A la DGSE, la direction générale de la Sécurité extérieure, le service de renseignement français, on n'aime rien tant que la discrétion. Pourtant, pour la première fois de son histoire, une équipe de télévision y a été autorisée pendant plusieurs semaines. Des agents de tous les services se sont confiés sur leurs motivations. Ils ont raconté comment les ingénieurs, militaires, étudiants, linguiste, éditrice qu'ils étaient ont été transformés en "agents secrets" de la France au gré de formations exigeantes. Pour la première fois également, tous ont été autorisés à illustrer leurs propos par deux types de missions : la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et la traque des responsables d'un attentat djihadiste en Mauritanie en 2007.
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TVTranscription
00:00:00...
00:00:05Alors, interview première.
00:00:08...
00:00:16Je pense que tout le monde à la DGSE doit se penser
00:00:19comme un agent secret.
00:00:20...
00:00:24Son identité est protégée,
00:00:26son appartenance aux services doit être conservée, secrète.
00:00:30...
00:00:31Le vocable agent secret est plus large, à mon avis, que l'espion.
00:00:34...
00:00:42L'espion, c'est comme soldat, c'est un métier.
00:00:45Vous êtes militaire, vous êtes soldat.
00:00:48L'espion, c'est une gamme de personnel très spécifique.
00:00:53...
00:00:55L'espion, c'est une partie de l'activité.
00:00:57C'est bien l'activité d'espionnage que mène la DGSE,
00:01:00car elle travaille à étrangers dans la coindestinité.
00:01:02C'est un métier qu'on ne fait nulle part ailleurs.
00:01:05C'est très différent du reste.
00:01:07C'est une vie assez exaltante.
00:01:09...
00:01:14Je pense que j'ai un naturel plutôt joueuse.
00:01:17Donc, aller chercher et se mettre un plan de danger,
00:01:21ça, ça m'intéressait.
00:01:22Et puis, c'est ce risque-là qui fait qu'on a envie d'y aller.
00:01:26Directeur général, première.
00:01:27...
00:01:29La DGSE, c'est une maison composée de gens ordinaires
00:01:33pour faire des missions extraordinaires
00:01:35et avec des moyens exceptionnels.
00:01:37...
00:01:49J'étais spécialiste de tout ce qui était poudré, explosif,
00:01:52sur les missiles, la partie explosive d'une tête nucléaire,
00:01:56sur tous les systèmes d'armes.
00:01:58...
00:02:01Le programme de Saddam Hussein,
00:02:02c'était un des dossiers sur lesquels j'ai travaillé.
00:02:05...
00:02:06Donc, on travaille à vérifier ce qu'il développe,
00:02:11ce qu'il achète, ce qu'il teste.
00:02:13Donc, du coup, quand la question des armes de destruction massive
00:02:17arrive, quelque part, on est déjà prêt.
00:02:20...
00:02:40Un missile Scud, c'est un tube métallique
00:02:43de 88 cm de diamètre.
00:02:45...
00:02:49Un pipeline.
00:02:50Pour le pétrole, c'est un tube de 80 cm.
00:02:55...
00:02:58Qu'est-ce qui ressemble plus à un tube de 80 cm
00:03:01qu'un tube de 88 cm ?
00:03:02...
00:03:11On nous disait, regarde, dans ce bâtiment-là,
00:03:14il y a des corps de missiles, et en fait, pas du tout.
00:03:16C'était une aisine de tapis.
00:03:18...
00:03:19Le tapis roulé donnait l'impression tubulaire
00:03:22d'un corps de missile.
00:03:23...
00:03:25Il n'y a pas là de justification
00:03:28à une décision unilatérale de recours à la guerre.
00:03:33L'Irak ne représente pas une menace immédiate
00:03:37telle qu'elle justifie une guerre immédiate.
00:03:41...
00:03:45L'espionnage, c'est mon métier.
00:03:47La finalité, c'est l'enseignement, c'est le savoir.
00:03:49Savoir pour pouvoir quelque chose.
00:03:52Et l'investissement qu'on fait ici, il est d'abord dans le savoir.
00:03:55...
00:04:08...
00:04:17...
00:04:18...
00:04:28J'ai rejoint la DGSE en 1987,
00:04:31juste après mes études à Sciences Po.
00:04:35J'ai écrit de manière extrêmement naïve, maintenant,
00:04:38un courrier au ministère de la Défense
00:04:41pour dire, voilà, je suis intéressé par rentrer à DGSE.
00:04:45J'ai vu qu'il y avait un concours,
00:04:46et je souhaiterais candidater.
00:04:48...
00:04:52En fait, c'est eux qui m'ont repéré.
00:04:55Ils sont venus...
00:04:56Ouais, c'était un peu à la sortie des cours.
00:04:59J'étais un peu sceptique au début,
00:05:01mais après, j'ai vu de vue que c'était pas du pipo.
00:05:04...
00:05:10Ce qui m'a le plus étonnée en arrivant,
00:05:13c'est que beaucoup de gens, quand j'expliquais mon parcours,
00:05:16ils me disaient,
00:05:17tu viens de l'extérieur.
00:05:19Je savais pas comment je devais le prendre,
00:05:21et j'ai compris que c'était un monde à pas.
00:05:23...
00:05:31On a un circuit arrivé,
00:05:32donc on commence à passer par nombreux bâtiments
00:05:35parfaitement inconnus,
00:05:36et ce qui frappe, c'est que souvent, ils sont anonymes.
00:05:39...
00:05:42À l'époque, en tout cas, les pièces étaient des numéros,
00:05:44des lettres, rien de très explicite.
00:05:47...
00:05:55Ma motivation était simple,
00:05:56c'était à la fois servir et l'étranger.
00:06:01Et vivre une vie en situation d'exposition.
00:06:08Avec derrière, le plaisir.
00:06:10Le plaisir du jeu, le jeu d'espion, les positions,
00:06:13le dessous des cartes, savoir ce que personne ne sait.
00:06:16C'était ça, ma motivation.
00:06:18...
00:06:24Ce qui m'avait attiré, c'était le goût de l'aventure,
00:06:27de l'international, des crises.
00:06:31Je me souviens, quand j'étais tout petit,
00:06:33j'étais chez ma grand-mère en vacances dans le nord de la France,
00:06:36et j'avais 7 ou 8 ans, c'était la guerre du Liban,
00:06:39il y avait des combats dans les rues.
00:06:41Ma grand-mère me surprenait et me disait
00:06:43que c'était la guerre, c'était pas de son âge,
00:06:45mais ça m'intéressait, en fait.
00:06:47...
00:06:50J'avais cet attrait, cette fascination
00:06:53pour l'actualité internationale, les crises,
00:06:56et ce qui se passait à l'étranger.
00:06:57...
00:07:02J'étais dans un régiment parachutiste avant de venir ici.
00:07:06Je pensais à la DGSE, découvrir l'aventure,
00:07:09la piste en Afrique, toutes sortes de choses.
00:07:12Et quand j'ai été reçu par un colonel
00:07:14qui recevait tous les jeunes recrues,
00:07:18il m'a dit, droit dans les yeux,
00:07:20ne t'attends pas à sauter en parachute à 8 000 m,
00:07:24à aller ramper dans la voûte.
00:07:26Pendant qu'il me disait ça,
00:07:27je pensais qu'il était en train de me tester,
00:07:30mais que ce serait ce que j'aurais,
00:07:32mais qu'il essayait de tester ma motivation.
00:07:34Et j'ai découvert un univers bureaucratique à la DGSE,
00:07:39parisien, je suis provincial.
00:07:41C'était difficile.
00:07:42...
00:07:56Quand vous rentrez à la DGSE,
00:07:58vous avez les formations qui vous permettent
00:08:01de rapidement intégrer votre service et remplir la mission.
00:08:05Mais si vous voulez devenir espion,
00:08:06parce que nous sommes le service des espions,
00:08:09vous allez faire un autre stage qui dure à nouveau plusieurs mois.
00:08:12Et ce n'est simplement qu'à l'issue de ce stage
00:08:15que vous devenez, comme on dit chez nous,
00:08:16officier traitant, espion.
00:08:18...
00:08:27L'officier traitant, c'est la personne chargée par le service
00:08:30de rencontrer un contact, une source,
00:08:33et d'échanger avec elle pour obtenir les renseignements
00:08:39que cette personne doit pouvoir procurer au service.
00:08:41...
00:08:45Un officier traitant, c'est quelqu'un qui recueille
00:08:47du renseignement à partir d'une source humaine,
00:08:50en l'amenant, en agissant sur des leviers,
00:08:52à transgresser un interdit et à nous dire
00:08:55ce qu'il ne devrait pas nous dire.
00:08:57...
00:09:01Le métier d'officier traitant est un métier
00:09:04qui demande plus de savoir-être que de savoir-faire.
00:09:07...
00:09:10La plupart des officiers traitants de la DGSE
00:09:12sont sous couverture diplomatique, en ambassade.
00:09:15Ce n'est pas James Bond.
00:09:17On n'a pas un Walter P.P.K. dans la poche, non.
00:09:20Éventuellement, le Vodka Martini, c'est possible, mais...
00:09:24En général, on joue plus sur la subtilité, la discrétion
00:09:27et la gestion rigoureuse des moyens de communication
00:09:30que sur le M4 ou le bloc.
00:09:34...
00:09:43Pour être officier traitant,
00:09:46il faut avoir un certain nombre de qualités
00:09:48qui nécessitent de valider des formations professionnelles,
00:09:52qui sont des formations extrêmement rigoureuses
00:09:54et que tout le monde n'arrive pas à réaliser, en fait.
00:09:57...
00:10:05Un itinéraire de sécurité,
00:10:06c'est une procédure de sécurité individuelle
00:10:09qui vise à confirmer ou infirmer la présence derrière soi
00:10:12d'un dispositif de filature.
00:10:15Comment on va la jouer ?
00:10:16On va alterner des axes à forte densité de population
00:10:20avec des axes à moindre densité de population.
00:10:23...
00:10:27Ceci, de façon à forcer le dispositif de filature
00:10:32à changer d'attitude.
00:10:33...
00:10:39Ca veut dire qu'on va utiliser l'environnement urbain,
00:10:43comment sont construites les villes, un bâtiment, n'importe quoi,
00:10:46pour détecter la présence de gens derrière
00:10:48ou observer sans être vu.
00:10:50...
00:10:56Au cours de l'itinéraire, on va effectuer des contrôles.
00:10:59Un contrôle, comment ça se passe ?
00:11:01Je suis sur un axe de moindre densité.
00:11:04J'exécute un changement de direction pour pénétrer dans un local.
00:11:07...
00:11:11Local qui va m'offrir des vues sur le carrefour.
00:11:15...
00:11:23Donc, je vais voir les fileurs
00:11:26se mettre en place sur le carrefour
00:11:29pour attendre ma sortie
00:11:30et reprendre ensuite la filature derrière moi.
00:11:32...
00:11:39L'idée, c'est d'évoluer dans une ville sans avoir l'air d'un espion.
00:11:42Si on se retourne avec un regard inquiet ou paranoïaque,
00:11:45on va confirmer aux gens qui sont derrière,
00:11:48s'ils sont là, qu'ils ont vu dessus la bonne personne.
00:11:51Et donc, ça amène à reprenter, nombreuses fois, les mêmes rues
00:11:56avant de trouver la bonne approche.
00:11:58...
00:12:02Paris est un terrain de jeu très agréable pour se faire en exercer.
00:12:06Les quartiers historiques...
00:12:09C'est très facile de faire ce genre d'exercice en Paris.
00:12:12...
00:12:20Bien vu !
00:12:21Donc, séance de protection personnelle
00:12:24avec différents exercices
00:12:25pour compléter ce qui a été vu précédemment.
00:12:28Quels que soient votre état du moment, votre forme du moment,
00:12:31on fait des mouvements utiles
00:12:33et qui ne nous mettent pas, évidemment, en danger.
00:12:36Ça va ?
00:12:37On est morts ?
