Mpox : faut-il s'inquiéter ?

  • le mois dernier
Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le placement du système de santé français en "état de vigilance maximale" face à l'épidémie de mpox, dont des cas ont été détectés en Suède puis au Pakistan ces derniers jours. Karine Lacombe, Xavier Lescure et Brigitte Autran sont les invités de 8H20.

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00:00Le système de santé français placé en état de vigilance maximale, c'est l'annonce
00:04faite hier par Gabriel Attal face à l'épidémie de Mpox, virus qu'on appelait auparavant
00:09la variole du singe, qui est en forte recrudescence en République démocratique du Congo avec
00:14plus de 500 morts depuis le début de l'année et dont de premiers cas ont été détectés
00:18ces derniers jours en Suède, au Pakistan, ce qui fait craindre une propagation du virus
00:23dans le monde entier et ce qui réactive bien sûr de mauvais souvenirs liés au Covid-19.
00:28Alors, faut-il s'inquiéter de ce Mpox ? A-t-on suffisamment préparé à faire face à d'éventuels
00:33cas sur le sol français ? Deux invités dans le studio de France Inter pour en parler.
00:37Bonjour Karine Lacombe.
00:38Bonjour.
00:39Vous êtes chercheure à l'ANRS-MIE, professeure de maladies infectieuses à la Sorbonne et
00:44bonjour à vous Xavier Lescure, vous êtes infectiologue à l'hôpital Bichat et référent
00:48en risque épidémique et puis dans un instant on accueillera aussi Brigitte Autron qui est
00:51la présidente du COVARS, le comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires.
00:57On va peut-être commencer tout d'abord par dresser le portrait de ce virus qu'on connaît
01:01finalement assez mal, même si ce n'est pas un virus récent.
01:05Quelles sont les caractéristiques Karine Lacombe de ce nouveau variant du Mpox ?
01:10C'est un virus qui fait partie de la famille des virus de la variole, mais qui est différent
01:16du virus de la variole, qui fait partie de ce qu'on appelle des virus dans le cadre
01:23des zoonoses, c'est-à-dire qu'il est hébergé par des animaux et il peut être transmis
01:27à l'homme.
01:28Mais depuis plusieurs années, on a montré qu'il pouvait également se transmettre entre
01:32humains.
01:33Les premières épidémies ont eu lieu dans les années 1970, plutôt entre enfants, animaux-enfants
01:39puis ensuite entre enfants et au sein de la cellule familiale.
01:42Et puis petit à petit, on a vu émerger des variants, par exemple au Nigeria mais également
01:49en RDC, qui eux se transmettaient plutôt par relation sexuelle, donc entre adultes.
01:55Et c'est ce qui a donné naissance à la première épidémie en dehors de l'Afrique en 2022,
02:00qui là aussi a été une urgence de portée internationale d'un clade, c'est-à-dire
02:06un type de virus qui venait plutôt du Nigeria et qui a traversé le monde entier.
02:10Vous avez parlé de l'épidémie en 2022, il y avait eu 90 000 cas, 140 morts, là on
02:15risque Xavier Lescure d'être sur une épidémie plus conséquente.
02:20Plus conséquente, je ne sais pas, mais elle sera différente.
02:22La première raison, c'est que le sous-type viral est différent, il est plus agressif,
02:27c'est celui du bassin du Congo qui est réputé plus virulent, plus agressif, plus mortel.
02:32La mortalité de l'extension au-delà de la zone d'endémie, comme le rappelait Karine,
02:40du Nigeria sur la planète entière, a été de 0,03%, assez faible.
02:47La mortalité ou la létalité, c'est-à-dire la capacité à tuer du virus une fois qu'on
02:52est infecté, pour le clade qui émerge de RDC, République Démocratique du Congo, est
03:03réputée pour avoir une mortalité de 1 à 10%.
03:06Aujourd'hui, sur les chiffres actuels, elle est autour de 3 à 4%, ce qui est beaucoup
03:13plus que ce qu'on a connu en 2022.
03:17Mais il est clair que cette mortalité est très variable en fonction de l'âge.
