plus totale sur ce que vous êtes en train de lui faire.
00:39:42Il va prendre pour une attaque personnelle, pour une critique fondamentale, quelque chose qui est de l'ordre plutôt de la remontrance par rapport à quelque chose qu'il aurait mal fait.
00:39:49Vous, vous ne pensez qu'à ce qu'il a mal fait.
00:39:51Lui, il pense à toute son existence, d'une certaine manière.
00:39:53Voilà, donc la communication non-violente, pour moi, c'est vraiment le symptôme, c'est vraiment la manifestation de l'infantilisation des adultes aujourd'hui, notamment dans le monde du travail.
00:40:01Donc la communication non-violente, en fait, c'est la remise en question de l'autorité, parce qu'être autoritaire, ce n'est pas forcément être violent, c'est ça ?
00:40:11Absolument, absolument. L'autorité, c'est la reconnaissance d'une compétence ou d'une qualité, en tout cas supérieure, de la part des gens qui sont sur l'échelle de l'autorité, des gens qui sont en bas.
00:40:25C'est la reconnaissance que la personne qui fait autorité a une qualité qu'ils n'ont pas.
00:40:33Comme j'essayais de l'expliquer, c'est vraiment l'une des bases de l'organisation du monde adulte.
00:40:37C'est la reconnaissance, je dirais la discrimination même, puisque c'est le mot juste, je pense, la discrimination entre ceux qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas, notamment.
00:40:47Et l'autorité vient souvent de là, quand elle est naturelle, qu'elle n'est pas impôtée de manière arbitraire.
00:40:52L'autorité vient de la reconnaissance d'une organisation optimale.
00:40:57Celui qui fait autorité, c'est celui qui est le plus capable, dans n'importe quel projet, c'est vrai, il y a toujours un chef de projet, parce que c'est celui qui est le plus capable d'avoir une vision globale,
00:41:05parce qu'il a de l'expérience, parce qu'il a des capacités particulières, des capacités d'organisation, des capacités de management ou des choses comme ça.
00:41:14En tout cas, on lui reconnaît une compétence que les autres n'ont pas, ou la capacité en tout cas d'organiser le travail que les autres vont accomplir, dans l'ordre de la production directe pour le coup.
00:41:24Donc l'autorité, c'est surtout ça en réalité. Dans un monde classique, dans un monde traditionnel, cette autorité, elle est, je dirais, la reconnaissance aussi de la valeur de la durée, c'est-à-dire de l'expérience.
00:41:38Ceux qui durent, notamment les êtres humains qui durent, acquièrent de l'expérience, et ce faisant, ils acquièrent une compétence ou un ensemble de compétences que les autres n'ont pas,
00:41:48et qui leur confèrent donc une autorité assez naturelle sur ceux qui ne l'ont pas. C'est la distinction qu'on peut faire entre les anciens et les plus jeunes dans un monde traditionnel.
00:41:57Par définition, l'ancien a vécu, et donc il a plus d'autorité naturelle que ceux qui ont moins vécu. C'est aussi le cas du père dans une famille.
00:42:08C'est classiquement, entre le père et la mère, c'est classiquement au père qu'on confie la gestion, ou plutôt l'exercice de l'autorité.
00:42:16Puisque c'est lui qui va, parce qu'il est un homme déjà, donc il a des capacités de violence potentielle que la femme n'a pas. Potentielle, bien sûr.
00:42:25D'autorité, on peut parler d'autorité. Peut-être non. De violence.
00:42:30Non, justement, je fais la distinction. Son autorité vient du fait que potentiellement, il peut sanctionner. C'est aussi ça qui fait l'autorité.
00:42:38C'est-à-dire que dans une famille, le rôle du père, de la figure paternelle, c'est de poser un cadre. En tout cas, c'est comme ça que je le vois, et je pense que classiquement, on peut le dire comme ça.
00:42:48Le rôle du père est surtout celui de poser un cadre, de dire, dans ce cadre, mon fils ou ma fille, tu peux te comporter, tu peux faire à peu près ce que tu veux, d'ailleurs.
00:42:57C'est pas vraiment mon problème. Par contre, si tu sors du cadre, un cadre moral, donc, ce que tu fais est mauvais, et je vais t'expliquer pourquoi.
00:43:05Et si tu dépasses de ce cadre trop souvent, malgré les explications que je te donne, etc., il y a un moment où je vais te faire revenir dans le cadre de force.