00:12:38...
00:12:45Il nous faut des bases dans de multiples domaines.
00:12:47Il faut pouvoir être polyvalent, être un peu l'homme à tout faire.
00:12:51Et en matière de protection personnelle,
00:12:53se protéger soi-même, protéger les personnes autour,
00:12:56ça fait partie d'un gros socle de compétences.
00:13:00...
00:13:04C'est la première ex, vous voyez ?
00:13:05Toutes les personnes qui arrivent au niveau de chez nous,
00:13:08elles font des stages.
00:13:10Des stages de tir, donc arme de poing, arme d'assaut, etc.
00:13:13...
00:13:15Maintenant, elle est où ? Pour faire passer le coude ?
00:13:18Elle est ici. Elle est haute. Elle est bien.
00:13:20Elle est déjà armée.
00:13:21On va pouvoir passer à ce qui s'appelle une frappe en marteau.
00:13:25Ici, je fais une frappe avec cette partie du poing
00:13:28et sur quelque chose qui sera intéressant.
00:13:31...
00:13:34Il faut que ça soit accessible à tout le monde,
00:13:36qu'il y ait le seul profil, jeune, moins jeune,
00:13:38athétique, un peu moins,
00:13:40pas uniquement des individus exceptionnels.
00:13:43...
00:13:45Pendant le jour secret,
00:13:46si on utilise son arme, c'est qu'il y a eu un petit souci.
00:13:49En attendant même d'être capable, sur une certaine position,
00:13:53une certaine mission, d'être capable de prendre une arme
00:13:55et de l'utiliser.
00:13:57...
00:13:57...
00:14:02Il nous faut les bases.
00:14:03Les bases pour être achetées ici particulièrement
00:14:06et pour pas être improfaciles.
00:14:08...
00:14:14Chargeur !
00:14:15...
00:14:17OK, prêt !
00:14:18...
00:14:29On ne va pas non plus vous apprendre tout de suite
00:14:32à faire des choses dont vous n'aurez pas besoin.
00:14:34Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
00:14:37On a des stages qui sont crantés à différents moments
00:14:40de votre parcours,
00:14:42où vous allez apprendre le bas-à-bas.
00:14:45...
00:14:49J'ai le basson, comme ça,
00:14:51et donc là, si ça en règle,
00:14:53ça va être identifié.
00:14:55C'est vrai, c'est plus juste, quoi.
00:14:57...
00:14:59Euh... Je suis avec Elisabeth.
00:15:01Oui, c'est ça.
00:15:02Je dois lui remettre un objet.
00:15:05...
00:15:07Bon, mon pote.
00:15:08...
00:15:14Vous voulez que je vous prenne en photo ?
00:15:16Non, c'est gentil, merci.
00:15:17Excusez-moi, vous avez l'air sympa.
00:15:19Je peux vous demander un petit service, s'il vous plaît ?
00:15:21Vous voyez la dame assise là-bas avec le chapeau rose ?
00:15:24C'était ma prof d'anglais quand j'étais au lycée.
00:15:26Elle était super sympa.
00:15:27On a rendez-vous avec quatre anciens élèves
00:15:29pour boire un café avec elle.
00:15:31On a tous acheté ça,
00:15:32parce qu'elle nous disait tout le temps
00:15:34« We can do it, we can do it ».
00:15:35Et les quatre autres, ils lui ont fait la blague,
00:15:37ils lui ont fait remettre par des passants le petit objet
00:15:40en lui faisant un clin d'œil.
00:15:41Je voulais vous demander si ça vous emmenait pas
00:15:44de le faire, s'il vous plaît.
00:15:45Si vous voulez, j'y ai monté la carte.
00:15:47Oui, vous lui dites juste, c'est de la part de...
00:15:49...
00:15:50Bonne journée.
00:15:51Merci beaucoup, c'est hyper sympa.
00:15:53Y a pas de quoi.
00:15:55On teste la capacité d'un agent à être, pour de vrai,
00:15:59espion, c'est-à-dire
00:16:02de recruter et de traiter une source.
00:16:05...
00:16:08On vous lâche dans Paris, où il y a une étudiété sociale.
00:16:11Classiquement, un bar, un restaurant,
00:16:13et on vous pointe quelqu'un,
00:16:15et après, il faut aller vers la personne, au contact,
00:16:17et puis engager, évidemment, la conversation.
00:16:19...
00:16:20...
00:16:26Excusez-moi, monsieur.
00:16:27Monsieur, excusez-moi, vous avez du feu, par hasard ?
00:16:29Pardon ?
00:16:31Vous avez de la lumière ?
00:16:32Non.
00:16:33Vous ne fumez pas ?
00:16:35Ça demande vraiment une réflexion sur comment,
00:16:37quand on rencontre quelqu'un, comment on crée un lien,
00:16:40comment on pose quelque chose qu'on partage,
00:16:44parce que ça, ça va mettre la personne en confiance.
00:16:47Vous avez des problèmes si je fume ici ?
00:16:49Non, non.
00:16:50Merci.
00:16:51Où êtes-vous venu ?
00:16:52Irlande.
00:16:53Pardon ?
00:16:54Irlande.
00:16:56Irlande, OK, sûr.
00:16:57Oh, mon Dieu, alors...
00:17:00Comment vous jouez, en ce moment ?
00:17:03Vous continuez ?
00:17:05Non, non, terminé.
00:17:06Comme nous ?
00:17:07Oui.
00:17:08En fait, sur ce type d'exercice-là, encore une fois,
00:17:12ce qui est très intéressant, c'est la capacité du stagiaire
00:17:17à avoir le bon prétexte et non la bonne excuse.
00:17:21Vous devriez revenir pour l'Olympique ?
00:17:24Peut-être.
00:17:25Mon ami travaille, il va sortir dans un moment.
00:17:29OK.
00:17:30Il va venir.
00:17:31Vous devriez rester en contact avec moi.
00:17:34Je travaille pour le Stamboul français, à Paris.
00:17:37OK.
00:17:38Et nous avons des sièges pour l'Olympique
00:17:41que nous devons donner.
00:17:43C'est là que la réflexion du candidat rentre en ligne.
00:17:45C'est-à-dire, qui je suis, dans quelle posture je m'engage,
00:17:50je suis quoi, qui, comment je le fais, voilà.
00:17:53Le but, c'est de ramener, de savoir un peu ce que fait la personne,
00:17:57quelle est son activité, ce qu'elle fait là,
00:17:59le moyen de la contacter, tout élément qui permet de comprendre
00:18:03qui elle est et peut-être de la recontacter si on en a besoin.
00:18:06Vous avez une adresse e-mail ou un numéro de téléphone ?
00:18:09Oui, je peux vous donner mon adresse.
00:18:12Je peux le passer à mon ami.
00:18:13Oui, oui.
00:18:15Vous avez un téléphone ?
00:18:16Oui.
00:18:18J'étais plus excité que inquiet par cette première mise en situation.
00:18:23Après, il y a le souci de bien faire,
00:18:26de bien comprendre l'exercice.
00:18:29Mais ça m'a confirmé que cette idée que j'avais,
00:18:32que c'était un univers dans lequel je pouvais m'épanouir,
00:18:35s'est confirmée dans cette phase de formation.
00:18:44Le fond de tout ça, c'est que c'est aussi amener des gens à trahir
00:18:49les pays qui servent et que ça ne va pas de soi par des gens,
00:18:53mais que, quand la relation se noue,
00:18:56ce n'est pas forcément sur cet angle-là que c'est présenté.
00:19:07Pour amener l'individu à transglacer un intervit,
00:19:10on va agir sur des leviers.
00:19:12Le fameux MICE, Monnaie, Idéologie, la Compromission et l'Ego.
00:19:22Le MICE, oui, c'est le bouc.
00:19:24C'est la théorie.
00:19:26De fait, énormément de sources trahissent leur pays d'un service étranger
00:19:31parce qu'elles ont besoin d'argent, de reconnaissance.
00:19:34Ça reste des ressorts qui sont très forts.
00:19:38Mais c'est quelque chose que vous mettez en oeuvre de manière naturelle.
00:19:42Je pense que certains services qui ont des moyens financiers
00:19:47très importants utilisent beaucoup l'argent.
00:19:49Les anglo-saxons, par exemple.
00:19:51Mais il y a tout le reste. Il ne peut pas y avoir que l'argent.
00:19:54Il faut qu'il y ait aussi l'intérêt pour la source,
00:19:57pour ce qu'elle représente, pour sa structure, pour son pays.
00:20:00Il faut aussi lui expliquer pourquoi vous avez besoin d'elle.
00:20:03Si il n'y a que l'argent, la source va être prête à vous inventer
00:20:07n'importe quoi pour avoir sa rémunération.
00:20:09Donc il faut trouver le bon dosage.
00:20:11Et je reste persuadé qu'il faut la convaincre
00:20:14de pourquoi elle fait ça et pourquoi on fait ça ensemble.
00:20:22Sur les sujets que je traite,
00:20:24les armes prohibées, utilisées par des régimes autoritaires.
00:20:28L'idéologie, c'est le moteur le plus puissant que vous avez.
00:20:31Sur un théâtre de guerre, quand vous avez subi des atrocités,
00:20:35des atrocités,
00:20:37les effets d'une arme comme une arme chimique,
00:20:41le moteur...
00:20:43Il y a des personnels.
00:20:52Des défecteurs de l'Union soviétique disaient qu'il y avait le french paradoxe.
00:20:56Si vous essayez de piéger un Français homme avec une maîtresse
00:20:59en lui disant qu'on t'a pris avec Tatiana de 22 ans,
00:21:02on va lui montrer ça à ta femme,
00:21:04ça ne marchait pas. C'était le french paradoxe.
00:21:07Ils disaient qu'ils pouvaient montrer ce qu'ils voulaient à sa femme.
00:21:10Elle comprendra, elle est déjà au courant.
00:21:13Je ne pense pas qu'les services occidentaux
00:21:15utilisent beaucoup ce levier-là.
00:21:17C'est pas dans la culture.
00:21:22La compromission, j'arrête. J'estime que ça ne marchera pas.
00:21:25On ne va pas tendre le bras à quelqu'un.
00:21:27Si vous lui tordez une fois pour qu'il fasse quelque chose,
00:21:30la seule chose qu'il va faire, c'est de sortir le bras de son étau.
00:21:34Pour moi, la compromission, ça peut être un one-shot,
00:21:37mais dans des cas d'extrême urgence,
00:21:40mais c'est pas dû travailler.
00:21:45C'est pas compliqué, les gens aiment parler d'eux.
00:21:48Faites le test. Faites un déj' avec un ami,
00:21:51vous allez voir, si vous lancez la conversation sur lui,
00:21:56vous pouvez passer le déjeuner à parler de lui.
00:21:59Une source, c'est pareil.
00:22:01Quand vous apprenez à connaître la personne en question
00:22:05et qu'elle apprend à vous connaître,
00:22:07elle se rend compte que vous êtes intéressé par son pays
00:22:10et par sa vision des choses.
00:22:11Vous savez, les islamistes, notamment les islamistes de l'islam politique,
00:22:16la mouvance Frères musulmans,
00:22:18dans les pays où elle est représentée,
00:22:20ils ont aussi une vision très transactionnelle
00:22:24et pragmatique des choses.
00:22:26Avoir un Français qui s'intéresse à eux...
00:22:29J'y étais, ils n'avaient pas l'habitude.
00:22:31Ils étaient contents d'avoir un Français qui s'intéressait à eux.
00:22:34Ils étaient contents d'expliquer
00:22:36quels étaient leurs ressorts idéologiques, politiques.
00:22:39Ils avaient moyen de trouver un terrain d'entente.
00:22:47Est-ce que c'est bien ou non de manipuler des gens ?
00:22:50Non, c'est pas bien quand c'est pour soi.
00:22:52Mais quand c'est pour l'intérêt supérieur du pays,
00:22:56ben, c'est... Il y a une forme de détachement.