03:21Elle touche principalement les enfants, malheureusement, en fonction de la capacité du système immunitaire
03:29à vous défendre, et puis aussi probablement à la qualité de la prise en charge, et cette
03:34maladie étant une maladie tropicale, essentiellement dans sa zone d'endémie, avec souvent des
03:40foyers dans les forêts profondes où l'accès aux soins est difficile, où les soins de
03:44support, la réanimation, la réhydratation, la rénutrition sont difficiles, la mortalité
03:49est très importante.
03:50Sur une prise en charge entre guillemets « moderne » et « accessible », elle sera beaucoup
03:56plus faible.
03:57Quels sont les signes avant-coureurs, Carine Lacombe, les symptômes, finalement, de ce
04:00virus ?
04:01Alors, en fait, ça donne initialement une fièvre assez élevée avec un syndrome viral,
04:08une altération de l'état général, des ganglions qui enflent, et puis au bout de
04:13quelques jours, il y a l'apparition d'une éruption cutanée qui va évoluer vers des
04:17pustules, et ces pustules peuvent potentiellement se surinfecter.
04:20On peut également avoir une atteinte muqueuse, on l'a vu avec l'épidémie de 2022, avec
04:25une atteinte de la bouche, une atteinte des parties génitales, et le tout s'accompagne
04:29d'une douleur plus ou moins importante, et la surinfection bactérienne fait aussi
04:34une partie du pronostic de l'infection.
04:36Est-ce qu'elle est facile à reconnaître, finalement, ou à différencier d'autres
04:39infections, d'autres virus ?
04:40Là, ça dépend vraiment de son expression.
04:42On a vu beaucoup de tableaux différents dans l'épidémie de 2022, c'était parfois
04:47une éruption généralisée, et dans ce cas-là, c'est assez facile à reconnaître sur le
04:51plan clinique, mais parfois, il y a un simple petit bouton, et c'est pour ça qu'il
04:55est important que les médecins soient vraiment informés, que les patients potentiellement
05:00infectés consultent très rapidement pour qu'on fasse un prélèvement virologique
05:04et que l'on identifie le virus.
05:06Et si ces boutons, ces pustules dont vous parliez, transmettent aussi le virus, si on
05:11s'en approche, si on le touche, par exemple ?
05:13Alors oui, absolument, le contact entre deux personnes, une personne saine et une personne
05:19infectée avec ces pustules qui peuvent s'ouvrir et donc libèrent du virus, bien sûr, c'est
05:24tout à fait contagieux.
05:25Idem, les contacts avec les muqueuses.
05:28Et puis quand il y a vraiment beaucoup, beaucoup de pustules, il peut y avoir un peu de virus
05:33en suspension, et donc on peut en retrouver sur les surfaces inertes.
05:36Et on pense que ça peut potentiellement se transmettre par l'air, mais que par les
05:41grosses gouttelettes.
05:42Ça n'a rien à voir, par exemple, avec le Covid, ça reste quand même très autour
05:49de la personne malade.
05:50Vous parliez des enfants, Xavier Lescure, quelles sont les populations à risque ? Les
05:55enfants en bas âge, les femmes enceintes ?
05:57Enfants en bas âge et enfants dans les premières années, au-delà des nourrissons ou des nouveau-nés.
06:06Tous les immunodéprimés, que ce soit VIH ou traitement immunosuppresseur, chimiothérapie,
06:13etc.
06:14Et puis effectivement, les femmes enceintes, qui est une forme de fragilité et de phase
06:18temporaire d'immunodépression.
06:19Et ça veut dire qu'il faut une prise en charge très rapide, justement, pour éviter
06:23une infection, une surinfection bactérienne ?
06:26Les causes de mortalité, en général, c'est la dénutrition et la déshydratation.
06:31C'est vrai qu'il y a des atteintes cutanées, mais il y a aussi des atteintes muqueuses.
06:35Et quand vous avez l'oesophage qui est complètement inflammé et avec des éruptions, qui est
06:39extrêmement douloureux, quand vous êtes en brousse et que vous ne pouvez pas passer
06:42de traitement, de soluté intraveineux et de support par les veines, vous ne pouvez
06:50plus avaler ni solide ni liquide.