00:43:14Donc, j'aurais pas dû utiliser le mot violence, j'aurais dû utiliser le mot force, d'ailleurs. Le père peut utiliser la force, et on le sait quand on est un enfant.
00:43:22Il le peut, ça ne veut pas dire qu'il va le faire, parce que parfois, il n'y a pas besoin de le faire. Mais voilà, en tout cas, c'est...
00:43:27Et les mères aussi peuvent jouer ce rôle, Thomas Boussion, je vous l'assure.
00:43:31D'ailleurs, merci de le dire, parce que ça va me donner l'occasion de rappeler la méthodologie que j'utilise, c'est-à-dire que je ne parle que d'archétype.
00:43:38Quand je dis le père, c'est bien sûr la figure paternelle archétypale. C'est dans laquelle on peut mettre tout un tas de choses.
00:43:45Mais aucun père ne se comporte jamais parfaitement selon la figure archétypale, et aucune mère non plus ne se comporte selon la figure maternelle classique et archétypale.
00:43:54Et tout le monde est entre les deux. Donc, une mère peut faire preuve d'autorité, bien sûr.
00:43:58Elle peut parfois même recourir à la force s'il le faut, prendre son enfant par le bras pour le sortir d'une situation dangereuse, évidemment qu'il faut le faire.
00:44:04Il y a tout un tas de choses qui sont possibles, où même hausser la voix, parfois, ça suffit.
00:44:08Et le père peut lui aussi faire preuve d'amour, etc. Il peut emprunter un certain nombre de choses qui sont plus classiquement reconnues comme étant les attributs de la mère.
00:44:17Mais voilà, bonne remarque. L'autorité, c'est quelque chose qui peut être partagé à la fois par le père et par la mère et qui, dans tous les cas,
00:44:26parce que c'est ça que je voulais dire, est une forme d'organisation de la famille, une forme de transmission du savoir, quelque chose de très vertical,
00:44:33qu'on retrouve à peu près dans toutes les communautés humaines. En réalité, ça part de la famille, bien sûr, et c'est d'ailleurs là qu'on en fait l'apprentissage en premier lieu,
00:44:39quand on est un enfant. Mais ensuite, ça se transpose à l'école, je dirais même dans toute la scolarité, plus ensuite dans le monde du travail,
00:44:47et dans toutes les communautés qui veulent accomplir quelque chose. L'autorité, c'est vraiment le principe d'organisation.
00:44:55C'est celui qui définit la hiérarchie, c'est celui qui s'appuie sur la discrimination pour distinguer ce qui doit être fait, ce qui ne doit pas être fait,
00:45:01ce qui peut être fait, ce qui ne peut pas être fait, etc. Et effectivement, c'est le principe de base qui est contesté par le gauchisme,
00:45:09mais plus largement l'infantilisation de notre société.
00:45:12Merci Thomas Bouchion. Alors, vous avez commencé à nous parler tout à l'heure de la présence de la communication non violente au sein de l'économie sociale et solidaire.
00:45:22Et puis, je vous ai coupé. Alors, vous en consacrez toute une partie, justement, de l'ESS dont on fait la promotion il y a, on va dire, ça fait quoi ?
00:45:33Ça fait sept ans à peu près qu'on entend beaucoup parler de cette économie sociale et solidaire. En quoi participe-t-elle à l'infantilisation de la société ?
00:45:44Alors oui, l'ESS, je pense que ça fait plus longtemps que ça, qu'elle existe, c'est certain, puisque je crois que ça a commencé dans les années 70 à peu près,
00:45:51qu'on a commencé à parler de ce genre de choses, notamment des coopératives, ce qu'on appelle aujourd'hui des SCOP, par exemple, dans les années 70.
00:46:00Je crois que ça a commencé, mais vous avez raison, depuis quelques années, il y a vraiment une intensification de la communication à ce sujet.
00:46:08Et ce que j'essaye d'expliquer dans le livre, c'est que pour y avoir moi-même un peu travaillé, j'ai pu constater sur le terrain que...
00:46:19Alors déjà, en termes de population, l'ESS, c'est un domaine où 95% des personnes qui y travaillent se revendiquent d'extrême-gauche.
00:46:29Une catégorie qu'on pourrait contester, bien sûr, mais en tout cas, c'est la revendication très majoritaire de ces personnes-là.
00:46:36Et ce que j'ai observé, c'est que la partie que je consacre à l'ESS, notamment dans le livre, c'est pour expliquer l'une des manières de fuir la politique.
