L'interview d'actualité - Nicolas Berrod

  • le mois dernier
L'OMS a déclenché le niveau d'alerte le plus élevé à propos du virus Mpox. Les autorités sanitaires se mobilisent et la France met son système de santé en état d'alerte maximale, on fait le point avec notre invité Nicolas Berrod journaliste au Parisien, spécialiste des questions de santé. 

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00:00– On vient de l'évoquer dans le journal, à l'instant avec Sophie Lecens,
00:034 lettres M-POX qui ont conduit l'Organisation mondiale de la santé
00:08à déclencher le niveau d'alerte le plus élevé,
00:10ça fait la une du Figaro ce matin, M-POX, les autorités sanitaires se mobilisent,
00:15la France met son système de santé en alerte maximale,
00:18bonjour Nicolas Béraud, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation,
00:22vous êtes journaliste au Parisien, spécialiste des questions de santé,
00:26pour que nos téléspectateurs comprennent bien de quoi il s'agit rapidement
00:29et simplement, c'est quoi M-POX ?
00:32– C'est une maladie qu'on connaît depuis une cinquantaine d'années,
00:35avant elle s'appelait Monkeypox, c'est pour ça qu'en français,
00:37souvent on entend toujours parler de variole du singe,
00:39c'est une maladie qui était endémique en Afrique,
00:41c'est-à-dire qu'elle circulait beaucoup depuis des décennies dans plusieurs pays africains
00:46et ce qui s'est passé, vous vous rappelez peut-être, il y a deux ans à peu près,
00:49il y a eu une épidémie de Monkeypox à l'époque, de M-POX aujourd'hui,
00:52qui s'est disséminée un petit peu partout dans le monde,
00:54notamment en France, en Europe, aux États-Unis,
00:57le virus s'est propagé essentiellement à l'époque au sein des hommes homosexuels
01:03et puis l'épidémie s'est éteinte rapidement parce qu'on a vacciné les personnes exposées,
01:07parce qu'elles ont fait très attention, etc.
01:09Et là la nouveauté, c'est qu'il y a un nouveau virus, un nouveau variant si on peut dire,
01:12mais toujours du M-POX, qui a été détecté en Afrique il y a plusieurs mois
01:16et qui maintenant commence à apparaître en Suède ou Pakistan éventuellement
01:21et peut-être sans doute plus tard dans d'autres pays.
01:23– Vous l'avez dit, en 2022, il y avait une population cible qui était visée,
01:26est-ce que là, avec ce nouveau variant, on est sur le même schéma ?
01:31– A priori, pas tout à fait et c'est justement pour ça qu'il y a toutes ces inquiétudes
01:36et toutes ces alertes qui sont émises, c'est qu'on s'est aperçu en Afrique
01:40que ce nouveau variant, donc, il touche des hommes, des femmes et aussi des enfants.
01:45Et donc on se dit qu'il y a une transmission par voie sexuelle,
01:47comme c'était le cas à l'époque, mais pas seulement entre des hommes,
01:51aussi entre des hommes et des femmes et on suppose qu'il y a aussi une transmission
01:55soit par contact avec des objets contaminés,
01:57soit éventuellement par goutte-tête respiratoire, pour expliquer…
02:00– Donc la transmission peut être aéroportée, comme le Covid à l'époque,
02:04donc on peut, si on croise quelqu'un dans la rue ou dans le métro
02:07de manière un peu prolongée, contracter cette maladie ?
02:10– C'est certainement moins évident qu'avec le Covid et c'est une grosse différence
02:14parce que sinon il y aurait déjà énormément de cas depuis des mois
02:17que ce nouveau variant circule, mais c'est effectivement possible
02:20que par goutte-tête respiratoire, il y ait une transmission
02:23qui a priori reste quand même essentiellement par voie sexuelle.
02:25– Vous l'avez dit, on est sur un état d'alerte que ce soit au niveau de l'OMS
02:28ou au niveau de la France, avec le Premier ministre qui a annoncé
02:31cet état de vigilance maximale, qu'est-ce que ça veut dire concrètement
02:34dans les faits ? Est-ce que c'est juste un gros mot pour dire qu'on est très attentif
02:38ou est-ce qu'il y a des choses qui vont être mises en place là ?
02:39– Très concrètement, on va surveiller beaucoup plus qu'avant le moindre cas suspect,
02:43pour rappel le mpox, les différents symptômes, ce sont essentiellement
02:46des boutons qui peuvent apparaître sur les parties génitales comme à l'époque
02:49mais aussi sur le visage, les mains, un peu partout sur le corps,
02:52c'est de la fièvre, c'est des douleurs, etc.
