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En 1970, un promoteur de concerts canadien d'un vingtaine d'années, Ken Walker, a l'idée d'organiser un festival qui se transporterait de ville en ville en... train. Il embarque dans son "Festival Express" rien de moins que la crème du rock de l'époque : Janis Joplin, The Grateful Dead, The Band, The Flying Burrito Brothers... Un an après Woodstock, ce festival sur rail rencontre tout un tas de galères, entre annulations de concerts, méfiance de la police, public mécontent et musiciens imbibés. Mais flotte aussi dans les wagons des artistes un doux air de contre-culture, de liberté et de création joyeuse.

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00:00Un train, des hippies, du rock, beaucoup de kilomètres et encore plus d'alcool.
00:03Étiquetez vos bagages et faites attention à l'écart entre le quai et le marche-pied.
00:07Aujourd'hui, on embarque à bord du Festival Express,
00:09un festival légendaire surnommé le Woodstock sur rail.
00:23Nous sommes en 1970 au Canada et Ken Walker, c'est lui, a une idée.
00:27Ce promoteur d'une vingtaine d'années souhaite organiser un festival dans plusieurs villes du pays
00:31et qui le traverserait d'est en ouest.
00:32Mais plutôt que de faire prendre l'avion aux artistes d'un lieu à l'autre,
00:35puisque le Canada couvre quand même 6500 kilomètres de largeur,
00:38il décide de prendre pleinement avantage des chemins de fer nationaux canadiens.
00:41Le plan est simple, des artistes et un train qui s'arrête dans plusieurs villes
00:44pour que tout le pays puisse profiter du festival.
00:46Et il y a de quoi profiter puisque Ken Walker mise sur de gros noms de l'époque pour faire le show.
00:49Grateful Dead, The Band, Janis Joplin et les Flying Burrito Brothers pour ne citer qu'eux.
00:54Pour acheminer tout ce beau monde, il faut un train plutôt hors norme.
00:5614 wagons dont 2 locomotives, 2 salons, 1 restaurant, 5 couchettes,
01:012 pour le matériel, 1 pour les bagages et d'autres encore pour le staff.
01:04Une joyeuse épopée qui promet sur le papier mais rappelons-le nous sommes en 1970,
01:08un an après Woodstock et les pouvoirs publics ne sont pas particulièrement fans
01:11de la contre-culture hippie que véhicule le festival.
01:13Et c'est là que les embrouilles commencent,
01:15le festival programmé initialement pour 4 villes n'en fera que finalement 3.
01:18La première date du festival devait avoir lieu le 24 juin à Montréal,
01:21malheureusement l'événement fut annulé du fait de célébrations de la Saint-Jean-Baptiste
01:24dans la ville au même moment.
01:26On commence donc finalement à Toronto le 27 et là, premier couac.
01:29Des manifestations ont lieu à cause du prix des places,
01:3114 dollars canadiens de l'époque ce qui représente environ 100 dollars aujourd'hui.
01:34Le public mécontent a tenté de rentrer gratuitement dans le festival
01:37ce qui a entraîné des blessures autant du côté des festivaliers que des forces de l'ordre.
01:40Au dernier moment, les responsables du festival et les autorités
01:42improvisent une scène gratuite sur la remorque d'un camion
01:45où se produit Jerry Garza des Grateful Dead.
01:47Au final, ça donne environ 37 000 personnes pour le festival et 6 000 pour la scène improvisée.
01:51Deuxième arrêt pour le Festival Express, Winnipeg le 1er juillet.
01:54Mais étant donné que l'on parle de rockstar dans les 70's,
01:56il aurait été étonnant que le trajet soit un direct sans escale.
01:59La joyeuse bande fera une halte dans une toute petite ville
02:01de quelques milliers d'habitants qui s'appelle Chapleau en Ontario
02:04histoire de refaire les stocks d'alcool.
02:05Arrivé à Winnipeg, le concert se passe sans accro avec seulement 4 600 spectateurs.
02:09On peut certainement l'expliquer par le fait que c'est la fête nationale du Canada d'une part
02:13et que le public a peut-être été refroidi par les échauffourées de Toronto.
02:16D'autant plus que le premier ministre de l'époque Pierre Trudeau,
02:18père de l'actuel premier ministre Justin Trudeau,
02:20est présent en ville pour des commémorations.