00:46:48Moi, c'est ce qui m'a un peu frappé, c'est que ce sont des gens qui parlent beaucoup de politique, en réalité,
00:46:53ou plutôt qui glissent très souvent des réflexions politiques dans leur travail, dans leur vie quotidienne, etc., et qui en parlent beaucoup entre eux.
00:47:02Et qui se pensent donc, comme je le disais, à l'extrême-gauche, c'est-à-dire, ils se pensent anticapitalistes, ils se pensent aussi progressistes.
00:47:10Toutes ces catégories dont on a parlé tout à l'heure, toutes ces idéologies qu'on a évoquées, donc la non-binarité, par exemple,
00:47:20ou on pourrait même parler de l'anti-racisme ou des choses comme ça, tout ça est évidemment adopté et promu dans ces milieux-là.
00:47:26Et la communication non-violente aussi. Et moi, c'est là que je l'ai découvert.
00:47:29Et ce que j'ai observé, c'est que cette économie sociale et solidaire sert d'une certaine manière de refuge pour des personnes qui ont envie de faire de la politique,
00:47:39mais qui n'ont quelque part absolument pas envie ni de passer à l'âge adulte, ni de passer au sérieux de la politique.
00:47:46C'est-à-dire que j'ai observé énormément de comportements très infantiles dans ce milieu-là, et si je veux en rester justement à l'aspect politique,
00:47:57je me souviens d'avoir plusieurs fois constaté, et j'évoque cet exemple dans le livre parce qu'il m'a vraiment frappé,
00:48:02plusieurs fois constaté dans certaines discussions qui portaient sur le monde social.
00:48:08Dans ce milieu-là, comme je le disais, on se revendique de l'anticapitalisme.
00:48:11Donc j'ai souvent entendu et observé des conversations où quelqu'un rappelait que l'objectif déclaré de l'économie sociale et solidaire,
00:48:21c'est de mettre à bas, de vaincre le capitalisme.
00:48:25Et d'ailleurs je le dis en souriant, parce que je me souviens que dans ces conversations,
00:48:30systématiquement, quand cette phrase était prononcée, quand il s'agissait de désigner l'ennemi,
00:48:35et de rappeler que l'objectif de cette économie sociale et solidaire était censé être la défaite de cet ennemi,
00:48:43donc nous sommes censés lutter contre le capitalisme et le vaincre,
00:48:47chaque fois que cette phrase était prononcée, les gens riaient.
00:48:50Ça m'a vraiment frappé, parce que je prends les choses beaucoup plus au sérieux que ça,
00:48:54et je considère effectivement qu'on peut faire une analyse du monde social selon la grille marxiste,
00:49:02et qu'on peut identifier le capital, c'est-à-dire à la fois le système de production et toutes ses productions,
00:49:07l'accumulation de capital et aussi le système qui organise cette accumulation de capital,
00:49:11on peut considérer tout cet ensemble comme un ennemi du genre humain à certains égards,
00:49:15et je serais d'ailleurs prêt à le décrire, et je le décris un peu dans le livre.
00:49:18Moi, je prends ça très au sérieux, et quand j'ai débarqué dans ce milieu,
00:49:21j'ai observé que tout le monde prenait ça à la rigolade,
00:49:23et j'ai assez vite compris qu'en réalité, il s'agissait simplement de balancer ce genre de choses
00:49:29pour se donner une apparence de lutte, et derrière, il n'y a pas grand-chose,
00:49:34parce que l'économie sociale et solidaire ne lutte absolument pas contre le capitalisme,
00:49:38elle en fait même intégralement partie, elle est une manière de rendre productif des gens qui ne veulent pas l'être,
00:49:44qui veulent échapper au travail, et c'est une manière pour eux aussi de se réfugier,
00:49:50de se donner une apparence de lutte politique, tout en la tournant en dérision pour ne pas trop en être,
00:49:55et pour ne pas en payer le prix, parce que le prix de l'anticapitalisme, le vrai,
00:49:58il est assez élevé en réalité, si on lutte vraiment contre le capital,
00:50:03on finit par identifier les gens qui font partie de ce système,
00:50:06et qui l'organisent, et qui le maintiennent, et qui écrasent les peuples,
00:50:09et on en revient vite à identifier des personnes très réelles, qui sont effectivement au pouvoir,
00:50:15et à lutter contre elles directement, et à les désigner, et à ce moment-là, on commence à en payer le prix.