00:22:59On n'a pas véritablement d'état d'âme,
00:23:01déjà parce que, un, il y a la mission,
00:23:03on s'est fixé un objectif,
00:23:06et puis la deuxième chose, c'est de se dire,
00:23:08pour que ça fonctionne, c'est du donnant-donnant.
00:23:11Il a un besoin, j'ai un besoin,
00:23:12c'est la convergence des besoins qui fait qu'il va trahir.
00:23:16Il faut pas voir ça comme un jeu de manipulation froid
00:23:19où on utilise les gens à leur insu.
00:23:22Non, il y a une acceptation, il faut qu'il y ait acceptation,
00:23:25il faut qu'il y ait intégration du risque par l'autre,
00:23:27et là, on peut avoir du plaisir tous les deux à faire ce qu'on fait.
00:23:30Mais dans la relation, on peut vraiment s'épanouir,
00:23:33et elle n'est pas que négative, voilà, c'est une relation positive.
00:23:47Au terme de ce stage, on nous demande ce que l'on souhaitait.
00:23:50À l'époque, on émettait des vœux, c'est toujours le cas maintenant.
00:23:52On émettait trois vœux.
00:23:54Et j'avais mis trois vœux
00:23:58pour travailler sur l'arc de crise,
00:24:00qui est la zone qui m'intéresse le plus,
00:24:02entre la Mauritanie et l'Iran.
00:24:05Ensuite, je suis parti en poste à l'étranger comme officier traitant.
00:24:12Mais la difficulté, c'était notamment le fait
00:24:13qu'on partait sous identité effective
00:24:15avec un vrai passeport, avec un faux nom.
00:24:25La DGSE, c'est un service spécial,
00:24:28c'est-à-dire qu'il a des moyens particuliers pour agir à l'extérieur,
00:24:32et c'est un service qui agit aussi d'une manière clandestine.
00:24:38Cela veut dire qu'il faut que nous inventions à nos agents
00:24:41des existences, des légendes, un passé, un métier.
00:24:45Et donc, tout cela, c'est une construction
00:24:48que je qualifierais d'orfèvrerie de la clandestinité.
00:24:55Vous avez cette identité, vous avez une adresse,
00:24:57vous avez des comptes en banque,
00:24:59vous avez le permis de conduire, vous voyagez, etc.
00:25:02Vous faites vivre cette identité et vous l'utilisez aussi pour des missions.
00:25:07Après, la clandestinité, elle est relative.
00:25:09Ça va du noir, total, jusqu'au clair.
00:25:14Et plus c'est noir, plus c'est long, plus c'est compliqué,
00:25:17plus c'est cher, plus c'est difficile.
00:25:21Et tout ne justifie pas la clandestinité totale.
00:25:34Il y a des structures de l'ADGSE qui évoluent de manière clandestine.
00:25:38C'est ce qui fait aussi leur force et ce qui préserve leur sécurité.
00:25:42Le service, qui est un service clandestin,
00:25:45est un service très cloisonné.
00:25:49Ce service va là, où les autres ne vont pas,
00:25:52où ils ne peuvent pas aller.
00:25:58J'ai un doctorat, j'étais chercheure,
00:26:01je déployais mes idées,
00:26:03j'étais chercheuse, j'étais chercheuse,
00:26:05j'étais chercheuse, j'étais chercheuse,
00:26:07j'étais chercheuse, j'étais chercheuse,
00:26:09je déployais mes idées, j'essayais de faire du terrain, etc.
00:26:13Et à la fin d'un colloque, j'ai été ciblée, tamponnée.
00:26:18Un vrai recrutement, comme on fait avec des sources,
00:26:20et ils ont su, un bon manipulateur,
00:26:23trouver le bon mot pour m'intéresser.
00:26:24Et puis, en fait, c'était facile,
00:26:26parce que c'est tellement extraordinaire,
00:26:29dans le premier sens du terme, que ça m'a vite impatée.
00:26:33...
00:26:38J'ai jamais mis les pieds à des GSE.
00:26:41Même des personnes au sein de la boîte se disent
00:26:43qu'est-ce que c'est, en fait, que cette petite unité ?
00:26:45Est-ce que je peux y aller ? Dans quelle mesure ?
00:26:46Est-ce que j'ai le droit d'en connaître ?
00:26:49Il y a effectivement une sorte de boîte noire
00:26:51dans la boîte noire.
00:26:52...
00:26:57Le clandestin, ce qui nous intéresse,
00:27:00c'est ce qu'il est aujourd'hui.
00:27:02Mais le métier qu'il fait aujourd'hui
00:27:04ne sera plus qu'une couverture.
00:27:06Son vrai métier, ça sera clandestin de la DGFE.
00:27:09...
00:27:12Je crée une vraie société qui a des vrais bureaux,
00:27:14un CHO, un statut, un comptable, un avocat,
00:27:19des cartes de visite, des clients, des vrais,
00:27:22quelques infos, mais surtout des vrais.
00:27:25...
00:27:29Une structure de couverture, c'est une entreprise
00:27:30ou une association qui a une vraie existence légale,
00:27:34qui servira de prétexte à notre fichier clandestin
00:27:38pour se projeter dans certains pays,
00:27:40approcher certaines personnes et leur poser certaines questions.
00:27:43...
00:27:48Au sein des employés, qui est au courant de...
00:27:51Absolument personne.
00:27:52Absolument personne.
00:27:54Et jusqu'à la fin, en fait, c'est ça qui assure
00:27:58la sécurité du montage.
00:27:59C'est que le fait qu'absolument personne ne sache
00:28:01que tout ça est une structure ex nihilo
00:28:04en vue de, certes, faire du business,
00:28:07mais surtout ramener du renseignement.
00:28:09...
00:28:13On est bien conscients qu'on cherche les moutons à cinq pattes.
00:28:17On veut des gens extrêmement disciplinés,
00:28:20mais capables d'initiatives.
00:28:22On veut des autonomes, pas des indépendants.
00:28:26On veut des audacieux, pas des chiens fous.
00:28:28Des gens rigoureux, pas des rigides.
00:28:31On veut des créatifs, pas des fantasques.
00:28:33Donc, tout est affaire de positionnement de curseurs, en fait.
00:28:36...
00:28:41On a vraiment deux métiers, c'est-à-dire que notre vie est partagée
00:28:44entre ces structures de couverture,
00:28:46où il faut faire des contrats, faire des rendez-vous,
00:28:48faire des collocs, se déplacer,
00:28:52organiser des rencontres, payer les URSAF,
00:28:55faire sa compta, et toute l'autre partie,
00:28:57où on travaille avec les analystes et avec les bureaux recherche
00:29:01sur comprendre exactement la zone,
00:29:04comprendre quels sont les enjeux, les besoins de la boîte,
00:29:08qui on doit aller cibler.
00:29:09Et en fait, c'est deux espaces complètement différents.
00:29:12Donc, c'est lourd intellectuellement.
00:29:15...
00:29:26L'accès en destinité, il y a plusieurs tendons d'Achille.
00:29:29L'un des tendons d'Achille, c'est la biométrie.
00:29:32...
00:29:36Si on recrute un individu qui est allé dans certains pays
00:29:39et qui a laissé des traces biométriques en identité réelle,
00:29:43on peut pas le renvoyer dans le même pays en identité fictive.
00:29:46Parce que lorsqu'il va passer la frontière,
00:29:48on va dire, monsieur Fombier, vous êtes déjà passé sous un autre nom.
00:29:52Expliquez-nous.
00:29:53...
00:29:56Je savais que j'allais être en identité réelle.
00:29:58J'avais déjà un réseau qui pouvait être utile
00:30:01et que j'étais fichée partout.
00:30:02C'était su dès le départ,
00:30:04parce que j'avais mis des imprimes à tous les pays
00:30:06où on sait qu'ils échangent leurs fichiers.
00:30:09...
00:30:12Réaliser des gestes opérationnels dans une vie normale,
00:30:16c'est ça, l'avenir du renseignement.
00:30:19C'est d'être banal.
00:30:21C'est pas d'être secret, c'est d'être banal.
00:30:23Et donc, c'est d'avoir un comportement numérique, physique,
00:30:26qui soit banal, celui de la couverture que vous avez.
00:30:29Vous êtes un homme d'affaires, vous avez une façon de travailler.
00:30:32Et insérer dans ce pattern des gestes secrets.
00:30:37...
00:30:39En fait, l'identité réelle, on est... Tout est mêlé.
00:30:43Et quand on est en vacances avec sa famille,
00:30:45on a des sources qui appellent pour travailler sur un projet, etc.
00:30:48Et on est... Tout est mélangé.
00:30:50Donc le risque est présent tout le temps.
00:30:52Et c'est ce qui peut aussi, parfois, porter préjudice dans la vie perso.
00:30:56Parce qu'il y a beaucoup trop de barrières.
00:30:59Dans les repas de famille, au tout début de ma carrière,
00:31:02on me posait des questions, je répondais pas.
00:31:04Et au bout de quelques années,
00:31:06quand on faisait le tour de table traditionnel,
00:31:08quand on arrive à moi, on sautait.
00:31:10On me posait plus de questions, j'étais epsilon, quantité négligeable.
00:31:13Ça m'allait très bien.
00:31:14Euh... Ouais, il y a une sorte de diminution volontaire
00:31:17du rayonnement social,
00:31:19qui est consubstantielle du métier d'officier traitant.
00:31:23Moi, je veux dire que...
00:31:25Moi, j'ai eu beaucoup de chance, vis-à-vis de mes proches,
00:31:27de voir des gens qui étaient extrêmement compréhensifs,
00:31:30tolérants.
00:31:32Il faut savoir que papa, il est un espion,
00:31:35même si c'est pas le terme qu'il a employé.
00:31:37Papa, il travaille à la DGSE.
00:31:39Mais derrière, qu'est-ce qu'il se passe à la DGSE ?
00:31:41Il y a plein de métiers.
00:31:43Il y a des officiers de recherche, il y a des analystes.
00:31:46Il y a plein de métiers.
00:31:47Il ne sait pas forcément, il ne savait pas forcément
00:31:50que papa partait à l'autre bout du monde
00:31:52faire des choses parfois un peu osées, quoi.
00:32:05La DGSE a le privilège d'être un service intégré.
00:32:09Ça veut dire que nous avons, sous la même autorité,
00:32:12le renseignement humain.
00:32:13Nous avons l'ensemble des capteurs techniques.
00:32:16Et puis, nous avons le renseignement opérationnel,
00:32:19qui nous permet effectivement de trouver
00:32:21un certain nombre de choses par des moyens
00:32:24qui sont des moyens d'ordre coercitif,
00:32:27d'ordre militaire.
00:32:34Le service d'action, je pense que sa mission est assez connue.
00:32:37C'est un peu le bras armé slash militaire de la DGSE.
00:32:43Le service d'action mène des actions de renseignement,
00:32:47peut mener des actions d'entrave également,
00:32:49mais les opérations qui sont menées
00:32:51ont vocation à ne pas être assumées par les autorités françaises.
00:33:06La DGSE a une mission de recherche de renseignements
00:33:09et d'information de nos autorités,
00:33:12quitte à entraver ceux qui nous empêchent
00:33:15d'affirmer notre souveraineté.
00:33:17Et nous sommes, nous, le quitte à entraver.
00:33:24En plan de travail, vous pouvez imaginer tout ce que vous voulez.
00:33:27C'est s'opposer à tout ce qui pourrait nous attaquer,
00:33:31nous, notre nation, nous, la France.
00:33:33Et ça, ça passe par des moyens qui sont variés.
00:33:36Et ça peut aller jusqu'à la neutralisation ?
00:33:39Il vous appartient à vous de l'imaginer.
00:33:42Tout est possible.
00:33:43Trois, deux, un...
00:33:49L'explosion de véhicule, c'est simple.
00:33:51Vous comprenez bien que c'est de l'entrave.
00:33:53Vous avez deux moyens.