02:22Pas le temps de s'arrêter trop longtemps pour le Festival Express
02:24qui devait alors repartir pour Vancouver,
02:26mais faute de permis, la dernière destination sera finalement Calgary.
02:29Et sauf qu'une fois de plus, les passagers réclament de l'alcool.
02:32Car il faut bien tromper l'ennui, les voyages d'une ville à l'autre durent des heures
02:35avec assez peu d'occupation, si ce n'est le même paysage
02:38composé de montagnes et de forêts, les mêmes tout le temps.
02:41Les artistes se rejoignent donc dans les wagons-salons,
02:43branchent les guitares et lancent de grands concerts improvisés.
02:45Ces jam sessions ont dû être légendaires,
02:47Janis Joplin est au meilleur de son talent à l'époque
02:49et tout se mélange dans une cacophonie finalement harmonieuse.
02:52Certains diront d'ailleurs n'avoir jamais dormi de tout le voyage.
02:55Le tout avec des fleurs dans les cheveux,
02:56un profond sentiment de liberté et de l'alcool dans les mains.
02:59Et évidemment, craignant une nouvelle fois de manquer avant l'arrivée à Calgary,
03:02un nouvel arrêt est demandé.
03:04A Saskatoon, dans le Saskatchewan,
03:05Ken Walker et John Beercook, le manager de Janis Joplin,
03:08se rendent au liqueur store avec 800$ en poche.
03:10Ils posent l'argent sur la table et récupèrent des cartons et des cartons de boissons.
03:14Oui parce qu'au passage, 800$ canadiens de l'époque,
03:17ça fait environ 4000€ aujourd'hui.
03:18Et parmi tout ça, une bouteille de Whisky Canadian Club de 3 litres
03:21qui sert de mascotte jusqu'à la fin du trajet.
03:23Pendant ce temps, la police de Calgary fait tout son possible
03:25pour annuler la venue du festival et envoie même une lettre au maire.
03:28Selon elle, la présence dans la ville de hippies et d'excentriques ne peut que mal tourner.
03:32Mais ça c'est sans compter sur ce monsieur,
03:33Rod Sykes, édile de la ville,
03:35qui rejette toutes les discriminations
03:37et qui encourage la police à se comporter de façon professionnelle.
03:40Nos rockers arrivent enfin dans la troisième plus grande ville du Canada,
03:42certainement un peu éméchée puisqu'ils se retrouvent dans toutes sortes de bourbiers.
03:45Ian Tyson du groupe Yann & Sylva & The Great Speckled Bird
03:47se casse la main sur un homme qui tente de l'agresser.
03:49Janis Joplin montre ses seins à un photographe du journal local.
03:52Et Jerry Garcia des Grateful Dead s'infiltre dans un autre événement
03:55alors qu'il est contractuellement lié au Festival Express.
03:57Finalement, le festival se termine sans accrocs les deux derniers jours
04:00avec notamment une performance incroyable de Janis Joplin sur Cry Baby.
04:04So come on, come on, come on, come on, come on, come on
04:10And cry, cry, baby
04:15Cry baby
04:19Et il faut savoir que tout au long de cette histoire,
04:20une équipe de tournage était présente pour capturer chaque moment.
04:23Mais comme le Festival Express fut un désastre financièrement,
04:25on parle de pertes entre 350 000 et 500 000 dollars,
04:29le projet fut abandonné et les bandes disparurent.
04:31Il s'aurait pu se terminer comme ça,
04:32mais les bandes furent retrouvées des décennies plus tard
04:34dans le garage du producteur initial Willem Poelman.
04:37La petite histoire dit même que le fils utilisait les bandes
04:39pour faire des cages pour ses matchs de hockey.
04:41En 2003, 33 ans après le festival,
04:43le film fut présenté au Festival International du Film de Toronto.
04:46Au final, même si le festival fut un échec financièrement,
04:48il livra tout de même de très belles performances,
04:50notamment de la part de Janis Joplin qui mourut quelques mois plus tard.
04:53Et il laissa surtout des souvenirs mémorables à tous les artistes
04:55qui avaient accepté de monter dans ce train un peu spécial.
04:58C'est encore Mickey Hart, batteur de The Grateful Dead,
05:00qui l'explique le mieux.
05:01Woodstock était un régal pour le public,
05:02mais le train était un régal pour les artistes.

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