00:50:20Mais ces gens qui travaillent dans l'économie sociale et solidaire en sont évidemment très loin,
00:50:24et le but pour eux, c'est de rester entre eux justement, d'avoir une sorte de milieu chimiquement pur,
00:50:30donc politiquement pur, dans lequel ils sont entre eux, et personne ne vient leur adresser une contradiction,
00:50:34évidemment, c'est rarissime, et tout ça maintient un état dans lequel ils sont dans le confort politique le plus total,
00:50:43où ils peuvent prétendre lutter contre le capitalisme, ou lutter contre un ennemi, en tout cas un ennemi politique,
00:50:48tout en ne le faisant pas, ou en tout cas tout en se prémunissant de tout ce qui viendrait leur dire,
00:50:54vous êtes quand même dans des entreprises, donc vous êtes de toute façon partie prenante de ce système de production,
00:50:59donc est-ce que vous avez poussé la critique suffisamment loin pour comprendre le rôle justement de la production,
00:51:05qui n'est pas blanc ou noir, justement, ce qui serait intéressant, c'est de discuter avec eux de l'importance de la production,
00:51:12de ce que j'évoquais tout à l'heure, c'est-à-dire dans le schéma traditionnel classique de reproduction de la civilisation,
00:51:19et même de son élargissement, de son épanouissement, mais dès que vous prononcez le mot de tradition,
00:51:25ou le mot de hiérarchie, comme je le disais tout à l'heure, tout ça est complètement diabolisé dans ce milieu-là,
00:51:32et les réflexions ne sont jamais poussées suffisamment loin pour comprendre ce que c'est vraiment que le capital,
00:51:36et évidemment, par conséquent, l'anticapitalisme.
00:51:39Et donc, c'est un milieu qui sert de refuge pour des gens qui veulent faire de la politique,
00:51:44puisqu'ils ont l'intuition que quelque chose ne va pas, nous sommes dans un système qui écrase beaucoup les gens,
00:51:51et ils le sentent évidemment, on en a tous l'intuition, mais tout est fait pour qu'ils ne sortent jamais de cette bulle,
00:51:58qui en est une, ou en tout cas que pendant toute une période, ces gens-là ne sortent pas de la bulle,
00:52:03et ce qui arrive souvent, c'est qu'ils rencontrent quelqu'un de l'extérieur, je dirais de l'extérieur idéologique,
00:52:11et là, il y a toute une réflexion qui se met en place, et au bout d'un moment, on est peut-être un peu fatigué aussi de ce milieu-là,
00:52:18et on se rend compte que ça tourne en rond, et on peut en sortir, mais tout le monde ne le fait pas, malheureusement.
00:52:23En tout cas, c'est un milieu qui stérilise la pensée politique, et c'est pour ça que j'ai pris cet exemple dans le bouquin,
00:52:28c'est que l'enfance, quand on s'inspire de l'archétype de l'enfance, ce que j'ai essayé de dire tout à l'heure,
00:52:36on essaye absolument d'éviter la politique, puisque la politique, c'est justement quelque chose de très sérieux,
00:52:41où on doit faire beaucoup de sacrifices, en tout cas quand on veut en faire sérieusement, et on a un prix à payer.
00:52:47C'est-à-dire que quand on lutte réellement contre un pouvoir en place, puisque c'est quand même ça ce qui définit la politique,
00:52:52ou on est au pouvoir et on essaie de le maintenir, ou on n'est pas au pouvoir et on essaie de le prendre,
00:52:56donc on lutte contre le pouvoir en place. Il y a un prix qui est évident, et je pense que ce n'est pas à vous que je vais l'expliquer,
00:53:02vous êtes dans un milieu qui savait ça.
00:53:07En tout cas, en ce qui concerne l'ESS, moi j'appuie vos propos, parce que c'est un secteur que j'ai un peu côtoyé,
00:53:18donc je confirme si je puis dire votre réflexion, et moi j'inviterai les spectateurs à aller s'informer,
00:53:28ne serait-ce que sur les grandes structures qui concernent l'ESS, et regarder qui détient ces grandes structures,
00:53:34et vous retrouverez effectivement des noms de gauchistes, après bien sûr il ne faut pas généraliser,
00:53:40parce qu'il y a des plus petites structures, et des gens qui font ça vraiment de manière authentique, si je puis dire,
00:53:48et qui croient en ces valeurs, parce qu'avant tout l'ESS ça prône des valeurs, c'est une économie engagée,
00:53:56avec tout un paradigme de valeurs qu'on est censé véhiculer à travers cette structure,
00:54:05et sur le capitalisme, c'est très controversé, c'est à la fois vaincre le capitalisme et en même temps faire de l'argent,
00:54:17et ils bénéficient aussi de beaucoup d'avantages fiscaux, il faut le rappeler,
00:54:24parce que quand vous créez une telle structure, vous avez des avantages, le gouvernement vous aide,
00:54:30vous avez toutes sortes d'avantages, voilà ce que je voulais dire en tout cas sur l'ESS pour vous rejoindre.