00:33:54Vous avez un moyen où vous calibrez l'élément
00:33:58qui va permettre de détruire ce véhicule
00:34:01ou ce qu'il y a à l'intérieur de ce véhicule.
00:34:03Là, vous aurez soit une explosion contenue,
00:34:06soit une explosion moins contenue et plus visible.
00:34:19Le mandat de l'ADGSE n'est pas de tuer uniquement ses renseigners.
00:34:23C'est d'acclairer les responsabilités de l'ADGSE.
00:34:26C'est d'acclairer les responsabilités de l'ADGSE.
00:34:29C'est d'acclairer les responsabilités de l'ADGSE.
00:34:31Les renseigners, c'est d'acclairer les décisions de nos autorités.
00:34:35La dimension cinétique est très rare.
00:34:38Nous faisons ce qui est nécessaire
00:34:41et strictement ce qui est nécessaire
00:34:43pour protéger notre pays et protéger nos compatriotes.
00:34:47C'est ça, notre obsession, la protection de notre pays.
00:35:01...
00:35:13Nous avons 7 missions majeures
00:35:15qui ont été identifiées avec l'accord de nos autorités.
00:35:18Toutes les capacités qui existent dans cette maison
00:35:21ont désormais été placées au service de ces missions.
00:35:25...
00:35:46La lutte contre la prolifération des armes de destruction massive,
00:35:51des armes chimiques, nucléaires, biologiques,
00:35:54bactériologiques,
00:35:55c'est une compétence exclusive de l'ADGSE
00:35:58pour caractériser cette prolifération et ces trafics.
00:36:02...
00:36:05En fait, il s'agit de molécules de tines différentes.
00:36:09Celle en haut à droite représente un toxique industriel
00:36:13et celle en bas à gauche est une molécule générique
00:36:17qui montre un peu la structure de certains agents neurotoxiques
00:36:22comme le sarin.
00:36:23...
00:36:28La contre-prolifération, c'est étudier
00:36:32la prolifération des armes de destruction massive.
00:36:35Il va y avoir un bureau qui va s'occuper des armes chimiques,
00:36:39un bureau qui va s'occuper des armes biologiques,
00:36:41un autre qui va s'occuper des vecteurs
00:36:44et enfin un qui va s'occuper plus particulièrement
00:36:47de tout ce qui est nucléaire et radiologique.
00:36:50...
00:37:03Beaucoup de pays différents, des dossiers différents.
00:37:05Chaque pays a développé de manière différente ses programmes.
00:37:11Pourquoi un pays développe un tel programme ?
00:37:13Quelle est sa doctrine ?
00:37:15Connaître tous les organismes qui ont été impliqués.
00:37:19C'est un travail sur le long terme.
00:37:21...
00:37:26Notre but, en fait,
00:37:28c'est de pouvoir caractériser un programme d'armes.
00:37:32Et donc, tous les petits renseignements qu'on va récupérer
00:37:35vont nous permettre, comme un pols, au fur et à mesure,
00:37:38de voir se dessiner la réalité d'un programme.
00:37:42Et c'est vos questions qui amènent des réponses,
00:37:45qui vous permettent de transformer quelque chose de tâche,
00:37:48de gris clair en gris foncé, en une vision très précise.
00:37:52...
00:38:05Quand on dit suivre un programme de développement balistique,
00:38:09c'est suivre l'ensemble des sites
00:38:12qui, de la fabrication d'un moteur au site de lancement,
00:38:17seront mis en oeuvre et utilisés.
00:38:19...
00:38:34Nous sommes sur un site nord-coréen,
00:38:37connu comme étant lié à la prolifération balistique.
00:38:41Sur ce site-là, on a des éléments
00:38:44qui peuvent nécessiter une expérience dans le domaine.
00:38:46Par exemple, si je vous montre cette infrastructure,
00:38:50le commun des Mortais ne serait pas capable de l'assimiler
00:38:52à un banc d'essai moteur,
00:38:54et plus spécifiquement à un banc d'essai moteur à propulsion liquide.
00:38:58Il n'y a pas de critères qui nous font dire que c'est ça,
00:39:00parce qu'on le connaît, parce qu'on l'a vu dans d'autres pays,
00:39:01parce qu'on sait que ça ne peut servir qu'à ça.
00:39:04Donc, c'est toute l'expérience et l'expertise de l'interprète photo
00:39:07d'aller chercher les petits détails dans ce type d'infrastructure.
00:39:11...
00:39:18Le grand travail de la DGSE, c'est d'arriver à mettre des...
00:39:22On ne peut pas dire que c'est un agent double,
00:39:23pour nous, c'est une source.
00:39:24C'est-à-dire, quelle que soit sa nationalité,
00:39:26quand on le recrute, c'est une source.
00:39:27Et le but, pour avoir le renseignement le plus précis possible,
00:39:31c'est d'arriver à mettre la source au coeur
00:39:35de l'endroit le plus secret,
00:39:37là où se prennent les décisions les plus importantes,
00:39:40les plus stratégiques,
00:39:41qu'elles soient politiques, militaires, scientifiques.
00:39:45...
00:39:50On peut imaginer un pays très fermé,
00:39:52dont on aimerait connaître, j'allais dire, la stratégie,
00:39:56et un raisonnement un peu court pourrait être de se dire
00:39:58qu'il faut pénétrer les cercles de pouvoir de ce pays.
00:40:04Mais une autre façon, c'est de se dire,
00:40:05l'information, où est-ce qu'elle circule,
00:40:06y compris si elle est dégradée ?
00:40:08Ces gens-là voyagent, ces gens-là ont des relations.
00:40:12C'est peut-être plus facile de travailler sur ces relations
00:40:15qui sont à l'extérieur du pays pour recueillir le renseignement.
00:40:18C'est vraiment tout un travail, ce qu'on appelle d'environnement,
00:40:20de ciblage.
00:40:22Notre objectif, c'est de recueillir le renseignement.
00:40:24Où est-ce qu'on peut le recueillir ?
00:40:25C'est pas nécessairement au coeur de la mêlée,
00:40:29ça peut être à la sortie.
00:40:31Le scientifique va nous donner le type d'agent qui va être développé,
00:40:35comment il a été développé et dans quoi.
00:40:38Le politique, la doctrine et le militaire,
00:40:40éventuellement, le déploiement sur le territoire, on va dire.
00:40:48J'ai le souvenir d'un...
00:40:50qui travaillait à l'étranger,
00:40:52et qui avait un travail à l'étranger,
00:40:54et qui avait un travail à l'étranger,
00:40:56et qui avait un travail à l'étranger,
00:40:57et qui avait un travail à l'étranger,
00:40:59qui travaillait à l'étranger.
00:41:00J'étais en pause dans ce pays-là.
00:41:02Il travaillait dans une structure sensible,
00:41:04mais qui représentait un intérêt majeur pour nous.
00:41:06J'ai mis en place le moyen de le rencontrer un jour par hasard.
00:41:11Donc on a sympathisé, on a discuté au cours d'un cocktail.
00:41:14Je lui ai proposé de le retrouver pour un dîner, l'inviter à dîner.
00:41:17Je me suis présenté assez rapidement, je me suis dévoilé,
00:41:19je sais plus si j'ai cité à l'époque le sigle DGSE,
00:41:21mais je lui ai dit en tout cas que je m'occupais
00:41:23de dossiers sécuritaires à l'ambassade.
00:41:25Et on avait besoin d'avoir accès à certains des fichiers
00:41:27qu'il y avait dans sa structure.
00:41:30Donc je lui ai demandé de m'aider,
00:41:31je lui ai dit qu'on mettrait en place toutes les mesures de sécurité
00:41:34adéquates pour le protéger, lui.
00:41:45On imagine une cible du service,
00:41:48et c'est son PC de bureau normal sur lequel la personne travaille.
00:41:52Et évidemment, c'est un PC dont on cherche à extraire des informations.
00:41:56Dans un réseau d'entreprise bien géré habituellement,
00:41:59tout ce qui est branché, typiquement des clés USB,
00:42:02ou ce qui est branché sur les hardis est quand même assez surveillé.
00:42:05En revanche, le câble vidéo l'est potentiellement un peu moins.
00:42:09Donc on a développé un petit enregistreur vidéo
00:42:12qu'on a camouflé dans un adaptateur HDMI.
00:42:17Et donc ça, c'est ce qui est typiquement branché à l'ordinateur
00:42:20et qui va être connecté à l'écran.
00:42:22Et là, on a une petite carte SD sur laquelle, en fait,
00:42:25va être enregistré le flux vidéo.
00:42:32Donc l'idée, c'est par exemple qu'on arrive à avoir accès à l'ordinateur
00:42:35de la personne en dehors de ses heures de travail.
00:42:38On va échanger les câbles vidéo.
00:42:41Donc remplacer le câble d'origine par le câble QG.
00:42:46Donc à partir de là, tout ce qui est fait à l'écran par la personne
00:42:51est enregistré sur la carte SD.
00:42:56Donc, il s'est laissé convaincre par le raisonnement.
00:42:59Je lui ai proposé de le retrouver deux jours après à tel endroit
00:43:02pour lui expliquer un petit peu plus en détail ce qui m'intéressait.
00:43:05Et donc, deux jours après, il trouve le moyen de me recontacter.
00:43:09Et il me dit, je suis désolé, j'ai réfléchi à ce que tu m'avais demandé.
00:43:12Il me dit, je ne suis pas en mesure de le faire, en fait.
00:43:15Et juste à côté de mon bureau, il y a le directeur de la sécurité de la société.
00:43:18Il surveille ce que je fais, qui je vois.
00:43:21Et donc, je risque ma liberté, voire ma sécurité,
00:43:24ma liberté, voire ma vie.
00:43:27Donc, voilà, ça s'est arrêté là.
00:43:29Le film humain était bien passé,
00:43:31mais on n'a pas réussi à établir une collaboration professionnelle.
00:43:34Personnellement, à sa place, je pense que j'aurais réagi différemment.
00:43:37Conscient des enjeux, j'aurais pris ma part de risque.
00:43:39Lui n'a pas souhaité le faire, et je respecte tout à fait ce choix-là.
00:43:44On a coutume de dire dans notre métier qu'on a 90 % d'échecs et 10 % de réussite.
00:43:48Alors, ça peut paraître, je veux dire, pas très ambitieux,
00:43:51mais c'est la réalité humaine.
00:43:53Il y a plein de parallèles qu'on peut faire dans la vie courante,
00:43:55où si aujourd'hui, vous crevez sur le bord de la route avec votre voiture,
00:43:59vous voulez arrêter une voiture pour que quelqu'un vous aide à remplacer votre roue,
00:44:02vous n'aurez pas 10 personnes sur 10 qui vous aideront.
00:44:04Je veux dire, de façon un peu prosaïque, c'est ça, recruter une source.
00:44:08C'est de l'uline.
00:44:22Au revoir, bonne vallée.
00:44:26Des corps sans vie, un même le sol,
00:44:28tous victimes d'une attaque chimique présumée à Douma.
00:44:31Les Casques Blancs et l'opposition en exil
00:44:33accusent les forces de Bachar al-Assad d'avoir eu recours à des bombes de gaz chloriques.
00:44:42Ce n'est pas la première fois que les soupçons d'usage de l'arsenal chimique syrien
00:44:45pèsent sur les forces gouvernementales.
00:44:47L'administration Obama, en 2012, avait fait de cette utilisation d'armes chimiques
00:44:51une ligne rouge à ne pas franchir.
00:44:54Malheureusement, les allégations d'emploi d'armes chimiques,
00:44:59depuis plus d'une décennie maintenant,
00:45:02c'est des choses que l'on entend régulièrement.
00:45:05Le régime syrien s'est-il livré à une attaque chimique sur la route orientale ?
00:45:09C'est ce qu'affirment des observateurs sur place.
00:45:12Selon les Casques Blancs, qui opèrent sur le terrain,
00:45:14des gaz toxiques auraient été utilisés.
00:45:17Damas a démenti ces accusations.