02:54Donc on va guetter toutes les suspicions, notamment des personnes qui rentrent d'Afrique
02:58parce qu'aujourd'hui les cas qu'on va trouver sans doute en Europe,
03:01à priori ce seront des personnes qui auront été infectées en Afrique
03:04et qui viendront en France, donc le but, et c'est pour ça qu'il y a toutes ces alertes,
03:08c'est que ces personnes-là, si on s'aperçoit qu'elles sont peut-être infectées
03:11par ce virus, on les dépiste, si elles sont positives,
03:14on leur demande de s'isoler, de prendre des précautions,
03:16éventuellement on propose la vaccination qui existe déjà
03:19et c'est une chance qu'on a à leur cas contact, aux personnes exposées
03:22et c'est comme ça qu'on espère éviter une épidémie
03:26ou en tout cas freiner rapidement une éventuelle épidémie.
03:29– D'un côté on ne veut pas affoler les gens et de l'autre on a le Premier ministre de la France
03:33qui nous dit voilà, notre système de santé est en alerte maximale,
03:36ce sont des mots qui font peur, est-ce qu'on a des raisons réelles de s'inquiéter
03:43ou pas pour que nos téléspectateurs ne paniquent pas ce matin à 8h14 sur leur canapé ?
03:47– Un épidémiologiste me disait hier et je vais reprendre ce qu'il m'a dit,
03:51surtout pas d'alarmisme, pas de panique, surtout pas de panique,
03:54une vigilance, une forte vigilance à la fois pour les autorités de santé,
03:58pour les médecins, aussi pour nous si on pense qu'on est à risque
04:01parce qu'on est immunodéprimé, parce qu'on est fragile,
04:03parce qu'on a voyagé dans un pays africain récemment,
04:05donc de la vigilance, surtout pas de panique, pas d'alarmisme,
04:08on n'est pas du tout aujourd'hui, en tout cas à ce stade
04:11parce qu'il faut être prudent dans le scénario d'un Covid bis,
04:13le virus on le connaît, on le connaît parce qu'il a déjà circulé
04:16il y a deux ans, même si c'est un nouveau variant,
04:18mais le virus en tant que tel on le connaît, on a des vaccins,
04:21on sait comment lutter contre, etc., donc on le connaît, c'est très différent
04:24et la transmission est sans doute moins simple.
04:26– Le vaccin contre la variole, il protège contre ce variant-là ?
04:29– Oui parce que plusieurs gens ont été vaccinés contre la variole
04:32mais pas contre la variole du singe.
04:34– Non mais la chance qu'on a c'est que les vaccins antivarioliques,
04:36donc les vaccins contre la variole qui existent déjà,
04:39on s'est aperçu qu'ils protégeaient aussi contre la variole du singe
04:42parce que c'est un virus qui appartient à la même famille,
04:45donc c'est pour ça que ces vaccins contre la variole qu'on a en France,
04:47parce qu'on craint toujours des attaques bioterroristes,
04:50donc on a des stocks stratégiques quelque part,
04:53et c'est pour ça qu'on a pu vacciner les personnes exposées,
04:55notamment les homosexuels en 2022,
04:57il y a 150 000 doses de vaccins qui ont été administrées.
05:00Ce vaccin on en a aujourd'hui, on ne sait pas combien
05:02parce que le ministère ne donne pas de chiffres comme c'est un peu confidentiel,
05:04mais on a ces vaccins-là, le laboratoire qui est norvégien en fabrique,
05:09le problème aujourd'hui c'est qu'en Afrique ils ont très peu de vaccins
05:11et aujourd'hui en France il n'y a évidemment pas de crise,
05:14on n'a pas encore trouvé de cas de ce nouveau variant,
05:16même si on devrait sans doute en trouver,
05:17mais en Afrique par exemple, en République démocratique du Congo,
05:20il y a eu 500 morts depuis le début de l'année.
05:22548, on va peut-être redonner les chiffres de M-POP,
05:24548 décès en République démocratique du Congo,
05:28vous l'avez dit, et 17 000 cas dans le monde, probable.
05:31Justement, est-ce qu'on a tiré des enseignements à la fois du Covid,
05:34mais aussi par exemple, je pense à d'autres épidémies
05:36qui ont touché l'Afrique plus particulièrement,
05:38comme Ebola, pour établir des plans d'action comme ça ?
05:41On est sans doute mieux armés qu'il y a 5, 10, 15 ans,
05:45parce qu'on a quand même des meilleures techniques de dépistage,
05:50les gens sont quand même plus sensibilisés au fait,
05:53avec le Covid, au fait de se protéger,
05:54de respecter les mesures barrières, etc.
05:56Le fait d'avoir déjà eu une épidémie de M-POP en France
06:00fait que notamment les personnes exposées,
06:02soit ont déjà été vaccinées, soit vont peut-être le faire maintenant,
06:05sont peut-être habituées à respecter les mesures de prévention.
06:08Toutes les mesures n'ont certainement pas été tirées, ce serait trop beau.