00:54:39Je me permets une petite digression pour rebondir sur ce que vous venez de dire sur ce paradoxe apparent
00:54:44entre le fait de faire de l'argent et le fait de prétendre lutter contre le capital,
00:54:48c'est effectivement un paradoxe en apparence, et il faut justement s'y intéresser et réfléchir à ça,
00:54:54puisque à mon avis c'est l'une des pistes les plus importantes pour comprendre ce que c'est que le monde adulte,
00:55:00le monde adulte c'est aussi faire beaucoup de compromis avec des idéologies qui peuvent paraître parfois pures,
00:55:06et un petit peu, je dirais, idéalistes.
00:55:10Ce que je veux dire par là c'est que dans le livre, et notamment dans la dernière partie,
00:55:15j'essaye d'identifier le rapport de force centrale qui structure le monde politique,
00:55:21et je l'identifie comme étant l'affrontement entre la tradition, dans l'archétype de la tradition,
00:55:25et le capital, le système capitaliste.
00:55:28Ce qui ne veut pas dire que l'un et l'autre sont hermétiques l'un à l'autre.
00:55:32Ce que je veux dire par là c'est que la construction de tradition,
00:55:35que moi j'identifie comme permettant réellement de lutter contre le capital,
00:55:39il faut bien comprendre qu'elle ne peut se faire qu'à la condition de l'accumulation du capital également.
00:55:44C'est-à-dire qu'il y a un système d'engendrement réciproque,
00:55:47puisqu'on ne construit pas, par exemple, l'église catholique sans accumulation de capital.
00:55:51Je pense que c'est assez facile à comprendre, il suffit d'observer une cathédrale
00:55:53pour comprendre immédiatement, intuitivement, toute l'accumulation de capital qu'il y a dedans.
00:55:57Ça ne veut pas dire l'accumulation d'argent forcément, c'est l'accumulation de compétences,
00:56:00l'accumulation d'expériences, l'accumulation de tout un tas d'activités humaines
00:56:04qui ont été cristallisées dans un monument, un monument qui sert une fonction d'ailleurs,
00:56:08de perpétuation de la tradition.
00:56:10On voit bien que dans la réalité humaine, le capital est inévitable d'une certaine manière.
00:56:16C'est ce que j'essaie de dire rapidement dans le bouquin,
00:56:19c'est pour ça que l'ESS me paraît quelque chose de très embryonnaire,
00:56:25c'est que la réflexion n'a pas été poussée jusque-là justement, chez ces gens-là,
00:56:29chez les gens que j'ai croisés moi en tout cas.
00:56:31Pour eux, le capital c'est mauvais.
00:56:33Ce que j'essaie d'expliquer c'est que ce n'est pas une question de bien ou de mal,
00:56:37le capital est un système automoteur qui s'impose à nous parce qu'il est,
00:56:41en tout cas tel que moi je le définis, il est je dirais notre rapport même au monde matériel
00:56:47ou en tout cas notre rapport social au monde matériel,
00:56:49c'est-à-dire la manière dont on organise notre production matérielle.
00:56:53Il faut bien distinguer d'ailleurs le capital du capitalisme,
00:56:56je ne vais pas rentrer dans tous ces détails parce que ce serait un peu trop long,
00:56:58mais il faut bien comprendre que nous ne pouvons pas faire l'économie,
00:57:03sans mauvais jeu de mots, nous ne pouvons pas nous passer de notre rapport au monde matériel
00:57:08et que pour produire notre civilisation, ce qu'on peut appeler la civilisation,
00:57:12donc ça demanderait tout un tas de discussions pour la définir,
00:57:14mais je pense qu'intuitivement on voit à peu près de quoi je parle,
00:57:16pour produire une civilisation on est obligé d'accumuler du capital.
00:57:20C'est l'un des paradoxes, c'est qu'une fois qu'on a commencé à accumuler du capital,
00:57:24le système de la logique marchande se met en place
00:57:29et tend à détruire toutes les traditions qu'on a construites avec cette civilisation.