00:45:19Ce qui se passe, c'est que l'événement chimique va d'abord apparaître
00:45:22dans ce que l'on appelle l'ouvert,
00:45:25des tweets, des postes Facebook, dans la presse et tout ça,
00:45:29parce que c'est les gens sur place qui l'ont témoigné
00:45:32et qui vont dire, il s'est passé ça, il s'est passé ci.
00:45:35Donc nous, notre travail, c'est de recueillir ces éléments-là,
00:45:39d'orienter nos capteurs afin de voir
00:45:43si vraiment il y a un événement chimique supposé ou pas.
00:45:46C'est une farce, c'est un jeu, c'est très primitif.
00:45:50Le côté qui a allégoriquement dit qu'il y avait une attaque chimique,
00:45:55il a dû prouver qu'il y avait eu une attaque.
00:45:57Cette question doit être dirigée aux officiers occidentaux
00:46:01qui ont dit qu'il y avait eu une attaque.
00:46:02Nous devons leur demander
00:46:03où est votre évidence concrète sur ce qui s'est passé.
00:46:06Le « on » dit « ça bourria »,
00:46:09et on le prend pour tout ce qui concerne les allégations d'armes chimiques
00:46:14dans un pays X ou Y.
00:46:16Les premiers retours, ça va être « Ah oui, il y a eu de la fumée,
00:46:19ah oui, ça piquait les yeux, ça sentait, il a toussé, il est mort. »
00:46:25Voilà. Allez expliquer ça à vos autorités.
00:46:27Non, mais il a toussé, il est mort, ça suffit pas.
00:46:30Et c'est pas scientifiquement prevant.
00:46:37Un ingénieur, ça aime le concret, ça aime l'épreuve,
00:46:40et donc ça va mettre au point une méthodologie
00:46:44pour récupérer la preuve.
00:46:48Si on estime qu'il y a très probablement un événement chimique,
00:46:52on va activer nos opérations et notre réseau
00:46:55pour essayer de prélever un échantillon.
00:47:02C'est notre métier, en fait, dans le renseignement humain,
00:47:05c'est de pouvoir disposer d'un panel de possibilités
00:47:10pour récolter de manière traçable, de A à Z,
00:47:14des preuves d'événements sur le terrain.
00:47:21Les échantillons biomédicaux prélevés sur des victimes,
00:47:26des échantillons environnementaux,
00:47:28de la terre, des végétaux,
00:47:30un morceau de mur, un morceau de porte,
00:47:33un morceau de munition elle-même, on a vraiment l'opportunité d'y accéder.
00:47:41Les sources qui sont formées, on leur donne des kits,
00:47:43puis on leur apprend comment conserver
00:47:46dans des conditions les plus favorables possibles l'échantillon.
00:47:55Quand les situations sont tendues, il faut vraiment beaucoup de monde
00:47:59et on crée des espèces de maillages, c'est comme un réseau d'alertes,
00:48:03et en fonction de la zone, on va dire à un, deux, trois, quatre personnes
00:48:08qui sont bien placées, aller, go,
00:48:10sachant qu'elles ne se connaissent pas les unes les autres,
00:48:13pour que s'il y en a une qui est prise,
00:48:15elle ne puisse pas compromettre les autres.
00:48:17Des fois, on a deux, trois échantillons
00:48:20d'une même attaque qui arrive, et c'est super.
00:48:33Faire rentrer un agent
00:48:36dans un pays pour faire un prélèvement,
00:48:39c'est quasi la même opération
00:48:41pour le faire sortir du pays avec le prélèvement.
00:48:43Donc, c'est des opérations clandestines
00:48:46qu'on appelle d'infiltration, d'exfiltration.
00:49:00Dans les opérations contre prolifération,
00:49:03parfois, le dernier segment peut être le premier,
00:49:05peut être exposé dans des zones grises
00:49:08où il faut être capable de s'autoprotéger,
00:49:10si ça se passe mal, de s'auto-exfiltrer.
00:49:13Et donc, là, l'ESA, outil militaire,
00:49:15est finalement capable de conduire ce type d'opérations.
00:49:21Pour ce faire, vous avez des moyens civils...
00:49:27et des moyens militaires qui sont connus,
00:49:29parce que ce sont les moyens militaires français.
00:49:33Des tracteurs sous-marins pour évoluer sous l'eau,
00:49:36des jetskis, des quads
00:49:38pour se déplacer dans les différents milieux,
00:49:40les avions qui permettent de larguer des charges lourdes
00:49:44sur la mer ou sur la terre
00:49:46pour permettre, après, de passer au-delà des frontières
00:49:49et non pas passer par l'aéroport et de laisser ses empreintes.
00:50:02...
00:50:19L'échantillon de terre,
00:50:21le prélèvement qui a été fait sur une victime d'une attaque,
00:50:24une fois qu'elle arrive sur le territoire national,
00:50:28elle va finir, par exemple, dans notre laboratoire de chimie,
00:50:31qui est à même de procéder à un ensemble d'analyses.
00:50:35...
00:50:44On a toute une gamme d'instruments de laboratoire
00:50:47qui permettent de cathériser,
00:50:49de trouver des particules dans un échantillon
00:50:51par l'utilisation d'un microscope électronique à balayage.
00:50:54...
00:51:09On a des gens compétents
00:51:12qui maîtrisent tous ces moyens d'analyse en laboratoire
00:51:15et d'avoir, au final, des rapports d'analyse concrets
00:51:19qui vous disent oui, non,
00:51:21peut-être parfois, ou de quantifier la présence de produits toxiques
00:51:26dans ce qu'on a ramené du teint.
00:51:28...
00:51:33Notre laboratoire va dire, par exemple,
00:51:35oui, il y a présence de tel toxique dans l'échantillon.
00:51:38Nous, notre équipe, on va déjà se prononcer un cran d'eau dessus,
00:51:42ça va être donc, il y a eu utilisation de tel agent toxique,
00:51:47si possible par tel belligérant,
00:51:50parce que c'est un missile, une roquette,
00:51:52la situation tactique sur le terrain était celle-là.
00:51:56Si on sait qu'on a une vidéo d'un hélicoptère
00:51:59qui largue une grenade...
00:52:02...
00:52:06On sait que dans telle zone,
00:52:08la voie aérienne est maîtrisée par le pays,
00:52:11pour l'opposition, l'imputabilité sera plus sur le pays en question
00:52:15et pas l'opposition.
00:52:17...
00:52:20...
00:52:25Et à ce côté Sherlock Holmes, je cherche les indices,
00:52:27je les collationne et j'en sors un produit fini,
00:52:30ce qu'on appelle chez nous une fiche jaune, une note jaune.
00:52:33...
00:52:40Avant d'arriver à la DGSE,
00:52:41j'ai étudié et travaillé dans le milieu de l'édition.
00:52:44J'avais à coeur la diffusion de la connaissance.
00:52:46Aujourd'hui, je me dis que je travaille
00:52:48à diffuser de la connaissance très spécifique
00:52:50à des destinateurs très spécifiques.
00:52:52...
00:53:03Ça, c'est une note de renseignement.
00:53:05Elle est sur un format qui est standard,
00:53:08donc avec le titre.
00:53:10En dessous du titre, il y a ce qu'on appelle l'encadré,
00:53:13où il y a le renseignement le plus important de la note
00:53:16pour que le lecteur puisse, s'il est pressé, ne lire que ça.
00:53:20C'est note jaune.
00:53:22C'est véritablement la parole de la DGSE
00:53:25vis-à-vis de nos grands destinataires.
00:53:27En premier lieu, l'exécutif, l'Elysée,
00:53:30aussi tous les ministères, le ministère des Armées,
00:53:32le Quai d'Orsay, le ministère de l'Intérieur.
00:53:34...
00:53:36D'être celui qui va écrire le papier,
00:53:38qui va permettre la décision politique,
00:53:40qui va lire le président...
00:53:42Oh, c'est quand même une...
00:53:45C'est challenging, quoi.
00:53:46C'est très motivant pour tous nos analystes.
00:53:48...
00:53:51À chaque fois qu'on apporte un renseignement très important,
00:53:55quasi stratégique,
00:53:56nos autorités peuvent décider d'en faire quelque chose.
00:53:59Et d'ailleurs, on voit parfois nos autorités
00:54:02aller sur les plateaux de télé pour dire
00:54:04que la France a pu...
00:54:08Réprouver, voilà, ce genre de choses.
00:54:11Donc voilà, on sait que ça va avoir une implication politique importante.
00:54:17Nous avons pu avoir toute une série d'informations
00:54:21à partir de photos, de vidéos,
00:54:24de témoignages sur les sites, sur les réseaux sociaux,
00:54:27qui sont multipliés à partir des attaques chimiques.
00:54:30Mais vous n'avez aucun doute.
00:54:31Nous avons pu vérifier qu'à partir des analyses
00:54:34qu'ont faites les services français,
00:54:36qu'il s'agissait bien de gaz.
00:54:39Et c'est dans l'attaque que menaient les forces armées syriennes
00:54:43contre la Goutaës que ces attaques chimiques se sont produites.
00:54:46Notre but, c'est de recueillir du renseignement
00:54:49et le transférer à nos autorités.
00:54:51Ensuite, c'est nos autorités qui décident,
00:54:53à partir de ce renseignement,
00:54:55les actions diplomatiques ou militaires qu'elles veulent faire.
00:55:00Trois, deux, un...
00:55:02Feuille les ailes !
00:55:04Les images sont fournies par l'armée française.
00:55:06Des tirs effectués depuis l'une des frégates
00:55:09engagées en mer Méditerranée.
00:55:11Il est 3h du matin à Paris, 4h à Damas.
00:55:14La France a tiré la nuit dernière 12 missiles de croisière au total.
00:55:17L'opération vise clairement le régime de Bachar al-Assad
00:55:21et plus précisément des sites supposés
00:55:23de production d'armes chimiques de la Syrie,
00:55:25une semaine après une nouvelle attaque présumée.
00:55:37Quand le renseignement qu'on récolte
00:55:39se traduit par une action de rétorsion française,
00:55:42une action militaire, un engagement de troupes,
00:55:45il y a une forme de fierté de se dire
00:55:47que concrètement, ce qu'on a fait,
00:55:49elle ébouche sur une décision politique majeure,
00:55:53mais ça oblige aussi.
00:55:55Brouhaha
00:55:57...
00:56:01Lorsqu'on engage des moyens militaires,
00:56:03ça reste des collègues du ministère de l'Intérieur,
00:56:06des collègues du ministère des Armées.
00:56:07Les conséquences derrière peuvent être d'ordre...
00:56:10Enfin, nous dépassent largement.
00:56:12Le but de cette opération,
00:56:14c'était de détruire les outils chimiques clandestins
00:56:18du régime de Bachar al-Assad.
00:56:20Et à cet égard, oui, l'objectif a été atteint.
00:56:22Il y a un sentiment de fierté.
00:56:26Le fait que nos conjoints, nos familles ne le savent pas,
00:56:30c'est pas gênant, parce qu'en fait, quelque part,
00:56:32on a tellement aussi presque cloisonné
00:56:36le travail et la famille...
00:56:41Notre famille, elle nous aime pour ce qu'on est,
00:56:43et pas pour ce qu'on fait.
00:56:44Le fait qu'on ne puisse pas se prévaloir de ses succès,
00:56:47c'est quelque chose qu'on doit intégrer dès qu'on joue à l'ADGSE.
00:56:51Ça fait partie d'un pacte.
00:56:52Et j'allais dire peut-être même que l'ultime victoire
00:56:57pour un membre de l'ADGSE,
00:56:58c'est de réussir une opération extrêmement complexe et ambitieuse,
00:57:02qui n'est pas du tout éventée.
00:57:14Quand on va dans l'antiterrorisme,
00:57:15il y a des moments où il y a de l'intensité.
00:57:18Cette intensité-là, on la cherche.
00:57:20Si on veut pas l'intensité, on va pas au contre-terrorisme.
00:57:23Il y a aussi les... On choisit sa famille, si je puis dire.