06:52Et que vous êtes un enfant sans beaucoup de réserve, ça va très, très vite.
06:57Et donc, c'est la première cause de mortalité.
06:59La deuxième cause de mortalité, c'est les surinfections bactériennes.
07:02Il faut aussi avoir un accès aux antibiotiques.
07:04Et puis, la troisième cause qui est plus rare, c'est les atteintes organiques, c'est-à-dire
07:10les viscères qui sont eux-mêmes atteints par le virus, notamment le cœur, le cerveau,
07:16etc.
07:17Mais c'est beaucoup plus rare, finalement.
07:18Et tout ça justifie finalement que l'Organisation Mondiale de la Santé déclenche son niveau
07:22d'alerte le plus élevé, Karine Lacombe.
07:25Oui, alors, l'une des raisons principales, c'est que, vous savez, l'OMS n'a pas d'argent
07:31en elle-même.
07:32En revanche, il y a des lignes budgétaires qui peuvent être ouvertes et utilisées quand
07:37il y a une urgence internationale.
07:39Et le fait d'avoir annoncé cette urgence internationale permet aussi de mettre le focus
07:43sur une épidémie qui est en passe d'être non contrôlée en Afrique de l'Est.
07:48Et donc, de mettre à disposition et de l'argent, de motiver les gouvernements pour, en particulier,
07:55faciliter l'accès à la vaccination et acheter des vaccins en nombre important, mettre en
08:00place tout ce qui concerne le diagnostic, etc.
08:02Donc oui, c'était absolument indispensable.
08:05Donc, ça veut dire qu'il ne faut absolument pas s'inquiéter tout de suite, mais c'est
08:07de dire qu'on met en branle, finalement, la grosse machine, on peut le dire comme ça ?
08:10Oui, on peut le dire comme ça, oui.
08:12Je pense que l'OMS a vraiment répondu favorablement à la demande du CDC africain, qui a fait
08:21une requête très explicite de solidarité et d'équité entre les pays du Nord et les
08:29pays du Sud par rapport à ce qui a été vécu en 2022, où effectivement, l'épidémie
08:33a été contrôlée dans les pays du Nord avec des vaccins, des traitements, une prise en
08:36charge optimale et probablement un peu, c'est ce que dit le rapport du CDC africain, d'indifférence
08:44vis-à-vis des pays africains, où en fait, ils ont continué à ramer entre guillemets
08:48avec des traitements peu efficaces ou pas de traitements du tout, et surtout un accès
08:54aux vaccins qui était extrêmement limité, voire totalement inexistant.
08:57Très récemment, les vaccins sont accessibles en Afrique avec des contraintes logistiques,
09:04financières, etc.
09:05Et donc, cet appel du CDC africain et cette réponse de l'OMS va permettre une mobilisation
09:11internationale pour aller à la racine de ce foyer qui est l'Afrique centrale.
09:17Parce que le déclenchement de ce niveau d'alerte le plus élevé de l'OMS arrive au moment
09:22où l'on détecte les premiers cas hors du continent africain, un premier cas au Pakistan,
09:26un premier cas en Suède, est-ce que ça veut dire, et là aussi ça réactive des souvenirs
09:30évidemment liés au Covid-19, est-ce que ça veut dire qu'on devra forcément faire
09:35face à une propagation sur l'ensemble de la planète ?
09:38C'est évident, puisqu'on est quand même dans un univers qui est mondialisé, avec
09:43une globalisation des échanges, les personnes se déplacent très vite, très facilement,
09:48donc c'est évident qu'on allait avoir des cas en dehors de l'Afrique centrale.
09:51Ce qui est important, c'est vraiment que tout le monde soit en alerte, que les personnes
09:58concernées se fassent dépister, diagnostiquer, que les médecins soient au courant, que les
10:03autorités sanitaires de santé du monde entier soient en alerte, de façon à ce qu'on puisse
10:08juguler les premiers cas qui vont apparaître, traiter, vacciner, donc vacciner les cas contacts,
10:14vacciner les groupes à risque, de façon à ce que l'épidémie reste limitée.