06:10Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que par exemple, justement,
06:12on n'a pas tiré par exemple d'enseignement d'Ebola en disant,
06:15il faut venir à la racine du problème, c'est-à-dire en l'occurrence en RDC,
06:19pour venir vacciner.
06:20Est-ce que ça, ce n'est pas encore une démarche qui est concrète ?
06:22Ça, c'est compliqué effectivement pour les pays occidentaux
06:25de très tôt aller soutenir les pays africains.
06:27Depuis quelques jours, beaucoup de pays dont la France disent,
06:30on va livrer des vaccins à l'Afrique, etc.
06:33Le problème, c'est que ces vaccins-là,
06:34la France pourrait aussi en avoir besoin potentiellement
06:36dans les semaines qui viennent, donc c'est un juste milieu à trouver.
06:38D'une part, comme on vient de le dire, entre pas de panique
06:41et il faut quand même être vigilant, mais aussi entre aider l'Afrique
06:45qui en a cruellement besoin de vaccins, de traitements et de soutien,
06:48et aussi se préparer éventuellement à ce qu'il y ait des cas disséminés en France.
06:50Rappelez-nous les symptômes de Mpox pour les gens qui nous regardent.
06:54Quels sont les premiers symptômes qui apparaissent quand on est contaminé ?
06:57Alors, de la fièvre, des frissons, des douleurs,
06:59mais aussi, et c'est sans doute le symptôme le plus évocateur de cette maladie,
07:02des éruptions cutanées ou des lésions,
07:04donc très concrètement des boutons sur la peau.
07:06En 2022, c'était beaucoup sur les parties génitales, la bouche, le visage.
07:10Maintenant, ça peut être avec ce nouveau variant, donc sur toutes les parties du corps.
07:13Et c'est pour ça que ceux qui nous regardent ont peut-être vu des photos d'enfants en Afrique
07:16avec des boutons un peu partout.
07:18Ça, c'est typiquement le nouveau variant de ce virus qui propage ça.
07:22Le clade 1. En fait, il y a plusieurs variants, donc plusieurs clades,
07:25on appelle ça les clades, il y a le 1 et le 2.
07:28Mais c'est un peu compliqué parce que le 1, il y a le 1A et le 1B,
07:31et le 2, il y a le 2A et le 2B.
07:33Pour résumer, nous, on a eu le 2B en 2022 et là, le nouveau, c'est le 1B,
07:38qui circule donc beaucoup en Afrique et qui va sans doute être trouvé en Europe
07:41parce que, quelque chose qui est important, dans les jours qui viennent,
07:44il est à peu près certain que les Allemands, les Anglais, les Américains vont dire
07:48« Ah, on a trouvé un premier cas de 1B ».
07:50Et la France ?
07:51Et la France, certainement.
07:52Tous les médecins me disent, c'est très sûr,
07:54on a alerté tous nos médecins, tous nos réseaux, etc.
07:57Ça ne veut pas dire que l'épidémie, d'un coup, se propage énormément.
07:59Ça voudra surtout dire qu'en fait, on les cherche énormément maintenant.
08:02Parce que le but, c'est de les trouver pour leur demander de s'isoler
08:04et faire qu'il n'y ait pas de transmission.
08:05Tout ça n'empêche évidemment pas de prendre quelques précautions.
08:08Quelles précautions doit-on prendre ?
08:10Alors, si on est…
08:11Le masque, le retour du masque, peut-être ?
08:13Pas en population générale, etc.
08:15Mais si on est fragile, si on est immunodéprimé,
08:17le port du masque, mais ça vaut pour le monkeypox,
08:19mais ça vaut pour le Covid et plein de maladies respiratoires, évidemment.
08:22Le port du masque dans les lieux fréquentés, les lieux clos, peut être utile.
08:27Pour les personnes exposées, donc les personnes les plus à risque,
08:30notamment, en tout cas c'était le cas à l'époque,
08:32a priori ce sera toujours le cas, les hommes homosexuels,
08:35être vigilant éventuellement à l'apparition de symptômes, etc.
08:38Homosexuels et bisexuels, évidemment.
08:39Absolument.
08:40Les gens qui rentrent, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes
08:44et aussi parfois avec des femmes.
08:45Les personnes qui rentrent d'Afrique,
08:47pareil, qui rentrent d'un pays où le virus circule beaucoup,
08:50le virus, il faut savoir que quand on est infecté,
08:52les symptômes, ils apparaissent longtemps après.
08:53Ça peut être une, deux, voire trois semaines après.
08:55Donc une personne infectée en RDC, par exemple,
08:57peut prendre l'avion, rentrer à Paris,
08:59se dire tout va bien au bout des jours et en fait avoir des symptômes après.
09:02Donc juste être vigilant et appeler un médecin s'il le faut.
09:05Merci beaucoup Nico Dabero.
09:06Merci.

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