00:57:28Il y a des pays, il y a des endroits...
00:57:30Il faut mettre des gens qui ont cette espèce de pulsion,
00:57:33qui vont toujours chercher un peu plus loin.
00:57:45Vous savez qui sait faire quoi, qui peut faire quoi,
00:57:48qui aime faire quoi.
00:57:49En fonction de la mission, vous choisissez déjà qui va la faire.
00:57:52Et en choisissant qui va la faire,
00:57:53ça induit une capacité à prendre l'initiative.
00:58:01Donc, voilà les photos qui ont été prises pendant l'opération.
00:58:07Un explosif de fortune fait en charge creuse
00:58:10pour avoir une capacité de perforation supérieure.
00:58:13De la limaille de fer, un lot de munitions,
00:58:17des fûts de peroxyde d'hytangène.
00:58:18Donc là, on a les précurseurs pour faire des explosifs de fortune.
00:58:22Et on a aussi des fûts de peroxyde d'hytangène pour faire des fûts
00:58:25de peroxyde d'hytangène pour faire des fûts de peroxyde d'hytangène.
00:58:28Pour faire des explosifs de fortune.
00:58:31Et ici, vous avez les bouteilles de gaz
00:58:34qui étaient destinées au Centre culturel français.
00:58:52En Mauritanie, une famille française a été attaquée
00:58:54sur une route à 250 km à l'est de Noix-le-Chôte.
00:58:57Il y a quatre morts, dont deux enfants.
00:58:59La cinquième personne de père de famille a été grièvement blessée par balle.
00:59:03Le président français, Nicolas Sarkozy, a affirmé que tout serait fait
00:59:06pour rapatrier les blessés et le mort dans le meilleur des vies.
00:59:1024 décembre 2007, la veille de Noël, je suis chez ma mère, en province.
00:59:15Et un bandeau passe à la télévision,
00:59:19et voilà, quatre Français assassinés à Alègue.
00:59:21Je regarde ça, ma sœur qui voit le bandeau défiler à la télévision
00:59:27coupe la télé, et voilà.
00:59:29On va passer une soirée tranquille, et je partirai le lendemain sur Paris,
00:59:34mais au moins, la soirée de Noël avec les enfants, en famille,
00:59:36on la passe tranquille.
00:59:38L'ambulance file vers l'hôpital de Noix-le-Chôte.
00:59:41À son bord, un homme de 70 ans,
00:59:43grièvement blessé aux jambes, à Gare.
00:59:46Ce père de famille vient de perdre ses deux grands-fils,
00:59:49son frère et un ami.
00:59:51Le voyage de fin d'année de ces amoureux du désert
00:59:53s'achève ici, dans une petite ville touristique tranquille.
00:59:57Le groupe se dirigeait à bord de deux voitures vers le Mali.
01:00:00Ils venaient de quitter la banque
01:00:01lorsque trois personnes armées de fusils d'assaut
01:00:03leur réclament l'argent.
01:00:04Le groupe refuse, les assaillants tirent et prennent la fuite.
01:00:09On l'apprend par les Mauritaniens.
01:00:11Quatre morts, il y a un blessé.
01:00:13Le père de famille est blessé.
01:00:15Il y a deux de ses fils qui sont tués,
01:00:19son frère qui est tué,
01:00:22et un ami d'un fils qui est tué.
01:00:24Donc quatre morts, c'est quand même un choc.
01:00:26On est le 24 décembre.
01:00:28Sur place, le chef de poste, lui, il est mobilisé immédiatement.
01:00:32Il n'a pas de noël.
01:00:34Pour expliquer ce qui s'est passé,
01:00:36est-ce que c'est du terrorisme, est-ce que ce n'est pas du terrorisme ?
01:00:39Pour l'heure, difficile de savoir ce qui a motivé les tueurs.
01:00:42D'après la police, rien n'a été volé,
01:00:45mais aucune piste n'est écartée.
01:00:47Les Mauritaniens nous disent...
01:00:48Ils sont sur une opération d'opportunité,
01:00:50ils sont même sur une opération de brigandage qui a mal tourné,
01:00:54avant qu'on identifie deux des acteurs,
01:00:57deux des opérateurs,
01:00:58qui sont identifiés par les Mauritaniens,
01:01:00mais on confirme que c'est des membres d'AQMI.
01:01:15On se rend compte qu'on les connaît, qu'ils ont connu nos archives.
01:01:17Ce sont des Mauritaniens, ils ont rejoint Al-Qaïda
01:01:20il y a un an et quelque environ, ils ont suivi une formation militaire,
01:01:23et on a en attendant leur photo, on a quelques aimants de profil.
01:01:26On dispose des photos, on dispose des noms,
01:01:29et on dispose des numéros de téléphone qu'ils utilisent,
01:01:33on récupère ça.
01:01:34Partie d'Aleg, où ils ont abandonné leur Mercedes,
01:01:37les trois Mauritaniens auraient pu franchir le fleuve vers le Sénégal
01:01:41quelques heures après l'attaque.
01:01:43Selon un chauffeur de taxi qui les a transportés,
01:01:45les trois tireurs s'approcheraient de la frontière vers le Sénégal.
01:01:49C'est la première fois qu'une telle attaque a lieu dans cette partie du pays.
01:01:53C'était le premier attentat anti-français hors d'Algérie
01:01:56depuis la création de l'ACMI, on voulait marquer le coup.
01:01:59Pour nous, c'était extrêmement important de stopper les auteurs tout de suite,
01:02:02pour ne pas donner le sentiment d'impunité à ceux qui avaient commandité ça.
01:02:09On envoie une équipe multicapacitaire,
01:02:12des gens qui ont des capacités à notre réception technique locale,
01:02:14localisation, des moyens de sécurité du service Action,
01:02:19des moyens de projection, on envoie une équipe très, très vite.
01:02:23Le 28, on arrive à Dakar.
01:02:25Vers le 2 ou 3 janvier, les individus quittent Dakar et traversent le Sénégal.
01:02:30On y suit, grâce au renseignement que nous donnent les Sénégalais
01:02:33avec les opérateurs de téléphonie,
01:02:35et on voit qu'ils se déplacent et qu'ils traversent l'Agrambi
01:02:38direction la Guinée Bissau.
01:02:40Et là, on est prêts à défendre, à attaquer.
01:02:42C'est la première fois que nous avons fait ça.
01:02:45On a fait un rapport avec les opérateurs,
01:02:47avec les autorités de sécurité,
01:02:48et on a pu retrouver que ces gens-là ont été traités
01:02:51à la Guinée-Bissau. Et là, on les perd.
01:02:54Donc, on décide de projeter l'équipe à Bissau.
01:03:04Et donc, on arrive le 10 à Bissau.
01:03:08Le soir, on s'installe à l'hôtel
01:03:09et je regroupe mon équipe opérationnelle.
01:03:13Alors, une équipe qui est composée d'un IMSI catcher
01:03:23avec deux opérateurs de la direction technique
01:03:26pour le mettre en œuvre.
01:03:30L'IMSI catcher, c'est un appareil qui détecte des téléphones
01:03:34dans une zone donnée avec une distance approximative.
01:03:38Maintenant, la distance, elle peut être au nord, au sud,
01:03:40à l'est ou à l'ouest.
01:03:42Les premiers IMSI catchers n'étaient pas très précis.
01:03:45Au début, on avait du mal à descendre en dessous
01:03:48d'un carré de 300 mètres sur 300 mètres.
01:03:54J'ai décidé d'aller faire une reconnaissance de la ville
01:03:57pour prendre contact un petit peu avec la géographie,
01:03:59avec la topographie, etc.
01:04:04Quitte à prendre contact et à faire une reconnaissance,
01:04:06autant mettre les appareils en marche.
01:04:12On tourne dans la ville, mais on tourne sans savoir où on va.
01:04:27Et à la fin de notre parcours, il doit être à peu près 11h30,
01:04:33je ramène l'équipe à l'hôtel et là, l'appareil sonne.
01:04:39Ding dong.
01:04:46Qu'est-ce que je fais ?
01:04:47Je ne m'attendais pas à trouver mes clients aussi rapidement.
01:04:51Il est minuit et demi.
01:04:53Donc, on s'écarte pour ne pas attirer l'attention.
01:04:56Là, je fais venir la police judiciaire
01:04:58parce que les clients sont là, dans l'hôtel, quoi.
01:05:01Et ils vont à la réception de l'hôtel.
01:05:04Là, le réceptionniste lui dit « Oui, oui, ils sont là,
01:05:06chambre 17 ».
01:05:08Donc, ils rentrent dans la chambre 17,
01:05:10ils étaient tous les deux dans le même lit,
01:05:11ils crient « Allahou Akbar » et ils reconnaissent très rapidement
01:05:15leur participation à l'assassinat.
01:05:17Ça correspond bien aux deux individus qu'on avait.
01:05:19Et donc, ils sont arrêtés et puis mis en prison en Guinée, à Bissau.
01:05:25Les tueurs avaient abandonné leur voiture et disparu dans le désert.
01:05:29Aujourd'hui, la police mauritanienne dit les avoir retrouvés
01:05:32700 kilomètres plus au sud.
01:05:34Ils auraient traversé le Sénégal
01:05:36avant d'être arrêtés tôt ce matin dans un hôtel de Bissau.
01:05:39En Guinée-Bissau, ils sont arrêtés.
01:05:41On les fait transférer encore en Mauritanie
01:05:44une fois que les Mauritaniens auront demandé l'extradition.
01:05:55La Guinée-Bissau va payer très cher
01:05:57le fait d'avoir maltraité les combattants de Dieu.
01:06:00Faites attention, si j'avais une arme,
01:06:02je vous aurais déjà tous tués.
01:06:06On n'en trouve que deux, il en manque un.
01:06:08Dont on apprendra plus tard qu'il est resté au Sénégal.
01:06:11Et comme il apprend l'arrestation de ses amis,
01:06:13il est reparti par des moyens détournés.
01:06:26Le mois de février, le mois de mars se passe
01:06:29et arrive le 2 avril.
01:06:31Coup de tonnerre, Sidi Oued Sidna,
01:06:33un des deux arrêtés à Bissau,
01:06:35s'évade du tribunal de Nouakchott
01:06:38alors qu'il était présenté au juge d'instruction.
01:06:46Le service décide de projeter tout de suite une équipe
01:06:48avant qu'ils rejoignent le Mali.
01:06:50Et on tisse la toile autour de Sidi Oued Sidna.
01:06:54Et là, on s'aperçoit qu'il y a quand même
01:06:56beaucoup de monde autour de lui,
01:06:58que son soutien logistique est très fort.
01:07:03On travaille avec les MCCatchers
01:07:05et on localise la villa où il était.
01:07:07On est le 6 avril,
01:07:10donc évader le 2, localiser le 6,
01:07:13on est pas mal sur ce...
01:07:15On est assez performants, je pense, sur cette affaire.
01:07:23On décide d'encercler la villa
01:07:25avec une colonne de policiers mauritaniens
01:07:28et on est en tête de colonne pour les guider,
01:07:31pour dire, voilà, c'est là, en faisant signe, voilà.
01:07:33Et au moment où on arrive devant la villa,
01:07:35une grosse fusillade est déclenchée
01:07:37avec un tir de... même un tir de lance-roquette.
01:07:40Nouakchott, Mauritanie.
01:07:42La scène d'une bataille d'armes
01:07:44qui a duré des heures le lundi.
01:07:46Un autre conflit en Afrique du Nord
01:07:48entre les forces de sécurité du gouvernement
01:07:50et un groupe d'hommes islamiques
01:07:51suspectés d'être des Al-Qaïda dans le Maghreb.
01:07:55Là, le véhicule de tête s'est fait tirer dessus
01:07:58et il s'est passé pas très, très loin, quoi.
01:08:01Juste à côté.
01:08:14Ça a duré un peu plus d'une heure, cette affaire,
01:08:16suffisamment pour mettre Nouakchott quand même en émoi.