10:18Un peu ce qu'on a vécu en 2022, c'est grâce à la mobilité des communautés affectées,
10:22des gouvernements et de l'utilisation massive des vaccins qu'on a pu limiter l'épidémie
10:29qui a couru sur 2022-2023.
10:31Parce que quand on entend Gabriel Attal dire que le système de santé français est placé
10:34en état de vigilance maximale, c'est un peu anxiogène, est-ce que ça veut dire que
10:39forcément il y aura des cas en France ?
10:40Oui, je rejoins Karine, il y aura forcément des cas en France, c'est évident, mais il
10:46n'y aura probablement pas de propagation ou de propagation massive du virus dans la
10:50population.
10:51Probablement, ça sera circonscrit à quelques cas, quelques clusters, c'est-à-dire quelques
10:55cas secondaires au cours des premiers cas, autour des premiers cas, mais rien de plus.
10:59Aujourd'hui, on a tous les éléments diagnostiques de traitement de vaccins pour intervenir et
11:05limiter la propagation.
11:06On est informés, on a eu un entraînement en 2022, les communautés sont sensibilisées.
11:11Ce qui différencie par rapport à votre question tout à l'heure, par rapport à 2022, c'est
11:15que probablement, il n'y a pas que des contacts sexuels et pas uniquement de la transmission
11:21sexuelle chez les adultes qui est notée en ADC, donc c'est vraiment des contacts directs
11:26au-delà des rapports sexuels.
11:27Donc, ça peut complexifier un peu les affaires sur la transmission.
11:29Et puis, l'essentiel, c'est vraiment de faire le diagnostic et donc de penser à
11:36cette maladie en cas d'éruption.
11:39Mais ça, c'est de la pratique clinique.
11:41Il faut aussi, parce que cette maladie est stigmatisante, que les patients se laissent
11:45prélever, diagnostiquer et s'isolent et puissent faire des mesures d'hygiène qui
11:51soient efficaces pour lutter contre la dissémination du virus.
11:55Vous en avez parlé tout à l'heure, parlons-en plus en détail de ce vaccin, parce que c'est
11:59sans doute l'une des grandes différences avec la crise sanitaire du Covid-19 que l'on
12:04a vécu.
12:05Je voudrais qu'on accueille Brigitte Autran.
12:06Bonjour.
12:07Bonjour.
12:08Vous êtes professeure émérite en immunologie et vous êtes présidente du Covars, comité
12:12de veille et d'anticipation des risques sanitaires.
12:14Vous avez notamment travaillé sur la stratégie vaccinale contre le Covid.
12:17Est-ce qu'on sait si le vaccin existant protège efficacement contre le Mpox et contre
12:25le nouveau variant de ce virus ?
12:27Alors bien sûr, on sait que ce vaccin, qui s'appelle donc le MVA de la firme Bavarienne
12:34Nordique, protège contre le variant ou le sous-type de Mpox qui a circulé en 2022-2023.
12:43On a de très forts arguments pour penser qu'il va protéger aussi efficacement contre
12:49le variant qui vient d'émerger ou qui a émergé quelques semaines ou quelques mois
12:54en Afrique.
12:55On n'a pas encore de preuves, bien sûr, que les vaccins vont fonctionner sur ce nouveau
13:01variant.
13:02Mais néanmoins, il n'y a aucune raison pour que ce vaccin ne fonctionne pas.
13:06Donc a priori, on est, comme l'ont dit Karine et Xavier, on est équipé pour faire
13:12face à cette épidémie avec des vaccins qui vont fonctionner.
13:17Et comment fonctionne ce vaccin justement, Brigitte Autron ? Est-ce qu'il empêche
13:20la transmission ou est-ce qu'il protège des formes graves ?
13:23Alors, il protège des formes graves, ça c'est absolument certain.
13:28Selon son degré d'efficacité, il protégera ou pas contre la transmission.
13:35Mais une forme grave, c'est essentiellement une forme profuse avec beaucoup de pustules.
13:39Et bien sûr, comme l'ont dit Karine et Xavier, des formes muqueuses.