00:57:32Donc c'est une lutte permanente, un rapport de force
00:57:34entre d'un côté le capital et de l'autre la tradition,
00:57:37et c'est ça que j'invite toutes ces personnes de l'économie sociale et solidaire à envisager.
00:57:44Je pense que l'une des clés du passage à l'âge adulte,
00:57:48c'est le passage de l'essentialisme à la dialectique,
00:57:51c'est-à-dire essayer d'identifier des essences dans le monde.
00:57:59Il y a un moment où il faut essayer de les mettre en rapport,
00:58:01notamment en rapport de force,
00:58:03et identifier quelque chose comme le capital ou le capitalisme, c'est bien,
00:58:07mais il faut comprendre à quoi il s'oppose.
00:58:09Il faut comprendre ce qu'il détruit,
00:58:10et il faut comprendre aussi ce qu'il lutte contre lui.
00:58:12Et la mise en rapport, par exemple, comme j'essaie de le faire,
00:58:15de la tradition et du capital,
00:58:16permet de comprendre comment pour produire le monde
00:58:20on est obligé de se servir de notre rapport au monde matériel,
00:58:23et donc on est obligé d'entrer en contact avec le capital,
00:58:25de l'utiliser d'une certaine manière pour construire des pôles,
00:58:28des bulles qui permettent d'y résister.
00:58:30C'est comme ça que je vois la tradition.
00:58:32Et ça, j'aimerais bien que les gauchistes,
00:58:35ou en tout cas plus largement toute une population
00:58:40qui garde des réflexes infantiles essentialistes, comprennent.
00:58:44C'est que le passage à l'âge adulte,
00:58:46le passage à l'âge adulte intellectuel notamment,
00:58:49c'est ce que j'essaie d'expliquer dans la deuxième partie du livre,
00:58:51se fait justement dans le passage de l'essentialisme,
00:58:54de la recherche des essences un peu partout dans le monde,
00:58:57du passage de l'essentialisme à la dialectique,
00:58:59c'est-à-dire à la mise en rapport
00:59:01de ce qu'on avait identifié jusque-là comme des essences.
00:59:04Et donc comprendre que toute la réalité humaine
00:59:06est entre les deux et est le produit de ces rapports de force.
00:59:08Voilà, je ferme la digression.
00:59:11Écoutez, justement, moi j'avais envie de terminer sur la dialectique,
00:59:14mais je crois que vous avez tout dit en fait.
00:59:17Tant mieux.
00:59:19C'est effectivement la clé en tout cas que vous donnez
00:59:23pour sortir de l'immaturité permanente.
00:59:26Merci beaucoup Thomas Bouchion.
00:59:28Merci à vous.
00:59:29Je ne sais pas si je vous l'ai dit,
00:59:30mais moi j'ai beaucoup aimé votre livre.
00:59:33Il m'a été conseillé par un invité il y a quelques mois
00:59:36qui m'a dit je suis certain que vous allez aimer ce livre.
00:59:41Et effectivement, c'est un de mes coups de cœur de cette année.
00:59:45Vraiment.
00:59:47Parce qu'il est très simple à lire.
00:59:49Il est très riche surtout.
00:59:52Donc j'encourage nos auditeurs à se le procurer.
00:59:57L'immaturité permanente.
00:59:59Combattre l'infantilisation des esprits.
01:00:02Aux éditions Contre Culture.
01:00:04Et là, c'est vraiment...
01:00:05On ne se connaît pas Thomas Bouchion.
01:00:07Voilà, je tiens à le préciser.
01:00:09On ne se connaît pas.
01:00:12C'est vraiment pas une promotion calculée pour le coup.
01:00:16Vraiment pas.
01:00:17Merci quand même pour cette mise en avant du livre.
01:00:21Autant la couverture qui est très jolie et qui attire.
01:00:24Vraiment qui attire.
01:00:26Et autant le contenu.
01:00:28Voilà.
01:00:29Là, j'encourage tout le monde à se le procurer.
01:00:32Ça peut faire une lecture d'été par exemple.
01:00:35Absolument.
01:00:36Une lecture instructive.
01:00:39Merci beaucoup pour cette émission, pour cette invitation.
01:00:42Merci et bravo pour le travail que vous faites par ailleurs.
01:00:45Parce que vous faites un excellent travail.
01:00:47Et merci d'avoir donné à ce livre une visibilité supplémentaire.
01:00:50Merci beaucoup.
01:00:51Merci à vous Thomas Bouchion.
01:00:53A très bientôt.
01:00:54A bientôt.