01:08:19Les Mauritaniens ne s'attendaient pas à voir ça
01:08:21au coeur de leur capitale, quoi.
01:08:23Ça a été une scélération, quoi.
01:08:34Et là, on a trouvé dans la maison qu'ils avaient quitté
01:08:36des explosifs, des détonateurs.
01:08:38Tout était prêt, quoi.
01:08:39Et des explosifs extrêmement instables.
01:08:41On était à quelques jours d'un attentat.
01:08:48Dans la villa, on a trouvé une vidéo.
01:08:50Et là, on voit Marouf,
01:08:52le troisième, qui s'était échappé.
01:08:54Et on le voit à Nouakchott,
01:08:56en revendiquant l'attentat d'Haleg
01:08:59et la préparation d'un autre attentat.
01:09:03On trouve des repérages sur le centre culturel
01:09:06qui était au sein du lycée français.
01:09:08Savoir comment on rentrait, où il y avait des gardes,
01:09:10où il y avait des ceci, où il y avait cela, quoi.
01:09:12Donc c'était vraiment un repérage qui était abouti.
01:09:16Le troisième larron, qui n'avait pas été arrêté
01:09:18et qui avait fini par rejoindre le Mali,
01:09:20qu'on avait perdu trace à ce moment-là
01:09:22et qu'on a retrouvé à Nouakchott, dans la cellule.
01:09:24Là, on a été servi, quelque part, par la chance,
01:09:26parce que cette évasion a déclenché
01:09:28une mobilisation incroyable des services
01:09:30montrétaniens et français
01:09:32et qui permet de démonter le monde de cette cellule.
01:09:51Quand je suis revenu au service,
01:09:54un de mes responsables, à l'époque,
01:09:57m'a dit que j'étais allé trop loin,
01:09:59que j'avais pris des risques insensés.
01:10:01Je lui ai dit, voilà,
01:10:03on a trouvé quand même des bonbonnes de gaz
01:10:05qui étaient destinées au centre culturel français à Nouakchott,
01:10:09qui est au milieu du lycée français.
01:10:11Est-ce que l'avis d'un agent du service
01:10:14vaut l'avis de plusieurs enfants,
01:10:16Est-ce que l'avis d'un agent du service
01:10:18vaut l'avis de plusieurs enfants du lycée français ?
01:10:21Je vous pose la question.
01:10:22Je n'ai pas eu de réponse.
01:10:31À l'entrée du service, vous avez une stèle
01:10:33où il y a chaque personnel du service qui est décédé
01:10:36a une petite marque, son nom.
01:10:39Il y a plus de 200 noms, là.
01:10:41Ça rappelle au service qu'on peut aller jusqu'au bout.
01:10:46Dans la courbe de notre caserne, il y a un mémorial.
01:10:49Pendant une époque de ma carrière,
01:10:51quand je recrutais un nouveau collaborateur,
01:10:53avant même de le recruter, on fait un entretien,
01:10:55je l'emmenais près de la fenêtre,
01:10:57je lui faisais voir ce mémorial et je lui disais,
01:10:59bon, ben voilà, c'est pas ce qui doit arriver,
01:11:01mais ça peut arriver.
01:11:07C'est pas quelque chose dont on parle entre nous,
01:11:10mais ça fait partie du socle de l'engagement.
01:11:13C'est le niveau ultime de l'engagement,
01:11:15ça fait partie, mais heureusement,
01:11:17c'est pas fréquent, heureusement.
01:11:28J'y pense tous les jours,
01:11:30car beaucoup de gens dans cette maison,
01:11:32à l'extérieur du territoire national,
01:11:34exposent leur vie dans le cadre de leur mission.
01:11:37Donc c'est une responsabilité qui est lourde,
01:11:40qu'il faut assumer, qui m'a été confiée,
01:11:43et que j'exerce autant que je peux.
01:11:49Il y a des moments où j'étais inquiet, très inquiet.
01:11:52La DGSE opère de plus en plus dans les zones de guerre,
01:11:55parce que le monde est de plus en plus en guerre.
01:11:57Quand vous êtes dans cette zone-là,
01:11:59vous avez envoyé quelqu'un pour faire une action d'enseignement
01:12:02dont vous n'êtes pas si certain qu'elle est véritablement justifiée,
01:12:06oui, là, vous avez une inquiétude supplémentaire.
01:12:10Oui, j'ai vécu des moments comme ça.
01:12:14Effectivement, quand on déplace avec un pick-up,
01:12:17et quand il y a un nuage de fumée qui apparaît à l'horizon,
01:12:20et qu'on est sur une zone frontalière dont on ne sait que précisément,
01:12:23il y a un certain nombre de maquis de djihadistes
01:12:25qui sont installés de l'autre côté de la frontière,
01:12:27ça crée assez rapidement une forme de tension.
01:12:29Tout ça est planifié, quand on se pense sur la zone,
01:12:32on sait déjà que le risque est là,
01:12:34donc on sait comment y remédier,
01:12:36mais la sensation est là.
01:12:44Une menace, c'est dynamique.
01:12:46À partir du moment où elle n'est pas entravée,
01:12:48elle vous menacera toujours.
01:12:50Au fait du renseignement, le renseignement, c'est du temps long,
01:12:52c'est une forme de track.
01:12:56On part d'un objectif qui est souvent un petit objectif,
01:12:59et puis on le remonte, on l'environne,
01:13:01et on essaie de travailler dessus.
01:13:05Les trois membres du commando d'Aleg sont maintenant sous les verrous.
01:13:08Maintenant, ces individus sont en train de se déplacer.
01:13:12Maintenant, ces individus ont eu un soutien logistique et des commanditeurs,
01:13:16et donc cette affaire n'est pas close.
01:13:23Tous ceux qui sont impliqués dans les attentats
01:13:25ou les prises d'otages de ressentissants français
01:13:28feront l'objet d'une track jusqu'à l'extinction d'un moyen.
01:13:33Ça nous amène à filer des longues tracks.
01:13:36Elles ne sont pas toujours conclusives,
01:13:39mais le plus souvent.
01:13:46Un des leaders les plus médiatiques de l'époque, c'est Mokhtar Belmokhtar,
01:13:49qui avait sa propre stratégie sur place,
01:13:51qui avait lui-même impulsé la création du Mujaho,
01:13:54donc il s'était un peu séparé d'Al-Qaïda à l'époque.
01:13:56Et il y a un vétéran des GIA et du GSPC,
01:13:59qui s'appelle Yahya Jouhady,
01:14:00qui vient s'installer justement au Mali,
01:14:02et qui va, au nom de l'état-major d'Al-Qaïda au Maghreb islamique,
01:14:05structurer les groupes.
01:14:10D'autres leaders historiques, comme Yahya Abou Lamam,
01:14:13qui ensuite deviendra l'émir du Sahel pour le compte d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.
01:14:18J'aimerais envoyer un message à François Hollande,
01:14:21et à tous les Français,
01:14:23nous lui disons que les frères se sont retirés des villes,
01:14:27pour qu'ils puissent revenir en force,
01:14:30et nous leur annonçons qu'il a ouvert des portes à la guerre contre les Français.
01:14:37C'est quelques dizaines d'individus, répartis en plusieurs groupes,
01:14:40qui sont sur des pick-ups,
01:14:42et qui sillonnent le désert,
01:14:44et qu'on connaît, et qu'on connaît assez bien à l'époque,
01:14:46grâce au travail long terme qui a été fait dessus.
01:14:52Ces cibles dites à haute valeur ajoutée,
01:14:54étaient prioritairement traitées par la DGSE.
01:14:58Et nous étions menant sur cette quête-là.
01:15:00Notre segment, c'était justement pour des raisons de neutralisation,
01:15:03de la capacité à créer la menace,
01:15:05de taper par le haut.
01:15:08Comme tout individu,
01:15:10le djihadiste, il doit bouger,
01:15:12il doit communiquer,
01:15:14et il doit payer.
01:15:16C'est les trois fonctions sur lesquelles on peut agir,
01:15:18en enseignement technique, comme humain.
01:15:26Dès ce que je sache, oui,
01:15:28je suis le plus jeune dans un centre de mission.
01:15:30Souvent on me fait la blague,
01:15:32« Ah tiens, t'es né après le DGSE ! »
01:15:34Non, on me fait des petites blagues par rapport à mon âge,
01:15:36mais je le prends pas mal, tout est bon enfant,
01:15:38et tout se passe bien.
01:15:44On m'a ciblé une zone,
01:15:46où on m'a ciblé certains individus,
01:15:48et on m'a dit,
01:15:50« Tu vas les surveiller techniquement,
01:15:52et faire remonter tout ce qui est anormal,
01:15:54qui nous permettra de faire du renseignement
01:15:56et de prendre certaines décisions. »
01:15:58Ce que j'étudie le plus,
01:16:00c'est comment ça a été envoyé,
01:16:02qui l'a envoyé, ce genre de choses,
01:16:04plutôt que le contenu en lui-même.
01:16:08J'essaye d'établir des relations
01:16:10entre certaines personnes,
01:16:12des localisations,
01:16:14des patterns de vie.
01:16:18À force de suivre ces personnes,
01:16:20à force de les suivre,
01:16:22à force de les suivre,
01:16:24à force de les suivre,
01:16:26à force de suivre ces personnes-là,
01:16:28oui, on commence à connaître leurs familles,
01:16:30leurs déplacements réguliers,
01:16:32leurs contacts, ce genre de choses.
01:16:34S'il y avait des liens
01:16:36entre divers groupes,
01:16:38s'il y avait des attentats
01:16:40qui devaient se préparer,
01:16:42s'il y avait quelconque événement
01:16:44grave ou non,
01:16:46on serait amené à le voir.
01:16:50Ils peuvent parler
01:16:52du beau temps, du mauvais temps,
01:16:54de la pluie, de la sécheresse.
01:16:56Mais ils parlent aussi
01:16:58de préparer
01:17:00telle ou telle action.
01:17:06On a des audios, des enregistrements
01:17:08et après, on voit que c'est
01:17:10tel numéro, tel numéro
01:17:12et on commence à écouter.
01:17:16Si on a un nouveau numéro,
01:17:18je vais entendre, je vais dire,
01:17:20là, ça nie quelque chose,
01:17:22c'est le caractère
01:17:24d'analytique de langage
01:17:26par l'accent,
01:17:28c'est le caractère d'expertise,
01:17:30de savoir qui parle
01:17:32et avec qui il parle.
01:17:36La technologie, les moyens d'observation,
01:17:38les moyens d'écoute
01:17:40sont clés,
01:17:42mais si vous n'avez pas
01:17:44la source qui vous amène,
01:17:46qui vous explique ce qui va se passer,
01:17:48qui a rendez-vous avec qui,
01:17:50vous vous préparez tout le temps,
01:17:52mais vous êtes déjà dans la situation de frapper.
01:17:56Qui mieux que les populations arabes
01:17:58ou touaregs du nord du Mali
01:18:00pour bien comprendre comment ça fonctionne
01:18:02et pour évoluer sur zone de manière naturelle.
01:18:04Et c'est notamment vers ces gens-là
01:18:06qu'on a investi pour avoir
01:18:08des gens sur le terrain capables de rendre compte
01:18:10de leurs activités au plus près, au-delà
01:18:12de ce qu'on peut observer depuis le ciel
01:18:14ou de ce qu'on peut entendre.
01:18:20On a besoin de quelqu'un qui vend des puces téléphoniques
01:18:22à côté du bon puits
01:18:24dans une partie du Seine
01:18:26parce qu'il a une prétexte naturelle
01:18:28pour être là, parce qu'il voyage régulièrement
01:18:30donc on peut le voir et donc on peut
01:18:32discuter avec lui, le traiter.
01:18:34Il est peut-être au bon endroit sur des points de passage
01:18:36où des djihadistes passent.
01:18:38Les forces armées françaises
01:18:40ont apporté
01:18:42cet après-midi
01:18:44leur soutien
01:18:46aux unités maliennes
01:18:48pour lutter contre ces éléments
01:18:50terroristes.