13:44Mais en diminuant la gravité de ces formes, on va diminuer aussi la capacité de transmettre
13:52et la contagiosité de ce virus.
13:55Donc a priori, de toute façon, une efficacité contre les formes graves et certainement une
14:01capacité de réduction de la contagiosité.
14:05Qui est vacciné aujourd'hui, Brigitte Autron ?
14:07Alors, très peu de gens.
14:10Les vaccins dont on dispose sont issus du vaccin contre la variole.
14:14Je vous rappelle que ce vaccin contre la variole a été...
14:17La vaccination a été arrêtée en 1980 et en France, dans le milieu des années 70.
14:25Pourquoi a-t-elle été arrêtée ?
14:26C'est parce qu'il n'y avait plus de cas de variole humaine dans le monde.
14:30C'est donc une maladie qui avait été éradiquée.
14:33Donc, toutes les personnes qui sont nées avant 1975 ont bénéficié d'un vaccin.
14:38Elles ont encore, on le sait, et mon laboratoire l'avait montré, on sait qu'elles ont
14:43encore de la mémoire immunitaire.
14:45Mais ces personnes sont âgées et ne constituent pas la partie majoritaire, bien sûr, de la
14:52population. Il y a une frange de population, la population exposée aux contaminations
14:59parasexuelles, qui a été vaccinée il y a deux ans et celle-ci est vraisemblablement
15:05protégée, encore qu'on ne sache pas quelle est la durabilité d'efficacité de ce nouveau
15:12vaccin qu'on appelle le MVA.
15:14Je voudrais vous soumettre, Brigitte Autron, cette question sur l'appli France Inter de
15:18Sylvain, vacciné enfant dans les années 70 contre la variole, dit-il.
15:22Suis-je assez bien protégé ou est-ce que j'ai besoin d'une nouvelle dose ?
15:26Alors, cette personne a une mémoire immunitaire, c'est-à-dire qu'il a la capacité de réagir
15:34très rapidement. On ne peut pas dire de façon certaine que cela suffit à être protégé.
15:41Donc, a priori, comme pour l'épidémie de 2022, il serait nécessaire de refaire une
15:47nouvelle injection de vaccin pour avoir une protection complète.
15:51Les recommandations, vous savez que le gouvernement des missionnaires a saisi les
15:57autorités sanitaires et les recommandations vaccinales.
15:59J'ai été en contact hier avec la HHS et avec la présidente de la Commission technique
16:04des vaccinations. La saisine est arrivée à la HHS et les recommandations vont être
16:10rapidement adaptées.
16:11Les recommandations de 2022 vont être rapidement adaptées à la situation actuelle.
16:16Je voudrais vous faire réagir, Karine Lacombe, Xavier Lescure, à ce que dit Brigitte
16:19Autron. Est-ce que l'existence de ce vaccin nous permet d'aborder cette résurgence de
16:29ce virus avec sérénité ?
16:31Est-ce qu'on peut le dire comme ça, Karine Lacombe ?
16:33Or, personnellement, je pense que oui.
16:35C'est vrai que, par exemple, en 2022, on avait mis quelques semaines à avoir accès à
16:39ces fameux vaccins antivarioliques qui protègent contre le Hempox.
16:43Ce n'est pas le cas maintenant, puisqu'ils sont déjà disponibles et qu'on continue de
16:47les utiliser. On n'a jamais arrêté.
16:49Entre 2022 et maintenant, les personnes à risque, les contacts, etc., ont été vaccinées et
16:55continuent d'être vaccinées.
16:56Par exemple, j'ai fait le point hier à l'hôpital où je travaille, à l'hôpital Saint-Antoine,
17:01et on a plusieurs centaines de doses qui sont à la pharmacie et qui attendent qu'on les
17:06utilise. On a activé de nouvelles lignes de vaccination qui seront effectives et les
17:11personnes, dans le cadre des recommandations qui vont être mises à jour, comme l'a dit
17:15Brigitte Autrand, pourront se faire vacciner.
17:18Donc, il n'y a vraiment aucune inquiétude par rapport à l'accès aux vaccins.
17:21Sauf qu'il n'y a qu'un seul laboratoire pharmaceutique qui fabrique un vaccin qui, en
17:25tout cas, est homologué en Europe, aux Etats-Unis, c'est, Brigitte Autrand le disait, le
17:31laboratoire danois Bavarian Nordic, 500.000 doses en stock.
17:36Ce laboratoire se dit prêt à produire jusqu'à 10 millions de doses de vaccins d'ici 2025.
17:41Xavier Lescure, est-ce que ça va suffire ?
17:42Est-ce que ça va aller assez vite ?
17:44Je pense qu'il y a un niveau de réactivité dans les firmes pharmaceutiques et vaccinales
17:49qui a fait ses preuves pour le Covid.
17:53Il y aura des aides, il y aura des soutiens, il y aura des apports qui feront que la
17:58fabrication du vaccin sera au rendez-vous.
17:59Je ne suis pas très inquiet. Aujourd'hui, les indications sont assez limitées, ne
18:03représentent pas une partie importante de la population.
18:06C'est des gens jusqu'à nouvel ordre.
18:07En tout cas, après, il faut voir par rapport aux nouveaux facteurs de risque liés au
18:13contact non sexuel dont on parlait tout à l'heure.
18:15Mais en gros, aujourd'hui, c'est les indications à la vaccination, c'est les
18:19gens qui ont soit des rapports homosexuels ou bisexuels, essentiellement
18:25multipartenariats, soit les travailleurs du sexe, soit les soignants qui sont exposés à
18:29des activités de santé sexuelle.
18:31C'est quand même une fraction de la population très limitée.
18:33Il n'y a pas de raison qu'on ouvre la vaccination à la population générale.
18:37Il n'y aura pas d'inflation majeure des besoins.
18:40Au nord, au sud, c'est différent puisque la population exposée est beaucoup plus
18:44importante et c'est là dessus qu'il faut faire les efforts.
18:46C'est sur les populations africaines exposées, au-delà des hauts facteurs de
18:49risques.
18:50Brigitte Autran, on ne va pas voir de grands centres de vaccination et des
18:53vaccinations à la chaîne, comme on l'a vu pour le Covid-19.
18:57A priori, non.
18:59Exactement comme l'a dit Xavier Lescure, en Europe, vraisemblablement pas.
19:03Mais comme l'a dit Xavier, il est très, très important.
19:07C'était aussi la raison de l'appel d'urgence de l'OMS.
19:11Il est très important d'augmenter les capacités de vaccin.
19:14Alors, il faut souligner qu'en plus du vaccin bavarais et nordique, il existe
19:17également un autre vaccin japonais qui est utilisable chez les enfants.
19:23Donc, il y a une possibilité d'agir également au niveau des enfants,
19:28puisque comme l'a dit Xavier Lescure, le vaccin MVA n'était pas encore
19:32autorisé chez les enfants.
19:33Il n'y avait pas de démonstration de son efficacité, de sa tolérance.
19:37Mais il y a une capacité à vacciner les enfants, en tout cas en Afrique.
19:41Et puis, le vaccin MVA dont on dispose en France avait eu une autorisation
19:47pour être utilisé chez l'adolescent aux Etats-Unis pendant la phase 2020-2023.
19:53Et il est vraisemblable que cette extension à l'adolescence va être
19:57validée également au niveau européen.
20:00Donc, oui, il faut être optimiste.
20:01Il y a des vaccins pour les différentes populations et les
20:05industriels sont effectivement sur le pont pour augmenter la production.
20:09Prudent, mais optimiste.
20:11Vous avez entendu l'appel du président pour distribuer des vaccins en Afrique.
20:16Merci à tous les trois d'avoir été avec nous pour faire le point sur ce Mpox.
20:19Brigitte Autran, vous êtes présidente du Covars.
20:22Karine Lacombe, chercheure à la NRS-CMIE, professeure de maladie infectieuse
20:26à la Sorbonne. Xavier Lescure, infectiologue à l'hôpital Bichin.
20:30Merci d'avoir été avec nous dans le 6-9.

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