01:18:54On sait justement
01:18:56on était en position,
01:18:58on avait créé un maillage
01:19:00et on s'est rendu compte
01:19:02qu'il n'y avait pas d'armes
01:19:04et qu'il n'y avait pas d'armes
01:19:06et qu'on avait créé un maillage.
01:19:08Les armées sont arrivées
01:19:10avec Serval, puis Barkhane,
01:19:12puis les forces spéciales.
01:19:14Tout ça a créé un écosystème
01:19:16qui permettait à la DGSE
01:19:18d'utiliser son renseignement,
01:19:20de le finaliser sur une action
01:19:22réalisée par les forces armées
01:19:24et en effet il y a les opérations
01:19:26où c'est pas forcément quand il décroche que ça frappe
01:19:28mais c'est dans les 3 minutes,
01:19:30les 5 minutes.
01:19:32Mais c'est des opérations extrêmement complexes
01:19:34qu'on a pu monter
01:19:36pour des cibles extrêmement importantes.
01:19:38Mokhtar Belmokhtar,
01:19:40le djihadiste algérien responsable
01:19:42de nombreux attentats dans la zone du Sahel,
01:19:44de nombreux enlèvements aussi,
01:19:46aurait été tué par une frappe aérienne française.
01:19:48Belmokhtar,
01:19:50il a 12 ans à nous échapper.
01:19:52Il était très fort.
01:19:54Je pouvais assurer qu'il a joué sur les frontières,
01:19:56il a joué sur la distance
01:19:58et on a mis du temps
01:20:00à avoir les moyens d'investigation
01:20:02et de recueil et de traitement
01:20:04d'informations au nord du Mali.
01:20:06Mais il a été
01:20:08neutralisé en Libye.
01:20:10Donc c'est pour nous quand même un résultat
01:20:12opérationnel majeur.
01:20:14Sur renseignement français, on peut le dire ?
01:20:16Sur renseignement français, oui.
01:20:18Abdelmalek Drogdal aurait été
01:20:20tué au Mali avec plusieurs
01:20:22de ses collaborateurs mercredi
01:20:24au nord-ouest de Dessalit,
01:20:26près de la frontière algérienne.
01:20:28Même chose pour Drogdal ?
01:20:30Sur renseignement français, aussi.
01:20:32L'état-major français annonce
01:20:34aujourd'hui la mort d'un haut cadre
01:20:36algérien d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.
01:20:38Absolument, c'est un cadre assez
01:20:40important d'AQMI
01:20:42et c'est Yahya Jawadi,
01:20:44il est de nationalité algérienne, comme vous l'avez dit.
01:20:46Le service a donné les renseignements qui ont
01:20:48conduit à l'élimination
01:20:50de Yahya Jawadi,
01:20:52qui était le commanditaire, le donneur d'ordre,
01:20:54en 2022.
01:21:01Il y a un côté exemplarité,
01:21:03il faut que ça soit connu
01:21:05que français, ça sera
01:21:07sanctionné, un jour.
01:21:09Peut-être pas le jour même, mais un jour.
01:21:16Il ne s'agit en aucun cas d'une vengeance
01:21:18d'Etat, il s'agit
01:21:20d'une mémoire longue
01:21:22pour effectivement faire
01:21:24en sorte que des actions ne restent
01:21:26pas impunies, ou pour faire en sorte
01:21:28que des mouvements terroristes ne puissent
01:21:30pas continuer
01:21:32à poursuivre leurs sinistres projets.
01:21:34Au fait, la vengeance,
01:21:36c'est, enfin, mon exception, c'est
01:21:38il y a un côté irrationnel,
01:21:40émotif, qui n'est pas du tout la vocation
01:21:42de la DGSE.
01:21:44On travaille pour les intérêts de notre pays,
01:21:46sur ordre de nos autorités,
01:21:48on ne se venge pas.
01:21:50...
01:21:56J'ai envie de dire, c'est nécessaire,
01:21:58mais pas suffisant. Oui, ça a eu une influence,
01:22:00mais si Gaïa, il n'y a pas tout un système qui se met en place
01:22:02pour remplacer, ça n'a un effet
01:22:04que dans le court terme.
01:22:06L'histoire
01:22:08du terrorisme syrien,
01:22:10comme celui de l'Afghanistan, comme dans Syriaque,
01:22:12c'est que la reconstitution est plus rapide
01:22:14que la neutralisation.
01:22:16Si vous le faites tout seul,
01:22:18si c'est dans des zones où vous n'avez pas d'appui
01:22:20économique, humanitaire,
01:22:22santé, l'état de droit,
01:22:24ne peut pas se restaurer.
01:22:26C'est très difficile, et la situation
01:22:28à laquelle nous le montrent, on est dans les impasses.
01:22:30On a des succès opérationnels, mais on n'a pas,
01:22:32on ne gagne pas le territoire.
01:22:34On était condamnés
01:22:36sur la période à repousser les djihadistes pour les
01:22:38voir revenir dans ces mêmes zones,
01:22:40dans certaines mesures. Et donc,
01:22:42le débat, il est plus large, peut-être,
01:22:44sans doute même, que l'action de renseignement ou l'action
01:22:46militaire, il est de
01:22:48comment les pays de la zone sont capables
01:22:50de se construire pour, encore une
01:22:52fois, faire face eux-mêmes à
01:22:54cette menace djihadiste.
01:23:02Il y aura toujours besoin de
01:23:04monitorer cette menace par du
01:23:06renseignement sur les intentions d'acteurs
01:23:08qui vont redevenir clandestins.
01:23:10Et on a encore des
01:23:12tentatives d'opérations en Europe
01:23:14et en France. Donc, oui, il faut
01:23:16rester extrêmement vigilant.
01:23:18Ce n'est pas parce qu'on a d'autres problèmes que celui-là
01:23:20a disparu.
01:23:22...
01:23:32...
01:23:42Au moment du déclenchement d'ailleurs de
01:23:44la Russie contre l'Ukraine, déjà, ceux-là avaient
01:23:46les mêmes renseignements techniques que ses
01:23:48partenaires américains. Le problème du renseignement
01:23:50ensuite, c'est l'exploitation que vous en faites,
01:23:52l'analyse que vous en tirez,
01:23:54et au fond, la manière de considérer
01:23:56ou non qu'un événement va se passer.
01:24:20La CIA avait fait le choix, tout à fait
01:24:22respectable,
01:24:24au fond, de divulguer
01:24:26le renseignement qu'elle avait,
01:24:28avec comme objectif de dissuader les Russes
01:24:30de lancer leur opération.
01:24:32C'est une politique que nous, nous n'avons pas.
01:24:34Mais en termes de renseignement,
01:24:36nous étions au même niveau de connaissance.
01:24:38Pour dire les choses simplement,
01:24:40personne n'avait, dans l'entourage
01:24:42du président Poutine, celui
01:24:44qui a accès à son logiciel
01:24:46personnel.
01:24:48Nous n'avons pas
01:24:50l'un ou l'autre
01:24:52possibilité de protéger la Russie
01:24:54de nos gens, sauf celui
01:24:56que nous allons être obligés
01:24:58d'utiliser aujourd'hui.
01:25:18Vive la Bologne !
01:25:20Vive la Bologne !
01:25:32La Constitution
01:25:34est suspendue.
01:25:36Le gouvernement est dissous.
01:25:38L'Assemblée
01:25:40législative de transition
01:25:42est dissoute.
01:25:44Et ce, jusqu'à nouvelle ordre.
01:25:46Une crise
01:25:48n'en chasse pas une autre. Le Sahel, c'est pas réglé.
01:25:50Bon, effectivement, il y a cette crise
01:25:52en Ukraine.
01:25:54Il y a d'autres crises latentes
01:25:56qu'on connaît encore plus à l'Est.
01:26:08Quelle que soit
01:26:10la forme des conflits,
01:26:12la DGSE a son rôle à jouer.
01:26:14Ça pourrait être le soutien
01:26:16des forces armées d'un pays contre un autre.
01:26:24Il y a des zones très reculées,
01:26:26où on en verra plus facilement
01:26:28un agent opérationnel
01:26:30capable de s'autodéfendre, de s'auto-intimcrer
01:26:32et de renseigner.
01:26:36La DGSE s'interdit aucune zone.
01:26:38Après, il y a des zones qui sont beaucoup plus faciles
01:26:40à intervenir d'un point de vue
01:26:42diplomatique, au handicap d'un point de vue
01:26:44diplomatique,
01:26:46que d'autres.
01:27:00L'Arc de Christ, c'est un pouce
01:27:02qui se déporte. Malheureusement,
01:27:04l'Arc de Christ traditionnel, qui est
01:27:06le monde arabe, l'Afrique,
01:27:08le Proche Moyen-Orient, l'Asie,
01:27:10reste encore une zone en ébullition.
01:27:12Mais il s'étend, il s'élargit,
01:27:14il y a différents nodules.
01:27:40L'Arc de Christ, c'est un pouce
01:27:42qui se déporte. Malheureusement,
01:27:44l'Arc de Christ traditionnel, qui est le monde arabe,
01:27:46reste encore une zone en ébullition.
01:27:48Mais il s'élargit, il s'élargit,
01:27:50il s'élargit, il s'élargit,
01:27:52il s'élargit, il s'élargit,
01:27:54il s'élargit, il s'élargit,
01:27:56il s'élargit, il s'élargit...
01:28:10Bon, une crise surprend toujours,
01:28:12par définition.
01:28:14Donc, on n'est jamais tout à fait préparé.
01:28:16Dès qu'une crise survient,
01:28:18on va dire, l'histoire de la DGSE,
01:28:20c'est une succession de crises
01:28:22plus ou moins importantes.
01:28:24Le jour où il n'y a plus de crise,
01:28:26il n'y a quasiment plus de DGSE.
01:28:30La particularité des années
01:28:322010-2020, c'est l'accumulation.
01:28:34C'est la difficulté,
01:28:36pour ne pas dire l'impossibilité
01:28:38à prioriser.
01:28:40On ne peut pas dire que le contre-terrorisme
01:28:42c'est moins important
01:28:44que les politiques de puissance,
01:28:46que la contre-prolifération.
01:28:48Tout a atteint un niveau,
01:28:50j'allais dire, d'intensité très élevé.
01:28:56Quoi qu'il arrive,
01:28:58tout commence, tout finit par l'humain
01:29:00en matière d'opération.
01:29:02Moi, je trouve que la qualité
01:29:04de l'humain de la DGSE,
01:29:06c'est la capacité d'adaptation.
01:29:08Intellectuelle, physique, culturelle,
01:29:10bien sûr géographique.
01:29:12On va s'adapter.
01:29:14On est construit pour ça.
01:29:16On peut être performant.
01:29:18J'en ai été très vrai, ça.
01:29:20Si vous me dites ça,
01:29:22je suis obligé de demander où ?
01:29:24Vous savez que je ne me retomberai pas.
01:29:36La DGSE, c'est l'humanité.
01:29:38C'est l'humanité.
01:29:40C'est l'humanité.
01:29:42C'est l'humanité.
01:29:44C'est l'humanité.
01:29:46C'est l'humanité.
01:29:48C'est l'humanité.
01:29:50C'est l'humanité.
01:29:52C'est l'humanité.
01:29:54C'est l'humanité.
01:29:56C'est l'humanité.
01:29:58C'est l'humanité.
01:30:00C'est l'humanité.
01:30:02C'est l'humanité.
01:30:04C'est l'humanité.
01:30:06C'est l'humanité.
01:30:08C'est l'humanité.
01:30:10C'est l'humanité.
01:30:12C'est l'humanité.
01:30:14C'est l'humanité.
01:30:16C'est l'humanité.
01:30:18C'est l'humanité.
01:30:20C'est l'humanité.
01:30:22C'est l'humanité.
01:30:24C'est l'humanité.
01:30:26C'est l'humanité.
01:30:28C'est l'humanité.
01:30:30C'est l'humanité.